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samedi, 26 janvier 2019

Le djihad violent comme résultat du djihad civilisationnel

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Le djihad violent comme résultat du djihad civilisationnel

Mohamed Mokhtar Qandiel

Les mouvements islamiques modérés aussi bien qu’extrémistes pratiquent le djihad en accord avec leur vision et en accord avec les lois de la politique. En conséquence, chaque action doit provoquer une réaction. Les réactions viennent en résultat de ces pratiques. Nous pouvons dire qu’affronter le djihad violent est la partie la plus facile pour les polices des gouvernements et les autres parties concernées. Mais continuer de se concentrer sur le djihad violent impose un questionnement sur la relation entre le djihad civilisationnel et le djihad violent. Cela nous oblige à nous demander ce qu’il vaut mieux combattre en premier ? Ou faut-il combattre les deux à la fois en les plaçant sur le même plan ?

Le djihad civilisationnel comme infrastructure de l’Etat islamique

Mohammad Akram (un dirigeant palestinien, qui est probablement aussi « Mohammad Akram Adlouni », un membre du Conseil de la Choura des Frères Musulmans [Muslim Brotherhood] et l’un des plus importants dirigeants en Amérique) a publié un document intitulé  « Mémorandum explicatif sur le but stratégique général du Groupe Islamique en Amérique du Nord » le 22 mai 1991. Il était attaché à un plan de montée en puissance à long terme qui fut lancé par le Conseil de la Choura des Frères Musulmans en 1987.

Ce mémorandum commençait par poser la question suivante : « Comment aimeriez-vous voir le Mouvement Islamique en Amérique du Nord dans dix ans ? ». Les buts généraux sont :

  • Etablir un Mouvement Islamique effectif et stable dirigé par les Frères Musulmans.
  • Adopter les causes des musulmans sur le plan intérieur [= dans une nation particulière] et au niveau mondial.
  • Elargir la base musulmane pratiquante.
  • Unifier et diriger les efforts des musulmans.
  • Présenter l’Islam comme une civilisation alternative [à l’Occident].
  • Soutenir l’établissement de l’Etat Islamique mondial partout où il [l’islam] est présent.

Ce mémorandum est l’un des documents importants qui prouvent le concept de « djihad civilisationnel » ; il pourrait même être la source de ce concept. En fait, l’idée de Mohammed Akram n’est pas seulement de développer [l’islam] en Amérique ; c’est aussi l’idée de répandre ce genre de djihad dans diverses régions en établissant des branches des Frères Musulmans dans divers pays, en établissant des organisations islamiques sans avoir de contrôle effectif sur leurs activités, en établissant des mosquées dirigées par des wahhabites, en établissant et en développant des sites [= des centres] islamiques « défendant des mesures ou des vues extrêmes » qui travaillent à bâtir un caractère islamique visant à établir un Etat islamique en accord avec les idées du mouvement islamique, ou en développant des organisations caritatives qui appartiennent à des organisations islamiques extrémistes cachées.

D’une manière générale, le djihad pourrait être défini comme « chercher à établir un Etat islamique en travaillant à bâtir une communauté militante islamique, en intensifiant la défense, l’établissement et la montée en puissance du Mouvement Islamique dans les communautés où l’Etat islamique sera lancé ; il renoncera à la violence dans ses premières étapes ».

Le djihad violent comme résultat du djihad civilisationnel :

Le djihad violent est la phase finale du djihad, d’après la perspective islamique ; il est représenté comme un combat pour établir l’Etat islamique, proclamer la parole de Dieu et agir en accord avec Sa loi et ses clauses en accord avec le verset : « Et ceux qui ne jugent pas selon ce que Allah a révélé, ce sont eux qui sont les mécréants ».

La continuation du djihad violent en dépit des affrontements en cours par les organisations djihadistes dans le monde entier a plusieurs interprétations ; l’une des plus importantes interprétations est de viser à la création d’une zone où l’établissement et le développement du djihad civilisationnel peut être accompli. Ce second genre de djihad travaille à semer les germes de l’extrémisme chez ses adeptes ; l’irrigation de ces semences se fait par l’intervention de groupes djihadistes pour trouver des recrues afin que l’idéologie extrémiste se développe et que l’individu se tourne directement vers le djihad violent.

Traits généraux des deux genres de djihad :

Les deux genres ont des traits et des avantages particuliers ; d’une part, on pourrait dire du djihad violent qu’il est une confrontation directe avec les gouvernements et les communautés qui refusent le règne de la loi islamique et l’établissement d’un Etat islamique gouvernant selon la divine Charia, en décrivant l’islam comme le Sauveur de l’humanité, ainsi il sauve l’humanité de la Jahiliyyah, l’ignorance de la guidance divine, sans établir de base militante servant ces buts.

D’autre part, le djihad civilisationnel est plus rationnel, plus intelligent et plus précis pour développer des stratégies ; il sert d’infrastructure et de pierre angulaire pour la construction d’un Etat islamique basé sur l’application de la loi et recourant à l’islam tel qu’il est contre l’« ignorance » prévalant dans les communautés, en accord avec la perspective des penseurs de ces groupes et en bâtissant et en développant une base militante qui aura des valeurs et des idées pour établir un Etat islamique.

Si nous voulons apporter un éclairage sur les modèles de djihads violent et civilisationnel, nous pouvons voir un modèle vivant dans l’« Organisation de l’Etat Islamique en Irak et au Levant ». C’est un grand modèle pour le premier genre, le djihad violent. Quant au second genre, le djihad civilisationnel, le modèle le plus évident et le plus efficace est l’organisation internationale des Frères Musulmans et ses diverses branches et établissements dans le monde entier. Il y a aussi beaucoup d’autres organisations qui adoptent les deux modèles. Nous pouvons dire que l’« organisation al-Qaïda », durant les différentes étapes de son histoire, a combiné ces deux modèles, le djihad violent et le djihad civilisationnel.

Quel est le plus dangereux ?

La dangerosité du djihad violent ne peut pas être comparée à la dangerosité du djihad civilisationnel, en dépit des résultats spectaculaires et des victimes du djihad violent ; on pourrait dire que le djihad civilisationnel est le plus dangereux, mais aussi qu’il est le fondement du djihad violent puisqu’il est considéré comme une phase préparatoire d’un djihad violent victorieux.

Il est très dangereux parce que les adeptes du djihad civilisationnel œuvrent depuis le début à instiller l’idée de la nécessité d’appliquer la loi islamique et les clauses de l’islam ; ces clauses sont recouvertes d’un discours tolérant où les musulmans se présentent comme opprimés et persécutés, et devraient recevoir leurs droits dans le cadre du respect des droits humains et des conventions internationales ; ils utilisent d’autres mécanismes qui permettent de bâtir une communauté en se basant sur les attitudes du groupe islamique. Ils pourraient être transformés en une armée d’extrémistes ; nous ne voulons pas dire par là tous les autres groupes islamiques dans divers pays, mais nous voulons dire ces groupes qui adoptent des attitudes et des pensées extrémistes.

D’autre part, les chiffres montrent que les adeptes des groupes du djihad civilisationnel doublent le nombre de ceux qui appartiennent aux groupes djihadistes qui adoptent le djihad violent. Le nombre des adeptes des Frères Musulmans dans le monde entier est de cent millions d’individus d’après les statistiques de 2013, mais le nombre de ceux qui appartiennent à Daech est de 200.000 combattants, la plus grande organisation représentant le djihad violent.

Comment affronter les deux genres de djihad ?

Affronter le djihad violent est beaucoup plus facile qu’affronter le djihad civilisationnel, car ce dernier pousse les pays [non-musulmans] à tomber sous l’accusation de violation des droits humains et de persécution des musulmans, donc il fait apparaître l’Etat concerné comme violant les droits humains et comme étant hostile à l’islam et aux musulmans, ce qui accroît la probabilité d’exposition de cet Etat à des attaques venant des partisans et des sponsors du « djihad violent ».

Pour éviter la diffusion du djihad civilisationnel, les Etats concernés devraient travailler à combattre le djihad violent en participant aux opérations armées qui ciblent les bastions du djihad violent, à condition de ne pas toucher aux civils vivant dans ces lieux, tout en renforçant la surveillance pour restreindre les activités des partisans du djihad civilisationnel en amendant les lois qui gouvernent leur existence et leur travail comme les lois de naturalisation par la naissance et les matériels des sermons prononcés dans les mosquées et  servant à la formation des extrémistes, ou les lois des ONG affiliées à celles-ci [= les mosquées extrémistes] et contrôlées par celles-ci. Les pays qui courent le risque de subir le djihad violent devraient s’en remettre à des Centres de Loi Islamique [Da’wah] qui feraient connaître le [véritable] concept de loi islamique et la [bonne] manière de l’appliquer et la validité des conditions de l’époque actuelle imposées par la réalité.

Finalement, on pourrait dire que les deux sortes de djihad, le djihad violent et le djihad civilisationnel, sont basés sur l’idée d’imposer la loi islamique aux Etats [non-musulmans] et de débarrasser ces pays des vestiges de l’« ignorance » [Jahiliyyah], d’après cette vision. Ainsi, la différence est que le djihad violent cherche à subjuguer les nations par la force militaire, et que le djihad civilisationnel cherche à subjuguer les pays en développant des communautés militantes qui sont bâties sur une mauvaise compréhension de l’islam et qui souffrent d’un conflit interne, d’un état d’aliénation et d’une perte d’identité.

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