Source: 24 Heures
Armements: Selon Amnesty, les transferts d’armes peu réglementés à destination de l’Irak ont permis aux djihadistes de constituer leur arsenal.
Le constat fait mal. Selon le rapport d’Amnesty International publié mardi, le vaste arsenal d’armes et de munitions dont dispose aujourd’hui le groupe Etat islamique (Daech) provient de plus de 25 Etats, dont tous les pays du Conseil de sécurité de l’ONU: Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni. Ces armes ont été récupérées principalement dans les stocks militaires irakiens, affirme l’ONG.
Missiles antichars, fusils d’assaut de type AK, M16, fusils semi-automatiques Bushmaster, lance-grenades GP-25, missiles transportables antiaériens légers: plus de 100 types d’armes et de munitions aux mains de Daech ont été recensés par Amnesty. La plupart des armes classiques utilisées par les djihadistes datent des années 70 et 90. Mais l’ONG pointe aussi un approvisionnement «irresponsable» par les Etats-Unis entre 2011 et 2013 vers l’Irak.
Pour l’organisation de défense des droits de l’homme, «l’absence de réglementation et de suivi des importations de très grandes quantités d’armes en Irak, durant des décennies, a constitué une aubaine pour Daech et les autres groupes armés, leur offrant l’accès à une puissance de feu sans précédent».
Tournant en 2003
Les stocks d’armes de l’armée irakienne ont gonflé durant la guerre Iran-Irak, entre 1980 et 1988, que le rapport décrit comme «un moment majeur pour le développement du marché global d’armes modernes». Pendant cette période, 34 pays ont fourni des armes à l’Irak, 29 d’entre eux en ont également fourni à l’Iran. Mais le véritable tournant est intervenu en 2003, avec l’intervention américaine. La dissolution de l’armée irakienne, ordonnée par Paul Bremer, a disséminé 300 000 hommes (dont bon nombre de cadres ont rejoint les rangs de Daech) et leurs armes à travers le pays.
L’embargo datant de la première guerre du Golfe étant levé, le pays a une nouvelle fois été submergé par un afflux d’armes, ni contrôlé ni sécurisé par les forces de la coalition et les forces irakiennes reconstituées. «Des centaines de milliers d’armes ont disparu et on ignore toujours ce qu’il en est advenu», relève Amnesty.
Après le retrait américain en 2011, le flux d’armes s’est poursuivi. Jusqu’en 2013, les Etats-Unis ont signé des contrats de plusieurs milliards de dollars avec les autorités irakiennes. Mais en juin 2014, après avoir pris le contrôle de Mossoul, Daech s’est emparé de plusieurs bases militaires stratégiques en Irak. Ces stocks non sécurisés constituent aujourd’hui un véritable arsenal international permettant d’équiper l’équivalent de trois divisions, soit environ 40 000 hommes, selon l’ONU.
Corruption endémique en Irak
Amnesty souligne que les pays exportateurs étaient conscients des risques du transfert d’armes en Irak, où la corruption est endémique et les mécanismes de contrôle très faibles. «Les conséquences des transferts irresponsables d’armes en Irak et en Syrie et leur saisie par Daech doivent être un signal d’alarme pour les exportateurs d’armes à travers le monde», insiste Amnesty. L’organisation appelle dès lors à un embargo total sur les livraisons d’armes aux forces gouvernementales syriennes ainsi qu’aux groupes armés d’opposition impliqués dans des crimes de guerre, et à une règle sur la «présomption de refus» d’exportation d’armes vers l’Irak, qui conditionnerait les transferts à des évaluations strictes des risques.
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