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vendredi, 27 août 2021

L’État roumain a annoncé qui est son ennemi n°1: Iurie Roșca

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L’État roumain a annoncé qui est son ennemi n°1: Iurie Roșca

 

Iurie Roşca est déclaré persona non grata sur le territoire roumain

Le 14 août 2021, le signataire de ces lignes, un ancien dignitaire de la République de Moldavie, journaliste, éditeur et militant civique avec une carrière de personnalité publique de 35 ans, a été interdit d’entrée sur le territoire roumain.Les agents de la police des frontières m’ont ainsi informé que cette interdiction m’avait été imposée, sans en expliquer les raisons.Ils ont seulement précisé que je suis couvert par le libellé passé en lettre H du document qui m’a été remis et qui s’intitule « Refus d’entrer à la frontière ». Voici la définition qui me concerne : ”C’est une personne pour qui consigne de refus d’entrée a été ordonnée”. Les éléments suivants sont inscrits sur l’en-tête : « Roumanie. Ministère de l’Intérieur. Police des frontières. Le poste frontière d’Albița ». J’ai également été informé verbalement par les officiers respectifs que cette interdiction aurait été imposée par une ordonnance d’urgence du gouvernement roumain en septembre 2020 pour une période de trois ans.  Cependant, rien n’est expressément écrit dans le texte du document respectif ni sur la date d’adoption de cette décision, ni sur la durée pour laquelle je suis persona non grata sur le territoire roumain.

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Il faut noter en particulier que dès la fin de l’épisode de mon expulsion de Roumanie, à partir du même jour du 14 août et ce pendant plusieurs jours, une gigantesque campagne de dénigrement public de ma personne a été organisée par toute la pieuvre de la presse dominante en Roumanie et en République de Moldavie. Toutes les chaînes de télévision et de radio, centrales et provinciales, des dizaines de portails d’information, des structures médiatiques telles que la BBC, Free Europe, Deutsche Welle ont déclenché une véritable guerre médiatique contre moi. Et, bien entendu, aucun mercenaire déguisé en journaliste n’a JAMAIS appelé la personne ciblée pour lui demander son avis sur ce qui s’était réellement passé. Évidemment, il s’agit d’une campagne de presse visant à me discréditer en tant que personnalité publique.

Qui aurait pu commander une telle opération de presse? Bien sûr, les mêmes cercles d’influence qui contrôlent à la fois l’État roumain et les réseaux de presse qui servent leurs intérêts occultes.Nous les appelons généralement par divers euphémismes, plus ou moins conventionnels: mondialistes, globalistes, corporatocratie, ploutocratie, banksters, etc.Nous les appelons aussi communément le Monde Occulte, les artisans du Nouvel Ordre Mondial.Ce sont ces cercles derrière le rideau de l’histoire et de la politique internationales qui ont été la cible de mes enquêtes journalistiques et de mes critiques publiques ces dernières années.

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Les causes qui auraient pu conduire aux mesures punitives contre moi, entreprises au nom de l’État roumain

A travers mes articles de presse, à travers des conférences académiques, à travers mon activité éditoriale, à travers ma présence internationale, à travers la multitude d’événements publics dans lesquels j’ai abordé des sujets géopolitiques, économiques, socio-politiques et, plus largement, civilisationnels, j’ai réussi à concentrer l’attention de la diplomatie occidentale, du réseaux Soros, de toute la pieuvre qui a vassalisé et dévasté mon pays, ainsi que les autres pays du monde.

Je suis pratiquement la seule personne publique en République de Moldavie, qui articule systématiquement un discours eurosceptique, souverainiste, anti-atlantique, favorable au nationalisme économique et surtout centré sur les valeurs du christianisme orthodoxe.Je suis un critique fervent et constant du „politiquement correct”, de la pensée unique, de la promotion du colonialisme économique et de l’agenda LGBT.Je combats l’unipolarisme américano-centré et l’hégémonie du capitalisme spéculatif, je révèle l’essence de la dictature de la ploutocratie mondiale, qui prend actuellement la dimension d’une technocratie et nous pousse vers une ère de transhumanisme et vers un goulag planétaire numérique.

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Je pense que l’interdiction d’entrer en Roumanie aurait pu également se fonder sur les événements publics que j’avais organisés à l’occasion de mes dernières visites à Bucarest. Le 24 janvier 2020, nous avions organisé la présentation du livre de l’auteur français Lucien Cerise «Neuro-pirates. Réflexions sur l’ingénierie sociale».Au cours de cet événement, nous avons annoncé notre intention de proposer de tels événements éditoriaux chaque mois, avec la présence d’auteurs occidentaux anti-système (voir le lien lors de l’événement : https://www.youtube.com/watch?v=_9VczDUUCf8). Puis le 5 mars 2020 a suivi la présentation de mon livre „L’Intérêt National comme Modus Vivendi” (voir lien : https://www.youtube.com/watch?v=hUL2WVdnj2I).

J’incline à croire que ces deux événements publics ont achevé de remplir le verre de patience des vrais maîtres de la Roumanie.

Il est à noter que depuis décembre 1989 et jusqu’à présent,je suis la seule personne d’origine roumaine à qui l’on a interdit d’entrer en Roumanie. Bien que je n’ai pas la nationalité roumaine, je suis un descendant de citoyens roumains qui l’ont perdue suite à l’invasion soviétique de la Bessarabie en 1940.Et comme je n’ai jamais mené d’activité criminelle sur le territoire de la Roumanie, ni eu aucune activité économique ni même pas enfreint le code de la route, il est clair que je suis persécuté pour mes convictions exprimées publiquement. C’est mon attitude ferme envers le Système qui a fait de moi l’ennemi public numéro un de la Roumanie. En fait, de la mafia qui contrôle cet État.

Il est bien connu qu’après la chute du communisme les pays de l’espace ex-communiste ont été envahis et colonisés par la corporatocratie occidentale. Les centres d’influence occidentaux, qui ont définitivement dé-souverainisé dans la seconde moitié du XXe siècle non seulement les pays du Tiers-Monde, mais aussi les États d’Europe occidentale, les États-Unis et le Canada, ont aussi lancé une offensive générale contre les peuples d’Europe Centrale et de l’Est, utilisant à cette fin tout l’arsenal de la guerre non-militaire.Ainsi, l’expansion du réseau des ONG et des médias a assuré la colonisation de l’esprit collectif des anciens peuples captifs de l’Empire soviétique. La  «thérapie de choc », l’instauration du régime de libre-échange, l’imposition de prêts exorbitants, la privatisation de masse et la libéralisation des prix ont assuré la colonisation économique. Le diktat des vainqueurs de la Guerre Froide a imposé le paradigme libéral comme une idéologie unique, à caractère axiomatique, qui a produit l’uniformisation et la vassalisation de tout le spectre politique dans l’espace ex-communiste.L’imposition de l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce, l’Union européenne et l’OTAN ont achevé le processus de soumission des pays ex-communistes.

Quelques précisions sur mon passé

Le signataire de ces lignes était pleinement engagé dans le mouvement anticommuniste et d’émancipation nationale à la fin du siècle dernier, étant dans le tourbillon de tous les événements qui ont précédé la chute de l’URSS et suivi cet événement géopolitique majeur.J’ai été l’un des dirigeants du premier parti anticommuniste, avec d’autres camarades j’ai créé les premiers journaux libres, j’ai dirigé pendant deux décennies le plus ancien parti anticommuniste, qui a eu la plus longue présence parlementaire continue, pendant cinq législatures, de 1990 à 2009.J’ai été quatre fois député au Parlement de la République de Moldavie, deux fois vice-président du Parlement et vice-premier ministre du pays.

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Ma pensée politique et implicitement la trajectoire de mon action politique étaient typiques des patriotes de cet espace. Entré dans la vie publique comme anticommuniste et nationaliste, je croyais naïvement que l’Occident collectif, en concurrence avec le système soviétique, serait notre allié naturel, et que le modèle occidental nous serait bénéfique. Ceci explique le fait que le rejet du paradigme communiste a nous a jeté dans le piège du paradigme libéral. Mais l’expérience acquise au fil du temps nous a montré le vrai visage de nos « bienfaiteurs » occidentaux.Ainsi, de la position de combattant contre l’empire soviétique, je me suis retrouvé dans la position de combattant contre l’empire planétaire américain.Et si jusqu’à il y a une dizaine d’années j’étais l’ennemi numéro un de Moscou, entre-temps je suis devenu l’ennemi numéro un de Washington.

J’ai eu une carrière de journaliste pendant quatre décennies. J’ai également publié toute une série de livres, dont certains sont disponibles au format PDF ici : http://iurierosca.md/carti/.Parmi les derniers volumes du soussigné figurent «La chute de l’URSS dans l’UE. Chroniques antilibérales »(2014), «Orthodoxie et nationalisme économique»(2017),”La conspiration des démons rouges. 100 ans depuis le coup d’État bolchevique. Interviews”(2017) „L’Intérêt National comme Modus Vivendi. Les Chroniques d’un dissident eurosceptique”(2020).

En tant qu’éditeur, j’ai publié ces dernières années une série de livres d’auteurs anti-système au sein de la Maison d’édition de l’Université populaire. Les auteurs que j’ai publiés représentent tous une pléiade de la nouvelle dissidence souverainiste européenne,résistante à l’hégémonie américaine. Ces auteurs sont parus exclusivement dans notre maison d’édition, aucune autre maison d’édition en République de Moldavie ou en Roumanie (le même espace linguistique) n’a publié d’auteurs de cette nouvelle vague de patriotes anti-atlantistes.Nous listons ici une série d’auteurs édités en traduction roumaine par nos soins: Hervé Juvin, Ivan Blot, Jean-Michel Vernochet, Youssef Hindi, Lucien Cerise, Valérie Bugault, Pierre-Antoine Plaquevent (tous les sept étant des auteurs français non-alignés de premier plan),Alexandre Dougine (le sociologue et géopoliticien le plus remarquable de Russie à l’heure actuelle), Ilie Badescu (le sociologue et géopoliticien le plus remarquable de Roumanie aujourd’hui).

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Je suis l’organisateur d’une initiative internationale, appelée Chisinau Forum, créée en 2017, qui a eu trois éditions et a réuni des intellectuels de premier plan de plusieurs pays du monde, pleinement engagés dans le courant de la pensée et de l’action souverainiste.En mai 2017, la réunion de Chisinau a abouti à l’adoption du document suivant :https://flux.md/stiri/le-manifeste-de-chisinau-créer-la-g....  Je reproduis ici le titre du document adopté en mai 2017: «Le Manifeste du Chisinău: Créer une grande Europe. Le brouillon géopolitique du monde multipolaire». En décembre de la même année 2017, a suivi la deuxième édition de notre forum, qui s’est déroulée sous la devise suivante : «Le capitalisme financier et ses alternatives pour le 21e siècle. Contributions à la quatrième théorie économique ». (vidéo complète: https://flux.md/stiri/video-international-conference-fina...– chisinau-15-décembre).Suit la troisième édition de septembre 2019. Les discours des participants sont disponibles sur www.flux.md. Voici mon discours d’ouverture : https://flux.md/stiri/chisinau-forum-iii-international-co....

En 2019, à l’initiative de l’avocat international Arnaud Develay, nous avons organisé une délégation de souverainistes européens, qui s’est rendue en Syrie, victime d’une guerre d’agression. Au cours de cette visite, nous avons eu toute une série de réunions publiques dans plusieurs villes de Syrie. Ce fut une expérience de solidarité intense avec le peuple syrien. J’ai fait des reportages quotidiens sur ce que j’ai vu en Syrie, que j’ai publiés sur www.flux.md (Voir ici exemple: https://flux.md/stiri/externe/foto-video-conferinta-publi...).

Je suis poursuivi depuis 2017, l’affaire est en cours, je risque jusqu’à 7 ans de prison

Le 29 février 2017, mon domicile a été perquisitionné par le parquet anticorruption. C’est alors que j’ai découvert que j’étais poursuivi dans une affaire fabriquée par l’ancien gouvernement criminel. Je suis accusé du délit de « trafic d’influence ». Je risque d’être condamné à 7 ans de prison. Ceci dans les conditions dans lesquelles j’ai critiqué sévèrement ceux qui ont usurpé le pouvoir de l’État en République de Moldavie depuis 2009 et l’ont maintenu en captivité jusqu’à il y a un an et demi.Après le changement de pouvoir, y compris le procureur général, plusieurs dizaines de personnes ont été annoncées par le parquet général comme „victimes de la persécution politique du régime Plahotniuc lors de l’usurpation du pouvoir de l’Etat”. Ceci en dépit du fait que, contrairement à moi, aucune des personnes acquittées n’avait eu d’activité publique en désaccord avec l’ancien gouvernement. La plupart d’entre eux n’ont souffert qu’en tant qu’hommes d’affaires.Mais mon cas n’a pas bénéficié du même traitement, bien que je fus un opposant irréconciliable à ce régime. L’affaire est toujours devant le tribunal, au stade de l’audience préliminaire.

2020-2021: La Grande Réinitialisation, l’usurpation du pouvoir à l’échelle mondialladictature technocratique

À partir de mars 2020, je fus le seul intellectuel de la République de Moldavie et parmi les quelques personnalités publiques de tout l’espace roumain, pleinement engagé à démasquer le projet des mondialistes d’établir le Nouvel Ordre Mondial comme une forme de dictature à l’échelle mondiale, progressant rapidement sous prétexte médical. J’ai réalisé plusieurs centaines d’enregistrements vidéo, quotidiennement, en roumain et en russe, dévoilant point par point tous les éléments de cette mascarade mondiale, dont la cible se réduit à deux priorités majeures des satanistes cachés en coulisses:

  • DEPOPULATION ou LA REDUCTION DE LA POPULATION MONDIALE DE 90-95%;
  • L’ESCLAVAGISATION DES SURVIVANTS DE CET HOLOCAUSTE PLANÉTAIRE.

Voir à cet égard : www.flux.md, iurierosca.md, altermedia.md, chaîne Telegram Iurie Roșca.

Imposition de la « p(l)andemie », les mesures liberticides et génocidaires comme le port du masque, les tests et surtout les injections forcées et répétées, les confinements, la destruction méthodique des économies du monde, la numérisation totale, la suppression de l’argent liquide,  Agenda 21 et Agenda 2030, „développement durable”, Club de Rome et ” limites de croissance”, le rapport 2010 de la Fondation Rockefeller, Bill Gates et Klaus Schwab, Organisation mondiale de la santé et GAVI, nanoparticules, 5G, cyber pandémie, urgence climatique (mythe du réchauffement climatique et armes climatiques), traces chimiques, agenda transhumanisme, puces, programmation prédictive, contrôle sur l’esprit humain, ingénierie sociale, etc., etc.Voici les sujets que j’ai abordés dans mes discours, ceux-ci s’appuyant sur une multitude de sources internationales d’une crédibilité maximale.

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Il est bien connu que mes matériaux bénéficient d’une audience importante sur les réseaux sociaux, certains d’entre eux cumulant plus de 500 000 vues et des dizaines de milliers de partages et de likes.Ma chaîne YouTube a été supprimée. Mon compte Facebook de base est actuellement bloqué pendant 30 jours.Les médias dominants, parrainés par les mondialistes, font la promotion agressive de leur agenda et entreprennent régulièrement des campagnes pour dénigrer ma personne. Le but est de me compromettre et ainsi de discréditer mon discours public.

Malheureusement, en République de Moldavie, aucun parti politique, aucune organisation non gouvernementale, aucun journaliste n’a adopté d’attitude critique envers le régime dictatorial sous prétexte de santé depuis un an et demi.Ma voix reste singulière, ce qui fait de moi une cible privilégiée de toutes les attaques des agents du pouvoir mondialiste.

Conclusion

L’acte punitif d’exécution publique au travers de l’interdiction du mon entrée en Roumanie, mes poursuites pénales pendant des années,ansi que  le lynchage médiatique sont les moyens traditionnels utilisés par les centres d’influence basés en Occident contre un adversaire dangereux pour leurs intérêts. Je suis une figure publique mal vue dans les cercles qui établissent méthodiquement actuellement l’agenda du Nouvel Ordre Mondial.Au cours de ma longue carrière de personnalité publique, je me suis déjà habitué à un état de terreur psychologique permanente.Mais malgré tout le harcèlement et la pression, je ne céderai pas et je ne renoncerai pas à dire la vérité.

Iurie Roșca,

Chisinau,

République de Moldavie,

23.08.2021

Telephone portable: +373 79 77 44 44 (Telegram, Signal, Viber)

Adresse électronique: roscaiurieppcd@gmail.com

 

L'impérialisme intersectoriel et la guerre froide "woke" 

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L'impérialisme intersectoriel et la guerre froide "woke" 

Les États-Unis et leurs alliés atlantistes se préparent à une croisade progressiste mondiale contre tous les peuples et États qui n'acceptent pas la théorie intersectionnelle des genres, le mouvement LGBTQIXYZ+ et les autres doctrines insensées de la nouvelle foi de l'Occident. Bienvenue à Cold War Woke.

Par N. S. Lyons
L'impérialisme intersectoriel et la Guerre Froide Woke [1]

Ex: http://novaresistencia.org/2021/08/04/imperialismo-interseccional-e-a-guerra-fria-woke/

La nouvelle foi se prépare à une croisade mondiale

Le 16 juillet, le secrétaire d'État Antony Blinken envoie un télégramme aux ambassades américaines du monde entier avec de nouvelles instructions. Face à ce qu'il a décrit comme une menace croissante de forces autoritaires et populistes émanant de pays du monde entier, M. Blinken a exhorté les diplomates américains à "rechercher activement des moyens de faire efficacement pression sur ces pays pour qu'ils se conforment aux normes démocratiques et respectent les droits de l'homme", et a promis que "la défense de la démocratie et des droits de l'homme partout dans le monde n'est pas en tension avec les intérêts nationaux des États-Unis ou notre sécurité nationale. Il a précisé que cela devrait être vrai même pour les alliés et partenaires des États-Unis, affirmant qu'"il n'existe aucune relation ou situation dans laquelle nous cesserons de soulever des préoccupations en matière de droits de l'homme".

Le président américain Joe Biden a explicitement caractérisé sa politique étrangère comme une "bataille entre l'utilité des démocraties au XXIe siècle et les autocraties", et a décrit le monde comme étant à un "point d'inflexion" qui déterminera à l'avenir "qui triomphe, l'autocratie ou la démocratie, car c'est ce qui est en jeu". Et s'il a désigné la Chine et la Russie comme les plus grandes menaces pour la démocratie, il a également déclaré que "dans de nombreux endroits, y compris en Europe et aux États-Unis, le progrès démocratique est attaqué."

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Ce type de rhétorique a conduit de nombreuses personnes à décrire que Biden s'oriente vers une nouvelle compétition idéologique mondiale semblable à la guerre froide, et le télégramme de Blinken semble être une étape de l'opérationnalisation de ce projet dans la politique quotidienne des Yankees.

De nombreux Américains, et notamment de nombreux conservateurs américains, ont en mémoire une grande affection pour la première guerre froide (notamment parce qu'ils l'ont gagnée). Et l'idée de promouvoir la démocratie et les droits de l'homme, notamment face aux nombreux abus autoritaires de la Chine, est désormais une passion bipartisane à Washington.

Mais ils doivent comprendre que, cette fois-ci, le "progrès démocratique" et les "droits de l'homme" auront souvent une signification très différente de celle que ces expressions avaient pendant la dernière guerre froide.

De nouveaux droits, de nouvelles normes et une nouvelle lutte mondiale

M. Blinken a réussi à indigner brièvement certains conservateurs américains lorsqu'il a publié une déclaration officielle, le 13 juillet, affirmant que l'administration Biden était "profondément dévouée à la lutte contre les injustices raciales dans le pays et à l'étranger", que "les pays ne devraient pas craindre un examen minutieux de leur bilan en matière de violations des droits de l'homme" et que les États-Unis "ont proposé une visite officielle du rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines de racisme" pour examiner de près le "racisme systémique" aux États-Unis.

Il a ajouté que: "J'applaudis également le Conseil des droits de l'homme des Nations unies qui a adopté aujourd'hui à Genève une résolution visant à lutter contre le racisme systémique à l'encontre des Africains et des personnes d'ascendance africaine dans le contexte de l'application de la loi. Je suis impatient de m'engager avec le nouveau mécanisme pour promouvoir la justice et l'équité raciales".

L'invitation de M. Blinken était en fait une réponse à la déclaration faite le 26 juin par le Haut Commissaire aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, qui faisait suite à l'achèvement d'un "rapport complet sur le racisme systémique", qui, sans surprise, a constaté que le sujet en question était bien ancré dans le monde entier, notamment dans la "surpolice des agences et des communautés noires" aux États-Unis. Dans sa déclaration, Mme Bachelet a critiqué l'Occident pour son "approche fragmentaire du démantèlement de systèmes enracinés dans des siècles de discrimination et de violence", a déclaré que "le statu quo n'est pas viable" et a appelé à une "réponse systémique de l'ensemble de la société" pour éradiquer le racisme systémique dans le monde entier et mettre en œuvre la "justice réparatrice" réclamée de toute urgence par la "mobilisation mondiale des personnes réclamant la justice raciale".

L'administration Biden n'aurait guère répondu autrement que par un soutien total et clair, bien entendu, puisque la lutte contre le spectre omniprésent du "racisme systémique" aux États-Unis est devenue un élément central de l'administration Biden.

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Et peu de responsables administratifs ont embrassé cette bataille avec autant de zèle personnel que M. Blinken, qui, dès son entrée en fonction, a non seulement installé un directeur de la diversité et de l'inclusion au département d'État (dans un nouveau poste particulièrement puissant, ne relevant que de lui-même), mais a désigné que chaque bureau du département nomme également un secrétaire général adjoint à la diversité et à l'inclusion - dans le but annoncé d'"intégrer la diversité et l'inclusion dans les activités du département d'État à tous les niveaux".

On peut supposer que cette incorporation est ce qui a déjà conduit à des innovations telles que l'encouragement des ambassades américaines à faire flotter des drapeaux Black Lives Matter dans le monde entier comme un pilier parmi d'autres d'une politique globale visant à "propager l'équité raciale dans le cadre de la défense de nos intérêts de sécurité nationale".

Le département d'État n'est pas le seul à avoir commencé à intégrer la "diversité et l'inclusion" à "tous les niveaux de service", bien sûr. Le secrétaire américain à la défense, par exemple, a ordonné au ministère de la défense d'"accroître le nombre de pays disposés à soutenir et à défendre les droits de l'homme des personnes LGBTQI+", faisant des considérations d'impact sur les droits LGBT un élément obligatoire de toutes ses (très nombreuses) décisions de passation de marchés et de financement dans le monde. Pendant ce temps, l'organisation sœur du département d'État, l'Agence américaine pour le développement international (USAID), s'est employée à sauver l'Ukraine des Russes en rendant le Donbass encore plus ridicule.

Et puisque nous parlons de ce genre de choses, la plupart des personnes mécontentes de l'invitation de Blinken aux inquisiteurs antiracistes de l'UNHRC semblent, curieusement, avoir manqué un autre développement sur un front similaire de la guerre culturelle mondiale.

Et ce malgré le fait que le département d'État souhaite vivement que vous sachiez que "le 23 juin, les États-Unis ont organisé, et 20 pays ont coparrainé, leur premier événement parallèle sur les droits humains des femmes transgenres, soulignant la violence et les obstacles structurels, juridiques et intersectionnels auxquels sont confrontées les femmes transgenres de couleur".

Donc vous avez ça. Mais un événement parallèle à quoi? En l'occurrence, la dernière section du CDH, au cours de laquelle les États-Unis ont fait des pieds et des mains pour aborder plusieurs "situations graves en matière de droits de l'homme" en contribuant à inaugurer le lancement du "Groupe d'amis du mandat de l'expert indépendant des Nations unies sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre" (GoF IE SOGI).

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En plus des États-Unis, le groupe inaugural SOGI comprend : L'Allemagne, l'Argentine, le Chili, l'Uruguay, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, le Canada, le Costa Rica, le Danemark, la Grèce, la Finlande, l'Islande, Israël, l'Irlande, l'Italie, le Liechtenstein, le Luxembourg, Malte, le Mexique, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse.

Qui est cet expert indépendant qui a tant d'amis ? Il s'agit de Victor Madrigal-Borloz, Senior Visiting Research Fellow au programme des droits de l'homme de la Harvard Law School.

Après sa formation, le premier acte du groupe a été d'examiner un rapport produit pour le CDH par M. Madrigal-Borloz, intitulé "La loi de l'inclusion".

La "loi de l'inclusion" affirme que toutes les preuves "mènent nécessairement à la conclusion que tous les êtres humains vivent dans des sociétés sexuées traversées par des hiérarchies de pouvoir" et déclare que, puisque nous voulons tous "reconstruire mieux qu'avant" (reprenant inexplicablement le slogan de campagne de Biden), "l'adoption d'analyses intersectionnelles et sexospécifiques" est une "composante fondamentale de l'accomplissement diligent de la responsabilité [de tous les pays] en matière de droits de l'homme".

Il est essentiel que l'approche intersectionnelle permette de "reconnaître que la race est sexuelle et que le genre est racial, ainsi que les nombreux autres facteurs qui influencent la manière dont les droits d'une personne sont attribués". De plus, en prime, "la théorie du genre est également pertinente en tant qu'outil pour aborder, analyser et transformer les systèmes de masculinité violente".

Heureusement, cette analyse a déjà "imprégné les politiques publiques" et de nombreux États "reconnaissent désormais son importance." En effet, parmi les plus de 500 soumissions de commentaires inspectées par l'expert pour servir de base aux conclusions du rapport, toutes les soumissions provenant d'entités étatiques et non étatiques " soulignent uniformément l'importance des cadres, de l'analyse et de la diffusion dans les médias du concept de genre en tant qu'outil pour atteindre la justice sociale par le biais des politiques publiques.

Il est vrai que certaines "autres soumissions étaient haineuses ou contenaient des discours de haine et ont été exclues ad portas", et "elles ne feront partie d'aucune publication parrainée par le titulaire du mandat", donc certaines dissidences ont pu être exclues méthodologiquement, mais que pouvait faire d'autre un Expert indépendant? La tolérance est une affaire délicate.

Enfin, sur la base de son analyse intersectionnelle, l'Expert Indépendant déclare un nouveau "devoir fondamental de l'Etat" sur la base de son enquête approfondie: "Reconnaître que tout être humain a la liberté de déterminer les limites de son existence, y compris son identité et son expression de genre".

(Je ne pense pas que vous trouverez une description plus impeccable du libéralisme tardif que celle que j'ai esquissée auparavant, caractérisée par son cheminement incessant dans la poursuite de notre libération de toutes les frontières, d'ailleurs).

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Sur la base de cette conclusion, et en appelant tous les États à "défendre les droits de l'homme liés au genre et à la sexualité en tant que droits universels et inaliénables, indivisibles, interdépendants et intimement liés à tous les autres droits", le rapport recommande que "les États donnent accès à la reconnaissance légale de l'identité de genre" et "adoptent toutes les mesures nécessaires à cette reconnaissance" :

    - Basé sur l'autodétermination du demandeur ;
    - Il s'agit d'un simple processus administratif ;
    - Non lié à des exigences abusives, telles que des certificats médicaux, une opération chirurgicale, un traitement, une stérilisation ou un divorce ;
    - Comprend la reconnaissance et l'acceptation des identités non-binaires dans toute leur diversité et spécificité ;
    - Veiller à ce que les mineurs aient accès à la reconnaissance de leur identité de genre.

(Ce qui revient à dire, pour être clair, que les enfants de tout âge devraient avoir le droit humain de changer entièrement de sexe par auto-identification).

Les États-Unis et le reste du groupe SOGI ont immédiatement publié une déclaration soutenant et approuvant pleinement le rapport, notant qu'ils "aimeraient réaffirmer" que: "Comme le démontre clairement l'analyse approfondie fournie par le rapport, le genre est une construction sociale" ; que l'analyse intersectionnelle "s'est avérée fondamentale pour la conception et la mise en œuvre de politiques publiques inclusives" ; qu'ils soutiennent "l'importance de promouvoir la reconnaissance juridique du genre sur la base de l'auto-identification" ; et qu'ils "s'opposent à toute tentative de supprimer le genre des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme et des processus législatifs".

J'espère que vous pourrez retenir au moins une leçon de toute cette salade faite de jargon intersectionnel sur la race et le genre: que le langage et les concepts doctrinaux idéologiques distinctifs de la Nouvelle Foi se sont déjà étendus bien au-delà de la cour de Harvard, ont traversé les océans et se sont maintenant, comme le dit le rapport, "infiltrés" profondément dans le monde par le biais d'institutions mondiales dirigées par l'élite financière, comme le Conseil des droits de l'homme des Nations unies.

Les conservateurs en particulier sont typiquement dédaigneux de l'ONU en général, et du CDH en particulier (le président Trump a officiellement retiré les États-Unis du conseil en 2018, et après cela Biden l'a réintégré en tant qu'observateur), car ils le considèrent comme une scène de discussion inutile qui passe la plupart de son temps à critiquer les États-Unis et ses alliés, bien qu'avec peu d'effet pratique. C'est une erreur.

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Ce qui se passe ici, c'est la création et la consolidation permanentes de nouvelles normes qui cherchent à redéfinir ce qui est considéré comme la limite normale et acceptable des pratiques juridiques, politiques et culturelles des pays du monde entier. Le CDH n'a peut-être pas de pouvoir politique direct, mais c'est précisément l'ignorance ou le mépris flagrant du pouvoir de transformation à long terme des normes qui a conduit les conservateurs à perdre toutes les batailles culturelles auxquelles ils ont été confrontés jusqu'à présent. Pour une raison quelconque, les conservateurs - et maintenant les libéraux - ont toujours été pris par surprise par des normes apparaissant juste en dessous d'eux (progressivement, puis soudainement), même lorsqu'ils occupaient des positions élevées de pouvoir politique.

Entre-temps, sous l'administration Biden, Washington a adopté ce type de mécanisme de fixation de normes pour reconstruire le monde à sa nouvelle image idéologiquement renforcée.

Impérialisme intersectoriel

Néanmoins, tous les pays n'ont pas atteint un niveau complet de "sagesse" en ce qui concerne le prétendu droit absolu de chacun à pouvoir s'identifier comme étant de n'importe quel sexe ou même en ce qui concerne la prétendue nécessité d'une "transformation de toute la société" afin de surmonter les hiérarchies d'oppression.

L'expert international M. Madrigal-Borloz a également remarqué ce problème, et c'est pourquoi il produit, avec le groupe SOGI, un rapport complémentaire à "The Law of Inclusion", cette fois sous le titre "Exclusionary Practices".

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Ce document, qui doit encore être publié, "analysera la résistance à l'utilisation de la théorie du genre et les risques que cela engendre", notamment "l'interprétation progressive des critères relatifs aux droits de l'homme". Les exemples de cette "résistance" que le rapport va "déconstruire et confronter" comprennent, sans s'y limiter, les éléments suivants: Le récit d'un ordre "naturel" fondé sur le déterminisme biologique et l'idée connexe selon laquelle "la reconnaissance légale de l'identité de genre des enfants est censée menacer leur bien-être"; "les récits qui vont à l'encontre des approches car fondées sur les droits de supposées normes culturelles et religieuses" ; et la façon dont "le récit des valeurs traditionnelles est utilisé pour justifier la discrimination" ou même "qui cherchent à éliminer le cadre de genre des instruments et processus du droit international des droits de l'homme, [ou] des documents politiques et législatifs nationaux".

Probablement dans tout autre contexte, lorsqu'une ou plusieurs puissances extérieures tentent de "déconstruire" et de remplacer les "valeurs traditionnelles" et les normes "culturelles et religieuses" d'un autre peuple contre sa volonté, on parlerait à juste titre d'"impérialisme" (ou, parfois pire, de "génocide").

Néanmoins, le rapport sur les "pratiques d'exclusion" devrait être publié lors de la prochaine réunion de l'Assemblée générale des Nations unies à New York en septembre, et sera sans aucun doute approuvé par les États-Unis, le Royaume-Uni et d'autres membres progressistes du groupe SOGI - même si bon nombre de ces mêmes pays ressentent encore une forte résistance intérieure à toutes ces idées.

Que signifie tout cela, alors? En bref, que les batailles idéologiques de la guerre froide 2.0 ne se limiteront pas à des catégories similaires à celles qui semblaient (du moins dans un sens général) avoir caractérisé la première guerre froide. Ils ne tiendront même pas nécessairement compte des concepts classiques de "démocratie libérale" et d'"autoritarisme" ou d'"autocratie" qui nous sont familiers.

Au contraire. Il faut bien comprendre que l'administration Biden et ses partenaires de même sensibilité opèrent désormais selon un calcul idéologique très différent lorsqu'il s'agit de déterminer ce que doivent signifier la "démocratie" et les "droits de l'homme", même si ce calcul entremêle directement les ennemis idéologiques nationaux et internationaux, comme c'était le cas lors de la première guerre froide.

Dans cette vision du monde, pour qu'un État démocratique soit une "démocratie" légitime, il ne suffit pas qu'il dispose d'un gouvernement élu par le peuple à l'issue d'élections libres et équitables. Il doit également défendre les "bonnes" valeurs progressistes. C'est-à-dire qu'il doit être "réveillé". Sinon, selon les libéraux, cet État n'est pas une véritable démocratie, mais quelque chose d'autre. Le terme "populisme" est ici très utile: même si un État n'est pas encore autoritaire ou "autocratique" au sens traditionnel, il peut être sous l'emprise du "populisme", un concept mal défini et suffisamment vague pour englober le large éventail de sentiments et de tendances réactionnaires qui peuvent caractériser une "résistance" au progrès, fondée sur des "valeurs traditionnelles", etc. Et enfin, ils essaient de nous convaincre que le "populisme" est susceptible de mener à l'autocratie. Après tout, dans la vision post-libérale, si vous ne progressez pas vers la démocratie, vous reculez, sur le spectre binaire, vers l'autocratie.

De plus, tout comme dans la lutte entre le capitalisme-libéralisme et le communisme-autoritarisme pendant la première guerre froide, les "forces traîtresses" du populisme-autocratie sont présentes non seulement dans le "tiers-monde" indécis, mais rampent même à l'intérieur des véritables démocraties libérales - menaçant constamment de les faire basculer, comme des dominos, dans le camp opposé. C'est de là que viennent les avertissements publiés par Biden, comme celui qui affirme que "dans de nombreux endroits, y compris en Europe et aux États-Unis, le progrès démocratique est attaqué". Dans cette vision du monde, la lutte contre les soi-disant "forces du populisme-autocratie" au sein même des États-Unis ou de l'Europe n'est en rien séparée de la lutte contre la Chine, la Russie et les autres puissances internationales. Au contraire, les deux font partie de la même lutte.

Cela se reflète dans la similitude avec laquelle Biden (à titre d'exemple, il n'est guère le seul) se réfère à ses adversaires politiques nationaux. À titre d'exemple, il a récemment critiqué les nouvelles lois électorales de certains États américains en ces termes: "Nous devons nous demander si vous êtes du côté de la vérité ou du mensonge, des faits ou de la fiction, de la justice ou de l'injustice, de la démocratie ou de l'autocratie. C'est le nœud du problème."

Et, pour exacerber encore ce sentiment de peur et de division, il y a le fait que dans la vision du monde des libéraux 2.0, une démocratie ne peut pas simplement défendre certaines des "bonnes" valeurs. Non, il doit respecter toutes les valeurs jugées correctes par le nerd à l'esprit unique. Après tout, c'est la principale conclusion de l'"analyse intersectionnelle": toutes les injustices sont interconnectées, formant des systèmes d'oppression imbriqués les uns dans les autres. Ainsi, permettre à l'"injustice" d'exister n'importe où dans le monde signifie menacer la "justice" dans le monde entier.

L'intersectionnalité exige donc une libération totale de l'individu: il ne peut y avoir de pluralisme. Aucun peuple, aucun État, aucune culture, aucune société ne peut être laissé libre de décider ce qui est le mieux pour lui-même, car aucune "injustice", à quelque niveau que ce soit et où que ce soit, ne peut être autorisée à exister, car cela risquerait de polluer et de menacer l'ensemble du système.

La conclusion est inéluctable: la nouvelle foi doit être une foi missionnaire et évangélique. Par sa propre logique interne, par sa propre survie, elle doit marcher en avant pour convertir les peuples "infidèles" "non civilisés", et en même temps traquer les "hérétiques" chez elle.

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Les résultats d'un réveil de la guerre froide

Laissez-moi faire une petite prédiction: ce sera un désastre pour l'Occident.

Il existe encore de nombreux pays (en fait, la grande majorité des pays) qui croient que la théorie intersectionnelle du genre et les autres fruits de la nouvelle foi progressiste sont en fait de la pure folie. Ils sont également très attachés à leurs propres cultures et traditions.

Ainsi, même si vous êtes un fervent partisan des droits des LGBT, du féminisme ou d'autres idées progressistes, il convient de réfléchir aux conséquences pratiques de cet impérialisme intersectionnel. Si l'Occident veut faire de la conformité idéologique une condition absolue pour que l'on se rallie à son bloc démocratique, pour recevoir son aide ou même pour travailler en étroite collaboration avec lui (ce à quoi Blinken a fait allusion), alors la chose la plus probable à faire est que ces pays tombent dans les bras de la Chine et d'autres États "autoritaires" mais non missionnaires.

Pensez, par exemple, à l'Indonésie. C'est l'une des plus grandes démocraties du monde (avec un d minuscule) et aussi l'un des plus grands marchés émergents. Il se trouve également qu'il est géographiquement situé dans une position stratégique cruciale pour déterminer qui aura le contrôle de la mer de Chine méridionale contestée et du détroit crucial de Malacca. Malgré sa longue tradition de neutralité en matière de politique étrangère, elle est peut-être actuellement l'État le plus à même de modifier l'équilibre de la concurrence entre les États-Unis et la Chine pour emporter l'influence prépondérante dans la région indo-pacifique, et les deux pays le savent. L'Indonésie est également une nation pieusement islamique, et il est très peu probable qu'elle accepte la prédication intersectionnelle de la loi sur l'inclusion. Et elle n'est pas la seule à le faire.

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Il est ironique de penser qu'il n'y a pas si longtemps, l'Occident s'arrogeait des titres pompeux comme "bastion de la liberté" et répétait ad nauseum des idées comme la liberté d'expression, la liberté de pensée et la souveraineté démocratique dans ses discours de propagande. Aujourd'hui, l'Union européenne s'apprête à ajouter le "discours de haine" à la liste officielle des crimes réprimés par l'UE, tweeter des pensées "critiques à l'égard de la théorie du genre" est déjà un délit passible de prison au Royaume-Uni, et les États-Unis exposent leurs plans pour "éclairer" le monde sur les dangers des "microagressions oppressives".

Les croisés de la nouvelle foi progressiste sont prêts à marcher au combat contre les autocrates et leurs alliés populistes, et vous êtes soit avec eux, soit contre eux. Bienvenue à Cold War Woke.

Notes:

[1] Woke est un terme anglais dérivé du verbe "to wake", qui signifie "se réveiller". Woke serait une personne "réveillée" ou "excitée". Il est utilisé aujourd'hui par les mouvements progressistes comme BLM, le mouvement LGBTQI+, etc. pour désigner les personnes censées avoir une conscience sociale ou être sensibilisées aux problèmes des minorités."

L'immigration comme stimulus keynésien

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L'immigration comme stimulus keynésien

Ex: https://fnordspotting.blogspot.com/

Les défenseurs de l'immigration se présentent sous de nombreuses formes, différentes les unes des autres. Certains d'entre eux sont des jacobins fanatiques, remplis de l'illusion que les humains fonctionnent comme des ordinateurs, d'autres sont des narcissiques intoxiqués par l'idée de générosité (pratiquée avec l'argent des autres), d'autres encore sont de véritables réceptacles de forces démoniaques, etc. Une catégorie entièrement différente - à la fois remarquablement négligée et très puissante - de défenseurs de l'immigration est cependant constituée par les capitalistes de connivence qui, dans une économie managériale stagnante et post-industrielle, en sont venus à dominer de plus en plus le monde des affaires. Pour eux, les conséquences de l'immigration sur la communauté locale, la nation, les écoles, la culture, la cohésion, les institutions, l'avenir et le sort de leurs propres lignées familiales ne signifient rien, puisque la seule conséquence qu'ils ont en tête est la pluie de recettes fiscales que cette même immigration déclenche.

Aux yeux des entrepreneurs peu scrupuleux, l'immigration est avant tout un stimulus keynésien. Afin de payer l'immigration, les gouvernements empruntent de l'argent sur le compte de l'avenir, afin de pouvoir le dépenser aujourd'hui. L'affectation exacte de cet argent volé à l'avenir n'a, à bien des égards, aucune importance du point de vue du capitalisme de connivence. Ces entrepreneurs sans scrupules seraient tout aussi heureux si l'argent était dépensé dans des projets agricoles lyssenkistes, dans la théorie appliquée du phlogiston ou même dans la pyromanie institutionnelle, puisque leur seule exigence est que des sommes importantes soient dépensées, et que l'objectif soit de détruire le capital afin que la deuxième loi de la thermodynamique joue en leur faveur; car créer de la valeur exige de l'intelligence et des efforts, mais démolir ce que d'autres ont construit peut être fait par n'importe quel idiot.

Dans ce contexte, un flux gigantesque et incessant d'immigrants leur va comme un gant. Du point de vue des entreprises, l'immigration génère des bénéfices (ou du moins ce qui peut être enregistré comme des bénéfices) à pratiquement tous les niveaux. Les commerçants obtiennent plus de clients, les entreprises de construction sont chargées de construire de nouvelles maisons et des écoles, des dizaines d'entreprises de services sont embauchées, les propriétaires de logements d'asile se font de l'or en barres, la quantité d'argent circulant dans le système bancaire augmente, des industries entièrement nouvelles apparaissent, etc.

liquidity.jpgRien de tout cela, cependant, n'est le fait de personnes dépensant volontairement l'argent qu'elles ont gagné en travaillant sur les produits de ces entreprises, mais tout est payé par de l'argent détourné par la contrainte de l'État aux dépens d'activités socialement importantes et/ou créatrices de valeur. L'immigration ne crée donc rien de valable, mais signifie au contraire que les fonds qui auraient dû être consacrés à des investissements dans l'avenir sont, premièrement, dépensés dans le présent, deuxièmement, utilisés d'une manière dont aucune personne honnête ne profitera et, troisièmement, dépensés dans des activités aux externalités négatives gigantesques. Les entrepreneurs qui opèrent dans le cadre de la vague d'immigration gagneront certainement beaucoup d'argent, mais pas en fournissant au marché un produit que les consommateurs ou les électeurs demandent, mais en remplissant les comptes bancaires de ces entrepreneurs avec l'argent des contribuables par ceux qui sont au pouvoir et qui ont tout sauf le bien public à l'esprit, en échange de leur travail de sape de la civilisation occidentale. Le fait que ces entrepreneurs soient constamment récompensés par des prix industriels et présentés comme de bons entrepreneurs™ devant un public ayant une connaissance très limitée de la théorie économique n'y change rien.

Le fait que les associations d'entreprises consacrent aujourd'hui tant d'énergie à chanter les louanges de l'immigration en est une conséquence directe. Les entrepreneurs ne sont pas stupides; au contraire, ils se rendent compte qu'en se lançant dans l'industrie de l'immigration, ils peuvent gagner beaucoup plus en peu de temps alors qu'il faudrait à l'innovateur diligent et créateur de valeur des années de dur labeur pour réunir la même quantité d'argent.

Il ne faut pas non plus s'étonner que les mêmes réseaux commerciaux aient pris le pouvoir sur l'ancienne Union des paysans suédoise et l'aient transformée en un parti politique qui promeut de manière très agressive les intérêts des néo-capitalistes; au contraire, étant donné les sommes d'argent que rapporte la folie de l'immigration, ce serait presque un acte de mauvaise conduite de leur part de ne pas s'engager politiquement dans la poursuite de l'immigration de masse. Le Parti du Centre est aujourd'hui, en Suède, un parti qui se bat bec et ongles pour une augmentation de l'immigration pour la simple raison que l'immigration représente les intérêts des capitalistes de connivence qui sont à la base de la subsistance du parti. Si le racket monétaire de la politique d'immigration devait prendre fin, ces entrepreneurs seraient contraints de choisir entre mettre la clé sous le paillasson et commencer à gagner leur argent par un travail honnête et utile. Il n'est pas nécessaire d'expliquer pourquoi aucune de ces options ne semble attrayante par rapport à l'existence de rêve dont jouit aujourd'hui le capitaliste.

Cependant, quelqu'un doit payer pour cela, et ce quelqu'un est le contribuable, ou plus précisément, les contribuables qui, contrairement aux "beaux capitalistes", produisent réellement quelque chose qui a de la valeur. Ces contribuables sont donc, par définition, dans une position antagoniste par rapport aux beaux capitalistes, et à la lumière de cela, nous trouvons également pourquoi l'immigration de masse est, après tout, différente, sur un point crucial, des investissements agricoles lyssenkistes, de la théorie du phlogiston appliquée et de la pyromanie institutionnelle. En effet, se présenter comme un lyssenkiste, un phlogiston ou un pyromane très bien payé serait un exercice pédagogique qui dépasserait facilement le démagogue le plus endurci, mais lorsque la destruction du capital qui aboutit aux profits gigantesques des néocapitalistes consiste plutôt en une immigration, l'activité peut être qualifiée d'altruiste, et c'est aussi précisément dans ce contexte que le concept de racisme tel que nous le connaissons doit être compris.

En effet, le concept de racisme n'a pas seulement permis aux capitalistes paresseux et totalement dépourvus de scrupules de se présenter comme de bons altruistes, mais il leur permet également de présenter les membres productifs de la société qu'ils dépouillent systématiquement de leur argent sans le moindre remords comme des égoïstes impitoyables. Pour le capitaliste, le concept de racisme est une aubaine, grâce à laquelle le pilleur peut être dépeint comme un saint et la victime comme un méchant. Que le monde des affaires et ses associations professionnelles s'engagent de manière agressive dans la guerre culturelle et traquent les "racistes" par tous les moyens est donc parfaitement naturel, du moins après avoir pris conscience de l'absence totale de principes de ces organisations.

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Sur les mensonges et la post-vérité

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Sur les mensonges et la post-vérité

Par Alberto Buela*

Ex: https://nomos.com.ar/2020/04/24/sobre-la-mentira-y-la-posverdad/

unnaAKMmed.jpgOn constate que relativement peu de penseurs ont traité spécifiquement du sujet du mensonge. L'explication réside dans le fait que les philosophes ont ouvertement traité de son contraire: la vérité. Néanmoins, nous trouvons quelques auteurs significatifs qui ont étudié le mensonge: Saint Augustin dans deux petits livres: De mendacio (395 après J.-C.) et Contra mendacium (420 après J.-C.); Friedrich Nietzsche dans Sobre la verdad y la mentira en sentido extramoral (Über Wahrheit und Lüge im aussermoralischen Sinne), de 1873; et Alexandre Koyré dans Réflexions sur le mensonge. En outre, entre Saint Augustin et Nietzsche, il y a quatorze siècles pendant lesquels le sujet est traité par les grandes Summae theologicae, qui donnent aussi un certain traitement, collatéral au sujet de la vérité.

La première approche philosophique de tout sujet est étymologique. "Mentir" vient du latin mendacium, qui dérive du verbe mentior/ri (= "mentir"), lui-même issu de l'indo-européen "men" (= "esprit"). Le concept de mensonge est donc lié, tout d'abord, à celui d'esprit, comme nous pouvons le constater dans cette première approche philologique. A partir de là, nous pouvons tenter une première définition en disant que le mensonge consiste à dire quelque chose de contraire à ce que l'on pense ou à manigancer une tromperie par le truchement de son esprit. Et c'est là que se pose le premier problème, à savoir que la catégorie de la tromperie a une plus grande extension que celle du mensonge, puisqu'elle implique la dissimulation, la posture, le mensonge, l'insincérité, la prétention, la dissimulation, l'hypocrisie, le pharisaïsme, la simulation, la cajolerie, la fraude, la tromperie, la fausseté, la duplicité. L'intention délibérée d'affirmer ou de nier quelque chose de contraire à ce que l'on pense vraiment implique quelque chose qui n'est pas vrai, qui n'est pas réel. C'est une invention de l'esprit qui, par conséquent, n'a pas d'existence réelle. Les anciens philosophes scolastiques diraient que c'est un "être de raison", ce qui est dans notre esprit et qui s'oppose à l'existant, comme un cercle carré ou le néant absolu. Le mensonge est pensé par l'esprit comme "être", mais il n'a en lui-même aucune entité réelle, mais son être est seulement dans le fait d'être pensé. C'est-à-dire qu'il n'a d'être objectif que dans l'entendement (= quod habet esse objectivum tantum in intellectus).

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De l'homme qui ment, à son tour, nous trouvons deux formes fondamentales de mensonge : a) lorsqu'un mensonge est expressément énoncé avec l'intention de tromper, et b) lorsqu'une information est dissimulée. Dans la dissimulation, ou "tuer en se taisant", pour parler en créole, l'information est retenue et la vérité n'est pas dite par omission. Dans le cas du mensonge express, une étape supplémentaire est franchie, car les fausses informations sont présentées comme si elles étaient vraies.

Il existe deux positions très claires sur le mensonge en général: ceux qui le condamnent sous toutes ses formes, purement et simplement (Saint Augustin, Kant, les philosophes analytiques d'aujourd'hui), et ceux qui sont tolérants à l'égard de certaines des formes mentionnées (Platon, Machiavel, Nietzsche).

Platon est le premier à traiter de la justification d'un certain type de mensonge, bien qu'il le condamnait auparavant. Ce qui est le plus intéressant à noter, c'est qu'il condamne le mensonge non seulement parce qu'il est haï par les dieux et les hommes, mais "parce qu'il produit l'ignorance dans l'âme de celui qui est trompé". En d'autres termes, le mensonge doit être combattu non pas tant pour le mal qu'il fait à soi-même que pour le mal qu'il fait aux autres. Immédiatement après, il se demande quand et pour qui le mensonge peut être utile et non détestable. Et il répond, aussi bien pour tromper ses ennemis que pour aider ses amis, quand par un mensonge on peut les empêcher de faire le mal. Ce dernier est le mensonge que l'on donne par tolérance, afin d'éviter un mal plus grand. En un mot, chez Platon, le mensonge lui-même est carrément condamné ou rejeté, mais il est évalué positivement ou négativement selon l'effet qu'il produit.

De plus, le mensonge, comme le mal, peut être réalisé de plusieurs façons, alors que la vérité, comme le bien, ne peut être réalisée que d'une seule façon. Verbigracia, par exemple, un rôti créole peut être très bien cuit, cru, étuvé, grillé, mais il n'est bien cuit que lorsqu'il est "juste à point". Et c'est pourquoi les types et les classifications de mensonges sont presque infinis. Saint Augustin leur donnait déjà une gradation selon qu'ils sont plus ou moins graves.

Considération actuelle

Aujourd'hui, le mensonge est partout et dans toutes les activités, mais s'il y en a une qui se distingue, c'est bien l'activité politique et financière à grande échelle. Le journalisme, qui devrait être le lieu de la vérité comme l'enseignent toutes les écoles de la profession, est devenu le canal naturel du mensonge, et les journalistes sont devenus des "analphabètes loquaces" en ne reflétant que ce qui apparaît et en n'examinant pas de manière critique les raisons de cette apparition. L'Internet n'inverse pas la tendance, puisqu'il dispose de multiples agences de diffamation politique et morale, comme Indymedia [et aujourd'hui Twitter]. L'homme (homme ou femme) du peuple a été réduit à un sujet de manipulation médiatique. Quant à ceux qui lisent un peu, ceux qui sont moyennement éduqués, ils ne peuvent échapper à l'emprise du politiquement correct qui, d'une part, leur offre une vision et une version uniformes de la réalité et, d'autre part, les effraie avec le sophisme de la reductio ad hitlerum s'ils pensent différemment. Et même le Pape n'est pas épargné par la pression internationale de ce mensonge. Nous en avons la preuve tous les jours. Après en avoir fini avec cette propédeutique, passons au sujet qui nous occupe: la post-vérité.

La post-vérité est une nouveauté philosophique inaugurée par les Anglais il y a quelques années avec Jayson Harbin en 2015, où l'on soutient que ce qui est intéressant n'est pas la réalité, mais ce qui est dit de la réalité. Cette position a donné lieu à différents "récits" sur la réalité, en laissant de côté ce qu'elle nous dit d'elle-même. Il s'agit essentiellement des récits politiques et culturels qui prétendent aller au-delà des anciennes idéologies, mais qui finissent par être une fraude. Les partisans de cette nouvelle théorie ont abandonné l'idée de la vérité comme adaequatio intellectus et rei et l'ont remplacée par adaequatio rei ad intellectum. C'est-à-dire que l'adéquation entre l'intellect et la réalité a été remplacée par l'adéquation de la réalité à ce que l'intellect dit d'elle, comme l'ont postulé les idéalistes et les illuministes du 18ème siècle. Ainsi, si nous allons mal dans ces démocraties post-modernes où personne ne s'occupe de nous et où nous sommes tués comme des chiens dans la rue, les partisans de la post-vérité nous disent: l'insécurité n'est qu'une sensation.

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En outre, la post-vérité ne parle jamais d'elle-même. Un bon professeur espagnol, Miguel Navarro Crego, fatigué de donner des explications sur le sujet, déclare: "la post-vérité est le déguisement le plus récent et le plus carnavalesque de ce que l'on a toujours connu sous le nom de tromperie, fraude et mensonge".

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À mon avis, l'idée de post-vérité remonte également à une autre occurrence anglaise: les énoncés performatifs d'Austin dans son livre How to do things with words (1962). Pour lui, le langage ne se contente pas de décrire des faits, mais peut réaliser certains faits en les exprimant. Lorsque nous disons "je promets", puisque nous ne savons pas si cela sera vrai ou faux, nous faisons une promesse. Ou lorsque le prêtre dit "Je te baptise", cela produit le fait du baptême. Cette fonction du langage que les Anglais appellent performative, nos professeurs de base qui imitent toujours, mais qui comme un miroir opaque imitent mal, l'ont traduit par "performative" au lieu de "realizative" en bon espagnol, ce qui rend cette théorie plus compréhensible.

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La conséquence politico-logique la plus importante de ces dernières années liée à l'idée de post-vérité est celle soutenue par un Argentin d'origine portugaise, Ernesto Laclau, qui dans son livre La razón populista (2005), compte tenu du fait que le marxisme a perdu le soutien du peuple, affirme que le peuple, les majorités populaires, doivent être remplacées par différents peuples ou collectifs ou différentes minorités, qui sont les véritables destinataires des gouvernements démocratiques. Ces derniers phénomènes sont une création intellectuelle (en Argentine, les Indiens réapparaissent, au Chili, une "république" mapuche, des genres différents au-delà du masculin et du féminin, etc.) Ces nouvelles oppositions dialectiques, gays contre hétérosexuels; Indiens contre Blancs; avorteurs contre pro-vie, etc., viennent remplacer [ou "s'articuler avec"] la dialectique marxiste épuisée entre bourgeois et prolétaires. Bien sûr, cela ne porte pas atteinte aux conditions actuelles de production, mais les consolide plutôt. L'impérialisme international de l'argent sautille sur une seule jambe. À cet égard, José Javier Esparza, peut-être la tête la plus pénétrante de l'Espagne d'aujourd'hui, observe: "Donner politiquement une identité unique à cette diversité d'antagonismes. Pour ainsi dire, le discours politique n'est plus la conséquence d'une réalité sociale objective qu'il tente, avec plus ou moins de succès, de décrire; au contraire, le discours est désormais le créateur de la réalité. En l'occurrence, le discours politique crée, constitue, invente un peuple".

La diffusion de cette théorie de la post-vérité a été largement favorisée par l'anthropologie culturelle américaine, lorsque la théorie du melting-pot n'a pas réussi à intégrer les Noirs dans un projet unitaire de la nation américaine et a créé le multiculturalisme. Cette théorie a mis les peuples hispano-américains en déroute et, si nous avons fait quelque chose de bien dans ce monde, c'est de produire une extraordinaire symbiose entre Indiens et Espagnols, ce qui a donné naissance au créole américain qui, comme le disait Bolívar, n'est ni tellement espagnol ni tellement indien.

On voit ainsi comment la théorie de la post-vérité finit par justifier dans le domaine politique l'exploitation de l'homme par l'homme, dans le domaine culturel le refus de l'intégration, et dans le domaine philosophique elle finit par soutenir que rien n'est vrai ou faux.

Le moment du triomphe de la post-vérité est celui où le préjugé ou l'idée préconçue s'installe dans la conscience du sujet post-moderne. Ce qui l'oblige à écouter et à lire, à voir et à écrire, à ne recevoir que ce qui coïncide avec lui et à rejeter "l'autre et l'autre". Cela se voit lorsque l'on sélectionne uniquement ce qui nous convient et que l'on n'accepte pas la réalité, c'est-à-dire les nouvelles qui ne nous satisfont pas, en changeant de chaîne. La post-vérité divertit l'homme dans de fausses disputes, le chargeant de fake news, et lui faisant croire que, tel un petit dieu, il peut créer par son logos, sa parole.

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Mais en réalité, seul Dieu peut créer: "au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu" (en arche en ho logos kai ho logos en pros ton Theon). La fonction de l'homme est d'accompagner la création. Le monde est un cosmos, quelque chose de beau, c'est pourquoi il résonne encore en nous dans le terme "cosmétique" - l'art de l'embellissement. Et si nous l'accompagnons, voire la transformons, sans que cela se voie beaucoup, nous nous embellissons (Stefan George). Et si nous nous embellissons par notre action, nous nous rendons, sans nous en rendre compte, plus beaux. Et ainsi, nous arriverions à nouveau à l'idéal grec de la kalokagatia, l'union du beau et du bon comme perfection.

Quel est alors le mécanisme au niveau de l'action humaine pour se libérer de la formidable oppression du mensonge contemporain? La persévérance dans l'unité de ce qui est dit et de ce qui est fait. Dans l'affirmation toujours de ce qui est, de la vérité. Et dans le choix et la réalisation de ce qui perfectionne, de ce qui est bon. Nous savons que la vie quotidienne peint du gris sur du gris, et qu'il n'y a pas toujours et pas en toutes circonstances des disjonctions de ce genre, mais nous savons aussi que, pour exister véritablement, nous devons retrouver quelque chose d'aussi oublié que les aspects transcendantaux de l'être: unum, verum, bonum, avec tout ce que cela implique. Je m'arrête ici, car comme vous pouvez le constater, nous avons atteint le cœur de la métaphysique et il n'est pas approprié d'en parler ici et maintenant.

*Alberto Buela (1946-), diplômé en philosophie de l'Université de Buenos Aires, a complété sa formation par un doctorat en 1984 à Paris IV-Sorbonne, sous la direction de Pierre Aubenque. Pratiquant la phénoménologie existentielle, il a travaillé sur quatre thèmes spécifiques : le sens de l'Amérique, la métapolitique, la théorie de la dissidence et l'éthique de la vertu. Il a écrit plus de trente livres, quelque deux cents articles universitaires et autant de conférences.