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dimanche, 24 janvier 2010

Le capitalisme: un syndrome monétaire

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES  - 1988

Le capitalisme: un syndrome monétaire

 

Dieter SUHR, Der Kapitalismus als monetäres Syndrom. Aufklärung eines Wiederspruchs in der marxschen Politischen Ökonomie, Campus (Forschung Band 581), Frankfurt, 1988, 106 S., DM 28, ISBN 3-593-33999-4.

 

Dieter Suhr, professeur de droit public et de philosophie du droit à l'Université d'Augsbourg, part, dans cet opus­cule, d'une thè­se séduisante: le capitalisme, dit-il, ne procède pas de la propriété privée des moyens de produc­tion mais de l'argent. Les for­mes de propriété ne sont pas la cause et l'origine de la possession d'argent mais les symptômes et les conséquences de l'ar­gent, dont la nature et le fonctionnement sont capitalistes. Marx a certes analysé la suprématie de l'argent sur les marchan­dises mais quand il s'agit d'étudier les fondements de la plus-va­lue et du capitalisme, il considère l'argent comme un équivalent innocent des autres marchandises. Du coup, sa pensée conduit à des impasses et à des contradictions. Suhr veut aller avec Marx au-delà de Marx. En s'inspirant de l'économiste Silvio Gesell, membre du gouvernement rouge bavarois en 1918-19, natif de St. Vith, inspira­teur d'Ezra Pound dans sa lutte contre la ploutocratie, et en interprétant les théories scientifiques mo­dernes con­cernant les liquidités, les transactions et les communications, Dieter Suhr démontre que le capitalisme peut être surmonté spontanément par une innovation financière. Dieter Suhr renoue ainsi, au-delà de Marx, avec Proudhon qui avait mieux perçu dans l'argent, abstraction et facteur d'usure, la cause de l'exploitation des travailleurs. Marx a condamné le capi­ta­liste producteur, propriétaire des moyens de production, alors que celui-ci est plus proche des prolétaires que le capita­liste spéculateur, prêteur d'argent et improductif. Cette condamnation a disloqué les sociétés et créer une guerre sociale entre producteurs, au bénéfice des spéculateurs. Avec, pour arrière-plan, l'inflation de spéculation à laquelle nous avons assisté au cours de la décennie 1980-90, avec le risque de crise qui nous menace désormais comme une épée de Damoclès depuis octobre 1987, avec les sombres prévisions du Dr. indien Ravi Batra (une crise catastrophique pour 1991), Dieter Suhr nous invite à forger les techniques moné­taires d'un système de circulation post-capitaliste, où l'argent, comme l'avaient souhaité Silvio Gesell et Ezra Pound, perdrait sans cesse de sa valeur et ne pourrait plus servir d'objet de spéculation. Le petit travail de Suhr constitue une modernisation professionnelle des idéaux de Gesell et Pound. A lire.

 

Robert Steuckers.

00:05 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, monnaie, capitalisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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