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jeudi, 27 octobre 2016

Vladimir Soloviev, du slavophilisme au libéralisme

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Vladimir Soloviev, du slavophilisme au libéralisme

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Vladimir Soloviev, du slavophilisme au libéralisme
Par Nikolaï Kotrelev

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Dans la peau de Tintin avec Jean-Marie Apostolidès

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Dans la peau de Tintin avec Jean-Marie Apostolidès

Les Nouveaux Chemins de la connaissance avec Jean-Marie Apostolidès (psychologue et sociologue)

Pourquoi Tintin n’a-t-il pas de corps ? Pourquoi n’y-a-t-il pas de femmes (hormis deux mégères) dans les albums de Tintin ?

Extraits musicaux :
– Parker Ray, « Derrière la chute d’eau ».
– Joseph Haydn, « Lieder Quartett ».
– Alibert, « Debout les zouaves ».
– Renaud et Gauthier Capuçon, « Carnaval des animaux ».
– Pink Floyd, « Seamus ».

 

La spirale de l’impuissance

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La spirale de l’impuissance

Par Slobodan Despot

Ex: http://www.arretsurinfo.ch

spirale,-tome-1-374599.jpgL’Europe s’est anesthésiée dans sa procrastination. Elle est devenue la Belle au Bois dormant. Elle se réveillera comme Euramérique ou Eurasie, à moins qu’elle devienne Eurabie.

C’est un roman de Georges Simenon, La fuite de monsieur Monde, qui dépeint le plus profondément la situation de l’Européen moderne. Arrivé au bord de la cinquantaine, M. Monde, petit industriel prospère, disparaît un matin sans crier gare. Alors que sa femme, personne froide et sans coeur, envoie la police à ses trousses, il prend un faux nom et se refait une vie au bas de l’échelle sociale, dans le Midi, avec une entraîneuse qu’il a sauvée du suicide. Dans un lieu sordide, il rencontrera la femme avec qui il était marié dans une vie antérieure, épave humaine ravagée par la drogue. Il remonte à Paris avec elle et la fait soigner à ses frais. Puis, tout aussi soudainement, il rentre chez lui et reprend son ancienne vie comme si rien ne s’était passé. Ne lui reste de son escapade qu’une énigmatique sérénité qui ressemble à de la résignation.

Norbert Monde avait explosé. Ou implosé. Son quotidien sans élans, sans tragédie, sans destinée, lui était devenu insupportable. En sortir était devenu une question de vie et de mort. M. Monde était un homme bon, voire héroïque, mais son univers ne laissait aucune place à la bonté et à l’héroïsme. Bien pire : de telles vertus y étaient vues comme des tares. Toute son éducation lui enjoignait de lutter contre elles. Retourné — socialement — à l’«état sauvage», il était comme un animal de zoo rendu à la nature. La laisse qu’il traînait encore derrière lui s’accrochait aux ronces, s’entortillait autour de ses pieds et le faisait trébucher. Il n’a pas eu la force de s’en défaire.

Je me suis reconnu dans cet homme entravé. Son gâchis, je l’ai pris à mon compte. Jeter tous ses acquis par-dessus bord dans l’espoir d’accomplir sa vie, arriver au seuil de cet accomplissement, et rater pour une vétille, un instant de gêne. Pour avoir été trop éduqué. Par crainte de causer du tort à quelqu’un. Par peur d’être mal vu…

Il m’arrive de faire un rêve, que j’appelle «le cauchemar de M. Monde». La scène figure peut-être telle quelle dans le roman, je ne m’en souviens plus — à moins que ce soit dans le Docteur Jivago. Assis à la terrasse d’un café, je vois passer de l’autre côté de la rue une personne que j’aime et que je n’espérais plus retrouver. Elle avance sans me voir, elle va bientôt se fondre dans la foule. Je voudrais la héler, mais n’arrive pas à émettre le moindre son. Crier d’un trottoir à l’autre, cela ne se fait pas. Je devrais bondir pour la prendre par le bras mais je ne peux pas: je n’a pas réglé ma consommation. Je me retourne, me tâte les poches, cherche le garçon des yeux, mais entretemps la silhouette a disparu…

La question du prix

Nous sommes sur le point de payer cher, très cher, le prix de notre hypercivilisation. Cette idée m’a envahi l’esprit comme un refrain voici quelques années, lorsqu’un ami m’a demandé de l’aider à tuer un canard. Il n’était pas paysan, il en était très loin, mais il tenait quelques animaux dans sa propriété. Il n’avait pas la main assez sûre pour décapiter le volatile sans le faire souffrir. Personne dans son entourage n’avait le cœur de l’assister, même s’ils avaient tous l’appétit de goûter au rôti. J’ai donc tué le canard avec lui. Mes grands-mères le faisaient toutes seules, sans histoires.

Même si le véganisme est très à la mode, la grande majorité des Occidentaux mangent de la viande. Bien plus de viande que leurs ancêtres, qui étaient bien moins nombreux. Pour remplir tous ces ventres, il faut des montagnes de viande. L’élevage n’a plus rien de pastoral. C’est une industrie du gavage et de l’extermination. Périodiquement, des vidéos qui «fuitent» des abattoirs mettent en émoi les réseaux sociaux.

On pointe du doigt des entreprises «inhumaines» qui ne respectent pas les normes, qui écorchent des bêtes à peine étourdies. Mais que dire de celles qui sont «en règle»? A l’occasion de l’Aïd, avec un humour satanique, Daech a mis en scène l’exécution de «traîtres» en les suspendant à une chaîne d’équarrissage. Clameurs universelles! La mécanisation du rituel en décuple l’horreur, les camps du XXe siècle nous l’ont suffisamment montré. La trajectoire d’un cochon ou d’un poulet d’élevage industriel, depuis sa naissance — sa fabrication, devrait-on dire — à sa mort, n’est qu’une chaîne de torture optimisée dont l’ingéniérie concentrationnaire de l’ère ouvertement antihumaine qui nous attend s’inspirera sans doute.

Je ne suis pas végétarien ni un enragé de la cause animale. Je me rappelle seulement que notre alimentation et notre survie impliquent une quantité inévitable de souffrance animale et que la souffrance, par ailleurs, est à la conscience ce que l’embryon est au bébé. Coupez la souffrance de la conscience, l’embryon du bébé, et vous pourrez disposer de tout ce qui n’est pas nous, autrement dit moi, comme d’une chose, sans plus y penser qu’à la coquille de noix que vous venez d’écraser. Le sort épouvantable que notre civilisation de mort réserve au règne animal est le produit direct de cet arraisonnement de l’ensemble du monde créé (le Gestell de Heidegger) qui est à la base de notre philosophie scientiste et athée. Le crime est si massif que nous avons dû échafauder des murs de faux-semblants pour ne pas le voir.

Encore une fois: je ne milite pas pour la soupe d’orties (d’ailleurs les orties souffrent aussi!) et je ne cotise pas à une milice anti-avortement. Je m’efforce de garder toujours à l’esprit que notre bien-être implique la souffrance et la mort. Si je mange du canard ou de l’agneau, je dois savoir ce que cela coûte, et donc être à même de tuer ma proie de mes mains. Leur souffrance et leur mort sont le prix à payer pour mon contentement. Une conscience éveillée et réaliste négociera le montant de ce prix en essayant de ne pas susciter plus de mal qu’il n’est nécessaire: c’est un des principes fondateurs du Dharma, de la Voie, qui fonde la morale de toute civilisation. Une conscience abstraite, idéologisée, niera l’existence même de la transaction ou décidera qu’elle doit être abolie.

Notre problème est que c’est cette conscience-là, une conscience de pharisiens, qui nous éduque depuis une ou deux générations, qui élabore nos lois et guide nos politiques. Sous son empire, le mal nécessaire est nié. On le revêt d’une cape d’invisibilité: il aura donc carte blanche !

Les nouvelles Antigones

Cette perversion est commune à toutes les sociétés avancées, mais elle n’a pas atteint partout la même emprise. Les Etats-Unis d’Amérique ont plusieurs longueurs de «retard» sur notre évolution et c’est pourquoi ils nous dominent et nous fascinent. Lorsqu’on a fait valoir à Mme Albright, la secrétaire d’Etat de M. Clinton, que la destitution de Saddam Hussein avait entraîné la mort d’un demi-million de morts en Irak, elle a répondu que «cela en valait la peine». Un tel cynisme serait impensable de la part d’un ministre européen.

Si monstrueuse qu’elle soit, cette appréciation montre que les Américains ne sont pas sortis de l’univers du Dharma. Ils ne nient pas que leur domination a un prix, ils estiment seulement que ce prix n’a pas de plafond. Leur échelle de valeurs est exactement l’inverse de celle des Européens, pour qui toute concession est bonne pourvu qu’ils ne fassent de tort à personne (sauf sur dérogation de leurs maîtres). C’est pourquoi les garde-côtes américains mitraillent les radeaux de migrants quand les européens font tout pour les sauver.

Dans toute son horreur, cette confiance en soi mégalomaniaque a un avantage. Elle laisse une place aux vertus individuelles et à la foi dans une destinée. Elle permet encore, au XXIe siècle, l’éclosion de véritables héros, sacrificiels et désintéressés, qui laisseront leur nom dans l’histoire. Ainsi les sonneurs d’alerte issus du système militaro-industriel sont les vrais héritiers des résistants antinazis et des dissidents soviétiques.

«Pensez-vous que les Etats-Unis sont la plus grande nation du monde?» : c’est l’une des questions que l’on pose, sous détecteur de mensonges, lors du test d’embauche à la CIA. Elle est évidemment éliminatoire. Le jeune Edward Snowden y avait répondu «oui» sans ciller lors de son recrutement. Il était conservateur de conviction et croyait sincèrement à la mission de son pays. Lors de son deuxième test sous polygraphe, il a également répondu «oui» — mais il mentait. Entre deux, il avait découvert l’immense manipulation de la «guerre contre le terrorisme» et l’étendue de l’espionnage auquel se livraient les agences américaines, y compris sur leur propre population. Sans son patriotisme ardent, Snowden n’aurait jamais eu le courage de mettre sa carrière et sa vie en jeu pour révéler au monde le vrai visage du système qu’il servait. Son pays, ses valeurs, sa démocratie, ce n’étaient pas les assassinats ciblés, les tribunaux secrets et l’abolition de toute vie privée. Son pays était un Etat, non un régime.

Le film qu’Oliver Stone vient de consacrer à Snowden est remarquable et factuel. Il s’attaque directement au cas de conscience qu’il nous pose. On y apprend (mais on s’en doutait) que la guerre au terrorisme n’est qu’une «affaire de domination économique et sociale de tout». Face à l’ampleur du mal, le jeune Ed finit par s’interroger sur son propre rôle dans les rouages, même s’il n’est qu’un technicien. A la consternation de ses collègues geeks, il rappelle qu’à Nuremberg on n’avait pas jugé que les chefs nazis, mais également des exécutants. Que chacun, à son niveau, est comptable des conséquences de ses actes.

Le cinéma engagé américain a un rôle semblable à celui du confessionnal dans le catholicisme baroque. A bonne confession, bonne absolution — et la vie continue! Il n’empêche. Dans un contexte technologique très difficile à faire vibrer au cinéma, Stone et Snowden réussissent à reposer, dans toute son actualité, l’éternelle question d’Antigone. Ils éveillent les consciences et rendent aux actes leur vrai nom en rappelant que le système américain, malgré tous les alibis qu’on lui prête, reste le criminel majeur de notre temps. Loin au-delà de tous les «Etats voyous» et de toutes les organisations terroristes qu’il fait mine de combattre.

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Europurgatoire

Une épopée de cette envergure peut être américaine. Ou russe. Mais on ne l’imagine pas un instant prendre place dans l’Europe d’aujourd’hui. L’Europe, c’est le domaine de monsieur Monde : le lieu des destinées inabouties, des vertus réprimées et des loyautés sans objet. Un entre-deux. Un théâtre de l’absurde où l’on ferme les yeux sur la violence déchaînée et l’impudeur mais où les simples infractions sont férocement réprimées. Un lieu où l’on n’ose même pas reconnaître au Mal sa qualité première: d’être mauvais. Bref, un véritable purgatoire, salle de transit entre le ciel et l’enfer.

Par sa révolte aux bras trop courts, monsieur Monde a tout de même fait du chemin. De l’anesthésie, il est passé à la résignation. Il a ouvert les yeux sur le monde (sur lui-même, donc!), pour comprendre qu’il n’y pouvait rien. Ainsi l’Europe s’indigne, s’agite et se «mobilise», par réseaux sociaux interposés, comme s’agitent et s’indignent les spectateurs d’un combat, mais elle n’a pas la force de descendre dans l’arène. Elle n’a même pas la force de faire barrage à la violence, au mensonge et au chaos dans leur expression la plus brute. Elle attend que quelqu’un, ou quelque chose, le fasse à sa place. Ou alors, demain…

Dans sa phase procrastinante, celle que nous vivons aujourd’hui, monsieur Monde s’est dépouillé de son entreprise, de son statut social, de son chapeau et de ses projets. Il s’est dépouillé de tout, sauf de son attente. Il est devenu Vladimir ou Estragon, l’un ou l’autre des clochards de Beckett. Ou les deux, vu l’habitude qu’il a prise de se parler et de se convaincre lui-même. Tout le temps qu’il lui reste à vivre, il l’a voué à l’attente de Godot. Ce Godot est peut-être l’Amérique, peut-être la sharia, peut-être l’effondrement économique ou la nouvelle peste qu’il appelle secrètement de ses vœux. Ou tout simplement, la mort, à laquelle nous ne proposons plus d’alternatives crédibles.

Par Slobodan Despot | N° 47 | 23.10.2016

Source: http://www.antipresse.net/dons/

L’Europe à construire : vers la voie impériale ?

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L’Europe à construire : vers la voie impériale ?

Michel Lhomme,

philosophe, politologue

Ex: http://metamag.fr

Le temps est venu : ou l’Europe implosera et n’aura été qu’un rêve, ou les Européens prendront en mains leur propre avenir.

Des question se posent. Avons-nous réellement mesuré les conséquences du Brexit et de la crise des réfugiés, celles d’une rupture entre les citoyens et leurs institutions, entre le peuple et les élites technocratiques de l’intégration européenne.

Que s’était-il passé pendant tant d’années ? Les élites politiques nationales avaient trouvé tout simplement en l’Union européenne un moyen de s’affranchir, dans leur prise de décisions, des contraintes de la délibération parlementaire. La recherche de consensus entre États-membres, principe de fonctionnement interne de l’Union, favorisait en effet la prise de décision « behind closed dors », dans les couloirs, entre lobbys. Ainsi, seuls 3 % des textes législatifs communautaires ont fait l’objet d’un débat parlementaire en assemblée plénière entre 2009 et 2013.

Dans le même temps, les élites nationales – au premier rang desquelles les membres des gouvernements, des cabinets ministériels et de la haute administration – ont acquis par leur participation aux négociations communautaires une légitimité qui leur a permis de concurrencer la légitimité démocratique. Cette légitimité nouvelle et surprenante ne provenait pas d’un vote du parlement mais de la recherche ardue de consensus entre les gouvernants européens. La démocratie de la délibération populaire se fondait dans celle du consensus bureaucratique

Or au départ, la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) ainsi que la Communauté économiques européenne (CEE) ont été pensées comme un moyen de renforcer et non de supplanter l’État-nation. Par la suite, les processus d’approfondissement et d’élargissement sont apparus comme relevant des stratégies des gouvernants nationaux pour faire face à certaines de leurs difficultés – économiques notamment, mais aussi politiques. Les gouvernants des États-membres ont alors fait le choix de se soumettre, dans le domaine économique au néo-libéralisme le plus cru proposant et initiant alors un ensemble de règles communautaires qui démantelaient en fait l’agriculture et les industries nationales au profit d’une financiarisation dirigée en grande partie et paradoxalement par la City de Londres.

Un néo-constitutionnalisme des Juges

Nos gouvernants ont été obligés de faire primer les règles du droit sur la délibération et la décision politiques. Ils ont alors instauré un néo-constitutionnalisme des Juges. De même, l’adoubement démocratique par l’Europe des anciens pays de l’Est a clos le débat politique des années 60 et 70 : la transition vers une économie de marché ne pouvait être discutée puisqu’elle était nécessaire à l’adhésion.

La confiance envers les élites politiques nationales s’est perdue. Dès les années 1950-1960, certains se sont opposés au projet européen, l’intégration européenne étant notamment perçue surtout par les partis communistes français et italiens comme renforçant l’influence américaine sur l’Europe de l’Ouest. À la fin des années 1980, les critiques les plus virulentes de l’UE sont venues de l’extrême-droite, le communisme européen se perdant dans le no-border d’un socialisme mondialiste et non-identitaire.  A cela s’est ajouté la faible influence de l’UE sur la scène internationale incapable de défendre et de définir ses frontières (l’illimitation de l’élargissement), de proposer la dissolution de l’Otan et de créer une vraie défense européenne. Il y avait bien un hymne européen, un drapeau européen mais personne ne demanda aux écoliers le lundi matin de le saluer ou de le chanter. De plus dans une telle Europe abstraite où la Nation était dissolue et reniée, le devoir de se battre et de risquer sa vie pour son pays ne constitue plus le socle du contrat social. Le service militaire national a été abrogé. Il n’y a pas d’armée européenne. Dès lors, comment penser développer collectivement une politique étrangère fondée sur la puissance ?

Les attentes de la puissance

Depuis le Brexit, on entend dire partout qu’il faut plus d’Europe sociale. Ce n’est pas si sûr.  Souhaite-t-on soviétiser l’Europe et la transformer en machines à taxes ? L’attente des Européens n’est en fait pas là. Les attentes citoyennes à l’égard de la politique européenne sont les attentes de la puissance. Plutôt que d’insister sur l’incapacité de l’UE à gérer l’économie (laissons cela à l’initiative privée), posons d’une seule voix et avec force la nécessité d’une indépendance européenne sur la scène internationale. Il est plus utile de considérer la politique étrangère de l’Union comme la contribution essentielle au développement d’une identité européenne que de vouloir la socialiser encore plus.

Contrairement à ce qu’on entend un peu partout, l’UE n’est pas la cause de la rupture entre les citoyens et leurs élites mais elle constitue en fait le paravent derrière lequel les gouvernants nationaux se cachent pour éluder le fait qu’ils en sont responsables et qu’ils sont irresponsables. Il ne s’agit surtout pas de « démanteler » l’UE qui pourtant risque fortement de l’être. Démanteler l’UE ne suffira pas à revigorer la vie démocratique nationale.

Les problèmes de la démocratie en Europe ne proviennent pas de l’UE mais d’une classe politique qui s’est défaussée certes par paresse et arrivisme matériel mais qui aussi parce que totalement américanisée, elle sert délibérément et sciemment d’autres intérêts. Il ne faudrait donc surtout pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il ne s’agit surtout pas d’abandonner l’idée d’Europe, ni même l’UE comme institution. Il s’agit de refondre l’Europe en un nouveau projet.

En quoi donc le démantèlement de l’UE pourra-t-il permettre de redynamiser la vie démocratique des États qui la composent  ? Le débat est peu développé en France alors qu’il a opposé ces dernières années Jürgen Habermas, pour qui l’intégration de l’Europe doit être poussée plus avant afin que s’établisse une véritable démocratie supranationale avec des dirigeants élus au niveau européen, à Wolfgang Streeck, qui prône la fin de la zone Euro pour revigorer le lien démocratique au niveau national et établir une primauté du politique sur l’économie. Habermas propose une fuite en avant mondialiste sur fond d’éthique communicationnelle, une dépolitisation en réalité du citoyen par l’idéologie de la communication et l’archéo cosmopolitisme du gouvernement mondial. Streeck propose de renationaliser ce qui a été dissous et digéré. Engageons-nous plutôt dans la dynamique en gestation de l’Intermarium (axe Baltique-Mer noire-Mer Adriatique) et avançons dans une recomposition de l’Europe.

Voyons plus loin, continuons l’Union européenne et proposons la voie impériale, une voie impériale du XXIème siècle qui ne sera ni napoléonienne, ni celle des Habsbourg.