Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 08 juin 2024

À propos de ces listes dissidentes (ou pas…)

6b72f834ef619f71206206bd85a17653.jpg

À propos de ces listes dissidentes (ou pas…)

par Georges FELTIN-TRACOL

La précédente chronique n°117 s’intéressait à la plupart des trente-sept listes présentes pour l’élection européenne du 9 juin prochain (cf.:http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/06/02/france-profusion-de-listes-pour-les-europeennes-2024.html ). Depuis se retrouve en lice une trente-huitième liste. En effet, le 23 mai dernier, le Conseil d’État validait « Liberté démocratique française » animée par Patrice Grudé.

Liberte-democratique-francaise-Patrice-Grude-1024x341.png

Les commentateurs politiques rangent cette nouvelle liste qui prône la démocratie directe parmi les héritiers des Gilets jaunes. L’intention est sympathique, mais sans démopédie effective et à l’heure des réseaux sociaux omniprésents qui phagocytent le temps de lecture devant un imprimé et de l’analphabétisme scolaire des jeunes générations, cet objectif louable se révèle irréaliste et même contre-productif. Il faut balayer l’image idyllique de la Suisse référendaire. Bien des votations marquées par une abstention élevée entérinent en Helvétie le politiquement correct.

Spot pub campagne France Libre diffusé sur Francetv 0-12 screenshot.png

La liste de Patrice Grudé peut concurrencer « France libre » conduite par le chanteur Francis Lalanne avec l’humoriste Dieudonné à la troisième place. Tous deux souhaitaient faire des spectacles communs dans les salles Zénith de France. Le Régime a empêché cette représentation festive. Il a en revanche réussi à les réunir sur la même liste. « France libre » met en transe les journalistes de BFM TV quand les deux artistes se filment dans une cellule et que Dieudonné qualifie l’Europe de « fosse à merde ». En 2019, Francis Lalanne dirigeait déjà « Alliance jaune » qui se revendiquait des Gilets jaunes. Elle ne récolta que 121.209 suffrages, soit 0,54 %. Le parcours politique du chanteur vedette des années 1980 est sinueux. Longtemps proche de l’écolo-centriste Jean-Marc Governatori, Francis Lalanne a défendu en 2015 les immigrés clandestins sans-papiers. En 2022, excédé par la propagande cocotralalavidienne, il apporte sa voix à Marine Le Pen. Il sera intéressant d’observer le résultat de cette liste et de le comparer avec l’audience moyenne sur Internet de ces deux protagonistes.

Les souverainistes se présentent à ces élections en ordre dispersé. Une fois encore, l’Union populaire républicaine (UPR) de François Asselineau a déposé une nouvelle liste en faveur du Frexit. Il y a cinq ans, il obtenait 1,17 %. Mais peut-on se fier à un haut-fonctionnaire issu des réseaux de Charles Pasqua et qui, pendant l’élection présidentielle de 2017, faisait sa campagne avec les drapeaux français, de la Francophonie et de l’ONU ? François Asselineau est un souverainiste qui ignore tout impératif identitaire. En 2021, il déclarait que les Français fussent bien plus proches des Maliens que des Lettons. On en reste pantois…

GLnf-Y-XQAAbsQF.jpg

Militant dans sa jeunesse à Lutte ouvrière, né en Serbie alors yougoslave, Georges Kuzmanovic a monté la liste « Nous, le Peuple ». Ce proche de Jean-Luc Mélenchon dont il est le conseiller diplomatique en 2017 rompt un an plus tard avec La France insoumise parce qu’il exprimait son désaccord au sujet de l’immigration et du multiculturalisme. Ce fondateur de République souveraine collabore à Front populaire, la revue de Michel Onfray. Philosophe socialiste proudhonien qui récuse depuis 1992 le traité de Maastricht, Michel Onfray fonde en 2002 une université populaire à Caen en réponse au « traumatisme » du 21 avril et à la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle. Vingt-deux ans plus tard, invité fréquent sur CNews, Michel Onfray tient des analyses aujourd’hui assez proches du « Menhir ». Preuve manifeste de son erreur de jugement politique. Georges Kuzmanovic s’inspire-t-il de l’Allemande Sahra Wagenknecht qui vient de créer un mouvement de gauche anti-immigration et anti-guerre ? On notera qu’au sein de « Nous, le Peuple » figurent le prince Murat et diverses personnalités néo-bonapartistes. Cette liste tente principalement à rassembler les nationaux-républicains de gauche.

yhzknj-o-400x400.jpg

Son pendant à droite s’appelle « Rester libre » d’Édouard Husson (photo), historien et patron d’émission sur Radio Courtoisie. Il refuse toute avancée fédéraliste de la construction européenne. Il rejette en particulier le projet du Belge Guy Verhofstadt adopté par le Parlement dit européen sortant, qui donnerait à l’Union le statut d’État fédéral croupion des États-Unis d’Amérique et du sinistre Bloc occidental atlantiste.

La liste d’Édouard Husson concurrence celle des Patriotes de Florian Philippot qui a fait pour la circonstance une alliance avec l’ancien député sarkozysto-zemmouriste Jean-Frédéric Poisson, président de Via, la voie du peuple. Outre une réaffirmation inébranlable de promouvoir le Frexit, l’ancien numéro deux du Front national entend dépasser les 0,65 % de 2019. Il manifeste souvent contre les mesures cocotralalavidiennes liberticides, l’Apartheid avec le « pass » sanitaire et la paix immédiate en Europe. Florian Philippot n’a jamais ménagé sa peine en organisant des manifestations contre la tyrannie plus que balbutiante. Toutefois, à l’instar des listes mentionnées dans la présente chronique, le président des Patriotes pâtit de l’absence de relais dans l’audio-visuel et du dénigrement systématique des « chiens de garde » médiatiques qui osent le qualifier de « complotiste » ! Nul doute que Florian Philippot a démontré un vrai courage au cours des quatre dernières années. Cependant, son discours républicain nationiste fleure bon l’apologie centralisatrice des « hussards noirs de la IIIe République ».

Des listes exposées aujourd’hui, celle qui a le plus de possibilités d’obtenir quelques élus est Reconquête ! avec, pour tête de liste, Marion Maréchal. Cette dernière a montré au cours de cette campagne une belle pugnacité et un vrai talent dans la réplique incisive et percutante. Néanmoins, au risque de chagriner les amis de Synthèse nationale, voter pour cette liste n’est pas envisageable. Certains colistiers n’hésitent pas à traquer en région les militants les plus déterminés sous prétexte d’écarter de ce jeune parti tout profil un peu trop radical. Placé en quatrième position, Nicolas Bay, qui après son départ du RN siégeait chez les non-inscrits, a rejoint le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE). Ce groupe eurosceptique fondé par les tories britanniques et les Polonais de Droit et Justice (PiS), a une charte ouvertement atlantiste. Le Monde du 6 avril 2019 rapportait les propos de l’ancien président du parti européen CRE, le Tchèque Jan Zahradil, assurant que « Marine Le Pen n’est pas assez atlantiste et elle est trop protectionniste ». « Cela ne passerait pas en Pologne », expliquait pour sa part Ryszard Legutko, le chef de la délégation européenne du PiS, qui pointait aussi l’héritage politique de son père, Jean-Marie Le Pen. Ce sentiment a-t-il changé ? Il faut en douter d’autant que ni le libéralisme conservateur, ni le bellicisme atlantiste ne sauveront la civilisation albo-européenne de tous les périls actuels et à venir.

forteresse.jpg

La morne campagne de 2019 eut sa bouffée d’air frais apportée par la liste de la Reconquête de Vincent Vauclin, alors responsable de La Dissidence Française. Sans grands moyens, elle obtint 0,02 % (4569 voix sans compter les bulletins annulés pour divers motifs fallacieux). En 2024, la belle surprise s’appelle « Forteresse Europe » de Pierre-Marie Bonneau. Précisons à toute fin utile que l’avis du chroniqueur n’engage ni Radio Méridien Zéro, ni les revues et sites auxquels il a l’honneur de contribuer. Il s’exprime maintenant à titre strictement personnel.

La liste de Maître Bonneau synthétise les propositions des autres listes vues précédemment. Elle les sublime même sur la voie cohérente de l’indépendance nationale, de l’enracinement dynamique, de la justice sociale et de la liberté médicale. Son intitulé n’est-il pas d’ailleurs un clin d’œil à l’« Europe cuirassée » de Maurice Bardèche ? Ajoutons que son symbole est superbe. Cela change des logos abscons. Le programme de « Forteresse Europe » a une tonalité à la fois française et européenne qui ne laisse pas indifférent tout ethno-différencialiste convaincu.

Certes, en désaccord avec cette chronique, des amis répondront par des considérations tactiques et tenteront de justifier le vote utile pour tel ou tel. L’élection du 9 juin n’a qu’un seul tour. Ce scrutin offre la possibilité de voter pour ses convictions et de se faire plaisir. Bien sûr, « Forteresse Europe » n’aura aucun élu. Mais imprimer chez soi son bulletin et le mettre dans l’urne constitue une réelle jubilation civique. Ce vote sera aussi un formidable bras d’honneur adressé à tout un système mortifère. Chaque vote pour « Forteresse Europe » indiquera dimanche une volonté de construire un bastion continental libéré. Et puis, si vaincre est nécessaire, combattre l’est plus encore. Les quatre-vingt-un membres de « Forteresse Europe » en sont un parfait exemple de militantisme et d’engagement.   

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 118, mise en ligne le 6 juin 2024 sur Radio Méridien Zéro.

mardi, 11 juillet 2023

Le mouvement général de dissidence a échoué, du moins jusqu'à présent

3ae86bfdec29bb8afc6cb2b056ce99f2.jpg

Le mouvement général de dissidence a échoué, du moins jusqu'à présent

par Paolo Borgognone

Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-movimento-complessivo-del-dissenso-e-fallito-almeno-fino-a-questo-momento

Le mouvement général de dissidence a échoué, du moins jusqu'à présent, pour un certain nombre de raisons sur lesquelles, à mon avis, une réflexion publique serait nécessaire (ce dont je doute, précisément en raison de la nature et de la vocation privées et individualistes d'une grande partie de la dissidence). Voici quelques éléments pour une telle réflexion (qui n'aura pas lieu). La dissidence est en crise presque terminale parce que

1) ses leaders, et je parle de ceux qui ont mené les listes dites anti-système aux élections de 2022, sont (à quelques exceptions partielles dont je reconnais l'existence) tellement imprégnés de néolibéralisme méthodologique, plutôt que de mérite, qu'ils ont mis en place une campagne électorale qui est l'enfant de leurs idiosyncrasies idéologiques. De plus, ce sont souvent des personnages égocentriques, imbus d'eux-mêmes, vantards, inconstants, névrosés, qui se considèrent comme des champions parce qu'entourés de nullités. Leur méthode reprend exactement celle utilisée par le courant dominant pour gérer les relations politiques, politiques et humaines dans un système néolibéral. Je dirais qu'ils se comportent comme le liquide qui épouse la forme du verre qui le contient. Cependant, il serait absurde de les blâmer. Nés et élevés dans le néolibéralisme, fascinés par le culte de la notoriété, il est normal qu'ils aient un état d'esprit et des manières de faire néolibérales (le contraire serait étonnant) ;

3923bcfd0af66c74a19667d9bc09842b.jpg

2) de nombreux candidats notoires, influenceurs de la contestation, se sont révélés être, à leur manière, égaux sinon pires que les dirigeants qui les ont mis sur la liste. Cela aussi est normal. Un influenceur, un créateur de contenu, né et élevé dans le néolibéralisme, qui, pour obtenir des likes et des vues, doit traiter en ligne avec des structures, des plateformes et des modalités typiques du néolibéralisme, soit s'adapte à ces structures et modalités, soit obtient 4 likes et 5 vues par post ou vidéo et rentre chez lui. Un influenceur, par définition, ne peut pas être étranger au culte de la notoriété et aux rituels avec lesquels ce culte est célébré. C'est pourquoi, pour rester à flot sur le web et continuer à être un influenceur, il devra faire passer la préservation de son paquet de followers interagissant sur ses profils et ses chaînes avant les raisons d'analyse politique (qui l'obligent parfois à prendre des positions inconfortables voire inadmissibles pour un segment plus ou moins important de sa réserve de followers). Enfin, les influenceurs n'ont pas apporté beaucoup de voix aux listes qui ont concouru pour les capter ;

3) le mouvement de contestation, dans sa base sociale diffuse, est aussi néolibéral et individualiste que les dirigeants, sinon plus. La majorité des personnes qui ont manifesté en 2021 l'ont fait pour atteindre des objectifs contingents : obtenir d'une manière ou d'une autre le laissez-passer vert. Et pour l'obtenir, ils avaient 3 possibilités (excluant les 2-3 vaccinations dès le départ) : 1) obtenir un faux laissez-passer ; 2) tomber malade, guérir et obtenir le laissez-passer suite à guérison ; 3) obtenir du gouvernement qu'il lève la mesure restrictive. Eh bien, une fois cet objectif atteint, d'une manière ou d'une autre, les manifestants qui, en 2021, criaient dans les rues "les gens comme nous n'abandonnent jamais", ont baissé les bras et sont retournés à leurs affaires, ce qui a entraîné un reflux qui a affaibli les capacités de propulsion politique du mouvement. Cela aussi est normal et adapté, car dans le néolibéralisme, la politique est interprétée par sa large base sociale comme du téléachat. Moi, électeur, membre, militant ou sympathisant, je vous demande, à vous, sujet politique, de me vendre un produit, et quelle que soit la conclusion de la transaction, je séparerai mon chemin du vôtre. En 2021, la large base sociale de ces manifestations n'exigeait, de la part des sujets politiques qui étaient les interprètes de ce mouvement de protestation, qu'une seule chose : la fin du laissez-passer vert (= pass sanitaire en Italie). L'interprétation de la politique comme un télé-achat ne concerne pas une relation durable entre la base et la direction politique, tout comme l'achat d'un produit à un vendeur ne nécessite pas une relation durable entre les parties à la transaction. Une fois la transaction effectuée, les parties se disent au revoir et amen. Tant que la politique et ses acteurs de référence seront interprétés, à la base, comme des fournisseurs de produits qui deviennent immédiatement des escrocs dès qu'ils ne livrent pas, clé en main, le produit demandé par l'acheteur (la base sociale), la relation entre la base et la politique sera toujours et dans tous les cas entachée par une approche néolibérale qui ne permettra pas de consolider les interprètes politiques de la protestation populaire. La politique n'est pas un publireportage ;

1dd65025cd5b1f54d707f6652654b67d.jpg

4) les mouvements de contestation se sont caractérisés par une extraordinaire propension à la scission et au sectarisme. Cela s'explique par le fait que la société de marché a largement désarticulé et affaibli les capacités des agglomérations humaines à former une communauté. En bref, la première fois que vous me contredisez, je vous jette dehors ou je vous mets en position de partir. Ou bien, la première fois que je rencontre dans l'agglomération une personne ou une situation qui m'agace, je pars. La société de marché est l'ennemie de la dialectique. À la base comme au sommet, l'arrogance et l'hybris règnent en maîtres. J'ai souvent entendu de simples militants dire "si vous ne faites pas ce que je dis, je m'en vais". Enfin, après le 25 septembre 2022, de nombreux partis dissidents se sont vidés de leurs membres parce que ces derniers se sont éloignés à la suite des controverses post-électorales qui ont éclaté au sein de ces partis. Un tel comportement, fondé sur l'hypothèse "soit vous êtes tous unis, soit je m'en vais", témoigne d'un manque de compétences en matière de relations humaines et d'une incapacité à faire de la politique. Il est en effet tout à fait normal que les gens se disputent et même se querellent dans les partis. Tout abandonner parce que "les autres se séparent" est une attitude non seulement arrogante et inamicale, mais aussi très clivante. La scission est donc autant une question de haut que de bas. Il en va de même pour le sectarisme. Qui est la maladie la plus grave de la politique "anti-système" et qui témoigne d'un profond infantilisme. "Si vous parlez à Titius que je n'aime pas, je ne vous parlerai plus et je vous boycotterai" est une façon de faire qui serait déjà odieuse et injustifiable à 12 ans, sans parler de ce qu'elle serait à 50 ans...

723f3609b48e48c04b3cc213cc183dbe.jpg

5) les partis de la dissidence sont entrés dans une crise profonde parce qu'ils se caractérisent, en interne, par une propension irrépressible à l'intrigue, au bavardage et au commérage. Cette attitude est délétère mais normale puisqu'elle est vieille comme le monde et s'est installée depuis des millénaires. Malheureusement, l'utilisation abusive des forums de discussion et des réseaux sociaux a amplifié le problème, le rendant endémique et souvent ingérable. Le mélange des ragots et de la politique est un facteur qu'il faut garder à l'esprit pour comprendre les raisons de la décadence des sujets politiques dans l'interprétation de n'importe quelle instance (de consensus ou de dissension).

Avec ce bref mais fastidieux travail d'écriture, j'ai tenté de m'exprimer, de manière largement sommaire et insuffisante, sur un sujet d'une actualité proche, mais d'un intérêt relatif. Ces propos feront-ils l'objet d'une réflexion future de la part des mouvements de dissidence ? Absolument pas. Tout est bloqué par le néolibéralisme et l'hybris qui caractérisent l'idéologie et la pratique d'une bonne partie (pas tous !) de ces mouvements et de leurs interprètes (influenceurs) politiques et médiatiques. Quoi qu'il en soit, j'ai essayé. J'ai jeté un pavé dans la mare. Peut-être reviendrai-je un jour sur le sujet, avec quelques idées. Merci à tous ceux qui ont eu la patience de lire ce texte, que j'espère suffisamment lucide...

jeudi, 08 juin 2023

Comment tuer le monstre libéral et renaître politiquement?

b09c4bbe86e573581e12e5b542a2d424.jpg

Comment tuer le monstre libéral et renaître politiquement?

par Iurie Rosca

Préface de l’édition roumaine du livre «Les raisons cachées du désordre mondiale» [1]

Ce livre est écrit par l’une des personnalités les plus remarquables de la très brillante constellation de la dissidence intellectuelle française, qui mènent une bataille exemplaire avec le régime tyrannique qui a usurpé le pouvoir politique en Occident, en particulier après la Seconde Guerre Mondiale. Nous, les ex-communistes d’Europe de l’Est, nous perdons la plupart du temps de vue le fait que les véritables bénéficiaires des résultats de cette guerre n’étaient pas les peuples d’Europe de l’Ouest, qui ont réussi à échapper à l’expansion du communisme soviétique, mais les dirigeants Grande-Bretagne et Etats-Unis. Autrement dit, les vainqueurs ont divisé leurs butin, les Soviétiques ont conquis le centre et l’est du continent, pendant que les Anglo-Saxons ont colonisé la partie occidentale de l’Europe. C’est pourquoi l’effort éditorial de l’Université populaire de Chisinau, sur une période de plusieurs années, est dirigé principalement vers la traduction et la publication, pour le lecteur roumain, de certains auteurs de l’élite intellectuelle française authentique. Le but est de contribuerait à dépasser les clichés de propagande imposés par les maîtres du discours dominant, fondés sur la sacralisation de l’Occident collectif comme expression de la dernière étape du développement civilisationnel. 

Bugault.jpg

Du-nouvel-esprit-des-lois-et-de-la-monnaie.jpg

L’auteur de ce livre, qui allie une érudition très spéciale et une rigueur scientifique exemplaire, apparaît devant nous dans la stature d’un penseur politique qui fait partie de l’admirable tradition européenne des grands critiques du système qui a d’abord triomphé en France. Et le point de départ de cette destruction méthodique de la civilisation européenne millénaire est la soi-disant révolution française de 1789, qui a marqué le début de la colonisation de l’Europe continentale par les élites financières britanniques. Le déicide et le régicide, figures à la base de la République française, constituaient la couche sociale la plus détestée de tous les temps et de tous les peuples – celle des usuriers et des marchands. La nouvelle forme de gouvernement, nous rappelle Valérie Bugault, qui proclame la fin de la tyrannie et le triomphe de la liberté (en établissant le républicanisme et la démocratie, ainsi que d’autres éléments de la théorie politique et économique libérale), établissait en réalité la forme la plus perfide de la tyrannie. Il s’agit, pour la ploutocratie apatride, de mettre en oeuvre l’usurpation de tout pouvoir politique et de transformer l’État en simple outil, paravent marketing pour donner à des gens anonymes et irresponsables des bénéfices illimités. 

2554_10484776_4.jpg

Pour aider le lecteur à comprendre les origines du monde et l’envergure de la nouvelle caste qui s’est approprié la plupart des richesses du monde, l’auteur nous présente une vaste exposition historique de la montée et du triomphe de l’hyperclasse mondiale et de sa domination graduelle sur les États et les peuples. Valérie Bugault démontre les procédures politiques, juridiques, économiques et financières qui sous-tendent la stratégie à long terme des « maîtres de l’argent » pour établir une domination absolue. La formule qui illustre cette nouvelle réalité, qui a façonné les sociétés modernes, est présente comme un fil rouge tout au long du livre.  Le « fait économique » a subordonné le « fait politique », en transformant les États en coquilles vides ou, pour reprendre une expression de la langue roumaine, en formes sans fond.

hdbanq.jpg

En d’autres termes, les pays qui étaient autrefois gouvernés par des hommes d’Etat à vocation politique, qui assumaient la mission de garantir le bien commun et la sécurité des gouvernés, ont été mis au service de groupes de type mafieux. Ils conservent leur honorabilité uniquement parce qu’ils ont réussi à imposer leur propre volonté à ceux qui font les lois et gèrent les institutions publiques. Ainsi, l’ensemble de l’appareil d’État est mis au service d’intérêts privés, diamétralement opposés à l’intérêt national et à chaque citoyen. Toute la politique législative, budgétaire, fiscale, douanière, de crédit, ainsi que les relations extérieures et la coopération avec les organes internationaux d’un pays comme la France ou tout autre pays vassalisé par les gangsters du capitalisme corporatif, ne représente que l’expression de leurs intérêts pécuniaires.

hypertrophie-banques.gif

Valérie Bugault montre comment la mafia des prêteurs et des marchands est venue subjuguer les États. Parmi les méthodes d’asservissement politique et social des peuples, notre auteur révèle, entre autres, la transformation de la terre en marchandise à la suite du coup d’État de 1789, l’établissement du système de banques centrales qui prive les États de leur attribution royale pour émettre la monnaie, l’imposition du libre-échange comme une forme de colonisation économique de tous les États du monde, la création de systèmes juridiques qui permettent l’anonymat du capital (conglomérats économiques et zones offshore), etc.

L’auteur nous montre que nous assistons à l’annulation du phénomène politique et sa transformation en farce pour les foules; auxquelles le rôle assigné à l’électorat est celui du dindon de la farce. Les partis politiques et les élections servent en réalité à valider aveuglément décisions prises par les tenanciers économiques dans la plus grande opacité. La démocratie de masse n’est qu’un théâtre de marionnettes, derrière lequel se cachent les décideurs économiques qui instrumentalisent toute la farce politique en finançant les partis et leurs représentants aux postes d’État. C’est-à-dire que si les véritables maîtres de la politique sont les barons de l’économie de marché, ils n’ont aucune responsabilité envers le public. L’entière responsabilité repose sur les pitres qui, après avoir joué le rôle de valets du « facteur économique » et perdu toute crédibilité, sont remplacés par d'autres marionnettes, au service des mêmes maîtres, dans de nouvelles farces électorales.

f8460d9fca263355fd5dd58a4b017dee.jpg

Mais le mérite principal de Mme Valérie Bugault, qui mérite tous nos éloges, ne se limite pas à une critique approfondie du système politico-juridique et institutionnel actuel, qui s’est répandu dans le monde entier à la suite de la mondialisation. Elle est l’auteur d’une conception très solide de la réforme qui vise à réorganiser toute la société sur des principes fondés sur l'intérêt national et le bien commun, mettant fin à la domination d’une élite mondialiste. C’est la vision vraiment révolutionnaire de l’éminente scientifique française. Elle plaide ouvertement et avec des arguments imbattables pour l’abolition du système parlementaire fondé sur le parti, ainsi que pour la liquidation des partis en tant que tels, pour la renonciation au principe de séparation des pouvoirs dans l’État, mais aussi à la cyclicité électorale. L’auteur démontre l’inutilité « des constitutions » qui imposent tous ces principes.

COMPO_LOGOS_OK_WEB.jpg

C’est-à-dire que l’auteur est engagé dans une guerre totale et déterminée avec la classe dirigeante qui impose la doxa commune comme des vérités axiomatiques et donc le « politiquement correct » qui constitue une véritable religion laïque en Occident. C’est pourquoi l’auteur mérite de profonds encouragements pour son honnêteté professionnelle, son intégrité morale et son courage civique.

Assumer un tel discours public à l’heure actuelle équivaut à accepter des persécutions sans fin et la marginalisation dans le milieu universitaire et la presse dominante. L’approche de Mme Valérie Bugault est la preuve d’une mission plus élevée, étant le résultat d’une vocation à affirmer la vérité à tout prix. Aujourd’hui, ne pas être le confesseur bienveillant de l’hérésie libérale (avec tout son échafaudage théorique qui est la clé de l’endoctrinement des masses, auxquelles on inculque une « pensée unique », totalitaire), cela signifie défier le pouvoir réel et affirmer la verticalité comme une vertu civique majeure.

Tout au long de son œuvre, Valérie Bugault apparaît comme une figure éminente de la « troisième voie » en économie, au-delà du communisme et du libéralisme, deux systèmes tout aussi pernicieux pour la société. Ou, pour recourir à la formule utilisée par l’auteur elle-même, sa vision est une contribution précieuse au développement de la quatrième théorie économique (formule utilisée dans le Forum de Chisinau, édition 2019).

Le travail et la cause que plaide Valérie Bugault n’offrent ni chaires universitaires ni lauriers académiques ni avancées administratives. Cela offre plutôt l’exemple d’un dévouement total pour la France actuellement dévastée par la kleptocratie extraterritoriale, mais aussi pour d’autres pays.  Le modèle de réorganisation radicale de tout le système politique et juridique international, développé par Valérie Bugault, pourrait servir de référence et d’action. La création de l’auteur de ce livre me fait penser aux grands auteurs de la Révolution conservatrice, d’un Carl Schmitt, ainsi qu’au grand penseur politique roumain Mihaïl Manoïlesco (voir en ce sens son œuvre « Le siècle du corporatisme »).

550x776.jpg

Nous rappelons au lecteur roumain que le premier ouvrage en roumain du même auteur porte le titre « Tuer la ploutocratie. Guide pratique pour le démontage du système»[2], ouvrage rédigé en collaboration avec Jean Remy, maison d’édition de l’Université populaire, 2017. 

Iurie Roșca,

Moldavie

+ 373 79 77 44 44 (Telegram, Signal)

e-mail: roscaiurieppcd@gmail.com

 chaîne Telegram: https://t.me/iurierosca

[1] Les deux volumes de notre auteur paraîtront bientôt dans la version roumaine à l’Université populaire de Chisinau, République de Moldavie

[2] Le titre original de l’édition française est Du nouvel esprit des lois et de la monnaie - Valérie Bugault, Jean Rémy. Ed. SIGEST, 2017

 

mardi, 22 février 2022

Sur la "cancel culture"

cancel-culture-1280x960-1.jpg

Sur la "cancel culture"

Un regard sud-américain

Alberto Buela

Source: https://www.geopolitica.ru/es/article/la-cultura-de-la-cancelacion

Dans les années 1970, Jorge Luis Borges se plaignait déjà que les éditeurs américains ne voulaient pas publier ses romans et ses nouvelles parce qu'il n'appelait pas l'homme noir "homme de couleur" et l'aveugle "malvoyant".

À cette époque, les intellectuels yankees ont commencé à utiliser ce que l'on appelle aujourd'hui le "langage inclusif" : l'utilisation de la rhétorique inappropriée et la répétition de locutions généralisantes telles "tout le monde", "garçons et filles" ; "travailleurs", etc. En Yanquilandia, ce langage n'est plus utilisé mais, comme d'habitude, il est arrivé vingt ans plus tard en Amérique du Sud où les progressistes l'ont adopté comme une nouveauté.

Le progressisme, cette maladie sénile des vieilles idéologies comme le marxisme et le libéralisme, a trouvé dans ce pseudo-langage son expression la plus réussie : il parle sans rien dire et prétend définir sans rien définir. Sa méthode consiste à être toujours à l'avant-garde de tout. Il ne peut donc pas avoir de pro-projet (étymologiquement : quelque chose de "jeté en avant"/ pro-iacere) car il est son propre projet.

Lorsque les analystes politiques s'interrogent sur tel ou tel projet de gouvernement progressiste, ils posent une fausse question ou une question sans fondement. C'est comme prétendre interroger le pendu sur le nœud coulant ou la corde à laquelle il est suspendu.

Cette maladie sénile, mélange de libéralisme et de marxisme, soutenue par la religion séculière des droits de l'homme, occupe peu à peu tous les gouvernements de l'Occident, instaurant ainsi un mode de pensée unique et politiquement correct.

Les lieux communs de cette pensée sont presque toujours : le souci de l'humanité et non des besoins réels des gens ; le bien-être individuel et non celui des familles ; la consommation et non l'épargne ; la terre (entière) et non la glèbe des communautés rurales ; le rituel et non le sacré ; l'économie et non la politique ; l'esprit d'entreprise et non le travail, et ainsi de suite dans tous les domaines d'action et de pensée.

Dès 1927, Martin Heidegger dans L'Être et le temps (paragraphe 35) parlait de la dictature de "l'anonyme" (du "on") à travers le "on dit, pense et agit comme on dit, pense et agit", qui régit l'existence impropre/inauthentique. En presque cent ans, la question s'est accrue et approfondie.

Aujourd'hui, le pouvoir du progressisme en tant qu'hégémonie est inconditionnel. Cela explique pourquoi toute remise en question est considérée comme étant de droite, fasciste ou impérialiste. Si de multiples secteurs de la société disent "non" à des mesures erronées, la réponse est désormais "pas de réponse", soit le silence, l'ignorance, bref, l'annulation de l'objecteur.

L'annulation est devenue un mécanisme de déni de tout ce qui met le progressisme mal à l'aise ou le remet en question. Ce qui est grave, c'est qu'en même temps qu'il nie ou n'écoute pas les objections de ses opposants, il appelle au dialogue sur la base d'un consensus qui n'en est pas un, qui est un faux consensus.

Ce mécanisme pernicieux est à la base des actions de tout gouvernement libéral-progressiste. Massimo Cacciari a observé à juste titre que ces gouvernements ne résolvent pas les conflits mais se contentent de les gérer.

L'absence de définition idéologique ferme (le président argentin Fernández est à la fois péroniste et social-démocrate, comme il l'a déclaré) leur permet de prêter allégeance à Biden, Poutine et Xi Jinping en même temps.

Mais tout cela n'est rien d'autre qu'une panoplie de feintes, que des apparences utilisées par les gouvernements progressistes pour se joindre au processus de mondialisation qui semble se dérouler inéluctablement dans le monde.

Après deux ans de Covid, l'économie est devenue totalement indépendante de la politique. Les pouvoirs indirects, les lobbies, les méga-corporations et l'impérialisme international de l'argent, comme l'a si bien dit Pie XII, justifient leur travail dans et avec les gouvernements progressistes.

Bien entendu, les puissances économiques indirectes exigent que des gouvernements progressistes soient installés sur la base du mécanisme "un homme, une voix", car elles ont besoin de la légitimité offerte par le masque démocratique. La démocratie, se limitant à la seule légitimité d'origine (le vote), nie toute demande de légitimité d'exercice, qui est l'exigence de la bonne gouvernance, et ce sont les actions justes et correctes qui caractérisent la bonne gouvernance, c'est pourquoi il y a eu et il y aura de bons gouvernements sans qu'ils soient nécessairement démocratiques.

En Amérique du Sud, les dix gouvernements que nous avons sont progressistes dans leurs différentes variantes : en Argentine, un péroniste qui se définit comme un social-démocrate, au Chili, un marxiste qui se dit péroniste, en Bolivie, un marxiste qui se dit nationaliste, en Uruguay, un libéral qui se définit par l'Agenda 2030, au Paraguay, comme d'habitude, rien ; au Brésil, un nationaliste qui laisse les multinationales faire des affaires, au Pérou et en Équateur, des marxistes soumis au capitalisme le plus grossier, en Colombie, un partenaire libéral des États-Unis et au Venezuela, un marxiste qui a pour vocation de s'enrichir au détriment de son peuple.

Qui dirige l'Amérique du Sud ? En réalité, il s'agit de l'impérialisme monétaire international avec toutes ses ramifications, même si nominalement les dix gouvernements progressistes, dont le mépris de la légitimité de l'exercice du pouvoir facilite le travail de l'impérialisme.

À cet égard, la grande corruption de la classe dirigeante compte pour beaucoup. Pour donner un exemple indiscutable, mille kilos d'or et dix mille kilos d'argent quittent chaque année l'Argentine pour l'Europe et les États-Unis, pratiquement sans payer de taxes. Dans les ports du fleuve Paraná d'où part la substantielle production céréalière (blé, maïs, soja, tournesol), l'évasion fiscale annuelle s'élève à 10.000 millions de dollars, et la déprédation de la pêche dans l'Atlantique Sud par des centaines de navires chinois, espagnols, japonais, norvégiens et anglais demeure incontrôlée.

La culture de l'annulation a fait en sorte que ces questions et bien d'autres ne soient pas abordées. Le titre du film De eso no se habla de Marcello Mastroiani a été imposé.

MV5BMWQ4N2YwZDktM2MyNy00M2RjLWJiMjUtZmVlMTcyNDRiNDVkXkEyXkFqcGdeQXVyMTA2NDgyNA@@._V1_SY1000_CR005821000_AL_.jpg

Lorsque Perón revint d'exil en 1974, il déclara que l'homme argentin avait étébrisé et qu'il allait être très difficile de le récupérer. Depuis lors, aucune tentative n'a été faite pour récupérer systématiquement notre système de valeurs civiques telles que l'épargne, l'hygiène, la conduite, etc. ; il a été laissé, de plus en plus, à lui-même, sans être encadré. Ces institutions qui ont fait la grandeur de Buenos Aires (la piu grande cita italiana del mondo, selon les mots de Franco Cardini), comme les clubs de quartier, les bibliothèques et les piscines populaires, les écoles qui sortaient dans la rue, les paroisses avec leurs kermesses et leurs camps, tout cela a disparu. L'homme, qui animait tout cela et qui était tapi en chacun d'entre nous, a disparu. Ainsi, nous avons des enseignants qui ne lisent pas, des professeurs qui n'étudient pas, des prêtres qui ne se soucient pas de l'âme mais seulement de leur pitance, des bibliothécaires qui n'invitent pas les gens à lire, les clubs où la drogue et non le sport est la norme, la combinaison de tout cela a fini par promouvoir les médiocres. Et c'est cette médiocrité, aujourd'hui âgée de 40 à 60 ans, qui s'exerce dans les gouvernements progressistes d'Amérique du Sud. 

Que faire d'un sous-continent comme l'Amérique du Sud, qui couvre près de 18 millions de kilomètres carrés, soit deux fois la taille de l'Europe ou deux fois celle des États-Unis. Il possède 50.000 km de voies navigables à l'intérieur qui nous mènent de Buenos Aires à Guaira au Venezuela. Ou de l'Atlantique à Belém do Pará au Brésil à Iquitos au Pérou (lorsque San Martín était gouverneur du Pérou en 1823, il a fait don de son salaire pour construire un navire destiné à contenir l'avancée bandeirante en naviguant sur l'Amazone d'un bout à l'autre). Ce continent possède des minéraux de toutes sortes, des forêts encore intactes. Du pétrole, du gaz, de l'énergie électrique, la plus grande réserve d'eau douce de la planète avec l'aquifère Guarani. Et surtout, il présente un type humain diversifié (environ 440 millions) mais qui a des usages, des manières et des coutumes similaires et qui parle la même langue, car l'homme hispanique, selon Gilberto Freyre, le plus grand sociologue brésilien, parle et comprend sans difficulté quatre langues : l'espagnol, le portugais, le galicien et le catalan. Cet avantage extraordinaire n'a jusqu'à présent jamais été promu comme politique d'État par aucun des dix pays qui le composent.

Toute personne qui nous étudie ne doit pas sous-estimer l'ordre de ces magnitudes. Hegel enseignait déjà que l'ordre des magnitudes, lorsqu'elles sont immenses, les transforme en qualités.

L'inconvénient de ce grand espace est que des puissances coloniales anti-hispaniques comme l'Angleterre (en Guyane, à Trinité-et-Tobago et aux Malouines), la Hollande à Aruba et au Surinam et la France en Guyane y sont toujours installées.

Tous les plans d'unité sous-continentale depuis l'époque de San Martin et Bolivar ont été avortés par la contre-intervention de ces trois pays.

Lors du Forum social de Porto Alegre en 2002, nous avons proposé la théorie du losange avec ses sommets à Buenos Aires, Lima, Caracas et Brasilia comme protection du cœur de l'Amérique du Sud, mais elle n'a pas abouti. Chávez s'est rendu à Cuba et Cuba, comme il le fait depuis 70 ans, stérilise tout projet nationaliste hispano-américain.

J'invite les chercheurs européens à étudier sine ira et studio le processus de cubanisation de Notre Amérique, source de toutes les tentatives ratées d'intégration régionale.

La question de Lénine se pose à nouveau : Que faire ? La dissidence, qui n'est rien d'autre que de soulever, de proposer "une autre version et vision" à ce qui est établi par la pensée unique. Pratiquer la dissidence sous toutes ses formes et de toutes les manières, c'est cesser d'être le chien muet de l'Évangile. La dissidence n'est pas une pensée négative qui dit non à tout. C'est une pensée propositionnelle et existentielle qui part de la préférence de nous-mêmes. Elle rejette l'imitation et s'appuie sur notre genius loci (climat, sol et paysage) et notre ethos (coutumes, expériences et traditions). Vous pouvez consulter mon livre Teoría del Disenso (publié à Buenos Aires, Barcelone, Porto Alegre et Santiago du Chili).

portada-buela.jpg

Enfin, vous pouvez noter que je n'ai jamais parlé d'Amérique latine car c'est un terme fallacieux, faux et trompeur, créé par les Français pour intervenir en Amérique. Vous, les Italiens, le savez très bien, car aucun d'entre vous ne se dit latin, sauf ceux du Latium. Le latin exclut les Basques qui ont tant fait pour l'Amérique depuis l'époque des conquistadors.

Le concept d'Amérique latine est clairement un concept politiquement correct car il est utilisé par tout le monde, l'Église, la franc-maçonnerie, les libéraux, les marxistes et, évidemment, les progressistes, même les nationalistes désemparés.

Ce qui est hispanique en Amérique n'est pas comme en Espagne, qui se limite à la monarchie et à la religion catholique. Ici, ce qui est hispanique nous ouvre à toute la culture méditerranéenne (Italie, France, Portugal, le monde arabe: Syrie, Liban, Maroc). Cela explique pourquoi l'immigration italienne et syro-libanaise, qui se chiffre en millions) en Amérique du Sud a été confortablement acceptée.

La première chose à perdre dans une lutte culturelle est la guerre sémantique, lorsqu'on adopte les dénominations de l'ennemi. Nous sommes hispano-créoles, ni vraiment européens ni vraiment indiens, comme le prétendait Bolívar.

Source: https://posmodernia.com/la-cultura-de-la-cancelacion/

dimanche, 30 janvier 2022

Le recours aux forêts

Waldspaziergang©Brigitte-Blaettler.jpg

Le recours aux forêts

par Roberto Pecchioli 

Source : Ereticamente & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/passare-al-bosco

Les ivrognes accusent le dernier verre : avant, ils étaient encore sobres. Ce n'est pas vrai, mais il y a toujours une goutte qui fait déborder le vase lorsqu'un changement, une idée, une adhésion ou un refus radical se matérialisent et deviennent soudainement réalité. L'écrivain a décidé d'"aller dans les forêts", d'entrer dans la clandestinité.

Admirateurs d'Ernst Jünger, nous entendons suivre les indications du Traité du Rebelle, celui qui va dans les forêts, chassé corps et âme par un ordre qui exige avant tout un contrôle capillaire. Le Rebelle sent qu'il n'appartient plus à rien et "franchit le méridien zéro par ses propres forces". C'est le geste extrême de défiance au nom de la liberté la plus précieuse, celle de dire non.

Ces deux dernières années, les occasions de dissidence radicale se sont multipliées, et nous ressentons maintenant une accélération à laquelle nous ne pouvons échapper qu'en opposant un refus total, une distance existentielle, morale, voire physique. Nous pourrions énumérer une longue série de faits qui nous incitent à "recourir aux forêts", c'est-à-dire à franchir la frontière de la dissidence et à entrer dans le territoire de la rébellion. Citons-en quelques-uns : par exemple, les propos impromptus du président français Macron, le banquier de la galaxie Rothschild placé à la tête d'une grande nation. En inaugurant la présidence semestrielle de l'Union européenne, le jeune homme a demandé que l'avortement soit inclus comme un droit fondamental dans la Charte des droits de l'UE.

Nous ne voulons pas nous laisser entraîner dans un débat insidieux sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG, acronyme bureaucratique neutre). Cependant, imaginer que se débarrasser des enfants à naître - c'est-à-dire des futurs membres de la communauté destinés à la perpétuer - puisse être un droit fondamental, c'est-à-dire quelque chose d'indiscutable, la pierre angulaire d'une société, est un signe de folie criminelle. Ce prétendu droit condamne une civilisation à la mort par extinction, foulant aux pieds le premier des "droits", le droit à la vie. De plus, ce serait un droit accordé à seulement la moitié de l'humanité, puisque - jusqu'à ce que les oligarques en décident autrement - les grossesses sont l'apanage des mammifères femelles. Nous utilisons le langage zoologique parce que c'est le seul langage compris par la culture post-humaine. Les pères - ou plutôt les fournisseurs de sperme - ne comptent pour rien, bien que cinquante pour cent du matériel génétique leur appartienne. A l'heure des droits inhumains et de la culture de l'effacement, le rôle des élites se confirme : fossoyeurs de la civilisation dont ils sont les enfants privilégiés.

green-pass-certificazione-verde-covid-19.jpeg

Il ne reste que la forêt, ou l'image situationniste du petit homme derrière la grille de l'asile qui demande à un passant extérieur : comment c'est "là-dedans" ? Mauvais, merci. Pendant ce temps, le passeport sanitaire vert imposé aux Italiens sous sa super forme avance de manière menaçante. Mme Von der Leyen, l'angélique Ursula europoïde, prévient que la numérisation de l'existence doit se faire par étapes forcées. Frau Blue Eyes nous informe clairement que tous nos faits - compte bancaire, paiements, données de santé - deviendront numériques (une séquence de chiffres d'identification) insérés dans une sorte de carte d'identité universelle.

Qu'est-ce que le passeport vaccin si ce n'est le système d'exploitation, l'application matricielle dans laquelle nous pouvons insérer nos vies personnelles, intimes, économiques et relationnelles ? Même l'un des virologues vedettes de la télévision, Matteo Bassetti, commence à prendre ses distances, affirmant que ce pass n'a pas de réelle signification sanitaire et devient un instrument de division sociale. Bienvenue parmi nous, professeur. La preuve la plus éclatante en est le traitement réservé à une députée en exercice, Sara Cunial, qui n'est pas vaccinée et qui est empêchée de voter pour le président de la république. La presse en a peu parlé, sauf pour ridiculiser ou offenser la députée. Nous ne connaissons pas ses opinions politiques, mais nous sommes convaincus qu'elle a rendu un immense service à l'interprétation de ce qui se passe.

Récapitulons, pour que nous ayons le temps de réfléchir dans la forêt : le corps électoral qui vote pour le chef de l'État est composé de tous les députés et sénateurs, plus les représentants des régions. C'est ce que nous dit l'Article 83 de la Constitution (la plus belle du monde, hein !). En droit - c'est ce que nous ont appris ceux qui savaient, à l'époque de l'éducation civique - la forme est le fond. A tel point que les services parlementaires ont mis en place des formes de vote pour permettre au bureau de vote (le parlement en session commune) de ne pas exclure les malades, les personnes atteintes de la maladie de Covid et les positifs asymptomatiques. Un député étant décédé, ils se sont empressés, à juste titre, de proclamer élu son remplaçant afin de ne pas priver le corps électoral de son intégralité.

Sara_Cunial_2018.jpg

En revanche, Sara Cunial (photo), qui n'est pas vaccinée et ne dispose pas du sauf-conduit magique, ne peut pas voter bien qu'elle soit en parfaite santé. L'Italien moyen est indifférent aux questions de droit (en fait, il est constamment trompé par la loi) et tout au plus conseillerait-il au député vénitien de faire un tampon et d'exercer son droit sans faire d'histoires. Elle fait bien de ne pas s'incliner : elle va perdre sa bataille, mais elle a montré que la constitution ne compte pour rien, puisqu'un document administratif (le laissez-passer vert) vaut plus que le droit de vote. Dans quelques mois, il y aura des élections municipales : voulez-vous parier que vous ne pourrez pas voter sans laissez-passer vert, au mépris de l'article 48 de cet autre papier-là, dorénavant assimilé à des déchets à recycler ?

De cette façon, le système aura préétabli sa victoire, puisque les dissidents - ceux qui n'ont pas de laissez-passer et ceux qui ne veulent pas le montrer comme un signe de liberté - ne pourront pas exprimer leurs opinions. Pendant ce temps, celui qui possède la technologie qui a permis le laissez-passer vert et celui qui a le pouvoir de surveillance devient notre maître, mais qui s'en soucie. Nous ne nous plaindrons que lorsqu'ils nous empêcheront de retirer notre argent. Un puissant appareil de pouvoir privatisé (les géants de la technologie qui possèdent le savoir et les moyens de communication informatique ; les patrons de la finance qui créent de l'argent à partir de rien et nous le prêtent à titre gracieux, créant ainsi l'illusion de la dette ; les multinationales de la santé) fournit aux États - préalablement vidés de leur souveraineté et de leur pouvoir réel - l'arme du contrôle, devenu pouvoir sur la vie. Les peuples reculent devant la peur de la contagion et de la mort, devant la désinformation et la privation des outils de jugement.

Alexandre Soljenitsyne, qui comprenait la tyrannie, implorait ceux qui n'avaient pas le courage de la rébellion ouverte de ne pas devenir au moins complices du mal ; le message tombe dans l'indifférence. La tyrannie, écrit Jünger, n'est possible que si la liberté a été domestiquée, réduite à un concept vide. Tout a un prix et la condition de l'animal domestiqué entraîne celle de la bête de boucherie. Le système du politiquement correct et son extrême - la sous-culture des "réveillés" - est une expérience à grande échelle de domestication contrôlée. Il n'y a pas d'autre choix que de vivre en tant qu'immigrant illégal en essayant d'échapper à la Mégamachine et de maintenir la flamme de la liberté.

fuku79etagd61.jpg

À une époque où la stupidité et l'ignorance sont élevées au rang de drapeau, rares sont ceux qui reconnaissent la grande portée symbolique et la tension morale d'un monument à Prague (photo, ci-dessous). Dédié à la mémoire de la violence communiste, il consiste en une série de figures humaines en bronze. Dans la première, on peut voir le corps intact ; dans la dernière, il ne reste que des lambeaux épars. Il s'agit d'un hommage aux victimes du communisme réel qui montre parfaitement comment la personne humaine est progressivement détruite afin de la soumettre jusqu'à sa disparition. Cela vaut pour tous les totalitarismes, même ceux qui avancent sur les ailes de la technologie et de la privatisation oligarchique de tout, insatiables dans leur volonté de dominer et d'annihiler l'autonomie intellectuelle et spirituelle.

1200px-Memorial_to_the_Victims_of_Communism,_Prague.jpg

Au début, il y a l'homme libre ; ensuite, la personne est conditionnée par le pouvoir de l'appareil de propagande et de répression. Au final, il reste une "entité" humaine, vouée à la seule survie biologique, privée de la volonté nécessaire pour penser, dans un contexte de démotivation, de désespoir et d'apathie.

Le vingtième siècle a changé la qualité de l'attaque contre la liberté, qui est devenue une science, assistée par de nouvelles connaissances appliquées contre l'homme, malgré les prémisses et les avertissements. Pensez au "conditionnement opérant" inventé par le psychologue comportementaliste Burrhus Skinner.  Nous vivons enfermés dans la "cage" de Skinner. Le psychologue a placé une souris - ou un pigeon - dans une cage munie de deux leviers. L'un a transmis un choc électrique, l'autre de la nourriture. Après plusieurs essais, l'animal a compris quel levier délivrait la nourriture (renforcement positif) et a compris qu'il ne fallait pas appuyer sur celui qui donnait le choc (renforcement négatif).

word-image-6.png

Le conditionnement opérant, récompense et punition, est né. Pour l'homme zoologique, la récompense est le droit à la pulsion libidinale ; la punition est la solitude, la dérision, la discrimination envers ceux qui n'appuient pas sur le bon levier. Le résultat est le conformisme plombé du troupeau.

L'université britannique de Northampton a récemment atteint la perfection, une autre goutte qui fait déborder le vase de la tolérance, un exemple brutal de conditionnement opératoire. Les professeurs de l'université - la classe dirigeante de la culture - ont décidé de mettre en garde les étudiants contre le contenu du roman 1984 de George Orwell, l'une des œuvres dans lesquelles la dénonciation du totalitarisme et l'aspiration à la liberté personnelle et communautaire sont les plus fortes. Le message transmis aux élèves est appelé "trigged warning", un avertissement psychologique qui rappelle une expérience traumatisante. "La lecture de 1984 peut aborder des sujets difficiles liés à la violence, au genre, à la sexualité, à la classe sociale, à la race, à la maltraitance, aux abus sexuels, aux idées politiques et au langage offensant."

Un travail sur l'absence de liberté est fortement déconseillé car il est le vecteur de déclenchements - de traumatismes psychologiques - au nom de la prudence, de la peur, du silence. Dans le monde sensible, craintif et hypersensible du politiquement correct, il vaut mieux éviter ce qui pourrait déranger, c'est-à-dire faire réfléchir et prendre parti. Tout cela non pas au détriment des analphabètes, mais des jeunes universitaires. La conséquence est que la future classe dirigeante ne connaîtra rien - sous peine de souffrir sous la forme traumatique du déclenchement - des vices des dictatures et de la censure. L'avertissement détournera d'une œuvre qui pose des questions inconfortables et deviendra une aide puissante pour ceux qui s'arrogent une supériorité morale si grande qu'ils effacent tout ce qui ne coïncide pas avec leurs vues.

9782246825760.jpg

Dans le roman 1984, les étudiants britanniques pourraient découvrir l'autocensure qui les entoure et les restrictions à la liberté d'expression (deux processus qui marchent ensemble), des indications que le totem et le tabou démocratiques sont faux, du moins estompés, et que les groupes de pression progressistes ont pris le contrôle de l'opinion publique, alternant habilement renforcements positifs et négatifs, récompenses et punitions. Un exemple très clair est lié aux mots, à savoir le néo-langage mentionné par le "dangereux" Orwell. Il y a quelques années encore, on parlait de réchauffement de la planète ; plus tard, l'expression "changement climatique" s'est imposée. La situation est désormais qualifiée d'"urgence climatique". Qu'est-ce qui a changé en quelques années? La réalité climatique planétaire s'est-elle soudainement précipitée ou le récit dominant a-t-il changé pour des raisons économiques et idéologiques ?

Décourager la lecture d'ouvrages qui obligent à la réflexion critique revient à s'enfermer dans la cage de Skinner. Des chocs électriques pour tout ce qui n'est pas un renforcement positif, la nourriture décidée par le pouvoir. Dans l'empire des Illuminati et des Eveillés, la déesse Raison se couche, dévorée par ses enfants. Laquelle des statues de Prague correspond à l'état de notre société ? Il est significatif que le monument se trouve dans la ville de Franz Kafka, qui a décrit avec lucidité la fragmentation de l'individu face à des structures sociales tellement plus fortes que lui.

Ce n'est qu'en passant par les forêts, exilés et clandestins, que nous pouvons rester semblables à la statue en position verticale, l'homme libre. Sans l'autonomie de lire et de tirer nos propres conclusions d'un livre, comme les étudiants de Northampton, nous sommes au bout du rouleau, la figure humaine brisée, sans bras, avec la moitié de la poitrine cassée, boiteuse. Les inquisiteurs sont au pouvoir, nous dirigeant vers un néo-monde qui cache la lumière comme dangereuse pour les yeux. Dans les forêts résonne l'admonition d'Augustin d'Hippone : "tant que nous vivons, nous luttons, et tant que nous luttons, c'est un signe que nous ne sommes pas encore vaincus et que l'Esprit vit en nous. Et si la mort ne vient pas à toi comme un vainqueur, qu'elle vienne à toi comme un guerrier."

16:39 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, dissidence, recours aux forêts | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 31 décembre 2021

Luc-Olivier d'Algange - Propos réfractaires, extrait

foret-noire-allemagne-mademoiselle-voyage.jpg

Luc-Olivier d'Algange

Propos réfractaires, extrait

Ce temps peu aventureux prive les hommes de la plénitude de leur âge, leur invente des soucis subalternes qui leur font oublier où ils sont, - dans le Grand Midi, - gnose méridienne.

La gnose, dans l'acception première et étymologique du mot, n'est pas le gnosticisme qui répudie le monde comme étant la création d'un dieu mauvais, - mais un approfondissement du sens, un Eros de l'intellect qui ne se contente pas des seules représentations mais désire le plus profond, le plus haut, le plus libre, le plus grand, le plus intense et le plus léger. Le monde visible est pour lui le signe du monde invisible, d'une lumière au-delà de celle que l'œil peut percevoir et dont elle ne serait que l'ombre.

Le monde nous est hostile surtout lorsque nous nous crispons contre lui. Une pointe de désinvolture est nécessaire aux entreprises audacieuses et aux buts lointains.

Les Modernes qui ne parlent que de sexe ont en réalité désérotisé le monde. Ce n'est plus que pour une infime minorité, les rares heureux, qu'Eros resplendit dans le cosmos. Suavité des couchers de soleil s'inclinant en chromatismes prodigieux vers une étreinte d'eau et de lumière... Les poètes eux-mêmes n'en parlent plus. Les grandes inspirations de Hugo, de Shelley, de Saint-John Perse s'éloignent devant les poètes de laboratoire ou de la banalité, ces adversaires du lyrisme qui ne chantent plus car plus rien ne les enchante. Poésie non d'aventuriers mais de fonctionnaires, ou, pire encore, de cadres moyens, voire de comptables ou d'huissiers. Poètes faisant partie de "comités" déterminant l'attribution des subventions publiques. L'indignation, comme toujours, serait de trop. Relisons simplement, pour que le cœur et l'âme ne défaillent au bord des lèvres, La Mort de Virgile d'Hermann Broch, ou les Cantos d'Ezra Pound. Œuvres en recouvrance de civilisations.

La-Foret-Noire-en-Allemagne.jpg

On s'exagère grandement la nocivité crétinisante de la télévision, des magazines, des chansons de variété, - que des "intellectuels" responsables et citoyens dénoncent (souvent à la télévision ou dans des magazines). Le pouvoir crétinisant et garde-chiourme de nos semblables non-médiatisés demeure sans rival. Nous sommes tous entourés d'une cohorte de conformistes, à l'affût, qui cherchent la moindre brèche pour nous rendre semblables à eux.

A un certain âge, de plus en plus jeune dans cette époque "jeuniste", il semble que les êtres humains ferment le couvercle. Leur vie devient réglée, les sollicitations du visible et l'invisible sont inaperçues, les appels inaudibles: c'est la fin des vocations.

Ceux qui ont renoncé à toute forme de gloire (fût-t-elle secrète ou posthume), sauf à conquérir la gloire suprême de la divine humilité, vivent dans un amour-propre perpétuellement blessé et jaloux.

Mégalomanie dictatoriale des gens ordinaires dans leur vie ordinaire. Ils ne vous laissent pas le moindre souffle à respirer, tels qu'ils sont en auto-affirmation permanente, agressive, pesante, hystérique, maniaque ou pathétique.

L'assentiment des peuples à leurs tyrans dure aussi longtemps que les individus qui les composent se reconnaissent en eux, sans être frappés par des fautes de goût outre mesure. On échappe aux tyrannies non en contestant les idées qu'elles avancent (qui sont floues et interchangeables) mais par le goût. Le goût alerte notre intelligence.

Lorsque les tristes veulent mener la danse, ils nous obligent à nous traîner avec eux après nous avoir chaussés de leurs semelles de plomb.

1136_foret_noire_allemagnegettyimages-467120271.jpg

Les activités sexuelles, que je souhaite pour ma part aussi libres que l'on voudra, font l'objet, chez les Modernes, d'une surestimation, en bien comme en mal. Elles ne sont ni le remède à tous les maux, ni la cause. On ne peut s'empêcher d'éprouver quelque nostalgie pour les temps qui en parlaient avec légèreté, sans l'outrance de l'obligation ni l'hystérie de l'interdit.

Sans prêcher la soumission, ne pas se dissimuler la bêtise de la plupart des révoltes. Les Modernes se sont révoltés contre la beauté du monde. Il resterait alors à se révolter contre ces révoltes massifiées, contre ces ingratitudes vindicatives, mais en évitant, autant que possible, le pathos de la révolte. Inventons, selon la logique taoïste, la "révolte sans révolte" dont le symbole pourrait être l'éventail blanc des samouraïs.

Le monde est vaste et riche, là où un chemin se ferme, un autre s'ouvre.

La révolte des Modernes n'est pas une "révolte logique" (selon la forme de Rimbaud). Autant dire que le Logos n'y est pour rien. Révolte d'individus interchangeables, incapables de concevoir une communauté de destin, fût-ce à petite échelle, ils se contentent de saccager autour d'eux les conditions offertes du bonheur et de la beauté.

Emeutes, pillages de magasins, les classes moyennes frémissent d'indignation que l'on puisse ainsi accélérer le processus de la consommation. Les pilleurs de banque, eux, auraient toutes les raisons d'être sympathiques, mais demeurent, à les comparer aux banques elles-mêmes, les pilleurs de petite envergure.

Commençons, et dans le secret, à nous révolter contre notre propre insatisfaction, contre ce vide que le monde moderne creuse en nous à mesure que nous croyons le combler.

Pour le Moderne, tout ce qui est sans prix, magnifiquement offert, est sans valeur, il le dédaigne. Le front couvert par le plus beau coucher de soleil du monde, il persistera à se chagriner de ne pouvoir s'offrir une babiole, une montre, n'importe quoi qu'une sorte de stupeur collective, intruse, lui désigne comme un objet de convoitise. Cette visible aberration se transpose en mode sentimental. Ainsi les Modernes sacrifient la mémoire de leurs amantes et de leurs amants, répudient ou trahissent leurs amours, renient leur temps, le palimpseste du temps qu'ils vécurent avec eux ou elles, et médisent ainsi de l'être, qui est temps, en supputant la valeur du "changement" et de "l'évolution", ces réalités spectrales. Apostats de leurs heures heureuses, ils consomment les êtres humains pareillement aux objets. Celui qui ne change ni n'évolue cesse de se précipiter vers la mort, il va "de commencements en commencements sans fins".

Fotolia_175353756_Subscription_XXL.jpg

L'homme conscient de son talent ou de son génie (en lesquels la part impersonnelle est, comme la part immergée des glaciers, plus importante que l'apparence individuelle) est plus humble toujours que l'homme fier et fort de sa médiocrité. Il s'est quitté lui-même, pour apprendre à écrire, à composer, à peindre, il est entré dans l'étude et la méditation de figures qui lui sont extérieures, qui le précédèrent et lui succéderont. Par l'œuvre, il ne se défend pas lui-même; il se fait défenseur de vertus, de rythmes, de qualités, de figures qui ne lui appartiennent pas et que sa propre existence nuance dans son passage.

Plus les êtres sont superficiels et plus leurs réactions émotives sont immédiates et violentes.

Les manipulateurs finissent, fût-ce après quelques succès à moyen terme, par être victimes de leurs propres ruses. Le diable qu'ils servent se moque d'eux.

Celui qui va du côté du plus fort en sera méprisé, et toujours en situation de faiblesse et d'humiliation. Ainsi tombent les tyrannies, sous le poids des faibles qui s'y rallient croyant trouver la force. Ainsi tombera le monde moderne et son chantage sentimental.

Plus répugnants que tous, les petits Rastignac dont l'arme principale est la bien-pensance, qui n'avancent leurs pions qu'à grand renfort d'antiracisme, de progressisme, de bienfaisance spectaculaire, chanteurs de variété, romanciers serviles. Le plus futile, le plus narcissique, le plus cynique des arrivistes, s'il avance à découvert, semble, par contraste, d'une pureté et d'une ingénuité angélique.

Souvent l'argument raisonnable qui vient contredire notre intuition première nous fait lâcher la proie pour l'ombre: chuchoté par le sens commun pour nous détourner de notre voie ou la rendre plus difficultueuse. L'intuition analyse mieux et plus vite une situation que la raison, - laquelle, à la traîne, reste en-deçà de la bonne décision: celle qui vole comme la flèche vibre dans l'air avant de bourdonner au cœur de la cible.

Les feux d'artifices sont une métaphore (et une redondance) de la puissance explosive des cieux nocturnes. Chaque étoile darde, explosante, au cœur de nos prunelles, ses amies.

aHR0cHM6Ly93d3cudG91cmlzbWUtbG9ycmFpbmUuZnIvc2l0bG9yaW1nLzE5MjAvMC9hSFIwY0hNNkx5OTNkM2N1YzJsMGJHOXlMbVp5TDNCb2IzUnZjeTgzTnpjdk56YzNNREEzTWpVMlh6UXVhbkJuLmpwZw.jpg

Reposons-nous auprès des vagues (dont le mouvement ternaire dit le présent, porte vers l'avenir dans le ressac du passé) de l'humanité triste et absurde parfois qui déserte la présence en monde, en reniant le passé et en saccageant l'avenir.

Je n'aime pas la nature en tant que nature; je ne l'oppose pas à l'artifice ou à la civilisation. Ce que j'aime, ce sont les pierres, le sable, la mer, les forêts, les montagnes, les lacs, les champs, les pommiers, les hirondelles, les chats, le vent, l'alternance du jour et de la nuit, - le cosmos, auquel toute civilisation bien née s'accorde au demeurant.

Les artifices les plus subtils des verriers, du travail des émaux, de la porcelaine etc... sont des prolongements de la nature. Ceux qui opposent la nature et la civilisation n'entendent rien ni à l'une ni à l'autre.

Faire monter l'intensité de la nature à travers la civilisation, comme une lumière à travers un prisme, un resplendissant jardin. Fleurs de feu qui éclairent, nées du feu qui brûle. En nous, semblablement, changer l'Eris malfaisante en Eris bienfaisante. Transfiguration, Alchimie, Salut.

Simplifier nos âmes afin de mieux percevoir la complexité du monde. S'appauvrir pour comprendre, prendre en soi, toute richesse. La propriété nous sépare et limite notre royaume. Défendre sa propriété, ou vouloir l'accroître, est une forme disgracieuse de la pauvreté (avide), autrement dit, de la pauvreté spirituelle.

Il ne devrait être nul besoin de partager avec la gauche politicienne son fatras de mensonges sentimentaux et de mauvaise foi pour constater simplement que la richesse matérielle des uns est le fruit de l'appauvrissement des autres, et que si le "libéralisme" tenait ses promesses concernant le bien commun, "l'élévation du niveau de vie", il se ruinerait aussitôt. Le mensonge du "libéral" est tout simple, il veut faire croire que les riches seront utiles aux pauvres de quelque façon alors que ce sont les pauvres, ne cessant de payer (loyers, crédits etc...) qui sont absolument nécessaires aux riches, dont la richesse est elle-même une démultiplication de la pauvreté spirituelle. Ne point s'étonner alors que l'appauvrissement, partie constituante du système, soit planifié.

constructeur-maison-88-vosges.jpg

Toutes les activités modernes ayant leur vanité inscrite sur le front, vaines, veules, grotesques, absurdes, tous les efforts se résolvant dans la seule nécessité de gagner de l'argent, le moment est revenu de faire l'apologie de la paresse, de l'inaction. C'est à partir d'elles que s'inventeront de nouvelles actions, libres, souveraines, - comme à partir du silence, la musique, pour nous sortir de la cacophonie.

Enseigner aux hommes à se livrer à des activités déshéritées de toute réalité poétique et aux seules fins lucratives, contraindre leur pensée à des opérations intellectuellement stériles, c'est les prédisposer à perdre toute morale et à vivre en bêtes traquées pour lesquelles la fin justifie les moyens. Cette contrainte, hélas, est souvent consentie, sinon voulue. La vilénie la plus généralement partagée possède pour les hommes grégaires un fort attrait.

Sortir du brouhaha pour savoir une seconde ce que nous désirons vraiment: cette jeune fille, ce ciel d'été, ce scintillement de la lumière sur l'eau, les rues et les terrasses de cette ville aimée, ces heures de lecture à l'ombre bleue des feuillages, ces combats fraternels quand bien même l'issue semble désespérée. " Les armes au matin sont belles et la mer..."

Monde moderne: processus de corruption par l'avidité, par la sentimentalité, par l'ennui, par l'excès, par la peur et par le mépris. Le temps peut être l'allié de la corruption ou son adversaire. Tout se joue dans l'œuvre de la mémoire, dépréciatrice ou célébratrice. Les vertus des hommes et des civilisations se corrompent ou se purifient selon cette loi.

Plutôt que "d'évoluer" vers on ne sait quoi (et qui a de grandes chances d'être pire que ce que nous sommes) apprenons les secrets immanents et transcendants du tissage, serrons la maille du temps avec le fil de trame de l'éternité. Les Modernes, qui sont absurdement rigoristes dans les domaines futiles, rigoristes de l'interdit, rigoristes de la consommation, et d'une âpreté farouche, sont incroyablement relâchés pour tout ce qui importe au destin, à l'âme. Les tissus se défont, tout se défile.

Hautes_Combes_Borne_aux_Lions____Vincent_Edwell_JuraTourisme_.jpg

L'écriture tente de renouer les fils. Allons voir aussi du côté de la symbolique des tapisseries médiévales, solfège des couleurs et des lignes, entrelacs du visible et de l'invisible.

Ceux qui ne peuvent entrer en relation qu'avec des êtres humains qui leur ont été présentés par des tiers resteront toujours en-deçà de la vérité et de la beauté fulgurante de la rencontre.

A noter nos pensées, nous accomplissons une œuvre plus profondément autobiographique qu'à raconter les circonstances de notre vie, et moins mensongère qu'en nous livrant à des digressions introspectives. De même la fleur témoigne davantage de sa singularité que la tige ou la racine.

Rien n'est aussi démoralisant qu'un catalogue ou qu'un magasin d'ameublement moderne. S'imaginer là donne envie de sauter par la fenêtre. N'importe quel bric-à-brac dépareillé est préférable à ces esthétiques lisses et mortifères, conçues de la sorte que la réalité ressemble à une photographie.

Tous les actes que nous accomplissons, lorsqu'ils ne sont pas guidés par la peur, sont une victoire sur le sentiment de la vanité de toute action, c'est-à-dire un amusement. Nous agissons parce que la contemplation n'est pas toujours possible.

Les grands malheurs sont des rideaux de ténèbres sur lesquels dansent, en silhouettes de flammes, des joies inaltérées. Les êtres et les choses, si nous savons qu'ils peuvent nous être ôté, resplendissent du mystère de la fugacité, - qui est une voie vers la connaissance de l'éternité, de même que le sentiment tragique de la vie purifie nos bonheurs.

"Trouver un sens à sa vie". L'expression insatisfait. Il faut du sens, mais point trop, le chercher peut-être, mais ne le trouver qu'à demi, un peu vague. Le sens est dans sa recherche, évitons les recettes, improvisons dans un ordre plus vaste que nous.

Nous voyons dans ce qui nous requiert chaque jour, au-delà de certaines tâches, le miroitement d'un sens que nous ne pouvons donner entièrement, que nous recevons. Les adeptes de l'absurde comme ceux de la certitude restreignent et fatiguent.

Nous devinons le sens d'un acte lorsque nous nous apercevons qu'il pourrait être parfaitement inutile ou indiscernable.

Ceux qui nous reprochent de vivre "hors du monde" voudraient que nous vivions dans le leur, pour les servir. S'éloigner du monde social, ce n'est pas sortir du monde mais aller au cœur du monde.

3d42daa876fdf544e6cad8f25509785a.jpg

L'idéologue est celui qui tient l'absence d'opinion pour immorale.

Le propre de ce qui est et de ce qui fut est de pouvoir recommencer. Ce qui naît de l'être, son éclosion, demeure en toute chose sa toute-possibilité. Ce qui fut recommencera, idée effrayante pour les Modernes qui se veulent modernes. Ce qui recommence, ce n'est pas la défaillance, le nihilisme, le mal mais l'essence de ce qui fut.

Le combat est de chaque seconde pour un temps qui ne soit pas détruit mais fécondé. Qui dans ce combat nous affaiblit, qui nous affermit. On aide souvent magnifiquement autrui en lui fichant la paix.

La valeur d'une civilisation se mesure aux espaces de paix, de contemplation et de beauté qu'elle préserve et à la générosité de son aristocratie. L'aristocrate cupide mérite d'avoir la tête coupée: il est déjà le bourgeois qui lui succédera.

Pour combattre l'usure du temps, entrer à l'intérieur du temps, et donc de l'être, subvertir la linéarité, aller dans l'envers ésotérique des heures et des jours.

 

vendredi, 27 août 2021

L’État roumain a annoncé qui est son ennemi n°1: Iurie Roșca

image3-2-725x349-1.jpg

L’État roumain a annoncé qui est son ennemi n°1: Iurie Roșca

 

Iurie Roşca est déclaré persona non grata sur le territoire roumain

Le 14 août 2021, le signataire de ces lignes, un ancien dignitaire de la République de Moldavie, journaliste, éditeur et militant civique avec une carrière de personnalité publique de 35 ans, a été interdit d’entrée sur le territoire roumain.Les agents de la police des frontières m’ont ainsi informé que cette interdiction m’avait été imposée, sans en expliquer les raisons.Ils ont seulement précisé que je suis couvert par le libellé passé en lettre H du document qui m’a été remis et qui s’intitule « Refus d’entrer à la frontière ». Voici la définition qui me concerne : ”C’est une personne pour qui consigne de refus d’entrée a été ordonnée”. Les éléments suivants sont inscrits sur l’en-tête : « Roumanie. Ministère de l’Intérieur. Police des frontières. Le poste frontière d’Albița ». J’ai également été informé verbalement par les officiers respectifs que cette interdiction aurait été imposée par une ordonnance d’urgence du gouvernement roumain en septembre 2020 pour une période de trois ans.  Cependant, rien n’est expressément écrit dans le texte du document respectif ni sur la date d’adoption de cette décision, ni sur la durée pour laquelle je suis persona non grata sur le territoire roumain.

9782376040088-475x500-1.jpg

Il faut noter en particulier que dès la fin de l’épisode de mon expulsion de Roumanie, à partir du même jour du 14 août et ce pendant plusieurs jours, une gigantesque campagne de dénigrement public de ma personne a été organisée par toute la pieuvre de la presse dominante en Roumanie et en République de Moldavie. Toutes les chaînes de télévision et de radio, centrales et provinciales, des dizaines de portails d’information, des structures médiatiques telles que la BBC, Free Europe, Deutsche Welle ont déclenché une véritable guerre médiatique contre moi. Et, bien entendu, aucun mercenaire déguisé en journaliste n’a JAMAIS appelé la personne ciblée pour lui demander son avis sur ce qui s’était réellement passé. Évidemment, il s’agit d’une campagne de presse visant à me discréditer en tant que personnalité publique.

Qui aurait pu commander une telle opération de presse? Bien sûr, les mêmes cercles d’influence qui contrôlent à la fois l’État roumain et les réseaux de presse qui servent leurs intérêts occultes.Nous les appelons généralement par divers euphémismes, plus ou moins conventionnels: mondialistes, globalistes, corporatocratie, ploutocratie, banksters, etc.Nous les appelons aussi communément le Monde Occulte, les artisans du Nouvel Ordre Mondial.Ce sont ces cercles derrière le rideau de l’histoire et de la politique internationales qui ont été la cible de mes enquêtes journalistiques et de mes critiques publiques ces dernières années.

conspiratia-demonilor-rosii-100-de-ani-de-la-lovitura-de-stat-bolsevica-interviuri-de-iurie-rosca-2017-p200781-0.JPG

Les causes qui auraient pu conduire aux mesures punitives contre moi, entreprises au nom de l’État roumain

A travers mes articles de presse, à travers des conférences académiques, à travers mon activité éditoriale, à travers ma présence internationale, à travers la multitude d’événements publics dans lesquels j’ai abordé des sujets géopolitiques, économiques, socio-politiques et, plus largement, civilisationnels, j’ai réussi à concentrer l’attention de la diplomatie occidentale, du réseaux Soros, de toute la pieuvre qui a vassalisé et dévasté mon pays, ainsi que les autres pays du monde.

Je suis pratiquement la seule personne publique en République de Moldavie, qui articule systématiquement un discours eurosceptique, souverainiste, anti-atlantique, favorable au nationalisme économique et surtout centré sur les valeurs du christianisme orthodoxe.Je suis un critique fervent et constant du „politiquement correct”, de la pensée unique, de la promotion du colonialisme économique et de l’agenda LGBT.Je combats l’unipolarisme américano-centré et l’hégémonie du capitalisme spéculatif, je révèle l’essence de la dictature de la ploutocratie mondiale, qui prend actuellement la dimension d’une technocratie et nous pousse vers une ère de transhumanisme et vers un goulag planétaire numérique.

exercitii-de-luciditate-de-iurie-rosca-2000-dedicatie-p169189-0.JPG

Je pense que l’interdiction d’entrer en Roumanie aurait pu également se fonder sur les événements publics que j’avais organisés à l’occasion de mes dernières visites à Bucarest. Le 24 janvier 2020, nous avions organisé la présentation du livre de l’auteur français Lucien Cerise «Neuro-pirates. Réflexions sur l’ingénierie sociale».Au cours de cet événement, nous avons annoncé notre intention de proposer de tels événements éditoriaux chaque mois, avec la présence d’auteurs occidentaux anti-système (voir le lien lors de l’événement : https://www.youtube.com/watch?v=_9VczDUUCf8). Puis le 5 mars 2020 a suivi la présentation de mon livre „L’Intérêt National comme Modus Vivendi” (voir lien : https://www.youtube.com/watch?v=hUL2WVdnj2I).

J’incline à croire que ces deux événements publics ont achevé de remplir le verre de patience des vrais maîtres de la Roumanie.

Il est à noter que depuis décembre 1989 et jusqu’à présent,je suis la seule personne d’origine roumaine à qui l’on a interdit d’entrer en Roumanie. Bien que je n’ai pas la nationalité roumaine, je suis un descendant de citoyens roumains qui l’ont perdue suite à l’invasion soviétique de la Bessarabie en 1940.Et comme je n’ai jamais mené d’activité criminelle sur le territoire de la Roumanie, ni eu aucune activité économique ni même pas enfreint le code de la route, il est clair que je suis persécuté pour mes convictions exprimées publiquement. C’est mon attitude ferme envers le Système qui a fait de moi l’ennemi public numéro un de la Roumanie. En fait, de la mafia qui contrôle cet État.

Il est bien connu qu’après la chute du communisme les pays de l’espace ex-communiste ont été envahis et colonisés par la corporatocratie occidentale. Les centres d’influence occidentaux, qui ont définitivement dé-souverainisé dans la seconde moitié du XXe siècle non seulement les pays du Tiers-Monde, mais aussi les États d’Europe occidentale, les États-Unis et le Canada, ont aussi lancé une offensive générale contre les peuples d’Europe Centrale et de l’Est, utilisant à cette fin tout l’arsenal de la guerre non-militaire.Ainsi, l’expansion du réseau des ONG et des médias a assuré la colonisation de l’esprit collectif des anciens peuples captifs de l’Empire soviétique. La  «thérapie de choc », l’instauration du régime de libre-échange, l’imposition de prêts exorbitants, la privatisation de masse et la libéralisation des prix ont assuré la colonisation économique. Le diktat des vainqueurs de la Guerre Froide a imposé le paradigme libéral comme une idéologie unique, à caractère axiomatique, qui a produit l’uniformisation et la vassalisation de tout le spectre politique dans l’espace ex-communiste.L’imposition de l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce, l’Union européenne et l’OTAN ont achevé le processus de soumission des pays ex-communistes.

Quelques précisions sur mon passé

Le signataire de ces lignes était pleinement engagé dans le mouvement anticommuniste et d’émancipation nationale à la fin du siècle dernier, étant dans le tourbillon de tous les événements qui ont précédé la chute de l’URSS et suivi cet événement géopolitique majeur.J’ai été l’un des dirigeants du premier parti anticommuniste, avec d’autres camarades j’ai créé les premiers journaux libres, j’ai dirigé pendant deux décennies le plus ancien parti anticommuniste, qui a eu la plus longue présence parlementaire continue, pendant cinq législatures, de 1990 à 2009.J’ai été quatre fois député au Parlement de la République de Moldavie, deux fois vice-président du Parlement et vice-premier ministre du pays.

rosca-revine.jpg

Ma pensée politique et implicitement la trajectoire de mon action politique étaient typiques des patriotes de cet espace. Entré dans la vie publique comme anticommuniste et nationaliste, je croyais naïvement que l’Occident collectif, en concurrence avec le système soviétique, serait notre allié naturel, et que le modèle occidental nous serait bénéfique. Ceci explique le fait que le rejet du paradigme communiste a nous a jeté dans le piège du paradigme libéral. Mais l’expérience acquise au fil du temps nous a montré le vrai visage de nos « bienfaiteurs » occidentaux.Ainsi, de la position de combattant contre l’empire soviétique, je me suis retrouvé dans la position de combattant contre l’empire planétaire américain.Et si jusqu’à il y a une dizaine d’années j’étais l’ennemi numéro un de Moscou, entre-temps je suis devenu l’ennemi numéro un de Washington.

J’ai eu une carrière de journaliste pendant quatre décennies. J’ai également publié toute une série de livres, dont certains sont disponibles au format PDF ici : http://iurierosca.md/carti/.Parmi les derniers volumes du soussigné figurent «La chute de l’URSS dans l’UE. Chroniques antilibérales »(2014), «Orthodoxie et nationalisme économique»(2017),”La conspiration des démons rouges. 100 ans depuis le coup d’État bolchevique. Interviews”(2017) „L’Intérêt National comme Modus Vivendi. Les Chroniques d’un dissident eurosceptique”(2020).

En tant qu’éditeur, j’ai publié ces dernières années une série de livres d’auteurs anti-système au sein de la Maison d’édition de l’Université populaire. Les auteurs que j’ai publiés représentent tous une pléiade de la nouvelle dissidence souverainiste européenne,résistante à l’hégémonie américaine. Ces auteurs sont parus exclusivement dans notre maison d’édition, aucune autre maison d’édition en République de Moldavie ou en Roumanie (le même espace linguistique) n’a publié d’auteurs de cette nouvelle vague de patriotes anti-atlantistes.Nous listons ici une série d’auteurs édités en traduction roumaine par nos soins: Hervé Juvin, Ivan Blot, Jean-Michel Vernochet, Youssef Hindi, Lucien Cerise, Valérie Bugault, Pierre-Antoine Plaquevent (tous les sept étant des auteurs français non-alignés de premier plan),Alexandre Dougine (le sociologue et géopoliticien le plus remarquable de Russie à l’heure actuelle), Ilie Badescu (le sociologue et géopoliticien le plus remarquable de Roumanie aujourd’hui).

interesul-national-ca-modus-vivendi-cronicile-unui-disident-eurosceptic-de-iurie-rosca-2020-p207890-0.jpg

Je suis l’organisateur d’une initiative internationale, appelée Chisinau Forum, créée en 2017, qui a eu trois éditions et a réuni des intellectuels de premier plan de plusieurs pays du monde, pleinement engagés dans le courant de la pensée et de l’action souverainiste.En mai 2017, la réunion de Chisinau a abouti à l’adoption du document suivant :https://flux.md/stiri/le-manifeste-de-chisinau-créer-la-g....  Je reproduis ici le titre du document adopté en mai 2017: «Le Manifeste du Chisinău: Créer une grande Europe. Le brouillon géopolitique du monde multipolaire». En décembre de la même année 2017, a suivi la deuxième édition de notre forum, qui s’est déroulée sous la devise suivante : «Le capitalisme financier et ses alternatives pour le 21e siècle. Contributions à la quatrième théorie économique ». (vidéo complète: https://flux.md/stiri/video-international-conference-fina...– chisinau-15-décembre).Suit la troisième édition de septembre 2019. Les discours des participants sont disponibles sur www.flux.md. Voici mon discours d’ouverture : https://flux.md/stiri/chisinau-forum-iii-international-co....

En 2019, à l’initiative de l’avocat international Arnaud Develay, nous avons organisé une délégation de souverainistes européens, qui s’est rendue en Syrie, victime d’une guerre d’agression. Au cours de cette visite, nous avons eu toute une série de réunions publiques dans plusieurs villes de Syrie. Ce fut une expérience de solidarité intense avec le peuple syrien. J’ai fait des reportages quotidiens sur ce que j’ai vu en Syrie, que j’ai publiés sur www.flux.md (Voir ici exemple: https://flux.md/stiri/externe/foto-video-conferinta-publi...).

Je suis poursuivi depuis 2017, l’affaire est en cours, je risque jusqu’à 7 ans de prison

Le 29 février 2017, mon domicile a été perquisitionné par le parquet anticorruption. C’est alors que j’ai découvert que j’étais poursuivi dans une affaire fabriquée par l’ancien gouvernement criminel. Je suis accusé du délit de « trafic d’influence ». Je risque d’être condamné à 7 ans de prison. Ceci dans les conditions dans lesquelles j’ai critiqué sévèrement ceux qui ont usurpé le pouvoir de l’État en République de Moldavie depuis 2009 et l’ont maintenu en captivité jusqu’à il y a un an et demi.Après le changement de pouvoir, y compris le procureur général, plusieurs dizaines de personnes ont été annoncées par le parquet général comme „victimes de la persécution politique du régime Plahotniuc lors de l’usurpation du pouvoir de l’Etat”. Ceci en dépit du fait que, contrairement à moi, aucune des personnes acquittées n’avait eu d’activité publique en désaccord avec l’ancien gouvernement. La plupart d’entre eux n’ont souffert qu’en tant qu’hommes d’affaires.Mais mon cas n’a pas bénéficié du même traitement, bien que je fus un opposant irréconciliable à ce régime. L’affaire est toujours devant le tribunal, au stade de l’audience préliminaire.

2020-2021: La Grande Réinitialisation, l’usurpation du pouvoir à l’échelle mondialladictature technocratique

À partir de mars 2020, je fus le seul intellectuel de la République de Moldavie et parmi les quelques personnalités publiques de tout l’espace roumain, pleinement engagé à démasquer le projet des mondialistes d’établir le Nouvel Ordre Mondial comme une forme de dictature à l’échelle mondiale, progressant rapidement sous prétexte médical. J’ai réalisé plusieurs centaines d’enregistrements vidéo, quotidiennement, en roumain et en russe, dévoilant point par point tous les éléments de cette mascarade mondiale, dont la cible se réduit à deux priorités majeures des satanistes cachés en coulisses:

  • DEPOPULATION ou LA REDUCTION DE LA POPULATION MONDIALE DE 90-95%;
  • L’ESCLAVAGISATION DES SURVIVANTS DE CET HOLOCAUSTE PLANÉTAIRE.

Voir à cet égard : www.flux.md, iurierosca.md, altermedia.md, chaîne Telegram Iurie Roșca.

Imposition de la « p(l)andemie », les mesures liberticides et génocidaires comme le port du masque, les tests et surtout les injections forcées et répétées, les confinements, la destruction méthodique des économies du monde, la numérisation totale, la suppression de l’argent liquide,  Agenda 21 et Agenda 2030, „développement durable”, Club de Rome et ” limites de croissance”, le rapport 2010 de la Fondation Rockefeller, Bill Gates et Klaus Schwab, Organisation mondiale de la santé et GAVI, nanoparticules, 5G, cyber pandémie, urgence climatique (mythe du réchauffement climatique et armes climatiques), traces chimiques, agenda transhumanisme, puces, programmation prédictive, contrôle sur l’esprit humain, ingénierie sociale, etc., etc.Voici les sujets que j’ai abordés dans mes discours, ceux-ci s’appuyant sur une multitude de sources internationales d’une crédibilité maximale.

646x404.jpg

Il est bien connu que mes matériaux bénéficient d’une audience importante sur les réseaux sociaux, certains d’entre eux cumulant plus de 500 000 vues et des dizaines de milliers de partages et de likes.Ma chaîne YouTube a été supprimée. Mon compte Facebook de base est actuellement bloqué pendant 30 jours.Les médias dominants, parrainés par les mondialistes, font la promotion agressive de leur agenda et entreprennent régulièrement des campagnes pour dénigrer ma personne. Le but est de me compromettre et ainsi de discréditer mon discours public.

Malheureusement, en République de Moldavie, aucun parti politique, aucune organisation non gouvernementale, aucun journaliste n’a adopté d’attitude critique envers le régime dictatorial sous prétexte de santé depuis un an et demi.Ma voix reste singulière, ce qui fait de moi une cible privilégiée de toutes les attaques des agents du pouvoir mondialiste.

Conclusion

L’acte punitif d’exécution publique au travers de l’interdiction du mon entrée en Roumanie, mes poursuites pénales pendant des années,ansi que  le lynchage médiatique sont les moyens traditionnels utilisés par les centres d’influence basés en Occident contre un adversaire dangereux pour leurs intérêts. Je suis une figure publique mal vue dans les cercles qui établissent méthodiquement actuellement l’agenda du Nouvel Ordre Mondial.Au cours de ma longue carrière de personnalité publique, je me suis déjà habitué à un état de terreur psychologique permanente.Mais malgré tout le harcèlement et la pression, je ne céderai pas et je ne renoncerai pas à dire la vérité.

Iurie Roșca,

Chisinau,

République de Moldavie,

23.08.2021

Telephone portable: +373 79 77 44 44 (Telegram, Signal, Viber)

Adresse électronique: roscaiurieppcd@gmail.com

 

mercredi, 25 août 2021

Prof. Alberto Buela & Carlo Cambescia: confrontation sur lamétapolitique (août 2021)

Depero-Fulmine-compositore1.jpg

Confrontation sur la métapolitique entre les Prof. Carlo Gambescia et Alberto Buela, août 2021

Cette confrontation commence par un de mes articles intitulé : I.- La métapolitique, après un quart de siècle, qui est suivie par les deux réponses de Carlo Gambescia. II.- Buela et le concept de dissidence et III.- La métapolitique du "canon" d'Alberto Buela. Il est suivi de ma réponse: IV.- Commentaire sur Carlo Gambescia et se termine par une synthèse du sociologue romain: V.- Une synthèse de la controverse sur la métapolitique.            

I.- La métapolitique, après un quart de siècle par Alberto Buela

À la demande d'un ami qui fait également office de disciple, je vais donner un séminaire de huit classes sur la métapolitique et la dissidence comme méthode. Je vais le faire en étant guidé par la saine intention de faire connaître tout ce qui a été fait au cours des vingt-cinq dernières années.

Lorsque j'ai publié pour la première fois l'ouvrage Qu'est-ce que la métapolitique? en 1995, je n'aurais jamais pensé qu'il serait aussi largement diffusé qu'il l'a été. Il a été traduit en plusieurs langues et a été pris comme texte de base par les auteurs qui ont étudié le sujet.

J'y ai soutenu que trois courants principaux peuvent être distingués dans la métapolitique:

a) celui du traditionalisme philosophique, dirigé par Silvano Panuncio, qui soutient que la métapolitique est la métaphysique de la politique;

b) le courant analytique-herméneutique de Manfred Ridel, qui affirme que la métapolitique ne peut être faite sans la politique, et

c) le courant culturaliste d'Alain de Benoist, qui soutient la thèse que la métapolitique doit être faite sans se mêler de politique. 

indexJCyL.jpgEn ce presque quart de siècle, la discipline a beaucoup progressé. Après la saga de Silvano Panuncio, des œuvres importantes et des penseurs significatifs comme Aldo La Fata et Primo Siena sont apparus. Le premier, à notre demande, nous a aidé à obtenir le premier manuscrit sur la métapolitique : Metapolitica hoc est Tractatus de Repubblica, Philosophice considerata dont l'auteur était le moine cistercien Juan Caramuel y Lobkowitz (gravure, ci-contre), né à Madrid en 1606 et mort à Vigevano (Italie) en 1682, d'où le Fonds Caramuel dans cette ville de Lombardie. Le texte susmentionné est le premier connu à utiliser le terme métapolitique. Le texte a été écrit vers 1650 et se trouve dans les Archives historiques diocésaines de Vigevano. Le professeur La Fata est également le continuateur de la revue Metapolitica publiée à Rome.

Quant au penseur italo-chilien Primo Siena, il a produit dans ces années-là un livre intitulé L'épée de Persée, dans lequel il soutient que l'une des tâches de la métapolitique est la critique et la démystification de la crypto-politique ou de la politique des loges. 
Au sein du courant herméneutique, le Belge Robert Steuckers, l'Espagnol Javier Esparza et l'Italien Carlo Gambescia se sont distingués au cours de ce quart de siècle comme partisans d'une métapolitique qui cherche une issue et un changement de politique. Steukers est un travailleur et un diffuseur culturel infatigable, et ses blogs Euro-Synergies et Synergon-Info (en néerlandais et en allemand) sont des exemples incontestables de son travail éclairé. Esparza est la tête la plus lucide de l'Espagne actuelle, et son ouvrage Curso general de disidencia (1997) conserve toute sa vigueur. Quant à Gambescia, avec son livre Metapolítica : otra visión sobre el poder (2007), il est devenu un auteur de référence.

81Js3TbGGHL.jpg

gambescia_fondo-magazine.jpg

Enfin, le courant culturaliste a produit d'innombrables penseurs et travaux sur la métapolitique. Les articles d'Alain de Benoist, Marco Tarchi, Alessandro Campi, Alexander Douguine, Paul Gottfried, Ernesto Araújo, etc. peuvent être consultés avec grand profit. Ce courant, certainement le plus productif, n'a pas publié de traité spécifique. Mais c'est celui qui a généré, à partir du marxisme, le plus grand nombre d'ouvrages. Ainsi, Alain Badiou dans son Abrégé de la métapolitique (2010) soutiendra que la métapolitique est un label pour les modes politiques qui cherchent à changer les pratiques politiques établies. Giacomo Marramao, pour sa part, affirmera que la métapolitique a l'exigence d'identifier la diversité idéologique dans le domaine de la politique mondiale, régionale et nationale, en essayant de convertir cette diversité en un concept de compréhension politique.

Du Mexique, la revue sociale-démocrate Metapolítica, dirigée par le professeur César Cansino, est apparue dans une perspective universitaire, dans le but de "restructurer la face visible du public", selon A. Badiou. C'est là que j'ai publié dans le numéro 6 de 1998, Qu'est-ce que la métapolitique ?

En 2007, le professeur Carlo Gambescia observait à juste titre au début de son livre: "La metapolitica non e una disciplina accademica. Per quanto ne sappiamo, non esistono, almeno in Italia, cattedre di metapolitica" (= "La métapolitique n'est pas une discipline académique. Pour autant que nous le sachions, il n'existe pas, du moins en Italie, de chaires de métapolitique"). Sans aucun doute, son domaine d'étude est la science politique. Mais quatorze ans ont passé et nous voyons comment, à l'université de Navarre, des cours de métapolitique ont commencé à être dispensés afin de montrer que tant la nouvelle gauche que la nouvelle droite partagent une préoccupation pour la métapolitique. En même temps, il est indiqué que les deux branches de la métapolitique sont de démystifier les hypothèses politiques et de construire des communautés.

Parmi les universités ibéro-américaines, la seule expérience est celle que nous avons eu l'occasion de mener à l'Université de Feira de Santana (Brésil, 2013) sous la direction du philosophe Nilo Reis. Il serait souhaitable que nos universités imitent cet exemple, pour une meilleure compréhension et un approfondissement de la discipline.

Une rareté académique vient d'être publiée en Colombie: Martin Heidegger. Metapolítica : Cuadernos negros (1931-1938), Ed. Aula Humanidades, Colombie, 2019.

6673036.jpgLe côté négatif de la métapolitique est apparu lorsque le terme a commencé à être utilisé uniquement comme une étiquette. Ainsi, le livre de Peter Viereck intitulé Metapolitics : the roots of the Nazi mind, écrit en 1941, a été réédité en 2008, un véritable non-sens dans l'utilisation du terme. Dans la même veine, nous pouvons caractériser le livre de Daniel Estulin, Metapolitics : Global Transformation and the War of Powers (2020), qui confond géostratégie et métapolitique. Et aussi Metapolitis : Public Enemy, Power and Civil Death in the Republican Tradition (2018) de Juan Acerbi, qui n'a rien à voir avec la métapolitique.  De nombreux autres ouvrages sont également parus qui utilisent le terme comme une simple étiquette. Cela déroute le lecteur non averti, qui finit par être pris pour une bourrique. En réalité, ce que ces auteurs font, c'est mentir avec le titre, pensant que cela peut leur donner une plus grande diffusion ou un plus grand prestige. Je ne sais pas, mais mentir dans le titre d'un livre est une scélératesse exécrable, puisque sa fonction n'est autre que de tromper.

Aujourd'hui, la métapolitique en tant que multidiscipline ouvre un monde de significations qui ne peut être confiné à une seule formule, même si pour nous la meilleure reste : l'étude des grandes catégories qui conditionnent l'action politique.
La meilleure façon d'accéder à cette tâche est l'exercice de la dissidence, qui n'est rien d'autre que la capacité méthodologique et existentielle de proposer un autre sens à ce qui est donné et accepté par le statu quo régnant. Comme l'a dit un jour le président tchèque Valclav Havel: "Le dissident n'aspire pas à des postes officiels et ne cherche pas à obtenir des voix. Il ne cherche pas à plaire au public, il ne peut offrir que sa peau".
La dissidence en tant que méthode n'est pas autorisée aux observateurs du monde et de ses problèmes, mais à ceux qui sont engagés dans le monde et ses problèmes. La dissidence, comme accès le plus authentique à la métapolitique, contient une dimension existentielle irréductible au livre, car elle exige l'action. Mais quelle action ? Action sur la politique et non sur le politique. Cette dernière est réservée à la philosophie politique telle qu'elle a été historiquement. 

Cette distinction, devenue classique, a été énoncée à l'époque moderne par Carl Schmitt, Julien Freund et Cornelius Castoriadis: les Grecs ont inventé la politique comme organisation du politique. Dans la mesure où le politique (le pouvoir) est possédé ou non... "Le politique dit qui fait la loi, et cela est nécessairement antérieur à toute loi (politique).  La politique doit être au service du politique. "Si le politique (un projet national) disparaît et est remplacé par l'économique, comme cela tend à se produire aujourd'hui, la souveraineté collective s'éteint", affirme magistralement Javier Esparza.

La politique réside dans le pouvoir, qui s'exprime par la "décision" et repose sur l'autorité. La politique est une pratique, c'est un art d'exécution, comme disait Perón.
La métapolitique s'intéresse fondamentalement aux catégories présentées comme politiquement neutres (droits de l'homme, progrès, homogénéisation, multiculturalisme, etc.) tout en démasquant les intérêts de groupes ou de lobbies qui interviennent dans le pouvoir. C'est ce qu'il fait lorsqu'il travaille sur la crypto-politique.

Tel est l'état des lieux dans cette néo-discipline. Il existe encore trois courants qui y travaillent très sérieusement et quelques tentatives universitaires pour la normaliser comme discipline académique (le politologue César Cansino au Mexique, le philosophe Nilo Reis au Brésil et le sociologue Carlo Gambescia pour l'Italie). Nous voyons dans les faits comment trois disciplines différentes abordent la métapolitique, ce qui signifie qu'il s'agit d'une science recherchée. Dans le même temps, cependant, nous observons diverses tentatives fallacieuses de diabolisation et de déification, en fonction des intérêts politiques auxquels répondent ses auteurs.

II.- Alberto Buela et le concept de dissidence par Carlo Gambescia

Je ne pense pas que ce soit possible car le sujet est très intéressant, mais même au risque d'ennuyer les lecteurs, je voudrais aujourd'hui revenir sur un point précis de la pensée du professeur Buela : le concept de dissidence.

Je le prends cependant à distance. Parce que les définitions sont importantes. Je tiens à préciser que ma démarche est une approche sociologique de la question, et non une approche philosophique ou une histoire des idées.

Être en désaccord signifie ne pas être d'accord sur une certaine question. En bref, il s'agit de penser différemment.

La dissidence, qui se divise en théorie et en pratique, en tant que forme de relation (au sens de produire des conséquences), est un fait social de grande importance, car elle affecte la division sociale du travail, c'est-à-dire les conditions de vie normales de la société.

Par exemple, si un groupe de travailleurs est mécontent de son salaire, il exprimera son désaccord en faisant grève. La dissidence affectera donc la division sociale du travail, elle aura, pour ainsi dire, des conséquences bien précises : quelles que soient les raisons avancées, bonnes ou mauvaises. 

Cela signifie qu'il faut faire une distinction entre la dissidence théorique, sur des idées, sans conséquences immédiates, comme cela arrive souvent lorsqu'un argument, même polémique, disparaît dans les brumes du discours public, et la dissidence pratique, avec des conséquences immédiates, comme dans le cas des travailleurs qui font grève. 

D'une manière générale, lorsque le désaccord théorique se transforme en conflit pratique, il y a un risque de préjudice social. Contrairement à la dissidence théorique, la dissidence de conflit a des conséquences sociales réelles. 

Quelles ont été, pour ainsi dire, les orientations du pouvoir politique à l'égard de la dissidence ? 

Pendant des siècles, la dissidence-conflit a été durement réprimée et assimilée à la dissidence-théorie, tout aussi condamnée. Réprimée et condamnée au point de déclencher, à partir du XVIIe siècle, en réaction sociale, une longue série de révolutions visant à revendiquer, pour la première fois dans l'histoire, le droit à la dissidence en tant que telle. 

Cependant, il reste un mérite fondamental des modernes d'avoir affirmé, outre le rôle socialement positif du dissensus, deux questions sociologiquement importantes : 1) la distinction entre dissensus conflictuel et dissensus théorique ; 2) la nécessité de garantir dans les limites du fonctionnement de la division sociale du travail la coexistence du dissensus conflictuel et du dissensus théorique. 

Hier, j'ai longuement discuté des intéressantes thèses métapolitiques du professeur Buela. Il attribue à la dissidence un rôle fondamental, voire métapolitique. Plus d'informations ici :
https://cargambesciametapolitics.altervista.org/alberto-buela-e-il-concetto-di-dissenso/ 

Alberto Buela et le concept de dissidence

Blog de cargambesciametapolitics 

"Aujourd'hui, la métapolitique, en tant que pluridiscipline, s'ouvre à un monde de significations qui ne peut être enserré en une formule, de ce fait, pour nous, le meilleur à dire consiste en ceci: la métapolitique est l'étude des grandes catégories qui conditionnent l'action politique. Pour parfaire cette tâche, la forme optimale qui y donne accès est la pratique d'exercer la dissidence, laquelle n'est pas autre chose que la capacité méthodologique et existentielle de proposer une autre vision que celle donnée et proposée par le statu quo en place. Comme l'a dit à de multiples occasions le président tchèque Vaclav Havel: le dissident n'aspire pas à recevoir des postes officiels ni ne cherche à obtenir des voix. Il ne s'agit pas d'aller s'imposer au public; le dissident ne peut offrir que sa peau". La dissidence comme méthode n'est pas le fait des simples observateurs des faits de monde et des problèmes y afférents. La dissidence comme accès le plus spécifique à la métapolitique comprend une dimension existentielle irrréductible au savoir livresque; elle exige l'action. Mais quelle action? L'action sur LA politique et non sur LE politique. Ce dernier est un objet d'étude qui demeure réservé à la philosophie politique, comme cela fut toujours le cas dans l'histoire".

20201108albertobuelalamasgrassig-1073524.jpg

"El disenso (...) exige la acción" (= "La dissidence (...) exige l'action"). Le concept est clair. Cependant, le point essentiel est que l'action (ou la pratique, comme nous avions l'habitude de dire) transforme la théorie de la dissidence en conflit social, en dissidence-conflit. Et ici, nous devons nous rappeler que le conflit est une régularité métapolitique, quelque chose qui se répète dans l'histoire, et qui implique des conséquences précises. 
D'abord, sur la division sociale du travail, en la modifiant. Deuxièmement, sur l'accomplissement ordonné des fonctions sociales normales, qui, à leur tour, reposent sur une autre régularité métapolitique : la distinction entre institution et mouvement (2). 
Pour donner un exemple, des institutions telles qu'une école, un ministère, une usine, un parlement, ne peuvent survivre à une logique mouvementiste de type assemblée ou référendum. 

51MW3Le95QL.jpg

Tertium non datur. Soit ce sont des institutions, donc fondées sur une logique hiérarchique-organisationnelle, de type méritocratique, soit ce sont des mouvements, fondés sur une logique démagogique-assemblée, pour ainsi dire égalitaire. Les deux logiques s'opposent, avec des conséquences socialement désastreuses. 
En bref, pour le dire politiquement, les institutions ne peuvent pas être socialistes et libérales en même temps... Elles ne permettent pas de troisième voie... 

portada-buela.jpg

Il ne reste alors que la dissidence-théorie et la dissidence-conflit, qui, en tant que régularité métapolitique, nous le répétons, se répète dans le temps. Un désaccord-conflit qui, cependant, respecte, par l'expérience historique, sociologique et métapolitique, la distinction entre institution et mouvement (autre régularité métapolitique). Ce n'est qu'ainsi qu'il est possible de concilier la dissidence (sous ses deux formes) et la division sociale du travail (la forme unique et naturelle du social). 

Par conséquent, le désaccord le plus large possible en théorie, en termes de discours public, doit être flanqué d'un désaccord-conflit plus limité, capable de s'arrêter prudemment, afin de ne pas compromettre les fonctions sociales normales, principalement la division sociale du travail. 

La tâche de comprendre où s'arrêter n'incombe pas, du moins directement, aux intellectuels, qui ne doivent indiquer, comme nous avons essayé de le montrer dans notre article, que les conditions sociologiques, métapolitiques si l'on veut, préalables à l'exercice d'une dissidence bien tempérée, raisonnée, pour ainsi dire. 

La tâche de comprendre puis de traiter la manière d'empêcher les dissensions-conflits de compromettre les fonctions sociales incombe aux hommes politiques. 

Par conséquent, la grande question de savoir comment empêcher les conflits sociaux de se transformer en guerre sociale autodestructrice renvoie à la qualité de la classe politique et plus généralement de la classe dirigeante. Aux élites, du gouvernement et de l'opposition, en somme. 

Il s'agit de questions d'autodiscipline, de prudence, si tant est qu'il faille faire preuve de sagesse, ou du moins de dosage prudent, de la part de l'élite dans son ensemble, d'un médicament, la dissidence, qui, s'il est "prescrit", vendu et consommé à des doses massives, peut empoisonner et tuer...

https://cargambesciametapolitics.altervista.org/alberto-buela-e-il-concetto-di-dissenso/

Une dernière question. La dissidence est-elle une régularité métapolitique ? C'est en termes de dynamique sociologique entre l'institution et le mouvement. En somme, dans chaque dissident, nous voyons un futur défenseur des institutions, puisque tout mouvement est destiné à périr ou à se transformer en institution s'il gagne. La poésie utopique du mouvement, si vous me permettez cette métaphore, est toujours destinée à se transformer en prose institutionnelle. 

Le soi-disant politiquement correct n'est rien d'autre que de la prose libérale, à laquelle s'oppose désormais de la poésie anti-libérale. Elle aussi est destinée à devenir de la prose si elle "gagne".

De toute évidence, le jugement sur la qualité de la poésie et de la prose renvoie, selon les termes d'Augusto Del Noce, à une interprétation de l'histoire contemporaine. 
Et l'interprétation du professeur Buela est probablement différente de la mienne. Il s'agit d'un cas de dissension théorique : des idées différentes, voire opposées, sur la nature du libéralisme et de l'anti-libéralisme. Mais c'est une autre histoire. 

Carlo Gambescia 

Notes:

(1) Par exemple, voir : http://hernandezarregui.blogspot.com/2021/08/metapolitica-despues-de-un cuarto-de.html 

(2) En général, sur les régularités ou constantes métapolitiques, je me réfère à mon "Métapolitique". L'autre regard sur le pouvoir", Edizioni Il Foglio, Piombino (Li) 2009, pgs. 27-37. Plus précisément sur la régularité "Institution-Mouvement" cf. Francesco Alberoni, "Movimento e istituzione", il Mulino, Bologna 1977. Enfin, voir, comme une tentative d'étendre l'analyse métapolitique à la crise actuelle, donc des régularités ou des constantes, mon "Métapolitique du Coronavirus. Un diario pubblico", postface d'Alessandro Litta Modignani et Carlo Pompei, Edizioni Il Foglio, Piombino (Li) 2021.

III.- La "métapolitique du canon" d'Alberto Buela par Carlo Gambescia

Je tiens à remercier Alberto Buela, mon ami argentin, professeur d'université, philosophe de la politique, l'un des fondateurs ou plutôt refondateurs de la métapolitique, en tant que véritable discipline scientifique et académique, je le remercie, comme je le disais, d'avoir généreusement rappelé mon modeste travail dans ce domaine (1). 

Je voudrais lui rendre la pareille en dressant un portrait de lui, avec une attention particulière à ses recherches métapolitiques. "Quiero". Cependant, je voudrais également souligner les différences entre ma pensée et la sienne (2). 

À ce sujet, il faut absolument lire les Ensayos de Disenso (Sobre Metapolítica) (3) de Buela, au moins comme point de départ. 

Pourquoi la métapolitique est-elle importante pour Buela ? D'une part, parce que c'est un système conceptuel qui permet d'étudier la politique (une heuristique), et d'autre part, parce que c'est un mode de pensée qui permet de changer la politique (une action métapolitique).

Il faut dire que cette distinction est fondamentale car elle délimite le champ de la métapolitique comme science de celui de la métapolitique comme pratique, comme action.

Chez Buela, nous pouvons distinguer une autre phase, pour ainsi dire, de synthèse : dans le sens de mettre l'heuristique au service de la transformation politique, de l'action. 
Ce qui - évidemment ce qui suit est mon hypothèse - renvoie à l'utilisation métapolitique de ce qu'un grand sociologue américain, Robert Nisbet, a appelé les concepts fondamentaux de la sociologie (4). Ce sont des concepts qui, comme je le crois, reviennent dans la pensée de Buela : Communauté, Autorité, Statut, Sacré, Aliénation, comme opposés, respectivement, à ceux de Société, Pouvoir, Classe, Transcendant, Intégration. 

robert-nisbet-5e867e4d-ee15-4995-bb6a-50a59ba1d3d-resize-750.png

1538617073_9782130592518_v100.jpg

La Métapolitique d'Alberto Buela pourrait donc être appelée "Métapolitique du Canon" : je veux parler du canon sociologique, en tant qu'ensemble de valeurs conceptuelles, canoniques, normatives. Ils sont ramenés dans la sphère d'une processualité métapolitique (dialectique) entre théorie et pratique, en vue d'une synthèse. Le résultat, à son tour, d'une dialectique entre Communauté et Société, Autorité et Pouvoir, Statut et Classe, Sacré et Transcendant, Aliénation et Intégration-réalisation. Une dialectique qui, fermant le cercle sociologique de la synthèse, se réfère, comme prévu, à un schéma de base, le canon.

Il est évident que les facteurs contextuels, biographiques et socio-historiques entrent tumultueusement dans la théorie métapolitique de Buela, qui a le charme fou d'un fleuve en crue, et risquent de transformer l'heuristique en herméneutique.

Je pense à son ancien militantisme péroniste, à sa passion pour la philosophie antique et les sciences sociales, et à sa religiosité séculaire, curieusement ouverte au sacré comme au transcendant. Sans oublier sa vision de la politique qui renvoie à une sulfureuse approche révolutionnaire-conservatrice.

9788494700729-fr.jpg

En outre, la longue période d'études en France, où Buela a étudié la philosophie et est entré en contact avec des penseurs comme Alain de Benoist, entre autres, a eu une influence considérable sur sa formation. Il voyait, et nous pensons qu'il voit toujours, la métapolitique comme une simple pratique, bien que de manière très brillante. Mais c'est une autre histoire.

En fait, le risque principal pour le chercheur qui s'occupe de métapolitique reste non seulement celui de ne pas distinguer entre théorie et pratique, entre concept et action, entre heuristique et transformation sociale, mais de confondre même les deux niveaux, en mettant l'heuristique au service d'une idée parfois utopique ou mythique de transformation politique et sociale. Transformer l'heuristique cognitive en herméneutique idéologique, comme cela arrive par exemple à un philosophe comme Badiou (5), qui mélange sans ménagement les concepts de révolution et de métapolitique. 

Buela, en revanche, est plus prudent. D'une part, il considère le travail heuristique ou théorique comme préparatoire à la politique, mais d'autre part, il refuse de rompre le fil herméneutique entre la politique, qui est à son tour considérée comme préparatoire à la métapolitique. 

Il s'agit d'une tension qui n'existe sans doute pas seulement dans la pensée de Buela. Parce qu'elle concerne l'ontologie de la connaissance, le rapport entre la pensée et l'action, entre la science et l'interprétation, donc l'herméneutique, en tant que fonction de l'action.

Une condition qui concerne tous les universitaires en tant qu'êtres humains. Et donc compréhensible.

Cependant, au niveau de l'institutionnalisation de la métapolitique, sa reconnaissance impose, pour éviter que la corde cognitive ne se rompe, le respect de deux points fondamentaux.

1) Approfondir l'heuristique ou la théorie du canon, en décomposant en régularités ou constantes, les concepts de Communauté, Autorité, Statut, Sacré, Aliénation et leurs antithèses respectives. C'est-à-dire se concentrer sur ce qui se répète historiquement et sociologiquement, comme, par exemple, la régularité-hégémonie des élites, la régularité-reconstitution du pouvoir, la régularité-ami-ennemi, et autres. La métapolitique, en somme, comme discours cognitif - heuristique - sur les formes politiques, et non sur les contenus, qui sont historiques, et changent de temps en temps, selon des herméneutiques différentes. 

2) Se limiter, au niveau de la pratique, à l'indication de Weber (6), qui est alors un simple conseil pour tout bon politicien, de s'en tenir aux choses telles qu'elles sont, du point de vue des régularités métapolitiques, et non telles qu'elles devraient être du point de vue des différents et fantaisistes évangiles sociaux. 

En bref, la métapolitique comme science des moyens et des fins. Conscient des limites inhérentes aux deux. Le savant métapolitique comme un scientifique et non un fantaisiste, souvent un fanatique, comme c'est le cas de Badiou, des idées. Enfin, le politicien, en tant que connaisseur avisé des régularités ou constantes métapolitiques, donc capable de les mettre en pratique "con juicio".

D'un point de vue disciplinaire et institutionnel, la question fondamentale est que la métapolitique est encore dans son enfance, ou si vous voulez vraiment, dans sa pré-adolescence. Il reste donc encore beaucoup de chemin à parcourir pour en faire une science.

D'où l'importance du travail d'Alberto Buela. Le philosophe argentin, contrairement à d'autres chercheurs, est très clair sur la question de l'institutionnalisation, ainsi que sur l'importante distinction entre métapolitique théorique et pratique.

Il sait très bien que le véritable enjeu n'est pas de ne pas "se salir" avec la politique, mais de faire en sorte, du point de vue du travail intellectuel et scientifique, que la politique prenne acte de ses limites.

En bref, de la distinction, pour reprendre les termes de Gaetano Mosca, entre "ce qui peut arriver [et] ce qui ne peut pas et ne pourra jamais arriver, évitant ainsi que de nombreuses intentions généreuses et de nombreuses bonnes volontés soient dispersées de manière inappropriée, et même dommageable, en voulant atteindre des degrés de perfection sociale qui sont inatteignables" (7). 

Carlo Gambescia

Notes:

(1) Voir : http://hernandezarregui.blogspot.com/2021/08/metapolitica-despues-de-un-cuarto de.html 

(2) Voir Carlo Gambescia, "Metapolitics. L'altro sguardo sul potere", Edizioni Il Foglio, Piombino (LI) 2009.

(3) Alberto Buela, "Ensayos de Disenso (Sobre la metapolítica)", Nuova República Ediciones, Barcelona 1999, en particulier pp. 93-123. Pour un rapide profil bio-bibliographique, cf. 
https://institutodecultura.cudes.org.ar/profesor/alberto-buela/ 

(4) Robert A. Nisbet, "La tradition sociologique", La Nuova Italia, Florence 1977. 

(5) D'Alain Badiou, voir l'ouvrage, véritable pastiche, "Métapolitique", Cronopio, Naples 2001. Pour une critique, je pense serrée, se référer à ma "Métapolitique", citée, pp. 21-27. 

(6) Je me réfère, bien sûr, à la célèbre conférence de Max Weber, "Le travail intellectuel comme profession", note introductive de Delio Cantimori, Einaudi Editore, Turin 1980, en particulier, pp. 35-37. 

(7) Gaetano Mosca, "Eléments de science politique", dans "Ecrits politiques", édité par Giorgio Sola, Utet, Turin 1982, vol. II, p. 1081.

IV.- Commentaire aux remarque de Carlo Gambescia par Alberto Buela

Métapolitique

Depuis des années, avec le sociologue italien Carlo Gambescia, auteur d'un magnifique ouvrage : Metapolítica. L'altro sgurado sul potere, Piombino, Ed. il Foglio, 2009, nous luttons depuis des années pour donner à la métapolitique un traitement académique. Et ainsi libérer la discipline des fantaisistes et des fanatiques qui créent des mythes inconductibles. Parmi ces derniers, nous pouvons sans risque placer Alain Badiou ou Daniel Estulin (russo-argentin).

Et c'est dans le cadre d'un séminaire que nous donnerons en septembre et octobre via Zoom, sur la base de ma publication Metapolítica, después de un cuarto de siglo, que le professeur Gambescia a écrit deux longs articles sur ma pensée par rapport à la discipline : La metapolítica del canon et Le concept de dissidence chez Alberto Buela. Et je vais m'y référer.

La première distingue la métapolitique comme science ou théorie et comme pratique ou action. Et il affirme : "Chez Buela, nous pouvons distinguer une autre phase, pour ainsi dire, de synthèse: dans le sens de mettre l'heuristique au service de la transformation politique, de l'action".

On sait que l'heuristique, dans son sens premier, est considérée comme l'art de l'invention, mais c'est plus proprement une méthode pour faire progresser la connaissance. Ou mieux encore, un ensemble de techniques utiles pour résoudre les problèmes. 

Mais mon heuristique exige une herméneutique, une interprétation valorisante, qui devrait finalement conduire à l'action. C'est-à-dire dans la transformation politique du statu quo existant de la communauté politique.

Et ceci, observe à juste titre Gambescia, est un risque : "dans la théorie métapolitique de Buela, qui a le charme formidable du fleuve en crue, qui court le risque de transformer l'heuristique en herméneutique", car, commente-t-on, on court le risque de cesser de faire de la science pour faire de l'opinion. Pour céder au caprice subjectif du chercheur.
C'est le point crucial du commentaire du sociologue romain : comment faire de la science à partir de l'herméneutique sans tomber dans le subjectivisme ?

Et il le reconnaît: "C'est une tension qui existe sans aucun doute non seulement dans la pensée de Buela. Parce qu'il s'agit de l'ontologie de la connaissance, de la relation entre la pensée et l'action, entre la science et l'interprétation, donc l'herméneutique, en tant que fonction de l'action. Une condition qui touche tous les universitaires en tant qu'êtres humains. Et donc compréhensible. Cependant, au niveau de l'institutionnalisation de la métapolitique, sa reconnaissance nécessite la réalisation de deux points fondamentaux afin d'éviter de rompre la corde cognitive.

1. se concentrer sur ce qui se répète historiquement et sociologiquement : les régularités d'une dialectique entre Communauté et Société, Autorité et Pouvoir, Etat et Classe, Sacré et Transcendant, Aliénation et Intégration.

2. et de s'en tenir aux choses telles qu'elles sont, aux régularités métapolitiques. 
Ces régularités métapolitiques que nous retrouvons aujourd'hui, hic et nunc, dans la tension dialectique entre consensus-dissensus ; droits de l'homme-droits du peuple ; progrès-croissance ; mémoire-histoire ; pensée unique-pensée dissidente ; pluralisme-relativisme ; globalisation-œcuménisme ; multiculturalisme-interculturalisme ; crise-décadence, etc. Ce sont les grandes catégories, l'objet même de la métapolitique. Car ce sont eux qui finissent par conditionner l'action politique des dirigeants ou des élites du moment.

300_0_6071f51ccc386.jpgJe voudrais maintenant parler, de façon télégraphique, des rudiments de ce que signifie pour nous l'herméneutique, et pour cela il faut revenir à Frederich Schleiermacher (1768-1834), auteur de la théorie moderne de l'herméneutique en 1805/9/10/19, qui soutient qu'elle est à la fois une théorie de la compréhension et de l'interprétation. Le contexte du discours et de l'auteur doit être pris en compte, et l'interprète doit le partager, en connaissant la langue et son contexte historique et social. Schleiermacher ajoute au texte classique d'Aristote, Peri Hemeneias, l'aspect émotionnel et socio-politique. Il se situe dans la période des Lumières et du Romantisme. Il est le fondateur de l'université de Berlin et le premier idéologue de l'humanisme chrétien.

L'objet de l'herméneutique, dit Schleiermacher, est de comprendre un auteur mieux qu'il ne s'est compris lui-même. Un exemple argentin est celui de notre plus grand métaphysicien, Miguel Ángel Virasoro, avec sa traduction de L'être et le néant de Sartre, qui lui a fait comprendre le Français mieux qu'il ne s'était compris lui-même, selon les propres mots de Sartre.

Il a ainsi inauguré le "cercle herméneutique texte ou contexte-auteur-compréhension", où l'interprète doit se mettre à la place de l'auteur et de son contexte. Pour se mettre au même niveau que lui. Savoir, c'est essentiellement comprendre. Un deuxième cercle herméneutique apparaît alors entre la philosophie, la philologie et le langage.

gadamer.jpgLe deuxième auteur vers lequel nous devons nous tourner pour nous expliquer l'herméneutique est notre contemporain Hans Georg Gadamer (1900-2002) qui a produit un renouveau de l'herméneutique. Pour comprendre l'herméneutique de Gadamer, nous devons prendre en compte deux éléments principaux : le sens du texte et la vérité du texte.

Par le sens du texte, nous entendons la connaissance scientifique-descriptive que nous avons de tout texte donné. La science, avec ses méthodes historiques et philologiques, nous dit quel est le sens du texte.

Par vérité du texte, nous entendons la connaissance à laquelle l'herméneutique nous conduit.  Nous ne faisons l'herméneutique d'un texte ou d'un contexte que lorsque nous essayons de comprendre la vérité du texte.

Ainsi, celui qui ne voit pas la vérité du texte, pour Gadamer, n'a pas vu son sens. Nous ne comprenons sa signification que lorsque nous avons compris sa vérité. Par exemple : "Il vaut mieux subir une injustice que d'en commettre une" ou "Il vaut mieux vivre dans son propre pays qu'à l'étranger". Quiconque comprend le sens de ce texte ou de ce contexte et n'accepte pas sa vérité a compris son sens ? Il est évident que non. Est-il possible de considérer ce texte ou ce contexte de manière objective, détachée de sa vérité ? Évidemment non, dit Gadamer.

Il y a donc deux critères de vérité dans l'herméneutique dissidente que nous proposons : a) l'évidence, ce qui en soi n'a pas besoin de preuve et qui est là, présent, et qu'il suffit de décrire sous une forme achevée, et b) la vérification intersubjective, pour éviter que notre subjectivité ne nous trompe.

Comme on peut le voir dans tout cela, nous nous inspirons des enseignements de Franz Brentano et de la phénoménologie qu'il a inventée.

La métapolitique, à mon avis, fait cela : elle enquête sur l'art, sur la création, pour résoudre des problèmes qui ne sont pas dans les manuels de philosophie politique, qui sont ceux qui présentent les grandes catégories d'usage actuel, et conclut avec la compréhension de la vérité des problèmes.

En gardant toujours à l'esprit l'observation finale de Gambescia : "s'en tenir aux choses telles qu'elles sont et non telles qu'elles devraient être du point de vue des différents et imaginatifs évangiles sociaux".

En bref, tout comme la métapolitique ne peut pas être une métaphysique de la politique, une erreur de Dilthey, elle ne peut pas non plus être une éthique de la politique. Ce n'est pas non plus une philosophie politique qui traite du "politique", mais plutôt un "au-delà", qui doit être interprété comme un "après" de la politique.

Comme l'affirme avec poésie Monserrat Álvarez du Paraguay : "Avec le terme métapolitique, je veux me référer aux concepts subconscients de la politique. À la recherche, à l'enquête policière, du fondement implicite sous l'épiderme des faits que nous appelons politiques".

Dissidence

En ce qui concerne le deuxième article sur la dissidence, le sociologue Carlo Gambescia commence par déclarer, comme il l'a fait dans la métapolitique : "Le dissentiment qui se divise en théorie et en pratique, en tant que forme de relation (dans le sens de produire des conséquences), est un fait social de grande importance, car il affecte la division sociale du travail"... "il faut distinguer le dissentiment théorique, sur des idées, sans conséquences, comme cela arrive souvent, lorsqu'un argument, même polémique, disparaît dans les brumes du discours public, et le dissentiment pratique, avec des conséquences immédiates, comme dans le cas des travailleurs en grève"...

Et c'est très bien d'un point de vue sociologique, mais comme le dit mon ami Carlos Tonelli, spécialiste du sujet : "la grève (pour suivre son exemple) est sans aucun doute une manifestation de la dissidence ouvrière, mais ce n'est pas une dissidence en soi... Si je tue, je ne suis pas "pratiquement en dissidence" avec l'autre, je fais autre chose, différent de la dissidence, je commets un homicide". L'homicide, la grève, ne sont pas des dissidences pratiques, elles ont une autre nature".

Cette distinction entre dissidence théorique et pratique peut être utile pour la sociologie, mais elle est stérile pour la métapolitique.

Ce n'est pas ce que nous avons l'intention de faire avec la théorie de la dissidence, où nous essayons de la présenter d'un point de vue philosophique comme une dimension existentielle de tout être humain dans l'affirmation et la préférence de soi.

C'est pourquoi nous proposons une herméneutique dissidente comme méthode de métapolitique la plus appropriée. S'il est vrai que cette méthode ne possède pas la rigueur des sciences dures, elle n'est pas exacte, mais je suis convaincu qu'elle est rigoureuse, une caractéristique que les sciences de l'action humaine ne doivent pas perdre de vue. Si l'on se plonge dans l'histoire des sciences, ce n'est rien d'autre qu'une variation de l'endoxa aristotélicienne.

Pour sa part, Gambescia nous accompagne avec son affirmation : "la dissidence-conflit est une régularité métapolitique qui se répète dans l'histoire". "Une autre régularité métapolitique est la distinction entre institution et mouvement". Mais, objecte-t-il, "la dissidence, qui, si elle est "prescrite", vendue et consommée à doses massives, peut empoisonner et tuer..."

Il appelle donc à une dissidence qui respecte l'expérience historique et sociologique, car il ne faut pas oublier que "dans chaque dissident, on peut voir un futur défenseur des institutions".

Carlo Gambescia est un sociologue sérieux et rigoureux qui revendique une méthodologie scientifique aussi éloignée que possible du subjectivisme et de l'idéologie politique. C'est un réaliste politique qui attire mon attention sur le fait que je ne sors pas des voies du raisonnement réfléchi. Et en ce sens, je lui suis très reconnaissant.

V.- Alberto Buela et Carlo Gambescia, une synthèse de la confrontation sur la métapolitique par Carlo Gambescia

Si je devais indiquer un point de connexion entre mes recherches métapolitiques, en tant qu'humble sociologue italien, et celles d'Alberto Buela, brillant philosophe argentin, je ne pourrais le voir que dans la tentative commune de ramener la métapolitique dans le domaine de la recherche scientifique sérieuse.

Pourquoi "ramener" ? Pour la simple raison que dans le débat contemporain - en simplifiant - la métapolitique est soit présentée comme une pompeuse éthique de la politique, parfois même de type religieux, soit réduite à une grossière métapolitique de l'action, et donc mise au service d'une idéologie organisationnelle pure et simple.
Buela, quant à lui, a compris l'importance d'un fondement théorique pour toute discipline qui aspire à être scientifique.

Comment Buela développe-t-il cette intention ?

En introduisant, dans le domaine de la recherche métapolitique, le concept de "pensamiento disidente", basé sur la dissidence herméneutique. Cette approche est soutenue d'une part par l'herméneutique, en tant que lien entre le sens et la vérité dans la recherche métapolitique, et d'autre part par le concept de dissidence, qui s'inspire d'un certain nombre de disjonctions (consensus et dissidence ; droits de l'homme et droits des peuples ; progrès et décroissance ; mémoire et histoire ; pensée unique et pensée dissidente, etc.), à partir de la distinction métapolitique qui renvoie, peu ou prou, à une régularité précise des régularités : celle entre communauté et société.

Dans une certaine mesure, dans sa pensée, la régularité du dissentiment-consentement (qui renvoie à l'heuristique métapolitique : la boîte à outils des régularités), se transforme en un moment herméneutique fondamental. Le sens, donné par l'existence de régularités, donc aussi celui du dissensus-consensus, se transforme du côté du dissensus en dissensus herméneutique.

Le point fondamental, pour éviter que l'idéologie ne devienne vérité et que l'heuristique ne soit une pure et simple technique de contrôle social, reste celui de la recherche de la vérité, qui est bien différente de celle de l'opinion, comme le sait bien Buela, en bon connaisseur d'Aristote.

Mais quelle vérité ?

Eh bien, sur ce point précis, je crois que la vérité poursuivable est celle des faits. Donc autre que la métaphysique. Les faits, au sens de la nature cyclique, si l'on veut répétitive, factuelle des formes métapolitiques, parmi lesquelles la forme-dissolution se distingue comme l'opposé de la forme-consentement : une régularité, si l'on veut une polarité métapolitique, que l'on retrouve tout au long de l'histoire humaine.

Ce qui indique, je le répète, que nous avons affaire à un "fait", à une dynamique immanente, surtout à quelque chose de non transitoire, qui, en termes simples, demeure.
En bref, la dissidence et le consensus ne peuvent être expulsés de l'histoire d'un coup de baguette magique. De toute évidence, le consentement et le désaccord, en termes de contenu, renvoient à des articulations historiques et sociales différentes. Au "contexte" du texte anthropologique, en tant que comportement réel, pour le dire en termes herméneutiques. Un "contexte" qui doit être interprété.

En réalité, l'herméneute, l'interprète, doit être scientifiquement vertueux au point de ne pas superposer ses propres valeurs (en tant que sujet) aux faits étudiés (objet). Cela exige un grand engagement envers l'objectivité.

Laissez-moi vous donner un exemple. Un chercheur qui n'aime pas le monde moderne et ses valeurs, donc qui n'apprécie pas les manières libérales de gérer le consensus par des procédures constitutionnelles précises, pourra parler de consensus géré d'en haut, masqué, donc comme une forme de contrôle social hypocrite, rien de nouveau sous le soleil donc. En revanche, un chercheur qui aime le monde moderne et ses valeurs verra dans la gestion libérale du consentement un pas en avant vers un monde plus civilisé et tolérant. Des progrès, même timides.

grèveee0247abdc.jpg

On m'a fait remarquer que la grève, qui dans les démocraties industrielles modernes est un mode pratique de dissidence incorporé dans les codes libéraux (mode théorique), n'a rien à voir avec la dissidence réelle (théorique), car pendant la grève, des meurtres sont commis.

Cela peut être vrai dans certains cas, mais un bon herméneute, capable de lier le sens (la boîte à outils, l'heuristique) et la vérité (le factuel, cependant), sait bien que les grèves violentes, et même celles marquées par le meurtre, renvoient à des réalités où les codes libéraux du droit de grève, même si elles sont en vigueur, sont encore loin d'être acceptées dans les esprits comme dans les comportements, tant par les employeurs, qui voient dans le "gréviste" un révolutionnaire à écraser, que par les travailleurs, qui voient dans l'employeur, un exploiteur pur et simple à éliminer par la force.

Si un "mérite" ou un "avantage" fonctionnel peut être attribué au procéduralisme libéral en matière de dissidence, on ne peut nier qu'il est représenté par la transformation de l'ennemi en adversaire. Bien sûr, cela ne se produit pas toujours, et la raison pour laquelle cela ne se produit pas s'explique par les régularités métapolitiques, mais, ceci dit, la tolérance reste une idée régulatrice importante des systèmes libéraux modernes. Ce n'est pas une mince affaire.

Un herméneute, attentif au sens et à la vérité des faits, ne peut manquer d'en tenir compte. Évidemment, cela doit se faire sur la base d'une objectivité rigoureuse, un don dont notre ami Buela ne manque pas.

max-weber.jpg

Max Weber, héritier de l'historicisme allemand et d'une glorieuse tradition herméneutique (également appréciée par Buela), estimait que la tâche des intellectuels, des professeurs en somme, n'était pas de prendre parti pour telle ou telle idéologie, mais de montrer à quiconque l'interrogeait non pas des solutions toutes faites, mais comment "réaliser le sens ultime de son propre travail". Ce passage mérite d'être cité dans son intégralité.
" C'est-à-dire que nous [les professeurs, ndlr] pouvons, ou plutôt devons, vous dire : telle ou telle position pratique peut être déduite avec une cohérence et un sérieux intimes, conformément à son sens, de telle ou telle conception fondamentale du monde [...], mais jamais de telle ou telle autre ". Vous servez ce dieu - pour parler au sens figuré - et vous offensez cet autre dieu, si vous optez pour cette attitude. Car vous arriverez à ces conséquences extrinsèques extrêmes et importantes si vous restez fidèles à vous-mêmes. Ce travail [de clarification des significations ultimes de l'action individuelle en politique, Ndlr] peut, au moins en principe, être fait [par le professeur, Ndlr]. (*).

Or, la dissidence herméneutique, et sur ce point je crois que l'accord avec mon ami Buela est absolu, ne peut pas, et même ne doit pas, ignorer cette précieuse indication wébérienne.

Enfin, et là aussi je crois que Buela est d'accord, le nœud de l'explication métapolitique renvoie à la question de l'intelligibilité des faits. De compréhension, ce qui n'est pas une justification, ou pire encore, de partage. Sur ce point, je me réfère, également sur le plan terminologique, au débat allemand sur l'historicisme (**).

Je parle d'un acte cognitif qui ne dérive pas de l'intuition ou de l'empathie de l'observateur envers le phénomène observé, mais de l'interprétation, donc de l'herméneutique, qui, selon nous, consiste, historiquement, à reconstruire, rationnellement, le monde dans lequel vit l'acteur historique et social étudié. Mais comment ? En recourant à des régularités métapolitiques, en tant que modèles de disposition, dans le sens de la manière dont l'homme est disposé en série, en termes de possibilités de comportement, compte tenu de certaines situations historiques et sociales.

Cela signifie que les régularités métapolitiques sont, au niveau de la métascience, des propositions qui avancent des hypothèses comportementales, en ce sens que - je le répète - dans certaines situations, il est possible, et donc pas nécessairement probable, que les hommes se comportent selon certaines régularités métapolitiques.

Par exemple, il est possible qu'une grève dans le cadre d'une dissidence pratique, liée à une procédure libérale, ne se termine pas par un bain de sang. De même, dans le même contexte, il est tout aussi possible, mais non probable, que les balles soient remplacées par des urnes. Cela renvoie à la régularité de la dissidence-consentement, en la contextualisant toutefois précisément dans une clé herméneutique, une clé qui nous renvoie au constitutionnalisme libéral et à ses principes régulateurs.

Évidemment, ce qui vient d'être dit renvoie à une autre série de problèmes : celui de la relation entre la cause et l'effet dans les actions sociales, qui n'est pas la même que celle des "sciences dures" comme le note Buela ; celui de la relation entre les actions individuelles et l'hétérogénéité des fins collectives ; celui, qui découle de l'observation précédente : de la relation entre les intentions sociales, même les plus nobles, et la misère des résultats finaux. Et ainsi de suite.

Le vrai nœud théorique, si vous voulez le vrai défi de la métapolitique, reste dans le fait que les hommes font l'histoire, donc ils ont recours à des moyens, mais ils font une histoire dont ils ne savent rien, sauf quand elle est faite. Ainsi, même lorsqu'ils font l'histoire sur la base d'intentions, même les plus nobles, et donc en visant certaines fins moralement justifiables, le risque d'obtenir des résultats contraires à ceux poursuivis est toujours possible, voire probable dans de nombreux cas. Certainement en rétrospective.
Pour ne donner que quelques exemples trop familiers, pensez à l'histoire romaine, notamment celle de la République, qui a construit un empire sans le savoir, revendiquant même les valeurs de la République, désormais dépassées par les faits. Ou, autre exemple, l'essor du christianisme, fondé sur le sermon de la montagne et culminant avec la destruction des temples païens.

La métapolitique, un point sur lequel je pense que Buela est d'accord, est une connaissance qui étudie les moyens ainsi que les fins, mais en se distanciant hermétiquement des deux, selon les dictats weberiens.

9782707140470.jpg

Ce qui, je le répète, n'est pas une blague ; Weber en était épuisé, même psychiquement. Mais, pour citer les anciens géographes, hic sunt leones. Je dois donc m'arrêter là.
Je tiens à remercier mon ami Alberto Buela pour l'intéressante discussion, qui s'est distinguée, plus par son mérite que par le mien, par un niveau culturel très élevé.
Une comparaison des idées sur la métapolitique qui, je crois, a vu les points d'accord dépasser les points de désaccord ou du moins de critique. Ce qui, précisément par les temps qui courent, n'est pas une mince affaire. Merci Alberto.

Carlo Gambescia

Notes:

(*) Max Weber, "Il lavoro intellettuale come professione", note introductive de Delio Cantimori, Einaudi, Turin 1980, p. 36.

(*) Voir Pietro Rossi, "Lo storicismo tedesco contemporaneo", Einaudi, Turin 1971, 2ème édition, ainsi que le très critique Carlo Antoni, "Dallo storicismo alla sociologia", Sansoni, Florence 1973 (1ère édition, ivi 1940).

 

 

samedi, 27 février 2021

Dix déviations contre-révolutionnaires qui sabotent la véritable dissidence

Ares.jpg

Raphael Machado

Dix déviations contre-révolutionnaires qui sabotent la véritable dissidence

Ex: http://www.novaresistencia.org

Dans l'ensemble, le milieu politique dissident, c'est-à-dire anti-libéral et anti-moderne, s'est beaucoup développé au cours des dix dernières années dans notre pays (le Brésil). Néanmoins, il est encore assailli par certaines maladies et déviations infantiles qui sabotent sa croissance.

Le milieu dissident est plein de dérives assimilables à du sabotage et d'idées contre-révolutionnaires. Dans de nombreux cas, ces dérives et idées sabotent élan et croissance de la dissidence et les idées contre-révolutionnaires se propagent avec une naïveté déconcertante. Dans certains cas, le sabotage idéologique est intentionnel et vise à paralyser ou à fragmenter la dissidence.

Même si ces idées sont agrémentées de phrases d'Evola et de Nietzsche, de photos de familles américaines des années 50 ou de statues d'Arno Breker, ce sont toutes des idées contre-révolutionnaires qu'il faut faire disparaître de notre milieu, par tous les moyens à notre disposition.

Une critique dissidente de la dissidence est devenue indispensable.

10 - Bucolisme infantile

D'une manière générale, le milieu dissident a depuis longtemps surmonté un certain optimisme historique lié au futurisme et s'est retranché dans une critique radicale de l'urbanisation, de la mécanisation des relations humaines, de la foi dans la technologie et d'une certaine artificialisation induite par l'éloignement de la nature et des cycles naturels.

Face à cela, il est devenu courant d'idéaliser la "vie à la campagne", avec ses "blondes dans les champs de blé" et ses "cabanes dans les bois" (avec wifi, bien sûr). Il n'y a aucun problème à décider de vivre dans une petite ville ou de cultiver la terre. Le problème survient lorsque cela est considéré comme un substitut à l'action et à l'activisme politiques.

visuel-dissidence.jpg

En effet, il y a quelque chose à célébrer dans la paysannerie, dans la culture de la terre, dans les relations humaines les plus étroites, mais tout cela doit être mobilisé comme un symbole pour motiver une lutte politique concrète, à mener aussi dans les villes. En dehors de la lutte politique objective, cette fugere urbem n'est rien d'autre qu'une lâcheté conservatrice déguisée en traditionalisme.

9 - Domesticité bourgeoise

Un autre moyen largement utilisé dans la dissidence pour légitimer sa propre inertie et sa lâcheté est la cantilène selon laquelle "aujourd'hui, la véritable révolution est de se marier et d'avoir des enfants", qui n'est pas rarement associée au point précédent. Parmi les incels, l'idée de fonder une famille peut sembler être une grande réussite, mais en dehors de cet environnement, il est étonnant qu'elle soit présentée comme une bannière.

Bien sûr, notre époque postmoderne de capitalisme tardif et de liquéfaction des identités implique une certaine répétition des évidences que sont "le ciel est bleu" et "2 + 2 = 4", donc à une époque où les gens ont "l'hélicoptère de combat" comme genre, il peut effectivement sembler quelque chose d'un autre monde d'épouser une personne du sexe opposé et d'avoir des enfants à l'ancienne, mais il n'y a rien de particulièrement révolutionnaire à se marier et à avoir des enfants, et cela ne remplace pas non plus l'action politique.

La perpétuation de la lignée familiale a toujours été considérée comme importante dans toutes les sociétés traditionnelles, mais c'est une chose naturelle à faire et, sauf pour ceux qui ont une vocation monastique ou similaire, c'est le strict minimum.

Contrairement à tout traditionalisme authentique, ce discours n'est qu'un appel à la domesticité bourgeoise, où le foyer est le centre de la vie de l'homme et où ses préoccupations tournent autour du "paiement des factures" et de la "croissance dans la vie".

Lorsque vous vous retirez de l'action politique pour jouer au "papa et à la maman", vous ne faites que confier à vos enfants les tâches politiques urgentes de notre époque.

8 - La peur de la politique partisane

Dans la rhétorique dissidente, on trouve souvent un certain moralisme antipolitique qui jette l’anathème sur toute implication dans la politique des partis bourgeois en la qualifiant de "corruption", de "trahison", etc. Ce discours est typique de l'infantilisme conformiste déguisé en radicalisme politique dissident.

Psychologiquement, ce refus de s'impliquer dans la politique des partis bourgeois exprime une certaine crainte générale par rapport au monde adulte. C'est une sorte de "syndrome de Peter Pan", mais appliqué à la politique. Pour adhérer à un parti politique, il faut être un homme de 30 à 40 ans qui n'a pas encore réussi à mûrir sur la "scène" depuis son adolescence.

Le monde de la politique des partis bourgeois est célèbre pour ses compromis, ses accords, ses négociations, ses alliances pragmatiques, etc. Tout ce qui provoque le dégoût et inspire le mépris à tout dissident, ce qui est parfaitement justifié. Néanmoins, dans les conditions concrètes de pratiquement tous les pays de l'hémisphère occidental, la participation à la politique des partis est l'un des moyens les plus importants pour atteindre le seul véritable objectif qu'un dissident devrait avoir : le pouvoir.

CYBER_SURVEILLANCE_TECH_DISSIDENCE.jpg

Même si l'on veut détruire le système des partis, il faut renverser les rôles et mettre fin au jeu le plus vite possible, même si chaque dissident qui n'a pas d'implication ou d'initiative dans ce domaine, ne serait-ce que secondairement, doit être considéré comme un amateur ou assimilé à des anarchistes bobos.

7 - Spontanéité paresseuse

Si l'on demandait à Lénine, ou à son héritier italien Mussolini (ce n'est pas moi qui le dit, mais Lénine lui-même...), quel est le chemin à suivre pour la révolution, ils souligneraient le travail invisible des petites fourmis : les heures passées à taper, le temps perdu à décider et à organiser des questions logistiques insignifiantes, à écrire des articles pour de petits journaux locaux ou à faire des discours devant une douzaine de personnes.

L'action politique révolutionnaire n'est pas du tout romantique. Le romantisme vient plus tard, avec les poètes de la révolution.

Face à cette réalité souvent fastidieuse, de nombreux dissidents plaident pour le "réveil du peuple". C'est l'idée que finalement (un "éventuellement" messianique et millénaire qui pourrait être demain ou dans mille ans...) le peuple se fatiguera de "tout ce qui est là", et alors il se rebellera spontanément et renversera le gouvernement.

Naturellement, à ce moment-là, les gros granudos sortiront de leur 4x4 pour guider, en tant que patrons naturels et shiatters innés, les masses en révolte. Une illusion qui serait balayée par la lecture de La rébellion des masses d'Ortega y Gasset ou de La psychologie des foules de Le Bon. À cette foi paresseuse dans le réveil spontané des masses est généralement lié le point précédent, la crainte de la politique des partis.

En général, ceux qui lancent des anathèmes à ceux qui adhèrent à des partis, contestent les élections, etc., affirment que si nous diffusons suffisamment de critiques sur l'Holocauste, ainsi que des images de statues nues dans une esthétique vaporeuse, finalement "tout ce qui est là" changera.

6 - Défaitisme idéaliste

Honnêtement, je n'ai jamais pris au sérieux cette vieille idée selon laquelle, dans le sport, il s'agit de faire de la compétition ou de "faire de son mieux" et non de gagner. Il est évident que le plus important est de triompher ! Pour gagner des médailles ! Atteignez la notoriété ! Pour être reconnu comme l'un des meilleurs !

Dans le même sens, en politique, j'ai toujours instinctivement détourné les yeux chaque fois que j'entendais, dans les milieux dissidents, quelqu'un commencer cette litanie du "le plus important n'est pas de gagner mais oui"... Maintenant, si vous n'êtes pas intéressé par la victoire, que faites-vous en politique ? Nourrir votre propre ego ?

dissident-heine-cite.jpg

Parmi de nombreux dissidents, il y a cette notion selon laquelle l'idéologie "de droite" accorde d'avance une "victoire morale" qui rend toute victoire concrète, objective et historique superflue. Vous êtes peut-être une personne isolée dans un kitnet avec une page Facebook suivie par 200 personnes, mais parce que vous avez lu quelques livres de Julius Evola, vous êtes en fait une kshatriya et vous êtes destinée au Valhalla. Ou bien vous pourriez avoir un "mouvement" d'une demi-douzaine de personnes qui ne font absolument rien d'autre que de traîner, de temps en temps, dans les bistrots pour boire et faire de la prose.

Si l'on demande à l'un de ces dissidents ce qu'il a l'intention de faire pour prendre le pouvoir, ou pourquoi exactement les choses ne semblent aller nulle part, il vous répondra inévitablement que "c'est la faute de [insérer ici, indistinctement, des juifs, des maçons, des musulmans, des communistes, ou de tous à la fois]". Bien sûr, ils ne sont pas responsables du fait qu'ils n'ont littéralement aucune stratégie, ni même un simple plan qui ait un sens.

Voyez : ils pourraient au moins essayer. Mais même pas cela. La "victoire morale" les a déjà satisfaits. Il n'est pas rare que ces types correspondent également à tous les vices idéologiques décrits ci-dessus.

5 - Accéléralisme naïf

Une infection aggravée par le contact avec les médias de droite avec son mythe du "boogaloo", dans la dissidence ne manquent pas ceux qui croient fermement que "Le Système" est au bord de l'effondrement, et que même demain le monde peut se transformer en un scénario de Mad Max.

Que ce soit à cause de ce pic pétrolier (qui, avouons-le, est tombé en désuétude), d'une révolution mécanique, d'une guerre civile mondiale, de la non-durabilité innée du capitalisme, ou pour toute autre raison, les dissidents ayant certaines tendances survivalistes (généralement seulement virtuellement) se préparent à "la fin".

Ils croient donc qu'ils descendront dans la rue armés pour restaurer la "société traditionnelle". Outre le fait qu'ils vont se retrouver dans la rue avec le Commandement rouge, le Premier Commandement de la capitale et la Ligue de justice, ce qui risque d'être tragique, le principal problème est que ce scénario est un fantasme qui sert à écarter la nécessité d'un militantisme méthodique, d'une construction approfondie du processus révolutionnaire et du pragmatisme politique. Nous n'avons pas besoin de faire quoi que ce soit, il suffit d'acheter des boîtes de thon et d'avoir un P38 pour "protéger la famille".

La grande crainte que cette catégorie de dissidents évite de rencontrer est que nous sommes déjà "à la fin". Une fin qui, si elle est laissée à l'inertie, n'aura pas de fin. Remplacez "La fin est proche" par "Cela ne finira jamais".

4 - Trotskysme dissident

Un problème commun dans le milieu dissident, et pas seulement au Brésil, est une certaine tendance au sectarisme basée sur un puritanisme idéologique qui transforme tout désaccord minimal sur des questions secondaires en contradictions majeures.

dissidencetv.jpg

En ce sens, au lieu d'avoir une seule grande organisation dissidente (naturellement, avec ses filières), nous voyons proliférer une myriade d'organisations nationalistes aux objectifs extrêmement spécifiques, avec un nombre de membres variant entre 1 et 20, et qui disparaissent aussi vite qu'elles sont apparues.

Parfois, il ne s'agit même pas de puritanisme idéologique, mais simplement d’un problème d'ego chez les dissidents qui sont totalement incapables de s'intégrer dans une hiérarchie et de se conformer à une discipline révolutionnaire, et qui craquent sur tout désaccord personnel.

3 - Nécromancie politique

Photographies en noir et blanc, références constantes à des idoles politiques décédées, liste bibliographique presque entièrement occupée par des rafistolages poussiéreux du XIXe et du début du XXe siècle sur des sujets aussi actuels que la voiture à manivelle.

Nous l'avons tous vu et nous continuons à le voir dans les véhicules et les canaux de propagande de nombreux groupes dissidents, ou même si ce n'est que dans leurs profils personnels.

De nombreux dissidents sont prisonniers du passé. Besoin émotionnel ? Il est impossible de le dire, mais ces dissidents semblent toujours se sentir en insécurité ou même menacés lorsqu'il s'agit d'aborder des questions contemporaines avec des auteurs contemporains originaux (et non de simples commentateurs ou répétiteurs de morts).

indexrmdiss.jpg

La tradition, pour ces dissidents, n'est pas une lumière qui offre la possibilité d'une libération spirituelle, mais une tonne d'entraves qui se lient à des slogans répétés ad nauseam. Tout comme il existe une "seule pensée politiquement correcte" dans le monde post-libéral, il existe une "seule pensée politiquement correcte" dans le monde dissident, basée sur le fait de traiter littéralement comme la Bible toute œuvre écrite par une quelconque personnalité de la Troisième Théorie Politique, liée à des régimes défunts.

En essayant d'être optimiste, au moins ce n'est pas comme la gauche libérale, qui a transformé les livres de Harry Potter en Bible...

2 – Anti-étatisme pseudo-traditionnel

Que ce soit par infiltration libérale ou par simple opportunisme en voulant faire converger les ancêtres mythifiés et les libertaires d’aujourd’hui, il y a une minorité dans la dissidence qui ne fait délibérément pas assez la distinction entre la critique de l'État moderne et la critique libérale de l'État.

Bien sûr, ces "théonomes" déclineront leur philo-libéralisme dans toutes les teintes traditionnelles possibles, des citations de Nietzsche aux appels à une "critique d'en haut" en passant par un élitisme puéril. Mais la conclusion est la même: l'État doit être détruit pour pouvoir ensuite être "reconstruit", mais cette fois-ci de manière traditionnelle, authentique, organique.

Le soutien à ces critiques ne fait pas rougir, ce qui suscite une suspicion sincère.

En fait, d'un point de vue traditionnel, tout État, même moderne, vaut mieux que le plongeon chaotique et a-nomal dans l'indifférenciation postmoderne. L'État, même en tant que forme pure, n'est pas quelque chose de vide de sens et n'équivaut pas à l'Anarchie. C'est la base de la pensée politique d'Evola.

C'est un curieux "traditionalisme" qui a des points communs avec le libéralisme foucaldien et avec le post-marxisme autonomiste de Toni Negri et Michael Hardt, ainsi qu'avec les idées de Murray Rothbard et Hans-Hermann Hoppe. Dans des cas comme celui de Marcos Ghio, ces notions en viennent même à être associées au soutien à l'ISIS et à Al-Qaida, au point que "défendre Assad, c'est défendre l'État moderne et anti-traditionnel". Ces arguments sont également apparus chez les néo-nazis qui entendaient justifier leur soutien au terrorisme ukrainien contre les populations du Donbass ainsi que leur anti-poutinisme. "Poutine est un bourgeois !"

Tous sont les apôtres d'un affaiblissement généralisé de l'État comme moyen de parvenir à un "ordre plus juste".

Il est évident que nous savons ce qui se cache derrière tout cela et où ces idées circulent.

1 - Fétichisme marginal

Demandez à n'importe quel penseur dissident de ces cinquante dernières années ce qu'il faut faire et ils vous diront tous unanimement qu'il faut boire à la fontaine de Gramsci pour favoriser la pénétration institutionnelle de nos idées.

thumb.php.jpg

Il est nécessaire de produire un contenu académique, il est nécessaire d'adhérer et de participer activement à des syndicats, il est nécessaire de faire du militantisme de base et d'organiser des communautés, il est nécessaire de produire de l'art dissident, il est nécessaire de construire des contacts et des réseaux d'influence avec les partis politiques, il est nécessaire d'utiliser les réseaux sociaux pour essayer de populariser les idées dissidentes. Popularisez, ils insisteront. Ne pas augmenter le nombre de "marginaux".

Néanmoins, il y a encore de nombreux dissidents qui insisteront sur les comportements les plus innocemment marginaux, tout en se faisant passer pour des radicaux. Faux personnages de dessins animés, théories de conspiration complètement folles, MGTOW, et tout un tas d'autres manies et fétiches qui suscitent le dégoût des gens ordinaires, même ceux qui ont tendance à être en désaccord.

La réalité est qu'il y a beaucoup de gens qui se sentent plus à l'aise dans un petit créneau politique, généralement ignoré par les médias et les organismes publics, et qui feront le possible et l'impossible pour maintenir la dissidence dans une bulle.

11:40 Publié dans Actualité, Définitions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, définition, dissidence | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 05 janvier 2021

Être dissident

statue-grecques-640x542.jpg

Être dissident

par Juan Pablo Vitali

Ex: https://legio-victrix.blogspot.com

Être dissident, c'est porter une épée de lumière dans les labyrinthes de l'âge des ténèbres.

Être dissident, c'est ressentir à chaque pas la solitude de la tension, serrant nos cœurs.

Être dissident, c'est choisir les hauteurs, et aussi les abîmes.

Être dissident, c'est se graver des écritures sacrées sur la peau.

Être dissident, c'est se jeter sur l'acier nu de l'épée.

Être dissident, c'est toujours retourner dans les villes perdues.

Etre dissident, c'est avoir perdu le soleil de l'Atlantide et l’avoir retrouvé dans la glace lointaine du Sud.

Être dissident, c'est voir le visage osseux de nos morts comme un miroir blanc dans l'obscurité quotidienne.

Être dissident, c'est être en dissidence avec les Dieux s'ils nous sont hostiles.

Être dissident, c'est occuper les rues jusqu'à ce qu'on les maîtrise.

Être dissident, c'est être marbre, muscle, pierre, feu, montagne et chemins.

Être dissident, c'est être le dernier loup d'Europe dans les grottes, l'aigle endormi dans les hauteurs, le cerf bramant dans les profondeurs des bois.

Être dissident, c'est dormir sur des poignards et se réveiller illuminé par les yeux des enfants de Dresde, Berlin et Hiroshima.

Être dissident, c'est harceler le temps du silence, avec des drapeaux qui flottent au vent.

Être dissident, c'est toujours être le dernier à battre en retraite, et le premier à avancer.

Être dissident, c'est être le dernier homme debout, si nécessaire, avec le soleil comme témoin et la flamme éternelle de notre drapeau.

4c7vs8.jpg

 

00:25 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dissidence, être dissident | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 30 novembre 2020

La pathologisation de la dissidence

Aliene.jpg

La pathologisation de la dissidence

par Enrica Perucchietti

Source : Comedonchisciotte & https://www.ariannaeditrice.it

Aldous Huxley : une méthode pharmacologique pour "tordre" l'esprit des citoyens

962fd65629efc2b06feb12c2ea51ec81.jpg"Je crois que les oligarchies trouveront des moyens plus efficaces de gouverner et de satisfaire leur soif de pouvoir et seront semblables à celles décrites dans Brave New World (= Le meilleur des mondes)".

Dans une lettre datée du 21 octobre 1949, l'écrivain Aldous Huxley écrit à George Orwell que, dans un avenir proche, le pouvoir va bientôt mettre en œuvre la révolution ultime : « amener les gens à aimer leur état d'esclavage ».

Huxley était convaincu que les dirigeants opteraient pour la forme "douce" de dictature, car ils trouveraient dans l'hypnotisme, le conditionnement enfantin et les méthodes pharmacologiques de la psychiatrie une arme décisive pour faire plier les esprits et la volonté des masses. Une hypothèse que le romancier anglais a confirmée en 1958 dans son essai Le meilleur des mondes revisité.

En 1932, Huxley lui-même avait placé son chef-d'œuvre dystopique, Brave New World, dans un monde global pacifique où une drogue d'État, le soma, contrôle l'humeur des citoyens.

Dans la dystopie de Huxley, il n'y a pas de place pour les émotions fortes, l'amour, la haine ou la dissidence. Il n'y a pas de place pour l'intuition, l'art, la poésie, la famille.

Les gens en sont venus à aimer leurs chaînes parce qu'ils ont été manipulés avant la naissance par l'eugénisme et, à l'âge adulte, ils sont totalement dépersonnalisés et manipulés au fond d'eux-mêmes.

De cette façon, aucune forme de rébellion n'est possible. Et le pouvoir a atteint son but : faire en sorte que les citoyens ne se donnent pas la peine de contester ou de se révolter.

En fait, pour créer une société apparemment parfaite et pacifique, il faut contrôler, voire annihiler, effacer les émotions, ce qui fait des citoyens des zombies.

La pathologisation de la dissidence

La création d'une sorte de "terreur sanitaire" est en train de devenir le point de mire pour déstabiliser les libertés individuelles et resserrer les mailles du contrôle social.

fake-news-n-e-4d.jpgComme un monstre dans l'édition augmentée et mise à jour de mon livre intitulé Fake news (Arianna Editrice), les cas de censure, de boycott et d'attaques de plus en plus impitoyables contre l'information indépendante deviennent quotidiens.

Nous devons nous demander si la biosécurité ne nous conduit pas vers une dictature de la santé et si nous n'essayons pas de pathologiser la dissidence afin d'intervenir de manière forcée et de créer un dangereux précédent : traiter et hospitaliser les dissidents.

Dans la société du politiquement correct, ceux qui ne s'alignent pas sur la pensée unique ont longtemps été dénigrés, persécutés et marqués d’étiquettes différentes et toujours dénigrantes, afin d'encadrer la dissidence ; aujourd'hui, cependant, à côté de ce travail capillaire de discrédit, il y a la tentative de traiter les dissidents afin de les remettre sur la bonne voie et de pouvoir les accueillir à nouveau dans la société.

L'année dernière, nous avons été témoins de précédents inquiétants, de la création de la nouvelle expression "souveraineté psychique" (1), proposée par un chercheur de l'Institut Italien de Technologie d'utiliser des décharges électriques ou magnétiques pour influencer le cerveau et guérir les stéréotypes et les préjugés sociaux. (2)

Galimberti pense que les négationnistes sont "fous"

Le dernier exemple, par ordre chronologique, de pathologisation de la dissidence sont les déclarations du philosophe Umberto Galimberti qui, animateur de l'émission Atlantis sur La7, (3) a assimilé les négateurs du Covid à des fous :

Voici les propos de Galimberti : "Les négationnistes ont peur de la peur. Plus que la peur, ils ressentent l'angoisse. Ils perdent les points de référence. Et ils vont jusqu'à être délirants. Le négationnisme est une forme d'endiguement de l'angoisse [...]. Il n'est pas facile de raisonner avec les fous. Peut-on persuader ceux qui nient la réalité que la réalité est différente ? Très difficilement".

28072b5278f9f45ef9d22b2e2ef0f88b.jpg

Ses positions étranges ne sont pas isolées : ces derniers mois, l'opinion publique a tenté de l'amener à soutenir l'égalisation entre les négationnistes (mais aussi les conspirateurs et les « NON vax », hostiles aux vaccins) et les fous, qui devraient donc suivre un traitement psychiatrique afin d'être acceptés à nouveau dans la société.

A la lumière des cas de Tso à Dario Musso (4) et de l'avocate de Heidelberg, Beate Bahner, très critique à l'égard des mesures prises par le gouvernement pour la quarantaine par Coronavirus, (5) la tentative de psychiatrie des dissidents devrait soulever l'indignation non seulement des initiés, mais de la population.

Le problème sous-jacent est que, sous l'étiquette désobligeante de "dénigreur" mais aussi de "conspirationniste", tombe toute personne qui critique la version officielle de la fiction grand public ou se permet de ne pas être d'accord avec les mesures gouvernementales basées sur le biopouvoir.

Guérir la dissidence

Nous sommes confrontés à une attitude paternaliste, autoritaire et scientifique du pouvoir qui vise à obtenir l'obéissance aveugle des citoyens et, s'ils refusent de se soumettre sans critique, à corriger leur comportement et leur pensée par la psychiatrie ou la technologie.

Le totalitarisme des bons sentiments ("bons" seulement en apparence) a ses chiens de garde prêts à ramener dans le giron toute personne qui n'est pas d'accord ou qui ose exprimer publiquement ses doutes. Aujourd'hui, le psychopolitisme semble prêt à élaborer de nouveaux instruments dignes d'une psychodictature.

Elle veut neutraliser la conscience critique et censurer toute forme de dissidence. Ceux qui sont en désaccord doivent être censurés, ils doivent avoir honte non seulement de ce qu'ils ont dit, mais aussi de ce qu'ils ont "osé" penser.

Ils ne peuvent donc être acceptés de nouveau dans la communauté que s'ils s'humilient, demandent publiquement pardon et suivent un traitement psychiatrique afin de se remettre d'une maladie que le totalitarisme progressif espère guérir : penser librement et de manière critique.

samedi, 17 octobre 2020

Littérature: Alexandre Soljenitsyne, une vie de dissidence

838_gettyimages-583370400.jpg

Littérature: Alexandre Soljenitsyne, une vie de dissidence

 
Nous recevons le professeur agrégé d'histoire et passionné de littérature russe, Eric Picard, qui revient pour nous sur la vie dissidente et l’œuvre imposante d'Alexandre Soljenitsyne (1918-2008), prix Nobel de littérature en 1970.
 
 
 
✅ Abonnez vous si ce n'est pas encore fait !
✅ Pour soutenir la radio, notre Tipee ► https://fr.tipeee.com/radio-lorraine-...
 
Merci de nous suivre et de nous soutenir !
 
Émission réalisée par François-Xavier Consoli
 
A écouter également sur Soundcloud: https://soundcloud.com/user-640188530...
 
Bonne écoute !
 
Extraits audio: ©extraits INA

mercredi, 18 mars 2020

L’honneur d’être non-aligné ou la dissidence comme nécessité morale

grm4wq7thbautgmabbrnby5pjweuvlecefqbriqtafvxcvydsj9cf84gmasj3hpkcvacpm6htttd-2-680x350.jpg

L’honneur d’être non-aligné ou la dissidence comme nécessité morale

Ex: https://flux.md
 

(Préface à l’édition roumaine du livre de Pierre-Antoine Plaquevent : SOROS et la société ouverte. Métapolitique du globalisme)

Je commencerai cette introduction en précisant que tous les efforts éditoriaux, médiatiques et académiques que nous déployons avec obstination depuis des années, contre un ennemi qui est de toute évidence infiniment plus puissant que nous, sont la conséquence de l’inquiétude douloureuse que nous inspire l’état de léthargie, voire d’imbécilité collective, dans lequel les maîtres du discours dominant ont réussi, au cours des trente dernières années, à pousser la société. Notre Université Populaire, qui concentrait initialement ses efforts sur la formation des jeunes, s’est, au cours des dernières années, réorientée principalement vers une activité éditoriale. Tous nos auteurs – sans exception aucune – viennent des rangs ô combien honorables de la nouvelle dissidence – de celle qui s’oppose à un impérialisme d’un type nouveau, sans précédent historique connu, exercé à l’échelle mondiale par une élite perverse, avide et démoniaque.

Notre bon ami Pierre-Antoine Plaquevent, auteur de cette enquête métapolitique si brillante et si actuelle, fait partie d’une pléiade française de chercheurs par vocation, qui, atteignant aujourd’hui la fleur de l’âge,consacrent toutes leurs forces au décryptage de l’essence du régime sous lequel gît leur patrie, la France, qui chancèle désormais au seuil d’une extinction rapide et irrévocable. Ces guerriers, qui partent armés de leur plume à la reconquête de l’Europe, sont devenus des oiseaux rares dans notre univers d’opacité généralisée. Dans un Occident démasculinisé, aplati, tombé dans la douce étreinte du capitalisme de la séduction, du désir et du confort, mortifiant toute capacité d’exercice intellectuel autonome et annihilant jusqu’à l’idée même de courir des risques aux service de valeurs plus hautes, ces hommes véritables représentent le seul espoir de renaissance spirituelle et politique de ce continent auquel ont échu en partage des fonctions hors du commun dans le concert des civilisations de notre monde.

capture-d%u2019écran-2019-04-01-à-10.51.38.png

Pierre Antoine Plaquevent

Pierre-Antoine Plaquevent fait partie d’une famille idéologique souvent appelée « souverainisme européen ». Dans leur vision des choses, l’Etat-nation, devenu cible prioritaire des forces occultes mondialistes décidées à instaurer un gouvernement mondial, est le principal obstacle que rencontrent encore ces forces, la dernière redoute contre leur offensive. Je ne peux ici m’abstenir de mentionner au moins quelques-uns des auteurs de cette illustre génération à laquelle appartient Pierre-Antoine : Lucien Cerise, Pierre Hillard, Valerie Bugault, Youssef Hindi. Voilà pour ceux que j’ai déjà publiés aux presses de l’Université Populaire ; d’autres attendent encore leur tour, ou sont en cours de traduction. Et, puisque je viens de citer quelques-uns des intellectuels de première ligne du Paris universitaire non-aligné, ou du moins de la génération des cadets, je suis dans l’obligation de citer aussi quelques auteurs plus âgés, qu’on pourrait considérer comme précurseurs directs de cette génération : Jean Parvulesco (d’origine roumaine), Guillaume Faye, Alain de Benoist, Robert Steuckers, Michel Geoffroy, Jean-Claude Michéa, Ivan Blot,le père Jean Boboc (d’origine roumaine), Jean-Michel Vernochet, Philippe de Villiers, Hervé Juvin, Marion Sigaut, Philippe Beneton, Chantal Delsol et, bien entendu, l’infatigable dissident, sociologue et écrivain, affublé par la nomenclatura de la correction politique de toutes les étiquettes possibles et imaginables : Alain Soral.Cette liste,sans aucune prétention de classement, est celle d’auteurs de premier plan de la France actuelle ; elle n’est présentée ici que dans l’espoir de voir les lecteurs de la présente préface se mettre en quête de leurs livres.

Pour esquisser le profil de cette série d’auteurs extrêmement divers et originaux, et qui pourtant présentent des points de résistance communs dans leurs visions du monde respectives, il faudrait commencer par remarquer que le courant de pensée qu’ils incarnent trouve son origine dans une réaction contre la rupture introduite dans le monde occidental par ce qu’on appelle « les Lumières », et par la Révolution dite française. Ainsi donc, par allusion au titre du célèbre ouvrage de Julius Evola, on pourrait soutenir que ces auteurs représentent une« Révolte contre le monde moderne ». Traditionnaliste, conservatrice, antilibérale et anticapitaliste, leur école de pensée pourrait être brièvement caractérisée de la façon suivante :

Elle se prononce contre :

     la subordination du politique à l’économique – c’est-à-dire la réduction de l’acte de gouvernement à une simple gouvernance,réduite à merci par l’expertocratie, et celle des collectivités humaines organiques à une simpleagglutination d’atomes dans le cadre de la « démocratie de marché » ;

     la domination des Etats-Unis d’Amérique sur l’Europe (dont la partie occidentale leur a été vassalisée à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale) ;

     l’OTAN, comme structuredésuète qui a perdu sa raison d’être à la fin de la Guerre Froide, avec la disparition du Pacte de Varsovie, et qui fonctionne comme simple prête-nom de l’hégémonie américaine ;

     la suprématie des euro-bureaucrates de Bruxelles sur les Etats-nations ; l’UE est considérée comme un projet anti-européen, antinational et anti-chrétien, qui annihile la souveraineté de ses Etats-membres ;

     « le moment unipolaire » qui a commencé lors de la chute de l’URSS, et auquel ces auteurs souhaitent voir succéder un nouvel ordre des relations internationales : l’ordre multipolaire ;

     la monnaie unique EURO (qui provoque de graves dommages dans l’économie de tous les Etats-membres, au profit de la mafia financière mondialiste) ; ces auteurs se prononcent pour le retour aux monnaies nationales comme élément fondamental de l’indépendance économique ;

     la disparition de l’argent liquide et la généralisation des puces implantées dans le corps des citoyens, sous prétexte de confort du consommateur, mais en vertu d’un objectif réel qui est l’instauration d’un contrôle total sur la population de la planète ;

     l’usage de l’argent comme mesure de toute chose, contre le techno-capitalisme, aussi connu sous le nom de turbo-capitalismeou capitalisme des désastres – le mot-clé est ici : le capitalisme comme mal en soi ;

     le libre-échangisme, la nomadisation des peuples, des capitaux, des biens et des services dans le cadre d’un système mondialiste hyperlibéral ;

     la société de consommation, l’individualisme, le libéralisme philosophique, politique et économique, etc..

Ces intellectuels français de premier plan sont, pour la plupart, activement engagés dans la lutte pour ce qu’on appelle désormais le Frexit, sur le modèle du Brexit britannique, étant donné que, de leur point de vue, l’UE est une structure irréformable. Pour tout citoyen de l’ex-URSS, le parallèle s’impose tout naturellement : le ridicule dont se couvrait Gorbatchev à l’époque de la Perestroïka avec son slogan « Une Union réformée, un parti réformé ! » (alors même que l’empire soviétique rendait l’âme) n’a d’égal que le comique des eurofanatiques agrippés au drapeau de la pérennité de l’UE.

skanirovanie0001-768x1103.jpgSignalons au passage – car cela n’a rien d’un hasard – que des membres de ces deux générations de la dissidence française figurent aussi parmi les voix les plus écoutées parmi celles que rassemble à intervalles plus ou moins réguliers le Forum de Chișinău, une plateformeinternationale de discussion dont la visibilité augmente d’année en année dans divers pays du monde. C’est ainsi que l’exposé présenté par Pierre-Antoine Plaquevent, par exemple, dans le cadre de la session du 21 septembre 2019 était intitulé« Multipolarité et société ouverte : réalisme géopolitique versus utopie cosmopolite. Pluriversum vs universum » – un texte de référence, qu’on gagnera à étudier attentivement (https://flux.md/stiri/chisinau-forum-iii-pierre-antoine-plaquevent-discurs-video).

Ainsi donc, le livre de Pierre-Antoine Plaquevent présente unesynthèsedes origines intellectuelles du « phénomène Soros », des instruments qui lui ont permis d’accumuler des ressources financières astronomiques et d’étendre ses tentacules à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, le nom du sinistre George Soros est sur toutes les lèvres. C’est lui qu’affronte le président américain Donald Trump, c’est contre lui que se bat le premier-ministre hongrois Viktor Orbán, c’est lui que maudit le leader panafricain Kemi Seba (https://www.facebook.com/watch/?v=10155199656817082), lui que vise dans ses textes le philosophe russe Alexandre Douguine, lui que critique le formateur d’opinion géorgien Levan Vassadze, c’est à son propos qu’ironise le célèbre politicien et activiste arménien David Shahnazarian. Dans le monde entier, là où vibre encore l’esprit de résistance face au rouleau compresseur mondialiste, des hommes politiques et des journalistes honnêtes, des activistes de la société civile et des auteurs en sciences humaines et sociales considèrent George Soros comme l’ennemi public numéro un.

De la « doctrine Soros », comme d’ailleurs de l’impérialisme américain dans son ensemble, on peut dire, pour les caractériser, qu’ils ont la tromperie pour base. C’est-à-dire qu’ils avancent masqués, sous couvert de bonnes intentions, comme la défense des droits de l’homme, de la démocratie, de la justice et des autres mythes fondateurs de l’Occident, afin d’endormir la vigilance du public et d’obtenir son consentement à la réalisation de leurs plans véritables, perfides tout autant que pervers. De ce point de vue : rien de nouveau sous le soleil. Toute guerre – même une guerre sans déclaration de guerre et sans forces militaires, comme celle que mène Soros – obéit aux lois de la guerre. Or, le vénérable chinois Sun Tzu ne disait-il pas que « l’art de la guerre tout entier est fondé sur la tromperie » ? Il faut donc croire que, si les moyens évoluent, les buts de guerre restent bien les mêmes : conquérir un peuple, pour le soumettre à une domination exercée au profit des vainqueurs.

En Roumanie, on a déjà beaucoup écrit, et l’on continue à écrire souvent sur les réseaux d’influence et les serviteurs – qu’ils soient issus des « ONG » ou de la faune politique classique – de ce fer de lance de forces occultes qui apparaissent rarement dans le champ de vision du public. Le présent ouvrage contient d’ailleurs un chapitre entier consacré à la Roumanie. En République Moldave, en revanche, il semble que seul le politologue Bogdan Tîrdea se soit sérieusement occupé de décrypter toute l’intrication des radicules de l’expertocratie et de la médiocratie sorosiennes locales, de ce nuage de sauterelles boursophagesqui étouffe l’espace public de leur omniprésence paralysante. Autrement dit : l’ignorance du grand public moldave en matière de guerre cognitive, de mind control, d’ingénierie sociale et autres instruments de façonnage de la « pensée unique » est tout simplement alarmante. D’où, justement, notre effort de traduction et de publication de livres comme le présent ouvrage, visant au « désenchantement » du lecteur, à lui permettre d’échapper à la magie du discoursdominant, en lui rendant sa capacité d’interprétation profonde et complexe de la réalité.

George-Soros-Open-Society-Foundation-18-milliards-dollars-e1508790323241.jpg

Dans tous les pays où elles sont présentes, les Fondations Soros, l’Open Society Institute, l’Institut pour les Politiques Publiques, ainsi que tout autre organisation financée par ce magnat et ses congénères (qu’il s’agisse de structures privées, publiques nationales ou publiques internationales) représentent en réalité des réseaux destinés au recrutement de mercenaires d’élite, grassement payés pour exercer une influence décisive sur le mental collectif. Ainsi, un pays indépendant ne peut que chercher à exclure de son territoire les agissements de cette pieuvre criminelle. En ce sens, même les Etats-Unis, patrie adoptive de Soros, ne sont en réalité qu’une semi-colonie, un Etat captif contrôlé par la cleptocratie nichée dans les tanières de « l’Etat profond » (deep state), avec une démocratie de vitrine à la merci des maîtres du grand capital.

A l’heure actuelle, par conséquent, l’émancipation de tout pays implique nécessairement l’éradication de ces troupes d’occupation non-militaire, productrices de dommages infiniment plus graves que ceux que pourrait entraîner une présence militaire étrangère de type classique. En la matière, c’est une fois de plus le leader hongrois Viktor Orbán qui montre l’exemple à suivre. Lui et son équipe ont en effet réussi à mettre en fuite le magnat d’origine hongroise, et font entendre depuis les tribunes internationales une plaidoirie à visage découvert contre ce nouveau type d’agression à l’encontre des peuples, de corruption des élites politiques et d’imposition d’un agenda réellement catastrophique en matière de politiques publiques.

En République Moldave, néanmoins, les réseaux Soros continuent à mener le bal de la vie publique. Et ce, en premier lieu, du fait de la plus grande réussite de cette cohorte de laquais du capital étranger : avoir réussi à garder son masque d’honorabilité, d’altitude intellectuelle, voire de supériorité indiscutable par rapport à tout membre ou participant non-affilié de la classe politique ou du débat public. Le grand public ne parvient pas même à voir en eux l’équipe soudée qu’ils constituent de facto, en raison de la subtilité avec laquelle ces derniers se partagent les rôles et se cachent derrière une multitude de titres grandiloquents, de noms d’ONG aux objectifs tous plus nobles les uns que les autres, charitables et d’une grande utilité sociale. Ce sont donc toujours eux qui distribuent des notes de conduite aux politiciens moldaves, eux qui vérifient la régularité des élections, et encore eux qui truquent les sondages de campagne électorale pour favoriser les entreprises politiques des marionnettes de l’Occident.

Soir après soir, année après année, avec méthode et méticulosité, ces putes de luxe du grand capital occidental remplissent les plateaux des chaînes de télévision moldaves, ensorcelant le téléspectateur au moyen de la même fable interminable, et finissant par réussir à leur inoculer une certaine perception de la réalité, qui devient purement et simplement axiomatique. Et l’état de fascination des téléspectateurs annule en eux jusqu’à la dernière ombre de raison autonome, créant ainsi le terreau fertile propice à l’exercice du néo-chamanisme européiste.

lMzNh1PbGOLt_640x360.jpg

Dans cette guerre cognitive totale, pour avoir la moindre chance de gagner, il est absolument nécessaire d’être d’abord conscient de vivre en état de guerre, en qualité de cible des ennemis situés de l’autre côté de l’écran des télévisions. Or, compte tenu de l’ignorance presque totale du grand public, l’agresseur domine sans partage le champ de bataille, étant donné qu’il est en mesure de transformer le gros de la population en « idiots utiles » à sa cause. Dans ces conditions, le processus d’uniformisation par lavage de cerveau et dressage systématique des acteurs politiques ayant affecté l’intégralité du spectre politique, notre vie publique ressemble à l’agitation d’une poignée de cafards dans un bocal. Qu’importe désormais qui gagne les élections, et qui les perd ? Ce qui compte véritablement, c’est que tous ces rouages insignifiants du Système continuent à se mouvoir à l’intérieur de l’enclos, sans franchir la ligne de démarcation qui assigne ses limites à la vie politique de notre pays.

Soros est le porte-parole d’une entité, d’un monde financier qui est en même temps un dispositif de combat, et auquel, depuis quelques années, s’attache le nom générique de corporatocratie. Le titre célèbre de l’ouvrage de l’américain David C. Korten, Quand les multinationales [en anglais : « corporations »] gouvernent le monde (1994), nous donne l’occasion de souligner que nous avons à faire à un sujet non-étatique, dont la force d’influence dépasse de loin celle de n’importe quel état, à un acteur international d’un poids incroyable, disposant d’une capacité de corruption colossale dans le cadre d’organisations comme l’ONU ou l’UE. C’est à juste titre que, depuis des tribunes officielles, le premier ministre hongrois Viktor Orbán a décrit ces deux structures internationales comme « les institutions les plus corrompues du monde ».

En l’espace de quelques décennies, cegangster ducapitalisme spéculatif a réussi à assener des coups étourdissants à l’économie de toute une série de pays – de la Grande-Bretagne à la Malaisie – au moyen d’opérations financières sophistiquées qui l’ont propulsé sur la liste des milliardaires les plus riches de la planète. Soros est donc l’une des figures emblématiques de cette classe de banksters qui a profité de la déréglementation néolibérale, et de l’annihilation par cette dernière de la souveraineté économique des Etats.

Passons juste en revue quelques-uns des éléments-clé de l’idéologie de Soros et des actions promues par ce dernier et ses acolytes partout dans le monde :

   La « Société ouverte », concept-clé repris à son mentor Karl Popper, implique pour Soros la mort des Etats-nations et leur dissolution dans un creuset (melting pot) mêlant tous les peuples, toutes les civilisations, toutes les cultures et toutes les religions sous l’égide d’un Gouvernement Mondial ;

   En relations internationales, la position de Soros est solidaire de celle du complexe militaro-industriel américain, qui, chapeauté par la CIA et les autres services secrets atlantistes, promeut une hégémonie américaine absolue dans un monde unipolaire, des interventions armées sous des prétexteshumanitaires et des guerres de changement de régime (”regime change wars”) ;

   La distribution des rôles en géopolitique mondiale se fait en noir et blanc : les rôles positifs sont réservés au bloc occidental (USA, OTAN, UE) et, accessoirement, à des pays vassalisés qui font vœu d’obéissance et voient dans leur vassalisation un cadeau du ciel ; les rôles négatifs, eux, reviennent à des pays qui refusent de sacrifier leur souveraineté sur l’autel du mondialisme (Russie, Chine, Iran, Syrie) ;

     Sur le plan économique, promotion – conjointement au FMI, à la Banque Mondiale, à l’OMC, à l’UE et aux autres instruments de la corporatocratie – des dogmes du néo-libéralisme (dits aussi Consensus de Washington ou école de Milton Friedman) : déréglementation, libre-échange, financiarisation de l’économie, limitation des compétences des gouvernements nationaux à un minimum (small government), refus du contrôle des banques centrales par les autorités nationales (adoption de dispositions constitutionnelles imposant la soi-disant « indépendance » desbanques dites nationales), accueil des prêts externes présentés comme des bienfaits dus à la magnanimité de « partenaires de développement » (nouveau nom de code des colonisateurs économiques) ;

     En politique, l’élément prioritaire est l’uniformisation des perceptions concernant le phénomène économique, autour des dogmes néo-libéraux décrits ci-dessus. De ce point de vue, le nom des chefs et des partis qui gouvernent un pays n’a plus d’importance : quels qu’il soient, ces derniers vont de toute façon promouvoir aveuglement les politiques du colonialisme économique et le jeu de la grande finance internationale. D’où aussi l’idée selon laquelle « tout ce qui est bénéfique pour l’Amérique est aussi bénéfique pour notre pays » ;

     Dans le domaine des guerres cognitives, la pieuvre Soros a entre autres pour objectif de vous inoculer l’idée selon laquelle la démocratie libérale, avec son suffrage universel, son individualisme, l’avidité et l’obsession de l’enrichissement comme principales vertus du capitalisme, et avec les droits de l’homme comme religion d’Etat,constitue un modèle sacro-saint, indiscutable et pérenne (« Il n’y a pas d’alternative », comme disait Margaret Thatcher :„There Is No Alternative”) ;

     Le caractère séculaire de l’Etat, aussi connu sous le nom de « laïcité » (et inspiré de la « mystique de la laïcité » dont parle Youssef Hindi) est exacerbé, la persécution des églises devenant le passe-temps favori des bandes de mercenaires de la « société civile » et de leurs complices des médias corrompus. La « Religion républicaine » issue de la Révolution dite française fait elle aussi partie des dogmes incontournables de ce type de société à prétentions universelles ;

     La volonté obsessive d’effacer toutes les caractéristiques de l’identité collective des peuples, en provoquant, au moyen de vagues d’invasions comme la récente « crise des migrants », un remplacement programmé des populations indigènes de l’Europe (un véritable ethnocide non-violent, donc), au profit de populations allogènes qui forment le précariat docileetmanœuvrable du grand capital (le « Grand Remplacement ») ;

     L’essence maléfique de ce tsunami civilisationnel transparaît aussi dans les autres objectifs prioritaires de son action néfaste :suicide assisté et euthanasie, encouragement à l’avortement, légalisation des drogues, flicage de l’enfance par des institutions prétendument sociales comme le Barnevernet norvégien (retirer les enfants à l’autorité des parents, conflictualiser les relations entre ces derniers en vue de transférer à la « société ouverte » le rôle de l’éducateur), promotion du féminisme comme idéologie créatrice d’hostilité entre hommes et femmes, théorie du genre niant le caractère de donné naturel du sexe, qui serait une question de choix individuel, homosexualité, « mariages gay », procréation artificielle et, en bout de course, transhumanisme.

Dans cette guerre spirituelle totale, chacun doit donc choisir en connaissance de cause. Or notre auteur est parfaitement conscient du fait que l’adoption d’une perspective interprétative strictement positiviste limiteraitou déformerait la compréhension de son objet de recherche. C’est précisément pour cela qu’il recourt à une lecture spiritualiste, métapolitique, proche du concept de théologie politique de Carl Schmitt. Ainsi, partir de la vision chrétienne permet de révéler le caractère inversé de la « société ouverte », et donc son essence pardéfinitionsatanique, antithétique à la création divine.

IE.jpg

Le moment vient tôt ou tard, pour chacun d’entre nous, de faire son choix :au milieu de cette gigantomachie apocalyptique, il faut passer soit à la droite, soit à la gauche de la Vérité. Telles étaient aussi les paroles du Sauveur : « Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre.Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. » (Matthieu 6:24).

En d’autres termes : pour être capable de déchiffrer facilement l’essence maléfique des machinations d’un personnage comme Soros, on doit disposer d’un système de référence limpide, solide, et même immuable – la vision chrétienne, et, plus largement, la vision religieuse du monde. Seul un tel système nous permet d’interpréter la réalité à partir d’une grille de lecture fondée sur le respect de normes stables, qui font partie de notre identité profonde. Et ce, parce qu’un esprit déconnecté de la source supérieure de la lumière divine, de la véritable connaissance mystique, restera à tout jamais dans les limbes de l’approximatif et de l’erreur irrémédiable.

Et comme nous vivons une époque dont le transcendant a été banni, il s’avère que nous sommes pour la plupart totalement vulnérablesface aux offensives de la « société ouverte ». Dans un monde tombé dans l’immanence et inondé de relativisme, tout se liquéfie, se dissout, s’efface : traditions, hiérarchies, systèmes moraux, identités collectives, attachements durables, appartenance à des groupes comme la famille, la nation, la religion, le territoire (l’espace sacré des ancêtres). Dans de telles conditions, le virus mortel Soros trouve un terrain idéal pour se propager à l’échelle mondiale. Et les pays qui cherchent à lui résister sont relégués dans la catégorie des « sociétés fermées », des « Etats voyous », où le stratège Soros s’emploie à tendre les filets d’une nouvelle « révolte populaire pacifique contre la dictature et pour la démocratie ».

En ce sens, le « phénomène Soros » peut être considéré comme un aboutissement logique de la chute dans la Modernité comme révolution anthropologique radicale. Placé au centre de l’univers par les philosophies anthropocentristes, l’homme d’aujourd’hui prend le visage hideux de Soros, qui semble sorti tout droit des caprices de Goya ou desténèbres cauchemardesques de l’Hadès, peuplées de monstres épouvantables. Son masque funeste s’intègre au portrait de groupe de la gérontocratie bancaire internationale, qui se rêve Gouvernement Mondial, fourré dans ces clubs pour élites démoniaques que sont la Commission Trilatérale, le Club Bildelberg, le Forum de Davos etc..

L’effort entrepris par Pierre-Antoine Plaquevent mérite tout notre respect. Il témoigne d’un esprit de croisé, engagé en première ligne du combat contre «le mystère du mal» – l’esprit d’un homme pour qui l’aventurede ce combat représente le sens même de l’existence. Et dans les mains duquel le présent ouvrage constitue une arme, l’épée qui éventre les ténèbres, ouvrant la voie au jaillissement de la lumière.

Iurie Roșca

dimanche, 13 octobre 2019

Les livres de la dissidence française à Chișinău

CHIII-dissF.jpg

Les livres de la dissidence française à Chișinău

21 septembre 2019

 
Forum de Chișinău III. 21 septembre 2019.
Présentation de livres d'auteurs français traduits en roumain et édités par l'Université populaire.
 

mercredi, 03 avril 2019

Milan Kundera Warned Us About Historical Amnesia. Now It’s Happening Again

kundera-ecrivain-farceur-et-profond.jpg

Milan Kundera Warned Us About Historical Amnesia. Now It’s Happening Again

 

The struggle of man against power is the struggle of memory against forgetting.
—Milan Kundera

Milan Kundera is 90-years old on April 1, 2019 and his central subject—The Power of Forgetting, or historical amnesia—could not be more relevant. Kundera’s great theme emerged from his experience of the annexation of his former homeland Czechoslovakia by the Soviets in 1948 and the process of deliberate historical erasure imposed by the communist regime on the Czechs.

As Kundera said:

The first step in liquidating a people is to erase its memory. Destroy its books, its culture, its history. Then have somebody write new books, manufacture a new culture, invent a new history. Before long that nation will begin to forget what it is and what it was. The world around it will forget even faster.

mk-book4.jpgI first read Kundera’s Book of Laughter and Forgetting (1979) back in 1987, when I was a member of the British Communist Party. The book shook my beliefs and Kundera’s writing became a part of a process of truth-speaking that shook the USSR to the ground in 1989.

In the 90s we believed we were living in a “post-mortem” era in which all the hidden graves of the 20th century would be exposed, the atrocities analyzed, the lessons learned. Lest we forget. We also thought we’d entered a time in which the Silicon Valley dream of digitizing all knowledge from the entire history of the printed and spoken word would lead us towards the infinite free library, the glass house of truth and the global village of free information flow. The future would be a time of endless remembrance and of great learning.

How wrong we were. The metaphor of the glass house has turned into that of the mirrored cube. The global village has collapsed into tribal info-warfare and the infinite library is now a war zone of battling conspiracy theories. The internet has become a tool of forgetting, not remembrance and the greatest area of amnesia is the subject that Milan Kundera spent his entire life trying to preserve, namely the horrors of communism.

This theme is set out on the very first page of the Book of Laughter and Forgetting in which Kundera describes a moment in Prague in 1948 amidst heavy snow in which the bareheaded Communist leader Klement Gottwald, while giving a speech in Wenceslas Square, was given a hat by his comrade Clemetis:

Four years later Clemetis was charged with treason and hanged. The Propaganda section immediately airbrushed him out of the history and obviously the photographs as well. Ever since Gottwald has stood on that balcony alone. Where Clemetis once stood, there is only bare wall. All that remains of Clemetis is the cap on Gottwald’s head.

After the fall of the USSR, there was a vast outpouring of truth-telling about the fallen communist regimes in Russia, Czechoslovakia, East Germany, Bulgaria, Hungary, Albania, Romania and Poland. The stagnant debt and corruption, the human rights abuses in political-prisons and orphanages, the hidden mass graves, the illegal human experiments, the secret surveillance systems, the assassinations, the mass starvations, and the overwhelming evidence of the failure in each country of “the planned economy.” The structures, too, of government-misinformation, the eradication of free speech and the re-writing of history—erasing your opponents by murdering them and then wiping all traces of their existence from the history books. In the 90s the hidden data from Stalin’s famine-genocide in the Ukraine (1923–33) was exposed. Later, the scale of Chairman Mao’s genocides staggered the world. Even the methods that communist regimes used to produce historical amnesia were exposed.

For a brief period, the consensus was that the communist experiment had failed. Never again, said the postmodernists and historians. Never again, said the economists and political parties. Never again said the people of former communist countries. Never again.

Fast forward 20 years and never again has been forgotten. The Wall Street Journal in 2016 asked: “Is Communism Cool? Ask a Millennial.” Last year MIT Press published Communism for Kids and Teen Vogue ran an excited apologia for Communism. Tablet announced, with some concern, a Cool Kid Communist Comeback.” On Twitter, there is new trend of people giving themselves communist-themed names: “Gothicommunist,” “Trans-Communist,” “Commie-Bitch,” “Eco-Communist.” The hammer and sickle flag has been re-appearing on campuses, at protests and on social media.

How could we have forgotten?

A poll in the UK by The New Culture Forum from 2015 showed that 70 percent of British people under the age of 24 had never heard of Chinese communist leader Mao Tse-Tung, while out of the 30 percent who had heard of him, 10 percent did not associate him with crimes against humanity. Chairman Mao’s communist regime was responsible for the deaths of between 30 to 70 million Chinese, making him the biggest genocidal killer of the 20th century, above Stalin and Hitler.

mk-b5.jpgOne of the reasons Mao’s genocides are not widely known about is because they are complex and covered two periods over a total of seven years. Information on the internet tends to be reduced into fast-read simplified narratives. If any facts are under dispute we have a tendency to shrug and dismiss the entire issue. So it is precisely the ambiguity over whether Mao’s Communist Party was responsible for 30, 50 or 70 million deaths that leads to internet users giving up on the subject.

The rational way of dealing with clashing estimates would be to look at the two poles. To say, at the bare minimum, even according to pro-communist sources, Mao was responsible for 30 million deaths and at the other extreme, from the most anti-communist sources, the number is 70 million. So it would be reasonable to conclude that the truth lies somewhere in between and that even if we were to take the lowest number it is still greater than the deaths caused by Stalin and Hitler.

However, this reasoning process does not occur. Our reaction when faced with a disputed piece of data like this is similar to our response when faced with a Wikipedia page that carries the warning: “The neutrality of this article is disputed.” Fatigue and lack of trust kicks in. And so, without an argument needing to be made by Mao’s apologists, the number he killed is not zero, but of zero importance.

Conflict-induced-apathy can be manipulated for political ends. We see this in the way neo-communists set out their stall. They don’t challenge the data about the number of 20th Century deaths their ideology is linked to. Rather, they claim that there are conflicting data and that anyone claiming one data set is definitive has a vested interest in saying that—ergo, no data are reliable. And so they manage to airbrush 30–70 million deaths from history.

Part of what makes the data on communist genocides hard to pin down is that the state records were often erased by communist regimes. Take the largest genocide in the history of mankind—the Great Chinese Famine (1958–62). To date, no official recognition of this genocide has been made by China’s communist government. For 40 years this historical episode has been hidden and denied. There are 100 monuments to the Irish Famine, but to this day the only memorial to the Great Chinese Famine is one made by hand out of bricks and tiles, located in the middle of a Chinese farmer’s privately-owned field.

mk-B7.jpgUntil the data on the deaths in communist China are definitively agreed, until they enter the history books, conflicting data will keep on being used to conceal the magnitude of Mao’s crimes. We also see this happening with the Ukranian genocide known as Holodomor (1932–33). Different political groups argue about whether the deaths were three million or 10, which then gives space to other groups online who want to deny it ever occurred.

If you want to make data vanish these days, don’t try to hide them, just come up with four other bits of data that differ greatly and start a data-fight. This is historical amnesia through information overload.

When we lose not just the data, but the record of who did and said what in history beneath the noise of contrary claims, then we are in trouble. We can even see this in the accusation made against Milan Kundera in the last 10 years—that he was a communist informant, that he was a double agent, that his entire literary canon was the result of a guilty conscience for having betrayed a fellow Czech to the communists.

The confusion and profusion of narratives around Kundera lead us to simply drop the author completely, due to conflict-induced apathy. It has already eroded his reputation. We will never know if what he said in his own defense is true, the argument-from-apathy goes, so we shouldn’t trust anything he’s ever said or written, even his indictments against communism—even his theories about historical amnesia as a communist propaganda tool. All of this might as well be forgotten.

To get rid of an enemy now, you don’t have to prove anything against them. Instead, you use the internet to generate conflicting accusations and contradictory data. You use confusion to elevate hatred and fear until that enemy is either banned from the net, their history re-written or erased from the minds of millions through conflict-induced apathy.

If the struggle of man is the struggle of memory against forgetting, as Kundera said, then we have in the cacophony of the internet a vast machine for forgetting. One that is building a new society upon the shallow, shifting sands of Historical Amnesia.


Ewan Morrison’s new novel NINA X is published by Fleet on April 4 2019. NINA X concerns a woman who escapes from the cult she was born and raised within and who now has to survive in our world. Follow him on Twitter @MrEwanMorrison

jeudi, 05 mai 2016

La fin programmée des oligarques...

oligarchiepo3ba1-8d6b6.jpg

La fin programmée des oligarques...

par Michel Geoffroy

Ex: http://www.polemia.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'effondrement prévisible de l'oligarchie, la classe des nantis de la mondialisation...

La fin programmée des oligarques

Aujourd’hui une oligarchie transnationale domine sans partage les post-démocraties occidentales. Mais son règne touche à sa fin.

L’oligarchie, fille de la fin de l’URSS

L’oligarchie s’est imposée dans la seconde moitié du XXe siècle à la suite de l’effondrement de l’URSS et de la disparition de l’hypothèque que le socialisme, d’abord, et le communisme, ensuite, faisaient peser sur le système capitaliste.

L’oligarchie correspond donc dans l’ordre métapolitique au triomphe de la conception du monde du protestantisme anglo-saxon sur tous ses adversaires.

Sur ce plan, le XXe siècle a été le siècle des Anglo-Saxons, celui de leur suprématie. Au point que certains ont cru avoir atteint la fin de l’histoire, avec le triomphe planétaire du libéralisme économique et de la « démocratie » et bientôt un gouvernement mondial sous leur direction.

L’oligarchie bourgeoise : un cocktail de libéralisme et de mai 1968

Dans l’ordre sociologique, l’oligarchie correspond à la bourgeoisie libérée de la peur de la révolution socialiste et qui pour cette raison ne met plus aucun frein à la recherche de son intérêt ni à l’exploitation des autres – mais une bourgeoisie désormais mondialiste et non plus patriote, car la richesse, comme les grandes entreprises, est de nos jours majoritairement transnationale.

Dans l’ordre idéologique, l’oligarchie correspond à l’alliance du libéralisme, de l’esprit libertaire et du cosmopolitisme : un cocktail original qui transcende la vieille opposition droite/gauche puisque la gauche a renoncé à révolutionner le capitalisme. L’esprit libertaire est hérité de la révolution culturelle des années 1960, initiée aux Etats-Unis et qui s’est ensuite répandue dans tout l’Occident.

Mais à la différence des libertaires du XIXe siècle qui ne voulaient « Ni Dieu ni Maître », les libertaires actuels sont au service de la domination sans partage de l’Argent : car ils ont transformé le « Jouissons sans entraves » de mai 1968 en « Consommons sans limites ». Et ils ont ouvert la voie à la marchandisation du monde, comme l’illustre le fait que la promotion de l’homosexualité au rang de normalité débouche sur la GPA, c’est-à-dire la marchandisation de la maternité.

Oligarchy040815.png

Le règne sans partage des oligarques

Les oligarques règnent en Occident depuis environ 30 années et ils l’ont façonné à leur image et conformément à leurs intérêts.

Les résultats parlent d’eux-mêmes : abolition des frontières, destruction des traditions et des cultures nationales, précarisation générale des salariés, augmentation des inégalités de revenus et de la violence sociale, immigration massive, ahurissement médiatique des populations, réduction des libertés politiques.

En Europe ils ont pris la direction de l’Union européenne pour la transformer en espace de libre-échange inféodé aux Etats-Unis et ils ont ouvert la voie au Grand Remplacement des Européens sur leur propre terre.

Les oligarques se croient tout permis et prétendent désormais régenter le monde entier par le truchement de la superpuissance américaine.

Mais en réalité la situation leur échappe.

Les oligarques ne comprennent pas que le monde change

L’oligarchie incarne la classe des nantis de la mondialisation et promeut donc les « valeurs » des marchands : le contrat et le marché. C’est pourquoi elle perd de plus en plus pied dans un monde marqué par le retour de l’Histoire, de la Foi (islam), de la Violence et du Tragique : c’est-à-dire un monde de plus en plus chaotique que le « doux marché » ne sait pas réguler.

Les oligarques ont oublié que nous ne sommes plus au temps de Thatcher et de Reagan.

Le vide laissé par la disparition de l’URSS est, depuis, en train de se combler par la réémergence des anciennes civilisations (Chine, Inde, Asie notamment) et par le retour à la puissance de la Russie. L’islam s’affirme aussi comme un universalisme concurrent du mondialisme yankee, au surplus plus dynamique que lui au plan démographique.

Il apparaît de plus en plus, en outre, que la domination des Etats-Unis ne sera pas durable : car à la fragilité d’une économie reposant sur l’endettement et la suprématie du dollar (de plus en plus contestée par la Chine notamment) s’ajoute l’éclatement communautaire d’une société multiraciale où l’élément WASP décline irrémédiablement.

Le rêve oligarchique est en train de se briser

L’oligarchie se berce du rêve du contrôle total mais c’est une illusion fatale. Car comme l’écrivait Dominique Venner : « L’histoire est le lieu de l’imprévu ».

Le rêve de l’oligarchie est en train de se briser au XXIe siècle.

D’abord, l’oligarchie n’est qu’un mal européen et nord-américain en réalité : car il découle de la décadence occidentale. L’inversion des valeurs qui correspond à la suprématie de la fonction marchande est un symptôme de décadence car le marché ne fait pas, seul, société.

Les oligarques occidentaux s’illusionnent aussi quant à leur capacité à soumettre tous les peuples à leur idéologie. En réalité l’idéologie occidentale est de plus en plus minoritaire à l’échelle du monde et elle est, à juste titre, considérée comme une agression contre leur identité par tous les autres peuples. L’échec des « révolutions arabes » débouchant non pas sur la « démocratie » mais sur l’islamisme ou la dictature le démontre une nouvelle fois.

oligarchie1.pngLe monde est en train d’échapper à l’oligarchie

L’économie mondiale dérégulée selon les recettes libérales devient chaotique pour tout le monde, y compris pour l’oligarchie.

L’oligarchie, qui se parait des couleurs de la compétence, apparaît de plus en plus incapable de réguler quoi que ce soit : l’économie, le chômage, les trafics de drogue comme les flux migratoires.

Enfin, en Europe même, les conséquences désastreuses de la mondialisation pour le plus grand nombre, le Grand Remplacement et le chaos migratoire contribuent au réveil de la conscience identitaire européenne.

L’idéologie libérale/libertaire recule pour toutes ces raisons et la contestation politique des oligarques progresse partout, y compris aux Etats-Unis comme le montrent l’audience croissante de D. Trump ou de B. Sanders. Partout les peuples occidentaux commencent à se réveiller de leur léthargie et à contester les pouvoirs en place, c’est-à-dire la superclasse mondiale.

La dissidence est partout en marche

Les oligarques se prétendaient à l’avant-garde, éclairée, de l’humanité nouvelle. Mais aujourd’hui plus personne ne croit sérieusement à ce qu’ils racontent.

Le marxisme soviétique est mort du décalage entre l’idéologie et la réalité vécue par le plus grand nombre. Le Mur de l’Est est tombé pour cette raison. Il est en train de se passer la même chose en Occident.

L’oligarchie est une élite en perdition. Pour cette raison, comme toujours dans l’histoire, une nouvelle élite la remplacera bientôt.

On ne la voit pas encore car, dissidente, elle est cachée et diabolisée par le Système. Mais elle existe et se prépare. L’histoire est en marche.

Oligarques de tous les pays : préparez-vous à faire bientôt vos valises !

Michel Geoffroy (Polémia, 29 avril 2016)

mercredi, 10 février 2016

Initiation au journalisme de terrain

ERlilleap-1e908.jpg

Initiation au journalisme de terrain

Atelier de Vincent Lapierre et Pierre de Brague à Lille

E&R Lille recevra Vincent Lapierre et Pierre de Brague le samedi 27 février 2016 à 14h pour un atelier exceptionnel d’initiation au journalisme de terrain, sur le thème : « Le relais actif d’information , agissons ensemble ! »

Notre région se trouve régulièrement plongée au cœur de l’actualité, les informations se succèdent à une fréquence considérable et l’objectivité des faits reste bien souvent discutable. C’est pourquoi Vincent Lapierre et Pierre de Brague, journalistes pour ERTV, nous proposeront une initiation pratique aux techniques journalistiques.

Soyons les acteurs de notre actualité !

Réservations : reservation.erlille@outlook.fr

Entrée : 5 euros.

La bande-annonce de l’événement :

lundi, 08 février 2016

Des munitions plein la tête

Feltin-9.jpg

Des munitions plein la tête

par Bastien VALORGUES

 

Feltin-0.jpgPour l’ami Georges Feltin-Tracol, l’année 2015 fut une vraie année blanche si cette expression ne tombe pas encore sous le coup de la loi proscrivant toutes distinctions colorées… Le rédacteur en chef d’Europe Maxima ne publia aucun ouvrage. Certes, à la Rentrée 2014, il avait sorti à quelques semaines d’intervalle un essai prémonitoire sur l’extension du domaine liberticide, En liberté surveillée aux Bouquins de Synthèse nationale, et une belle introduction bibliographique sur Thierry Maulnier. Un parcours singulier (Auda Isarn). Il mit à profit 2015 pour regrouper des textes de combat, d’imparables munitions métapolitiques, dont des inédits, qui paraissent dans un nouveau recueil intitulé Éléments pour une pensée extrême, aux Éditions du Lore. Ce livre constitue le troisième volume (et dernier ?) d’une série inaugurée par Orientations rebelles (Les Éditions d’Héligoland, 2009) et poursuivie avec L’Esprit européen entre mémoires locales et volonté continentale (Les Éditions d’Héligoland, 2011).

 

Sciemment provocateur, le titre étonne. Georges Feltin-Tracol l’explique en avant-propos. Laissons donc au lecteur la primeur ! Il a écrit une grosse soixantaine de contributions non pas au FAMAS, mais à la mythique Sturmgewehr. Dans son viseur, une constante, un ennemi principal : la République française qu’il vomit de tout son être. D’ailleurs, l’une des parties du livre s’appelle « La tyrannie républicaine ». « Dans l’Hexagone de François Hollande, remarque-t-il, il ne fait pas bon être opposant. Ce triste constat se vérifiait déjà au temps de l’atlantiste Nicolas Sarközy. »

 

Il accuse « la République hexagonale » (l’une de ses expressions favorites) d’assassiner la France et ses peuples indigènes. Pour étayer cette terrifiante assertion, cet insatiable lecteur mentionne un curieux roman à clé écrit en 2005 par Sophie Coignard et Alexandre Wickham, Mafia chic qui décrit une classe politico-médiatique prête à tout pour s’enrichir au plus vite. Or, pour museler toutes les oppositions, le Système – auxiliaire zélé ou impeccable domestique du « bankstérisme » – suscite un véritable « désordre sécuritaire ». Ce terme oxymorique désigne le renforcement incroyable d’un État répressif, laquais d’une clique ploutocratique aux buts mondialisés. « Si la protection conjointe de la société et de l’enfance masque la sujétion totalitaire des corps et des âmes, note-t-il, l’insécurité largement répandue par les médias participe à la mise au pas des sociétés post-industrielles rendues plus fragiles par une hétérogénéité ethno-culturelle croissante. Il ne faut pas s’en étonner; c’est l’effet recherché : le “ multiculturalisme ” participe aussi à l’éradication des traditions populaires perçues comme des inerties, des freins et des résistances au Nouvel Ordre marchand planétaire. Plus le corps social sera “ multiculturel ”, plus il sera instable et mieux la coercition se révélera indispensable. Est-ce au fond si étonnant ? Pensons aux Grecs de l’Antiquité qui opposaient leurs cités homogènes, gages de démocratie, au caractère hétérogène des empires orientaux foncièrement despotiques. »

 

Esprit_europeen.jpgÀ l’étiolement des libertés civiques et publiques déjà avancé par le philosophe suisse Éric Werner, Georges Feltin-Tracol réclame dans une logique de « citoyen-combattant » un « droit des armes » pour les Européens libres de pratiquer une légitime défense plus étendue. Il ne se prive pas de répondre aux âneries habituelles professées par des journalistes sans courage. « Les médiats n’expliquent jamais que les fréquentes tueries qui ensanglantent les États-Unis seraient survenues quand bien même la détention de n’importe quelle arme aurait été proscrite, affirme-t-il avec raison. Le problème de ce pays n’est pas le nombre d’armes en circulation, mais leur usage qui témoigne de la profonde névrose de la société. Modèle planétaire de la modernité tardive, les États-Unis pressurent ses habitants au nom d’une quête à la rentabilité effrénée au point que certains voient leur psychisme flanché. La pratique dès le plus jeune âge de jeux vidéos ultra-violents, la sortie de milliers de films parsemés de scènes sanglantes et la consommation de plus en plus répandue de drogues et de produits pharmaceutiques éclairent le passage à l’acte. Entre aussi en ligne de compte la cohabitation toujours plus difficile d’une société en voie de métissage avancé fondée sur le génocide amérindien et les vagues successives d’immigration de peuplement. Enfin, le mode de vie totalitaire doux avec sa technolâtrie, son vide existentiel, son individualisme outrancier et sa compétition féroce de tous contre tous cher au libéralisme perturbe le cerveau de millions d’individus fragiles. »

 

On retrouve cette fragilité mentale chez les « z’élus ripoublicains » qu’il attaque violemment. « Les psychiatres devraient examiner le choix des députés qui, au regard des textes votés, témoignent d’une inquiétante aliénation ou d’un manque évident de discernement. Vivant dans une bulle dorée d’où ils ne perçoivent que les faibles clameurs de la vie réelle, les soi-disant “ élus du peuple ” se prennent régulièrement pour des Zorro de pacotille. » Il serait néanmoins erroné d’imaginer que tout le recueil porte uniquement sur l’affligeante vie politique française. Si certains textes sont polémiques, d’autres sont plutôt sociologiques. Favorable au port du voile par les musulmanes en France au nom d’un ethno-différencialisme sainement réfléchi, Georges Feltin-Tracol condamne « cette aspiration à légiférer [qui] contribue à pénaliser l’ensemble de la vie quotidienne. Après l’adoption de lois indignes qui censurent les libertés d’opinion et d’expression historiques, l’interdiction de fumer dans les bars (et bientôt sur les trottoirs) et la répression implacable sur les routes envers les automobilistes, va-t-on vers l’emprisonnement des musulmanes qui enfreindraient les lois de la sacro-sainte République hexagonale ? Pourquoi ne pas interdire le port du jeans, symbole de l’américanisation du pays, des piercings au visage, fort inesthétiques, des baladeurs qui enferment tout un chacun dans son propre monde ? Faut-il enfin envisager de sanctionner le port de la barbe ou d’en réglementer la taille ? Le Régime ne cesse de brailler en faveur de la fameuse “ diversité ”, mais il en rejette les inévitables conséquences. Il rêve d’individus exotiques à l’âme occidentalisée, c’est-à-dire déracinée. Sa chimère se transforme déjà en cauchemar grâce au niqab ». Des réflexions prophétiques rédigées dès 2009…

 

orientations-rebelles-de-georges-feltin-tracol.jpgOutre d’impertinentes interrogations sur la question des langues (on s’aperçoit que Georges Feltin-Tracol défendit un temps l’espéranto avant de récuser cette solution pour finalement approuver l’europo, une langue artificielle destinée aux seuls Européens conçue par le penseur identitaire, écologiste et païen Robert Dun), il ouvre des perspectives originales. Il annonce ainsi comment le Front national (ou son successeur) échouera nécessairement s’il accède au pouvoir sur un malentendu électoral. Il rend aussi hommage à quelques figures de la Grande Dissidence française et européenne : Saint-Loup, Dominique Venner, Maurice Bardèche (dont la recension de la biographie écrite par Francis Bergeron l’incitera plus tard à rédiger Bardèche et l’Europe) et deux personnalités qu’il côtoya : le chancelier du GRECE, Maurice Rollet (1933 – 2014), et le président de cette école de pensée de 1987 à 1991, Jacques Marlaud (1944 – 2014).

 

Cette proximité amicale avec ces personnes confirme une vision certaine du monde autour de deux points déterminants. Le premier développe un anti-libéralisme viscéral. « On ne doit pas imputer à l’immigration la responsabilité unilatérale de la décadence démographique européenne. Elle résulte surtout du triomphe indéniable sur nos mentalités de l’idéologie libérale-libertaire. Vouloir la combattre implique un rejet complet et conséquent de toute forme de libéralisme qu’elle soit économique, sociale, individuelle, religieuse, culturelle et politique. La fin du communisme a eu l’immense mérite de mettre en lumière la malfaisance intrinsèque de la doctrine libérale. » Le second résulte d’une forte méfiance à l’égard du souverainisme, c’est une hostilité à la construction européenne au nom d’une autre Europe. « Soumise au féminisme, au multiculturalisme et à l’économisme, la présente Union européenne des traités de Maastricht, d’Amsterdam, de Nice et de Lisbonne demeure le meilleur exemple de cette société ouverte dans laquelle toutes les différences culturelles, linguistiques, sexuelles, religieuses, ethniques sont effacées pour des différenciations construites par le fric. ». En authentique « Français d’Europe (Pierre Drieu la Rochelle) », en « ultra-Européen », Georges Feltin-Tracol exige une Europe impériale, identitaire et enracinée ! « Ce n’est pas parce que la forme présente de l’Europe est néfaste à nos peuples autochtones qu’il faut rejeter toute idée européenne : l’Europe, patrie de nos nations, l’Europe de toutes nos identités, l’Europe de toutes nos racines ne doit pas se dissoudre dans la résurgence virulente des sentiments nationaux et/ou régionaux. Il faut au contraire soutenir un intégrisme albo-européen, une Europe intègre, une Europe totale, une Europe comprise comme mythe mobilisateur au sens que l’entendait Georges Sorel ! L’Europe est notre ultime vecteur de survie et de renaissance contre l’Occident mondialiste et bankstèriste. » C’est au nom de cet ambitieux idéal continental qu’il propose une révolution pour un ordre nouveau qui impliquerait entre autres la décroissance économique, l’autarcie des grands espaces et une réduction massive du temps de travail. Cette dernière suggestion surprend. Ces mesures s’inscrivent « Non dans une perspective fallacieuse de société de loisirs, mais pour un retour aux principes européens d’identités, de puissance et de spiritualités. Redonner aux Européens une intense densité intérieure, une sensibilité nouvelle au tragique et une sociabilité civique effective, très loin du chant des sirènes de la marchandise, tel est finalement le but philosophique de l’autarcie des grands espaces. »

 

Cet idéalisme activiste n’empêche pas un remarquable pragmatisme politique. Dès juillet 2012 dans un texte visionnaire, Georges Feltin-Tracol récusait presque par avance toutes ébauches d’union nationale et, en révolutionnaire d’Ordre, s’écarte des conservatismes éculés. Il déplore l’échec total de la « Manif pour Tous », modèle parfait à ne pas reproduire par son refus permanent de se confronter par la force aux organes sécuritaires du Régime. Il regrette la faiblesse intellectuelle des mouvances anti-« mariage gay » qui « prendraient une tout autre consistance si elles s’élargissaient à des préoccupations écologiques et socio-économiques et si elles adoptaient une cohérence anti-libérale résolue ». En effet, l’auteur constate que « la césure droite – gauche s’estompe au profit de nouveaux clivages qui se cristallisent autour du conflit entre les tenants de toutes les identités, les défenseurs de la cause des peuples, et les chantres de l’uniformité, de l’arasement culturel, de la mondialisation globalitaire dont le système Sarkozy est en France une variante locale ».

 

Contre les idoles éphémères du Système tels l’Iranienne Sakineh, le Chinois Liu Xiaobo, Prix Nobel de la Paix 2010, les fameuses Femen (qu’il écrit plaisamment FemHaine) et le célèbre Charlie, Georges Feltin-Tracol oppose de véritables victimes de la République comme le retraité condamné René Galinier ou l’historien indépendant Vincent Reynouard. C’est un époustouflant manuel de lèse-République jubilatoires, un formidable livre d’assaut, une mèche allumée prête à embraser un prochain Printemps grand-européen des peuples en révolte !

 

Bastien Valorgues

 

• Georges Feltin-Tracol, Éléments pour une pensée extrême, Les Éditions du Lore, 2016, 440 p., 30 € (+ 5 € de port), à commander sur le site <http://www.ladiffusiondulore.fr>.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=4722

 

jeudi, 03 décembre 2015

Julien Rochedy au Forum de la dissidence

Julien Rochedy est intervenu au Forum de la dissidence samedi 21 novembre dans le cadre de la table ronde «Grand Remplacement et réveil des identités» avec Renaud Camus et Damien Rieu

Il nous livre ici son point de vue sur la dissidence.

00:05 Publié dans Actualité, Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dissidence, julien rochedy, france, événement, paris | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 21 novembre 2015

La dissidence pour mieux contourner les médias de propagande

LeGalloudissidence.jpg

La dissidence pour mieux contourner les médias de propagande

Entretien avec Jean-Yves Le Gallou

Ex: http://www.ripostelaique.com

Nous avons rencontré Jean-Yves Le Gallou, fondateur de Polemia, à quelques jours de l’organisation de la première journée de la Dissidence.

Riposte Laïque : L’association Polemia, dont vous êtes l’animateur le plus connu, organise, ce samedi, la première journée de la dissidence. D’abord, à l’heure où je vous interroge, savez-vous si cette initiative pourra se tenir ?

Jean-Yves Le Gallou : Oui ! La réunion est maintenue et aura lieu comme prévu à Cap 15.
Si une interdiction de dernière minute survenait, nous organiserions une manifestation au métro Bir Hakeim, situé à proximité immédiate du Quai de Grenelle.
L’état d’urgence doit être utilisé pour combattre les terroristes, démanteler les caches d’armes dans les banlieues de l’immigration, pas pour empêcher l’exercice des libertés européennes !

Riposte Laïque : Vous avez choisi trois symboles pour illustrer cette journée : Jean Raspail, Edward Snowden et Alexandre Soljenitsyne. Pourquoi eux ?

Jean-Yves Le Gallou : Edward Snowden dissident du système occidental. Soljenitsyne, double dissident : du système soviétique d’abord, du système occidental ensuite. Raspail qui a prophétisé la situation actuelle dans le Camp des saints et qui l’a payé de 40 ans d’ostracisme.

Riposte Laïque : Comment se dérouleront ces journées, et sur quels invités comptez-vous?

Jean-Yves Le Gallou : Trois tables rondes sont organisées : Beatrice Bourges pour les valeurs, Renaud Camus pour l’identité et Robert Menard sur l’art de la dissidence. Il y aura aussi des représentants de la « génération 2013 » venus de la Manif pour tous ou des Identitaires ; la « génération 2013 » qui va avoir la tâche de reconstruire sur les ruines laissées par l’esprit de mai 68.

Riposte Laïque : Vous êtes connu comme un spécialiste des médias, en France, et avez notamment publié « La tyrannie médiatique ». Vous animez une émission hebdomadaire sur TV-Libertés, I-Médias, sur ce thème. Le traitement médiatique des attentats de Paris a-t-il réussi à vous surprendre, malgré tout ?

Jean-Yves Le Gallou : Oui, les médias arrivent encore à me surprendre par leur absence totale d’ouverture d’esprit, leur intolérance, leur aveuglement, leurs bobards à répétition, leur incapacité à reconnaître leurs erreurs. Il faut dire que le processus de sélection des journalistes et des « experts » est hallucinant: ce qui est évalué c’est leur capacité à se tromper et à tromper l’opinion! Ils en arrivent même maintenant – à France inter par exemple – dans une démarche typiquement orwellienne à réécrire a posteriori des articles pour tenter de cacher leurs tromperies. Tout cela avec l’argent des contribuables (600 millions pour Radio France !). Il me semble que le mot juste pour désigner radios, télévisions et presse écrite subventionnée, c’est médias de propagande. La première forme de dissidence c’est de cesser de les suivre et de les croire.

Riposte Laïque : Vous êtes également connu comme un fin observateur de la situation politique française. Pensez-vous que ces attentats vont avoir une influence sur les prochaines élections régionales, qui s’annonçaient catastrophiques pour le PS, et si oui, dans quel sens ?

Jean-Yves Le Gallou : L’oxygène risque de manquer un peu aux centristes , je veux parler des ex-UMPISTES rebaptisés « Républicains ».
Le FN dont les thèses –anciennes – sur l’immigration sont (hélas !) vérifiées par les événements devrait logiquement progresser. Comme progressent partout en Europe les partis qui s’opposent à l’invasion migratoire.
Mais les attentats peuvent aussi relégitimer le pouvoir: cela peut paraître injuste mais c’est ainsi.
Entre ces deux blocs antagonistes, les Juppé, Sarkozy et Fillon sont un peu coincés d’autant qu’ils partagent avec les socialistes la responsabilité des politiques migratoires et des stupidités de notre diplomatie qui a semé le chaos en Libye et en Syrie.

Riposte Laïque : Dans cette bataille du pot de terre contre le pot de fer, les médias alternatifs, dits de réinformation, progressent-ils aussi rapidement que vous le souhaiteriez ? Les trouvez-vous complémentaires, et à la hauteur des enjeux ?

Jean-Yves Le Gallou : Les médias alternatifs progressent extraordinairement !
Il est désormais possible, notamment grâce aux réseaux sociaux, de démasquer en quelques heures les mensonges des #MédiasDePropagande, c’est un atout décisif pour saper ce qui leur reste de crédibilité usurpée.
Il est aussi possible de passer ses messages en vidéo sans passer par eux ! Ainsi l’excellente déclaration de Marine le Pen après les attentats du 13 novembre a été vue en direct des millions de fois, sans l’intermédiaire de personne d’autre que les citoyens qui l’ont diffusée de manière virale.

Riposte Laïque : Craignez-vous que les socialistes profitent de l’Etat d’urgence et de la prétendue lutte contre le terrorisme pour attaquer la liberté de la presse et notamment celle des médias de réinformation ?

Jean-Yves Le Gallou : Une remarque sur l’état d’urgence, son histoire est liée aux troubles avec le monde arabo musulman : lors de sa création en 1956 lors de la guerre d’Algérie, en 2005 à l’occasion des émeutes dans les banlieues et aujourd’hui avec les attentats islamistes. La coexistence de deux mondes antagonistes – le monde européen, le monde arabo-musulman – menace nos libertés.
L’état d’urgence est utile s’il est utilisé pour détruire les groupes islamistes, il faudra le dénoncer si le triangle Valls/Cazeneuve/Le Drian l’utilise à d’autre fins.

Riposte Laïque : Pour finir, quel est votre regard sur l’état du camp patriotique, le départ d’Aymeric Chauprade et son appel à créer une union des droites, qui ferait concurrence au Front national ?

Jean-Yves Le Gallou : La violence des événements –invasion migratoire, attentats – simplifie la donne politique. Trois forces s’affrontent : les socialistes et leurs alliés, les centristes des « Républicains » à la remorque de l’UDI, le FN. Il sera difficile pour d’autres de creuser leur sillon. D’autant qu’après quelques flottements dans la ligne, le FN est clairement revenu sur ses fondamentaux. Le problème historique de l’heure c’est la défense de notre identité. C’est aussi le moteur électoral principal – sinon unique – du FN.

Riposte Laïque : Merci, Jean-Yves Le Gallou, et bonne chance pour cette première journée de la dissidence, samedi.

Propos recueillis par Pierre Cassen

vendredi, 06 novembre 2015

Paris: Premier Forum de la Dissidence

CR2fsjRWoAAzqq_.jpg

00:05 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : événement, paris, france, dissidence | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Jornadas de la disidencia (Madrid, 2015)

branq10Azwl1rnng97o1_500.jpg

00:05 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : événement, madrid, espagne, dissidence | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 22 mai 2015

Hero and Heretic in Western Literature and Politics

Tomislav Sunic:

Hero and Heretic in Western Literature and Politics

Coming from a family heavily persecuted for its traditionalist sympathies under the Communist Yugoslav regime, Tomislav Sunic made his mark as a lecturer at Califonia State University and then as a Croatian diplomat. However it has been as an anti-liberal political philosopher that he has really found his raison d’etre. An ever popular speaker and determined with it, (when the Conservative Fidesz Government of Hungary recently tried to stop the 4th October 2014 Identitarian Conference from taking place in Budapest, Tom Sunic was one of only two speakers – Jared Taylor was the other – to successfully run the blockade. See his speech here. https://www.youtube.com/watch?v=Jir4T...). A radio show presenter, and the author of numerous articles and three books – Homo Americanus: Child of the Postmodern Age, Against Democracy and Equality:The European New Right, Post-Mortem Report: Cultural Examinations from Postmodernity– Tom Sunic, will here in his fourth speech to The London Forum address the issue of what it is to be a White Nationalist - simultaneously a hero to our own people and a heretic to ‘The Powers That Be’ and their mind slaves – and how we can draw perspective, sustenance and inspiration from our literary and political history.
http://www.amazon.com/s/ref=nb_sb_nos...

jeudi, 05 février 2015

Franciavanguardia

mercredi, 22 octobre 2014

Kemi Seba/Laurent James : "Le pérénialisme global ou l'union ésotérique des dissidences"

Kemi Seba/Laurent James :

"Le pérénialisme global ou l'union ésotérique des dissidences"