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mercredi, 12 octobre 2022

Traces d'anthropologie mystique dans Le sujet radical d'Aleksandr Douguine

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Traces d'anthropologie mystique dans Le sujet radical d'Aleksandr Douguine

René-Henri Manusardi

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/cenni-di-antropologia-mistica-sul-soggetto-radicale-di-aleksandr-dugin?fbclid=IwAR30-k1SaDcG11wd4fdiCw1U1YbikqIMDwP8530Fugsfqn960YCjNBQoyUU

Tradition ist nicht die Anbetung der Asche, sondern die Weitergabe des Feuers. La tradition n'est pas le culte des cendres, mais la transmission du feu. (Gustav Mahler)

L'esprit de guerre, l'immuabilité de la nature humaine et le sujet radical

Le Sujet Radical - dans lequel résident le Soleil, la Lumière et la Tradition - est cette épreuve ultime, la fin de la descente cyclique et, peut-être, l'éclat d'un Nouveau Départ. C'est une réalité qui doit être créée, par un esprit actif et radical, qui n'apparaît qu'au moment le plus critique du cycle cosmique.

On a beaucoup parlé de la guerre, et de nombreuses sensibilités différentes ont traversé l'histoire du phénomène belliqueux. De l'Iliade aux Croisades, le sens de l'honneur a prévalu en mettant en exergue l'aspect réparateur des injustices subies. Des Croisades à la Renaissance, la part du lion a été prise par le caractère sacré de la guerre et l'aspect expiatoire de la mort visant l'entrée victorieuse dans le Royaume des Cieux. De la Renaissance à l'ère moderne, la guerre est devenue une technologie de plus en plus raffinée et sanglante, soutenue par le principe "la fin justifie les moyens", propre de la nouvelle amoralité machiavélique. De la Modernité à l'ère post-moderne, la guerre devient idéologique: désintégration des empires, comme but maçonnique; hygiène des peuples, comme but nationaliste et futuriste; justice sociale et vocation impériale, comme but fasciste; impérialisme économique et exploitation des peuples, comme but capitaliste; lutte des classes et matérialisme, comme social-communiste; expansion territoriale bio-ethnique, comme but national-socialiste. Dans notre actualité post-moderne, la guerre devient finalement la nécessité néo-malthusienne, propre du transhumanisme voulu par les seigneurs de l'or qui se réunissent à Davos, ainsi qu'à leur enrichissement financier avec l'industrie florissante de l'armement, notamment l'industrie aérospatiale hautement technologisée.

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Le tableau historiquement complexe, qui est résumé ici, semble donc révéler une mutation de la Weltanschauung sur l'"esprit de guerre", qui, à partir du 16ème siècle, a perdu l'homogénéité éthico-sacrée propre à l'antiquité gréco-romano-barbare et au christianisme romano-germanique, essentiellement théocentriques, au profit d'un anthropocentrisme radicalement renaissanciste, puis s'est poursuivi dans la fragmentation idéologique moderne et s'est finalement éteint dans le nihilisme postmoderne contemporain où la guerre est comprise comme la réalisation d'un nouveau matérialisme à la fois euthanasique, financier, technocratique et transhumain, où la centralité de l'action humaine est remplacée par l'Intelligence Artificielle guidée par d'obscurs lobbies participant du pouvoir supranational, dont les intentions, cependant, sont désormais clairement explicitées par eux et non plus dissimulées par le réseau médiatique.

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Cependant, si l'esprit de la guerre avec ses justifications - des plus spirituelles aux plus matérielles - a changé au cours des Ages historiques, il ne semble pas en être de même pour la nature profonde de l'être humain. La prétendue mutation anthropologique, parrainée par l'identité de genre LGBT, semble être solidement désavouée par les neurosciences en raison de l'ancrage profond de l'ADN humain, immunisé contre la manipulation et la contamination culturelles, ce qui confirme l'adage scolastique natura non facit saltus, malgré l'alarme légitime lancée par la bioéthique depuis des décennies à cet égard. La seule condition pour provoquer une mutation anthropologique reste le transhumanisme, prôné par les seigneurs de l'or qui, à Davos, planifient un avenir mortifère pour l'espèce humaine : cyborgs, c'est-à-dire des êtres humains technologiquement implantés, animaux humanoïdes, robots équipés d'IA.

Cette mutation anthropologique ratée, cette tentative prométhéenne mal résolue par les stratèges sataniques du nouvel ordre mondial, réalise la vérité métaphysique et métapolitique des mots d'Alexandre Douguine sur le sujet radical : "Le sujet radical est l'acteur de la nouvelle métaphysique, son pôle. Le sujet radical apparaît lorsqu'il est déjà trop tard, lorsque tous les autres et tout le reste ont disparu".

Le sujet radical ne peut pas apparaître plus tôt, car il n'est pas prévu. Il est éveillé par la volonté post-sacrée. La Volonté post-sacrée est ce quelque chose qui ne coïncide pas avec le sacré, mais qui ne coïncide pas non plus avec le néant. C'est le principal attribut du Surhomme. En dehors du sacré, il n'y a que le néant. Cela signifie qu'il n'y a pas de Volonté post-sacrée, et pourtant elle existe. Ce n'est que dans ce mode qu'il peut exister".

Si donc il y a encore l'être humain avec sa nature profonde et inaliénable, s'il émerge en tant que Sujet radical lorsque la civilisation humaine semble définitivement éteinte ou en voie d'extinction, alors il y a encore le guerrier, il y a encore l'esprit de guerre - le plus vrai - l'esprit de la Guerre Sainte pour la Tradition, avec sa réalisation métapolitique de l'établissement de la civilisation planétaire multipolaire.

L'Atman comme archétype guerrier du sujet radical

Le sujet radical est immortel, traverse la mort et constitue la racine du sujet normal - c'est un soleil noir situé dans l'abîme intérieur le plus profond. C'est un sujet apophatique (terme désignant le non encore manifesté) situé au sein du sujet positif, dont il constitue la racine immortelle, invisible et indestructible.

Dans la liquéfaction du monde post-moderne, l'Éveil du Sujet Radical est l'éveil d'une conscience guerrière chaotique et en même temps très intuitive, qui émerge au début de la partie finale du Kali Yuga et au moment de l'inversion de l'Apocalypse. Laissant à d'autres la tâche d'approfondir le substrat prophétique et eschatologique des temps, finis mundi, nous tentons ici une ébauche expérientielle synthétique d'un ordre anthropologique mystique, concernant la manifestation éveillée du Sujet radical.

Dans son être-au-monde, l'éveil du Sujet radical - précisément la racine de la personne - à travers un critère perceptif de réduction phénoménologique, se révèle comme une manifestation soudaine de chàos énergétique pré-logique et, en même temps, d'intuition supralogique lucide. Une telle simultanéité de nature expérimentale, non encombrée par les superstructures logiques de l'être, les superstructures émotionnelles de l'être et la conflictualité émotionnelle/rationnelle permanente desdualités corps/mental et cœur/cerveau, est perçue ab intus comme un retour à sa vraie nature, qui est vécue comme la seigneurie de l'Atman/âme, la domination de l'Atman sur le corps et l'esprit, et la manifestation de l'Atman lui-même d'abord comme une lumière soudaine/satori, puis progressivement comme l'obscurité intérieure, la lumière et enfin le feu.

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Le sujet radical manifeste ainsi une constitution anthropologique avec une prédominance de l'âme-spirituelle, où dans la triade corps-esprit-âme émerge la structure même de l'âme comme co-présence ontologique de l'énergie vitale (chàos dynamique) et de l'essence consciente (présence déiforme), que la philosophie hindoue désigne sous le nom d'Atman.

La kénosis de l'Atman, le choix existentiel, le guerrier ardent

"Nous ne voulons pas restaurer quoi que ce soit, mais revenir à l'Éternel, qui est toujours frais, toujours nouveau : ce retour est donc un mouvement en avant, et non en arrière. Le sujet radical, en outre, se manifeste entre un cycle qui se termine et un cycle qui naît. Cet espace liminal est plus important que tout ce qui vient avant et que tout ce qui viendra après" (Aleksandr Dugin).

L'éveil de l'Atman dans le Sujet radical est un éveil guerrier, in interiore homine, une chute libre dans les profondeurs du moi, dans le fondement sans fondement (Urgrund), par une ferme volonté de puissance illuminée par le divin, qui a contemplé la tabula rasa du moi social, familial et individuel et du tissu collectif, déchaînée par la société liquide postmoderne de l'individu atomisé et consumérisé.

Individu à la personnalité intransigeante, doté d'une saine furor angelicus, bellicus et belluinus dans la lutte contre le mal, n'ayant plus de liens avec le passé et la Tradition, qui par un effort surhumain et cathartique se jette dans l'abîme, le Sujet radical trouve dans cette première kénosis, dans ce vidage, la mort de l'ego et la lumière du chàos primordial, celui de sa propre énergie vitale.

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Dans cette "vision intuitive de l'essence de sa propre nature" (D. T. Suzuki) - le satori de la lumière, la vision de son âme qui est la lumière qui donne tout son sens à son existence - il est consciemment placé devant un choix. Le choix de vivre le solipsisme de l'orgueil luciférien, en se contentant de sa propre lumière réfléchie qui, à jamais séparée de sa source divine, mute en ténèbres et, ainsi, devient un opérateur d'iniquité dans la liquidité postmoderne. Ou le choix d'aller au-delà de sa propre lumière, d'entrer dans la grande tribulation, la terrible Nuit des sens et de l'esprit, la seconde kénosis ou nihilité absolue, pour finalement être rétabli comme l'Homme de la Tradition, qui vient devant le feu de la Présence Divine, origine de la Lumière immortelle, et là s'immerge pour devenir un esprit guerrier du Chàos, qui de l'essence ouverte du Chàos lui-même va construire le Kosmos, l'Ordre divin.

Pénétrant ainsi le Chàos primordial avec la lumière de l'énergie vitale, et acceptant même la limitation d'une vie vagabonde et impersonnelle pour le bien de la cause, le Sujet radical va plus loin. En sombrant dans le nihilisme du moi, jusqu'à l'anéantissement de l'esprit, jusqu'à atteindre l'essence de sa propre âme qui est la pleine conscience de soi et qui se manifeste comme un feu, un feu ardent participant au feu divin, au-delà du bien et du mal, le Sujet radical, désormais mieux identifiable comme le Soi radical, devient ainsi un nouvel archétype guerrier : non plus le guerrier de la lumière comme l'étaient les anciens guerriers, mais le guerrier de feu, gardien du feu de la Tradition, enveloppé de l'Esprit Saint qui est feu, pour transmettre comme un archer les fléchettes ardentes de la Tradition qui reconstruisent le Kosmos. Et à ce moment-là, une épée lui sera délivrée d'en haut, signe - visible et intérieur - de sa nouvelle âme.

"Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée. Car je suis venu séparer le fils du père, la fille de la mère, la belle-fille de la belle-mère, et les ennemis de l'homme seront ceux de sa maison". (Évangile de Matthieu 10:34-36)

vendredi, 22 octobre 2021

Le mysticisme de Nietzsche

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Le mysticisme de Nietzsche

Un classique du philosophe Gustave Thibon ("Nietzsche ou le déclin de l'esprit") sur le philosophe allemand a été republié chez Iduna.

par Giovanni Sessa

Ex: https://www.barbadillo.it/101348-la-mistica-di-nietzsche/

Gustave Thibon, Nietzsche ou le déclin de l'esprit

50733274._SX318_SY475_.jpgCertains livres, ceux qui éclairent des problèmes théoriques et des besoins existentiels déjà présents en nous, peuvent être lus d'une traite. Nous sortons, nous, d'une telle lecture, qui ne nous a pas peu fascinés. Nous faisons référence à un texte capital du philosophe français Gustave Thibon, Nietzsche ou le déclin de l'esprit, qui est paru dans le catalogue d'Iduna editrice (pour les commandes : associazione.iduna@gmail.com, pp. 299, €25.00). Le texte est accompagné d'une préface de Massimo Maraviglia, visant à contextualiser la figure de l'auteur dans le panorama culturel du vingtième siècle et à clarifier le rapport paradoxal qui liait ce dernier au penseur de l'Au-delà de l'homme. En premier lieu, il nous semble que le volume montre comment les choix intellectuels divergents des uns et des autres n'ont pas du tout pesé sur l'exégèse faite par le penseur français. Le catholique Thibon trouve chez le philosophe allemand un trait mystique, totalement négligé par les interprètes proches des perspectives nietzschéennes.

Naturellement, comme on le verra, nous faisons référence à une sorte de mysticisme négatif qui aurait agi comme un pôle d'attraction sur le théoricien de l'éternel retour. Pour entrer dans le cœur vital du nietzschéisme, Thibon présente le drame intime vécu par l'homme Nietzsche, dans la mesure où, à la manière fichtienne, il est conscient que derrière toute philosophie il y a un homme, avec ses propres idiosyncrasies, ses passions et un trait de caractère donné. En effet, il avoue explicitement "Nous pensons [...] que chez Nietzsche la doctrine est toujours déterminée par les passions et les réactions de l'homme" (p. 9). Et si Nietzsche n'avait pas soutenu que: "il n'y a pas de vérités, sauf les vérités individuelles"? (p. 9). En raison de l'accent mis sur l'homme, sur son esprit convulsivement tendu vers l'infini, le volume que nous présentons ici va au-delà de la "lettre" du penseur de Röcken, mais en retrace la substance. Cette méthode herméneutique est une conséquence des choix existentiels faits par Thibon. Fils de paysans, lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il est contraint de prendre la place de son père parti au front et de travailler dans les champs.

Schermata-2021-10-20-alle-15.53.47-323x500.pngLa nature est devenue son premier professeur de sagesse. Il a observé et apprécié sa dimension cyclique, montrant à l'homme le chemin de l'éternité. De la vie rurale qu'il a menée dans son manoir ancestral de Saint-Marcel-d'Ardèche, à laquelle il s'est consacré définitivement après une période d'errance et de voyages, il a tiré l'idée que la limite est le caractère distinctif et insurmontable de la vie. L'étude et la lecture occupaient ses journées, ainsi que les travaux des champs. D'où l'épithète, qui l'a accompagné jusqu'à ses derniers jours, de paysan-philosophe. Ami du premier Maritain, il a accueilli en 1941 Simone Weil, de qui il a appris, comme le rappelle la préface, que: "L'homme désire toujours quelque chose au-delà de l'existence" (p. III). Autodidacte exceptionnel, il est profondément influencé par l'enseignement de Léon Bloy, qui fait de lui un "chrétien extrême": "Je suis un extrémiste à cause de mon attirance pour la théologie négative, la mystique de la nuit, le "Dieu sans base ni appui" qui était celui de saint Jean de la Croix et qui est le mien aujourd'hui" (p. II). Cette tendance spirituelle le met également en contact avec Gabriel Marcel: ce dernier avait compris le caractère énigmatique de l'existence, car il était conscient de "la différence fondamentale entre la pensée scientifique objectivante [...] et une ontologie consciente qui voit (dans la vie) essentiellement le mystère " (p. III).

La critique de la modernité par Thibon s'appuie sur un constat qui, à ses yeux, semblait aller de soi. A l'époque actuelle, "le ciel est fermé et l'égout est grand ouvert" (p. III). La société contemporaine a un trait catagogique, dans la mesure où en elle la vie a été privée de son essence, de sa raison d'être. Thibon, tout comme Nietzsche, voulait redonner un sens au monde. Les deux ont suivi des chemins différents: le chemin chrétien pour le premier, le chemin du retour à Hellas pour le second. Pourtant, ils partageaient tous deux une donnée existentielle commune: le désir de dépasser la simple existence, sensible à l'appel de l'infini et de l'éternel.

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Le Français est, en effet, fasciné par la soif d'absolu qui se dégage des pages de l'Allemand. En eux, il semble percevoir un "pressentiment" du divin, qui disparaîtra bientôt chez Nietzsche, en raison de la montée orgueilleuse de l'ego. Pour Thibon, le "oui à la Terre" du penseur de l'Au-delà de l'homme finit par rencontrer le Néant, il ne s'ouvre pas à la Fondation: "Le monde du devenir, totalement imprégné de Néant, Nietzsche ne le veut plus comme un pont jeté vers la rive divine, mais comme le but fascinant de toute destinée" (p. 277).

En tout cas, pour Thibon, l'antichristianisme de Nietzsche est compensé par sa fascination pour Dieu. De manière appropriée, Maraviglia rappelle le jugement de Karl Löwith sur Nietzsche. Le disciple de Heidegger interprète la "volonté de puissance" comme la volonté d'avenir, la dernière manifestation de la théologie de l'histoire chrétienne, désormais définitivement immanentisée. Au contraire, la civilisation antique, notamment hellénique, avait en son centre la physis, la nature, avec ses cycles éternels, la montée et la chute des entités, d'où le primat de la volonté était totalement absent. La critique acerbe du moralisme, c'est-à-dire la pédagogie de l'anti-morale de Nietzsche, la tabula rasa des pseudo-valeurs du monde bourgeois, aurait pu induire chez le penseur allemand cette dénudation de l'ego, opérée par les mystiques chrétiens, en particulier par saint Jean de la Croix, auquel Thibon dédie la troisième partie du volume. Nietzsche et Jean de la Croix "avaient l'âme de l'adorateur ardent" (p. 225), et s'efforçaient de chasser d'eux-mêmes toute impureté "humaine, trop humaine".

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De Nietzsche jaillit "un torrent furieux de négation" (p. 228) des faux idéaux de la modernité. Thibon relie la négation des nouvelles idoles à Dieu, à l'immuable. Le philosophe français attribue la catastrophe existentielle de l'Allemand au fait qu'il soit resté fidèle au devenir. En réalité, à notre avis, si l'on doit parler d'échec nietzschéen, il faut l'attribuer au résidu chrétien qui a fait de l'éternel retour une énième philosophie de l'histoire, incapable, pour cette raison, de rencontrer réellement la physis grecque. Ce n'est que face à cela que l'homme se dépense stoïquement, comme le répétait Löwith: "Il n'espère pas, il ne désespère pas", pour une vie persuadée.

L'option de la foi nous sépare de Thibon. Néanmoins, nous considérons que ce livre est d'une grande pertinence exégétique. Il saisit ce qui est "caché" chez Nietzsche et le transmet au lecteur d'une manière passionnée et engageante.

jeudi, 27 octobre 2016

Vladimir Soloviev, du slavophilisme au libéralisme

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Vladimir Soloviev, du slavophilisme au libéralisme

Visitez le site du Cercle de l’Aréopage :
http://cercleareopage.org

Intervention à la Fondation Thiers:
Vladimir Soloviev, du slavophilisme au libéralisme
Par Nikolaï Kotrelev

Retrouvez les évènements du Cercle :
http://cercleareopage.org/conf%C3%A9r...

Lisez La Relance de la Tradition: Notes sur la situation de l'Église
Broché:
http://tinyurl.com/h6c52ho
Pour liseuse:
http://tinyurl.com/ztehnVladimir Solovievyd

dimanche, 06 mars 2016

Tibetan Mysticism, Russian Monarchy, Holy War: von Ungern Sternberg — an Interview With Andrei Znamenski

Tibetan Mysticism, Russian Monarchy, Holy War: von Ungern Sternberg — an Interview With Andrei Znamenski

In People of Shambhala's latest podcast, Andrei Znamenski speaks about Roman von-Ungern-Sternberg, alittle-known but important character in late revolutionary and early-Bolshevik Russia. A fanatical monarchist, von-Ungern-Sternberg wanted to save Russia -- and by extension European and Asian nations -- from Bolshevism and the upheavals of revolution, and sought support for his worldview and militarism in Tibetan mysticism.

Von-Ungern-Sternberg took many wrong ideological turns, and his self-imposed mission ended in failure. Yet, this strange and enigmatic character represents some of the darker aspects of the convergence of the early twentieth century fascination with Tibetan legend, mysticism, and magic with geopolitical aims.

Links:

Andrei Znamenski's YouTube channel:
https://www.youtube.com/user/maguswest

Andrei Znamenski's Amazon profile:
http://www.amazon.com/Andrei-A.-Zname...

Music by Lino Rise (www.linorise.de)
Lino Rise — "Initiate Frame I".

Other links:

Andrei Znamenski’s Amazon profile
MagusWest, Andrei Znamenski’s Youtube channel.

The Beauty of the Primitive by Andrei Znamenski.
Red Shambhala by Andrei Znamenski.
The Bloody Baron by James Palmer.
The Baron’s Cloak by Willard Sunderland.
Buddhists, Occultists and Secret Societies in Early Bolshevik Russia: an interview with Andrei Znamenski

dimanche, 27 juillet 2014

L’écologie selon Hildegarde

L’écologie selon Hildegarde

Écologie. Vous avez dit écologie…

La mode est à l’écologie. Soigner son environnement, protéger sa planète s’impose comme une obligation morale, surtout depuis qu’on interdit aux religions de prononcer ce gros mot. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Parler de planète, ce n’est pas la même chose que parler de monde ; parler de la nature ne dit pas ce qu’est cette nature, dans sa… nature profonde, même lorsqu’on l’écrit avec un « N » majuscule. Les anciens vivaient dans un monde ; nous, nous vivons sur une planète, perdus dans une immensité sans frontières…

Sainte Hildegarde appartient au passé, non parce qu’elle aurait aujourd’hui 916 ans ou parce qu’elle ne connaît rien à l’économie, mais parce qu’elle nous parle d’un monde qui ne ressemble plus du tout au nôtre. Tandis que nous construisons des mondes nouveaux, des cieux nouveaux, que nous sautons de progrès en découvertes, elle nous révèle ingénument les secrets d’un univers où les cieux peuplés de créatures chantent la gloire de Dieu, où la terre glorifie le Créateur dans toutes ses fibres, des plantes aux anges, en passant par les astres, le sexe, la vie, la souffrance…

C’est à peine si nous reconnaissons la nature qu’elle nous décrit dans ses visions et dans ses chants, tant le visage qu’elle en montre a changé depuis lors ! Comme si ses visions nous transportaient de l’autre côté de la toile, nous faisant découvrir avec stupeur qu’il y a un envers à ce que nous voyons, et que cet envers est en réalité l’endroit des choses. Nous qui croyions invinciblement et définitivement voir les choses à l’endroit, nous apprenons que cette perception a quelque chose d’illusoire. Elle ne dit pas que nos sens nous trompent, comme le pense M. Descartes, mais qu’ils ne nous disent pas tout, tant s’en faut, que ce qu’ils disent est plutôt vrai, mais à l’envers.

Ce défaut de perception, placé à la racine même de l’homme depuis la chute d’Adam, ne dit lui-même pas tout de l’homme : celui qui en dit tout, c’est le Verbe incarné, nouvel Adam, homme restauré dans sa dignité première, parfaitement à l’endroit, lui. En Lui, le microcosme est renouvelé, et sa vision du macrocosme peut enfin retrouver son vrai sens.

En effet, chez notre visionnaire – comme chez tous les Pères de l’Église d’ailleurs -, l’homme ressemble à l’univers parce qu’il en rassemble tous les règnes : corps, âme et esprit, d’où le terme de microcosme, c’est-à-dire petit-monde. Ainsi, le grand-monde trouve-t-il son sens dans le Verbe fait chair, et l’homme sa vraie place dans ce monde per ipsum et cum ipso et in ipso, par Lui, avec Lui et en Lui. Le Verbe est la clef de lecture du monde.

Le statut ontologique de l’homme fait que tout ce qu’il accomplit sur terre concerne aussi les cieux, qu’il aime, qu’il mange, qu’il dorme ou qu’il marche. S’il ne doit pas faire n’importe quoi, c’est que d’une certaine manière ses actes résonnent dans tout l’univers. Sa conscience est une conscience d’abord religieuse, une conscience qui le relie, via le Verbe, à l’univers créé et au Créateur, la conscience morale n’étant que le reliquat de cette conscience plus vaste.

Le monde hildegardien est un monde de nature symbolique, où ce qui est en bas ressemble à ce qui est en haut, où le supérieur fonde l’inférieur, où les êtres circulent. Et la musique d’Hildegarde ressemble à ce monde, avec ses effets de miroir, ses ascensions fulgurantes, ses résonances multiples. La grâce et la beauté y sont la parure de toutes choses, Marie le miroir où partout se reflète le verbe créateur : « C’est pourquoi tu as été couronnée de la Sagesse de Dieu qui t’a établie comme son miroir ». Chez Hildegarde, nous regardons la nature et c’est Dieu qui paraît, nous tournons nos regards vers Marie, et c’est le Verbe qui se montre…

Si notre monde moderne consentait à regarder sa planète comme un miroir, qui sait, peut-être y verrait-il Dieu ?

La Nef

jeudi, 20 septembre 2012

Marc. EEMANS: La Vision de Tondalus

Marc. EEMANS:

La Vision de Tondalus et la littérature visionnaire au moyen âge

 

simon-marmion-ca-1475-tondalus-ziet-de-gevreesde-koningen-conchober-en-donatus.gifLa vision est un des genres mystico-littéraires des plus goûtés au moyen âge. Innombrables sont, en effet, les textes visionnaires parvenus jusqu'à nous et, sans parler de ces sommets que sont les visions de Sainte Hildegarde et de Hadewych, l'on peut dire que la vision a fleuri dans tous les pays de l'Europe occidentale. La plupart des textes conservés semblent d'abord avoir été écrits en langue latine, pour être traduits par la suite en langue vulgaire et se répandre ainsi dans toutes les couches de la société.

A en juger d'après le grand nombre de visions d'origine irlandaise, l'on peut affirmer que c'est avant tout un genre propre au monde celtique (1) où il se confondrait avec la tradition païenne de l'imram (2) ou voyage maritime à la Terre des Ombres, île lointaine et inaccessible où tout n'est que félicité.

Par la suite, se rencontrant avec d'autres récits de tradition strictement chrétienne, ce voyage se serait confondu avec les « ravissements dans l'esprit », au cours desquels les visionnaires visitent l'au-delà.

L'une des premières visions chrétiennes dont le texte nous soit parvenu est la Vision de Salvius qui nous apporte, d'emblée deux éléments propres au style visionnaire: la mort apparente du visionnaire et l'apparition du guide qui Je conduit sain et sauf à travers les embûches de l'au-delà.

Dans tous les textes visionnaires du quatrième au sixième siècle, le paradis des élus se rapproche encore beaucoup de l’Élisée des Grecs ou du Hel des anciens Germains: c'est une espèce de pays de cocagne ou tout n'est que joie et allégresse, et qui se confond volontiers avec le paradis terrestre dont Adam en Eve furent chassés après la faute.

Dans un des Dialogues du Pape Grégoire le Grand, nous trouvons également la description classique d'une mort apparente accompagnée d'un voyage dans l'autre monde, tandis que des considérations eschatologiques viennent utilement nous renseigner sur notre vie future. Maïs l'originalité de cette vision réside dans le fait que nous y rencontrons pour la première fois le thème du pont étroit qui est une des épreuves les plus redoutables pour les âmes damnées.

Le texte de Grégoire le Grand semble avoir donné un essor définitif au genre et dès le huitième siècle les visions se multiplient, en étant toutes construites sur le même schéma.

L'Historia Ecclesiastica de Beda Venarabilis (3) nous rapporte à elle seule la relation de trois morts apparentes accompagnées de visions à tendances eschatologiques. La plus remarquable d'entre elles est la Vision de Drithelm qui s'apparente de très près à la Vision de Tondalus, aussi la considère ton comme une de ses sources.

Sous le règne de Charles Magne, nombreuses sont les visions qui s 'inspirent des thèmes de Grégoire le Grand, mais sous l'influence de certains facteurs extérieurs, elles perdent petit à petit leur sens religieux pour revêtir un aspect politique. La plus célèbre des visions de ce genre est certainement la Vision d'une Pauvresse. Elle nous conte l'histoire d'une pauvre femme, du district de Laon, tombée en extase en l'année 819, et dont les visions auraient inspiré directement la politique carolovingienne.

Faisant exception dans la série des visions politiques de l'époque, les Visions d'Anscarius (4) sont de la plus pure inspiration eschatologique. Dès sa prime jeunesse, Anscarius connut les visions et les ravissements, aussi vécut-il de la manière la plus sainte, loin des rumeurs du vaste monde. Puis, certain jour, une vision lui ayant montré les beautés de l'apostolat, il alla convertir les hommes du Nord à la foi chrétienne. Les Visions d'Anscarius s'apparentent de fort près à la Vision de Salvius, tout en s'inspirant des principaux thèmes eschatologiques de l'Apocalypse. Jusqu'ici, le style visionnaire était encore tout entaché de matérialité, voire même de vulgarité. Chez Anscarius, au contraire, le récit se spiritualise et l'âme qui s'échappe du corps endormi se pare d'une essence vraiment impondérable, tout comme Je Ciel se colore d'une indicible fluidité. Anscarius reconnaît cependant son incapacité à traduire l'ineffable et il avoue que ses descriptions ne sont que des approximations qui se trouvent bien en-dessous du réel.

Pendant les deux siècles qui suivent, la littérature visionnaire connaît une certaine régression. Hormis la Vision de Vauquelin, qui date de 1091, il n'y a aucun texte marquant à signaler.

Dès le début du 12° siècle, les textes visionnaires se suivent de très près, nous y relèverons surtout des visions d' origine irlandaise dont la Vision d'Adamman semble être la plus ancienne. Tout en relevant d'un certain conventionnel, le genre se traduit en récits d'une très grande beauté de style. Ces visions nous révèlent, en effet, le merveilleux chrétien dans toute sa diversité, depuis la description des plus misérables scènes du monde des damnés, jusqu'à l'épanouissement béatifique des âmes au sein de Dieu. Les thèmes traditionnels se développent et s'amplifient d'un récit à l'autre. Des réminiscences orientales, dues aux Croisades, s'y révèlent, tandis que des rappels des auteurs anciens viennent témoigner des premières influences du monde antique.

Cette littérature visionnaire à tendance eschatologique connaîtra bientôt son apogée dans la Divine Comédie (5) du Dante, tandis que les visions d'inspiration plus mystique aboutiront aux plus sublimes révélations de Sainte Hildegarde et de Hadewych (6). Tant par leur popularité ,que par la beauté de leur style, la Vision de Tondalus et le Purgatoire de St-Patrice occupent une place d'exception dans la littérature eschatologique du moyen âge.

La Vision du Chevalier Ovin relatée dans le Purgatoire de St-Patrice se rattache à l’antique tradition celtique des Imrama, aussi n ' est-ce point en état de léthargie que le Chevalier Ovin s'aventure dans le monde des ténèbres, mais en y pénétrant volontairement par une grotte qui communique avec les entrailles de la terre. Sur le plan chrétien il refera le voyage déjà entrepris avant lui par Orphée, Ulysse et Enée. Tout comme eux il pénètrera de son plein gré dans le monde de l'au-delà, mais son voyage est un véritable pélerinage: c'est, en effet, pour se purifier qu'il veut contempler les peines infligées aux âmes damnées. Il est ainsi porteur de cette foi essentiellement chrétienne et médiévale en la Rédemption de l'homme.

6758028-M.jpgLe Chevalier Ovin n'a point le bonheur d'avoir un guide dans son voyage, mais là ou les dangers seront par trop menaçants, il lui suffira de prononcer le nom de Jésus pour se sentir aussitôt à l'abri. Il ira ainsi de supplice en supplice, en se purifiant chaque fois davantage, pour arriver enfin aux partes du Paradis.

Par les nombreuses recommandations à l'adresse du lecteur qui entrecoupent le récit, cette vision se révèle avant tout comme une œuvre d'édification et une exhortation à la pénitence.

Ce récit, qui se rattache au fameux Pélerinage de St-Patrice, en Irlande, a rencontré un succès sans précédent dans les annales de la littérature médiévale. Ecrit en latin par un moine irlandais du nom d'Henry de Saltrey vers 1189, il fut bientôt traduit dans toutes les langues de l'Europe occidentale. De nombreux auteurs célèbres s'en inspirèrent, notamment Calderon qui en tira son El Purgataria de San Patricio. Jusqu'au milieu du 19° siècle il a servi de trame à un mystère fort populaire dans toute la Bretagne.

Quant à la Vision de Tondalus, due vers le milieu du 12° siècle à la plume du moine Marcus, son succès dura plus de trois siècles. Plus de 60 versions latines, toutes du 12° ou du 13° siècle en ont été conservées jusqu'à nos jours. Sa traduction en langue vulgaire se répandit dans tous les pays de l'Europe occidentale. Vincentius Bellavacensis recopia intégralement cette vision dans son Speculum Ristoriale (vers 1244) , tandis que Denys le Chartreux en donna un résumé fort circonstancié dans deux de ses ouvrages Quatuor Novissima et De Particulari Judicia Dei. C'est grâce à ces deux auteurs, particulièrement populaires à l'époque, que la Vision de Tondalus pénétra dans tous les milieux.

Cette vision nous conte les mésaventures du Chevalier Tondal qui, étant tombé certain jour en état de léthargie, eut le privilège de descendre en Enfer et d'en rapporter le récit que le frère Marcus (7) a trancrit pour l'édification des pécheurs.

Dès le seuil de l'autre monde, Tondal est accueilli par son ange gardien et ensemble ils traverseront l'Enfer pour visiter ensuite le Paradis et y contempler les âmes bienheureuses.

La délimitation de l'au-delà en trois zônes bien définies- Enfer, Purgatoire, Paradis - telle que nous la trouvons dans la Divine Comédie n' est pas encore bien fixée dans le récit du frère Marcus, aussi a-t-on pu soulever une controverse quant à la définition des lieux visités par Tondalus Selon certains, seul le supplice infligé par Lucifer, relèverait des peines de l'Enfer, toutes les autres étant encore celles du Purgatoire.

Quoi qu'il en soit, nous constatons que dans la Vision de Tondalus onze supplices s'étagent jusqu'aux partes du Paradis et que même à l'intérieur de celui-ci, certaines âmes doivent encore souffrir des supplices temporaires, tels les deux rois ennemis Concober et Donacus, qui avaient cependant déjà fait pénitence sur terre, maïs qui ne furent pas « entièrement bons » ... Quant au roi Cornacus, il y doit également expier certains crimes et y subit ainsi chaque jour, durant trois heures, la peine du feu jusqu'au nombril, tandis que la partie supérieure de son corps se recouvre entièrement de poils. Comme on le voit, dans le Paradis de Tondal, la première joie connaît encore ses heures de détresse, mais les cinq joies suivantes, elles, sont toute félicité. Elles sont réservées aux âmes nobles qui vécurent d'une vie exemplaire ici-bas.

Tondal serait volontiers resté en ces lieux, mais son ange gardien lui fait comprendre qu'il n'en est pas encore digne. S'il persévère dans ses bonnes résolutions, il reviendra certainement en ces lieux pour y prendre part aux chœurs des bienheureux. Maïs avant d'en arriver là Tondal devra vivre, pendant le temps qui lui reste à demeurer sur terre, une vie de mortification et de charité. C'est à ce moment que l’âme de Tondal va rejoindre son corps pour s'adonner à l’œuvre de la gräce.

La Vision de Tondalus a laissé des traces profancles dans toute la littérature de moyen âge. Son iconographie est des plus abondantes, car des artistes de la qualité d'un Pol de Limbourg ou d'un Jéröme Bosch y ont trouvé de fécondes sources d'inspiration. Nombreux sont également les incunables qui ont reproduit cette vision. La première édition typographique de ce livre serait celle d'Anvers « gheprent bi mi Mathijs van der goes », portant le millésime 1472.

Les bibliographes sont toutefois unanimes pour affirmer que cette édition a été antidatée par van der goes qui voulait ainsi s'attribuer la gloire d'avoir imprimé le premier livre paru dans les Pays-Bas.

Presque toutes les éditions de la Vision de Tondalus datent du 16° siècle et dès le 17°, cet ouvrage qui avait connu tant de vogue ne reparut plus au catalogue des éditeurs. Au 19° siècle il sortit de l'ombre grâce à la curiosité des philologues romantiques et dès 1837 Octave Delepierre, archiviste de la Flandre Occidentale en présenta une nouvelle version française d'après le texte la tin de Vincentius Bellavacensis, à laquelle nous empruntons les fragments publiés dans le présent cahier.

Dans plusieurs pays d'Europe les philologues se sont depuis lors occupés fort longuement des innombrables manuscrits de l’œuvre. Certains d'entre eux nous ont dotés ainsi de la présentation critique de quelques-uns d’entre-eux, notamment MM. R. Verdeyen et J. Endepols qui publièrent une version moyen-néerlandaise de la Vision de Tondalus et du Purgatoire de St. Patrice. Nous devons la plupart des données historiques réunies dans cette étude aux patientes recherches de ces deux savants.

Une étude détaillée du sujet, que nous venons d'esquisser ici et qui relève autant de l'histoire de la littérature comparée que de l'histoire de la dévotion occidentale au moyen âge, reste encore à écrire.

Marc. EEMANS.

(1) Rappelons cependant que le monde antique tout comme le monde oriental connurent ce genre et bien souvent nos visions médiévales en sont des démarcations plus ou moins conscientes.
(2) Le plus célèbre Imram connu à ce jour est celui du Voyage de Bran ou de Saint Brandan.
(3) Moine et historien anglais, né à Wearmouth (675-735).
(4) Saint Anschaire, évèque de Hambourg (801-865) .
(5) Les constantes allusions du Dante à des personnages politiques contemporains rattachent également la Divine Comédie à la tradition carolovingienne des visions politiques.
(6) Parmi les grandes femmes visionnaires citons également: Elisabeth de Schönau, Marie d'Oignies, Christine de St-Trond, Lutgarde de Tongres, Beatrice de Nazareth, Mechtild de Magdebourg, etc.
(7) L'auteur de la Vision de Tondalus, probablement un moine Irlandais du XIIe siècle, n'est connu que sous ce prénom. C'est ainsi qu'il se présente lui-même au debut de son récit.

Hermès, n° 3, mars 1937.