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samedi, 12 décembre 2009

L'appel des Alpes

hautes_alpes.jpgL’appel des Alpes

par Georges FELTIN-TRACOL

Depuis les années 1990, l’oligarchie mondialiste exècre la Confédération helvétique et lui organise des campagnes systématiques de dénigrement sur son rôle supposé pendant la Seconde Guerre mondiale, son refus d’intégrer l’Espace économique européen, sa fonction de « paradis fiscal » (qui tranche fort avec les « Goulag fiscaux » environnants), l’arrestation, cet automne, du réalisateur Roman Polanski dont le talent auto-proclamé et le passé victimisé lui assureraient des passe-droits. Le résultat inattendu du scrutin du 29 novembre 2009 sur l’interdiction constitutionnelle d’ériger de nouveaux minarets va un peu plus attiser la hargne envers le pays des alpages et du chocolat.

Il n’y a qu’à consulter la presse du début de la semaine et à écouter les radios commerciales pour comprendre que toutes les « phobies » ne sont pas répréhensibles. Le quotidien trotsko-milliardaire Libération du 30 novembre parle de « vote de la honte » tandis que l’ignominieux journal L’Humanité (qui n’en finit pas de crever, qui viendra enfin l’achever ?) du même jour assimile ce vote à de la « xénophobie ». Quant à R.T.L., appelle-t-elle les auditeurs de sa tranche matinale (entre 5 et 7 h 00) du 1er décembre à réagir à la décision des électeurs suisses ? Pas du tout ! Plutôt que de laisser s’exprimer à l’antenne une approbation massive, les animateurs préfèrent débattre des mérites comparés entre la cuisine au beurre du Nord et la cuisine à l’huile méridionale. On appréciera l’intensité de la polémique…

Tant par l’ampleur du « oui » (57,5 %) que par la mobilisation des électeurs (54 %) dans un pays qui, du fait des appels au vote quasi-hebdomadaires, connaît une abstention élevée, ce référendum d’initiative populaire gifle la bien-pensance et le politiquement correct.

Le choix du pays réel n’est au fond pas surprenant puisque, quand on se penche sur son histoire, on découvre qu’il s’est édifié, parfois dans la douleur et les tensions (qui connaît dans l’Hexagone la brève guerre civile du Sonderbund ?) (1), sur la conciliation et la cœxistence de quatre langues officielles et de deux confessions chrétiennes principales. Son régime d’assemblée, son fédéralisme, son respect des souverainetés cantonales et sa pratique de la démocratie directe se fondent et émanent d’un multiculturalisme positif, un multiculturalisme enraciné et autochtone qu’il faudrait dès lors renommer polyculturalisme européen afin d’éviter toute confusion sémantique fâcheuse.

Les Suisses n’ignorent pas qu’il leur a nécessité quelques siècles pour apaiser les querelles religieuses entre marchands réformés et paysans papistes alors que leurs racines spirituelles sont communes. Ils craignent maintenant qu’une foi exogène, l’islam, en s’inscrivant durablement dans le paysage, perturbe l’équilibre et suscite à terme de plus grands troubles, d’où cette réaction préventive. Pour la circonstance, la paix sociale et la concorde civile ont prévalu sur le sentiment post-moderniste de tolérance médiatique, mais les lieux de prière mahométans demeurent et ne sont pas concernés par l’interdiction. Les fidèles du Prophète pourront toujours aller prier dans leurs mosquées. On aurait souhaité qu’une pareille libéralité s’appliquât aux chrétiens en Arabie Saoudite.

Le vote s’explique aussi aussi par une convergence de désagréments qui ont choqué nos voisins d’outre-Jura. Cyril Hofstein rappelle qu’en novembre 2006, à Wangen bei Olten, un village du canton de Soleure, le tribunal administratif autorisa la construction d’un minaret de six mètres de haut sur le toit du centre communautaire turque (2). Par ailleurs, en juillet dernier à Genève (qui a pourtant massivement voté « non », belle preuve d’ethno-masochisme), des jeunes filles qui faisaient du sport sur un terrain adéquat situé en face d’une mosquée, se firent encerclées, insultées, photographiées et traitées comme des prostituées par des musulmans qui s’estimaient injuriés (3) ! Il importe en outre de prendre en compte la crise diplomatique en cours entre Berne et la Libye. Habitué aux frasques, un des rejetons Kadhafi, Hannibal, s’est fait arrêter en juillet 2008 par la police genevoise parce que sa femme et lui molestaient leurs domestiques. Tripoli réagit en prenant en otage deux hommes d’affaires suisses et les condamna pour des motifs futiles à seize mois de prison ferme. Nos belles âmes donneuses de leçon se soucient-elles de leur sort ? La bêtise ne tuant hélas ! pas, Kadhafi osa ensuite réclamer la disparition de la Suisse et son partage entre l’Allemagne, la France et l’Italie ! Cela n’empêcha pas le président de la Confédération de présenter ses plus plates excuses au Guide suprême de la Révolution libyenne. Il est plus que possible que les électeurs suisses, ulcérés par cette repentance et irrités par l’accord avec les États-Unis sur la levée du secret bancaire, ont ainsi marqué leur exaspération envers des responsables politiques qui ne défendent plus l’intérêt national.

Cette votation restera probablement dans l’histoire comme le signal de la reconquête identitaire des peuples autochtones d’Europe. Il est étonnant que certains qui, en France, rejettent la burqa, en critiquent le principe. Par ses fonctions cultuelles, éducatives (la mosquée abrite souvent une école coranique) et judiciaires (c’est là où le cadi rend la justice), la mosquée symbolise la territorialisation de l’islam, sinon pourquoi après la prise de Constantinople en 1453, les Ottomans auraient-ils élevé quatre minarets autour de Sainte-Sophie ? Le voile musulman, lui, exclut de la communauté européenne celle qui le porte, ce qui ruine la fable fallacieuse de la société métissée universellement harmonieuse. Ne nous trompons pas de cible ! Certains se réjouissent de la décision souveraine suisse au nom de la laïcité, tels ces militants réunis au sein d’une soi-disant Riposte laïque ou le député communiste André Gerin. Prenons garde de ne pas verser dans le confusionnisme propre aux « unions sacrées » et de devenir les « idiots utiles » de la modernité ! Leur combat n’est pas le nôtre. N’oublions jamais que, bien souvent, ce sont les mêmes laïcards, éradicateurs de toute présence du sacré dans la société, qui, s’ils n’entendent pas laisser les islamistes reprendre le terrain perdu par l’Église, soutiennent la régularisation des étrangers clandestins, l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne et le droit de vote aux ressortissants extra-européens. Ils s’offusquent des conséquences logiques d’une immigration qu’ils encouragent par ailleurs. Leur rêve serait d’accueillir des immigrés laïcs, sans racines, ni spiritualité. Quelle imbécillité ! Vouloir rester maître chez soi ne présuppose pas au préalable d’adhérer aux canons maçonniques et à un anti-spiritualisme certain.

La défense de l’altérité bioculturelle s’oppose à l’islamisation de notre continent qui recherche l’indistinction générale des peuples et des cultures. La spiritualité mahométane est légitime, mais elle ne relève pas de l’esprit européen déjà fort malmené par l’idéologie marchande occidentale (4). À quand, au fait, un référendum contre la construction des MacDo, le port du jeans, les grands ensembles de banlieue, l’invasion du franglais dans la vie quotidienne et l’art contemporain ? Refuser des minarets n’indique pas l’intention de relancer une quelconque croisade contre l’Islam. Sachons dissocier le contexte géopolitique des enjeux intérieurs !

L’Europe à l’heure suisse aurait dû être le titre d’un essai d’Alain de Benoist jamais terminé qui s’inquiétait de la sortie de l’histoire des Européens. Aujourd’hui, cet intitulé prend un autre sens : que les peuples d’Europe s’inspirent de nos amis suisses, se calquent sur l’Helvétie et écoutent l’appel des Alpes !

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : En novembre 1847, les forces armées fédérales du général Dufour liquident en trois semaines la résistance de sept cantons suisses catholiques et conservateurs qui, par hostilité à la politique anticléricale des radicaux, avaient formé en 1845 une Ligue séparée (Sonderbund). Les pertes humaines furent minimes et le Pacte confédéral de 1815 fut remplacé par la Constitution de 1848. Jusqu’en 1973, la présence des Jésuites était interdite en Suisse tandis qu’il fallut attendre 2001 pour abroger les clauses constitutionnelles qui proscrivaient à l’Église catholique de bâtir de nouveaux couvents et de créer de nouveaux diocèses sans l’autorisation du gouvernement. De ce fait, Genève n’a toujours pas d’évêque !

2 : in Le Figaro-Magazine, 24 novembre 2009.

3 : Anecdote rapportée par Pierre-Alexandre Bouclay au « Libre-Journal d’Henry de Lesquen » du 30 novembre 2009 entre 18 h 00 et 19 h 30 sur Radio-Courtoisie.

4 : Il faut quand même nuancer cette affirmation avec l’existence d’un islam balkanique. On devrait redonner à cet islam européen qui commence à subir l’influence perverse des wahhabites, sa dimension soufie et son essence bektachie.

Commentaires

Le titre du livre qu'Alain de Benoist aurait dû écrire sur la Suisse devait s'intituler "Le péril suisse". Un militant du GRECE, à l'époque, parlait de ce livre comme de "L'Arlésienne". Armin Mohler avait suggérer ce livre en se référant au livre de Christoph Steding, que le "philosophe" ne pouvait lire car il ne comprend pas un traître mot de la langue de Goethe. Il n'a rien accouché car en effet que peut on dire de mal sur la Confédération Helvétique?

Steding se méfiait tout simplement de la neutralité, un statut que l'Allemagne ne pouvait adopter dans les circonstances de l'époque (1934). La neutralité suisse était toutefois armée et bien armée.

Yvan Blot est l'homme qui a le mieux compris la nature profondément positive de la démocratie helvétique.

De Benoist n'a à l'égard des pays plus petits en taille de l'Europe que le mépris ridicule des Précieuses ridicules que sont les intellos parisiens. Il est bien connu que les Suisses ne sont que des producteurs de coucous et de chocolat. Personnellement, moi, je n'ai rien contre la mécanique fine, fruit du labeur de montagnards pendant les longs hivers alpins, ni contre le chocolat. Les vieux Français haïssent le chocolat car les pauvres ont été nourris de chocolat Cémoi ou Poulain, atrocement dégueulasse. Le vieux de Benoist doit encore en être traumatisé.

Écrit par : françois tournier | jeudi, 16 décembre 2010

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