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vendredi, 17 février 2023

Le ministre iranien des Affaires étrangères qualifie les Américains de créateurs d'Al-Qaïda et d'ISIS

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Le ministre iranien des Affaires étrangères qualifie les Américains de créateurs d'Al-Qaïda et d'ISIS

Source: https://katehon.com/ru/news/glava-mid-irana-nazval-amerik...

Les affirmations de Washington selon lesquelles le nouveau chef d'Al-Qaïda*, Saif al-Adel, se trouve actuellement sur le sol iranien sont ridicules, a déclaré aujourd'hui, 16 février, le ministre des Affaires étrangères du pays, Hossein Amir Abdollahian.

"Je conseille aux responsables de la Maison Blanche de cesser leur jeu malheureux d'iranophobie. Créer des informations sur le chef d'Al-Qaïda* et les relier à l'Iran est tout simplement ridicule", a déclaré le responsable sur les médias sociaux.

Le ministre iranien a demandé aux États-Unis "de ne pas donner une mauvaise adresse" lorsqu'ils évoquent le lieu où se trouve Al-Adel, soulignant que les créateurs d'Al-Qaïda* et d'ISIS* sont responsables de l'augmentation de la menace terroriste dans le monde.

La veille, la chaîne de télévision afghane 1 TV a rapporté que Saif al-Adel, un ressortissant égyptien de 62 ans, qui se trouve probablement en Iran, est devenu le nouveau chef d'al-Qaeda*. Les médias ont noté qu'ils ont reçu cette information du rapport du comité de sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'IS* et al-Qaeda*.

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Au même moment, le porte-parole du département d'État américain, Ned Price, a déclaré que les États-Unis étaient d'accord avec l'évaluation de l'ONU selon laquelle al-Adel se trouvait en Iran. Il l'a qualifié de "nouvel exemple du soutien de Téhéran au terrorisme et du rôle déstabilisateur de l'Iran au Moyen-Orient".

Izvestia rapporte que le nouveau ministre israélien de la Défense Yoav Galant et le chef d'état-major du Pentagone Lloyd Austin ont discuté des questions de sécurité au Moyen-Orient et de la lutte contre les menaces iraniennes lors d'entretiens téléphoniques le 4 janvier.

Le chef de la défense israélienne a souligné l'importance de la coopération internationale sur les questions liées au programme nucléaire iranien.

Les dirigeants américains ont annoncé l'élimination réussie de l'ancien chef d'Al-Qaïda* Ayman al-Zawahiri en Afghanistan le 2 août 2022, précisant qu'il avait été tué lors d'une opération antiterroriste. Ensuite, le 15 août 2022, l'ambassadeur russe à Kaboul, Dmitry Zhirnov, a souligné que le problème du terrorisme en Afghanistan est trop complexe pour être résolu par des actions telles que l'élimination du chef d'Al-Qaïda*, annoncée par les États-Unis.

*Organisation terroriste interdite sur le territoire russe

samedi, 10 décembre 2022

Le serpent dans les anciennes traditions religieuses égyptiennes et autres

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Le serpent dans les anciennes traditions religieuses égyptiennes et autres

Source: https://melmothlibros02.blogspot.com/2022/11/el-eje-del-mundo-y-la-serpiente.html

Parmi les artefacts sumériens et akkadiens, nous trouvons des images d'arbres ou de troncs symbolisant l'AXIS MUNDI ou axe du monde. Il s'agit de l'arbre de la sagesse ou de l'arbre de vie, le même que celui que l'on trouve dans la Genèse et dans tant d'autres traditions culturelles. 

Invariablement, aussi, un serpent grimpe ou serpente le long du tronc ou se trouve enroulé à sa base. Parfois, ce serpent est personnifié comme l'archétype d'une déesse, comme dans le conte de Gaileach du cycle arthurien. 

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Dans le mythe grec de la Toison d'or, la toison d'or est suspendue au sommet d'un arbre magique gardé par un dragon ou un serpent. Dans les mythes de ce type, le serpent est le gardien et le protecteur de la sagesse secrète de la vie éternelle. Mais le secret du serpent réside aussi dans le serpent lui-même.

Selon Adolf Erman, les Égyptiens croyaient que "si l'âme venait de Nout ou du Serpent qui gardait le Soleil, les deux devaient l'accueillir comme leur fils. Ils devaient avoir pitié de lui et lui offrir leur sein à téter, afin qu'il vive et redevienne un enfant".

Ceci est un parfait exemple de la façon dont le dieu ou la déesse serpent était considéré comme un être capable d'insuffler une "nouvelle vie" à quiconque en faisait la demande, tout en indiquant que les anciens Égyptiens connaissaient l'Élixir de vie.

Nous retrouvons une idée similaire dans le mythe d'Osiris, dont on dit qu'il est entré dans la queue d'un énorme serpent, qu'il a percé son corps et qu'il est ressorti de sa bouche comme un être renaissant. La queue du serpent représente la fin de l'ancienne vie et sa tête le début de la nouvelle vie : une image liée à l'Ouroboros (le serpent qui se mange lui-même).

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Le mythe d'Osiris est également lié à celui des "12 heures de Duat", les 12 heures de la nuit ou du temps nocturne, l'"obscurité" et donc la moitié "négative" du cycle de 24 heures de la journée, pendant laquelle, croyait-on, le soleil traversait le monde souterrain ou Duat.

Une autre figure importante du panthéon égyptien est la déesse Isis (*). On disait que des serpents sacrés dotés de pouvoirs oraculaires vivaient dans ses temples et que d'énormes catastrophes se déchaîneraient sur l'Égypte si jamais les serpents décidaient de la quitter. 

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Isis tirait son pouvoir du venin des serpents et des scorpions. Il existe un texte dans lequel on la voit poser ses mains sur un enfant empoisonné et extraire le poison.

Il existe de nombreux textes dans lesquels Isis est vue comme Isis-Meri, allaitant l'enfant Horus, dans une image très similaire à celles de Marie et de l'enfant Jésus, ce qui renvoie aux origines symboliques de Jésus en tant que serpent.

Il ne faut pas oublier que l'axis mundi était symbolisé par le Caducée (**). Dans l'Égypte ancienne, la santé était immédiatement associée au serpent, comme en témoigne la couronne formée par l'Aspic ou Thermutis sacré, un attribut particulier d'Isis, déesse de la vie et de la santé. Selon Hargrave, auteur d'OPHIOLATREIA, "il était sans doute destiné à symboliser la vie éternelle".

Isis aussi, le serpent "Reine du Ciel", tel un chien ou un loup, guidait les âmes à travers les "tours d'Amenti" ou "séjours d'Amenti", autre nom du labyrinthe des Enfers. Il s'agit d'une autre image du serpent en tant que gardien ou protecteur du trésor secret de la connaissance.

Isis et Nephitis, divinités respectives des opposés de la vie et de la mort, sont devenues le double serpent : une association qui rappelle les énergies serpentines Pingala et Ida associées à l'expérience d'illumination du Kundalini Yoga. L'ascension de ces deux serpents dans et autour des CHAKRAS alignés avec la colonne vertébrale humaine est un écho de la légende égyptienne dans laquelle la "mère serpent" tisse le fil rouge de la vie avec le fil noir et blanc du jour et de la nuit, dont le résultat est l'immortalité. (***)

Philip Gardiner - Gary Osborn : LE GRAAL ET LE SERPENT.

Notes:

(*) Puissante magicienne, épouse d'Osiris (le dieu des morts) et mère d'Horus. Grâce à ses connaissances magiques, elle a réussi à ressusciter Osiris et à protéger son fils du dieu Seth, qui avait assassiné et démembré son mari.

(**) Le caducée est un bâton muni d'ailes à l'une de ses extrémités, entouré de deux serpents ou couleuvres entrelacés ensemble. Aujourd'hui, il est le symbole de la médecine et du commerce. Le dieu romain Mercure portait un caducée comme symbole de paix et de richesse.

(***) Le rouge, le blanc et le noir sont les trois couleurs symboliques de l'alchimie.

 

 

lundi, 26 septembre 2022

"Vilayat Khorasan", une menace pour toute l'Asie centrale"

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"Vilayat Khorasan", une menace pour toute l'Asie centrale"

par le comité de rédaction de Katehon

Source: https://www.ideeazione.com/vilayat-khorasan-una-minaccia-per-tutta-lasia-centrale/

Le groupe terroriste État islamique (interdit dans la Fédération de Russie) n'a pas été complètement anéanti. Malgré quelques succès contre le terrorisme en Syrie et en Irak, nous pouvons constater une résurgence des activités de l'organisation dans d'autres régions. En particulier, une branche autonome de l'État islamique de la province du Khorasan (ISKH), également connu sous le nom de Vilayat Khorasan (interdit dans la Fédération de Russie), opère dans une vaste zone englobant l'Asie centrale, l'Afghanistan, le Pakistan et l'Iran. À cet égard, l'adhésion de l'Iran à l'OCS est importante en tant que facteur de stabilisation. En outre, les Talibans, actuellement interdits en Russie, doivent être reconnus comme un acteur légitime pour aborder conjointement les questions de sécurité dans la région. L'ISIL, comme l'ISIS, est un agent par procuration de l'Occident collectif, donc unir les forces à temps pour le combattre est un impératif clé.

Vilayat Khorasan

L'ISKH est né au cœur du Khorasan historique, entre l'Afghanistan et le Pakistan. L'unité est apparue entre mi-2014 et début 2015, lorsque d'anciens commandants du Tehreek-e-Taliban (TTP) interdit au Pakistan, provenant de différentes régions des anciennes zones tribales fédérales (FTA), ont fait défection et se sont unis autour du leadership de Hafiz Saeed Khan Orakzai, car le TTP connaissait des divergences internes à propos de la nomination de Fazlullah Khorasani comme nouvel émir du TTP. Le successeur de Fazlullah et actuel émir du TTP, Noor Wali Mehsud, qui déclare dans son livre Inkilab-e-Mehsud que les circonscriptions de Mohmand, Orakzai, Kurram, Khyber et la moitié de celle de Bajaur ont quitté le TTP pour rejoindre l'IS ainsi que la circonscription de Peshawar. Ils ont été suivis par d'autres groupes et commandants pakistanais tels que le groupe Abdul Kahir Khorasani-ul-Islam de Khorasani, comme le montre une vidéo publiée en janvier 2015.

Le groupe a officiellement prêté allégeance à l'IS en janvier 2015 et était basé dans la province de Nangarhar, dans l'est de l'Afghanistan, principalement dans les districts d'Achin, Niazan, Mahmud Dara, Chaparhar et Shinwar. Lorsque le groupe a lancé sa campagne contre le gouvernement de Kaboul et les talibans, ses zones opérationnelles se sont étendues à d'autres provinces comme Kunar, Herat, Samangan, Kunduz, Jawzjan et Kaboul. La plupart des cibles du groupe sont des soldats afghans, la minorité chiite et les talibans, y compris les universitaires et les personnalités religieuses qui les soutiennent.

Le groupe continue également à opérer au Pakistan, notamment à Orakzai, Bajaur, Peshawar et au Baloutchistan. Au départ, toutes les attaques menées en Afghanistan, au Pakistan et au Cachemire ont été revendiquées au nom de l'ISKH. Cependant, alors que le groupe perdait le contrôle de ses bastions territoriaux dans les provinces afghanes de Kunar et de Nangarhar au milieu ou à la fin de 2019, l'IS a commencé à revendiquer toutes les attaques au Pakistan sous le nom d'une nouvelle province, l'État islamique des provinces du Pakistan (ISPP). Puis, en juillet 2021, Wali Abu Mahmood de l'ISPP a publié une déclaration indiquant que la province pakistanaise de Khyber Pakhtunkhwa avait été conquise par l'ISPP sur ordre de ce dernier, ce qui a incité le groupe à revendiquer toute attaque ultérieure dans la région au nom de l'ISPP.

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Au Pakistan, l'ISKH a mené des attaques contre les forces de sécurité, les journalistes, les travailleurs de la santé et les groupes religieux tels que les chiites et les soufis.

Depuis le second semestre 2021, l'ISKH cherche à se régionaliser et à s'internationaliser davantage. Cela se reflète dans la propagande médiatique, l'augmentation des agressions contre les États voisins et l'expansion des activités contre les pays de la région.

L'expansion internationale marquée des activités de propagande, de recrutement et de collecte de fonds de l'ISIL, en plus de cibler un nombre croissant de pays par des menaces et des attaques, pourrait avoir des répercussions importantes sur la sécurité des États entourant l'Afghanistan et peut-être même au-delà de la région, car les activités de l'ISIL en Syrie et en Irak ont eu un impact international.

En général, les activités de l'ISIL peuvent viser directement des citoyens et des étrangers dans la région, elle peut attaquer les États voisins depuis le territoire afghan et mener des incursions transfrontalières, ainsi que diriger et fomenter des attaques à l'étranger, par exemple dans les pays de l'UE. On sait que l'ISKH a tenté de faire exploser l'ambassade turkmène en août 2021, qu'il a lancé des roquettes en Ouzbékistan en avril et au Tadjikistan en mai 2022, qu'il a attaqué des gardes-frontières alors qu'il tentait de franchir la frontière entre l'Afghanistan et l'Asie centrale en 2019, et qu'il a développé des liens avec diverses cellules, comme le groupe tadjik qui préparait des attentats en Allemagne en 2019.

Le mois d'août 2021 a vu une forte augmentation du sentiment et de la rhétorique anti-chinois de la part de publications pro-ISKH telles que Khalid Media, Khorasan Wilayah News et Al Millat Media, alors que les Talibans reprenaient le contrôle de l'Afghanistan. Depuis lors, Al Azaim a continué à développer et à amplifier des récits qui défient les talibans sur ce front, les accusant récemment d'"amitié avec la Chine, qui tue des musulmans ouïgours" et, à une autre occasion, promettant que "bientôt, les guerriers de l'État islamique attaqueront les villes chinoises modernes pour venger les musulmans ouïgours".

Plus tôt cette année, le porte-parole de la SGI, Al-Azaim, a publié une vidéo appelant les zones tribales du Pakistan et du Baloutchistan à demander à leur population d'abandonner les talibans et Islamabad et de rejoindre l'ISKH.

Le SGI tenterait également de décourager les investissements étrangers et les projets de développement en Afghanistan qui renforceraient la position des talibans et saperaient la crédibilité du gouvernement afghan actuel en matière de sécurité.

La situation en Afghanistan

En 2020, le SGI a intensifié à la fois les attaques militantes et la campagne de guerre de l'information. Immédiatement après la conquête de Kaboul par les talibans, l'organe d'information de la SGI, Al-Azaim, a publié un livre d'Abu Saad Mohammad Khorasani, un idéologue de premier plan de l'ISKH, expliquant toutes les raisons pour lesquelles les talibans sont les pires ennemis de l'Islam. Ce message avait pour but de délégitimer les talibans représentant le nouveau gouvernement. Au cours des mois suivants, presque toutes les publications de l'ISKH ont abordé la soi-disant nature anti-islamique du gouvernement taliban, en les qualifiant de "polythéistes", de partisans des enseignements supérieurs de l'Islam Deobandi/Hanafi, de laïcs et de démocrates, et de hawarij (parias de l'Islam). Dans ses publications, l'ISKH reproche aux talibans d'être des "mercenaires payés par les États-Unis" et d'introduire la démocratie. Les attaques contre les talibans et les missions diplomatiques sont attribuées à la fois aux visites internationales et au fait que d'autres pays entretiennent des relations avec les talibans. L'attentat suicide près de l'ambassade de Russie à Kaboul confirme encore cette stratégie de l'ISKH. L'acceptation de l'aide étrangère est également une question controversée pour l'ISKH, qui a récemment condamné fermement les talibans pour leur collaboration avec des organisations internationales telles que l'USAID et le Comité international de la Croix-Rouge. Les puissances régionales telles que l'Iran, l'Ouzbékistan, la Russie, la Chine et le Pakistan sont également la cible de critiques en Afghanistan.

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L'Iran et les activités anti-chiites

La campagne de propagande contre les chiites est typique de la nature sectaire de l'État islamique, mais l'ISKH a lié la lutte contre les chiites à la concurrence avec les talibans et à l'inimitié avec l'Iran. Le groupe a mené plusieurs attaques contre les chiites depuis l'arrivée au pouvoir des talibans, non seulement en Afghanistan mais aussi au Pakistan. Toutes ces opérations ont attiré l'attention des publications locales et des grands médias IS. Dans le même temps, il a été affirmé que leur campagne contre les chiites était non sectaire, car ils ne les considéraient pas comme des musulmans.

L'ISKH a émis une fatwa les autorisant à attaquer les lieux de culte des chiites, des autres sectes islamiques et des minorités non musulmanes.

L'ISKH considère que les talibans et les chiites travaillent ensemble, affirmant que les premiers protègent et donnent du pouvoir aux seconds, soulignant souvent la nomination par les talibans d'un gouverneur hazara chiite de Sari-e-Pul (bien que relativement récemment tué par les talibans lors de l'insurrection). Dans le même temps, l'ISKH accuse les talibans de tuer des salafis innocents, comme dans le cas des érudits salafistes Obaidullah Mutawakkil, Mustafa Darwishzadeh et Sardar Wali, pointant du doigt leurs meurtres comme preuve que les talibans favorisent les chiites par rapport à leurs camarades sunnites. La rhétorique de l'ISKH tend également à associer les communautés chiites nationales à l'ennemi extérieur déclaré, l'Iran.

La propagande contre l'Iran est continue depuis la création de l'ISKH, qui accuse le gouvernement iranien d'apostasie et d'être l'hôte d'Al-Qaeda, qui est interdit en Russie. L'ISKH affirme que l'Iran est le deuxième plus grand ennemi de l'Islam (après le Royaume d'Arabie Saoudite et avant le Pakistan), tandis que d'autres textes affirment que l'Iran et la Russie ont conjointement vaincu l'État islamique en Syrie, en Irak et en Afghanistan avec l'aide des Talibans. Le célèbre magazine en langue pachtoune Khurasan Ghag publie souvent des articles contre les chiites et directement contre l'Iran et ses dirigeants.

L'intérêt de l'ISKH à diffuser sa propagande sectaire auprès des communautés sunnites parlant le farsi est démontré par la traduction en farsi du troisième numéro du Khorasan Ghag, intitulé Sadae Khorasan. Dans le même temps, à un niveau non officiel, les chaînes en farsi affiliées à l'ISKH diffusent quotidiennement une propagande anti-iranienne contre les érudits chiites et sunnites qui soutiennent le leadership iranien. Relativement récemment, l'ISKH a menacé de lancer des attaques terroristes à l'intérieur de l'Iran et, dans son message particulièrement agressif, a appelé ses partisans à commettre des violences dans le pays.

Propagande ciblée en Asie du Sud

La même haine que l'ISKH éprouve à l'égard des chiites s'étend à d'autres minorités, en particulier à la communauté sikhe, que la propagande de l'ISKH qualifie habituellement d'hindoue-sikhe. Sur le plan rhétorique, l'ISKH a refusé aux chiites et aux hindous-sikhs le statut de zimis, c'est-à-dire de minorité protégée dans un pays musulman ; par conséquent, selon l'ISKH, ils devraient être systématiquement persécutés.

Dans le cadre de sa campagne sectaire, l'ISKH a récemment mené une attaque contre un gurdwara sikh à Kaboul. Cela s'est accompagné d'une nouvelle vague de propagande contre les hindous et l'Inde, provoquée par les commentaires offensants sur le Prophète énoncés par Nupur Sharma, représentante du Bharatiya Janata Party au pouvoir, dont l'ISKH a immédiatement profité. Le groupe a immédiatement publié un livre exhortant les musulmans indiens à rejoindre la branche locale de l'État islamique IS dans la province de Hind et à lancer des attaques. La fondation Al-Azaim a également publié une vidéo promettant une vengeance contre les talibans et les sikhs en Afghanistan, avec des images d'attaques passées en Afghanistan, dont celle du militant Abu Khaled al-Hindi, qui avait mené une précédente attaque contre un gurdwara sikh à Kaboul en 2020. Les deux magazines de l'ISKH, Khurasan Ghag et Voice of Khurasan, ont profité de cette évolution et ont menacé de mener d'autres attaques en représailles, accusant les talibans de se soucier davantage de la reconnaissance internationale et de l'aide étrangère que de la religion. Dans les semaines qui ont suivi l'opération de Kaboul, les partisans de l'ISKH ont continué à échanger des messages vantant les mérites du poseur de bombe, Abu Mohammed al-Tajiki.

Cela témoigne de l'ambition du groupe de devenir le seul acteur djihadiste transnational dans la région. Ces efforts visent également, du moins en partie, à coopter des combattants potentiellement démobilisés et appartenant à d'autres organisations infiltrées par des sentiments sectaires. Compte tenu des récents développements dans la région afghano-pakistanaise au sens large, la région de l'Asie du Sud représente une excellente opportunité pour le SGI d'absorber de nouveaux terroristes potentiels.

Depuis l'année dernière, le groupe a commencé à diffuser son contenu médiatique dans les langues régionales, en soulignant notamment son intérêt pour les recrues potentielles en provenance d'Inde. Pour ce faire, ils traduisent des contenus dans des langues indiennes, comme le malayalam, parlé principalement dans l'État indien du Kerala. Dans le même temps, le magazine anglophone Voice of Khorasan a publié les biographies de combattants indiens du Kerala qui ont rejoint l'ISKH (Najib al-Hindi) et l'État islamique en Libye, qui est interdit en Russie (Abu Bakr al-Hindi). Le journal rapporte également qu'Abdur Rahman Logari, le kamikaze qui a attaqué l'aéroport international de Kaboul en 2017, s'était rendu à New Delhi pour commettre l'attentat ; il a toutefois été arrêté par les autorités indiennes dans la capitale, puis extradé vers l'Afghanistan. Le magazine Khurasan Ghag a également partagé l'histoire d'un militant indien qui a participé à une opération d'évasion de prison à Jalalabad en août 2020, organisée par l'ISKH.

Asie centrale

En plus des menées citées, en Ouzbékistan et au Tadjikistan ce printemps, l'ISKH a intensifié sa campagne de sensibilisation auprès des locuteurs de langues d'Asie centrale et ses efforts de recrutement destinés à ces communautés. Pour accroître son attrait, le groupe a produit une propagande originale en tadjik et en ouzbek et a traduit le matériel officiel de la SGI dans ces langues. La SGI a récemment introduit une nouvelle aile en langue tadjike de son appareil de propagande officiel, Al-Azaim Tajiks. Un autre groupe, Siuroson Ovozi, produit du contenu médiatique en ouzbek et recrute activement des ressortissants d'Asie centrale pour rejoindre l'ISKH.

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L'ISKH offre également aux partisans d'Asie centrale l'opportunité de prendre les armes contre les Talibans, accusés d'être une organisation centrée sur les Pachtounes qui opprime et recourt même à la violence contre les ethnies tadjik et ouzbek. Pour attirer les sympathisants de ces communautés, la propagande de l'ISKH met de plus en plus l'accent sur les relations amicales des talibans avec les "régimes tyranniques" d'Asie centrale. Au contraire, le ISKH se présente comme un moyen de détruire les frontières étatiques arbitrairement délimitées de l'Asie centrale et de renverser les "tyrans" de la région, afin de hisser le drapeau noir et de conquérir la province de Maverannahr, adjacente à l'IS.

En général, l'ISU attire depuis longtemps des combattants étrangers d'Asie centrale. En 2015, la faction du Mouvement islamique d'Ouzbékistan (interdite en Russie) a été incorporée à l'État islamique lorsque le chef du groupe, Usman Ghazi, a juré allégeance au calife de l'époque, Abu Bakr al-Baghdadi.

L'Asie centrale a également été utilisée comme point de transit par les recrues d'ISIS pour atteindre l'Afghanistan. À l'automne 2021, un citoyen britannique et un autre Européen ont été arrêtés par les talibans suite à un tuyau fourni par le gouvernement ouzbek. Les deux suspects étaient en possession de plus de 10.000 GBP en espèces, de lunettes de vision nocturne et d'uniformes militaires. Deux ressortissants français auraient traversé l'Asie centrale il y a plusieurs années pour rejoindre IS en Afghanistan et un autre a été capturé par les autorités tadjikes en 2017.

* * *

Ces faits indiquent une menace croissante pour les pays de la région d'Asie centrale et du Sud. Par conséquent, il est nécessaire de consolider les services spéciaux des pays de la région pour les activités opérationnelles et de contre-propagande. Ce dernier point est important car Al-Azaim produit déjà des documents en pachtoun, dari, arabe, ourdou, farsi, ouzbek, tadjik, hindi, malayalam, russe, anglais et parfois ouïghour. En outre, Al-Azaim utilise diverses plateformes telles que Telegram, Facebook, TikTok, Hoop, Element, Archive.org et bien d'autres. Elle est également devenue une organisation qui fournit des documents dans la plupart des langues à la Fondation Ilam, une plateforme d'archivage et de traduction de l'État islamique en pleine expansion, dotée d'adresses Web de surface et disponible sur le Dark Web. Des groupes pro-ISKH tels que Al-Fursan Media ont également contribué à la diversification linguistique, en utilisant le crowdsourcing pour recruter des volontaires pour traduire des documents en baloutche, en talysh et en turkmène.

jeudi, 02 septembre 2021

La CIA utilise ISIS-K pour garder un pied en Afghanistan

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La CIA utilise ISIS-K pour garder un pied en Afghanistan

Par Moon of Alabama

Il y a une autre histoire derrière les récents événements terroristes en Afghanistan. Nous allons tenter de la retracer.

Au fil des ans, plusieurs rapports publiés par le Réseau d’Analystes Afghans (AAN) concernant État islamique dans la province du Khorasan (ISKP ou ISIS-K) montrent que ce groupe est composés de militants venant de groupes pakistanais. Un rapport de 2016 décrit en détail comment ils ont été encouragés par l’État afghan :

Les combattants de État Islamique qui ont créé la filiale Khorasan étaient des 
militants pakistanais installés depuis longtemps dans les districts du sud-est
de Nangarhar, dans les montagnes de Spin Ghar ou ses contreforts, de l’autre
côté de la frontière où vivaient les groupes tribaux, du côté pakistanais de
la ligne Durand. Avant de choisir de rejoindre ISKP, ces militants opéraient sous différentes
marques, principalement sous l'égide du Tehrik-e Taleban Pakistan (TTP).
Depuis 2010, la plupart de ces militants arrivent à Nangarhar, principalement
en provenance de groupes tribaux d'Orakzai, du Nord-Waziristan et de Khyber.

Le Pakistan affirme que TTP est soutenu par le RAW, les services secrets indiens. Ils pourraient également avoir contribué à financer une autre filiale, ISKP.

Dans l'espoir de les utiliser contre le Pakistan, le gouvernement afghan a commencé 
à courtiser certains de ces combattants, selon certains anciens vivant dans les
tribus qui participent à l'établissement des relations et qui ont abrité les
militants invités. ... Toutefois, les efforts déployés par les services de renseignements afghans,
la Direction nationale de la sécurité (NDS), pour courtiser les militants
pakistanais dans le Nangarhar ne se sont pas limités au Lashkar-e Islam ou

aux militants de Khyber. Des anciens des tribus et des habitants d'Achin,
Nazian et Kot témoignent que des combattants des filiales d'Orakzai et de
Mohmand, appartenant à différentes factions du TTP, ont été autorisés à
circuler librement dans la province et à se faire soigner dans les hôpitaux
publics. Lorsqu'ils se déplaçaient en dehors de leur centre dans les districts
du sud de Nangarhar, ils n'étaient pas armés. Lors de conversations confidentielles avec l'AAN, des représentants du gouvernement
ont confirmé ce type de relations entre des militants pakistanais et la NDS,
comme en ont les anciens des tribus et les politiciens pro-gouvernementaux de
Jalalabad. Ils ont décrit cet état de fait comme une réaction de représailles

à petite échelle au soutien institutionnalisé, plus large et de plus longue portée,
apporté par le Pakistan aux talibans afghans dans leur lutte contre le gouvernement
afghan.

Le NDS de l’État afghan était une agence proxy de la CIA. Au milieu des années 1990, le chef des services de renseignement de l’Alliance du Nord, Amrullah Saleh, a été formé par la CIA aux États-Unis. Après que les États-Unis ont renversé le gouvernement taliban, Saleh est devenu le chef de la NDS. La NDS entretenait également des relations étroites avec les services secrets indiens.

Alors que les États-Unis prétendaient combattre État islamique en Irak et en Syrie (ISIS), des rapports concordants émanant de diverses parties affirmaient que des membres du noyau dur d’ISIS avaient été extraits d’Irak et de Syrie par des hélicoptères américains banalisés et transférés à Nangarhar où ils ont renforcé les militants de l’ISKP.

Hadi Nasrallah @HadiNasrallah - 1:18 UTC – 28 Aout 2021

En 2017 et 2020, la chaîne syrienne SANA rapportait que des hélicoptères américains 
avaient transporté entre 40 et 75 militants ISIS de Hasakah, dans le nord de la
Syrie, vers une "zone inconnue". La même chose a été signalée pendant des années
en Irak par l'UMP, ainsi que des rapports selon lesquels des hélicoptères américains
ont largué de l'aide à ISIS.

Comme le résume Alex Rubinstein :

La liste des gouvernements, des anciens responsables gouvernementaux et des 
organisations de la région qui ont accusé les États-Unis de soutenir l'ISIS-K
est longue et comprend le gouvernement russe, le gouvernement iranien, les médias
du gouvernement syrien, le Hezbollah, un groupe militaire irakien soutenu par
l'État et même l'ancien président afghan Hamid Karzai, qui a qualifié le groupe
d'"outil" des États-Unis ...

Comme en Irak et en Syrie, l’utilisation par la CIA d’islamistes ultra-militants a entraîné un retour de bâton, les militants attaquant de plus en plus l’État afghan. L’armée américaine a finalement jugé nécessaire d’intervenir contre eux. Mais la lutte sur le terrain a surtout été menée par les talibans, qui ont reçu à cette fin le soutien direct de l’armée de l’air américaine.

Les opérations des talibans ont été couronnées de succès et la propagation d’ISKP dans l’est de l’Afghanistan a été bloquée. Au lieu de s’emparer ouvertement de nouvelles zones, l’ISKP a alors eu recours à des attentats-suicides sensationnels contre des cibles vulnérables à Kaboul. En mai 2021, par exemple, une voiture piégée placée devant une école de filles hazara à Kaboul a tué plus de 90 personnes, dont la plupart étaient des enfants.

La CIA et la NDS disposaient aussi de militants qui luttaient contre les talibans. Ils avaient développé et construit des forces spéciales organisées en plusieurs bataillons (NDS-01 à -04 et la Khost Protection Force (KPF)). Ces escadrons de la mort contrôlés par la CIA disposaient de leur propre soutien par hélicoptère :

Depuis 2018, la CIA est engagée dans un programme visant à tuer ou capturer des chefs 
militants, nom de code ANSOF, précédemment Omega. Les effectifs de la CIA sont
complétés par du personnel provenant du Commandement des opérations spéciales
de l'armée américaine. Mi-2019, l'ONG Human Rights Watch déclarait que "les forces de frappe afghanes
soutenues par la CIA"
ont commis "de graves abus, certains équivalant à des crimes
de guerre"
depuis fin 2017.

Le rapport 2019 de HRW note :

Ces forces d'attaque ont tué illégalement des civils lors de raids nocturnes, 
fait disparaître de force des détenus et attaqué des établissements de santé
pour avoir prétendument soigné des combattants insurgés. Les victimes civiles
de ces raids et opérations aériennes ont augmenté de façon spectaculaire au
cours des deux dernières années.

Après la prise de Kaboul par les talibans, il est devenu évident que la CIA allait devoir mettre un terme à son programme de « lutte contre le terrorisme » et qu’elle perdrait le contrôle d’une grande partie de son activité (de drogue) en Afghanistan.

Alors que Kaboul tombait, au moins une de ses unités afghanes, soit quelque 600 soldats, a reçu l’ordre d’aider à garder l’aéroport de Kaboul.

NDS 01 Unit @NDS_Afghanistan - 11:50 UTC - Aug 17, 2021

Nous viendrons

Nous servirons aussi nos compatriotes.

#انشاء_الله #Kabul #ANDSF

Les forces afghanes de la CIA se sont chargées de garder les portes et les tours :

Les Américains ont fait appel à plusieurs centaines de commandos de la Direction 
nationale de la sécurité de l'ancien gouvernement afghan pour limiter l'accès
à certaines portes de l'aéroport, afin d'empêcher la foule de submerger l'aéroport. ... Les commandos de l'ancien NDS devraient être parmi les derniers à quitter le pays
lors de l'évacuation, servant d'arrière-garde avant d'être évacués par avion, selon
des responsables américains et afghans.

Certains membres de cette unité à la gâchette facile ont eu un incident de tir ami avec des soldats allemands. Les troupes afghanes de la CIA présentes à l’aéroport vont être évacuées. D’autres unités, dont les KPF, se rendraient dans la vallée du Panjshir, où une nouvelle « Alliance du Nord », dirigée par Amrullah Saleh et Ahmad Massoud, est censée se constituer. Les talibans tentent de les traquer.

Jeudi, un kamikaze a attaqué une porte de l’aéroport de Kaboul où de nombreuses personnes attendaient d’être évacuées. État Islamique en a revendiqué la responsabilité :

L'attentat suicide de jeudi à Kaboul et la panique qui a suivi ont tué plus de 150 
civils (dont une trentaine de Britanno-afghans), 28 combattants talibans et 13
soldats américains. Avant l'attentat, un porte-parole des talibans avait déclaré à RT qu'ils avaient
averti les États-Unis de l'imminence d'une attaque par ISPK.

Il est difficile de comprendre pourquoi les États-Unis, après avoir été avertis, n’ont pas pris davantage de précautions contre une telle attaque.

La plupart des victimes de l’attaque n’ont pas été causées par le kamikaze mais par les gardes postés sur le mur et dans les tours de garde entourant l’aéroport.  « La plupart des victimes » avaient des blessures par balle sur le haut du corps et les balles venaient d’en haut. Cela a maintenant été confirmé par de multiples sources :

Sangar | سنګر پیکار @paykhar - 13:02 PM – 28 Aout 2021

"La plupart des victimes de l'explosion de l'#KabulAirport n'ont pas été tuées 
par l'explosion mais par les balles tirées sur elles par les Américains"
. Faisal, de la chaîne Kabul Lovers, a interviewé des travailleurs humanitaires

à l'hôpital d'urgence de #Kaboul et voici ce qu'ils ont à dire : video

Les médias américains tentent d’ignorer ces rapports. Ce n’est qu’au plus profond d’un long article du New York Times que l’on trouve ces lignes :

Pour la première fois, des responsables du Pentagone ont reconnu publiquement 
la possibilité que certaines personnes tuées à l'extérieur de l'aéroport jeudi
aient pu être abattues par des membres des services américains après
l'attentat suicide. Les enquêteurs cherchent à savoir si les tirs provenaient des Américains postés
à la porte d'embarquement ou de État Islamique.

Ce ne sont ni les Américains à la porte ni État Islamique, mais très probablement les escadrons de la mort afghans de la CIA postés dans les tours de garde qui ont causé le massacre.

L’analyse de l’attaque par le Washington Post est tout aussi trompeuse :

Plusieurs hommes armés ont ensuite ouvert le feu sur les civils et les forces 
militaires. Une filiale locale de État Islamique a revendiqué la responsabilité
de l'attaque.

Deux jours après l’attaque la CIA, CNN, a publié une interview de Clarissa Ward avec un commandant présumé d’ISKP, qui aurait été enregistrée il y a deux semaines dans un hôtel de Kaboul. La raison pour laquelle CNN a flouté le visage de l’homme n’est pas expliquée.

Comme RT le titre de façon moqueuse :

« La CIA tweete une interview de la CIA par la CIA » : Les téléspectateurs réagissent à l’interview de CNN avec le commandant d’ISIS-K, qui a été soudainement diffusée et qui est « sinistrement prophétique ».

Un jour après l’attaque de l’aéroport, la CIA a également tué un « planificateur » présumé d’ISKP à Jalalabad qui n’avait rien à voir avec l’attaque de l’aéroport.

Dion Nissenbaum @DionNissenbaum - 10:43 UTC – 29 Aout 2021

Une vidéo exclusive du @WSJ montre les conséquences d'une attaque de drone 
américain, qui a utilisé un missile "Flying Ginsu", contre État Islamique en
Afghanistan. Le Pentagone affirme qu'il n'y a pas eu de victimes civiles. Un
témoin oculaire affirme qu'une femme figure parmi quatre blessés. Une vidéo exclusive montre les conséquences d'une attaque de drone américaine
en Afghanistan.

Dire qu’il s’agirait d’un missile « Flying Ginsu », qui ne contient pas d’explosifs, est incompatible avec les importants dégâts causés par des éclats d’obus, que l’on peut voir dans la vidéo ci-dessus.

Passons maintenant aux choses importantes.

Si ISKP est, comme indiqué ci-dessus, un produit de la CIA/NDS et si les gardes de l’aéroport qui ont tué la « plupart des victimes » de l’attaque sont des forces spéciales afghanes dirigées par la CIA, tout cela pourquoi faire   ?

Nous trouverons peut-être la réponse dans un autre article du New York Times intitulé :

Au milieu du chaos afghan, une mission de la CIA qui persistera pendant des années

Alors que la guerre d'Afghanistan touche à sa fin, la CIA s'attend à ce que 
son objectif principal s'éloigne progressivement du contre-terrorisme - une
mission qui avait, en deux décennies, transformé l'agence en une organisation
paramilitaire axée sur les chasses à l'homme et les meurtres - pour revenir à
un espionnage traditionnel orienté vers des puissances comme la Chine et la Russie. Mais les deux explosions mortelles de jeudi sont les dernières d'une rapide
série d'événements qui se déroulent depuis l'effondrement du gouvernement
afghan et la prise de contrôle du pays par les talibans et qui bouleversent
ce plan. Tel un trou noir ayant sa propre attraction gravitationnelle,
l'Afghanistan pourrait coincer la CIA dans une mission complexe de
contre-terrorisme pour les années à venir.

La pauvre CIA, replongée dans une coûteuse mission de « contre-terrorisme » en Afghanistan et ailleurs, qui était censée prendre fin alors que… eh bien, alors qu’un groupe terroriste créé par la CIA envoie un kamikaze à l’aéroport de Kaboul et que les forces afghanes dirigées par la CIA abattent une foule de réfugiés.

On pourrait aussi considérer cela comme la revanche de l’État profond contre l’ordre du président Biden de se retirer d’Afghanistan.

C’est ce même État profond qui nous a valu quatre années de « Russiagate », lorsqu’un autre président était également enclin à rappeler les troupes américaines à la maison et à limiter ainsi les champs d’opération de la CIA.

Pour que leur point de vue soit parfaitement clair, les auteurs de la CIA s’exprimant dans le NYT émettent, dans leur dernier paragraphe, cette menace pas vague du tout :

Toute attaque terroriste en provenance d'Afghanistan exposerait M. Biden à 
des critiques féroces de la part de ses adversaires politiques, qui lui
reprocheraient d'avoir pris la décision de retirer les troupes américaines
du pays - un autre facteur susceptible d'entraîner une pression intense de
la Maison-Blanche sur les agences d'espionnage pour qu'elles se concentrent
sur l'Afghanistan.

La pression de la Maison-Blanche sur les agences d’espionnage ? Non, plutôt la pression exercée par la CIA sur la Maison-Blanche pour qu’elle puisse continuer ses petites affaires en Afghanistan.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

jeudi, 05 mars 2020

Les empreintes de la France sont partout sur les groupes terroristes à Idlib

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Les empreintes de la France sont partout sur les groupes terroristes à Idlib

par Steven Sahiounie 
Ex: http://www.zejournal.mobi

Le soutien de la France aux groupes extrémistes en Syrie, en particulier près d’Idlib, remonte aux premiers jours de la rébellion anti-gouvernementale soutenue par la CIA en 2011.

Wassim Nasr, de France 24, spécialiste des réseaux djihadistes, s’est récemment entretenu via Skype avec le recruteur français Omar Omsen, le chef du groupe djihadiste Furkat-al-Ghuraba, une filiale d’Al-Qaïda à Idlib.

De nombreux terroristes français se trouvent aujourd’hui à Idlib, luttant pour établir un État Islamique à partir d’une petite partie de la Syrie laïque. Leur rêve est une utopie sunnite à la frontière turque, où ils peuvent bénéficier du plein soutien du Président turc Erdogan, à la tête du parti AK, un parti des Frères Musulmans qui domine la Turquie depuis une vingtaine d’années.

Le fait d’être à la frontière turque leur offre le luxe d’être nourris et vêtus par des organismes d’aide internationale, tels que le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies, et d’autres groupes humanitaires qui distribuent des fournitures aux civils, ainsi que par leurs fils, frères, époux ou père qui sont à la solde d’Al-Qaïda financé par le Qatar et certaines monarchies du Golfe Arabe. Les groupes humanitaires, dont les Nations Unies, travaillent comme des facilitateurs, prolongeant la souffrance des innocents en continuant les approvisionnements. Si les besoins quotidiens des familles des terroristes avaient été coupés, ces derniers auraient été contraints de fuir en Turquie, et éventuellement en Europe, pour bénéficier d’une plus grande partie des avantages gratuits offerts par la « Mère Merkel », en référence à la chancelière allemande Angela Merkel.

Les terroristes français ont été recrutés en France, et non en ligne. Le réseau Sevran, un réseau de recrutement de terroristes à Sevran, près de Paris, opérait à partir d’une salle de prière informelle, car il ciblait des jeunes hommes avec un mélange sophistiqué de tactiques psychologiques et, selon certains, de tactiques d’hypnose acquises par Al-Qaïda au cours des décennies passées en Afghanistan, un pays bien connu pour ses compétences d’hypnose perfectionnées qui existaient avant les agents de terrain de la CIA ; mais qui ont été utilisées par la CIA dans son programme de djihad pour contrer la présence soviétique sur place.

Le recruteur djihadiste français, Omar Omsen, a simulé sa mort en août 2015, pour réapparaître des mois plus tard dans une interview télévisée. On ignore combien de terroristes ont simulé leur mort pour effacer leur identité et se réinventer plus tard en Europe ou aux États-Unis.

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Une photo non datée du recruteur français d’ISIS, Omar Omsen

Le gouvernement français a commencé à soutenir les terroristes en Syrie à partir de 2011, lorsque la CIA a ouvert son premier bureau à Adana, en Turquie, juste après la frontière d’Idlib. Les présidents français, de Sarkozy à la Hollande, en passant par Macron, ont tous suivi le projet de « changement de régime » ordonné par les États-Unis en Syrie. En 2017, le Président américain Trump a mis fin au programme de soutien de la CIA à Al-Qaïda en Syrie. Cependant, Al-Qaïda est pleinement opérationnel à Idlib et bénéficie d’un soutien très évident au plus haut niveau, sous forme d’armes, de munitions, de missiles anti-aériens, de drones et de salaires.

Les rebelles modérés de Syrie

En septembre 2015, le Président syrien Assad a imputé la crise des réfugiés en Europe au soutien de l’Occident aux terroristes. En référence à la photo virale en ligne d’un enfant syrien échoué sur une plage turque, il a déclaré :

« Comment pouvez-vous être triste de la mort d’un enfant dans la mer et ne pas avoir de sentiments pour les milliers d’enfants qui ont été tués par les terroristes en Syrie ? Et, aussi pour les personnes âgées, pour les femmes et les hommes ? Ce deux poids, deux mesures européen n’est plus acceptable ».

Il a ajouté : « L’Occident soutient les terroristes depuis le début de cette crise, lorsqu’il a déclaré qu’il s’agissait d’un « soulèvement pacifique » – comme ils l’ont appelé. Ils ont dit plus tard que c’était une opposition modérée et maintenant ils disent que ce sont des terroristes comme Al-Nusra et ISIS ». Jibhat al-Nusra est la filiale d’Al-Qaïda en Syrie et contrôle Idlib.

En juin 2015, le procès à Londres d’un Suédois, Bherlin Gildo, accusé de terrorisme en Syrie, s’est effondré après qu’il soit devenu clair que les services de renseignement britanniques avaient armé les mêmes groupes que ceux que l’accusé était accusé de soutenir. L’accusation a abandonné l’affaire, apparemment pour éviter d’embarrasser les services de renseignements. Les agents des services de renseignement français travaillaient main dans la main avec les États-Unis et le Royaume-Uni en Syrie.

Un an après le début de la rébellion syrienne, les États-Unis et leurs alliés ne se sont pas contentés de soutenir et d’armer une opposition qu’ils savaient dominée par des groupes sectaires extrêmes ; ils étaient prêts à approuver la création d’une sorte « d’État Islamique ».  L’habitude occidentale de jouer avec les groupes djihadistes, qui reviennent ensuite pour les mordre, remonte au moins à la guerre des années 1980 contre l’Union Soviétique en Afghanistan, qui a favorisé la création d’Al-Qaïda sous la tutelle de la CIA.

Sotchi 2018

L’accord exigeait que la Turquie évince des terroristes tels que Jibhat al-Nusra, et permettait à la Turquie de mettre en place 12 postes d’observation à Idlib pour séparer les terroristes des civils non armés. Cependant, près de deux ans après la conclusion de l’accord, la Turquie n’a pas respecté ses engagements et Moscou a ouvertement accusé la Turquie d’aider les terroristes. Cela a conduit à l’offensive de l’Armée Arabe Syrienne à Idlib qui a commencé en décembre 2019 pour libérer les civils et éliminer tous les terroristes. Cette opération militaire est en cours et les Syriens, avec l’aide de la puissance aérienne russe, ont fait des progrès spectaculaires.

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Des combattants soutenus par la Turquie aident un camarade de combat blessé par les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés à Idlib, en Syrie, le 1er mars 2020. Photo | AP

Les procès fantômes de la France

En janvier 2020, un tribunal de Paris a entendu des affaires contre des terroristes français en Syrie, mais la majorité des accusés étaient morts. Les médias français ont qualifié ce procès de « procès fantôme ».

Antoine Ory, l’un des avocats de la défense, a déclaré : « En France, en 2020, on refuse de rapatrier les vivants mais on juge les morts ». La France a pour politique de ne pas reprendre ses terroristes, même s’ils sont des milliers en Syrie.

La scène de Hatay

La frontière entre la Syrie et la Turquie est une ligne relativement droite d’est en ouest jusqu’au fleuve Oronte, puis elle s’abaisse soudainement et se dirige vers le sud sur environ 80 miles. Ce morceau de terre syrienne manifestement manquant a été donné à la Turquie par la France en 1939 pour assurer que la Turquie se battrait pour la France contre l’Allemagne d’Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale.

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La Turquie a arraché la province d’Alexandretta à la Syrie française en 1939 après un référendum truqué. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies va-t-il condamner ce changement territorial unilatéral ?

Liwa Iskanderoun pour les Syriens est maintenant appelée province de Hatay, elle comprend les villes d’Antakya et d’Iskenderun, qui étaient auparavant connues sous les noms d’Antioche et d’Alexandretta. Cette région se trouve du côté turc d’Idlib.

En 1939, la région était un mélange de nationalités, avec des Turcs, des Turkmènes, des Arabes sunnites, des Alaouites, des Arméniens et des Grecs. Leurs descendants parlent encore aujourd’hui l’arabe, contrairement au reste de la Turquie qui ne parle que le turc. Avant 2011, le Président turc Erdogan et le Président syrien Assad avaient une relation très étroite et un accord a été signé pour construire un barrage de l’amitié syro-turque de 28 millions de dollars sur le fleuve Oronte. Hatay a été transformé en un lieu de rassemblement pour les terroristes internationaux, dont les Français, qui ont afflué en Syrie pour participer à l’attaque USA-OTAN-UE contre la Syrie en vue d’un « changement de régime », et aujourd’hui le monde assiste à une possible guerre ouverte.

Traduit par Réseau International

mercredi, 23 mai 2018

Renseignements russes et chinois : début d’une invasion de l’Asie centrale par l’EI couverte par les Etats-Unis

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Renseignements russes et chinois : début d’une invasion de l’Asie centrale par l’EI couverte par les Etats-Unis

 
 
Auteur : Par Andrey Afanasyev
Ex: http://www.zejournal.mobi

Des sources dans les agences militaires et de renseignement russes, disent que la préparation d’une opération offensive à grande échelle contre la Russie à travers le Tadjikistan et l’Ouzbékistan est dans la phase finale. Citant des données provenant de canaux de communication avec les ministères de la Défense de la Chine, du Pakistan et de l’Afghanistan, ils disent que l’Afghanistan est la pierre angulaire de ce plan.

Des messages similaires ont déjà été reçus, en particulier lors d’une récente conférence sur la sécurité qui s’est tenue à Tachkent, la capitale ouzbèke. Puis le ministre tadjik des Affaires étrangères Sirodzhiddin Aslov a annoncé publiquement l’activation des terroristes dans la région :

« Nous voyons l’activation de groupes terroristes, leur progression dans les régions du nord de l’Afghanistan, en particulier dans les territoires limitrophes du Tadjikistan, l’augmentation du nombre de partisans de l’EI et la participation d’un certain nombre de citoyens des républiques post-soviétiques aux groupes et mouvements terroristes présents en Afghanistan…. cela nous préoccupe sérieusement ».

Selon les agences de renseignement russes, le nombre de terroristes de l’EI opérant en Afghanistan varie de 2500 à 4000 personnes. Ces données ont été confirmées par le ministère de la Défense de la Chine. Les sources de la RPC affirment qu’au moins 3800 combattants opèrent dans 160 cellules terroristes mobiles. Ils sont concentrés dans la province de Nangarhar, à la frontière avec le Pakistan, où l’État islamique a augmenté la production et le trafic de drogue, ainsi que la création d’infrastructures pour la formation de combattants et de kamikazes.

Comment ça va se passer

Selon des sources militaires russes, des terroristes se retirent actuellement de Syrie et d’Irak par voie maritime jusqu’au port de Karachi, dans le sud du Pakistan. Après cela, ils arrivent à Peshawar près de la frontière afghane et s’installent dans la province de Nangarhar. Le nouveau siège de l’EI dans la région est situé dans le district d’Achin.

À partir de la fin de l’année 2017, les terroristes ont réussi à rassembler jusqu’à 500 combattants syriens et irakiens, dont plusieurs dizaines de femmes. Des sources disent que la plupart d’entre eux sont des citoyens de la France, du Soudan, du Kazakhstan, de la République tchèque, de l’Ouzbékistan, etc.

L’objectif principal de l’EI en Afghanistan est non seulement la déstabilisation du pays, mais aussi une invasion à grande échelle des républiques post-soviétiques d’Asie centrale : le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan afin d’attiser les tensions aux frontières sud de la Russie.

Les sources de renseignement russes disent qu’il y aura deux voies pour l’offensive de l’EI. L’une mènera au Tadjikistan à travers les provinces du Nuristan et du Badakhshan, l’autre passera par Farakh, Ghor, Sari-Pul et Faryab au Turkménistan.

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Mohammed Gulab Mangal.

Le principal responsable des opérations de l’EI est le gouverneur de la province de Nangarhar, Mohammad Gulab Mangal. Il utilise la structure des radicaux pour renforcer son influence dans les régions voisines. De plus, Mangal est bien connu pour sa participation aux opérations financières de l’EI. Des sources affirment que toute tentative de protestation des populations locales est violemment réprimée par les autorités, y compris par des opérations punitives contre les zones peuplées.

Mangal a été connecté aux services spéciaux américains pendant une longue période. La page Wikipédia à son propos dit que le gouverneur actuel de Nangarhar a pris part à une guerre contre les troupes soviétiques dans les années 80. Juste après l’invasion américaine en 2001, il a été nommé à la tête de l’autorité locale. Les médias occidentaux le considèrent comme un homme d’État efficace et juste. La BBC a même qualifié Mangal de « nouvel espoir pour Helmand », une province qu’il gouvernait.

Selon le ministère de la Défense afghan, l’EI prévoit d’augmenter son effectif à 5000 soldats dont la plupart seront cantonnés dans la province de Mangals.

Il est à noter que les deux plus grandes bases militaires américaines dans le pays sont situées près de la région de NAngarhar contrôlée par l’EI et un gouvernement corrompu.

Traduction : Avic – Réseau International

samedi, 16 septembre 2017

Dae’ch et les autres : bienvenue dans le « monde VUCA » !

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Dae’ch et les autres : bienvenue dans le « monde VUCA » !

Richard Labévière
Journaliste,
Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

L’ensemble de la presse mondiale a, dernièrement commémoré le premier anniversaire de la Coalition internationale qui a déclenché ses premiers bombardements contre des positions de l’organisation « Etat islamique » (Dae’ch) en Irak et en Syrie, le 2 août 2014. Un an plus tard, tout le monde s’étonne que cette « alliance », réunissant quand même les armées les plus puissantes du monde, n’ait pas réussi à éradiquer une organisation constituée de quelque 30 à 35 000 fusils tout au plus. Le même constat vaut également pour Jabhat al-Nosra et les autres résidus d’Al-Qaïda ayant prospéré en Asie, en Afrique ou en Europe.

Pourquoi un tel étonnement, sinon une telle cécité ? La réponse est pourtant aussi claire et limpide que La Lettre volée d’Edgar Allan Poe, posée  là, sous nos yeux, alors que personne ne veut vraiment la voir… Les experts militaires américains, qui donnent le « la » en matière de « guerre contre la terreur » depuis quatorze ans, l’ont dit, redit et écrit : il ne s’agit nullement d’éradiquer le terrorisme, d’en neutraliser définitivement les protagonistes, de casser définitivement ses inspirateurs et d’en assécher les financements. L’objectif principal est de « gérer » son développement, ses mutations et l’évolution de sa cartographie afin d’accompagner la reconfiguration, la modernisation et la diversification de l’hégémonie stratégique, économique et politique des Etats-Unis et de leurs alliés.

En août dernier, le président de la République française - à l’unisson avec ses homologues américains, britannique et allemand -, l’a expliqué très clairement à ses ambassadeurs : « la guerre contre Dae’ch va durer dix, quinze ou vingt ans ». Cette fatalité de la longue durée correspond, non pas à une espèce de complot centralisé ni à une conspiration globale, mais s’inscrit dans la logique d’un « procès sans sujet », conforme aux motivations, aux stratégies et aux intérêts de la mondialisation néo-libérale. Cette incapacité à éradiquer Dae’ch est d’autant plus assumée par les grands décideurs mondiaux qu’ils savent parfaitement que l’action militaire extérieure n’est qu’un segment limité de la panoplie contre-terroriste. Ils savent tout aussi pertinemment que Dae’ch ne pourra être éradiqué durablement sans « assécher » politiquement et idéologiquement l’extrémisme sunnite dont les bailleurs de fonds sont devenus nos meilleurs partenaires commerciaux. Dae’ch est une chose, les affaires en sont une autre : vive la « politique sunnite » de François hollande et Laurent Fabius ! 

Orphelines de l’ennemi communiste, les officines stratégiques du Pentagone, leurs tutelles politiques et les industries de défense occidentales de l’après Guerre froide (garantissant des millions d’emplois et de sous-traitants) devaient impérativement - au risque d’entrer en déshérence -, trouver une autre figure du « mal », définir une menace « globale », autrement dit se fabriquer un nouvel ennemi commun. Ce fût chose faite dès le 11 septembre 2001. Là encore, soyons clairs : il ne s’agit pas de céder à la moindre tentation des théories conspirationnistes et autres « effroyables impostures » ayant fait florès après l’effondrement des tours du World Trade Center, mais bien de restituer rigoureusement pourquoi et comment les administrations Bush successives et celles qui suivirent, ont magistralement « utilisé » cette tragédie afin de pousser leurs pions.

A l’époque, plusieurs économistes réveillés relevaient que le budget du Département américain de la Défense avait enregistré ses hausses les plus importantes depuis la guerre de Corée. Avec un certain étonnement, les mêmes constataient que George W. Bush - digne héritier de Ronald Reagan et de  Margaret Thatcher -, adepte d’un monétarisme des plus classiques et de toutes les recettes les plus libérales, s’était brusquement converti à une politique budgétaire farouchement keynésienne ! En effet, les attentats du 11 septembre 2001 ont fortement contribué à la relance de l’économie américaine qui marquait alors le pas. Mais ce bon usage de la terreur ne profita pas qu’aux seuls investisseurs américains et devait impulser une nouvelle révolution dans les affaires militaires qui s’esquissait depuis la fin des années 90.

Dans les amphithéâtres de l’US-Army-War-College de Carlisle en Pennsylvanie, des professeurs de stratégie militaire commençaient alors à populariser un nouveau concept en quatre lettres pour résumer le monde : VUCA, pour Volatility, Uncertainity, Complexity, Ambiguity. Dans le monde de la fin des années 90, ces experts nous expliquaient que toute espèce de projets et d’actions étaient devenus « volatiles ». Par conséquent, chaque option stratégique était appelée à changer extrêmement rapidement, la visibilité à moyen terme n’étant pas seulement devenue « incertaine », mais proprement impossible. La « complexité » des interactions, des facteurs d’influence et des acteurs devenait la norme, l’ « ambiguïté » étant désormais la règle et non plus l’exception.

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Et toujours très positifs, nos amis américains se félicitaient que dans un tel monde devenu « VUCA », l’incertitude ne constituait nullement un problème, mais présentait au contraire une chance à saisir comme levier d’innovation et de performance. « Les acteurs qui réussissent », affirmaient ces professeurs, « sont ceux qui investissent dans la connaissance de soi, cultivent le succès collectif et encouragent l’agilité et la fluidité efficaces ». La loi de la variété requise, développé par R. Ashby en 1956 (dans An Introduction to Cybernetics) stipule que seule la « variété » peut répondre à la variété. En d’autres termes : plus une personne ou un système génère et active « sa diversité », plus elle est capable de s’adapter aux changements provenant de son environnement et d’assurer son existence. Appliquée à VUCA, cette loi nous enseigne que seul VUCA sait répondre à VUCA.

Les nouveaux chefs (militaires, économiques et politiques) doivent donc incarner un « projet de sens » qui libère les engagements tout en laissant s’exprimer les ruses de la volatilité, comme autant d’opportunités à saisir et à utiliser afin de promouvoir des « changements incessants ». L’incertitude invite ces chefs à profiter des situations inédites pour apprendre… Au lieu de renforcer les procédures de contrôles connues et des actions propices à la reproduction du système en vigueur. Ils « trouvent alors le courage de créer des espaces de liberté, de créativité et d’expérimentation rapide ». La complexité oblige les acteurs clés à coopérer et à privilégier le succès collectif. Pour saisir la complexité d’une situation, ses multiples enjeux et ses différents leviers, il est obligatoire de créer des groupes divers, transversaux et hétérogènes. Pour trouver des solutions véritablement innovantes, il s’agit donc de travailler en grand groupe, d’oser le chaos provisoire, de privilégier l’expérimentation ciblée au lieu de déployer un plan convenu. Sont alors privilégiées « les dynamiques alternatives ». L’ambiguïté se manifeste à travers des figures ambivalentes, par la non-cohérence d’un projet, le mélange des responsabilités, les multiples interprétations d’un concept. Cette ambiguïté doit devenir la culture dominante des nouveaux chefs : celle consistant à vivre avec une variété de solutions au lieu de s’attacher à l’obsession de la clarification, à la recherche d’une cohérence, ainsi qu’à celle d’une quête de « la » solution à déployer. Dans un monde VUCA, rien n’est acquis d’avance, rien n’est durablement stable et tout est opportunité !

Enfin, nos professeurs édictaient cinq principes à l’usage des nouveaux chefs voulant réussir « dans la joie » : 1) dans un monde VUCA, l’agilité d’une organisation se débloque en passant de la réaction à l’action par le « sens » ; 2) dans un monde VUCA, tout se transforme quand le système se libère d’une obsession de performance opérationnelle pour privilégier la recherche d’excellence relationnelle ; 3) dans un monde VUCA, le chaos devient créateur, le vide faisant place à de nouvelles solutions ; 4) dans un monde VUCA, l’individu peut se sentir perdu mais l’intelligence collective en action s’affirmera comme le nouveau levier de performance ; 5) Dans un monde VUCA, la notion de « leadership » est renversée pour laisser place à la puissance d’une nouvelle posture … celle du « Followership ». Bref, dans ce meilleur des mondes possibles, les chefs et, en définitive tous les acteurs qui savent conjuguer la joie et le « sens » vont être en mesure d’inventer des formules inédites de performance.

C’est presque aussi bien que La Richesse des nations d’Adam Smith et c’est à Donald Rumsfeld - secrétaire d’Etat à la Défense (2001-2006) - que l’ont doit l’application de cette idéologie aux affaires militaires. Sans y changer une seule virgule, la première administration Obama renonçait ainsi aux réponses classiques : les guerres conventionnelles et de contre-insurrection. On assistait alors à des redéploiements élargis dans les zones économiques et stratégiques considérées prioritaires pour les grandes sociétés (armements, aéronautiques, BTP et infrastructures, etc.). Enfin, selon un officier général des Forces spéciales, le Pentagone cherchait à maintenir autant que faire se peut la « clandestinité la plus totale afin de privilégier des campagnes médiatiques et de communication parfaitement maîtrisées ».

En juin 2014, dans une conférence publique tenue à Beyrouth, nous expliquions alors, que cette « non doctrine » militaire s’articulait sur sept piliers : 1) montée en puissance des forces spéciales ; 2) prééminence du renseignement ; 3) extension de la géographie des drones ; 4) choix de la cyber-guerre ; 5) développement d’ « armées de substitution » ; 6) formation et manœuvres avec les partenaires ; et enfin 7) médiatiser et communiquer. Ce dernier pilier chapeaute l’ensemble ! Le plus vieux métier du monde ! Pour qu’elle atteigne ses objectifs, toute opération militaire doit être non seulement comprise mais aussi « partagée » par les opinions publiques du ou des pays qui la mènent. Sont alors appelés en renfort les bataillons de journalistes « embeded » chargés d’expliquer et de diffuser les raisons et le phasage de la « guerre juste », forcément juste. Au hardpower des armées doit s’adjoindre organiquement le softpower -madame Clinton préfère parler de smartpower -, des journalistes, des « experts » et autres « communicants ». Ces sept piliers requièrent, non pas la « sagesse » de Lawrence d’Arabie, mais une transparence imposée, c’est-à-dire opaque, la clandestinité et le secret.

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Dans le meilleur des mondes VUCA possibles, Dae’ch, Al-Qaïda, Nosra et les autres ne peuvent et ne doivent pas être éradiqués parce qu’ils sont absolument nécessaires à la reconfiguration permanente du « sens », de la « joie » et des « profits » des nouveaux chefs militaires, économiques et politiques du monde. Sur le plan intérieur, les recettes VUCA servent tout aussi bien à déconstruire les frontières nationales, le droit du travail et toute autre loi garante du contrat social des vieilles républiques pour nous convertir aux fluidités multiples d’une mondialisation heureuse où tout devient possible et principalement le retour à l’état de nature où règne, en définitive, la loi du plus fort.

Lorsque notre ami Alain Joxe souligne, à juste titre, que les Etats-Unis ont régulièrement perdu les guerres asymétriques qu’ils ont déclenchés depuis la fin de la Guerre froide, il n’en tire pourtant pas la conclusion ultime : ces défaites apparentes sont en réalité des victoires inestimables pour les stratèges du Pentagone, de Tel-Aviv, de Wall Street, de la City et de Bruxelles. D’un état de non guerre conventionnelle, les délices du monde VUCA nous embarquent dans celui d’une guerre asymétrique généralisée, permanente et nécessaire. 

Richard Labévière, 15 septembre 2015

dimanche, 11 juin 2017

« Daech : L'arme de la communication dévoilée » de François-Bernard Huyghe

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Fiche de lecture:

« Daech : L'arme de la communication dévoilée » de François-Bernard Huyghe

par Nicolas Faure
Ex: http://www.europesolidaire.eu & https://www.polemia.com
 
François-Bernard Huyghe est docteur d'Etat en sciences politiques, habilité à diriger des recherche, directeur de recherche à l'Iris et enseignant, notamment au CELSA Paris IV Sorbonne. Spécialiste de l'influence stratégique, il décrypte dans cet ouvrage traitant de l'Etat islamique les différentes stratégies de communication utilisées par cet Etat islamique.
 
Nous rééditons ici cet article de Nicolas Faure publié par Polémia,  que nous remercions
https://www.polemia.com/daech-larme-de-la-communication-devoilee-de-francois-bernard-huyghe/?utm_source=La+Lettre+de+Pol%C3%A9mia&utm_campaign=a0270d0758-lettre_de_polemia&utm_medium=email&utm_term=0_e536e3990e-a0270d0758-60536937

L'auteur  dresse le portrait d'un ennemi implacable, bien moins déséquilibré que certains commentateurs semblent imaginer. Un livre à lire de toute urgence pour comprendre que la guerre contre les djihadistes n'est sans doute pas terminée...

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« Le nom que nous leur donnons en révèle plus sur nos fantasmes que sur les leurs »

« Difficile d'opérer une conversion plus absolue que celle des djihadistes, d'adopter un critère du vrai, du bien, du juste ou du souhaitable plus opposé au nôtre » écrit François-Bernard Huyghe en introduction de son livre.

Cette opposition évidente entre le monde moderne et ces combattants de l'Etat islamique conduit l'auteur à analyse en profondeur leurs motivations et celles de ceux qui les rejoignent.

Il s'attaque par exemple à la frilosité occidentale quant à la désignation de l'ennemi :

« La question de sa désignation devrait être réglée depuis longtemps. Or le nom de l'ennemi nous pose plutôt problème à nous, ses adversaires (...). Entre les stratégies d'évitement [ne pas stigmatiser, ne pas amalgamer, pas de vocables évoquant des principes généraux ou des « valeurs »] et les stratégies de l'affirmation [il faut avoir le courage de désigner l'ennemi islamiste violent], nos politiques révèlent leurs contradictions. »

Plus loin il adresse une nouvelle pique aux Occidentaux incapables de prendre la mesure des ressorts de l'Etat islamique :

« [Employer] des termes comme “nihilisme” [sonne] creux ; les djihadistes ne sont nullement animés par le refus de toutes valeurs ; ils sont dans l'obsession d'une seule valeur. (...) Nier cette positivité, l'inverser en haine absurde, c'est se donner bonne conscience à bon compte. (...) En niant qu'ils puissent agir au nom de valeurs religieuses, nous les considérons comme irrationnels, et refusons de comprendre leur logique de légitimité. Moraliser [ils veulent le mal] ou psychiatriser [ils sont fous] sont de bien pauvres consolations contre ce qui nous nie. Le nom que nous leur donnons en révèle plus sur nos fantasmes que sur les leurs. »

Dans cet ouvrage, François-Bernard Huyghe s'attache donc à analyser sans faux-semblant ce qui anime les soldats du califat islamique. Cette démarche saine et essentielle permet à ce livre d'être une mine d'or d'informations et d'analyses pertinentes.

La violence relayée par Internet comme arme à double tranchant

Pour François-Bernard Huyghe, l'Etat islamique est passé maître dans l'art de la communication. Il écrit même (p. 68) : « Daech, c'est une machine à tuer plus un appareil à communiquer. »

La plus visible des communications, c'est la mise en scène de sa violence.

« Au-delà du sang, il y a le sens » écrit François-Bernard Huyghe (p. 56). Selon lui, la violence des exécutions d'infidèles a une importance capitale dans la propagande de l'Etat islamique, à la fois pour ses partisans ou supporteurs, fascinés et attirés par la violence des actes, mais aussi pour l'adversaire qui, face à la brutalité des djihadistes, peut être démoralisé ou prendre peur.

L'Etat islamique se sert d'Internet comme d'une caisse de résonnance incroyable. Ce ne sont pas les premiers, nous rappelle François-Bernard Huyghe en citant notamment l'expertise d'al-Qaïda et de ben Laden.

Une communication professionnelle

« La propagande d'Etat du califat est centralisée » assure François-Bernard Huyghe. Un ministère, des agences et des contrôles de production sérieux aboutissent à des réalisations extrêmement professionnelles.

« Il faut que nous reconnaissions la sophistication de leurs moyens et leur professionnalisme » écrit même l'auteur. Dans ce livre, il n'hésite pas à pointer du doigt le véritable souci de l'esthétisme dans les vidéos produites par le califat.

De la part d'un professeur au CELSA, prestigieuse école de communication française, ce ne sont évidemment pas des paroles en l'air...

Outre les images de violence destinées à impressionner et effrayer, François-Bernard Huyghe relève que la propagande de Daech concerne également les bienfaits de l'administration islamique sur les territoires qu'elle contrôle. Des images de familles heureuses ou de marchés bien approvisionnés sont ainsi très nombreuses.

François-Bernard Huyghe s'attache aussi à étudier de près la publication de magazines professionnels comme Dabiq, réservé aux anglophones, paru pour la première fois en avril 2014, ou Dar al-Islam, dédié aux francophones. Des analyses poussées fascinantes qui permettent au lecteur de prendre la mesure du professionnalisme de certains membres de l'Etat islamique.

Djihad 2.0

Dans cet ouvrage très bien documenté de François-Bernard Huyghe, on apprend également que l'Etat islamique incite fortement ceux qui s'y intéressent à sécuriser leur connexion Internet. Tout d'abord en utilisant un ordinateur volé qui ne puisse pas être relié à soi, puis en se connectant à Internet uniquement via des réseaux publics (type McDonald's) et en installant des outils de cryptage des connexions.

Selon l'auteur, les suiveurs de l'Etat islamique sont également passés maîtres dans l'art de diffuser des messages de tout type (propagande, revendication, etc.) de manière virale grâce aux réseaux sociaux.

La contre-propagande de l'Occident est-elle efficace ?

Selon François-Bernard Huyghe, les pays occidentaux n'ont tout simplement pas pris la mesure de la solidité doctrinale des meneurs de l'Etat islamique. Outre les justifications islamiques apportées après chacun de leurs attentats, les tirades sur des actions n'ayant « rien à voir avec l'islam » ferait tout simplement rire les membres de l'Etat islamique et leurs suiveurs !

Pire : à la campagne anti-djihad du gouvernement français intitulée « Toujours le choix », l'Etat islamique a répondu ironiquement par une campagne « Pas le choix », rappelant à l'aide d'éléments doctrinaux solides qu'un sunnite se devait de rejoindre l'Etat islamique.

François-Bernard Huyghe ne se contente pas d'analyser brillamment les ressorts communicationnels de l'Etat islamique. Il adresse également un avertissement sérieux à ceux qui sous-estiment l'intelligence ou la détermination des meneurs de Daech.

Face à un groupe terroriste aussi ingénieux et professionnel, la guerre pourrait durer encore longtemps, même après la victoire militaire occidentale...

Nicolas Faure

François-Bernard Huyghe, Daech : L'arme de la communication dévoilée, Collection L'Information, c'est la guerre, Va Presse, mai 2017, 134 pages

mercredi, 29 mars 2017

Keeping the Myth and the Islamic State Alive

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Tony Cartalucci:

Keeping the Myth and the Islamic State Alive

Ex: http://landdestroyer.blogspot.com 

March 23, 2017 (Tony Cartalucci - NEO) - Joint Syrian-Russian-Iranian operations against foreign-funded and armed militant groups across Syrian territory have incrementally dismantled and frustrated the fighting capacity of groups including the so-called Islamic State, Al Nusra, Al Qaeda, and a myriad of other fronts coordinated and arrayed from abroad against Damascus.

With the Russian intervention in late 2015, considerable air power was applied to these militant fronts' logistical lines extending beyond Syria's borders. As the supplies were cut, Syrian forces and their allies were able to isolate and eliminate one stronghold after another.

Now, many of these groups face defeat within Syria, prompting their foreign sponsors into two courses of action - posing as the forces responsible for their defeat as the US and Turkey are attempting to do amid their respective, illegal incursions into Syrian territory, and creating a narrative to serve as cover for the evacuation and harboring of these militant groups elsewhere for future use.

Terrorist Organizations are Empire's Modern Mercenaries 

Just before and since the fall of the Ottoman Empire in the early 20th century, Anglo-American interests have cultivated militant groups across its territory to divide and conquer the entire region - contributing toward Washington and London's greater global hegemonic ambitions.

The terrorist organization known as Al Qaeda, created in part from the shattered remains of the Syrian Muslim Brotherhood defeated by Hafez Al Assad in the 1980's, would be deployed next to Afghanistan after their foreign-backed bid to overthrow the Syrian government failed.
 
Since then, Al Qaeda has participated in NATO operations in the Balkans, across the Middle East and North Africa, and even as far as Asia. The group operates as both a casus belli for Western intervention globally, and as a proxy force able to wage war against governments Western military forces are unable to confront directly as was the case in Libya and currently in Syria.

Al Qaeda and its various subsidiaries and affiliates - including the Islamic State - also serve in an auxiliary capacity such as in Yemen where they hold territory taken by mechanized forces from Persian Gulf invaders.

While Western narratives attempt to portray these militant fronts as independent terrorist organizations operating beyond both international law and the reach of superior Western military and intelligence capabilities, in reality, this narrative is cover for what is obvious state sponsored proxy terrorism and militancy.

The United States has all but admitted its role in the creation of these organizations as well as their ongoing role in their perpetuation. The use of US allies including Saudi Arabia, Qatar, and the United Arab Emirates (UAE) to launder money, weapons, training, and other forms of political and material support through has also been extensively documented.

Keeping the Myth and the Islamic State Alive

RAND Corporation representatives recently penned an editorial in Fortune titled, "Why A Dying Islamic State Could Be An Even Bigger Threat To America," in which they attempt to explain how, despite the Islamic State losing its territorial holdings in Syria and Iraq, the organization will continue to operate and pose as a menace to global security.

In reality, the Islamic State, Al Qaeda, and other fronts will continue to persist for one sole reason - the immense multinational state sponsorship they receive from the United States, NATO, and the Gulf Cooperation Council (GCC).

The Fortune editorial claims:
The liberation of Mosul and Raqqa are important initial steps in diminishing the threat from the Islamic State. Without an actual state, the Islamic State will likely lose a substantial amount of its appeal. Without a secure territorial base to operate from, it may have a harder time organizing external attacks. Yet the Islamic State, like al Qaeda before it, will continue to metastasize and seek to spread its influence once it loses its home base.
The RAND authors also claim:
If the Islamic State is to be defeated and stay defeated, military measures will need to be combined with economic, technical, and political assistance designed to improve state and local capacity. Popular grievances that have given rise to extremist movements need to be better addressed. These are not steps the United States should take alone, but Washington should lead in assembling and guiding donor coalitions working with each of the affected countries. 
However, it is difficult to believe that self-proclaimed professional policymakers and experts failed to consider the source of the Islamic State's fighting capacity - its extensive state sponsorship. No mention is made of this in the editorial, nor is any mention of this made by US, NATO, or GCC politicians, military planners, analysts, or other policymakers. It is an open secret guarded carefully with repetitive editorials and news pieces like the aforementioned RAND piece in Fortune.

With US-NATO-GCC plans frustrated in Syria by a formidable military coalition, the special interests driving this axis will inevitably seek to deploy their proxy forces where such coalitions cannot reach. Current efforts to divide and disrupt socioeconomic and political stability across all of Asia would be served well by the inclusion of veteran terrorists and militants escaping from Syrian-Russian-Iranian forces in the Middle East.

Defiant nations in Southeast Asia in particular, may find local political brush fires turned into infernos with the inclusion of the Islamic State's shifting ranks. In Myanmar, US-Saudi backed militants are already attempting to expand violence surrounding the Rohingya crisis, likely in an attempt to create a pretext for a permanent US military presence in the country aimed at further driving a wedge between Myanmar and neighboring China.

In Thailand, inflaming its lengthy southern insurgency by transforming it from a political struggle into the same sort of intentionally sectarian and destructive conflict that has consumed Libya and Syria could help Washington rein in Bangkok. A similar strategy is likely already under way in the Philippines.

Seeing through the myth, and exposing the true nature of the Islamic State and other terrorist organizations as proxy forces serving multinational special interests, is the most important, and perhaps only way of protecting against the use of such groups to geopolitically coerce, divide, and destroy nations.

Building formidable coalitions both on the battlefield and in information space is also essential in confronting and overcoming such tactics. Attempting to capitulate to Western narratives in fear of alienating public opinion does not eliminate the treat of militant fronts entering into and destroying a nation - in fact - it only further emboldens such efforts. Nations like Libya which attempted to appease Western interests by joining the so-called "War on Terror" no longer exist as functioning states.

In the coming months, as pressure grows on Western proxies operating in Syria and Iraq, editorials like that featured in Fortune will multiply. It is important to expose what the West attempts to portray as inevitable retreat conducted solely by terrorist organizations as the Western-enabled evacuation and redeployment it truly is.

Tony Cartalucci, Bangkok-based geopolitical researcher and writer, especially for the online magazine New Eastern Outlook”.  
 

mercredi, 15 mars 2017

‘West funded creation of Islamist fundamentalism & terror’

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‘West funded creation of Islamist fundamentalism & terror’

Ken Livingstone, former London mayor

Ex: http://zejournal.mobi

It never occurred to Jimmy Carter he was lighting the fuse leading to 9/11 when he gave arms to the mujahideen in Afghanistan. The West played a large role in the creation of Islamist extremism and terrorism, former London mayor Ken Livingstone, told RT.

The US-led coalition's anti-ISIS offensive in Iraq's second city has slowed with the military facing strong resistance while advancing into Mosul's Old City.

Since the start of the campaign in October, Iraqi forces have recaptured the east of the city and about 40 percent of the city's Western districts.

However, as the fighting rages, the number of civilian casualties and the level of displacement has grown significantly.

RT: Why do you think there's been such a difference in the mainstream media's coverage of the battles in Aleppo and in Mosul?

Ken Livingstone: I think the simple fact is that every war has been like that. I remember through the Vietnam War, America’s intervention led to almost four million Vietnamese dead. And yet all the US told us it was a Western struggle to prevent a communist takeover. In fact, the Vietnamese just wanted control of their own country. And that is the reality. In every war, we have seen horrendous levels of civilian casualties. And I watch RT, the BBC, but each side puts a different perspective. And someone just watching Western television will have no idea about what you have just shown and revealed, and I think that is a tragedy.

RT: Are you surprised at the lack of voices among the public regarding the Mosul crisis? After all social media was packed with calls for a stop to the battle for Aleppo, but there is relatively little in comparison now. What's going on?

KL: This is just the way wars are conducted. During war both sides rely on propaganda, they put their own case. The tragedy is, of course, most people in the West, just looking at Western channels. It would just be a lot better if more and more people tuned in to RT and other foreign channels to actually see a different perspective. Otherwise, you'd never know about this. You'd never know about what is going on. If I just think back to the 1980s, we had British troops crossing over the border into the Republic of Ireland and killing not just IRA people, but a popular band, anything to stir up trouble. We were never told about this. It took twenty years of my asking questions in Parliament before finally it was accepted that our troops had been conducting murders in Ireland.

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RT: Instead of reporting on Mosul, several mainstream sources prefer to cover the recent UN report, which blames Assad's troops and their allies for deliberate strikes on humanitarian infrastructure in Syria. Do you expect the same kind of UN and media attention to the bombings in Mosul?

KL: Not just that. I mean, if you look at the horrendous bombings that are going on in Yemen where British and American arms that have been sold to the Saudis are indiscriminately killing civilians, bombing schools, bombing hospitals. Virtually no one in the West gets to see anything about that. Basically, we have one or two good papers, the Guardian reports it, but for most people they have no idea that this is going on. I do think as well that while the UN is broadly a good institution, it has been predominantly in the pockets of American interests throughout most of my lifetime.

The one thing that has never changed is US concern for civilian casualties – the US has no concern, never has. And we saw that through the years of the US occupation of Iraq, and really the way in which they have used ISIS as a way back into Iraq. A few years ago they couldn’t even get a status of forces agreement. But with Saudi arming and really silent US backing, and not so silent of ISIS, the US is again back in Iraq, and it has also been used in Syria. Their strategic plan in the whole region is to create great chaos and confusion; to inflame sectarian divisions and to use ISIS as the excuse for all of this when really it is the US determination to stay engaged, to keep the area inflamed- Sara Flounders of the International Action Center, to RT

RT: The battle for Mosul is presented as a decisive battle against ISIS, but retaking Mosul doesn't mean defeating the terror group. Why is there no talk about the future of the anti-ISIS battle that could affect more civilian areas?

KL: Part of the problem with all of it is that you got to go back to the 1980s when America started funding Muslim fundamentalist groups, and the Saudis were funding the most extreme, like Al-Qaeda. The West is in denial about Islamist terrorism as its origins go right back to the 1980s. There were instances when President Carter, who was briefed by the CIA in 1979, saying that if we [the US] give arms to the mujaheddin in Afghanistan, Russia will have to intervene to actually stop that and it will create Russia’s Vietnam. An absolute tragedy.

When Carter took the decision to do that, it never occurred to him he was lighting the fuse that would lead to 9/11, and the West has got to come to terms the fact that we funded the creation of Islamist fundamentalism and the terror that has come from that. And we got to make sure we stop, and that means pressure on Saudi Arabia, which remains the principle funder of the extremist terrorist groups in the Muslim world.


- Source : Ken Livingstone

vendredi, 28 octobre 2016

Paper Tiger ISIS Digs Into Mosul

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Paper Tiger ISIS Digs Into Mosul

Islamic State(IS), the defender of Mosul, is a paper tiger, blown out of all proportion by western media.  IS is, as this  writer has been saying for years, an armed mob made up of 20-something malcontents, religious fanatics, and modern-day anarchists.  At its top is a cadre of former Iraqi Army officers with military experience.

These former officers of Saddam Hussain are bent on revenge for the US destruction of their nation and the lynching of its late leader. But IS rank and file has no military training, little discipline, degraded communications, and ragged logistics.

In fact, today’s Islamic State is what the Ottoman Empire used to term, ‘bashi-bazouks,”  a collection of irregular cut-throats and scum of the gutter sent to punish and terrorize enemies by means of torture, rapine, looting, and arson. 

What has amazed me about the faux western war against ISIS is its leisurely nature, lack of élan, and hesitancy. In my view, ISIS was mostly created by the US and its allies as a weapon to be used against Syria’s government – just as the Afghan mujahadin were used by the US and the Saudis to overthrow the Soviet-backed Afghan government. Israel tried the same tactics by helping create Hamas in Palestine and Hezbollah in Lebanon.  Both were cultivated to split the PLO.

ISIS is an ad hoc movement that wants to punish the West and the Saudis for the gross carnage they have inflicted on the Arab world.

Western and Kurdish auxiliary forces have been sitting 1.5 hours drive from Mosul and the IS town of Raqqa for over a year. Instead, western – mainly US – warplanes have been gingerly bombing around these targets in what may be an effort to convince breakaway ISIS to rejoin US-led forces fight the Damascus regime.

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Note that ISIS does not appear to have ever attacked Israel though it is playing an important role in the destruction of Syria. Some reports say Israel is providing logistic and medical support for IS.

The siege of Mosul is being played up by western media as a heroic second Stalingrad. Don’t be fooled. IS has only 3-5,000 lightly armed fighters in Mosul and Raqqa,  maybe even less. The leaders of IS are likely long gone. IS has few heavy weapons, no air cover at all, and poor communications. Its rag-tag fighters will run out of ammunitions and explosives very quickly.

Encircling Mosul are at least 50,000 western-led soldiers, backed by heavy artillery, rocket batteries, tanks, armored vehicles and awesome air power

The western imperial forces are composed of tough Kurdish peshmerga fighters, Iraqi army and special forces, some Syrian Kurds, Iranian ‘volunteers’ irregular forces and at least 5,000 US combat troops called “advisors”, plus small numbers of French,  Canadian and British special forces. Hovering in the background are some thousands of Turkish troops, supported by armor and artillery ready to ‘liberate’ Iraq – which was once part of the Ottoman Empire.

For the US, current military operations in Syria and Iraq are the realization of an imperialist’s fondest dream: native troops led by white officers, the model of the old British Indian Raj. Washington arms, trained, equips and financed all its native auxiliaries.

The IS is caught in a dangerous dilemma. To be a political movement, it was delighted to control Iraq’s second largest city. But as a guerilla force, it should not have holed up in an urban area where it was highly vulnerable to concentrated air attack and being surrounded. This is what’s happening right now.

In the mostly flat Fertile Crescent with too few trees, ground forces are totally vulnerable to air power, as the recent 1967, 1973 Israel-Arab wars and 2003 Iraq wars have shown. Dispersion and guerilla tactics are the only hope for those that lack air cover.

IS forces would best advise to disperse across the region and continue their hit-and-run attacks. Otherwise, they risk being destroyed. But being mostly bloody-minded young fanatics, IS may not heed military logic and precedent in favor of making a last stand in the ruins of Mosul and Raqqa.

When this happens, western leaders will compete to claim authorship of the faux crusade against the paper tiger of ISIS.

lundi, 29 août 2016

Washington’s Sunni Myth and the Middle East Undone

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Washington’s Sunni Myth and the Middle East Undone

Ex: http://warontherocks.com

A Westerner with extensive on-the-ground experience in Syria and Iraq tackles conventional Western views of the civil wars in Iraq and Syria and proposes a dramatic rethinking of the region.

Editor’s Note: This is the second of two articles on this topic, the first of which was published last week. There has been some controversy over my decision to allow this author to write under a pen name. I know the author’s identity and while his arguments are surely controversial, I am confident in his sourcing and subject matter expertise. I carefully considered his request to use a pen name. I decided that this case reasonably meets the standards for such protection published on our site. The author, in my view, can reasonably and seriously fear for his professional employment and safety publishing under his real name. -RE / Update: The author’s pen name has been changed to protect someone with the same name who has nothing to do with the article.

I was not surprised to see my first article greeted with so much outrage by those who adhere to the conventional Western narrative of the civil wars in Iraq and Syria as well as the larger tumult of the Middle East. In truth, these conflicts are not so easily defined by the easy sectarian narrative offered in the Western press.  I argued that Western elites were surrendering to and even embracing the Saudi definition of what Sunni identity should mean. And I provided accounts of the conflicts in Syria and Iraq that do not comport with what you likely have been reading in the newspapers.

But there is far more to the story. It is worth recounting how we got to this point. In the aftermath of the toppling of Saddam and his regime, Iraq’s Sunnis were betrayed by many of their own religious, political, and tribal leaders who demanded that they boycott the post-2003 political order by waging an insurgency against the world’s most powerful military and the government it sought to stand up and support. Of course, it did not help that the U.S.-led occupation and the security forces it empowered victimized Sunni Iraqis disproportionately. The American military’s posture was more aggressive in Sunni-majority areas, and Iraqi security forces collaborated with Shia death squads in pursuit of a vicious counterinsurgency strategy that saw bodies piled up and neighborhoods cleansed. Iraqis en masse suffered from a collective trauma that will take decades to recover from. But hardline Sunni rejectionists and their Western backers have claimed that if Sunnis are not “empowered” then there is no alternative available to them but the Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL). When adopted by Westerners, this argument seems to support Sunnis but actually represents a very low opinion of them because it holds that Sunnis require disproportionate political power to avoid becoming terrorists. Since 2003, Sunni rejectionists have pushed this narrative to hold Iraq hostage, blackmailing Baghdad and its allies like gangsters in a protection racket.

If Sunni leaders did not receive the government position or the business contract they wanted, they would then claim persecution on account of their Sunni identity, switch sides, gather their relatives, and use violence. Examples of this phenomenon from early 2013 include:

Still, the West has pressured the Iraqi government to allow into its ranks Sunni representatives like the above, who oppose the very legitimacy of the government and the notion of a Shia ruler. There were no Shias in the Anbar or Ninawa provinces to threaten Sunnis.  At best, they were politically disgruntled, which is an insufficient reason to embrace the world’s most vicious terrorist organization.

The Jihad Returns to Haunt Syria

The interplay between the conflict in Iraq and the Syrian civil war created a perfect storm. The U.S.-led occupation of Iraq and the sectarian war it ignited influenced how Syrian Sunnis thought of themselves. The Syrian government was warned that it was next in line for regime change, and it took preemptive measures to scuttle the American project in Iraq. By supporting or tolerating insurgents (including al-Qaeda) for the first three years of the occupation, Damascus sought to bog the Americans down. But by then, the Syrian government had lost control of its eastern border. After 2006, at least one million mostly Sunni Iraqis fled into Syria, including some with ties to the insurgency who either came to Syria to facilitate insurgent operations in Iraq, to find a safe place for them and their families, or both. Many former al-Qaeda in Iraq members had fled to Damascus and were living normal lives as family men and laborers before the Syrian crisis erupted in 2011. In my own interviews with detained members of Jabhat al-Nusra, I learned that when the Syrian insurgency started, these men were contacted by old friends who told them, in effect, “We’re putting the band back together.” Many of these Iraqis formed the early core of al-Nusra, which until recently was al-Qaeda’s Syrian affiliate.

By 2010 or 2011, Iraq appeared to be stable. When the uprising started in Syria and the country became unstable, many of the Iraqi Sunni rejectionists returned to Iraq from their Syrian exile. Insurgents in Syria had created failed state zones, power vacuums full of militias, and a conservative Islamist Sunni population mobilized on sectarian slogans. The Turks were letting anyone cross into Syria, which was exploited most successfully by jihadists. By the summer of 2012, many local Syrians saw the arrival of foreign fighters in a positive light, as if they were members of the Lincoln Battalion of foreign volunteers in the Spanish Civil War. As I myself witnessed, they were welcomed and housed by Syrians, who facilitated their presence and cooperated with them.

These thousands of foreign fighters in Syria eventually sided in large numbers with ISIL, seizing parts of Syria. From there, the group was able to launch its offensive into Iraq in the summer of 2014 (although the ground in Mosul had been prepared by the jihadists for quite some time). The prospect of a Sunni sectarian movement seizing Damascus evoked their dreams of expelling the Shia from Baghdad (although the difference, of course, is that Baghdad is a Shia-majority city, unlike Damascus). The Syrian uprising mobilized public and private Gulf money for a larger Sunni cause in Syria, Iraq, and elsewhere in the region. A lot of this support went to the Sunni rejectionists of Iraq, who staged sit-ins and demonstrations in majority-Sunni cities in Iraq. Meanwhile, Al Jazeera had transformed from the voice of Arab nationalism into the voice of sectarian Sunnis, virtually promoting al-Qaeda in Syria and celebrating the initial ISIL “revolutionaries” in Iraq.

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From Syria, Back to Iraq

In 2012, as jihadists gathered in centers of rebellion around Syria, Sunni rejectionists in Iraq allowed jihadists to re-infiltrate their ranks as they launched this campaign of demonstrations, thinking they could use the presence of these men as leverage against the government. At the time, al-Qaeda and ISIL forerunner Islamic State of Iraq were still united. They had systematically assassinated key leaders of the “Awakening” movement, neutralizing those that could have blocked the jihadist rapprochement with Sunni leaders in Iraq. From 2006 to 2009, they also assassinated many rival insurgent commanders to weaken alternative armed movements. Former insurgents described to me how just before the Americans withdrew from Iraq in 2011, insurgent leaders from factions as politically diverse as the Naqshbandis, the Islamic Army, the Army of the Mujahedin, and the 1920 Revolutions Brigades all met in Syria to plan to take the Green Zone in Baghdad (an ambition that was, ironically, accomplished this year by Shia rather than Sunni masses). While these groups initially lacked the ability to take the Green Zone, they made their move when the demonstrations started with the help of the Islamic State, which saw utility in cooperating with these groups, for the time being.

When Sunni protestors in 2012 and 2013 filled squares in Ramadi, Mosul, Hawija, Falluja, and elsewhere chanting “qadimun ya Baghdad (“we are coming, Baghdad”), it was hard for the government and average citizens in Baghdad not to interpret this as a threat from various Sunni-majority cities. These were not pro-democracy demonstrations. They were rejecting the new order — an elected government — and calling for overthrow of the Shia.

Sunni rejectionist leaders rode this wave of support and became a key factor in how easily ISIL later seized much of the country. According to Iraqi insurgents I spoke to, ISIL’s leaders initially thought that they would have to depend on former insurgents, including Baathists, as a cover to gain support. While ISIL’s jihadists did initially cooperate with some of these groups, it was not long until ISIL discovered it did not need them and purged them from its newly seized territories. Many Sunni rejectionist leaders, now understanding the horror of what they helped to unleash, then fled, leaving their populations displaced, destroyed, and divided. Likewise in Syria, Sunni rejectionists and their Western supporters argued that the only way to defeat ISIL is to topple Assad, and thus placate their sectarian demands. And the West somehow believes that they are representative of Syria’s Sunnis writ large. The secular or progressive opposition activists amenable to pluralism unfortunately have no influence because they have no militias of their own.

The Evolution of Sectarian Identity in the Modern Middle East

There is a major crisis within Sunni identity. Sunni and Shia are not stable, easily separable categories. Twenty years ago, these terms meant something else. The 2003 invasion of Iraq was the geopolitical equivalent of the asteroid that caused the extinction of the dinosaurs. Just as species were killed off or arose thanks to that cataclysm, so too in the Muslim world, old identities were destroyed while new ones were created, as discussed by Fanar Haddad at the Hudson Institute. One of these new identities was the post-Saddam “Sunni Arab,” treated by their Western taxonomists as if they were an ethnic group rather than a fluid, fuzzy, and diverse religious sect. For centuries, Sunni identity was conflated with “Muslim” and the identity of “Muslim” was distinct from members of heterodox or heretical sects. Generally speaking, Shias living in areas dominated by Sunnis were subordinate to them juridically and by custom. The war in Iraq helped create a sense of “Sunni-ness” among otherwise un-self-conscious Sunni Muslims,  and it also overturned an order many took for granted. To make matters worse, not only were Shia Islamist parties (such as Dawa and the Supreme Council) brought to power (as well as Sunni Islamist parties such as the Islamic Party), but Sunnis bore the brunt of the occupation’s brutality (while Shias bore the brunt of the insurgency’s brutality).

The result is that we now see Sunni identity in the way that the Saudis have been trying to define it since they began throwing around their oil wealth in the 1960s to reshape Islam globally in the image of Wahhabism. Haddad explains:

[T]he anti-Shia vocabulary of Salafism has clearly made some headway in Iraq and indeed beyond. This is only to be expected given that Salafism offers one of the few explicitly Sunni and unabashedly anti-Shia options for Sunnis resentful of Shia power or of Sunni marginalization.

In other words, we now see a Sunni identity in Iraq that dovetails with Saudi Wahhabism. And the response in the West is to reinforce this!

Ironically, we do something similar with Shia identity. Westerners (and sectarian Sunnis) believe Shia are all the same and all an extension of Iranian (Persian) theocratic power — but they are not, and assuming this is the case has negative effects in the region. It is true that there is far more political coherence to Shia religious identity in the Middle East compared to the Sunni, but placing the center of Shia identity in Iran dramatically misconceives the center of power in the Shia Arab world. To be a sect, you need to have a sense of coherence with centers of power through which someone speaks on your behalf. Shias know what they are and who their leaders are. In Iraq and even beyond its borders, Grand Ayatollah Ali Sistani looms larger than others for Shia, especially but not exclusively in the Arab world.  The Sunnis have no equivalent leader.

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We tend to view Hizballah or the Iranian Revolutionary Guard Corps solely as threats to the West or Israel, but they are also mature local actors with influence on other Shias. Before 2011, the Shia axis was merely an idea. Compared to the Shia of Lebanon, Syria, and Iran, Iraqi Shias were relatively isolated from neighboring countries and struggles. They were insular, and their aspirations were more mundane, as they were discovering middle-class life. Just as Sunni rejectionists playing ISIL’s game in radicalizing their populations, this process also radicalized many Iraqi Shia, mobilizing them in self-defense and even launching some of them into Syria to support Assad. Now Shias from Iraq, Lebanon, Iran, Syria, Afghanistan, and elsewhere are cooperating on the battlefield. From 2003 until the present day, Shia civilians have been targeted in Iraq nearly every day, not to mention in Pakistan, Afghanistan, Syria, Lebanon, and Yemen.

Despite this virtual war on Shias supported and condoned by major Sunni religious leaders, Shias have remained much more restrained than their Sunni counterparts. What is keeping Lebanese, Iraqi, and Syrian Shias from committing massacres and displacing all Sunnis in their path? By and large, it is a more responsible religious leadership guiding them from Qom or Najaf, organizing Shias and offering structure and discipline. According to interviews I have conducted in the region, Hizballah leaders privately complain to Iraqi Shia leaders about their behavior, condemning them for alienating and failing to absorb Sunnis. They scold these leaders for their violations, reminding them that when Hizballah expelled the Israeli occupation, it did not blow up the houses of the many Christian and Shia collaborators or violently punish them.

When we say Sunni, what do we mean? There are many kinds in too many countries: Sunni Kurds, Uighurs, Senegalese, tribal Arabs, urbanites in Cairo, Damascus, Baghdad, Bedouins, and villagers. You cannot make Sunnism into a politically coherent notion unless you are willing to concede to the narrative of al-Qaeda, ISIL, or the Muslim Brotherhood. The latter has historically avoided the explicit, toxic sectarianism of the jihadi groups, but it is also a broken and spent force as its projects in the Arab world having largely failed.

Before the rise of the modern Arab nation-state, cities possessed a state-sponsored moderate Islam that was involved in the law. Urban Sunnis were largely part of the moderate Hanafi school of Sunni jurisprudence. This school, one of four mainstream Sunni schools, is the most tolerant and flexible. The countryside historically practiced folk Islam or considered itself Shia, Sufi, or Alawi. Hanafization took place because it was the religion of elites, the religion of empire, the religion of Ottomans. Today, there is no state Hanafi Islam and other moderate institutions. traditional Sunni Islam of the state has crumbled.

It is therefore impossible to find a genuine center of Sunni power. It is not yet Saudi Arabia, but unless the West changes the way it sees the Middle East, that will become a self-fulfilling prophecy with cataclysmic results.

Saudi Arabia is the dominant state supporting Sunni Islam today via mosques, foundations, and Islamic education. As a result, Salafism — a movement that holds Islam should be practiced as it was by the Prophet Mohammad and his companions — is the new religion of empire and its rejectionist tendencies are a danger to all countries with a Sunni population, from Mali to Indonesia. One reason why Syrian Sunnis became so radicalized is that many of them spent years working in the Gulf, returning with different customs and beliefs. When a Gulf state supports the opening of a mosque or Islamic center in France or Tanzania, it sends its Salafi missionaries and their literature along with it. Competing traditions, such as Sufism, are politically weak by comparison. Muslim communities from Africa to Europe to Asia that lived alongside for centuries alongside Christians, Buddhists, and Hindus are now threatened as Sufis and syncretic forms of Islam are pushed out by the Salafi trend.

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I have come to understand that in its subconscious, the institutional culture of the Syrian regime views this transnational Sunni identity as a threat and it is one reason why Alawites are overrepresented in the Syrian security forces. This is partly for socioeconomic reasons, but it is also seen by the regime as key to preserving the secular and independent nature of the state. Their rationale is that Alawites as a sect have no relations or connections or loyalties outside of Syria. As a result, they cannot betray the country by allying with the Saudis, Qataris, or the Muslim Brotherhood, nor can they suddenly decide to undo the safeguards of secularism or pluralism inherent in the system.

The vision propagated by the Islamic State is consistent with the Salafi interpretation of Islamic law, which is why Egypt’s al-Azhar or other institutions of “moderate Islam” cannot be counted upon to stem the tide of Salafism. Al-Azhar, traditionally the preeminent center of Sunni Islamic learning, failed to reject ISIL as un-Islamic. Leading Sunni theologians in the Arab world have condemned ISIL on the grounds that the group is excessive, applying the rules wrong, or pretending to have an authority it does not legally possess, but they do not cast the movement as un-Islamic and contrary to Sharia. Only technical differences separate the ideology of Jabhat al-Nusra from that of ISIL or Ahrar al-Sham or even Saudi Arabia. The leadership of al-Nusra also holds takfiri views, and their separation from al-Qaeda did not involve a renunciation of any aspect of its toxic ideology. Ahrar al-Sham likewise appeals to the same tendencies.

Curiously, U.S. political leaders seem more dedicated than anyone in the world to explaining that ISIL is not true to the tenets of Sunni Islam. The problem is that Muslims do not look to non-Muslim Western political leaders as authoritative sources on Islam.

The irony, of course, is that the main victims of Salafization are Sunnis themselves. Sunni elites are being killed, and the potential to create Sunni civil society or a liberal political class is being made impossible. ISIL seized majority-Sunni areas. Main Sunni cities in Iraq and Syria are in ruins and their populations scattered, and, obviously, the Syrian Arab Army’s brutal campaign has also contributed to this. Millions of Sunnis from Syria and Iraq are displaced, which will likely lead to a generation of aggrieved Sunni children who will receive education that is extreme, sectarian, and revolutionary or militant in its outlook — if they get any education at all. Already, many live in exile communities that resemble the Palestinian refugee camps, where a separate “revolutionary” identity is preserved.

The Sunni public has been left with no framework. Sunnis represent the majority of the Middle East population, and yet having in the past embraced the state and been the state, they now have nothing to cohere around to form any robust and coherent movement or intellectual discourse. A movement built around the idea of Sunnism, such as the foreign-backed Syrian opposition and some Iraqi Sunni leaders, will create an inherently radical region that will eventually be taken over by the real representatives of such a notion — al-Qaeda, ISIL, or Saudi Arabia.

State Collapse and Militias Fighting for Assad

Five years of bleeding has weakened the Syrian army and forced it to rely upon an assortment of paramilitary allies, nowhere more so than in Aleppo. On July 28, the Russians and Syrians offered insurgents in east Aleppo amnesty if they left, and they invited all civilians to come to the government-held west Aleppo. This offer was explicitly modeled on the 2004 evacuation of Falluja’s residents, which came at a high price, in order to retake the city from al Qaeda in Iraq. In response, Sunni extremists called for an “epic” battle in Aleppo. The jihadist offensive was named after Ibrahim al Yusuf, a jihadist who killed dozens of Alawite officer candidates at the Aleppo military academy in 1979 while sparing Sunni cadets. It is led by Abdullah Muheisni, a shrill Saudi cleric who called upon all Sunnis to join the battle and who marched into the city triumphantly. Up to two million people in west Aleppo are threatened by the jihadist advance, protected by an army hollowed out after five years of attrition.

This has forced the Syrian regime to rely on Shia reinforcements from Iraq, Lebanon, Afghanistan, and Iran. There is a big difference between these Shia reinforcements and their jihadist opponents. The Iraqi Popular Mobilization Forces (PMF) and others have come to Syria to help the Syrian army prevent further state collapse. They would not be there had a foreign-backed insurgency not weakened the army. The foreign Shia militias do not interact with Syrian civilians and are only on the frontlines. They are not attempting to impose control. Even the worst of the Iraqi Shia militias avoid overt sectarianism and work hard to stress that the enemy is not all Sunnis but rather those who advocate for a violent Wahhabi ideology. Moreover, I learned in interviews that the regime has arrested and even executed unruly Shia militiamen.

Meanwhile, Muheisni and his hordes represent an explicitly totalitarian and genocidal ideology that endangers all people of the region who are not Salafi men. The Shia PMF units in Aleppo such as Kataeb Hizballah and Nujaba have plenty of Sunnis in Baghdad that they could massacre if they had an anti-Sunni agenda, and yet they leave them alone just as they do the Sunni civilians of government-held portions of Aleppo.

Finally, Iran and its non-Syrian Shia partners cannot establish roots in Syria or change its society as easily as some seem to think. As much as the Alawite sect is called Shia, this is not entirely accurate and they do not think of themselves as Shia. They are a heterodox and socially liberal sect that bears little resemblance in terms of religious practice or culture to the “Twelver Shias,” such as those of Iran, Iraq, or Lebanon. There is only a very tiny Twelver Shia population in Syria.

Many of the soldiers fighting in the Syrian army to protect Aleppo are Sunnis from that city, and most of the militiamen fighting alongside the army in various paramilitary units are Sunni, such as the mixed Syrian and Palestinian Liwa Quds and the local Sunni clan-based units. In Aleppo, it is very much Sunni versus Sunni. The difference is that the Sunnis on the government side are not fighting for Sunnism.  Their Sunni identity is incidental. By contrast, the insurgents are fighting for a Sunni cause and embrace that as their primary identity, precluding coexistence. This does not, of course, mean the government should drop barrel bombs on their children, however.

The presence of Iraqi Shia militiamen is no doubt provocative and helps confirm the worst fears of some Sunnis, but the fact that these foreign Shia are supporting their Syrian allies does not negate the fact that there are many more thousands of Sunnis on the side of the government. Those foreign Shia militias believe, according to my interviews, that if they do not stop the genocidal takfiri threat in Syria, then Iraq and Lebanon will be threatened. Alawites and other minorities believe this too of course. But in Syria there is still a state and it is doing most of the killing, though not for sectarian reasons but for the normal reasons states use brutality against perceived threats to their hegemony. There have been exceptions such as the 2012 Hula or 2013 Baniyas massacres in which ill-disciplined local Alawite militiamen exacted revenge on Sunni communities housing insurgents, targeting civilians as well.

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What is Washington to Do?

U.S. policy in the Middle East, especially in conflict zones and conflict-affected states, should be focused on (1) doing no harm and (2) making every effort to stop Saudi Arabia from becoming the accepted center of the Sunni Arab world or the Sunni world writ large, while (3) building and reinforcing non-sectarian national institutions and national forces.

America’s Troublesome Saudi Partners

As regards Saudi Arabia, many American thought leaders and policymakers have long understood the fundamental problems presented by this longstanding U.S. partner but the policy never changes. Indeed, U.S. policy has in many ways accepted and even reinforced the longstanding Saudi aim to define Sunni identity in the Arab world and beyond. It is dangerous to accept the Saudi narrative that they are the natural leaders of the Sunni world given the dangerous culture they propagate. Promoting a sectarian fundamentalist state as the leader of Arab Sunnis is hardly a cure for ISIL, which only takes those ideas a bit further to their logical conclusions.

Washington may not have the stomach to take a public position against the form of Islam aggressively propagated by its Saudi “partners,” but there must be an understanding that Wahhabism is a dangerous ideology and that its associated clerical institutions represent a threat to stability in Islamic countries around the world. The United States could seek to sanction media outlets, including satellite channels and websites, that promote this form of Islam. Think this is unprecedented? Washington has targeted Lebanese Hizballah’s al-Manar station with some success.

Syrian and Iraqi Sunnis are not holding their breath waiting to hear what Gulf monarchs will say. They wait only to see how much money might be in the envelopes they receive for collaboration. For leadership, Iraqi and especially Syrian Sunnis should be encouraged to look closer to home — to their own local communities and the state. The state should be strengthened as a non-sectarian body.

The Need for Non-Sectarian Institutions in the Middle East

In Washington’s policy circles, we often hear calls for Sunni armies and militias to “solve” Iraq and Syria. Yet Sunni armies already exist in these countries in the form of ISIL, al-Qaeda, and Ahrar al-Sham. The answer is not more Sunni armed groups.

If the goal is to excise jihadism, do not try to coexist with Sunni rejectionists advancing Saudi notions of Sunni identity. If Assad were fed to the jihadists as a sacrifice, then the next Alawite, Christian, Shia, secular, or “apostate” leader would become the new rallying cry for jihadists. Their goal is not merely the removal of one leader, but the extermination of all secularists, Shias, Alawites, Christians, and Jews, and others who are different — including fellow Sunnis. The Syrian government is often criticized for making little distinction between ISIL, Jabhat al-Nusra, Ahrar al-Sham, and the “moderates” who cooperate with them, but this misconceives how the Syrian state forces see the conflict. To them, any insurgent force with Islamist slogans is a slippery slope leading to the same result. Critics may complain that at various points in the war Syrian state forces spent more resources fighting the American-backed insurgents than ISIL, but this is because ISIL emerged largely in areas where the Syrian government had already been driven out. Meanwhile, the so-called moderates were the main day-to-day threat to government-held population centers such as Aleppo, Hama, Homs, Damascus, and Daraa.

It is irrational for the West to expect the Syrian government to focus on the enemies the West wants to see defeated while Western powers, along with Gulf countries and Turkey, are supporting insurgents that attack government forces which secure cities. The Syrian security forces have a finite amount of men, ammunition, fuel, and other resources, and they need to protect a great deal of military infrastructure, terrain, population centers, and supply lines. This naturally forces the regime to make choices. When foreign-backed insurgents attack state-held areas, the state’s security forces are less able to conduct operations elsewhere. For example, when American-backed insurgents cooperated with al-Qaeda and foreign fighters to seize cities in Idlib province last year, the Syrian Arab Army sent reinforcements from the east to Idlib. This left Palmyra wide open for ISIL to attack, which they did, seizing the ancient city. In February of this year, with the Cessation of Hostilities in place, the Syrian state was able to focus more resources on ISIL and retake Palmyra with Russian backing. ISIL and al-Qaeda thrive in stateless zones throughout the Muslim world. Supporting insurgents to create more such zones will only give such groups more space to occupy.

Every proposal to further weaken regime security forces leads to a greater role for Shia militias and the ill-disciplined militias the regime relies upon for support. Escalation by supporting proxies does not pressure the regime to negotiate. It only pressures the regime to use even more repressive and abhorrent tactics. The only compromises it makes are about which actors it will rely upon to defeat its enemies. As law and order breaks down, even Alawite militias have lost respect for the security forces. What is left of the Syrian state is failing, and the West bears some responsibility for that.

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As jarring as this may sound to many Western readers, the Syrian government offered a model of secular coexistence based on the idea of a nation-state rather than a sect. This is a model wherein Sunnis, Alawis, Christians, Druze, Kurds, Shias, and atheists are all citizens in a deeply flawed, corrupt, and — yes — repressive system in need of improvement but not in need of destruction. The Syrian state has clearly become progressively more brutal as the civil war has dragged on. Still, the regime is not sectarian in the way most in the West seem to think. It is also not purely secular in that it encourages religion (a bit too much) and allows religion to influence the personal status laws of its various sects.

The regime has always felt insecure vis-à-vis its conservative Sunni population, and it has gone out of its way to placate this group over the years by building mosques and Quranic memorization institutes across the country. But denying that the regime is sectarian is not a defense of the regime’s moral choices. Rather, it just shows that it commits mass murder and torture for other reasons, such as the protection and holding together of what is left of the state. This is not an apology for the massive and well-documented human rights violations committed by the Syrian government throughout the course of this war. But until 2011, it offered a society where different religious groups and ethnicities lived together, not in perfect harmony, but at peace. If you do not believe me, look at the millions who have fled from insurgent-held areas to government-held areas and have been received and treated just like any other citizens.

This is far preferable to the sectarian model advanced by much of the Syrian armed opposition, which seeks to create something that will lead ultimately to, at worst, a jihadist caliphate and, at best, a toxic and repressive state in the mold of Saudi Arabia. As I noted in my previous article, the Syrian government has unleashed desperate levels of brutality, using collective punishment, indiscriminate attacks on insurgent-held areas, and harsh siege tactics. Many thousands have died in the regime’s prisons, including the innocent. Likewise, the insurgency has slaughtered many thousands of innocents and participated in the destruction of Syria. This legacy of crimes committed by all will hopefully be dealt with, but all responsible parties should view ending this conflict as the first priority.

In Iraq, there exists a state that should be supported over the claims of Sunni rejectionists who still think they can reestablish Sunni dominance in Iraq. The West should have learned from Iraq, Libya, Egypt, and now Yemen how disastrous regime change is. Better instead to promote a gradual evolution into something better by abandoning the disastrous (and failed) regime change policy and supporting decentralization, as called for by Phil Gordon.

What Drives Disorder?

It is wrong to listen to those who say that insurgents will not stop fighting as long as Assad is in power. Many have stopped already, many cooperate tacitly or overtly, and there are many discussions about ceasefires taking place inside and outside Syria.

It is often claimed that Assad “is a greater magnet for global jihad than U.S. forces were in Iraq at the height of the insurgency.” Assad inherited the same enemy the United States faced in Iraq. The primary recruiter for extremists is the war, the power vacuum created by war, the chaos and despair resulting from it, and the opportunity jihadists see to kill Shias, Alawites, secular apostate Sunnis, Christians, and Western armies gathering for what they view as the final battle before judgment day. Assad is barely mentioned in ISIL propaganda. He is too small for them. They want something much larger, as do the other Salafi jihadi groups operating in the region. It is naive to think that if Assad is simply replaced with somebody else the West finds suitable that the jihadis will be satisfied. Moreover, Assad (just like Maliki) is not in Yemen, Libya, the Sinai, or Afghanistan, and, yet, the Islamic State is growing in all those places.

Many Sunni majority countries in the Middle East and elsewhere are also skeptical of regime change in Syria. Even Turkey, which has allowed jihadists to freely use its territory for much of the war, is slowly changing its policy on regime change in Syria. So those who worry about alienating the so-called Sunni world are really only talking about alienating the Saudis — they just won’t admit it. Saudi Arabia is a more mature version of ISIL, so why should they be placated to defeat anyone?

Regime change or further weakening the Syrian army creates more space for ISIL and similar groups. It grants a victory to the Sunni sectarian forces in the region and leads to state collapse in the remaining stable areas of Syria where most people live.

By pitting moderate Sunnis against extremist Sunnis, the United States merely encourages the sectarian approach. The answer to sectarianism is non-sectarianism, not better sectarianism. If you are looking for a Sunni narrative, you are always playing into the hands of the Sunni hardliners. This does not mean the answer is the Syrian regime in its past or current forms. Opposing sectarian movements does not necessarily mean supporting authoritarian secular states. But functioning states, even imperfect and repressive ones, are preferable to collapsed states or jihadist proto-states.

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Westerners are outsiders to this civil war, even if they helped sustain it. For the West, this is not an existential threat, but it is for many of those who live in the Middle East. Those in the region who are threatened by ISIL feel as though beyond the walls of their safe havens there is a horde of zombies waiting to eat their women and children. They might feel that if there is not a cost, in a social sense, paid by those communities who embraced ISIL, then those communities will not have been defeated or learned their lesson. Then, they worry another generation of Sunni extremists will just wait for another chance to take the knives out again. There is an anthropological logic to violence. This is a civil war, inherently between and within communities. It is not merely two armies confronting each other on a battlefield and adhering to the Laws of War. In the eyes of the Syrian and Iraqi states, it is a war on those who welcomed al-Qaeda and then ISIL into their midst.

There is no mechanical link between showing benevolence to formerly pro-ISIL communities and to their not radicalizing in the future. Islamic culture today is globalized, courtesy Saudi funding and modern communications. Many Iraqi Sunnis previously embraced al-Qaeda, only to then embrace the even more virulent ISIL. Future generations should remember that this choice garnered consequences for atrocities, such as the Bunafer tribesmen engaging in the Speicher massacre of Shia soldiers in Iraq. There is a symbolism in a Shia PMF fighter marching into Tikrit, making it clear to Sunni chauvinists that they cannot be the masters over Shia serfs. Yet too severe a punishment, or an unjust one, can indeed leave people with nothing to resort to but violence.

There is little good Washington can do, but it can still inflict a great deal of harm, even if it is motivated by the best of intentions. In The Great Partition, the British historian Yasmin Khan asserted that the partition of India and Pakistan, which killed over one million and displaced many millions, “stands testament to the follies of empire, which ruptures community evolution, distorts historical trajectories and forces violent state formation from societies that would otherwise have taken different—and unknowable—paths.” The same lessons can be learned in Iraq, Libya, and the clumsy international intervention in Syria. It is time that the West started to mind its own business rather than address the failure of the last intervention with the same tools that caused the disaster in the first place. At most, the West can try to help manage or channel the evolution of the region or contain some of its worst side effects.

The order in modern Europe is a result of bloody processes that saw winners and losers emerging and the losers accepting the new order. ISIL’s arrival has expedited this historic process in the Middle East. It has helped organize and mobilize Iraq Shias and connect them to the rest of the world, while the disastrous decision of many Sunnis to embrace movements such as ISIL has caused many of their communities to suffer irreparable damage and dislocation.

Perhaps the Middle East is going through a similar process that will lead to a new more stable order after these terrible wars are over. This period of great flux offers creative opportunities. While some analysts have called for breaking up Syria and Iraq into smaller ethnic and sectarian entities, this would lead to more displacement and fighting, as it did in the Balkans over the course of over a century. Instead of promoting the worst fissiparous tendencies in the region, the solution might be creating greater unity

The American asteroid that hit the Middle East in 2003 shattered the old order. Those tectonic plates are still shifting. The result will not be an end to the old borders, as many have predicted or even suggested as policy. It will also not be the total collapse of states. The evolving new order will retain the formal borders, but central states will not have full control or sovereignty over all their territory. They will rely on loose and shifting alliances with local power brokers, and they will govern in a less centralized way. Accepting this and supporting looser federal arrangements may be the best path forward to reduce fears, heal wounds, and bring about stability.

Cyrus Malik is a pen name for a security consultant to the humanitarian community in the Levant and Iraq.

lundi, 25 juillet 2016

A Short History of Modern Iraq's Ethnic Minorities

mardi, 15 mars 2016

Intervention de Xavier Moreau lors du colloque du RISI

Xavier Moreau : "Le terrorisme islamiste ne peut rien par lui-même"


Intervention de Xavier Moreau lors du colloque organisé par le RISI (Institut Russe des Etudes Stratégiques) présidé par le général Léonid Rechetnikov
12 février 2016

Thème du colloque : Perspectives du combat contre le terrorisme international

jeudi, 03 mars 2016

ISIS is Already in Eastern Europe

An interview with Polish MEP Andrzej Zapałowski about the worsening situation in Ukraine and what it means for Europe's security as a whole.

The following is an interview with state security expert, Dr. Andrzej Zapałowski. He was formerly a member of the Polish and European parliaments, where in the latter he was Vice Chairman of the delegation to the EU-Ukraine Parliamentary Cooperation Committee and a member of the Committee on Agriculture and Rural Development. At the moment he is a senior lecturer at the University of Rzeszow.

You have said that 70,000 prisoners out of a total of 140,000 are to be released in Ukraine. You also suggest that the melting pot of Ukrainian nationalists, released criminals, refugees infiltrated by ISIS, and an uncontrolled flow of weapons can be a threat to the whole Europe – starting from the border with Ukraine. Could you elaborate on this issue in the context of the wall that could potentially be built on the border between Poland and Ukraine?

In Ukraine there is a draft of a bill which proclaims amnesty for about 70,000 prisoners. The head of the State Penitentiary Service of Ukraine reports that within this group, about 1,000 murderers might be released. On top of that, there is an ongoing criminalisation of political life among the nationalist volunteer units in Ukraine. The nationalists have lost support from some of the oligarchs, so now they lack the necessary resources to continue. They do not answer directly to the Army or the Ukrainian Ministry of Internal Affairs, so they have to take care of themselves. Therefore, they are trying to take over sectors that were previously dominated by organized crime. It turns out, for example, that a few kilometres of the Ukrainian-Slovak border have been overtaken by criminal groups, according to local media reports. We are dealing with a situation where not only is Ukraine the most corrupt country in Europe, and one of the most corrupt countries in the world, but is additionally a state in which successive groups are making profits from organized crime.

You have to remember that in the war in Donbas, Chechens who are accused of terrorist activities and of having associations with ISIS are fighting on the Ukrainian side. The Ukrainian Security Service estimates that at least 70–80 people might be linked to ISIS in Ukraine.

We know that ISIS and Ukraine have a common enemy: Russia. Turkey, in turn, supports ISIS, something which was recently confirmed by Russia. In this context, how do you understand the statement of the Ukrainian politician and leader of the Crimean Tatars, Mustafa Dzhemilev, who said that Turkey is ready to consider supplying Ukraine with needed military equipment? In view of this, are we dealing with ISIS setting up in Eastern Ukraine, and thus in Europe?

ISIS is already in Eastern Europe. The Dzhokhar Dudayev Battalion has been accused of blowing up pylons that carried electricity to Crimea. Turkey, which has considerable military potential, will probably not support the Tatars in Ukraine so much, but rather Ukraine directly, in an effort to intensify its military operations against Russia. The situation makes it clear that Turkey would be very keen on a Ukrainian offensive in Donbas, and therefore declares that it will provide the Ukrainian Army with modern, offensive military weapons. This is highly dangerous in the context of a further destabilisation of Eastern Europe.

Eight million immigrants will try to get to Europe this year, warns the German Minister for Economic Cooperation and Development, Gerd Müller. What do you think will happen to Europe in the long term, in the context of such a large migration and the arrival of ISIS militants hiding among refugees?

It has been officially stated that during this year alone, 80,000 people have already fled to Greece. All these people will soon move through Bulgaria and the Romanian Carpathians and into Ukraine. I’m afraid that with such a deep economic collapse, the entire Ukrainian criminal underworld – and not only that – will make it possible to smuggle immigrants into Poland and Slovakia, and this will create a huge industry. In fact, the ships that will depart from Turkey by sailing through the Black Sea will eventually arrive at the Ukrainian ports and unload thousands of immigrants, who will later be transported to the Slovakian and Polish borders.

If Western Europe continues to put pressure on migration, we will face a situation where Alternative for Germany will have support on the level of several dozen percentage points, and France will elect a president like Ms. Le Pen. If, by the beginning of 2017, we see a big change in Western Europe, these immigrants will be sent back. The only question is where to. Some sub-Saharan African countries have openly declared that they will not take their citizens back, as in the case of the Afghan government (sic). Of course, some of the consequences will also be suffered by the members of the Visegrád Group.

The important issue here is a dynamic Catholicism that pushes Islam back. All these immigrants who are coming to Europe are not only followers of Islam, but they are also actively practicing this religion. These people are part of a mission to convert Europe to Islam, and perhaps this is why the centres which govern them insist that this first wave is arriving in countries that are already so atheistic that they have abandoned their Christian roots. This obviously makes them an easy target. In the context of a living Catholicism, Central Europe will thus witness a violent conflict between vital Catholicism and dynamic Islam.

About The Author

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Konrad Stachnio is a journalist and political analyst who is working with several different media outlets, most recently New Eastern Outlook.

jeudi, 14 janvier 2016

Etat islamique et retour de l'histoire

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Etat islamique et retour de l'histoire

Chronique de livre : Pierre-Jean Luizard, Le piège Daech, l'Etat islamique ou le retour de l'histoire, La Découverte, Paris, 2015

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Pierre-Jean Luizard est directeur de recherche au CNRS, historien spécialiste du Moyen-Orient, en particulier de l'Irak, de la Syrie et du Liban. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur cette région du monde comme La Formation de l’Irak contemporain (CNRS Éditions, 2002) ; La Question irakienne (Fayard, 2002 ; nouvelle édition augmentée 2004) ; La Vie de l’ayatollah Mahdî al-Khâlisî par son fils (La Martinière, 2005) que pour ma part je n'ai pas consulté. Il publie avec Le piège Daech, l'Etat islamique ou le retour de l'histoire, un ouvrage éclairant sur la question de l'Etat islamique, ce nouveau califat qui agite l'actualité nationale et internationale, particulièrement depuis les attentats du vendredi 13 novembre.

L'ouvrage de 178 pages, agrémenté d'une chronologie et de trois cartes, se lit rapidement et permet de se faire une idée assez claire du sujet traité. Nous regretterons simplement l'absence d'un lexique répertoriant tous les termes spécifiques – en arabe – employés par l'auteur, et l'absence, plus embêtante encore, d'une bibliographie permettant au lecteur intéressé de poursuivre ses investigations. Je ne traiterai par ailleurs ici que de quelques aspects de l'ouvrage, faisant volontaire l'impasse sur Al Qaeda, Al Nosra, l'émergence concrète de l'Etat islamique, entre autres thèmes abordés dans celui-ci.

piege7186102.JPGAchevé le 28 décembre 2014 et paru en février 2015, il ne concerne donc pas des événements de l'année 2015. Ne cherchez pas ici une quelconque analyse des évolutions géopolitiques de l'année écoulée, ni des événements qui ont secoué notre pays. En revanche il permet de se faire une idée beaucoup plus claire de l'histoire et de la situation de la région, l'auteur s'attaquant d'abord à expliquer la formation de l'Etat islamique, avant de faire un retour en arrière vers le découpage de la région par les puissances coloniales britanniques et françaises. Il analyse aussi la faillite des états irakiens et syriens, apporte des réflexions sur un bouleversement total et durable du Moyen-Orient et tente de justifier le titre de son ouvrage dans la dernière partie éponyme. Le moins que l'on puisse dire c'est que cet ouvrage est une réussite. Je suis toujours précautionneux face aux différentes publications en lien avec l'actualité, où certains universitaires veulent surtout se faire mousser. Point de tout cela chez Pierre-Jean Luizard qui ne fait un livre à charge contre personne, pas même l'Etat islamique, et cherche à nous livrer des clefs pour comprendre ce phénomène. Je n'ai tiqué qu'à deux reprises, la première par l'emploi systématique de l'expression « régime de Bachar al-Assad », qui certes correspond sûrement à la réalité d'un Etat qui a perdu le contrôle sur une bonne partie de son territoire, mais ne traduit pas que jusqu'à preuve du contraire, il s'agit du régime légitime reconnu par la communauté internationale. La seconde lorsque l'auteur nous livre une phrase élogieuse au sujet de l'Armée Syrienne Libre qui serait « pétrie de nationalisme arabe » alors qu'il me semble pourtant que des éléments salafistes y ont joué un rôle dès l'origine, comme ce fut le cas dans de nombreux mouvements de protestations issus du « printemps arabe » de 2011. A cette occasion l'auteur n'étaye d'ailleurs pas son propos par des déclarations ou toute autre forme de démonstration, nous devrions donc le croire sur parole, et en toute bonne foi.

Hormis ces détails, l'ouvrage vous en apprendra beaucoup sur la région et il adopte une grille de lecture qui nous semble tout à fait valable : temps long historique et prise en compte du fait ethno-confessionnel.

Pour le temps long historique, à l'instar de ce que j'écrivais d'ailleurs dans un article publié le 23 juin 2015,  nous pouvons prendre comme une des clefs de lecture la chute de l'empire ottoman et le redécoupage du Moyen-Orient par les puissances coloniales, et mandataires, françaises et britanniques qui n'a pas tenu compte des anciennes velayets (ou wilayas) de l'empire Ottoman, ni des aspirations des populations. La décennie 1915-1925 semble être un tournant majeur dans l'histoire régionale. En effet en 1916, Français et Britanniques concluent un accord secret nommé Sykes-Picot, du nom des deux personnages en charge de cet accord, qui prévoit le redécoupage du Moyen-Orient. Après moultes tribulations et trahisons expliquées dans l'ouvrage, on assiste à la définition des frontières des états que nous connaissons : Liban, Syrie, Irak, (Trans)Jordanie et Palestine (plus tard Israël) qui sont fixées en 1925. L'auteur mentionne également les accords de Balfour entre britanniques et sionistes qui prévoient, dès 1917, l'installation d'un foyer national juif en Palestine. Les britanniques auront comme à leur habitude (l'Afrique du sud en est un autre exemple patent) semé les graines de la discorde. Ils iront jusqu'à mener en bateau le chérif de La Mecque, lui promettant une grande union pan-arabe qui ne verra jamais le jour. Les Britanniques appuieront ensuite en Irak la minorité sunnite face à la majorité chiite. Les Etats-Unis en feront d'ailleurs de même après la révolution islamique d'Iran. Alors que le régime irakien n'aurait jamais dû survivre aux années 80, il profita de l'appui de Washington qui y voyait un allié contre l'Iran et un territoire intéressant pour le pétrole.

En Syrie, où l'influence européenne était encore plus importante du fait de la situation géographique méditerranéenne du pays et de l'importance des communautés chrétiennes, c'est un phénomène assez similaire qui se produit mais en faveur des chiites et des chrétiens. Les fondateurs du baassisme syrien sont pour la plupart des chrétiens voulant échapper au statut de minorités face à la majorité sunnite. L'arabité y est perçu comme un facteur unitaire permettant de dépasser les clivages confessionnels. En cela les baassistes importent les éléments issus de l'histoire politique européenne dont ils ont été nourris dans les universités françaises (nationalisme, ethnicisme, laïcité, état de droit, etc...). L'auteur explique que pour les minorités de la région, ce qui importe c'est d'accéder à une égalité de droit. Partout les minorités veulent s'extraire de leur statut. Le fait donc qu'en Irak des chiites, qui traitent aujourd'hui les sunnites comme ils furent eux-mêmes traités par ces derniers, passent de l'islam confessionnel au communisme avant de retourner à l'islam confessionnel, ou que des sunnites passent du baassisme irakien à l'Etat islamique n'est donc pas étonnant si l'on prend en compte la clef de lecture ethno-confessionnelle, c'est à dire la mosaïque identitaire de cette région. Hussein lui-même joua cette carte contre l'Iran persan et chiite en opposant une identité arabe et sunnite. L'Etat islamique est donc une réponse à la fois pan-arabe et islamique, fonctionnant sur un enracinement territorial et une arabité culturelle d'une part et sur un universalisme islamique salafiste (wahhabite) d'autre part, permettant l'intégration de populations diverses (tchétchènes, néo-convertis occidentaux, maghrébins, etc...). L'auteur rappelle également que la Syrie est un foyer historique du hanbalisme dont est issu le wahhabisme. Le terreau y était donc fertile, surtout si la majorité sunnite est exclue des sphères du pouvoir... A cela il faut rajouter toutes les questions tribales, claniques, la parenté, la descendance du prophète, les différentes sectes religieuses, etc... faisant de ces régions un authentique sac de nœud communautaire (18 communautés au Liban, par exemple). Si La Yougoslavie, formée en 1919-1920, a explosée dans les années 1990, il semblerait que le Moyen-Orient suive le même chemin et que l'Etat islamique ne soit - entre autre - qu'une manifestation de ce phénomène. Ces derniers ne s'y sont pas trompés en détruisant symboliquement la frontière syro-irakienne avec un tractopelle en faisant référence aux accords Sykes-Picot. Car si l'unité des arabes n'apparaît au final que rhétorique en Syrie et en Irak, et a surtout permis à des clans de s'assurer le pouvoir, cet élément de propagande est repris par l'Etat islamique. Ce que les Etats syriens et irakiens n'ont jamais fait - car ils étaient créés et (en partie) inféodés aux occidentaux -, alors l'Etat islamique le fera. Voila dans les grandes lignes ce qu'on peut comprendre. A cela s'ajoute la dimension islamique salafiste « takfiri » qui considère que les autres branches de l'islam se sont compromises avec l'Occident.

L'auteur s'attaque également à la position difficile des Etats voisins, qu'ils soient modestes comme le Liban ou beaucoup plus influents comme la Turquie et l'Arabie Saoudite. Au Liban, c'est le Hezbollah qui apparaît comme le principal ennemi de l'Etat islamique, l'armée libanaise se retrouvant coincée entre des sunnites assez hostiles au Hezbollah et à la Syrie et des chiites et des chrétiens plutôt favorables. Pour la Turquie il considère que l'AKP n'a effectué que des mauvais choix qui se sont retournés contre-lui. Erdogan, en refusant de désigner un ennemi principal et en mettant dos à dos en terme de menaces les minorités alévis et kurdes avec l'Etat islamique, semble perdre le contrôle de la situation. Il rappelle cependant que la frontière passoire entre l'EI et la Turquie n'est pas une nouveauté et que déjà avec Saddam Hussein les trafics de pétrole y étaient nombreux. En Arabie Saoudite, le pouvoir qui a joué le grand écart entre son rigorisme salafiste et son alliance avec les Etats-Unis semble aujourd’hui dans une situation complexe. L'auteur titre même « le roi est nu ». La plupart des officines salafistes ou liées au Frères musulmans, qui profitèrent jadis du régime, se retournent depuis quelques années contre lui. Les chiites qui eurent l'espoir de s'intégrer il y a dix ans vivent aujourd'hui un redoutable retour au réel avec les répression de leurs congénères à Bahrein et au Yémen où sont impliqués les Saoudiens. L'exécution récente d'un responsable chiite saoudien ne peut que donner raison aux intuitions de l'auteur sur la fuite en avant du régime saoudien. Les Saoudiens s’attellent donc à protéger leurs frontières en surveillant les 800 km qu'elle a en commun avec les Etats en pleine déconfiture et, élément que ne mentionnent pas l'auteur, ils ont augmenté leur budget militaire depuis deux ans (4eme en 2014 derrière les Etats-Unis, la Chine et la Russie). Avec l'effondrement des rentes pétrolières, la dissidence d'une partie des élites saoudiennes favorables à l'EI et le soutien de grandes familles qataris aux Frères musulmans et à l'EI, la situation semble tendue pour ce pays qui se veut un gardien des lieux saints. Bémol de cette partie de l'ouvrage, l'auteur ne s’attaque pas à la pérennité de l'Etat d'Israël ni à son implication dans la région. Je fus par contre très agréablement surpris de voir que l'auteur mentionne l'effet miroir entre Occidentaux et salafistes de l'EI, rappelant par là le conflit mimétique cher à feu René Girard. Jean-Pierre Luizard indique par exemple que l'EI emploie à son profit des expressions qu'on retrouve dans Le Choc des civilisations d'Hutington. L'auteur n'hésite pas à pointer du doigt l'échec de la politique américaine depuis 2003, politique dont d'ailleurs il ne comprend pas la logique pour les intérêts des Etats-Unis eux-mêmes. Ceux-ci ont cru qu'en redonnant le pouvoir aux chiites et en valorisant les Kurdes, ils régleraient les difficultés de l'Irak sunnite de Saddam Hussein ; ils n'auront au contraire fait que détricoter le Moyen-Orient créé par les Européens, et libérés les conflits ethno-confessionnels. Fabius n'est pas en reste, l'auteur estimant qu'il n'a toujours pas pris la mesure de la réalité du terrain et que les appels à la souveraineté de l'Irak ne risquaient pas de trouver un écho chez des sunnites en conflit larvé avec les chiites.

L'auteur considère donc que l'EI a très bien manœuvré en provoquant les différents acteurs sur un terrain qui les conduiraient à s'impliquer, nous les premiers. Avec les attaques sur les minorités ou les femmes et en diffusant des vidéos scénarisées destinées à faire réagir notre opinion publique, et donc nos politiciens sur le mode émotionnel, l'EI a marqué des points contre nous. Il modère en revanche la question chrétienne en rappelant qu'en tant que « Gens du Livre » ils peuvent profiter du statut de dhimmis, comme à Raqqa. Dans d'autres territoires contrôlés par l'EI, ce sont les chrétiens qui ont refusé la conversion ou le statut de dhimmis et les différentes conditions de l'EI prévues par la charia, et se sont exilés, comme c'est le cas à Mossoul. Il ne traite pas en revanche la question des réfugiés/migrants/clandestins qui arrivent en Europe. Il faut dire que le phénomène s'est amplifié depuis la parution du livre. En revanche il n'hésite pas à mentionner que les nombreux réfugiés sont des foyers de déstabilisation dans leurs pays d'accueils : Liban ou Jordanie. Et nombreux sont les pays qui y voient de potentiels djihadistes infiltrés. Les européens, qui méconnaissent totalement le champs des conflits inter-ethnique et interconfessionnel depuis longtemps, ne sont donc pas encore préparés à appréhender le phénomène des réfugiés avec le regard des pays moyen-orientaux qui en ont l'habitude. Les bagarres qui éclatent dans les camps de clandestins en Europe sont pourtant une illustration de ce phénomène de tension inter-ethnique. Il ne serait pas étonnant que cela arrange bien les différents Etats de la région de nous envoyer leurs réfugiés, s'épargnant des émeutes et troubles potentiels dans un contexte déjà très tendu.

Au final, tous les pays sont donc tombés dans le « piège Daech » et on devine d'où Alain de Benoist tire sa réflexion lorsqu'il écrit « Il ne sert à rien de supprimer l’État Islamique si l’on ne sait pas par quoi le remplacer ». L'auteur conclue en effet son ouvrage, entre autre, par ces mots : « Une longue période historique s'achève : on ne reviendra pas au Moyen-Orient que nous avons connu depuis près d'un siècle. Une guerre lancée sans perspectives politiques n'est-elle pas perdue d'avance ? C'est le piège que l'Etat islamique tend aux démocraties occidentales pour lesquelles il représente certainement un danger mortel. Les leçons de l'Histoire doivent aussi servir à le combattre. »

L'avenir qui se dessine ressemble en tout cas étonnamment au projet de « Grand Moyen-Orient ». Il est de toute façon clair que cette mosaïque ethnique, aux frontières dessinées par les Européens, ne pouvait pas durer, comme c'est aussi le cas en Afrique, du reste. Le retour de l'histoire, c'est le retour des grandes aires de civilisation, c'est le retour du temps long et des revendications ethno-confessionnelles. Un coup de surin dans le monde hérité des Lumières.

Jean / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

jeudi, 31 décembre 2015

Les guerres occidentales ont approvisionné Daech

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Les guerres occidentales ont approvisionné Daech

Source: 24 Heures

Armements: Selon Amnesty, les transferts d’armes peu réglementés à destination de l’Irak ont permis aux djihadistes de constituer leur arsenal.

Le constat fait mal. Selon le rapport d’Amnesty International publié mardi, le vaste arsenal d’armes et de munitions dont dispose aujourd’hui le groupe Etat islamique (Daech) provient de plus de 25 Etats, dont tous les pays du Conseil de sécurité de l’ONU: Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni. Ces armes ont été récupérées principalement dans les stocks militaires irakiens, affirme l’ONG.

Missiles antichars, fusils d’assaut de type AK, M16, fusils semi-automatiques Bushmaster, lance-grenades GP-25, missiles transportables antiaériens légers: plus de 100 types d’armes et de munitions aux mains de Daech ont été recensés par Amnesty. La plupart des armes classiques utilisées par les djihadistes datent des années 70 et 90. Mais l’ONG pointe aussi un approvisionnement «irresponsable» par les Etats-Unis entre 2011 et 2013 vers l’Irak.

Pour l’organisation de défense des droits de l’homme, «l’absence de réglementation et de suivi des importations de très grandes quantités d’armes en Irak, durant des décennies, a constitué une aubaine pour Daech et les autres groupes armés, leur offrant l’accès à une puissance de feu sans précédent».

Tournant en 2003

Les stocks d’armes de l’armée irakienne ont gonflé durant la guerre Iran-Irak, entre 1980 et 1988, que le rapport décrit comme «un moment majeur pour le développement du marché global d’armes modernes». Pendant cette période, 34 pays ont fourni des armes à l’Irak, 29 d’entre eux en ont également fourni à l’Iran. Mais le véritable tournant est intervenu en 2003, avec l’intervention américaine. La dissolution de l’armée irakienne, ordonnée par Paul Bremer, a disséminé 300 000 hommes (dont bon nombre de cadres ont rejoint les rangs de Daech) et leurs armes à travers le pays.

L’embargo datant de la première guerre du Golfe étant levé, le pays a une nouvelle fois été submergé par un afflux d’armes, ni contrôlé ni sécurisé par les forces de la coalition et les forces irakiennes reconstituées. «Des centaines de milliers d’armes ont disparu et on ignore toujours ce qu’il en est advenu», relève Amnesty.

Après le retrait américain en 2011, le flux d’armes s’est poursuivi. Jusqu’en 2013, les Etats-Unis ont signé des contrats de plusieurs milliards de dollars avec les autorités irakiennes. Mais en juin 2014, après avoir pris le contrôle de Mossoul, Daech s’est emparé de plusieurs bases militaires stratégiques en Irak. Ces stocks non sécurisés constituent aujourd’hui un véritable arsenal international permettant d’équiper l’équivalent de trois divisions, soit environ 40 000 hommes, selon l’ONU.

Corruption endémique en Irak

Amnesty souligne que les pays exportateurs étaient conscients des risques du transfert d’armes en Irak, où la corruption est endémique et les mécanismes de contrôle très faibles. «Les conséquences des transferts irresponsables d’armes en Irak et en Syrie et leur saisie par Daech doivent être un signal d’alarme pour les exportateurs d’armes à travers le monde», insiste Amnesty. L’organisation appelle dès lors à un embargo total sur les livraisons d’armes aux forces gouvernementales syriennes ainsi qu’aux groupes armés d’opposition impliqués dans des crimes de guerre, et à une règle sur la «présomption de refus» d’exportation d’armes vers l’Irak, qui conditionnerait les transferts à des évaluations strictes des risques.

http://www.24heures.ch/monde/moyen-orient/guerres-occiden...

dimanche, 13 décembre 2015

L’OTAN héberge l’État Islamique

Source : Insurge Intelligence

Ex: http://www.les-crises.fr

Pourquoi la guerre nouvelle génération de la France contre l’État islamique est une mauvaise plaisanterie et une insulte aux victimes des attaques de Paris

« Nous nous tenons aux côtés de la Turquie dans ses efforts pour la protection de sa sécurité nationale et dans son combat contre le terrorisme. La France et la Turquie sont du même côté dans le cadre de la coalition internationale engagée contre le groupe terroriste ÉI. »

Déclaration du ministre français des affaires étrangères, juillet 2015

Le massacre du 13 novembre à Paris restera, comme le 11 septembre, un moment décisif dans l’histoire mondiale.

L’assassinat de 129 personnes et les blessures de plus de 352 autres, par des sbires de « l’État Islamique » (ISIS) frappant simultanément différentes cibles au cœur de l’Europe, marquent un changement radical dans la menace terroriste.

Pour la première fois, une attaque rappelant celle de Bombay s’est produite en Occident – la pire attaque en Europe depuis des décennies. Une première qui a déclenché une réponse apparemment proportionnée de la France : la déclaration d’un état d’urgence national, du jamais vu depuis la guerre d’Algérie en 1961.

ISIS a ensuite menacé d’attaquer Washington et New York.

En attendant, le président Hollande a appelé les dirigeants de l’UE à suspendre les accords de Schengen sur l’ouverture des frontières, pour permettre d’importantes restrictions à la liberté de déplacement en Europe. Il exige aussi l’adoption par l’UE du système dit des “données des dossiers passagers” (PNR), qui permettra aux services de renseignements de pister les voyages des Européens, en plus d’une prolongation de l’état d’urgence pour au moins trois mois.

Pendant toute cette durée, la police française peut bloquer n’importe quel site web, assigner des gens à résidence sans procès, perquisitionner sans mandat, et empêcher des suspects d’en rencontrer d’autres s’ils sont considérés comme des menaces.

« Nous savons que d’autres attentats sont en préparation, pas seulement contre la France, mais aussi contre d’autres pays européens, » a déclaré le premier ministre français Manuel Valls. « Nous allons avoir à vivre longtemps avec cette menace terroriste. »

Hollande prévoit de renforcer les pouvoirs de la police et des services de sécurité grâce à une nouvelle législation antiterroriste et d’apporter des modifications à la Constitution qui mettraient l’état d’urgence permanent au cœur de la politique française. “Il nous faut un outil approprié que l’on puisse utiliser sans avoir à recourir à l’état d’urgence,” a-t-il expliqué.

En écho aux lois martiales à l’intérieur des frontières, Hollande a rapidement intensifié l’action militaire à l’étranger, en lançant 30 attaques aériennes sur une douzaine de cibles à Raqqa, capitale de facto de l’État islamique.

L’engagement provocant de la France, selon Hollande, est de “détruire” l’ÉI.

Le remous provoqué par les attaques en terme d’impact sur les sociétés occidentales sera probablement permanent. De la même manière que le 11 septembre a vu l’émergence d’une nouvelle ère de guerre perpétuelle contre le monde musulman, les attaques du 13 novembre à Paris sont déjà en train de provoquer une phase nouvelle et résolue dans cette guerre permanente : une nouvelle ère de Vigilance Permanente, dans laquelle les citoyens sont des complices indispensables de l’État policier, promulgué au nom de la défense d’une démocratie rongée par l’acte même qui est censé la défendre, la Vigilance Permanente.

La surveillance généralisée sur le plan intérieur et l’intervention militaire extérieure perpétuelle sont les deux faces d’une même sécurité nationale qu’il faut tout simplement développer le plus possible.

“La France est en guerre,” a affirmé Hollande devant les parlementaires français réunis au château de Versailles.

“Nous ne sommes pas engagés dans une guerre de civilisation, parce que ces assassins n’en représentent aucune. Nous sommes dans une guerre contre le terrorisme djihadiste qui menace le monde entier.”

Les amis de nos ennemis sont nos amis

Une absence flagrante cependant se remarquait dans la déclaration de guerre faite d’un ton décidé par Hollande. Aucune mention n’y était faite du plus gros tabou : le soutien des états.

Les passeports syriens découverts près des corps de deux auteurs supposés des attentats à Paris étaient, selon la police, des faux, vraisemblablement fabriqués en Turquie.

Plus tôt cette année, le quotidien turc Meydan a rapporté que, selon une source ouïgoure, plus de 100 000 faux passeports turcs ont été donnés à l’ÉI. Ce chiffre, selon le Bureau Militaire des Études Étrangères (FSMO) de l’armée américaine, est probablement exagéré, mais semble confirmé “par des Ouïghours arrêtés avec de faux passeports turcs en Thaïlande et en Malaisie.”

Une autre confirmation vint d’un rapport du correspondant de Sky News Arabia, Stuart Ramsey, qui révéla que le gouvernement turc certifiait les passeports de militants étrangers qui franchissaient la frontière turco-syrienne pour rejoindre l’ÉI. Ces passeports, obtenus grâce à des combattants kurdes, portait le tampon officiel de la police des frontières turque, ce qui indique que l’entrée de ces militants de l’ÉI en Syrie étaient parfaitement connue des autorités turques.

Le FSMO résume le dilemme auquel fait face le gouvernement Erdogan : “Si le pays prend des mesures contre les passeports illégaux et les militants qui traversent le pays, ceux-ci pourraient prendre la Turquie pour cible. Cependant, si la Turquie laisse perdurer l’état actuel des choses, ses relations diplomatiques avec d’autres pays et sa situation politique internationale vont tourner à l’aigre.”

Ce n’est que le début. Un responsable occidental de haut rang, bien au fait d’un vaste ensemble de renseignements obtenus cet été grâce à un important raid dans un refuge de l’ÉI, a déclaré au Guardian que “des relations directes entre officiels turcs et haut membres de l’ÉI sont maintenant ‘indéniables’.”

Ce même responsable a confirmé que la Turquie, membre de longue date de l’OTAN, soutient non seulement l’ÉI, mais aussi d’autres groupes djihadistes, y compris Ahrar al-Cham et Jabhat al-Nosra, des groupes affiliés à al-Qaïda en Syrie. “La différence qu’ils établissent [avec d'autres groupes d'opposition] est particulièrement ténue,” déclara aussi celui-ci. “Il ne fait aucun doute qu’ils coopèrent militairement avec chacun d’eux.”

Dans un rare aperçu de ce soutien étatique éhonté à l’ÉI, Newsweek a rapporté il y a un an le témoignage d’un ancien technicien en communications de l’ÉI, qui était parti en Syrie pour combattre le régime de Bachar el-Assad.

L’ancien combattant de l’ÉI a raconté à Newsweek que la Turquie autorisait les camions de l’ÉI provenant de Raqqa à “franchir la frontière, traverser la Turquie puis franchir à nouveau la frontière pour attaquer les Kurdes syriens dans la ville de Serekaniye, au nord de la Syrie, en février.” Les militants de l’ÉI pouvaient librement “traverser la Turquie en convoi,” et s’arrêter “dans des lieux sûrs tout au long du chemin.”

L’ancien technicien en communications de l’ÉI a aussi admis qu’il avait régulièrement “mis en relation des capitaines sur le terrain et des commandants de l’ÉI de Syrie avec des personnes en Turquie en d’innombrables occasions,” ajoutant que “les gens à qui ils parlaient étaient des officiels turcs… Les commandants de l’ÉI nous ont dit que nous n’avions rien à craindre parce que la coopération avec les Turcs était totale.”

En janvier, des documents officiels de l’armée turque authentifiés ont ‘fuité’ sur internet, ils montraient que les services de renseignement turcs avaient été surpris par des officiers à Adana alors qu’ils transportaient en camion des missiles, des mortiers et des munitions anti-aériennes “destinés à l’organisation terroriste al-Qaïda” en Syrie.

Selon les autres suspects de l’ÉI en procès en Turquie, les services secrets turcs (MIT) ont commencé la contrebande d’armes, y compris celles de l’OTAN, avec les groupes djihadistes en Syrie dès 2011.

Ces accusations ont été corroborées par un procureur et un témoignage en justice d’officiers de la police militaire turque qui ont confirmé que les services de renseignement turcs livraient des armes aux djihadistes syriens depuis 2013 et jusqu’à 2014.

Des documents ayant ‘fuité‘ en septembre 2014 ont montré que le prince saoudien Bandar ben Sultan a financé des expéditions d’armes destinées à l’ÉI en passant par la Turquie. Un avion clandestin venant d’Allemagne a livré des armes à l’aéroport d’Etimesgut en Turquie et la livraison a été répartie en trois conteneurs, dont deux ont été délivrés à l’ÉI.

Un rapport de l’Institut Turc des Statistiques (TurkStat) a confirmé que le gouvernement a fourni pendant cette période pour au moins un million de dollars d’armes aux rebelles syriens, ce qui contredit les dénégations officielles. On peut compter parmi ces armes des grenades, de l’artillerie lourde, des canons anti-aériens, des armes à feu, des munitions, des fusils de chasse, ainsi que d’autres armes. Mais l’institut a refusé de préciser à quels groupes ont bénéficié ces envois.

Des informations de même nature sont apparues séparément. Il y a tout juste deux mois, la police turque a perquisitionné dans un journal ayant révélé comment le directeur des douanes local avait approuvé des envois d’armes de la Turquie vers l’ÉI.

La Turquie a également joué un rôle clé en rendant possible un élément vital pour l’expansion de l’ÉI : la vente de pétrole sur le marché noir. Des hommes politiques de haut rang et des sources des renseignements en Turquie et en Irak confirment que les autorités turques ont largement facilité les ventes de pétrole de l’ÉI à travers le pays.

L’été dernier, un homme politique de l’opposition a estimé le montant des ventes de pétrole de l’ÉI en Turquie à près de 800 millions de dollars. C’était il y a plus d’un an.

Cela signifie que la Turquie a facilité à ce jour la vente au marché noir de pétrole par l’ÉI pour une valeur supérieure à un milliard de dollars.

Selon Martin Chulov, du Guardian, il n’existe aucune “économie autosuffisante” pour l’ÉI contrairement aux affirmations fantaisistes du Washington Post et du Financial Times dans leurs dernières pseudo-enquêtes :

” … les camions-citernes transportant le pétrole brut issu des raffineries de fortune arrivent toujours à la frontière turco-syrienne. Un membre de l’ÉI estime que l’organisation est encore loin d’avoir établi une économie autosuffisante dans la région de la Syrie et de l’Irak qu’elle contrôle. “Ils ont besoin des Turcs. Je suis au courant de beaucoup de collaborations, et ça m’effraie,” dit-il. “Je ne vois pas comment la Turquie peut attaquer l’organisation sérieusement. Ils partagent les mêmes intérêts.”"

Des hauts dirigeants de l’AKP ont reconnu l’ampleur du soutien du gouvernement à l’ÉI.

Le quotidien libéral turc Taraf a cité un fondateur de l’AKP, Denigr Mir Mehmed Firat, qui a admis : “Dans le but d’affaiblir les développements à Rojava (province kurde en Syrie), le gouvernement a fait des concessions à des groupes extrémistes religieux et les a armés… Le gouvernement soignait les blessés. Le ministre de la santé aurait dit : “c’est une obligation humaine de soigner les blessés de l’ÉI.”

L’article rapporte aussi que les militants de l’ÉI reçoivent habituellement des soins médicaux dans les hôpitaux du sud-est turc – y compris le bras droit d’al-Baghdadi.

Dans le Hurriyet Daily News, le journaliste Ahu Ozyurt a décrit le choc qu’il a reçu en apprenant les “sentiments pro-ÉI des poids lourds de l’AKP” à Ankara et au-delà, y compris “l’admiration pour l’ÉI de quelques hauts fonctionnaires civils, même à Şanliurfa. Ils sont comme nous, combattant contre sept grandes puissances dans la Guerre d’Indépendance,” dit l’un. Plutôt que le PKK en face, je préférerait avoir l’ÉI comme voisin, ” dit un autre.”

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Pendant ce temps, les dirigeants de l’OTAN feignent l’indignation et les savants pontes libéraux continuent de se gratter la tête, perplexes devant l’extraordinaire résistance et l’inexorable expansion de l’ÉI.

Sans surprise, les bombardements turcs anti-ÉI ont largement été des gestes symboliques. Sous couvert de combattre l’ÉI, la Turquie en a largement profité pour bombarder les forces kurdes du Parti de l’Union Démocratique (YPG) en Syrie et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) en Turquie et en Irak. Pourtant, ces forces sont largement reconnues comme les plus efficaces dans le combat sur le terrain de l’ÉI.

En attendant, la Turquie a bien du mal à contrecarrer quasiment chaque effort américain pour s’opposer à l’ÉI. Cet été, lorsque le Front al-Nosra – branche d’al-Qaïda en Syrie – a pu kidnapper 54 combattants à peine sortis du programme à 500 millions de dollars d’entraînement et d’équipement des rebelles syriens “modérés” mis en place par le Pentagone, ce fut à cause d’un ‘tuyau’ des services de renseignement turcs.

Le double jeu de la Turquie a été confirmé à Mac Clatchy par de nombreuses sources rebelles, mais nié par un porte-parole du Pentagone, qui déclara, en se voulant rassurant :

“La Turquie est un pays allié de l’OTAN, un ami proche des États-Unis et un membre important de la coalition internationale.”

Et tant pis si la Turquie a facilité la vente de près d’un milliard de dollars de pétrole de l’ÉI.

Selon un officier de la division 30 entraînée par les États-Unis qui a eu accès à des informations sur l’incident, la Turquie tentait “d’amplifier l’incident pour exagérer le rôle des islamistes de Nosra et Ahrar dans le nord” et ainsi convaincre les États-Unis “d’accélérer l’entraînement des rebelles.”

Comme l’a souligné le professeur de la London School of Economics David Graeber :

“Si la Turquie avait placé le même genre de blocus absolu sur les territoires contrôlés par l’ÉI que celui qu’elle avait imposé sur les zones kurdes de Syrie… ce “califat” taché de sang se serait effondré depuis longtemps – et on peut penser que les attaques de Paris ne se seraient jamais produites. Et si la Turquie le faisait aujourd’hui, l’ÉI s’effondrerait probablement en quelques mois. Pourtant, y a-t-il eu un seul dirigeant occidental pour demander à Erdoğan de le faire ?”

Ce paradoxe a bien été mis en avant par certains responsables, mais en vain. L’année dernière, la vice-présidente de l’assemblée parlementaire allemande, Claudia Roth, s’est montrée scandalisée que l’OTAN autorise la Turquie à héberger un campement de l’ÉI à Istanbul, qu’elle facilite l’acheminement d’armes aux militants islamistes à travers ses frontières et qu’elle soutienne tacitement les ventes de pétrole par l’ÉI.

Il ne s’est rien passé.

Au lieu de cela, la Turquie a été grandement récompensée pour son alliance avec le même état terroriste qui commit le massacre de Paris le 13 novembre 2015. Tout juste un mois plus tôt, la chancelière allemande Angela Merkel proposait d’accélérer le processus d’entrée de la Turquie dans l’UE, ce qui permettrait aux Turcs de voyager en Europe sans passeport.

Ce serait sans aucun doute une bonne nouvelle pour la sécurité des frontières de l’Europe.

Parrainage d’État

Il ne s’agit pas seulement de la Turquie. Des sources provenant de dirigeants politiques et du renseignement du Gouvernement Régional Kurde (KRG) ont confirmé la complicité de fonctionnaires de haut niveau du KRG en tant que facilitateurs concernant les ventes de pétrole de l’ÉI, pour en tirer un bénéfice personnel ainsi que pour faire face à la baisse des revenus du gouvernement.

Malgré une enquête parlementaire officielle qui corrobore ces accusations, il n’y a eu aucune arrestation, aucune inculpation et aucune poursuite.

Les intermédiaires du KRG et les autres fonctionnaires du gouvernement qui facilitent ces ventes continuent leurs activités sans entrave.

Lors de son témoignage devant la commission des forces armées du sénat en septembre 2014, le général Martin Dempsey, alors chef d’état-major général des armées des États-Unis, a été interrogé par le sénateur Lindsay Graham quant à sa connaissance d’un “quelconque allié arabe important qui soit favorable à l’ÉI” ?

Le général Dempsey a répondu :

“Je connais des alliés arabes importants qui les financent.”

En d’autres termes, le plus haut responsable militaire américain du moment a confirmé que l’ÉI était financé par ces mêmes “alliés arabes importants” qui venaient de se joindre à la coalition anti-ÉI menée par les États-Unis d’Amérique.

Ces alliés incluent l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats Arabes Unis et le Koweït en particulier – qui, ces quatre dernières années au moins, ont fait circuler des milliards de dollars largement à destination des extrémistes rebelles en Syrie. Il n’y a donc rien d’étonnant que leurs frappes aériennes anti-ÉI, déjà minuscules, se soient maintenant réduites presque à néant, se concentrant plutôt sur le bombardement des chiites houtis au Yémen, ce qui, incidemment, ouvre la voie à la montée de l’ÉI là-bas.

Des liens poreux entre les rebelles de l’Armée Syrienne Libre (FSA) et des groupements militants islamistes comme al-Nosra, al-Cham et l’ÉI ont permis de prolifiques transferts d’armes des rebelles “modérés” aux militants islamistes.

Les transferts constants des fournitures d’armes de la CIA, des pays du Golfe et de la Turquie vers l’ÉI ont été établis par l’analyse des numéros de série des armes par le Conflict Armament Research (CAR) (Étude de l’Armement des Conflits), organisme basé au Royaume-Uni dont la base de données concernant les ventes d’armes illicites est financée par l’UE et le Département Fédéral des Affaires Étrangères suisse.

“Les forces de l’État Islamique se sont emparées d’importantes quantités d’armes légères produites aux États-Unis et les ont employées sur le champ de bataille,” a conclu un rapport du CAR en septembre 2014. “Des missiles antichars M79 90mm saisis par les forces de l’ÉI en Syrie sont identiques aux M79 transférés par l’Arabie saoudite aux forces opérant sous l’égide de “l’Armée Syrienne Libre” en 2013.”

Le journaliste allemand Jurgen Todenhofer, qui a passé 10 jours dans l’État Islamique, a rapporté l’année dernière que l’ÉI était “indirectement” armé par l’Occident :

“Ils achètent les armes que nous donnons à l’Armée Syrienne Libre, ainsi ils obtiennent des armes occidentales – des armes françaises… j’ai vu des armes allemandes, des armes américaines.”

L’ÉI, en d’autres termes, est parrainé par des États. Il est effectivement parrainé par des régimes prétendument pro-occidentaux dans le monde musulman, qui font partie intégrante de la coalition contre l’ÉI.

Ce qui amène à se demander pourquoi Hollande et d’autres dirigeants occidentaux qui expriment leur détermination à “détruire” l’ÉI par tous les moyens nécessaires, préféreraient éviter le facteur le plus significatif d’entre tous : l’infrastructure matérielle permettant l’avènement de l’ÉI sur fond de soutien permanent du Golfe et de la Turquie aux militants islamistes de la région.

Il y a de nombreuses explications, mais peut-être que l’une d’entre elles se démarque : l’abjecte dépendance occidentale aux régimes musulmans terroristes, principalement en vue de maintenir leur accès aux ressources de pétrole et de gaz du Moyen-Orient, de la Méditerranée et de l’Asie Centrale.

Gazoducs

Une grande partie de la stratégie qui a cours actuellement a été décrite sans équivoque dans un rapport RAND financé par l’armée américaine en 2008, Exposition de l’Avenir de la Longue Guerre (pdf). Le rapport note que “les économies des pays industrialisés continueront à dépendre fortement du pétrole, ce qui en fait une ressource d’importance stratégique.” Comme la plus grande part du pétrole sera produite au Moyen-Orient, les États-Unis ont un “motif pour maintenir la stabilité et les bonnes relations avec les états du Moyen-Orient” Il se trouve que ces états soutiennent le terrorisme islamiste :

DDJIEAAp-AE.jpg“La zone géographique de réserves prouvées de pétrole coïncide avec la base du pouvoir d’une grande partie du réseau salafiste djihadiste. Cela crée un lien entre l’approvisionnement en pétrole et la longue guerre qu’on ne peut pas rompre facilement ni décrire en termes simplistes … Dans un avenir prévisible, la croissance de la production mondiale de pétrole et la production totale seront dominées par les ressources du Golfe Persique … La région restera donc une priorité stratégique, et cette priorité va interagir fortement avec celle de poursuivre la longue guerre.”

Des documents gouvernementaux déclassifiés précisent, sans l’ombre d’un doute, que la motivation principale de la guerre en Irak en 2003, dont la préparation avait commencé juste après le 11 septembre, a été l’installation d’une présence militaire américaine permanente dans le Golfe Persique pour garantir l’accès au pétrole et au gaz de la région.

L’obsession de l’or noir n’a pas pris fin avec l’Irak, cependant – et celle-ci n’est pas une exclusivité de l’Occident.

« La plupart des belligérants étrangers dans la guerre en Syrie sont des pays exportateurs de gaz ayant des intérêts dans l’un des deux projets de gazoducs concurrents qui cherchent à traverser le territoire syrien pour délivrer soit le gaz qatari soit le gaz iranien en Europe, » a écrit le professeur Mitchell Orenstein du Centre Davis des études sur la Russie et l’Eurasie de l’Université de Harvard, dans Foreign Affairs, la revue du Conseil de Washington DC sur les affaires étrangères (Council on Foreign Relations).

En 2009, le Qatar avait proposé de construire un gazoduc pour acheminer son gaz au nord-ouest, via l’Arabie saoudite, la Jordanie et la Syrie jusqu’à la Turquie. Mais Assad “a refusé de signer,” rapporte Orenstein. “La Russie, qui ne veut pas voir ses positions sur le marché européen du gaz sapées, l’a soumis à une intense pression pour qu’il refuse.”

Le russe Gazprom vend 80% de son gaz à l’Europe. Donc, en 2010, la Russie a mis tout son poids derrière “un pipeline concurrent Iran-Irak-Syrie qui pomperait du gaz iranien provenant du même champ via des ports syriens tels que Lattaquié puis sous la Méditerranée.” Le projet permettrait à Moscou “de contrôler les importations de gaz d’Europe depuis l’Iran, la région de la mer Caspienne, et l’Asie centrale.”

Alors, en juillet 2011, un accord pour le gazoduc Iran-Irak-Syrie d’une valeur de 10 milliards de dollars était annoncé, ainsi qu’un accord préliminaire dûment signé par Assad.

Plus tard dans l’année, les États-Unis, l’Angleterre, la France et Israël intensifiaient leur aide secrète aux factions rebelles en Syrie pour obtenir “l’effondrement” du régime d’Assad “de l’intérieur”.

“Les États-Unis… soutiennent le gazoduc qatari comme moyen de contrebalancer l’Iran et de diversifier l’approvisionnement en gaz de l’Europe loin de la Russie,” explique Orenstein dans Foreign Affairs.

Un article du Journal des Forces Armées publié l’année dernière par le commandant Rob Taylor, instructeur à l’US Army Command and General Staff College de Fort Leavenworth, offrait une critique acerbe des comptes rendus des médias conventionnels ne prenant pas en compte la question du gazoduc.

“Toute analyse du conflit actuel en Syrie qui négligerait l’économie géopolitique de la région est incomplète… D’un point de vue géopolitique et économique, le conflit en Syrie n’est pas une guerre civile, mais le résultat d’un placement sur l’échiquier géopolitique de plusieurs acteurs internationaux en prévision de l’ouverture du gazoduc… La décision d’Assad à propos du gazoduc, qui pourrait sceller l’avantage des trois états chiites sur le gaz naturel, démontre également les liens de la Russie avec le pétrole syrien et avec la région par l’intermédiaire d’Assad. L’Arabie saoudite et le Qatar, tout comme al-Qaïda et d’autres groupes, manœuvrent pour renverser Assad et capitaliser sur l’espérée conquête sunnite de Damas. En agissant ainsi, ils espèrent obtenir une part de contrôle sur le “nouveau” gouvernement syrien, et une part des richesses apportées par le gazoduc.”

Les gazoducs n’accéderaient pas seulement au gisement de gaz irano-qatari, mais aussi à de nouvelles ressources de gaz côtières potentielles dans l’est de la Méditerranée – englobant les territoires côtiers d’Israël, de Palestine, de Chypre, de Turquie, d’Égypte, de Syrie et du Liban. On estime que la zone renferme 1,7 milliards de barils de pétrole et jusqu’à 3400 milliards de mètres cube de gaz naturel, ce qui pourrait ne représenter que le tiers des quantités totales d’énergies fossiles non-découvertes au Proche-Orient selon les géologues.

Un rapport de l’US Army War College’s Strategic Studies Institute datant de décembre 2014, rédigé par un ancien directeur du ministère de la défense anglaise, remarque que la Syrie détient un potentiel significatif de pétrole et de gaz côtier :

“Une fois le conflit syrien résolu, les perspectives de production côtière – à condition que les ressources commerciales soient trouvées –  seront importantes.”

La brutalité et l’illégitimité d’Assad est indiscutable  - mais jusqu’à ce qu’il ait démontré qu’il n’était pas disposé à rompre avec la Russie et l’Iran, en particulier pour ce qui est du projet proposé de gazoduc, la politique américaine envers Assad a été ambivalente.

Les câbles du département d’état obtenus par Wikileaks révèlent que la politique américaine a oscillé entre financer les groupes d’opposition syriens pour faciliter le “changement de régime,” et utiliser la menace du changement de régime pour inciter un “changement du comportement.”

La préférence du président Obama pour la deuxième solution eut pour résultat des représentants américains, John Kerry inclus, courtisant sans honte Assad dans l’espoir de l’éloigner de l’Iran, d’ouvrir l’économie syrienne aux investisseurs américains et d’aligner le régime sur la vision israélo-américaine de la région.

Ainsi, lors des manifestations du printemps arabe de 2011 qui ont donné lieu à des brutalités de la part des forces de sécurité d’Assad envers des manifestants civils pacifiques, à la fois Kerry puis la secrétaire d’état américaine Hillary Clinton ont insisté sur le fait qu’il était un « réformateur » – ce qu’il a donc interprété comme un feu vert pour répondre par de nouveaux massacres au cours des manifestations suivantes.

La décision d’Assad de se ranger du côté de la Russie et de l’Iran, ainsi que son approbation à leur projet de gazoduc favori, a été l’un des facteurs clés dans la décision des États-Unis à agir contre lui.

Quand l’Europe danse avec le diable

La Turquie, en tant que plaque tournante gazière permettant d’exporter sur les marchés européens tout en évitant la Russie et l’Iran, joue un rôle clé dans le projet soutenu par les États-Unis, le Qatar et l’Arabie saoudite.

Il ne s’agit que d’un des nombreux pipelines qui pourraient passer par la Turquie.

Le directeur de l’initiative sur l’avenir des énergies eurasiatiques auprès du Conseil Atlantique, David Koranyi, qui fut également conseiller en sécurité intérieure auprès du premier ministre hongrois, a averti : “La Turquie est déterminante pour la diversification de l’approvisionnement en gaz de l’intégralité de l’Union Européenne. Ce serait une erreur catastrophique que de poursuivre l’enrayement de notre coopération énergétique.”

Koranyi a indiqué que la récente “découverte de vastes quantités de gaz dans l’est de la Méditerranée,” ainsi que de “réserves de gaz dans le nord de l’Irak” pourraient être utilisées pour alimenter le marché turc et être acheminées au-delà vers l’Europe.

Étant donné la dépendance de l’Europe envers la Russie pour environ un quart de son approvisionnement en gaz, la priorité stratégique urgente est de minimiser cette dépendance et de réduire la vulnérabilité de l’UE face au risque de réduction de cet approvisionnement. Cette priorité se calque parfaitement avec les efforts entrepris de longue date par les États-Unis pour arracher l’Europe Centrale et l’Europe de l’Est de la zone d’influence de la puissance russe.

La Turquie occupe la position de pivot sur la nouvelle carte de l’énergie envisagée par les États-Unis et l’UE.

“L’Union Européenne y gagnerait une source d’approvisionnement fiable pour diversifier un peu plus ses importations en provenance de Russie. La Turquie, en tant que plaque tournante, en bénéficierait au travers de taxes de transit et d’autres recettes liées à l’énergie. Si l’on considère que dans l’ensemble de la région, des ressources en gaz supplémentaires pourront être rendues disponibles à l’export dans les cinq à dix prochaines années, il est clair que la Turquie représente la route naturelle par laquelle celles-ci pourraient être acheminées vers l’Europe.”

L’an dernier, un rapport du Global Sustainability Institute (GSI) de l’université Anglia Ruskin a déjà averti que l’Europe faisait face à une crise énergétique imminente au cause d’”une pénurie critique des ressources naturelles,” tout particulièrement au Royaume-Uni, en France et en Italie.

“Les ressources en charbon, pétrole et gaz en Europe s’épuisent et nous avons besoin d’alternatives,” dit Victoria Andersen, professeur du GSI.

Elle a également recommandé une réorientation rapide vers les énergies renouvelables, mais la plupart des dirigeants européens ont apparemment d’autres idées en tête  -  à savoir, s’appuyer sur un réseau de pipelines qui puisse transporter pétrole et gaz depuis le Moyen-Orient, la Méditerranée occidentale et l’Asie centrale vers l’Europe : par l’intermédiaire de notre très chère amie, la Turquie d’Erdogan.

Qu’importe que, sous Erdogan, la Turquie soit le principal soutien du barbare “État islamique”.

Nous ne devons surtout pas poser de questions antipatriotiques à propos de la politique étrangère occidentale, ou sur l’OTAN à ce sujet.

Nous ne devons pas nous étonner du spectacle inutile des attaques aériennes et des pouvoirs policiers dignes de la Stasi, ni de notre honteuse liaison avec le régime de terreur d’Erdogan qui finance et arme notre propre ennemi.

Nous ne devons pas poser de question sur les motivations de nos dirigeants qui, bien qu’ils dissimulent cette information depuis des années, continuent, aujourd’hui, de nous mentir ouvertement, alors que le sang de 129 français n’a pas encore séché, prétendant vouloir “détruire” une bande d’ordures, d’assassins, de psychopathes, armés et financés par l’OTAN.

Non, non, et non. La vie continue. Le cours normal des affaires doit continuer. Les citoyens doivent maintenir leur confiance en la sagesse de la sécurité de l’état.

Les États-Unis doivent continuer d’appuyer les renseignements turcs qui contrôlent et entraînent les rebelles “modérés” en Syrie, et l’Union Européenne doit continuer d’étendre sa coopération avec le régime d’Erdogan tout en accélérant le processus d’accès à l’union du parrain de l’ÉI.

Mais n’ayez pas peur, Hollande a toujours l’intention de “détruire” l’État Islamique. Tout comme Obama et Cameron  – et Erdogan.

Certaines lignes rouges ne peuvent simplement pas être franchies.

Source : Insurge Intelligence, le 19/11/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

dimanche, 29 novembre 2015

Meet The Man Who Funds ISIS

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Meet The Man Who Funds ISIS: Bilal Erdogan, The Son Of Turkey's President

By

Zero Hedge & http://www.lewrockwell.com

Russia’s Sergey Lavrov is not one foreign minister known to mince his words. Just earlier today, 24 hours after a Russian plane was brought down by the country whose president three years ago said “a short-term border violation can never be a pretext for an attack”, had this to say: “We have serious doubts this was an unintended incident and believe this is a planned provocation” by Turkey.

But even that was tame compared to what Lavrov said to his Turkish counterparty Mevlut Cavusoglu earlier today during a phone call between the two (Lavrov who was supposed to travel to Turkey has since canceled such plans).

As Sputnik transcribes, according to a press release from Russia’s Ministry of Foreign Affairs, Lavrov pointed out that, “by shooting down a Russian plane on a counter-terrorist mission of the Russian Aerospace Force in Syria, and one that did not violate Turkey’s airspace, the Turkish government has in effect sided with ISIS.”

It was in this context when Lavrov added that “Turkey’s actions appear premeditated, planned, and undertaken with a specific objective.”

More importantly, Lavrov pointed to Turkey’s role in the propping up the terror network through the oil trade. Per the Russian statement:

“The Russian Minister reminded his counterpart about Turkey’s involvement in the ISIS’ illegal trade in oil, which is transported via the area where the Russian plane was shot down, and about the terrorist infrastructure, arms and munitions depots and control centers that are also located there.”

Others reaffirmed Lavrov’s stance, such as retired French General Dominique Trinquand, who said that “Turkey is either not fighting ISIL at all or very little, and does not interfere with different types of smuggling that takes place on its border, be it oil, phosphate, cotton or people,” he said.

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The reason we find this line of questioning fascinating is that just last week in the aftermath of the French terror attack but long before the Turkish downing of the Russian jet, we wrote about “The Most Important Question About ISIS That Nobody Is Asking” in which we asked who is the one “breaching every known law of funding terrorism when buying ISIS crude, almost certainly with the tacit approval by various “western alliance” governments, and why is it that these governments have allowed said middleman to continue funding ISIS for as long as it has?”

Precisely one week later, in even more tragic circumstances, suddenly everyone is asking this question.

And while we patiently dig to find who the on and offshore “commodity trading” middleman are, who cart away ISIS oil to European and other international markets in exchange for hundreds of millions of dollars, one name keeps popping up as the primary culprit of regional demand for the Islamic State’s “terrorist oil” – that of Turkish president Recep Erdogan’s son: Bilal Erdogan.

His very brief bio:

Necmettin Bilal Erdogan, commonly known as Bilal Erdogan (born 23 April 1980) is the third child of Recep Tayyip Erdo?an, the current President of Turkey.

After graduating from Kartal Imam Hatip High School in 1999, Bilal Erdogan moved to the US for undergraduate education. He also earned a Masters Degree in John F. Kennedy School of Government at Harvard University in 2004. After graduation, he served in the World Bank as intern for a while. He returned Turkey in 2006 and started to his business life. Bilal Erdogan is one of the three equal shareholders of “BMZ Group Denizcilik “, a marine transportation corporation.

Here is a recent picture of Bilal, shown in a photo from a Turkish 2014 article, which “asked why his ships are now in Syria”:

In the next few days, we will present a full breakdown of Bilal’s various business ventures, starting with his BMZ Group which is the name implicated most often in the smuggling of illegal Iraqi and Islamic State through to the western supply chain, but for now here is a brief, if very disturbing snapshot, of both father and son Erdogan by F. William Engdahl, one which should make everyone ask whether the son of Turkey’s president (and thus, the father) is the silent mastermind who has been responsible for converting millions of barrels of Syrian Oil into hundreds of millions of dollars of Islamic State revenue.

By F. William Engdahl, posted originally in New Eastern Outlook:

Erdogan’s Dirth Dangerous ISIS Games

More and more details are coming to light revealing that the Islamic State in Iraq and Syria, variously known as ISIS, IS or Daesh, is being fed and kept alive by Recep Tayyip Erdogan, the Turkish President and by his Turkish intelligence service, including MIT, the Turkish CIA. Turkey, as a result of Erdogan’s pursuit of what some call a Neo-Ottoman Empire fantasies that stretch all the way to China, Syria and Iraq, threatens not only to destroy Turkey but much of the Middle East if he continues on his present path.

In October 2014 US Vice President Joe Biden told a Harvard gathering that Erdogan’s regime was backing ISIS with “hundreds of millions of dollars and thousands of tons ofweapons…” Biden later apologized clearly for tactical reasons to get Erdo?an’s permission to use Turkey’s Incirlik Air Base for airstrikes against ISIS in Syria, but the dimensions of Erdogan’s backing for ISIS since revealed is far, far more than Biden hinted.

ISIS militants were trained by US, Israeli and now it emerges, by Turkish special forces at secret bases in Konya Province inside the Turkish border to Syria, over the past threeyears. Erdo?an’s involvement in ISIS goes much deeper. At a time when Washington, Saudi Arabia and even Qatar appear to have cut off their support for ISIS, they remaining amazingly durable. The reason appears to be the scale of the backing from Erdo?an and his fellow neo-Ottoman Sunni Islam Prime Minister, Ahmet Davuto?lu.

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Nice Family Business

The prime source of money feeding ISIS these days is sale of Iraqi oil from the Mosul region oilfields where they maintain a stronghold. The son of Erdogan it seems is the man who makes the export sales of ISIS-controlled oil possible.

Bilal Erdo?an owns several maritime companies. He has allegedly signed contracts with European operating companies to carry Iraqi stolen oil to different Asian countries. The Turkish government buys Iraqi plundered oil which is being produced from the Iraqi seized oil wells. Bilal Erdogan’s maritime companies own special wharfs in Beirut and Ceyhan ports that are transporting ISIS’ smuggled crude oil in Japan-bound oil tankers.

Gürsel Tekin vice-president of the Turkish Republican Peoples’ Party, CHP, declared in a recent Turkish media interview, “President Erdogan claims that according to international transportation conventions there is no legal infraction concerning Bilal’s illicit activities and his son is doing an ordinary business with the registered Japanese companies, but in fact Bilal Erdo?an is up to his neck in complicity with terrorism, but as long as his father holds office he will be immune from any judicial prosecution.” Tekin adds that Bilal’s maritime company doing the oil trades for ISIS, BMZ Ltd, is “a family business and president Erdogan’s close relatives hold shares in BMZ and they misused public funds and took illicit loans from Turkish banks.”

In addition to son Bilal’s illegal and lucrative oil trading for ISIS, Sümeyye Erdogan, the daughter of the Turkish President apparently runs a secret hospital camp inside Turkey just over the Syrian border where Turkish army trucks daily being in scores of wounded ISIS Jihadists to be patched up and sent back to wage the bloody Jihad in Syria, according to the testimony of a nurse who was recruited to work there until it was discovered she was a member of the Alawite branch of Islam, the same as Syrian President Bashar al-Assad who Erdogan seems hell-bent on toppling.

Turkish citizen Ramazan Bagol, captured this month by Kurdish People’s Defence Units,YPG, as he attempted to join ISIS from Konya province, told his captors that said he was sent to ISIS by the ‘Ismailia Sect,’ a strict Turkish Islam sect reported to be tied to Recep Erdogan. Baol said the sect recruits members and provides logistic support to the radical Islamist organization. He added that the Sect gives jihad training in neighborhoods of Konya and sends those trained here to join ISIS gangs in Syria.

According to French geopolitical analyst, Thierry Meyssan, Recep Erdogan “organised the pillage of Syria, dismantled all the factories in Aleppo, the economic capital, and stole the machine-tools. Similarly, he organised the theft of archeological treasures and set up an international market in Antioch…with the help of General Benoît Puga, Chief of Staff for the Elysée, he organised a false-flag operation intended to provoke the launching of a war by the Atlantic Alliance – the chemical bombing of la Ghoutta in Damascus, in August 2013. “

Meyssan claims that the Syria strategy of Erdo?an was initially secretly developed in coordination with former French Foreign Minister Alain Juppé and Erdogan’s then Foreign Minister Ahmet Davuto?lu, in 2011, after Juppe won a hesitant Erdogan to the idea of supporting the attack on traditional Turkish ally Syria in return for a promise of French support for Turkish membership in the EU. France later backed out, leaving Erdogan to continue the Syrian bloodbath largely on his own using ISIS.

Gen. John R. Allen, an opponent of Obama’s Iran peace strategy, now US diplomatic envoy coordinating the coalition against the Islamic State, exceeded his authorized role after meeting with Erdogan and “promised to create a “no-fly zone” ninety miles wide, over Syrian territory, along the whole border with Turkey, supposedly intended to help Syrian refugees fleeing from their government, but in reality to apply the “Juppé-Wright plan”. The Turkish Prime Minister, Ahmet Davutoglu, revealed US support for the project on the TV channel A Haber by launching a bombing raid against the PKK.” Meyssan adds.

There are never winners in war and Erdogan’s war against Syria’s Assad demonstrates that in bold. Turkey and the world deserve better. Ahmet Davutoglu’s famous “Zero Problems With Neighbors” foreign policy has been turned into massive problems with all neighbors due to the foolish ambitions of Erdogan and his gang. 

Reprinted with permission from Zero Hedge.

mercredi, 25 novembre 2015

Daech, c’est très simple

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Daech, c’est très simple

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Comprendre le comportement des terroristes islamistes n’est pas compliqué. A condition d’éliminer une tache aveugle qui, pour l’instant, … aveugle presque tout le monde. Qu’on ne parvienne pas à éliminer cette tache est, pour moi, un mystère ou, pour parler comme Karl Marx, un hiéroglyphe indéchiffrable. En quoi consiste-t-elle ?

Les hommes peuvent aimer la mort, la guerre. Freud a parlé d’instinct de mort, mais c’est beaucoup trop vague. On ne peut pas comprendre ce qui se passe dans les conflits à partir de la psychologie seulement. Pourquoi ?

S’emparer d’une Kalachnikov, ce n’est pas s’emparer de boîtes de conserves et de belles salades. Dans un supermarché, ce qui me meut, ce sont mes besoins terrestres. Pas lorsque j’avance avec une Kalachnikov, car alors, ce qui me meut, ce ne sont pas des besoins, mais quelque chose qui me dépasse et pour quoi je suis prêt à mourir. On ne peut pas mourir lorsqu’on veut acheter des salades. Les clients qui errent dans les beaux rayonnages de nos produits de grande qualité n’ont pas pris un risque de mort.

Cela fait au moins trente ans que j’essaie d’attirer l’attention sur cette élémentaire distinction et que  je passe pour un pestiféré dans les milieux qui veulent promouvoir une paix perpétuelle. Or, en disant cela, je ne fais pas de réclame pour la Kalachnikov ou l’engagement dans Daech. Lorsque je dis cela, je fais une constatation banale. Les hommes aiment prendre des risques de mort comme Charles Péguy lorsqu’il est monté à l’assaut d’une tranchée allemande. Les hommes croient pouvoir rencontrer Dieu ou la patrie en marchant à la mort. Les hommes mais aussi les femmes, parfois avec plus de fureur encore que les hommes, comme Svetlana Alexievitch l’a admirablement montré.

Ceux qui aiment les risques de mort pour se sentir mus par quelque chose de plus grand que d’alléchantes et débiles publicités, voient dans la paix perpétuelle une consommation perpétuelle, une condamnation à errer dans le labyrinthe de supermarchés proposant de quoi subvenir à nos besoins terrestres et rien qu’à cela. Lorsqu’on est  bloqué dans le chômage et une société qui ne propose plus d’autre perspective que la croissance et l’élévation du niveau de vie, on est beaucoup plus alléché par un risque de mort que par une publicité pour nespresso avec ou sans George Clooney. Une vie dans la guerre ou le terrorisme  est plus excitante qu’une vie dans McDonald. J’ai pu le sentir en regardant un film sur la guerre d’Espagne. J’étais ému par la ferveur des Brigades rouges et, paf !, interruption par une publicité  pour engager le spectateur à soigner ses hémorroïdes avec un onguent. Brusque passage d’un l’élan mystique des révolutionnaires espagnols à l’univers des besoins quotidiens, en l’occurrence le besoin de soulager son derrière. Il y avait d’un côté l’émotion provoquée par des hommes prêts à se sacrifier pour un idéal, de l’autre un consumérisme éhonté. Avec une publicité qui, jour après jour, nous traite comme de misérables rats cherchant leur satisfaction au terme d’un parcours dans les dédales de la consommation, pas étonnant que des jeunes veuillent rejoindre Daech.

Ne pourrons-nous résister aux terroristes islamistes qu’avec des hommes prêts à prendre un risque de mort ? Certainement. Mais il y a risque de mort et risque de mort. Les islamistes fanatiques prennent ce risque pour ressentir le frisson du sacré. Ce n’est pas nouveau. Les guerriers d’Israël le connaissaient, raison pour laquelle ils appelaient Dieu l’Eternel des armées. Achille aussi a connu ce frisson. Rien de tel qu’un champ de bataille pour savoir si nous sommes soulevés par un souffle qui dépasse nos élans vers des salades. Ernst Jünger, soldat allemand dans la Première guerre mondiale, disait qu’à chaque explosion d’un obus, il sentait s’ouvrir le portail de l’éternité. Mais il faut distinguer, comme dit Alain René  Arbez, entre le martyre qui s’expose (à la mort) et le djihadiste qui s’explose avec sa ceinture de dynamite. Au-delà du martyre, il y a aussi le soldat qui fait face à la mort pour défendre son pays, sa famille, ses biens. Il n’avance pas sous les balles pour éprouver un frisson sacré. Il n’est pas un nihiliste désespéré qui s’attend à tomber en extase apocalyptique dans la destruction de soi et du monde. Il veut au contraire conserver ce qui peut l’être dans sa lutte contre ses ennemis.

Notre culture ne nous parle, depuis des décennies, que de croissance et de droits de l’homme. Ainsi réduits au rang de choses destinées à fonctionner dans de grands machins, les Européens ne sont guère prêts à devenir des soldats risquant leur vie pour défendre des patries par ailleurs en voie de dissolution dans l’Europe unie.

Mais on aurait tort de perdre courage. Tandis que des fissures apparaissent dans le monde arabe, des fissures apparaissent aussi dans ce discours occidental qui tend à faire de nous des rats.

Notes : le rat dont je parle ici est tout proche de l’homme sans qualité de Robert Musil. Personne n’est allé aussi loin dans la réduction de l’homme au rat que Richard Dawkins lorsqu’il écrit ceci (que je suis tenté de considérer comme un blasphème) : « Quand une mère voit son enfant sourire, elle se sent récompensée de la même manière que la nourriture dans l'estomac est la récompense d'un rat dans un labyrinthe ». Le premier philosophe à parler de la prise d’un risque de mort est Hegel  dans sa célèbre lutte du maître et de l’esclave, lutte très bien décrite par Francis Fukuyama dans La fin de l’histoire. Une citation d’Ernst Jünger en dit long sur l’attraction que la guerre exerce sur l’âme « La guerre était notre rêve de puissance, de grandeur et de gloire ». Svetlana Alexievitch décrivant la passion des jeunes femmes russes à défendre leur patrie écrit : « Elles étaient animées d’une telle foi que, de la mort, elles attendaient la vie ».

Jan Marejko, 22 novembre 2015

Daech, partenaire financier de la Haute finance internationale?

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Daech, partenaire financier de la Haute finance internationale?

Le Figaro vient de publier un inventaire des principales sources de financement de Daech. Il en conclut qu’elle est « l’organisation terroriste la plus riche de l’histoire et a réussi à se forger une indépendance financière. » 

Le territoire de l’Etat islamique, grand comme le Royaume-Uni, regorgerait de multiples ressources naturelles (pétrole, gaz, phosphate, blé et orge).

Des impôts/taxes/pénalités frapperaient les 10 millions d’habitants (industrie, commerce, banques) qui sont sous son contrôle.

Son patrimoine s’élèverait à 2260 milliards d’euros avec un revenu annuel en 2015 de 2,6 milliards d’euros, selon les toutes dernières estimations que Jean-Charles Brisard, expert en financement du terrorisme et président du Centre d’analyse du terrorisme.

Cette richesse non négligeable permet d’ « armer, nourrir et payer les quelques 30.000 combattants environ 300 dollars par mois, verser des pensions aux familles des militants tués, entretenir les bases militaires, administrer les territoires nouvellement occupés, réaliser des clips de propagandes à la manière de Hollywood, «rééduquer» les enseignants avant de rouvrir les écoles, et embaucher des ingénieurs et des traders pour faire tourner leurs sites pétroliers et gaziers. »

Selon M Brisard, le calcul du patrimoine de 2 ,26 trillions de dollars représente les installations pétrolières et gazières, des mines de phosphates, des terres agricoles, des sites culturels etc. situés sur le territoire contrôlé par l’État islamique.

Grâce à ses nouvelles conquêtes, le patrimoine de Daech aurait progressé de 217 milliards en une année seulement…

M. Brisard constate une baisse des revenus entre 2014 et 2015. les recettes de Daech provenant du pétrole (et autres ressources naturelles) diminuent tandis que celles provenant des taxes et des confiscations grimpent.

60% des recettes de l’État islamique proviennent ainsi en 2015 des ressources naturelles exploitées sur le territoire. Les revenus du pétrole représentent le quart des rentrées financières…

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Exportation des ressources naturelles à prix cassés

On constate sur les graphiques ci-dessus que Daëch dispose de beaucoup de ressources naturelles et archéologiques. Cela signifie que ces produits ont des clients. beaucoup de clients.

Or, on peut difficilement imaginer que les peuples syriens et irakiens, restés sur place, puissent générer un chiffre d’affaires de plus de 2.6 milliards de dollars.

L’article du Figaro précise que Daech est autonome pour sa consommation d’hydrocarbures et arrive même à en vendre dans le reste de la Syrie et de l’Irak (à l’opposition!). De plus l’organisation peut semble-t-il exporter sa production via la frontière poreuse Nord syro-turque…

Alors qui sont les clients d’une organisation supposée terroriste ? Est-il pensable que les pays qui dénoncent Daëch bénéficient directement de cette manne inattendue qui casserait littéralement les coûts de production et améliorerait les marges bénéficiaires des entreprises ?

En tout cas, le Figaro constate que si le pétrole s’échangeait en 2014 autour de 100 dollars le baril, il se traite actuellement à moins de 50 dollars. Mais l’EI offre un discount redoutable qui passe de 25 dollars le baril l’année dernière à 15 dollars actuellement environ assure Jean-Charles Brisard.

Transactions financières sur le circuit de la haute finance internationale

Qui dit exportation, dit transaction financière.

Or, chaque transaction financière est scrutée par les autorités des marchés financiers. On se souvient tous que la Suisse par exemple a dû renoncer au secret bancaire au nom de la « Weissgelg » disait la ministre des finances du pays. Cette promotion de la stratégie de l’argent propre devrait répondre à l’exigence de transparence des standards internationaux.

D’ailleurs, un couple suisse qui voulait envoyer quelques centaines de dollars au Liban pour raison humanitaire s’est vu devoir détailler le pourquoi du comment de l’envoi.

Un autre exemple se passe cette fois en Belgique. Ca donne l’échange téléphonique suivant:

« Bonjour Madame, BNP Paribas au téléphone. Le service de sécurité s’interroge sur l’une de vos transactions. Pourriez-vous passer au plus vite à notre agence ? » – « euh… De quoi s’agit-il ? Depuis quand doit-on justifier ses transactions ? » – « Il semble que vous ayez réservé des billets Thalys il y a 15 jours. Nous voudrions savoir la raison de votre déplacement… » – « C’est une blague ou quoi ? »

Alors, comment des transactions financières issues d’exportations, elles-mêmes supposées illégales, peuvent-elles se faire quand même ? En cash ? Difficile de penser 30 secondes que des sommes pareilles circulent physiquement.

Et voilà que Jean-Charles Brisard confirme dans cette vidéo que 24 banques qui sont sous le contrôle de l’Etat Islamique opèrent toujours sur la scène financière internationale.

TOUT EST DIT.

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Côté hypocrisie des autorités financières nationales et internationales, nous rappellerons tout simplement la légalisation de la finance de l’ombre (shadow banking) depuis la crise des subprimes de 2007. Et voici ce qu’en disait récemment un journal belge:

« Le système bancaire parallèle, dit « shadow banking », a continué de croître l’an passé pour peser quelque 80.000 milliards de dollars, selon un rapport du Conseil de stabilité financière (FSB) publié jeudi en amont du sommet du G20 à Antalya. »

Ces sommes ne sont évidemment pas comptabilisées dans les bilans des grandes banques pour lesquelles les peuples se saignent quotidiennement pour les renflouer…Elles sont le fruit des activités méprisables du casino géant mondial.

On pourrait supposer que le casino mondial n’a pas peur de la clientèle du genre « Etat islamique » qui possède son marché aux esclaves… Souvenons-nous des multiples scandales des firmes transnationales qui appartiennent à la Haute finance internationale et qui font travailler loin des regards des enfants-esclaves… Force est de constater que les frontières morales sont elles aussi poreuses…

Par Liliane Held-Khawam

mardi, 24 novembre 2015

Now the truth emerges: how the US fuelled the rise of Isis in Syria and Iraq

The war on terror, that campaign without end launched 14 years ago by George Bush, is tying itself up in ever more grotesque contortions. On Monday the trial in London of a Swedish man, Bherlin Gildo, accused of terrorism in Syria, collapsed after it became clear British intelligence had been arming the same rebel groups the defendant was charged with supporting.

The prosecution abandoned the case, apparently to avoid embarrassing the intelligence services. The defence argued that going ahead with the trial would have been an “affront to justice” when there was plenty of evidence the British state was itself providing “extensive support” to the armed Syrian opposition.

That didn’t only include the “non-lethal assistance” boasted of by the government (including body armour and military vehicles), but training, logistical support and the secret supply of “arms on a massive scale”. Reports were cited that MI6 had cooperated with the CIA on a “rat line” of arms transfers from Libyan stockpiles to the Syrian rebels in 2012 after the fall of the Gaddafi regime.

Clearly, the absurdity of sending someone to prison for doing what ministers and their security officials were up to themselves became too much. But it’s only the latest of a string of such cases. Less fortunate was a London cab driver Anis Sardar, who was given a life sentence a fortnight earlier for taking part in 2007 in resistance to the occupation of Iraq by US and British forces. Armed opposition to illegal invasion and occupation clearly doesn’t constitute terrorism or murder on most definitions, including the Geneva convention.

But terrorism is now squarely in the eye of the beholder. And nowhere is that more so than in the Middle East, where today’s terrorists are tomorrow’s fighters against tyranny – and allies are enemies – often at the bewildering whim of a western policymaker’s conference call.

For the past year, US, British and other western forces have been back in Iraq, supposedly in the cause of destroying the hyper-sectarian terror group Islamic State (formerly known as al-Qaida in Iraq). This was after Isis overran huge chunks of Iraqi and Syrian territory and proclaimed a self-styled Islamic caliphate.

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The campaign isn’t going well. Last month, Isis rolled into the Iraqi city of Ramadi, while on the other side of the now nonexistent border its forces conquered the Syrian town of Palmyra. Al-Qaida’s official franchise, the Nusra Front, has also been making gains in Syria.

Some Iraqis complain that the US sat on its hands while all this was going on. The Americans insist they are trying to avoid civilian casualties, and claim significant successes. Privately, officials say they don’t want to be seen hammering Sunni strongholds in a sectarian war and risk upsetting their Sunni allies in the Gulf.

A revealing light on how we got here has now been shone by a recently declassified secret US intelligence report, written in August 2012, which uncannily predicts – and effectively welcomes – the prospect of a “Salafist principality” in eastern Syria and an al-Qaida-controlled Islamic state in Syria and Iraq. In stark contrast to western claims at the time, the Defense Intelligence Agency document identifies al-Qaida in Iraq (which became Isis) and fellow Salafists as the “major forces driving the insurgency in Syria” – and states that “western countries, the Gulf states and Turkey” were supporting the opposition’s efforts to take control of eastern Syria.

Raising the “possibility of establishing a declared or undeclared Salafist principality”, the Pentagon report goes on, “this is exactly what the supporting powers to the opposition want, in order to isolate the Syrian regime, which is considered the strategic depth of the Shia expansion (Iraq and Iran)”.

Which is pretty well exactly what happened two years later. The report isn’t a policy document. It’s heavily redacted and there are ambiguities in the language. But the implications are clear enough. A year into the Syrian rebellion, the US and its allies weren’t only supporting and arming an opposition they knew to be dominated by extreme sectarian groups; they were prepared to countenance the creation of some sort of “Islamic state” – despite the “grave danger” to Iraq’s unity – as a Sunni buffer to weaken Syria.

That doesn’t mean the US created Isis, of course, though some of its Gulf allies certainly played a role in it – as the US vice-president, Joe Biden, acknowledged last year. But there was no al-Qaida in Iraq until the US and Britain invaded. And the US has certainly exploited the existence of Isis against other forces in the region as part of a wider drive to maintain western control.

The calculus changed when Isis started beheading westerners and posting atrocities online, and the Gulf states are now backing other groups in the Syrian war, such as the Nusra Front. But this US and western habit of playing with jihadi groups, which then come back to bite them, goes back at least to the 1980s war against the Soviet Union in Afghanistan, which fostered the original al-Qaida under CIA tutelage.

It was recalibrated during the occupation of Iraq, when US forces led by General Petraeus sponsored an El Salvador-style dirty war of sectarian death squads to weaken the Iraqi resistance. And it was reprised in 2011 in the Nato-orchestrated war in Libya, where Isis last week took control of Gaddafi’s home town of Sirte.

In reality, US and western policy in the conflagration that is now the Middle East is in the classic mould of imperial divide-and-rule. American forces bomb one set of rebels while backing another in Syria, and mount what are effectively joint military operations with Iran against Isis in Iraq while supporting Saudi Arabia’s military campaign against Iranian-backed Houthi forces in Yemen. However confused US policy may often be, a weak, partitioned Iraq and Syria fit such an approach perfectly.

What’s clear is that Isis and its monstrosities won’t be defeated by the same powers that brought it to Iraq and Syria in the first place, or whose open and covert war-making has fostered it in the years since. Endless western military interventions in the Middle East have brought only destruction and division. It’s the people of the region who can cure this disease – not those who incubated the virus.

samedi, 21 novembre 2015

The Causes and Conditions That Led Up to ISIS

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The Causes and Conditions That Led Up to ISIS

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Ex: http://www.lewrockwell.com

In Buddhism, it is taught that things do not simply happen. Causes and conditions lead up to them: This is because that is, and that is because this is. Even something like a hurricane doesn’t just happen; a series of weather causes and conditions leads up to it. This is a universal truth. The Bible tells us that whatsoever a person sows, so shall he reap. And: A man does not pick figs from thistles.

Here we are, once again, beating the war drum here in America. As if France doesn’t have their own military to pursue a military solution to the attacks in Paris. We’re not asking the right questions when it comes to ISIS. The question right now is, “What do we do about them?” The question that needs to be asked is, “What are the causes and conditions that led up to ISIS?” No, I’m not getting into some moral relativist diatribe about how “one man’s terrorist is another man’s freedom fighter” because that’s actually what the United States government does. That is one of the causes and conditions that led up to ISIS.

People have forgotten, this all began with the idea that someone besides Bashar al-Assad needed to run Syria. What’s more, no one wanted to wait for that to happen naturally or as a matter of socio-political evolution. No, it was decided that Assad needed to go sooner rather than later. Whose idea was this? The United States government. To that end, the U.S. began arming and training paramilitary entities that became ISIS eventually. There are several causes and conditions right there in a nutshell.

The United States never asked, “Who is a better person than Assad to lead Syria?” In fact, there was no person that stood up and declared himself to be the Syrian Thomas Jefferson. And hadn’t the U.S. falsely imagined such Jeffersons capable of manifesting in places such as Afghanistan and Iraq? Therefore, there were no causes and conditions that could lead up to anything but senseless violence since there was, in fact, no actual goal towards a better government or even a popular person/figure to rally behind. There was no manifesto, no drafted constitution, no socio-political ideal other than the ideal the United States claimed of “freedom”. Yes, well, “freedom” is a big word. What did that mean in Syria? Anyone know? No one can answer that question because it was the United States saying that. To the groups that the U.S. backed, it was a free-for-all to see who would be the last man standing and become the new boss (worse than the old boss) but the new boss America liked. Until it didn’t, as happened with Saddam Hussein.

So, if we’re going to go to war in Syria, what causes and conditions are coming into play? One only needs to look at what happened to Afghanistan and Iraq. Precariously propped up regimes built on a house of cards (actually, built upon a house of U.S. dollar bills) that is only a hop, skip, and a suicide bombing away from a coup d’état to install a guy that’ll make the Ayatollah Khomeini look like a hippie. People fail to understand that the United States cannot and will not ever “win” such a war no matter how many chairborne rangers mindlessly chant “USA, USA, USA!!” for a war they won’t have to go fight themselves. In fact, that mantra—USA, USA, USA!!!—is just the mantra of the cult of patriotism; the most dangerous religion on the planet. So far, Islamic suicide bombers are not capable of taking the entire planet with them. The United States government can, because we still have the biggest arsenal of nuclear weapons on the planet. Put that into your missile silo and smoke it. So to speak.

Syria is the latest installment in the Quagmire-Of-The-Month Club—-collect them all! I think a major ground war is already on the way, with the expensive shipping and handling fees attached. Again, there is no way to win a war in Syria, not the way the United States wants to “win” it. The causes and conditions created by a U.S. war in Syria are already in play and have been since we began arming terrorists. Those chickens will continue coming home to roost for quite some time. But let the U.S. go in there and decide it needed to occupy that country, er, excuse me, build a democracy over there. That insurgency born from resistance to the U.S. occupation will become an even bigger terrorist magnet than ISIS. The West will look back with fondness on the days they only had ISIS to deal with, rather than probably five to ten other highly-organized irregular armies. And all of them capable of crossing into Western nations undetected by Western dumb-giant intelligence agencies.

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The U.S. created an irregular army that was capable of defeating Syria’s modern professional army in battle. Oops, guess what? It was also capable of defeating Iraq’s army. The U.S. doesn’t realize that the ambitions of a group such as ISIS do not become immediately obvious. Nor do they advertise who they are. The U.S. thought it could manipulate the irregulars that became ISIS. In turn, the U.S. itself got manipulated. The U.S. then thought it could use ISIS anyway and after Assad was gone, get rid of ISIS with a few airstrikes. However, this turned out like the guy that gets a baby alligator as a pet. Before he knows it, it’s gotten huge and one day, eats his poodle. So he dumps it into a local pond and imagines he’s done. It gets bigger and bigger, preying on various animals in the pond. One day, the guy forgets he put the alligator there and goes for a midnight swim in the pond and ends up as a snack. When you do business with predators, see, they will always end up biting you in the keester one day.

That’s the gist of the tale. The U.S. engaged in business with predators in Syria. They were hunting Assad with the goal of taking Syria as their own territory. Classic predator action. They even marked their territory and the U.S. failed to read that. Therefore, if you are creating this pack of predators, what makes you think you can control them? These are velociraptors on tweek. These are causes and conditions that lead up to—what? Those predators deciding to attack you also. Oh, they can’t win? Guess again. They can slog along a quagmire for over a decade, with tremendous casualties all along the way. But the West? As soon as the West loses about a thousand soldiers, the people that chanted “USA, USA, USA!” will start breaking out all those anti-war slogans from the Sixties. Never underestimate predators. If any of these clowns had ever observed predators in the wild, they’d have never, ever, backed these Syrian “moderates” of a few years ago that we now call ISIS. They’d have gone home and never, ever, hiked that canyon again where those mountain lion tracks were spotted.

There you have it. Nothing will happen but more chaos, more senseless violence, and more futile military action until we address the causes and conditions that lead up to things such as ISIS. And what is the primary cause and condition? United States foreign policy.

mardi, 20 octobre 2015

La Turchia, il PKK e lo Stato Islamico

Il conflitto siriano e l’avanzata dello Stato Islamico premono ormai anche sulla Turchia di Erdoğan condizionando sempre più i suoi orientamenti geopolitici. Le posizioni turche sono dipese, e continuano a dipendere, da un’attenta valutazione delle proprie priorità strategiche dovendosi destreggiare tra due minacce altrettanto pericolose per i propri interessi vitali. Se con un occhio i centri decisionali turchi guardano infatti al terrorismo di matrice jihadista, con l’altro non possono ignorare la minaccia decennale proveniente dalle ambizioni curde. Il dilemma sembra dunque essere quello tra il combattere lo Stato Islamico, favorendo in questo modo la causa curda, o declassare la minaccia jihadista al secondo posto concentrandosi sulla trentennale lotta contro i curdi. Tale dubbio strategico sembra aver infettato i centri decisionali turchi almeno fino all’estate del 2015 quando il Partito per la Giustizia e lo Sviluppo (AKP) di Erdoğan ha dovuto affrontare anche una crisi interna legata alla perdita della maggioranza la quale ha necessariamente condizionato le scelte di politica estera.

La di per sé difficile gestione della tregua1 firmata nel 2013 tra Ankara e il PKK è stata progressivamente messa in crisi da due eventi fondamentali, uno esterno alla Turchia e l’altro relativo agli equilibri politici interni, i quali intersecandosi hanno reso sempre più difficili i rapporti tra Ankara e la minoranza curda fino a sfociare nei fatti di Suruc del 20 luglio.2

Il fattore esterno riguarda, come è logico intuire, la guerra in Siria. Proprio quest’ultima ha rafforzato il ruolo dell’Unità di protezione del popolo (YPG), braccio armato del Partito dell’Unione Democratica (PYD), partito indipendentista curdo vicino al PKK fondato nel 2003 nel nord della Siria. L’YPG ha sostanzialmente preso la guida delle operazioni di terra contro lo Stato Islamico in Siria, appoggiato da una coalizione internazionale refrattaria ad intervenire direttamente. Più la guerra in Siria prendeva forma e i curdi consolidavano le proprie posizioni, tanto più le tensioni tra Ankara e i curdi si esacerbavano. Da un lato, le accuse dei curdi nei confronti di Ankara si sono fatte più pesanti e pressanti, arrivando ad accusare i vertici turchi di aver fatto il doppio gioco appoggiando i jihadisti in funzione anticurda; dall’altro, quanto più l’YPG si presentava come il principale braccio armato di terra nella guerra contro lo Stato Islamico, tanto più la preoccupazione di Ankara diventava percepibile fino a raggiungere il suo punto massimo quando l’YPG ha proclamato la nascita dello Stato curdo vicino al confine meridionale della Turchia. Unendo i territori che da Kobane arrivano a Qamishli, il gruppo siriano curdo si è garantito una continuità territoriale la quale rappresenta, de facto, un primo tassello per la realizzazione del grande sogno trentennale curdo. Agli occhi di Ankara una simile entità politico-territoriale, situata per di più lungo i propri confini, non è tollerabile in quanto rappresenta chiaramente un pericoloso polo di attrazione per i curdi che vivono nella Penisola Anatolica.

La situazione così creatasi ha messo Ankara in una posizione scomoda costringendola ad una certa ambivalenza di intenti. Se, infatti, la Turchia non può di certo dichiarare esplicitamente guerra ai curdi, gli unici a farsi carico della lotta contro lo Stato Islamico sul terreno, è tuttavia altrettanto vero che la Turchia non può neanche impegnarsi in una guerra su larga scala contro lo Stato islamico poiché potrebbe essere l’unico vero freno alla costituzione di uno stato curdo al confine con la Turchia. In questo delicato scenario si inseriscono anche i rapporti tra la Turchia di Erdoğan e la coalizione internazionale anti-Stato Islamico capitanata dagli USA.

Fin dal 2014 gli USA hanno cercato l’appoggio della Turchia, considerandola il vero pivot militare nella strategia di indebolimento dello Stato Islamico. Pur di ottenere il sostegno turco e soprattutto le basi militari turche da cui attaccare le postazioni dello Stato Islamico, gli USA sembrano aver ceduto sulla possibilità che Ankara continui, senza troppe proteste da parte della comunità internazionale, la sua guerra su due fronti. La base militare di Incirlik sembra essere stata dunque barattata idealmente con una sorta di “chiudere gli occhi” in riferimento alla reale strategia di Ankara e materialmente con l’accettazione della richiesta turca di una No-fly zone nel nord della Siria. La No-Fly Zone, lunga 90 km e profonda circa 50, consentirebbe alla Turchia di raggiungere due principali obiettivi: da un lato ridurre la potenza militare di Assad, unico in campo a detenere una forza militare aerea, e dall’altro la zona cuscinetto così creata eviterebbe l’ulteriore avanzata dei miliziani curdi siriani dell’YPG volta a ricongiungere nuovi cantoni alla striscia di territorio già controllata. Sebbene celata dietro ragioni umanitarie legate soprattutto alla questione dei profughi siriani, la No-fly Zone permetterebbe, infine, alla Turchia di avere maggiore peso politico nel momento in cui si dovrà ricostruire la nuova Siria.

La delicata partita che si gioca tra i curdi e la Turchia di Erdoğan potrà, come è logico intuire, rafforzare, piuttosto che indebolire, le posizioni dello Stato Islamico. Quest’ultimo uscirebbe, in definitiva, come il grande vincitore nello scontro tra la Turchia e i curdi, traendo enormi vantaggi da un rinnovato clima di instabilità nelle regioni della Turchia a maggioranza curda. Lo Stato Islamico, infatti, direttamente minacciato sul terreno dall’YPG, vedrebbe in un simile scenario una dispersione delle forze nemiche curde su più fronti e soprattutto un rallentamento dei rifornimenti che giungono ai curdi siriani.

La Turchia non può attaccare lo Stato Islamico per non favorire il PKK, né dichiarare guerra ai Curdi che contengono l’espansione di ISIS. Ma il grande vincitore dello scontro tra Turchi e Curdi non potrà che essere lo Stato Islamico

Passando invece alle questioni interne, le elezioni parlamentari del 7 giugno e il risultato elettorale ottenuto dal HDP3 hanno significato per Erdoğan la fine, o perlomeno una battuta d’arresto non prevista, del suo sogno di modificare la costituzione così da trasformare la Turchia in un regime presidenzialista puro. Dopo aver sabotato la formazione di un governo di coalizione, il Presidente Erdoğan ha annunciato nuove elezioni anticipate per il prossimo primo novembre. Il presidente turco spera, dopo lo stop di giugno, di poter ottenere il massimo rendimento dalla delicata congiuntura, internazionale e nazionale, che si è venuta a creare.

In particolare, Erdoğan sembra voler sfruttare la difficile situazione esistente tra le varie anime del movimento indipendentista curdo al fine di poter recuperare i voti necessari per ottenere la maggioranza. Benché vi sia, infatti, una base comune tra l’HDP, il PKK e i gruppi curdi siriani, in realtà le tensioni tra tutte queste diverse fazioni non sono meno pericolose di quelle esistenti in generale tra i curdi e i turchi. Il PKK rischia di essere emarginato dai successi dell’YPG siriano ma anche di essere considerato un fattore meramente destabilizzante se paragonato al più pacifico HDP; la tenuta di quest’ultimo, reo, secondo i gruppi più estremisti, di aver mediato la tregua del 2013, è invece messa in pericolo dalla crescente instabilità nelle regioni a maggioranza curda a causa della ripresa della lotta da parte del PKK. In sostanza, la situazione creatasi pare fare il gioco di Erdoğan in quanto sembra potersi prospettare un possibile indebolimento dell’HDP e un conseguente recupero per l’AKP dei voti persi a giugno. Ma il partito di Erdoğan sta cercando di attingere voti anche da un altro bacino elettorale: il vero obiettivo degli F16 schierati contro lo Stato Islamico e le postazioni curde sembrerebbe essere in realtà, non tanto l’annientamento militare dei terroristi, quanto il recupero dei voti dei nazionalisti turchi persi dall’AKP a favore dell’MHP, il partito ultranazionalista turco. Occorre sottolineare a tal riguardo che in Turchia una forte maggioranza dell’opinione pubblica vede nel PKK una minaccia alla sicurezza superiore rispetto a quella proveniente dallo Stato Islamico.

La ripresa della lotta armata del PKK e gli F-16 schierati in Siria dovrebbero garantire a Erdoğan il recupero di voti nazionalisti e, con essi, della maggioranza parlamentare necessaria a modificare la Costituzione e introdurre in Turchia un sistema presidenziale puro.

La Turchia, insomma, è chiaramente schierata su due fronti: se da un lato attacca lo Stato Islamico, dall’altro non perde di vista la minaccia curda che si fa sempre più pressante. I curdi, infatti, difficilmente si lasceranno sfuggire l’occasione, oggi concreta più che mai, di realizzare il sogno di un Kurdistan unito e indipendente. L’impressione è dunque che Erdoğan stia sfruttando la situazione in Siria a proprio vantaggio in funzione anticurda sia all’esterno, contro la formazione di uno stato curdo unito, sia all’interno, contro lo straordinario risultato elettorale raggiunto dall’HDP. Gli effetti sull’intero contesto regionale di questo “secondo fronte” di guerra, sempre più caldo e carico di incognite a livello interno, non possono essere trascurati. Emblematico in questo senso il tragico attentato che ha avuto luogo ad Ankara il 10 ottobre 2015. La situazione regionale, già fortemente precaria e instabile, è ora esposta ad un ulteriore pericolo di escalation. È infatti evidente che nello scontro tra Turchia e PKK sia in gioco non soltanto l’evolversi di una guerra civile iniziata nel 1984 quanto piuttosto il futuro stesso della lotta contro lo Stato Islamico.

NOTE:

1È sicuramente innegabile che i limiti del cessate il fuoco del 2013 fossero già evidenti prima che la situazione siriana provocasse nuove tensioni. Una delle condizioni della tregua era che i miliziani del PKK abbandonassero la Turchia stabilendosi in Iraq; in cambio il governo turco avrebbe dovuto portare avanti alcune riforme costituzionali e provvedere ad una sorta di amnistia. L’esecuzione di questi passaggi è avvenuta lentamente e tra la sfiducia reciproca delle parti; di fatto non tutti i miliziani si sono ritirati dal territorio turco e l’amnistia non è mai stata promulgata così come non sono mai state portate avanti le riforme politiche richieste dai curdi. Inoltre, PKK e governo di Ankara, non hanno mai cessato di scambiarsi accuse reciproche di violazione degli accordi.
2 Il 20 luglio la città di Suruc, città al confine con la Siria a maggioranza curda, è stata scossa da un attacco suicida. L’attentato è stato apparentemente organizzato dallo Stato Islamico ma i curdi hanno accusato il governo turco di aver supportato i jihadisti. L’accusa è ormai sollevata dai curdi da mesi; l’attentato a Suruc non è stato altro, infatti, che la scintilla che ha dato il via formale a quel processo di accuse e recriminazioni reciproche tra il PKK e Ankara che fino all’estate del 2015 era spesso comparso soltanto fra le righe. I concitati eventi che ne sono seguiti, la risposta armata del PKK a Ceylanpinar e le successive contromosse turche, hanno definitivamente posto fine al cessate il fuoco provvisorio firmato da Ankara e dal PKK nel 2013.
3 Il PHD, il partito che si batte ormai da anni per l’uguaglianza dei diritti politici della minoranza curda, ha raggiunto il 13% nelle elezioni, superando quindi la soglia di sbarramento del 10% pensata proprio per evitare l’entrata in parlamento dei partiti filo-curdi.

dimanche, 18 octobre 2015

Syrie – Un nouvel axe Moscou-Pékin

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Syrie – Un nouvel axe Moscou-Pékin

Michel Garroté
Politologue, blogueur
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

En mai dernier, le Parti islamique du Turkestan (TIP), organisation djihadiste des musulmans ouïghours du Turkestan oriental, le Xinjiang, situé en Chie occidentale, a publié une vidéo montrant le rôle de ce groupe dans la bataille pour s’emparer de la ville syrienne Jisr Al-Shughur. En outre, divers médias ont évoqué le rôle de la Chine, aux côtés de la Russie, dans le conflit syrien (concernant ces deux événements, voir les nombreux liens vers sources en bas de page).

Dans ce contexte, sur lepoint.fr, Caroline Galactéros écrit notamment, le jeudi 15 octobre 2015 (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Les Chinois tirent parti du mouvement russe en le rejoignant dans une démonstration de puissance et de contre-influence inédite vis-à-vis de Washington. Pékin affiche aussi sa détermination à éradiquer à la racine la menace séparatiste ouïghour, comme les Russes le font vis-à-vis du Caucase avec les Tchétchènes. Leur porte-avions Liaoning est désormais à Tartous, porteur de chasseurs bombardiers J15, d'un millier d'hommes et d'hélicoptères d'attaque. Il y a retrouvé le sous-marin géant russe Dimitri Donskoi, doté de 20 missiles intercontinentaux (200 têtes nucléaires, portée 10 000 kilomètres) et le croiseur lance-missiles Moskva. La Méditerranée orientale est donc sanctuarisée.

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Djihadistes de l'EI: parmi eux, des Ouighours, citoyens chinois

Caroline Galactéros : Un déploiement de puissance qui vise une démonstration d'ordre stratégique, bien au-delà de la Syrie et même du Moyen-Orient. En déployant des vaisseaux de guerre dissuasifs au propre et au figuré, en tirant depuis la Caspienne des missiles de croisière Kalibr, Moscou (et Pékin) démontrent non seulement leur renaissance militaire, mais adressent à Washington un avertissement tangible : l'Eurasie n'est plus sous contrôle américain. L'axe Moscou-Pékin, avec leurs clientèles associées en cours de consolidation, consacre la montée en puissance d'un challenger sécuritaire à l'Otan : l'organisation de Shanghaï.

Caroline Galactéros : Le leadership américain sur l'Orient a vécu. À cet égard, la centralisation de la coordination opérationnelle entre la Russie, l'Iran, l'Irak, la Syrie, et le Hezbollah de manière plus informelle, que certains appellent « l'axe 4+1 », marque une convergence d'intérêts sans équivoque, même si chacun conserve son propre agenda et ses arrière-pensées. Le gouvernement irakien vient d'ailleurs de donner à Moscou l'usage de sa base al Taqadum de Habanniyah, à 75 kilomètres de Bagdad, qui permet d'ouvrir un corridor aux avions russes vers la Syrie, mais pourrait aussi servir de base pour des missions russes de bombardement au nord de l'Irak même.

Caroline Galactéros : L'installation de la Russie comme acteur majeur au Moyen-Orient, arrière-cour américaine traditionnelle, est aussi une « réponse du berger à la bergère » aux actions diverses de déstabilisation américaines et occidentales dans sa propre arrière-cour : ex-satellites soviétiques mais surtout Ukraine, Géorgie, et désormais Azerbaïdjan qui subit de croissantes pressions américaines. La Russie sera donc au cœur de tout accord politique futur, pour le garantir ou le compromettre si elle n'y trouve pas son compte. Les États-Unis et leurs alliés, qui ne peuvent plus s'opposer à l'offensive russe, en sont réduits à jouer désormais Moscou contre Téhéran, probablement en marchandant avec les uns ou les autres la levée des sanctions en échange d'un affaiblissement de leur alliance de circonstance en Syrie et en Irak.

Caroline Galactéros : Moscou réalise un rêve vieux de cinq siècles, celui d'une puissance militaire russe durable en Méditerranée, mais surtout poursuit une ambition majeure : celle d'un monopole russe des routes et de la distribution de gaz vers l'Europe via la démonétisation énergétique de l'Ukraine par le nord, avec notamment la bénédiction allemande, et le contrôle de la concurrence iranienne ou qatarie qui pourrait emprunter les pipelines du nord de la Syrie. La Méditerranée orientale regorge de gaz et les enjeux énergétiques en arrière-plan de ces grandes manœuvres ne doivent pas être oubliés car, comme toujours, les grilles de lecture économiques du conflit, soigneusement éludées par les acteurs, sont en fait premières.

 

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Caroline Galactéros : Si l'on prend un peu plus de recul encore, on voit se confirmer le basculement du focus stratégique américain vers la mer de Chine orientale. Le président Obama, qui ne peut « être au four et au moulin » militairement parlant, paraît contraint de laisser faire les Russes au Moyen-Orient pour pouvoir redéployer sa flotte en Asie et venir au secours de ses protégés locaux qui s'inquiètent des ambitions de plus en plus tangibles de Pékin de faire de la mer de Chine sa mare nostrum, conclut Caroline Galactéros, le jeudi 15 octobre 2015, sur lepoint.fr (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

Michel Garroté

http://www.memrijttm.org/jaysh-al-fath-affiliated-group-exhorts-westerners-foreign-fighters-to-come-to-syria.html#_edn2

http://www.express.co.uk/news/world/610286/China-preparing-to-team-up-with-Russia-in-Syria-Boost-for-Putin-in-battle-against-ISIS

http://english.alarabiya.net/en/views/news/middle-east/2015/10/06/Are-the-Chinese-coming-to-Syria-.html

https://www.facebook.com/SCOCooperation?fref=nf

http://lainfo.es/en/2015/10/06/china-could-join-russias-action-against-terrorism-in-syria/

http://english.farsnews.com/newstext.aspx?nn=13940706000731

http://www.debka.com/article/24926/Chinese-warplanes-to-join-Russian-air-strikes-in-Syria-Russia-gains-Iraqi-air-bas

http://www.europe-israel.org/2015/10/syrie-des-enfants-ouighours-chinois-apprennent-a-combattre-dans-les-camps-dentrainement-de-letat-islamique/

http://www.lepoint.fr/invites-du-point/caroline-galacteros/galacteros-syrie-les-enjeux-caches-de-l-intervention-russe-15-10-2015-1973777_2425.php