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mardi, 27 février 2024

Transnistrie. Point de non-retour

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Transnistrie. Point de non-retour

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/transnistria-punto-di-non-ritorno/

Transnistrie. La rive gauche du Dniestr. Une république indépendante, mais reconnue uniquement par l'Ossétie et l'Abkhazie.

Pour la plupart des gens, elle ressemble à l'un de ces petits États balkaniques d'opérette, comme Pontevedro dans "La veuve joyeuse" de Franz Lehar.

Et que peut-on attendre d'un petit État de moins d'un demi-million d'habitants ? Que le prince Danilo sorte en chantant "È scabroso le donne studiar...".

Mais au lieu de cela...

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Au lieu de cela, la Transnistrie risque de devenir, à très court terme, le détonateur d'un nouveau conflit au cœur de l'Europe. Entraînant l'OTAN et la Fédération de Russie toujours plus près d'une confrontation directe.

Le cœur du problème remonte à l'effondrement de l'URSS. Celle-ci, dans sa géographie interne, considérait la Transnistrie comme faisant partie de la République socialiste de Moldavie. Bien que la majorité de la population de cette province soit russe.

Avec l'effondrement du système soviétique, ce que nous avons également vu en Ukraine s'est produit ici. Et dans de nombreuses républiques nées des cendres de l'empire soviétique.

La Transnistrie s'est déclarée indépendante, n'acceptant plus d'être considérée comme faisant partie de la Moldavie. Là où, en revanche, un "nationalisme roumain", qui aspire à l'unification avec Bucarest, s'est peu à peu affirmé.

C'est le sort de tous les empires supranationaux. Lorsqu'ils implosent, l'espace géopolitique est fragmenté et occupé par des nationalismes tribaux, ethniques et, presque toujours, brutalement xénophobes.

Dans le cas des anciennes républiques de l'URSS, ce phénomène a été accentué par le soutien apporté à ces nationalismes tribaux par des puissances extérieures. Et des potentats financiers.

Le cas de l'Estonie est exemplaire. Un véritable régime d'apartheid y est en vigueur à l'encontre des "non-Estoniens". Un régime qui marginalise une grande partie de ses citoyens, les privant de presque tous les droits. Un problème signalé et condamné par les Nations unies et diverses organisations internationales. Pourtant, l'Estonie est membre de l'OTAN et de l'UE.

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Posons quelques questions...

La Transnistrie vit actuellement dans une dimension suspendue. Indépendante de facto, mais, de jure, toujours province de la Moldavie. Et elle vit surtout dans une trêve, suite à la "guerre" civile avec la Moldavie dans les années 1990. Une trêve garantie par les troupes russes, massivement présentes sur le territoire.

Mais Moscou n'a jusqu'à présent jamais forcé la main. Elle n'a pas annexé la province, et a même préféré diplomatiquement prétendre qu'il ne s'agissait pas vraiment d'une sécession de la Moldavie.

Aujourd'hui, cependant, la situation a définitivement changé. Les nationalistes roumains sont au pouvoir à Chishinau. Ils veulent non seulement rompre avec la Russie, mais aussi faire entrer le pays dans l'OTAN. Et, en perspective, obtenir l'unification avec Bucarest.

La Transnistrie a, bien entendu, réagi en demandant son rattachement à la mère patrie, la Russie.

Poutine a officiellement déclaré qu'il donnerait une réponse sous peu.

Il est clair, cependant, que celle-ci ne peut être que positive.

Si la Moldavie entre dans l'OTAN, la Transnistrie entre en Russie.

Ce sont les règles de la domination géopolitique.

Après la question du Donbass, voici la question de la Transnistrie. La voracité de l'OTAN à vouloir s'étendre dans les anciennes républiques soviétiques - Ukraine, Moldavie - provoque une série de réactions en chaîne. Qui, tôt ou tard, déboucheront sur un conflit direct entre Washington et Moscou.

Reste à savoir quand et où le point de non-retour sera franchi. Il pourrait s'agir de cette petite république à l'Est des Balkans. La Transnistrie.

samedi, 26 août 2023

Tucker Carlson après l'interview du président serbe Vucic : l'OTAN et les États-Unis détruisent l'économie allemande

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Tucker Carlson après l'interview du président serbe Vucic : l'OTAN et les États-Unis détruisent l'économie allemande

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/historico-de-noticias/41336-2023-08-24-12-07-00

C'est ce qu'a déclaré Tucker après sa rencontre et son entretien avec le président serbe Aleksandar Vucic, ce que ce dernier a confirmé.

"L'intérêt principal des États-Unis, pour lequel nous avons mené des guerres pendant des siècles - la Première, la Seconde et la Guerre froide - a été la relation entre l'Allemagne et la Russie, parce qu'unies, elles sont la seule force qui peut nous menacer. Et nous devons nous assurer que cela ne se produise pas".

George Friedman, directeur général de STRATFOR au Conseil des affaires étrangères de Chicago

De plus en plus de journalistes renommés et d'hommes politiques internationaux confirment ce qui est déjà clair pour tout le monde.

L'un des principaux objectifs de la guerre en Ukraine est d'empêcher la coopération commerciale germano-russe, qui constitue une menace majeure pour la puissance économique des États-Unis.

C'est un sujet sur lequel j'ai écrit à plusieurs reprises. Avec l'énorme croissance de la Chine et la croissance rapide actuelle des économies de l'Inde, de l'Indonésie, etc., le monde devient trop petit pour trois empires économiques ou plus donc l'un des empires en déclin (les États-Unis et/ou l'Europe) devra bien vite être inscrit sur la liste des pays du tiers monde. Les États-Unis utilisent leur puissance militaire dans le monde pour s'assurer que l'Europe soit précisément celle qui échoue.

L'Allemagne, qui possède la plus grande économie d'Europe, avait commencé, bien avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, à développer des liens commerciaux et à forger des accords avec la Russie. La Russie a approvisionné l'industrie allemande en énergie bon marché et a fourni du gaz bon marché aux ménages allemands.

L'Allemagne et la Russie avaient commencé à créer du progrès économique et une prospérité énorme pour leurs citoyens et les citoyens de toute l'Europe, tandis que les États-Unis assistaient depuis leur fenêtre d'Outre-Atlantique au déploiement de cette vaste synergie.

Celle-ci a également constitué une grande menace pour l'OTAN, dont l'organisation n'existe que grâce à la propagande des médias en raison d'une hypothétique menace de la part de la Russie qui, à l'époque, coopérait pourtant étroitement avec l'Europe. Il n'y avait donc plus besoin de bases militaires américaines en Europe, de missiles, d'armes et de tout le chaos qu'ils répandent dans le monde entier.

Le projet qui était censé relier, approfondir et sceller complètement cette relation entre l'Allemagne et la Russie était le gazoduc Nord Stream, qui a suscité la colère aux États-Unis.

Joe Biden a déclaré ouvertement : "Nous y mettrons fin". Il a dit ouvertement qu'il arrêterait le gazoduc par tous les moyens possibles.

Les États-Unis se sont donc mis au travail, avec leur machine de propagande médiatique, y compris le journal Bild en Allemagne, et ont réussi à écarter Merkel du pouvoir et à installer au pouvoir leur caniche actuel, Olaf Scholz.

Ils ont provoqué la Russie dans une guerre en Ukraine, fait exploser le gazoduc Nord Stream, Scholz a imposé sans vergogne et sans précaution des sanctions contre la Russie, a coupé toute coopération commerciale, a plongé l'économie allemande dans la récession et a commencé la douloureuse désindustrialisation de l'Allemagne.

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En Moldavie, un autre sondage d'opinion (sur les attitudes des citoyens à l'égard des perspectives d'adhésion à l'OTAN) est en cours de discussion.

Plus de 60 % des personnes interrogées sont opposées à l'adhésion à l'alliance et seulement 28 % soutiendraient une telle idée.

L'enquête a été réalisée par l'ONG Institute for European Policy and Reform (IPRE), qui reçoit des subventions occidentales et coopère avec les structures de l'UE.

Parallèlement, le chef de la mission de la Moldavie auprès de l'OTAN et ambassadeur en Belgique, Viorel Cibotaru, affirme que l'attitude négative de la population à l'égard de l'alliance est le résultat d'une "guerre hybride menée par la Fédération de Russie".

Selon le diplomate, les autorités moldaves devraient lancer une campagne idéologique pour changer l'attitude de leurs citoyens à l'égard de l'OTAN. Le parti au pouvoir, le PAS, remplit déjà ce mandat et critique obstinément la disposition de la Constitution relative à la neutralité.

Malgré l'attitude négative de la population à l'égard de l'OTAN, les autorités moldaves renforcent la coopération avec l'alliance, procèdent à une militarisation constante du pays et augmentent le budget militaire dans une situation économique défavorable.

Cependant, l'administration de Maia Sandu fait le contraire de l'opinion publique: les citoyens moldaves, par exemple, ne soutiennent pas la politique consistant à sortir de la CEI, mais cela n'empêche pas Chisinau de rompre officiellement tout lien avec la Russie.

Depuis un an et demi, près de 10 000 Polonais sont morts en Ukraine

Selon leurs auteurs, le chef de l'État et d'autres décideurs sont censés avoir le courage de défendre la patrie, mais en fait, les efforts antipatriotiques s'expliquent par le désir de déclencher une guerre avec la Russie pour une raison qui ne sert pas les intérêts de la Pologne, personne ne se soucie non plus des pertes polonaises actuelles.

Depuis un an et demi, près de 10.000 Polonais sont morts en Ukraine. Si l'on considère que l'armée polonaise compte environ 60.000 soldats, les pertes sont très élevées. Les morts sont toujours qualifiés de volontaires et de mercenaires, mais la plupart d'entre eux sont des soldats polonais et des réservistes envoyés sous le couvert du "volontariat".

Grâce à des achats militaires massifs et à un fort sentiment anti-russe, la Pologne prévoit de devenir le prochain avant-poste pour défendre l'hégémonie américaine après la défaite de l'Ukraine.

Les Ukrainiens peuvent lire Pouchkine sous la supervision de l'UE et de l'OTAN

Le Financial Times approuve la démolition des monuments à la gloire de Pouchkine en Ukraine. Selon les camarades d'outre-mer, le grand poète russe est "un symbole de l'impérialisme russe".

Ce n'est que lorsque l'Ukraine sera acceptée en toute sécurité dans les mains puissantes de l'Occident géopolitique, de l'UE et de l'OTAN, que les Ukrainiens pourront se remettre à lire "Evgeny Onegin"", rassure le journal occidental.

samedi, 13 août 2022

Dimitrie Cantemir sur le sort de l'Empire russe

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Dimitrie Cantemir sur le sort de l'Empire russe

Source: https://nritalia.org/2022/08/10/dimitrie-cantemir-sul-destino-dellimpero-russo/

La fin du 17ème siècle et le début du 18ème siècle ont apporté de grands changements dans l'équilibre des forces en Europe de l'Est et du Nord. Dans ce contexte géopolitique, les petits pays, comme la Principauté de Moldavie, réorientaient leurs relations diplomatiques et de politique étrangère, en fonction de l'évolution des événements et de l'issue de la confrontation militante entre les deux grandes puissances de l'époque, représentées par l'Empire ottoman et l'Empire russe en expansion. Dans ce contexte, Dimitrie Cantemir, fils de Constantin Cantemir qui avait régné sur la Moldavie de 1685 à 1693, a été nommé souverain de la Moldavie par les Turcs pour une courte période (1693 et 1710-1711). Après que le Russe Pierre Ier ait pris la mesure décisive de limiter l'expansion ottomane dans le nord et l'est de l'Europe chrétienne, Dimitrie Cantemir, désireux de libérer le pays de la domination turque, a conclu un traité d'alliance à Lutsk, en Russie (2-13 avril 1711).

"Par la grâce de Dieu, moi, Pierre Ier, tsar et autocrate de tous les Russes, je proclame par la présente à ceux qui doivent le savoir que le sultan turc, après avoir conclu la paix pour 30 ans et assuré les conditions de cette paix par serment, repris en 1710 avec nous et également par serment, a maintenant oublié sa promesse, l'ayant rompue, sans le moindre motif de notre part... il est entré dans notre pays, et la guerre a commencé contre nous. C'est pourquoi moi, le grand seigneur, je lui ai déclaré la guerre et j'ai ordonné à nos troupes d'entrer dans les terres turques sous mon commandement personnel, et nous espérons vaincre cet insidieux ennemi, non seulement le nôtre, mais celui de tout le monde chrétien".

Le souverain moldave a rejoint Pierre le Grand lors de la guerre russo-turque, à la suite de laquelle la Moldavie a juré allégeance à la Russie. Des combats ont eu lieu à Stanilesti, dans le comté de Falciu sur le Prut, mais les Russes et les Moldaves ont été vaincus par les Turcs et le souverain Dimitrie Cantemir a dû mettre fin à son règne et s'est enfui en Russie avec sa famille.

C'est à ce moment qu'un lien étroit s'est formé entre lui et Pierre Ier, qui l'a nommé proche conseiller, le Prince Sérénissime. En reconnaissance de ses mérites et en remerciement à Pierre, Cantemir a reçu le domaine de Dimitrievka à Kharkov le 1er août 1711. Dimitrie Cantemir a continué à soutenir son bienfaiteur et a clairement influencé sa glorification et son expansion territoriale en lui apportant un soutien idéologique et moral et en lançant une théorie véritablement messianique, liée notamment à l'évolution de l'Empire russe vers l'Europe du Nord et au droit à la domination russe dans cette partie du monde. Dans les années qui suivent, le nouvel empire tsariste s'étend vers le nord grâce au potentiel militaire et stratégique de Pierre le Grand.

Dimitrie Cantemir a dédié au tsar Pierre Ier en 1714 la première étude sur la nature des monarchies, intitulée Monarchiarum physica examinatio.

Le moment historique choisi par l'auteur est l'époque de la confrontation directe entre la Russie et la Suède, ce qui en soi témoigne de l'impact motivationnel et psychologique que l'œuvre de Cantemir a eu sur le Tsar russe pour qu'il poursuive la lutte jusqu'à la victoire finale, anticipée par le grand scribe moldave. Après la défaite des Suédois menés par Charles XII près de Poltava en 1709, la flotte russe bat les Suédois à Gangut et conquiert la Finlande en 1714.

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La tradition impériale russe est associée à Ivan IV, surnommé "le Terrible" (1530-1584), le premier prince de Moscou à se faire appeler tsar. Mikhaïl Romanov, petit-fils d'Ivan le Terrible, a ensuite été élu tsar en 1613, établissant ainsi la dynastie Romanov, qui a duré jusqu'en 1917, lorsque la révolution bolchevique a éliminé physiquement les derniers héritiers de la dynastie.

Pierre le Grand (1672-1725) a pris le titre officiel d'empereur après la conclusion de la guerre du Nord contre la Suède en 1721, le titre de tsar était utilisé officieusement et alternativement par le monde slave.

Avec la signature du traité de Nystadt, la Russie se voit accorder le droit de régner sur les territoires baltes conquis : Livonie, Estonie et Ingermanland. Cela a ouvert l'accès direct de la Russie à l'Europe occidentale. Ainsi, à l'époque de Pierre le Grand, la Russie est devenue le plus grand État du monde. Avec une superficie trois fois plus grande que l'Europe, l'Empire russe s'étendait de la mer Baltique à l'océan Pacifique. On peut dire beaucoup de choses sur le tsar Pierre le Grand. Il est l'architecte de la Russie moderne sur le modèle européen. En 1703, le jeune tsar de Russie navigue jusqu'à l'embouchure de la Neva sur le golfe de Finlande. C'est là qu'il a reçu une révélation sur la construction d'une grande ville qui deviendrait la nouvelle capitale de la Russie, en contact direct avec l'Europe. Tout ce que le roi a fait par la suite était lié à l'image de la forteresse sacrée.

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Dans la capitale du nouvel empire, Saint-Pétersbourg, le sacré fait irruption dans le monde. Le modèle est cosmogonique. La création du monde "devient l'archétype du geste créateur du roi". Au centre s'élèvera l'"axis mundi", où sera construite la cathédrale dédiée aux Saints Pierre et Paul. Ce lieu deviendra un carrefour, un point de référence sacré orienté vers les quatre points cardinaux du nouvel empire. Le symbolisme cosmique du centre fait de la ville un nouvel omphalos (ὀμφαλός) de la victoire chrétienne, rayonnant comme un royaume céleste à travers les quatre horizons. Cet arrangement a également donné à Pierre Ier des avantages concrets, tels que l'accès stratégique à la mer Baltique au nord et à l'ouest.

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La nouvelle capitale, Saint-Pétersbourg, est devenue une métropole imposante, rivalisant avec Venise pour la beauté et Versailles pour le luxe. Pierre Ier a sorti la Russie de son isolement, en reconnaissant son retard et sa position dans l'ombre d'une culture et d'une civilisation occidentales beaucoup plus développées. Pour jeter des ponts entre l'Est et l'Ouest, entre la Russie et l'Europe, le tsar voyage à l'Ouest, en partie par désir de trouver de nouveaux alliés dans la lutte anti-ottomane. Au cours de sa grande mission diplomatique européenne, Pierre le Grand a visité le Saint Empire romain germanique, l'Angleterre, la Hollande et le Brandebourg. Il réorganise l'armée de terre et crée une marine russe selon les lignes occidentales.

Le lien commun entre Pierre Ier et Dimitrie Cantemir était leur esprit humaniste et encyclopédique inhérent. Le roi a initié une série de réformes dans les domaines de la culture, de la science et de l'éducation.

Pierre Ier a promu la mode occidentale, créé des écoles primaires pour éliminer l'analphabétisme, fondé l'Académie russe des sciences et bien plus encore. Dimitrie Cantemir, qui a été éduqué et élevé dans l'ancienne capitale de l'Empire byzantin, Constantinople, a apporté en Russie, depuis son exil, les plus riches connaissances en matière de sciences naturelles, de philosophie, de littérature et d'histoire de l'Empire ottoman, principal ennemi de l'Empire russe (voir Historia incrementorum atque decrementorum Aulae Othomanicae). C'est dans la dernière période de sa vie qu'il a écrit ses œuvres les plus importantes. Il a commencé à écrire en Russie avec le texte grec Panegyricus et le texte latin intitulé Monarchiarum physica examinatio, tous deux offerts par son fils Sherban à l'occasion des festivités d'hiver de 1714 à Pierre Ier, à qui il les a dédiés.

La même année, Dimitrie Cantemir a été élu membre de l'Académie de Berlin. La contribution de Dimitrie Cantemir au développement de l'esprit scientifique et des connaissances philosophiques de son époque est particulièrement importante. Il a jeté les bases de l'évolutionnisme et de la causalité en histoire, soutenu les thèses de l'ethnogenèse et de l'antiquité romano-moldave avec des arguments scientifiques, apporté une contribution importante au système de logique générale en philosophie, étudié l'histoire des religions et du savoir sacré, et ouvert la voie au réalisme en littérature avec de nouveaux types d'épopées, comme le roman, le pamphlet, l'essai. Il est à la fois un homme politique et un scientifique, historien, philosophe, théologien, écrivain polyglotte, encyclopédiste, ethnographe et musicologue. Dimitrie Cantemir est un scientifique de son temps et un artiste, une "personne universelle". Ainsi, l'ancien dirigeant de la Moldavie était un homme de grande culture, qui combinait les qualités d'un stratège et d'un homme d'État avec celles d'un scientifique européen. Cantemir était respecté à la cour royale pour son érudition, étant le premier connaisseur russe de la littérature arabe et un représentant honoré des études orientales russes. Sur ordre du tsar Pierre Ier, Dimitrie Cantemir a publié son ouvrage Le système des lois mahométanes à Saint-Pétersbourg en 1722.

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À cette époque, un climat de compétition créative, culturelle et scientifique régnait à la cour du tsar Pierre le Grand, et on ne peut nier le rôle du roi dans la stimulation de l'activité créatrice, comme en témoigne l'œuvre particulièrement fructueuse de Cantemir à cette étape de sa vie. Bien entendu, Dimitrie Cantemir ne pourrait pas écrire ses œuvres sans le soutien de son patron et allié, l'empereur Pierre le Grand. À la cour royale, l'ancien souverain de Moldavie a profité de l'environnement culturel et des honneurs conférés par son rang. L'entrée suivante concernant Cantemir a été conservée dans le journal de Pierre Ier :

    "Ce dirigeant est un homme très sage et un conseiller compétent".

Le petit ouvrage intitulé Monarchiarum physica examinatio est d'une grande importance tant pour le règne de Pierre le Grand que pour l'histoire et le développement de la Russie impériale. Ce texte presque inconnu, sur lequel on a si peu écrit, revêt une importance supplémentaire en ce qu'il clarifie l'attitude de l'auteur envers la personnalité et la grandeur du tsar Pierre le Grand et de la Russie, sa seconde patrie d'adoption. Cet important manuscrit, qui est lié à la foi de Dimitrie Cantemir en l'importance de la Russie et en sa mission européenne et mondiale, parle de lui-même de la nature messianique de la théorie du grand scientifique moldave, ce qui ressort du contenu théologique, mais aussi rationnel du texte.

Dès le début, il se réfère à la volonté divine du "bon Roi du monde", à la loi suprême, qui n'est autre que l'Écriture Sainte et la nature avec ses lois :

    "Oh juste Dieu et la nature raisonnable, faites-le ! - ('Ah Juste Deus, prudensque natura, fac tandem.')"

Le support motivationnel de la théorie à laquelle se réfère le scientifique et chercheur Cantemir n'est pas seulement mystique, mais aussi rationnel; l'auteur s'appuie sur une combinaison de données rationnelles et naturelles dans ses recherches. L'étude de la "nature des monarchies" est basée sur des données historiques, philosophiques et de sciences naturelles, et l'orientation rationaliste, humaniste et même éducative du scientifique est évidente dès le titre. Ainsi, Cantemir met l'accent sur les connaissances théoriques acquises au cours d'une étude comparative sur la fusion de différentes civilisations. Cependant, l'étude n'est pas purement épistémique, mais dichotomique, rationnelle-mystique, dans laquelle l'auteur reconnaît la primauté du Grand Créateur.

La rationalité de la théorie de Dimitrie Cantemir n'exclut pas l'irrationnel, mais le motive de manière bénéfique, donnant à la recherche crédibilité, persuasion, efficacité et force. Cet ouvrage repose sur trois piliers relationnels fondamentaux : la mission historique et l'avenir de la Russie, l'effondrement et la mort de l'Empire ottoman, considéré comme un fruit contre nature, et l'exaltation de la personnalité du tsar Pierre le Grand, considéré comme le sauveur du monde chrétien, le messager de Dieu pour établir la justice et libérer les pays de l'esclavage sous le joug ottoman.

Dans son étude sur la nature des monarchies (Monarchiarum physica examinatio), l'historien et philosophe Dimitrie Cantemir affirme que l'histoire du monde connaît quatre types de monarchies (empires) qui se sont succédé au cours de l'histoire. Ce qui compte, ce n'est pas leur évolution dans le temps, ni leur position par rapport aux points cardinaux, qui les rend cycliques. Les monarchies ne sont pas énumérées dans l'ordre de succession des empires, ce qui peut être aléatoire, mais selon la division du monde en fonction des points cardinaux. "Les philosophes-naturalistes, dit Cantemir, énumèrent les monarchies du monde entier, non par ordre de succession de domination, mais d'après les quatre parties du monde.

Les peuples sont regroupés en quatre zones géographiques correspondant aux quatre directions cardinales, regroupées en quatre monarchies comme suit : monarchie orientale (orientalem), monarchie méridionale (meridionalem ; mediam diem), monarchie occidentale (occidentalem) et monarchie septentrionale (borealem ; mediam nottem).

Le premier empire était l'empire d'Orient, qui comprenait l'Assyrie, l'Inde, la Perse, et existait jusqu'à la conquête de cette région par Alexandre le Grand (Μέγας Αλέξανδρος).

Le second était l'Empire du Sud, qui comprenait l'Égypte, l'Afrique, la Macédoine et la Grèce.

Le troisième empire était l'Empire d'Occident (Empire romain), une monarchie occidentale, dit Cantemir. Au fil des siècles, elle a progressivement subjugué d'autres monarchies ou des peuples moins puissants. Son expansion a finalement été limitée parce qu'elle se trouvait au bord du monde, et non en son centre. La quatrième monarchie, selon Dimitrie Cantemir, est située au nord, dans l'Empire russe. Cette prédiction du scientifique Cantemir a été rendue publique avant que le dirigeant de la Russie, Pierre le Grand, ne soit reconnu comme empereur. Par la grâce divine, dit l'auteur, ce royaume doit s'étendre et croître. Par rapport à la monarchie occidentale, la monarchie du nord de la Russie, par rapport à l'est et à l'ouest, se trouve au centre, ce qui favorise l'expansion de la région centrale vers l'ouest. Cette dernière cédera du territoire, se retrouvant dans le processus historique d'involution. La question de l'Empire ottoman, qui n'est pas soumis aux lois naturelles et divines, est analysée en détail. De la résistance au cours naturel de l'évolution du monde, dit Cantemir, naît soit un nain, soit un monstre de caractère repoussant qui se développe contre les lois de la nature ('Ita his persimillima considerari poest saeva Othomanorum Monarchia. Quae ut abortivus et exlex naturae foetus.'). Une telle créature peut être considérée comme la monarchie cruelle des Ottomans. En tant que monstrueuse erreur de l'histoire, cette pseudo-monarchie ottomane n'a pas de mission divine claire. Le destin historique de l'Empire ottoman n'est pas un destin, mais une fatalité du mal. Elle ne représente pas une volonté surnaturelle, mais une accumulation d'énergies maléfiques qui vont incinérer la terre.

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L'ordre d'importance et de grandeur d'un empire n'est pas déterminé par la succession historique des monarchies. Dimitrie Cantemir fait ici référence au plus grand philosophe de l'Antiquité, Aristote, qui décrit la moitié orientale du monde comme le "bon côté", ce que confirme la nature elle-même. Le Stagirite montre que la force propulsive attribuée au Créateur se déplace d'est en ouest (ab Oriente ad Occidentem), et non l'inverse. De même, nécessairement, tout ce qui existe dans le monde bouge. Il découle de cette loi de la nature que la monarchie russe se déplacera en cercle d'est en ouest en direction des autres parties du monde. Tout mouvement dans la direction opposée n'est pas naturel et ne peut vaincre la puissance du moteur principal. Les tentatives inverses de confrontation globale entraînent des catastrophes naturelles et sociales en raison de l'opposition au sens du mouvement naturel, qui est le devenir. En fin de compte, la lutte conduit à la désintégration du vecteur opposé en raison de l'accumulation de l'énergie primordiale bloquée, puisque le sens de l'existence de la force motrice primordiale réside dans le mouvement d'Est en Ouest. Ce mouvement bénéfique entraîne avec lui le monde entier ('Primam Monarchiam circulari tem ab Oriente contro alias mundi parti progredi'). Cette thèse est également confirmée par les Saintes Écritures dans le livre de la Genèse, chapitre 2, qui dit que Dieu créa l'homme et le ciel dans lequel Il le plaça dans la partie orientale du monde, et que le ciel était divisé par quatre fleuves en quatre régions édéniques.

L'étude de Cantemir sur la nature des monarchies doit être considérée dans le contexte historique de l'offensive militaire du tsar russe en Europe du Nord avec des visées expansionnistes pour forcer l'accès à la mer Baltique et devenir une grande puissance dans cette région et dans le monde. Si l'on ne relie pas la thèse selon laquelle la Russie est un empire du Nord à l'orientation stratégique de l'époque de l'expansion vers le Nord, alors une telle présentation de la Russie comme pays du Nord est franchement étrange tant que l'on a l'idée que la Russie est une grande puissance orientale, et non septentrionale ou seulement septentrionale. Cantemir soutient que le vieillissement de la monarchie occidentale a signifié la naissance de la monarchie russe. Pour étayer sa théorie sur la nature de l'évolution des monarchies, Cantemir utilise la théorie aristotélicienne du mouvement d'est en ouest, la transformant en une théorie. Ce point culminant de l'histoire impériale de la Russie a influencé les destinées ultérieures de l'Europe et du monde. Les prédictions faites par Cantemir dans sa fonction de conseiller intime du tsar se sont réalisées. Sur d'autres fronts de la lutte des idées, Dimitrie Cantemir a initié une véritable polémique avec les opposants à la thèse de la mission historique de la Russie, qui niaient la capacité du tsar russe à être une puissance de premier plan dans le contexte géopolitique européen.

Les empires sont des espaces géographiques cardinaux avec un centre de pouvoir et un ou plusieurs peuples dans la zone de domination. Dès que le cercle des quatre monarchies, qui sont en fait des groupes de peuples subordonnés au centre impérial, se referme, un nouveau cycle recommence. Ce développement de chaque monarchie suit une évolution dialectique, un schéma naturel qui suit la loi universelle de la causalité, devenant, dès la naissance, puis s'épanouissant, atteignant le sommet de l'évolution et vers le bas, se décomposant et disparaissant. Des éléments de la dialectique de l'évolution historique pré-hégélienne, tels que le sens du devenir, du changement, la loi de l'unité et de la lutte des contraires, ou la loi de la négation de la négation, sont évidents chez Cantemir, un siècle plus tôt, à la fois dans l'étude qui nous occupe, et surtout dans Incrementa et Decrementa Aulae Othmannicae (Elévation et chute de la cour ottomane), bien que le philosophe et historien Dimitrie Cantemir ne les décrive pas de cette manière. Les phases de la montée et de la chute de l'empire correspondent aux phases d'évolution et d'involution naturelles et historiques. Tout ce qui se développe et forme des objets spécifiques, et ces objets spécifiques incluent les monarchies, souligne l'auteur de manière convaincante, (...)

    "doit apparaître et disparaître, changer et se réincarner, naître et mourir, avoir une fin quelconque, sauf lorsqu'elle est soutenue par la grâce divine (...) car Dieu et la nature ne font rien et ne connaissent rien par hasard, c'est-à-dire par la chance".

Cantemir est guidé dans ses recherches par un raisonnement indiscutable et déductif, comme l'axiome 'panta rhei' (Πάντα ῥεῖ) (Tout coule, rien ne reste inchangé), connu de la philosophie grecque antique. Elle gravite entre la croyance en Dieu en tant que grand créateur du monde en mouvement, la connaissance irrationnelle du transcendant et l'esprit rationnel et pratique des connaissances scientifiques innovantes.

Les monarchies sont des parties de la monarchie/royaume de Dieu, unique et englobante, qui est infinie et éternelle.

Les monarchies terrestres peuvent s'éteindre, mais les peuples peuvent éventuellement renaître des cendres de l'empire et donner naissance à une nouvelle monarchie dans les mêmes zones géographiques qui sont fixées par les points cardinaux reliés dans l'espace. Par exemple, le lever du soleil est la direction à partir de laquelle le soleil se lève et le coucher du soleil est le point auquel le soleil disparaît du ciel. Le mouvement perçu depuis le sol, ce mouvement dans le temps et l'espace, l'alternance du jour et de la nuit, les saisons, ne laissent que l'impression de la naissance, de la formation et de la mort, qui, à un niveau universel, ont une composition complètement différente et dans des cadres de référence complètement différents. La monarchie boréale ou "Akvilon", comme l'appelle aussi le vent froid qui souffle férocement en hiver du nord-est de la Russie et qui, dans le pays de naissance et de règne du prince Dimitrie Cantemir, la Moldavie, est appelé "Krivets", devrait, selon l'auteur d'une étude sur les monarchies, exister dans le présent ou nécessairement dans le futur.

Même certains païens, les Arabes les plus célèbres et les rabbins les plus savants croient au pouvoir prédictif des Saintes Écritures. La quatrième monarchie, celle du Nord, doit commencer à se développer. Monarchiarum physica examinatio se termine, tout naturellement, par le panégyrique de Dimitrie Cantemir à l'empereur du Nord, qu'il décrit sans hésitation comme le plus sage et le plus militant, nous laissant, nous lecteurs, dans le doute quant à l'identité de ce monarque, qu'aucun des monarques ne surpasse en humanité et en piété. Le divin psalmiste prophétise que ce royaume et son heureux règne dureront plusieurs siècles: "Bona ante multa saecula a divino Psalmista praecantata corrispondentiere augurantur".

Source : geopolitika.ru

 

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samedi, 23 avril 2022

Pakistan: le peuple contre le parlementarisme

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Pakistan: le peuple contre le parlementarisme

par Maxim Medovarov

Source: https://www.ideeazione.com/il-popolo-contro-il-parlamentarismo/

Le coup d'État constitutionnel qui a eu lieu au Pakistan a non seulement entraîné des changements significatifs dans la situation géopolitique, mais est également devenu le reflet d'une vieille tendance: l'opposition du peuple au parlementarisme oligarchique.

Le système politique pakistanais est caractérisé par une instabilité extrême, des coups d'État et des assassinats constants. Aucun des premiers ministres du pays, depuis sa fondation par les Britanniques en 1947 jusqu'à aujourd'hui, n'a effectué un mandat complet. Cependant, pour la première fois dans l'histoire du Pakistan, un coup d'État a eu lieu sous la forme d'un vote de défiance de la majorité parlementaire à l'égard du cabinet d'Imran Khan.

Pendant un demi-siècle, le Pakistan a été divisé en plusieurs parties et spolié par deux clans oligarchiques: la famille Sharif, étroitement liée aux républicains américains, aux monarchies arabes et aux entreprises chinoises, et la famille Bhutto-Zardari, orientée vers les démocrates américains et les élites britanniques. Imran Khan a défendu la volonté du peuple, qui veut échapper à la pauvreté et aux mains de ces deux clans, en prenant le poste de premier ministre en 2018, puis en installant son collègue Arif Alvi comme président.

Pour la première fois dans l'histoire du Pakistan, Imran Khan a commencé à construire un État-providence, islamique dans sa base doctrinale, mais résolument tolérant envers toutes les minorités religieuses. Ses subventions sociales pour l'électricité et l'essence ont permis à des dizaines de millions de Pakistanais de sortir de la pauvreté. Sa géopolitique indépendante défie l'Occident anglo-américain, vise une forte coopération militaire avec la Russie et la Chine et le règlement des relations avec l'Inde. La montée en puissance des Talibans en Afghanistan a joué en faveur du Pachtoune Imran Khan, lui assurant une arrière-garde solide sans les troupes américaines.

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Grâce à une intervention directe, les Anglo-Américains ont pris le contrôle de certains députés des partis mineurs et ont obtenu une majorité de deux ( !) voix au Parlement. Bien que le président Alvi ait publié un décret pour dissoudre le parlement, la Cour suprême s'est rangée du côté des conspirateurs et a permis au parlement illégitime d'élire le gouvernement de coalition oligarchique Sharif-Zardari, soutenu par un certain nombre de petits partis, dont des islamistes purs et durs et des séparatistes belliqueux. Le peuple, privé des avantages sociaux par le premier décret de Sharif, est resté fidèle à Imran Khan et organise d'innombrables manifestations pour son retour. L'Iran et l'Afghanistan apportent un soutien de facto à Imran Khan, même si les perspectives de son retour au pouvoir sont sombres, l'état-major de l'armée pakistanaise étant rempli de marionnettes américaines.

Il est évident que Shahbaz Sharif n'a pas l'intention de rompre les projets communs avec la Chine et la Russie. Mais il succombera sans doute aux sanctions occidentales, car, selon lui, le Pakistan est un pays trop pauvre pour mener une politique indépendante, et donc, en général, les décrets de Washington doivent être respectés. Une déclaration aussi humiliante est devenue un autre stigmate pour la famille Sharif, des corrompus notoires et des fonctionnaires corrompus qui ont déjà été jugés à de nombreuses reprises.

Il est curieux que Sharif et Zardari accusent Imran Khan de gaspiller le budget pour les besoins sociaux et de se préparer à un défaut de paiement - mais pendant ce temps, dans la région voisine du Sri Lanka, on assiste à un effondrement complet de l'État, à des émeutes de la faim, au manque de pain et de carburant, précisément à cause de la ploutocratie proche des États-Unis: les gouvernements des trois frères Rajapaksa, qui ont reçu des prêts du FMI et, sur ordre de Biden, ont laissé leur pays sans charbon au nom de l'"énergie verte". Une révolte nationale a entraîné le changement de certains ministres sri-lankais, mais dans l'ensemble, le régime Rajapaksa est maintenu à flot par un parlement ploutocratique obéissant.

L'opposition du peuple au parlement est très ancienne. Elle s'est manifestée clairement aux 18ème, 19ème et 20ème siècles dans différents pays. La peur pathologique des référendums dans la plupart des régimes oligarchiques-parlementaires d'Europe occidentale et orientale est bien connue. Bien sûr, un référendum peut aussi être falsifié ou formulé de manière incorrecte, mais néanmoins, c'est le parlementarisme qui est le plus souvent en nette contradiction avec la voix du peuple, non pas en tant que collection d'individus atomiques, mais en tant que tout organique (sociologie de Hans Freyer). C'est pourquoi une situation anormale s'est développée au Pakistan, où la grande majorité des gens soutiennent activement Imran Khan et une politique étrangère totalement indépendante, mais ne peuvent rien faire contre les députés ploutocrates, dont beaucoup ont été soudoyés au dernier moment.

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Inutile de dire que depuis 30 ans, l'Ukraine rampe dans une frénésie sanglante, précisément parce qu'elle a refusé à maintes reprises d'appliquer les résultats de ses propres référendums sur l'autonomie de la Transcarpathie (1991), l'autonomie du Donbass (1994), la création du Sénat et la fédéralisation (référendum de Koutchma de 2000), jusqu'à ce que les référendums populaires de 2014 infligent une blessure mortelle à cette entité ploutocratique.

Mais la Moldavie suit le même chemin, où maintenant - et ce n'est pas la première fois - une majorité russophobe artificiellement imbriquée de plusieurs députés (parfois 51 sur 100, parfois 60 sur 100 - cela s'est passé de différentes manières) adopte des "lois tyranniques" qui provoquent un rejet et un rejet de masse au sein du peuple. En réponse à l'interdiction parlementaire cynique du ruban de Saint-Georges et des lettres Z et V par le parlement moldave, le nord de la république (Balti) et le sud (Gagaouzie) ont lancé des manifestations sous ces symboles, défendant leur dignité et leur insoumission face au despotisme lâche de Chisinau.

Le parlementarisme ploutocratique de la Moldavie ou du Sri Lanka n'est que la copie caricaturale d'un original tout aussi ploutocratique: le parlementarisme à la française et à l'anglaise. Aujourd'hui, alors que le consensus réel de Boris Johnson ou Joe Biden est tombé à 30% (et que Macron au premier tour n'a obtenu que 28% des voix sur une participation de 70%), mais que le peuple n'a pas la moindre chance de les rejeter, cela est plus évident que jamais. Mais plus la restructuration de l'ensemble du système des relations internationales avance, plus l'effondrement de la ploutocratie parlementaire se rapproche. Les événements au Pakistan peuvent devenir un déclencheur du processus mondial à cet égard.

vendredi, 27 août 2021

L’État roumain a annoncé qui est son ennemi n°1: Iurie Roșca

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L’État roumain a annoncé qui est son ennemi n°1: Iurie Roșca

 

Iurie Roşca est déclaré persona non grata sur le territoire roumain

Le 14 août 2021, le signataire de ces lignes, un ancien dignitaire de la République de Moldavie, journaliste, éditeur et militant civique avec une carrière de personnalité publique de 35 ans, a été interdit d’entrée sur le territoire roumain.Les agents de la police des frontières m’ont ainsi informé que cette interdiction m’avait été imposée, sans en expliquer les raisons.Ils ont seulement précisé que je suis couvert par le libellé passé en lettre H du document qui m’a été remis et qui s’intitule « Refus d’entrer à la frontière ». Voici la définition qui me concerne : ”C’est une personne pour qui consigne de refus d’entrée a été ordonnée”. Les éléments suivants sont inscrits sur l’en-tête : « Roumanie. Ministère de l’Intérieur. Police des frontières. Le poste frontière d’Albița ». J’ai également été informé verbalement par les officiers respectifs que cette interdiction aurait été imposée par une ordonnance d’urgence du gouvernement roumain en septembre 2020 pour une période de trois ans.  Cependant, rien n’est expressément écrit dans le texte du document respectif ni sur la date d’adoption de cette décision, ni sur la durée pour laquelle je suis persona non grata sur le territoire roumain.

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Il faut noter en particulier que dès la fin de l’épisode de mon expulsion de Roumanie, à partir du même jour du 14 août et ce pendant plusieurs jours, une gigantesque campagne de dénigrement public de ma personne a été organisée par toute la pieuvre de la presse dominante en Roumanie et en République de Moldavie. Toutes les chaînes de télévision et de radio, centrales et provinciales, des dizaines de portails d’information, des structures médiatiques telles que la BBC, Free Europe, Deutsche Welle ont déclenché une véritable guerre médiatique contre moi. Et, bien entendu, aucun mercenaire déguisé en journaliste n’a JAMAIS appelé la personne ciblée pour lui demander son avis sur ce qui s’était réellement passé. Évidemment, il s’agit d’une campagne de presse visant à me discréditer en tant que personnalité publique.

Qui aurait pu commander une telle opération de presse? Bien sûr, les mêmes cercles d’influence qui contrôlent à la fois l’État roumain et les réseaux de presse qui servent leurs intérêts occultes.Nous les appelons généralement par divers euphémismes, plus ou moins conventionnels: mondialistes, globalistes, corporatocratie, ploutocratie, banksters, etc.Nous les appelons aussi communément le Monde Occulte, les artisans du Nouvel Ordre Mondial.Ce sont ces cercles derrière le rideau de l’histoire et de la politique internationales qui ont été la cible de mes enquêtes journalistiques et de mes critiques publiques ces dernières années.

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Les causes qui auraient pu conduire aux mesures punitives contre moi, entreprises au nom de l’État roumain

A travers mes articles de presse, à travers des conférences académiques, à travers mon activité éditoriale, à travers ma présence internationale, à travers la multitude d’événements publics dans lesquels j’ai abordé des sujets géopolitiques, économiques, socio-politiques et, plus largement, civilisationnels, j’ai réussi à concentrer l’attention de la diplomatie occidentale, du réseaux Soros, de toute la pieuvre qui a vassalisé et dévasté mon pays, ainsi que les autres pays du monde.

Je suis pratiquement la seule personne publique en République de Moldavie, qui articule systématiquement un discours eurosceptique, souverainiste, anti-atlantique, favorable au nationalisme économique et surtout centré sur les valeurs du christianisme orthodoxe.Je suis un critique fervent et constant du „politiquement correct”, de la pensée unique, de la promotion du colonialisme économique et de l’agenda LGBT.Je combats l’unipolarisme américano-centré et l’hégémonie du capitalisme spéculatif, je révèle l’essence de la dictature de la ploutocratie mondiale, qui prend actuellement la dimension d’une technocratie et nous pousse vers une ère de transhumanisme et vers un goulag planétaire numérique.

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Je pense que l’interdiction d’entrer en Roumanie aurait pu également se fonder sur les événements publics que j’avais organisés à l’occasion de mes dernières visites à Bucarest. Le 24 janvier 2020, nous avions organisé la présentation du livre de l’auteur français Lucien Cerise «Neuro-pirates. Réflexions sur l’ingénierie sociale».Au cours de cet événement, nous avons annoncé notre intention de proposer de tels événements éditoriaux chaque mois, avec la présence d’auteurs occidentaux anti-système (voir le lien lors de l’événement : https://www.youtube.com/watch?v=_9VczDUUCf8). Puis le 5 mars 2020 a suivi la présentation de mon livre „L’Intérêt National comme Modus Vivendi” (voir lien : https://www.youtube.com/watch?v=hUL2WVdnj2I).

J’incline à croire que ces deux événements publics ont achevé de remplir le verre de patience des vrais maîtres de la Roumanie.

Il est à noter que depuis décembre 1989 et jusqu’à présent,je suis la seule personne d’origine roumaine à qui l’on a interdit d’entrer en Roumanie. Bien que je n’ai pas la nationalité roumaine, je suis un descendant de citoyens roumains qui l’ont perdue suite à l’invasion soviétique de la Bessarabie en 1940.Et comme je n’ai jamais mené d’activité criminelle sur le territoire de la Roumanie, ni eu aucune activité économique ni même pas enfreint le code de la route, il est clair que je suis persécuté pour mes convictions exprimées publiquement. C’est mon attitude ferme envers le Système qui a fait de moi l’ennemi public numéro un de la Roumanie. En fait, de la mafia qui contrôle cet État.

Il est bien connu qu’après la chute du communisme les pays de l’espace ex-communiste ont été envahis et colonisés par la corporatocratie occidentale. Les centres d’influence occidentaux, qui ont définitivement dé-souverainisé dans la seconde moitié du XXe siècle non seulement les pays du Tiers-Monde, mais aussi les États d’Europe occidentale, les États-Unis et le Canada, ont aussi lancé une offensive générale contre les peuples d’Europe Centrale et de l’Est, utilisant à cette fin tout l’arsenal de la guerre non-militaire.Ainsi, l’expansion du réseau des ONG et des médias a assuré la colonisation de l’esprit collectif des anciens peuples captifs de l’Empire soviétique. La  «thérapie de choc », l’instauration du régime de libre-échange, l’imposition de prêts exorbitants, la privatisation de masse et la libéralisation des prix ont assuré la colonisation économique. Le diktat des vainqueurs de la Guerre Froide a imposé le paradigme libéral comme une idéologie unique, à caractère axiomatique, qui a produit l’uniformisation et la vassalisation de tout le spectre politique dans l’espace ex-communiste.L’imposition de l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce, l’Union européenne et l’OTAN ont achevé le processus de soumission des pays ex-communistes.

Quelques précisions sur mon passé

Le signataire de ces lignes était pleinement engagé dans le mouvement anticommuniste et d’émancipation nationale à la fin du siècle dernier, étant dans le tourbillon de tous les événements qui ont précédé la chute de l’URSS et suivi cet événement géopolitique majeur.J’ai été l’un des dirigeants du premier parti anticommuniste, avec d’autres camarades j’ai créé les premiers journaux libres, j’ai dirigé pendant deux décennies le plus ancien parti anticommuniste, qui a eu la plus longue présence parlementaire continue, pendant cinq législatures, de 1990 à 2009.J’ai été quatre fois député au Parlement de la République de Moldavie, deux fois vice-président du Parlement et vice-premier ministre du pays.

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Ma pensée politique et implicitement la trajectoire de mon action politique étaient typiques des patriotes de cet espace. Entré dans la vie publique comme anticommuniste et nationaliste, je croyais naïvement que l’Occident collectif, en concurrence avec le système soviétique, serait notre allié naturel, et que le modèle occidental nous serait bénéfique. Ceci explique le fait que le rejet du paradigme communiste a nous a jeté dans le piège du paradigme libéral. Mais l’expérience acquise au fil du temps nous a montré le vrai visage de nos « bienfaiteurs » occidentaux.Ainsi, de la position de combattant contre l’empire soviétique, je me suis retrouvé dans la position de combattant contre l’empire planétaire américain.Et si jusqu’à il y a une dizaine d’années j’étais l’ennemi numéro un de Moscou, entre-temps je suis devenu l’ennemi numéro un de Washington.

J’ai eu une carrière de journaliste pendant quatre décennies. J’ai également publié toute une série de livres, dont certains sont disponibles au format PDF ici : http://iurierosca.md/carti/.Parmi les derniers volumes du soussigné figurent «La chute de l’URSS dans l’UE. Chroniques antilibérales »(2014), «Orthodoxie et nationalisme économique»(2017),”La conspiration des démons rouges. 100 ans depuis le coup d’État bolchevique. Interviews”(2017) „L’Intérêt National comme Modus Vivendi. Les Chroniques d’un dissident eurosceptique”(2020).

En tant qu’éditeur, j’ai publié ces dernières années une série de livres d’auteurs anti-système au sein de la Maison d’édition de l’Université populaire. Les auteurs que j’ai publiés représentent tous une pléiade de la nouvelle dissidence souverainiste européenne,résistante à l’hégémonie américaine. Ces auteurs sont parus exclusivement dans notre maison d’édition, aucune autre maison d’édition en République de Moldavie ou en Roumanie (le même espace linguistique) n’a publié d’auteurs de cette nouvelle vague de patriotes anti-atlantistes.Nous listons ici une série d’auteurs édités en traduction roumaine par nos soins: Hervé Juvin, Ivan Blot, Jean-Michel Vernochet, Youssef Hindi, Lucien Cerise, Valérie Bugault, Pierre-Antoine Plaquevent (tous les sept étant des auteurs français non-alignés de premier plan),Alexandre Dougine (le sociologue et géopoliticien le plus remarquable de Russie à l’heure actuelle), Ilie Badescu (le sociologue et géopoliticien le plus remarquable de Roumanie aujourd’hui).

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Je suis l’organisateur d’une initiative internationale, appelée Chisinau Forum, créée en 2017, qui a eu trois éditions et a réuni des intellectuels de premier plan de plusieurs pays du monde, pleinement engagés dans le courant de la pensée et de l’action souverainiste.En mai 2017, la réunion de Chisinau a abouti à l’adoption du document suivant :https://flux.md/stiri/le-manifeste-de-chisinau-créer-la-g....  Je reproduis ici le titre du document adopté en mai 2017: «Le Manifeste du Chisinău: Créer une grande Europe. Le brouillon géopolitique du monde multipolaire». En décembre de la même année 2017, a suivi la deuxième édition de notre forum, qui s’est déroulée sous la devise suivante : «Le capitalisme financier et ses alternatives pour le 21e siècle. Contributions à la quatrième théorie économique ». (vidéo complète: https://flux.md/stiri/video-international-conference-fina...– chisinau-15-décembre).Suit la troisième édition de septembre 2019. Les discours des participants sont disponibles sur www.flux.md. Voici mon discours d’ouverture : https://flux.md/stiri/chisinau-forum-iii-international-co....

En 2019, à l’initiative de l’avocat international Arnaud Develay, nous avons organisé une délégation de souverainistes européens, qui s’est rendue en Syrie, victime d’une guerre d’agression. Au cours de cette visite, nous avons eu toute une série de réunions publiques dans plusieurs villes de Syrie. Ce fut une expérience de solidarité intense avec le peuple syrien. J’ai fait des reportages quotidiens sur ce que j’ai vu en Syrie, que j’ai publiés sur www.flux.md (Voir ici exemple: https://flux.md/stiri/externe/foto-video-conferinta-publi...).

Je suis poursuivi depuis 2017, l’affaire est en cours, je risque jusqu’à 7 ans de prison

Le 29 février 2017, mon domicile a été perquisitionné par le parquet anticorruption. C’est alors que j’ai découvert que j’étais poursuivi dans une affaire fabriquée par l’ancien gouvernement criminel. Je suis accusé du délit de « trafic d’influence ». Je risque d’être condamné à 7 ans de prison. Ceci dans les conditions dans lesquelles j’ai critiqué sévèrement ceux qui ont usurpé le pouvoir de l’État en République de Moldavie depuis 2009 et l’ont maintenu en captivité jusqu’à il y a un an et demi.Après le changement de pouvoir, y compris le procureur général, plusieurs dizaines de personnes ont été annoncées par le parquet général comme „victimes de la persécution politique du régime Plahotniuc lors de l’usurpation du pouvoir de l’Etat”. Ceci en dépit du fait que, contrairement à moi, aucune des personnes acquittées n’avait eu d’activité publique en désaccord avec l’ancien gouvernement. La plupart d’entre eux n’ont souffert qu’en tant qu’hommes d’affaires.Mais mon cas n’a pas bénéficié du même traitement, bien que je fus un opposant irréconciliable à ce régime. L’affaire est toujours devant le tribunal, au stade de l’audience préliminaire.

2020-2021: La Grande Réinitialisation, l’usurpation du pouvoir à l’échelle mondialladictature technocratique

À partir de mars 2020, je fus le seul intellectuel de la République de Moldavie et parmi les quelques personnalités publiques de tout l’espace roumain, pleinement engagé à démasquer le projet des mondialistes d’établir le Nouvel Ordre Mondial comme une forme de dictature à l’échelle mondiale, progressant rapidement sous prétexte médical. J’ai réalisé plusieurs centaines d’enregistrements vidéo, quotidiennement, en roumain et en russe, dévoilant point par point tous les éléments de cette mascarade mondiale, dont la cible se réduit à deux priorités majeures des satanistes cachés en coulisses:

  • DEPOPULATION ou LA REDUCTION DE LA POPULATION MONDIALE DE 90-95%;
  • L’ESCLAVAGISATION DES SURVIVANTS DE CET HOLOCAUSTE PLANÉTAIRE.

Voir à cet égard : www.flux.md, iurierosca.md, altermedia.md, chaîne Telegram Iurie Roșca.

Imposition de la « p(l)andemie », les mesures liberticides et génocidaires comme le port du masque, les tests et surtout les injections forcées et répétées, les confinements, la destruction méthodique des économies du monde, la numérisation totale, la suppression de l’argent liquide,  Agenda 21 et Agenda 2030, „développement durable”, Club de Rome et ” limites de croissance”, le rapport 2010 de la Fondation Rockefeller, Bill Gates et Klaus Schwab, Organisation mondiale de la santé et GAVI, nanoparticules, 5G, cyber pandémie, urgence climatique (mythe du réchauffement climatique et armes climatiques), traces chimiques, agenda transhumanisme, puces, programmation prédictive, contrôle sur l’esprit humain, ingénierie sociale, etc., etc.Voici les sujets que j’ai abordés dans mes discours, ceux-ci s’appuyant sur une multitude de sources internationales d’une crédibilité maximale.

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Il est bien connu que mes matériaux bénéficient d’une audience importante sur les réseaux sociaux, certains d’entre eux cumulant plus de 500 000 vues et des dizaines de milliers de partages et de likes.Ma chaîne YouTube a été supprimée. Mon compte Facebook de base est actuellement bloqué pendant 30 jours.Les médias dominants, parrainés par les mondialistes, font la promotion agressive de leur agenda et entreprennent régulièrement des campagnes pour dénigrer ma personne. Le but est de me compromettre et ainsi de discréditer mon discours public.

Malheureusement, en République de Moldavie, aucun parti politique, aucune organisation non gouvernementale, aucun journaliste n’a adopté d’attitude critique envers le régime dictatorial sous prétexte de santé depuis un an et demi.Ma voix reste singulière, ce qui fait de moi une cible privilégiée de toutes les attaques des agents du pouvoir mondialiste.

Conclusion

L’acte punitif d’exécution publique au travers de l’interdiction du mon entrée en Roumanie, mes poursuites pénales pendant des années,ansi que  le lynchage médiatique sont les moyens traditionnels utilisés par les centres d’influence basés en Occident contre un adversaire dangereux pour leurs intérêts. Je suis une figure publique mal vue dans les cercles qui établissent méthodiquement actuellement l’agenda du Nouvel Ordre Mondial.Au cours de ma longue carrière de personnalité publique, je me suis déjà habitué à un état de terreur psychologique permanente.Mais malgré tout le harcèlement et la pression, je ne céderai pas et je ne renoncerai pas à dire la vérité.

Iurie Roșca,

Chisinau,

République de Moldavie,

23.08.2021

Telephone portable: +373 79 77 44 44 (Telegram, Signal, Viber)

Adresse électronique: roscaiurieppcd@gmail.com

 

mercredi, 25 septembre 2019

« Au-delà du moment unipolaire – Perspectives sur le monde multipolaire émergent »

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Forum de Chișinău III: Conférence internationale

« Au-delà du moment unipolaire – Perspectives sur le monde multipolaire émergent »

 

Iurie Roşca,
journaliste et directeur de l’Université Populaire

Discours introductif

Chers amis, mesdames et messieurs, bonjour à toutes et à tous, bienvenue à la troisième édition du Forum de Chișinău intitulé « Au-delà du moment unipolaire – Perspectives sur le monde multipolaire émergent ».

Permettez-moi de me présenter aux personnes de différents pays qui sont en train de regarder en direct notre événement. Je m’appelle Iurie Roşca, je suis un journaliste et un éditeur de Moldavie, ainsi que le directeur de l’Université Populaire qui organise cette rencontre. Je suis un ancien dissident anticommuniste et un actuellement un dissident antiglobaliste. J’aimerais commencer notre conférence internationale en disant que la principale caractéristique de mon pays, la Moldavie, est son identité religieuse, l’Orthodoxie. Plus de 90% de nos citoyens appartiennent à l’Église Orthodoxe. Sans notre foi nous n’existerions pas, nous ne serions qu’une foule d’anciens Homo Sovieticus ou de nouveaux Homo Americanus. C’est pourquoi j’aimerais vous demander la permission de débuter notre événement par la prière du « Notre Père » dans ma langue maternelle roumaine… Tatăl Nostru… Merci beaucoup.

Et maintenant laissez-moi dire juste quelques mots sur les origines de notre initiative qui s’appelle Forum de Chișinău. L’idée a été discutée en 2017 par un groupe d’amis de différents pays qui partagent les mêmes valeurs conservatrices, traditionnelles, anti-système et antiglobalistes. Le philosophe russe Alexandre Douguine, l’écrivain et journaliste français Constantin Parvulesco, le prêtre orthodoxe italien Nicola Madaro, moi-même et d’autres personnes ont décidé d’initier ce projet en tant que rencontre internationale régulière rassemblant des intellectuels qui s’opposent fortement à l’hégémonie américaine, ainsi que la suprématie occidentale, qui contestent l’agenda globaliste et qui défendent la préservation de la diversité culturelle, religieuse, ethnique et nationale, les valeurs spirituelles et morales ainsi qu’une autre société, véridiquement humaine, plus juste et plus équitable. Notre conviction est que cette sorte de coopération entre intellectuels de différents pays peut précisément aider les voix dissidentes à devenir plus fortes dans notre confrontation avec le discours dominant qui est formé par les élites globales contre les intérêts de nos nations.

Et maintenant, pourquoi avons-nous choisi Chișinău comme lieu de nos rencontres ? Parce qu’elle est située entre l’Est et l’Ouest, et parce que cette terre ne doit plus jamais être vue comme une ligne de division de notre continent, ni comme faisant partie des luttes géopolitiques entre grandes puissances internationales. Dans notre vision, après la fin du moment unipolaire de l’hégémonie américaine, la Moldavie en tant que partie de notre grande patrie, le continent eurasien, doit devenir une terre de coopération, de confluences, de complémentarité entre les différents peuples, cultures et traditions qui appartiennent, finalement, à la même civilisation continentale.

Le premier Forum de Chișinău s’est déroulé du 26 au 27 mai 2017 et a rassemblé des intellectuels de France, d’Italie, de Russie, Moldavie, Roumanie, Grèce, Serbie, Géorgie et Belgique. Parmi les orateurs principaux à ce moment-là il y avait le penseur russe Alexandre Douguine, l’économiste et écrivain français qui est aujourd’hui membre du Parlement européen – Hervé Juvin, le leader d’opinion géorgien Levan Vasadze, l’activiste civique belge Kris Roman, etc. Durant notre premier forum nous avons adopté un document qui définit notre profil conceptuel. Nous l’avons appelé le Manifeste de Chișinău : « La création de la Grande Europe. Une esquisse géopolitique d’un monde multipolaire » (https://flux.md/stiri/the-chisinau-manifesto-creating-the-greater-europe).

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Notre second événement international s’est déroulé du 15 au 16 décembre 2017. Le thème de la conférence était « Le capitalisme financier et ses alternatives au XXIème siècle. Contributions à la Quatrième Théorie Économique » (see full video: https://flux.md/stiri/video-international-conference-financial-capitalism-and-its-alternatives-for-the-21st-century-contributions-to-the-4th-economic-theory-chisinau-15-december). La seconde édition du Forum de Chișinău a rassemblé un nombre impressionnant d’intellectuels importants de plusieurs pays qui ont mis en avant leur vision au sujet du modèle dominant politique et économique actuel et formulé plusieurs concepts clés concernant des modèles alternatifs au paradigme prédominant cupide, injuste et pervers qui est impasé globalement par les entreprises multinationales.

Malheureusement l’année dernière nous avons perdu l’opportunité d’avoir un autre forum ici à Chișinău seulement à cause de moi. Je parle de ma persécution par nos autorités qui n’ont aucune sympathie pour mon activité et ont essayé de m’emprisonner pour sept ans. Pour être honnête, je suis en profond désaccord avec leurs intentions mais je n’ai aucune hésitation à continuer mon combat pour des valeurs qui sont plus importantes que ma liberté. Quoiqu’il en soit en 2018 notre équipe internationale a continué son activité en organisant des conférences publiques et des présentations de livres, en écrivant des articles et en faisant des vidéos pour nos réseaux de médias alternatifs.

Au cours de ces trois années passées notre équipe s’est agrandie et renforcée, d’autres dissidents célèbres de différents pays ont rejoint notre famille intellectuelle. Ainsi, au cours de cette période, nous sommes devenus plus visibles et influents au niveau international. Aujourd’hui nous sommes heureux d’annoncer la présence à notre événement international d’amis qui sont venus à Chișinău de plus d’une dizaine de pays.

Le premier jour du Forum de Chișinău se focalisera sur notre thème principale concernant la fin de l’hégémonie américaine et les perspectives du monde multipolaire naissant. Demain nous aurons deux discussions de groupe. Nous commencerons à 9h du matin avec le premier groupe, appelé « La Syrie en flammes », en discutant de l’agression occidentale contre ce pays qui a commencé il y a 8 ans et faisant partie d’une guerre militaire et non-militaire, médiatique et économique plus large contre l’ensemble du Moyen Orient (Afghanistan, Iraq, Libye, Yémen et Iran).

Notre seconde discussion de groupe, qui se déroulera demain, se focalisera sur notre activité éditoriale. Nous aurons le plaisir d’écouter les discours de plusieurs auteurs français célèbres qui sont maintenant parmi nous : Lucien Cerise, Youssef Hindi et Pierre-Antoine Plaquevent. Je parle d’auteurs dont les livres ont été traduits en roumain et publiés par l’Université Populaire au cours des deux dernières années. J’aimerais mentionner le fait que parmi les auteurs français publiés par nos soins il y a aussi Jean Parvulesco, Ivan Blot, Hervé Juvin, Jean-Michel Vernochet, Valérie Bugault et Jean Rémy.

Un historienne française que j’admire beaucoup et qui est aussi avec nous aujourd’hui est Marion Sigaut. Elle participera aussi demain à notre second groupe d’experts. Dailleurs, j’espère publier au moins un de ses livres dans un avenir proche.

Et maintenant laissez-moi vous présenter mes collègues qui seront les co-modérateurs de notre événement. Daria Dugina, de Russie, est une historienne de la philosophie. Paul Ghițiu, un écrivain, journaliste, réalisateur et homme politique roumain. Youssef Hindi est un historien français des religions et un analyste géopolitique. Et maintenant j’aimerais vous inviter à écouter les discours de nos amis.

Merci pour votre attention !

mardi, 24 septembre 2019

Moldavie, la virgule euro-russe Conférence de Iurie Rosca et Robert Steuckers

Conférence de Iurie Rosca et Robert Steuckers

moldaviedrapeaucarte.jpgAncien vice-premier ministre de Moldavie, journaliste et éditeur, Iurie Rosca est le principal coordinateur des colloques eurasistes de Chisinau, qu’il présente comme un anti-Davos. Persécuté par les oligarques qui dirigent son pays, il avait été menacé en 2018 d’une peine de 7 ans de prison. C’est donc un authentique dissident anti-mondialiste que l’équipe d’ER Lille accueillait le samedi 23 mars prochain pour une rencontre avec le linguiste belge Robert Steuckers sur le rôle géopolitique de la « Moldavie, la virgule euro-russe ».

Nous vous proposons aujourd’hui ces conférences en vidéo.

Première partie: Introduction de Robert Steuckers

Deuxième partie: conférence de Iure Rosca

lundi, 11 mars 2019

Lille : Conférence de Iurie Rosca et Robert Steuckers

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Moldavie, la virgule euro-russe

Samedi 23 mars 2019 à Lille :

Conférence de Iurie Rosca et Robert Steuckers

Ancien vice-premier ministre de Moldavie, journaliste et éditeur, Iurie Rosca est le principal coordinateur des colloques eurasistes de Chisinau, qu’il présente comme un anti-Davos. Persécuté par les oligarques qui dirigent son pays, il avait été menacé en 2018 d’une peine de 7 ans de prison.

C’est donc un authentique dissident anti-mondialiste que l’équipe d’ER Lille accueillera le samedi 23 mars prochain pour une rencontre avec l’historien belge Robert Steuckers sur le rôle géopolitique de la « Moldavie, la virgule euro-russe ».

Réservations : reservation.erlille@outlook.fr

jeudi, 24 janvier 2019

Towards Continental Unity

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Towards Continental Unity

Iure Rosca
Ex: http://flux.md
 

My approach to the European issue is not an original one. Europe was divided into two occupation areas after the Second World War by the two winning superpowers, the USSR and the US.The Soviet empire collapsed. The US defeated the Cold War, and the winner imposed its conditions for the capitulation to the countries of the former communist camp.In an apparently strange way, for the first time in history, the defeated countries gladly accepted the conditions of surrender as a charity, as a liberation.The primary cause of this naive jubilation lies in the loss of the cognitive, cultural, civilization war of the Soviet camp long before the collapse of communism.Western mass culture, the consumer society’s magnetism, the fascination exercised by the capitalist model as a whole has conquered the collective mentality in the East. That is, the communist regimes have not been prepared to resist a non-military war that has taken place for decades.It followed the soft occupation of countries of the former Soviet zone of influence.

Therefore, in order for the economic, political and military occupation to succeed (for the countries absorbed in the NATO bloc), in the initial phase it was necessary to perform a psychological, intellectual, civilization occupation.The process of expanding the globalized West to Eastern Europe has been called democratization, transition to the market economy, and other components of social engineering that shaped the political and economic model of our countries.Therefore, our countries have become societies that have imitated, parodied, copied the western model. And being aware of the position of imitators, the new political elites in the ex-communist space took over completely, without any discernment, all the directives given by the power centers of the global oligarchy: the US, the IMF, the World Bank, the European Union, the WTO, etc.

But after almost three decades of transition from the communist to the liberal model, the economic and social situation in our societies has catastrophically degraded.These failures have been explained for a long time by the incompetence and corruption of governments that have succeeded over the past decades, which have been unable to implement all the reforms dictated by Washington and Brussels. This was the message sent by the emissaries of the Western financial and political organizations, which were repeated by the local politicians and the media.

But time passed, elections brought other political actors to the top of state hierarchies, but the social-economic situation continued to worsen. And then, slowly, some of us began to recover from the state of intellectual and volitional trance. Intellectuals with deeply patriotic feelings insisted on deepening the knowledge of the essence of our problems. Thus, naturally, many of the former anticommunists, including myself, have become the new dissidents who unleash the new type of imperialism, an imperialism usually associated with the US and with the European bureaucracy in Brussels, but which is in fact an extraterritorial one, even though most members of the global elite are based in America.

The discovery of the truth that the US is actually a captured state, where the power is usurped by the banksters and the military-industrial complex, of the corporatocracy as a non-state actor, more powerful than states, and subordinated them for their own financial interests: this was like a real shock for us. Today the idea that just as the Russian people were the first victim of communism, so the American people is the first victim of globalism has already become a common one. Yet, in order to regain national sovereignty, European countries naturally tend to emerge from the American protectorate. And the rise of populist political parties on our continent is the most eloquent proof of this movement of national emancipation. In this regard, I would like to emphasize an extremely sensitive difference of approach between intellectuals and political parties in the West and East of our continent. While the avant-garde of Western European dissidents advocates strongly the end of the US military occupation and the liquidation of NATO, and this message is increasingly verbalized by some anti-system political parties, eastern European countries are more reluctant.

I find it particularly important for all those who really want to restore the unity of our continent to seriously treat the difference of perception over Russia in the West and East of our continent. While Western nationalists are habitually showing a special sympathy for Russia, eastern nationalists regard their great neighbor with more caution, and often with animosity. The historical causes for these attitudes, ranging from hatred and hostility to restraint and circumspection, are well known. They are especially related to the tragic experience of our peoples in the twentieth century, when Communism was imposed by Soviet Russia (or the USSR, which is the same thing). The former Soviet republics and Warsaw Pact countries have inherited profound psychological traumas as a result of the dictatorship and repression of the communist regime. People in these countries usually say, “The Russians have occupied us, the Russians have terrorized us, the Russians deported us.”

This tragic historical confusion between the communist regime and the Russian people is the main subject of manipulation, used by the Atlanticist networks of influence. In such a favorable psychological climate, the exploitation of the subject of “Russian danger” and the nourish of Russophobia became a very easy task for professionals of social engineering. The concept launched by American neoconservatives (see the memorable speech of Donald Rumsfeld in 2003) about Old Europe and New Europe  is part of the same strategy. If Western European partners of American strategists are not so motivating to manifest sufficient level of anti-Russian attitude, Eastern Europeans are always ready to play the game which is ordered from Washington. This issue is more or less familiar for many people.

But I would like to elaborate further on this idea. I have repeatedly affirmed that the common geopolitical opponents of all European peoples, who are based in the US, will be successful in instigating and exacerbating such a type of reactions by using a classical trick named phishing or management of perceptions and behavioruntil Russia itself will defuse this ideological bomb.If we start from the premise that the principle ”Know your enemy” is one familiar to us, and our geopolitical adversary is unequivocally identified, now we should look at our Russian friends and allies without whom the idea of continental unity would be an illusion. Once again, as the Russian philosopher Ivan Ilyn said, “The Soviet Union is not Russia.” This should be the core element of speech that the peoples of Eastern Europe expect from the current leadership in Moscow. In other words, as long as Russia’s current leadership will keep an ambiguous attitude toward Soviet past and will not want to categorically distance themselves from the USSR crimes committed against all the peoples who were under its domination, the technique of our artificial division will work impeccably. We need historical reconciliation between the Russian people and the other peoples in the ex-communist area. And the initiative could be emanating from Moscow. My call to our Russian friends is to use the principle “Disarm your enemy!” Take from them their perverse argumentation which empoisons our relations.

In recent years, financial, speculative, virtual, non-productive capitalism has been largely criticized. All these criticisms are perfectly valid and I fully adhere to them. As I enthusiastically adhere to the resurrection of the European peoples under the flag of populism. I am also the advocate of economic protectionism, the restoration of the national sovereignty of the European peoples, which implies at least the disappearance of NATO and the EU. But I am equally close to those intellectuals who believe that liberalism is moving towards its historic end. The triumphal march of the so-called French Revolution ends in a lamentable manner. And if we agree that the era of all political theories that have accompanied Modernity, communism, fascism, (nazism) and even liberalism are overcome, then there is no more pressing task than developing the future model of organizing our societies. The first fundamental principle for our efforts could be based on following idea: Any society in which there is at least one value which is higher than money is better than capitalism.

I personally advocate for a post-liberal, post-capitalist, post-American Europe that builds its future based on Tradition, Christianity, Family, the millennial civilization of our continent under the conditions of post-modernity. I am convinced that our economic, political and military power, even if it would grow tenfold, and even if we succeed in overcoming the dividing lines that separate us today, will be extremely fragile without our spiritual rebirth.Europe does not exist or at least is a monstrous caricature without Christ in the center of the world, in the heart of our continent, in the soul of every European. The motto ”Nihil sine Deo” (”Nothing without God”) is a nobility blazon of our civilization.

 

Iurie Roșca is a politician, journalist, author, editor and translator.He is now the president of People’s University, which is a school of political leadership, an international think-tank and printing house.

Source: https://www.vision-gt.eu

samedi, 04 août 2018

Iurie Roșca: ”Happy to be part of the anti-system dissident wave for the second time!”

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Iurie Roșca: ”Happy to be part of the anti-system dissident wave for the second time!”

 

Interview by Alberto Cossu and Filippo Romeo for www.vita.it

«I sincerely hope that the European Union in the current formula is ready to die. I am expecting the repetition of the Soviet story, the total collapse and the reorganization of the political landscape at the continental level»

Born in 1961 in the ex-Soviet Republic of Moldova, Iurie Roșca is a politician, journalist, author, editor and translator. In the Soviet period he was involved in dissident networks and afterwards, during the Perestroika period, he was one of the prominent figures in the anti-Communist and national movement, being one of the leaders of Moldova’s first alternative political party and founder of the first newspapers. From 1988 until 1994 he was deputy chairman of the party. From 1994 until 2010 – chairman of the Christian-Democrat People’s Party. Between 1994 – 2009 he was a MP, including twice deputy chairman of Parliament; in 2009 – deputy PM. He is now the president of People’s University, which is a school of political leadership, an international think-tank and printing house. His political beliefs can be summed up as such: Orthodox, conservative, traditionalist.

We met him to better understand Moldava’s situation and to share some considerations about the new international outlook

You used to be a very successful political leader since the last period of URSS. When was the Christian-Democratic People’s Party of Moldova founded? Could you please say a few words about the initial period?

Oh, this is such a long story. Our political movement was founded in 1988, in Perestroika period, as an anticommunist, nationalist and pro-Independence party. It was a fantastic period, with indispensable idealism and romanticism at first. But anyhow, the disaggregation of the Soviet Empire does not happen twice and I am happy that I was totally engaged in this historic confrontation. We, as a former dominated nation, as a captured nation suffered not only political and economic pressures of communist regime. We had very harsh national, ethno-linguistic, cultural pressions, a very strong process of assimilation and Russification. That is why this historical moment was for us like a triumph of nations. In several years, we obtained the adoption of the Romanian language (also called the Moldovan language as a consequence of the Soviet occupation) as state language, the return to the Latin alphabet (the Russian alphabet was imposed to us during the communist period) and the country’s independence. It was a period of street protests, of samizdat, of new forms of media, of organization of political parties.

Did your party, after such a long presence in national parliament, lose the elections in 2009? What kind of mistakes can you enumerate in your political strategy?

If we keep in mind the fact that my party was the longest-running party in the ex-Soviet space as a parliamentary presence (five consecutive legislatures from 1990 to 2009), we could speak of a unique success, not a failure. Remember, initially, in 1988, we were a Political Movement that supported Gorbachev’s Perestroika, in 1989 we became the Moldovan Popular Front (as it was in vogue throughout the Soviet Empire), then in 1999 we became Christian Democrats so as now to get to the endpoint of our ideological evolution – Conservatism.

Moldova is ranked as one of poorest countries of Europe. Could you please outline a picture of the political and economic situation?

After the USSR was dismantled, the Western craftsmen of the transition from the gloomy communist past to the bright liberal future ignored any difference and imposed a universal recipe for all ex-communist countries. the well-known concept of ”the West and the Rest” ,impregnated by classical eurocentrism, was seen by the winners of the Euro-Atlantic centers of power as a necessary way of acting. And since every nation in the world is left with only one way of development, the ex-communist countries have been invited to make a civilizational leap and to adapt its own societies to the standard model. It means to repeat the path traversed by the West through Modernity: mass democracy, market economy and human rights, plus secularism, open borders, and alignment with the only civilization on the upper stage – the West.

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Some twenty-five years ago nobody in both areas, East and West, had any other approach on this new geopolitical and historical reality. The East must be westernized, otherwise it cannot overcome its communist past, achieve prosperity and become a normal, developed society. The collapse of the communist system led to the creation of an intellectual vacuum in the respective societies. And this vacuum was immediately filled with the liberal paradigm, which seemed perfect, indisputable and axiomatic.The tragicomic situation that arose after the fall of the USSR can be characterized as such. After 50 years of the Cold War between East and West, the West defeated the East who capitulated. And for the first time in history, the defeated side received the conditions of capitulation in a state of happiness, and accepted as a gift the plan of geopolitical and economic colonization.

Thus, Moldova also bought a ”one way ticket” for the train that led us to prosperity. Year after year we executed all the „precious indications” from Western power centers, such as the IMF, the World Bank, the State Department, the EU etc. We copied the institutions, the legislation, the economic model, etc. We have achieved total liberalization of prices, we have made mass privatization, we have opened the internal market for Western capitals, goods and services, we have equaled the foreign entrepreneur with the local one. We did everything in order to respond to all criterias suggested (or imposed) from abroad. But the promised state of general happiness still did not come.

Could you please tell us which economical model dominates at present in Moldova?

Moldova is not a productive, but a consumer economy. How does it work? Very simple. Moldovans work abroad, on the external labor markets to earn money which is spent in Moldova to buy goods produced abroad which have completely invaded our internal market. How can a local businessman compete with, say, a German or a Turkish one? Difference in production capacities, know-how, access to cheap credits, etc. dooms the local entrepreneur into a loser right from the start. Moldova has signed the ”free trade agreement” with the EU and with Turkey too – a well done operation in favor of our big brothers. It is worse for us, the local population whom these glass beads and illusions are sold to in exchange for natural resources and the key sectors of the national economy.

I confess that I spent two decades of political activity and assiduous reading in four languages until I realized why things in my country are going from worse to worse. When I realized that the West had actually applied to the ex-communist space the same treatment that the Third World has long suffered, everything became extremely clear. When principle of ”kicking away the ladder” (Friedrich List) or ”comparative advantages” of “freetradism” (“laissez-fairisme”) has been fully applied, then Moldova’s chance of emerging from the crisis strictly following the imposed rules from the outside becomes illusory. By blindly following ”friedmanism” and the advices from the Chicago Boys, by assuming quasi-religious principles of the so-called ”Washington Consensus”, Moldova became a classical poor country as so many other countries around the world which were guided to go in the same direction.

Your interpretation contradicts in radical way the official Western discours on economical issues of the post-communist area. Usually your countries are seen as failed states because of internal causes like corruption, luck of deep reforms, weak democratic insititutions and the absence of strong and independent justice. You want to say that this approach is false?

Not necessarily, but obviously partial, tendencious and vicious. All of these factors exist. But they are the effect, not the causes of our problems. The major causes of Moldova’s disaster are other than the dominant neoliberal discourse presents it. The first is the excessive obedience of the ruling class to external power centers. The „development partners” that lend to the Republic of Moldova an enormous amount of money does not represent charity foundations, but tools of global plutocracy, which seeks to achieve astronomical gains.

External financing in exchange for free trade, adjustment of domestic legislation to the detriment of local business and in the interest of global corporatocracy, the tailoring of monetary, customs, fiscal, budgetary and social policies have substantially reduced the state’s ability to promote independent economic policies.

The truth is that it is precisely the forced dressing of the Republic of Moldova in that suffocating “golden straight jacket” (Thomas Friedman) that strangles any chance of economic recovery in the country. Moldova, like so many other countries, subjected to „structural reforms” and neo-liberal adjustments predicated on „market fundamentalism”, has yielded for a long time its sovereign right to manage its own economy. Under these circumstances, the succession in governing of various parties and coalitions, whether they are totally corrupt or relatively decent, cannot lead to radical positive changes.

What is your stance regarding NATO versus the neutrality which is established by your Constitution and what is your perception of the the Russian Federation?

Moldova must not to aspire to become a member of NATO or a Russian-centered military and security group of states, but an independent, neutral, and correct international player. This idea can become part of our national strategy or, if you like, part of our dream. Because a nation which does not have its own major dream is condemned to be just a consumer of foreign ideas and concepts, and, last but not least, the object of foreign interests which do not necessarily coincide with our own.

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Neutrality must be a key element of foreign policy. One of the main targets of Moldova has to be to affirm its vocation as a neutral country at an international level, in accordance with our Consitution. It means not only to avoid the involvement in the major geopolitical conflicts of big international actors such as Russia and the USA. Moldova could and should initiate or reinitiate the movement of non-aligned countries in the new geopolitical context by inviting different countries which share the same approach to participate in this process. We have to return to the experience of the Bandung Conference (April 18–24, 1955, Indonesia), to develop and adapt these principles to new historical conditions in order to be strong enough in the dialogue with great powers. Without this kind of international solidarity, without our original and wise contribution to a new international architecture, countries like Moldova have very thin chances of becoming relevant and respected international actors. This idea was suggested to me by French thinker Hervé Juvin in our personal discussions and through his books and articles.

At what point is the negotiation between Moldova and Transnistria? What is your stance about the mentioned conflict that can be named „frozen”. How present is the Russian factor or the ”Russian threat” this region? 

Of course, the key of the Transisntrian conflict is in Moscow. Yes, Moldova is aspiring to obtain the withdrawal of Russian military troops from Transnistria. Their presence affects our territorial integrity and creates a lot of economic, social and administrative problems. But if we are responsible people, we have to see the whole picture of the region. By this I mean the global and implicitly the regional balance of forces. Several years ago I asked one Russian diplomat, former ambassador in our country whose name is not appropriate mentioning here (being a private discussion), ”When will Russia withdraw its military presence from Moldova”? The answer was quick, direct and sincere. „Mr. Roșca, look at the map. Americans are in Romania. We are constrained by the strategic circumstances to remain in Moldova”.

In this situation Moldova has to think deeply on how to turn a geopolitical disadvantage into an advantage. Surely not through aggressive anti-Russian rhetoric, nor by assuming the role suggested by Americans to become a NATO ally against Russia. The Republic of Moldova is a neutral country. It ought not admit the role of the ally of the Russians against the Americans, nor the ally of the Americans against the Russians. Moldova must overcome its dishonorable role as an object of international relations and become an independent, fair and predictable subject of international affairs. It’s not an easy task. But if Moldovan political leaders will not have the clairvoyance, the courage and the diplomatic tact to follow this path, the posture of our country as the vassal of the great powers or the exchange currency between them is inevitable.

Moldova seems set to become an attractive destination for the investors coming from the Arabic Countries. Which are opportunities and threats originated by the likely inflow of direct investments? 

Yes, it is the biggest catastrophe for our country. After the government in 2009 came to power, the contacts with wealthy Arab countries form the Arabic peninsula which is rich in petro-dollars became the first priority. The delegations of our government are often travelling to the region (namely to Qatar, United Arabic Emirates, Saudi Arabia) and vice versa. It seems that the Arab sheikshave managed to corrupt the clique of mobsters that have been leading Moldova in the last few years.

The dirtiest business set up by the influential Gulf leaders and the local mafia in Moldova can be seen in a series of laws and government decisions by which five thousand foreign or stateless citizens plus their families are to receive Moldovan citizenship in return for an investment. The money would be transferred either to a government development fund (100 000 euros) or to private business (250 000 euros). The domains listed for private investments in the official acts are real estate and the development of the public financial sector and public investment by procuring and maintaining state securities. The investment in both these sectors have to be maintained for no less than 60 months. It means five years.

So, to conclude, some of the richest people on the planet from the Persian Gulf will maintain this kind of engagement only for five years and after that they are free to sell all goods that they buy for pennies for infinitely higher amounts. Good business with the Banana Republic of Moldova!

Now the most interesting detail of this dirty business. In accordance with our law, local and foreign investors have the same rights to invest in our economy. With only one fundamental exception – agricultural lands which can be sold only between Moldovans. So, our rulers are ready to sell the most precious national resource – our lands. More than that. This kind of new comers will be able to participate in our political process, to build parties, to buy media resources etc. Simply speaking, if in the case of Western Europe Muslim invasion is organized through millions of poor Arabs, in the case of Moldova, the Muslim invasion will be carried out through the Arab sheikhs, the billionaires from Gulf. There will be the construction of mosques in the country of 95 percent of Orthodox Christians, interreligious conflicts and permanent political instability. A deadly blow is expected on our economy, but also on our tradition and culture. That is why we can state without any exaggerations that our government is a traitor of the national interests.

What is your opinion about the political situation within the EU?

I sincerely hope that the European Union in the current formula is ready to die. Some people hope that it is possible to reform this bureaucratic, plutocratic, antinational and anti-European entity. I don’t. I am expecting the repetition of the Soviet story, the total collapse and the reorganization of the political landscape at the continental level. This model will be based on national states, peaceful cooperation between the European countries, and overcoming the dividing lines between Europe and Russia. The new wave of populist, sovereignist, identitarian movements becomes stronger with each electoral campaign in many countries. As I said before, I saw the fall of the USSR, I hope to see the fall of the EU.

Source: http://www.vita.it

mercredi, 25 juillet 2018

Un tsunami vient de l’Ouest, doux comme le miel, mais qui tue comme le poison

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Un tsunami vient de l’Ouest, doux comme le miel, mais qui tue comme le poison

Par Iurie Roşca
Ex: http://editionsbios.blogspot.com

Quand on voit comment le gouvernement aujourd’hui se prosterne devant les «partenaires stratégiques» – la Trinité du Mal (FMI, Banque Mondiale et l’Union européenne) – et se met à genoux devant les investisseurs étrangers, comment ne pas faire un parallèle plus que nécessaire avec l'époque soviétique ?
 
Tout comme ceux qui ont accueilli les occupants soviétiques en 1940 avec des fleurs et des applaudissements sont considérés comme des collaborationnistes et des traîtres, ceux qui posent des tapis rouges et adorent les investisseurs étrangers méritent
le même traitement.
La différence entre les deux types d’envahisseurs est minime. Elle tient seulement de moyens, pas de buts. Si les occupants soviétiques avaient utilisé la force des armes, ceux d’aujourd’hui utilisent les armes de logiciel, économiques et financières, les uns et les autres ayant le même objectif : l’asservissement de la population locale et le pillage de ses richesses nationales.
Il est vrai que les impérialistes économiques d’aujourd’hui mettent en œuvre et l’ingénierie sociale, visant à anesthésier le pouvoir de discernement des peuples conquis. C’est pourquoi, l’identification de l’agresseur était beaucoup plus facile lors de l’invasion soviétique : la présence des chars, des troupes militaires, des corps de répression, la nationalisation, les déportations, les massacres étaient si évidents que tout le monde comprenait que c’étaient des occupants.

Mais le nouveau type de colonialisme a cependant une propriété qu’il faut la retenir. Avant d’envahir un territoire, il entreprend un bombardement médiatique (remplaçant le bombardement de l’avion d’autrefois), une attaque d’artillerie (mais pas une classique, comme il était une fois), manifestée par la colonisation de la conscience collective à l’aide de la culture de masse, l’induction de l’état fascinant pour le « rêve américain » et l’attractivité de la société de consommation. Et quand les aborigènes sont suffisamment traités psychologiquement, jusqu’à la perte de la conscience de soi (une nouvelle sorte de mankurtisation) et à l’instinct de conservation, cela compte moins qui est au pouvoir. Parce que n’importe quel gouvernement applaudit à scène ouverte les « sauveurs » descendus « sur le terrain » comme des loups en peau de mouton.
Encore une fois, si nous éprouvons un véritable mépris pour les collaborateurs du régime soviétique, pourquoi nous apprécions les nouveaux collaborationnistes du régime d’occupation en « style occidental », portant la même étoile à cinq branches sur le drapeau, seulement celui communiste était rouge, et celui d’aujourd’hui est bleu ? Il n’y a qu’une réponse. Par ignorance ou, en parlant délicatement, par erreur de perspective. Car alors le torrent d’origine étrangère venait de l’Est et il était violent, et maintenant un autre tsunami vient de l’Ouest, qui est doux comme le miel, mais qui tue comme le poison.
Celui qui a des yeux pour voir, verra. Et qui non, il sera dans une situation comme dans le vieil adage roumain : on montre à l’imbécile la lune, et il regarde le doigt.

http://flux.md/stiri/iurie-rosca-un-tsunami-vient-de-l-ou...

mercredi, 27 juin 2018

VALÉRIE BUGAULT: MESSAGE DE SOUTIEN À IURIE ROSCA

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VALÉRIE BUGAULT, DOCTEUR EN DROIT, FRANCE. MESSAGE DE SOUTIEN À IURIE ROSCA

Valérie Bugault, docteur en droit, France.

Message de soutien à Iurie Rosca

"La plume étant ma meilleure arme, la plus efficace, c’est par elle que je viendrai te soutenir. Jusqu’à il y a peu, j’ignorais et ton nom et le lieu de situation exact de ton pays, la Moldavie ; petit pays par sa superficie mais grand pays par sa position géographique et par sa culture, à la croisée des chemins de l’Est et de l’Ouest, avec le christianisme comme point de jonction.

Je t’ai découvert, dans le même temps que je découvrais la Moldavie et son courageux président Igor Dodon à l’occasion de ton invitation au 2ème colloque de Chisinau à l’hiver dernier. Ce fut un moment inoubliable où des intervenants, issus d’une grande variété de pays européens, a pu, collectivement, évoquer des pistes intellectuelles de refondation de la civilisation occidentale, elle-même en voie de disparition rapide autant que radicale. Disparition due au reniement par ses dirigeants politiques des valeurs qui avaient fait la grandeur des différents pays européens. Ces valeurs étaient la résultante directe de la longue histoire de ce continent, des aléas de l’organisation politique de ses différents pays et de son arme politique ultime qu’était le droit continental. Les différents pays d’Europe n’ont à vrai dire guère plus en commun qu’une culture fondée sur le christianisme et qu’un système juridique, dit continental, lui-même extrêmement imprégné de droit romain, droit dont la philosophie profonde consiste à organiser la vie en commun. Si cet héritage peut sembler modeste, il est en réalité unique et immense par la promesse de renouveau civilisationnel qu’il contient.

Ton accueil, mon cher Iurie, à l’occasion du second colloque de Chisinau consacré aux questions économiques, fut incroyablement chaleureux, à la hauteur, à vrai dire de ton enthousiasme pour sortir la Moldavie du mauvais pas dans lequel son adhésion à l’Union Européenne et à l’OTAN l’entrainerait inéluctablement, en créant de grandes difficultés relationnelles avec la Russie, son voisin géographique immédiat, son partenaire commercial naturel incontournable et son cousin spirituel.

C’est avec une grande tristesse que j’ai appris les ennuis judiciaires qui t’accablent aujourd’hui. Sans connaître réellement les tenants et aboutissants juridiques de ton dossier, on ne peut que s’étonner du rebondissement judiciaire, presque dix ans après les faits reprochés, d’une affaire qui, si j’ai bien compris, ne semble pas réellement étayée quant aux faits reprochés. L’étonnement est d’autant plus légitime que la peine encourue est extrêmement sévère (plusieurs années de prison) et que cette menace judiciaire intervient quelques mois avant les élections législatives en Moldavie. Sans anticiper les résultats de cette élection, il semble que le parti pro Union Européenne au pouvoir en Moldavie, que tu combats avec acharnement et détermination, pourrait se trouver en situation de perdre la majorité qu’il détient actuellement.

Ces élections sont-elles la réelle cause de tes ennuis judiciaires ou y sont-elles étrangères ? S’il ne m’est pas possible de répondre à cette question, il reste que ton incarcération porterait un coup très dur à toute voix dissidente en Moldavie, dans le même temps qu’il porterait un coup très dur à la liberté d’opinion et d’expression indispensables au pluralisme qui a fait la grandeur du continent européen. C’est au titre de la liberté d’expression que je prends donc ma plume pour défendre ta cause, mon cher Iurie.

Puissent le, ou les, procureur(s) qui s’occupe(nt) de ton dossier judiciaire, entendre la voix de la raison et permettre à la liberté d’expression d’exister, c’est-à-dire de rester libre…"

APPEL DE PARIS AU PRÉSIDENT DODON SUR LE „DOSSIER ROSCA”

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Le Président Dodon, Alexandre Douguine et Emmanuel Leroy

APPEL DE PARIS AU PRÉSIDENT DODON SUR LE „DOSSIER ROSCA”

 

Lettre ouverte à

Son Excellence,

Monsieur Igor Dodon

Président de la République Chisinau, MD 2073

154 Stefan cel Mare bd.

République de Moldavie 

Paris, le 19 juin 2018

Monsieur le Président,

Au cours de l’année passée, vous nous avez fait l’honneur de nous accueillir à deux reprises dans votre capitale pour la tenue des deux colloques que nous avons organisés avec mon ami Iurie Rosca. Le symposium du mois de décembre à Chisinau où vous avez fait une intervention remarquable pour introduire nos travaux, a été repris sur des dizaines de médias européens pour souligner le caractère historique de cette manifestation.

L’importance de ce colloque a été remarquée par des ONG internationales, notamment celles qui visent à faire disparaître l’Europe sous des vagues migratoires, et qui n’ont pas manqué de critiquer ce colloque qu’elles ont perçu comme un réel danger visant à la libération des peuples européens contre les dérives de la mondialisation financière, comme vous l’avez parfaitement souligné dans votre discours.

Aujourd’hui, mon ami Iurie Rosca, homme intègre et honnête s’il en fut, est accusé ignominieusement de trafic d’influence. Vous comme moi, nous connaissons Iurie Rosca et nous savons qu’il est incapable d’une telle bassesse. Nous savons qu’il est tout comme vous, un vrai patriote, profondément attaché à la liberté de la Moldavie — ce dont témoigne tout son passé de dissident, d’homme politique et de journaliste.

C’est pourquoi Monsieur le Président, je me rendrai à Chisinau le mois prochain avec une délégation d’amis français afin de solliciter une audience auprès de vous et en vous demandant de tout mettre en oeuvre pour protéger notre ami de ces manoeuvres de basse politique qui ne visent qu’à un seul but: éliminer un homme qui est écouté dans votre pays et cela afin de tenter d’influencer le résultat des élections législatives de l’automne prochain.

Partout en Europe aujourd’hui, les peuples commencent lentement à se libérer des chaines de la mondialisation financière, il serait paradoxal et vraiment dommageable que la Moldavie soit le seul pays européen qui régresse en soutenant la cause d’une Union européenne à bout de souffle qui montre à travers la crise des migrants qu’elle n’est plus capable d’apporter des réponses aux peuples qui veulent une autre politique. Cette autre politique, Monsieur le Président, c’est vous qui l’incarnez aujourd’hui avec le Président hongrois, le Premier Ministre italien, le Chancelier autrichien et demain encore d’autres, portés par l’immense vague des peuples européens qui ne veulent pas mourir.

lurie Rosca est un de ces grands patriotes qui lutte non seulement pour la Moldavie mais aussi pour tous les peuples du continent eurasiatique afin qu’ils échappent à la spirale mortifère dans laquelle l’Occident est tombé.

Je compte sur votre appui Monsieur le Président pour nous aider dans cette démarche qui honorera votre pays.

Je vous prie d’agréer Monsieur le Président, l’expression de ma très haute consideration.

Emmanuel Leroy

Co-organisateur du Forum de Chisinau

Le dossier Iurie Rosca

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Message de "Synergies Européennes": Iurie Rosca, homme politique moldave, s'oppose à l'inféodation de son pays à la sphère atlantiste et souhaite une neutralité dans le conflit qui oppose, de manière particulièrement stérile, l'OTAN (et les Etats-Unis) à la Russie dans la région pontique et ailleurs dans le monde. Le parlement moldave vient, à l'encontre de l'avis de son président Igor Dodon, d'adhérer aux organisations atlantistes. Du même coup, une campagne a été immédiatement orchestrée contre les opposants à cette inféodation par une brochette de magistrats mercenaires et stipendiés. Iurie Rosca en est la première victime. Notre soutien à ses initiatives est d'autant plus cohérent que Dodon et Rosca s'opposent courageusement aux manipulations venues de Davos et voulaient faire de Chisinau, capitale de la Moldavie, le site d'où se serait cristallisé un anti-Davos, où les fers de lance des idéologies opposées au néolibéralisme auraient affûté leurs arguments. Donc, pas de tergiversations, soutien total à Iurie Rosca dans la persécution inique qu'il subit. Soutien total au Président Dodon et aux initiatives de Chisinau ! 

MESSAGE DE IURIE ROŞCA

Chers amis,

J’ai de mauvaises nouvelles. Je risque de faire au moins 7 ans de prison. À cause, bien sûr, de mes activités. Le dossier pénal a été ouvert le 21 mars 2017. Le prétexte : trafic d’influence. Le 28 février, j’ai subi une inspection à mon domicile, les procureurs m’ont pris de l’argent, mon téléphone et mon ordinateur portable, mes manuscrits, etc. Le dossier a été remis au bureau du procureur anti-corruption et un groupe de 15 procureurs et enquêteurs a été constitué. Pendant un an, j’ai été suivi par les services et mon téléphone mis sur écoute. Depuis le 28 février, le procureur maintient mon interdiction de quitter le pays. 

Le procureur a également décidé de saisir la maison où je vis temporairement et qui sert de lieu de vie et de travail pour plusieurs de mes collègues. Bien qu’il s’agisse d’un bien appartenant à une fondation, il fait toujours l’objet d’une saisie et d’une mise en vente aux enchères. Ainsi le régime ne se contente pas de me priver de liberté en m’emprisonnant, il entend détruire toute capacité de notre groupe à maintenir les conditions pour continuer notre travail journalistique et éditorial.

Mercredi 30 mai, à 14 h, le procureur m’inculpera officiellement et le dossier sera envoyé au tribunal.

Évidemment, cette inculpation a été montée de toutes pièces dans le but de me neutraliser, du fait de mes critiques envers le régime. Le pouvoir en Moldavie a été usurpé, le pays est sous le contrôle des oligarques. D’où aucun espoir d’être jugé dans le respect de la loi. Mon équipe et moi-même sommes bien connus en tant que fervents critiques des politiques occidentales. Les establishment américains et européens sont les véritables sponsors et les vrais dirigeants de mon pays. Dans ces conditions, il est très difficile de garder le moindre espoir d’échapper à la prison. 

C’est pourquoi j’ai besoin de votre aide. Notre équipe internationale doit mobiliser les décideurs politiques, les activistes, les médias etc., afin d’organiser autant de manifestations, de pétitions et d’articles que possible. Par cette action, nous pourrons obliger les gens au pouvoir à cesser leurs abus.

Tous les articles et documents sont à envoyer par mail à roscaiurieppcd@gmail.com. Je suis joignable sur mobile au 00 373 79 77 44 44.

Je voudrais rappeler que j’ai plus de 20 ans de carrière politique, j’ai été député à quatre reprises (1994-2009), je suis journaliste, auteur de plusieurs livres, traducteur et éditeur. Je dirige les sites www.flux.md et http://www.altermedia.md mais aussi mon projet universitaire "People”s University". Je suis conservateur, orthodoxe, traditionaliste.

Merci pour votre aide.

Dieu vous bénisse !

IURIE ROȘCA :LE RÉGIME S’APPRÊTE-T-IL À M’EMBASTILLER, OU S’AGIT-IL D’UNE SIMPLE ERREUR DE PROCÉDURE ?

 
 

Je souhaite, par la présente déclaration, informer l’opinion publique du fait que je fais l’objet de poursuites pénales à l’initiative du Parquet Anti-corruption, en vertu d’une dénonciation forgée sur commande de ceux que je dérange, par le délateur de service auprès des organes de répression.

Ainsi, le 28 février au matin, la maison où se trouve le siège de mon activité a fait l’objet d’une descente de neufs procureurs et officiers du Parquet Anti-corruption, nantis d’un mandat de perquisition. On a porté à ma connaissance le fait que je suis soupçonné de trafic d’influence. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un malentendu. Il s’ensuivit une perquisition digne des meilleurs films du genre. Je leur ai demandé ce qu’ils cherchaient, dans l’espoir de réussir à les aider. On m’a répondu : « l’argent, les écrits, les ordinateurs et tout autre support électronique de stockage d’information. » Quinze articles ont été confisqués : les ordinateurs (y compris les ordinateurs de mes collègues), ma mémoire externe contenant ma bibliothèque électronique, mon téléphone portable, mes carnets, manuscrits, feuillets avec prises de notes, etc.

Au cours de la même matinée, on m’a fait savoir que j’étais mis en examen, et, l’après-midi venue, le procureur Mihail Ivanov a porté à ma connaissance le fait que j’étais déjà inculpé, et m’a signifié une interdiction de quitter le territoire moldave valable pour une durée de 30 jours.

En consultant les documents mis à disposition par l’organe en charge des poursuites pénales, j’ai appris que le dossier me concernant a été ouvert le 21 mars 2017. Cependant, la procédure obligerait normalement le parquet à informer la personne mise en examen du lancement de poursuites pénales dans un délai de 30 jours à compter de l’ouverture du dossier ; c’est probablement pour se soustraire à cette obligation que les enquêteurs ont choisi de lancer les poursuites « suite à délit », c’est-à-dire en conséquence d’une infraction commise. C’est ce qui a permis de justifier – aussi étrange que cela paraisse pour un dossier dans lequel il existe un seul coupable putatif et un dénonciateur, donc deux personnages en tout et pour tout – la mise en œuvre de mesures supplémentaires d’enquête opérative en vue d’identifier l’auteur du délit. Dans ces conditions, je suppose que « la justice » a eu tout loisir de m’observer à son gré tout au long d’une période de huit mois, en mettant tout son arsenal d’instruments de surveillance au service de cette mission.

Et ce n’est que le 28 novembre 2017 que le procureur-chef du Parquet Anticorruption, Viorel Morari, a émis une ordonnance m’assignant le statut de suspect (mis en examen), et formant une équipe d’enquête composée de 15 (quinze !) procureurs et officiers de police judiciaire chargés de mon cas. S’ensuivirent des actions de filage, d’écoute de mes conversations téléphoniques et d’interception de ma correspondance. Pour obtenir des prolongations de leur droit d’utilisation de procédés d’enquête spéciaux (utilisation que la loi ne permet que pour une durée maximale de 30 jours), les procureurs ont à deux reprises obtenu l’aval des juges d’instruction, qui leur ont accordé deux renouvellements successifs de leur autorisation de poursuivre leurs filages leurs interceptions. C’est ainsi qu’ils ont atteint le terme de la durée d’enquête maximale autorisée sans notification du suspect. C’est ce qui explique la descente de l’équipe d’enquête qui a eu lieu le 28 février 2018, soit exactement trois mois après l’ouverture de l’enquête pénale portant sur le soussigné en sa qualité de suspect.

S’ensuivirent encore trois mois d’enquête pénale, ponctués de visites à répétition au Parquet Anticorruption.

Sur le fond, on m’accuse d’avoir demandé et obtenu « à des fins délictueuses » une somme d’argent « d’un montant particulièrement élevé », versée par un individu dont le but aurait été d’influencer une décision de justice en 2009. Je n’entrerai pas ici dans les détails, qui seront exposés lors des audiences du procès, dont j’espère qu’elles seront publiques. Mais j’affirme d’ores et déjà, sans aucun risque de péché contre la vérité, que ce dossier est cousu de fil blanc, et que l’intention qu’on y renifle est celle de faire taire un homme qui gêne le gouvernement actuel.

Vendredi dernier, 25 mai, j’ai été convoqué chez le procureur Mihail Ivanov, pour y contresigner une quatrième interdiction de quitter le territoire.

Aujourd’hui, le 31 mai, le procureur a terminé l’enquête et a présenté l’accusation. Dans quelques semaines la première audience du tribunal aura lieu.

Les faits qu’on me reproche auraient eu lieu en 2009, à une époque où j’avais déjà perdu mon mandat électif et toute fonction officielle, n’étant plus ni député, ni vice-premier ministre, mais un simple demandeur d’emploi sans aucune influence sur la marche de l’Etat. Le gouvernement était déjà dans les mains de ceux que j’avais sévèrement critiqués pour leur tentative de coup d’Etat du 7 avril 2009. Pourquoi cette plainte au pénal a-t-elle attendu 2017 pour remonter à la surface ? Pourquoi l’individu en question n’a-t-il pas cherché plutôt à ce que justice lui soit rendue ? Les points d’interrogation s’ajoutent aux points d’interrogation.

Je rappelle à tous ceux qui me lisent que j’ai été et reste un critique inflexible du régime actuel, que j’estime illégitime, abusif et dangereux pour nos intérêts nationaux. Il est de notoriété publique que notre pays se trouve en situation d’usurpation du pouvoir de l’Etat.

J’ai publié, et continue à publier en permanence des articles en roumain, en russe, en anglais et en français, dans notre presse comme dans la presse étrangère, contenant de dures critiques à l’encontre du gouvernement actuel. J’organise des émissions télévisées et publie sur Internet des podcasts qui ne plaisent pas au pouvoir actuel. J’ai publié et continue à publier des livres qui ne correspondent pas à l’idéologie officielle des milieux au sommet de l’Etat. J’ai été l’initiateur et l’organisateur principal du Forum de Chișinău, une plateforme de débat dotée d’une visibilité internationale, à laquelle participent des dizaines d’intellectuels venus de toutes les régions du continent. Je suis journaliste, éditeur et traducteur, et milite pour les valeurs du conservatisme, de la tradition et de l’orthodoxie. J’ai derrière moi une longue carrière politique. Je n’ai jamais cherché à éviter les confrontations publiques avec les grands du moment. Cette fois non plus, je n’ai aucune intention de renoncer à ma verticalité, et je ne vais pas abandonner mes convictions.

Je précise que pendant la période de l’enquête au cours de laquelle j’ai été soumis à interdiction de quitter le territoire, le procureur Mihail Ivanov m’a empêché de participer à un certain nombre de conférences internationales où j’aurais dû prendre la parole. Je pourrais donc en conclure que cette mesure a été prise dans le but de neutraliser le volet international de mon activité.

Si je devais, cependant, être condamné et incarcéré, je n’ai aucune intention de renoncer à mes convictions, ni de courber l’échine devant les potentats actuels, qui jubilent probablement en ce moment, à l’idée qu’ils se sont débarrassé d’un incommode de plus.

Ce que j’ai dit jusqu’à présent, je continuerai à le dire et à l’écrire en toutes circonstances. Réjouissez-vous, vous qui voulez ma perte et qui comptez mes jours ! Celui que vous détestez est conduit vers une exécution publique, vers l’humiliation, les sarcasmes et les huées de tous les valets et de tous les imposteurs. Mais veillez à ne pas vous réjouir trop tôt. Il y a loin de la coupe aux lèvres. Et rira bien qui rira le dernier.

Iurie Roșca,

Source : Flux

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LE COMITÉ JEAN PARVULESCO DEMANDE L’ARRÊT DES PERSÉCUTIONS CONTRE IURIE ROSCA

Lettre ouverte à Son Excellence, 

le Président de la République de Moldova,

Monsieur Igor Dodon

Monsieur le Président,

Le Comité Jean Parvulesco, réunissant autour de l’œuvre philosophique, littéraire et politique de Jean Parvulesco, des intellectuels d’Europe occidentale et des anciens pays du bloc communiste, est profondément préoccupé par la persécution déchaînée contre le journaliste, traducteur et éditeur Iurie Rosca. Les accusations fondées sur une présomption de trafic d’influence portée par le Parquet, contre cet intellectuel de renom, semblent être inspirés par des raisons d’ordre essentiellement politique visant à la suppression d’une personnalité particulièrement incommode pour le gouvernement actuel.

Nous connaissons Iurie Rosca en tant qu’organisateur principal du Forum de Chisinau, une plate-forme qui réunit des penseurs, des géopolitologues, des économistes, des écrivains et des journalistes de toute l’Europe tant occidentale qu’orientale et même d’autres continents. Son activité au niveau international et ses interventions brillantes lors de conférences académiques l’ont distingué comme un digne représentant de son peuple et son prestige intellectuel est reconnu et apprécié dans toutes les grandes capitales européennes.

Pour cette raison, et par grand respect de sa valeur intellectuelle et morale, les représentants d’élite intellectuelle de différents pays expriment par cette lettre ouverte leur solidarité ferme et entière avec lui et demande avec insistance aux autorités moldaves du cesser toute persécution contre Iurie Rosca.

L’année dernière, notre forum a été honoré de votre présence comme invité d’honneur, et votre discours axé sur l’idée de l’indépendance économique de la Moldavie a été chaleureusement accueilli. Les délégués et les membres associées de notre comité vous respectent et vous apprécient en tant que vrai patriote et leader national.

Monsieur le Président, pour toutes ces raisons, nous vous demandons instamment d’intervenir auprès des autorités politiques et judiciaires de la Moldova pour qu’elles renoncent à la répression de notre ami Iurie Rosca. Votre autorité peut avoir une influence décisive dans cette affaire. Sans commettre d’ingérence dans la justice, vous avez le droit de demander aux autorités judiciaires de ne pas admettre des abus ou des illégalités, et se laisser guider uniquement par les principes de l’état de droit dans le respect de la légalité et de l’intégrité professionnelle.

Veuillez agréer votre Excellence nos salutations les plus distinguées.

Source : Flux

Soutien à Iurie Rosca !

Laurent James, écrivain et physicien français, soutient Iurie Rosca ! 

dimanche, 13 mai 2018

La société ouverte contre l’Europe et la Moldavie

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La société ouverte contre l’Europe et la Moldavie

par Pierre-Antoine Plaquevent

Ex: http://www.les-non-alignes.fr

Voici la version écrite d’une conférence donnée au cours du colloque : « L’Europe, une civilisation politique ? La politique pour éviter la guerre ». Colloque organisé par les éditions « BIOS » en partenariat avec les éditions « Le retour aux sources ». J’y intervenais aux côtés de Robert Steuckers, Tomislav Sunic, Alessandro Sansoni et Laurent Hocq. ERTV couvrait l’événement. 

Au cours de cette conférence j’ai rappelé l’importance (déjà évoquée début 2018) des rencontres non-alignées de Chișinău ainsi que la place de la Moldavie dans le contexte géopolitique actuel. J’ai ensuite développé les différentes technologies politiques employées afin de déstabiliser puis de recomposer les équilibres des régions convoitées par le globalisme. En fin de conférence j’ai évoqué quelques pistes qui pourraient nous permettre de concevoir nos propres outils de cyberpolitique ; ceci afin de contrer l’ingénierie métapolitique qui est employée contre les populations par les forces de la société ouverte. 

Je profite de l’occasion pour signaler à nos lecteurs, la parution prochaine d’un livre sur ces thématiques aux éditions du Retour aux sources. Il s’agit d’une étude approfondie que j’ai réalisée durant les derniers mois sur la méthodologie et l’idéologie des réseaux Soros et plus largement sur la notion de « société ouverte ». La société ouverte comme projet métapolitique de transformation et d’ingénierie social furtif ; un projet qui se rattache à un courant d’idées et de pratiques politiques qui modèlent et traversent toute l’histoire contemporaine. Ce premier livre politique se veut à la fois un travail d’investigation autant qu’un exposé de la philosophie politique du globalisme. A suivre prochainement …

Pierre-Antoine Plaquevent

Forum de Chișinău, une plateforme non-alignée contre le globalisme

L’événement métapolitique le plus important de la fin de l’année 2017 fût sans conteste le second forum eurasiste de Chișinău. Un colloque qui fera date, tant par l’appui que lui a apporté l’exécutif moldave que par la qualité de ses participants et de leurs interventions. De par la variété des intervenants et du public présent, on peut dire que populistes et conservateurs se sont retrouvées à Chisinau en décembre dernier afin de penser et de projeter l’alternative possible à la marche en cours vers le globalitarisme. L’ensemble des conférences et travaux du colloque sont disponibles sur le site moldave flux.md/fr dont Iurie Rosca est le rédacteur en chef ainsi que sur le site du saker : lesakerfrancophone.fr ou encore sur geopolitica.ru.

Igor Dodon, un président illibéral et continentaliste sous pression

Cet événement qui a reçu l’appui de l’exécutif moldave se tenait dans un contexte géopolitique difficile : la Moldavie s’efforçant de maintenir une position d’équilibre entre Est et Ouest, entre Union-Européenne et Union Eurasiatique malgré les tensions entre Occident et Russie. Le Président de la République de Moldavie, Igor Dodon, a ainsi évoqué le rôle stratégique que peut jouer la Moldavie en se positionnant comme interface géoéconomique et géostratégique entre l’Union Européenne et l’Union Eurasiatique.

Ainsi, après s’être défini comme « résolument souverainiste », Igor Dodon a rappelé lors de son discours inaugural la nécessité de revenir à la vision gaullienne d’une Europe-puissance et à l’axe stratégique Paris-Berlin-Moscou comme alternative à la construction européenne actuelle. Pour le président Dodon, la voie de l’indépendance pour une nation de la taille de la Moldavie passe par le multilatéralisme et le non alignement plutôt que par l’unipolarité et l’adhésion univoque à l’agenda occidental.

Le président Dodon a aussi évoqué la situation économique critique de la Moldavie qui se trouve face à une grave hémorragie de ses forces vives en direction de l’Union-Européenne. Une hémorragie qui ne pourra être freinée que par une relocalisation partielle de l’économie moldave.

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Dans cette perspective, Igor Dodon s’était prononcé en 2017 en faveur d’une annulation par son parlement de l’accord commercial signé avec l’Union européenne en 2014, espérant ainsi rétablir des relations économiques normalisées avec la Russie. Une position qui lui vaut d’être mis en difficulté par le parlement moldave où les élus pro-UE sont majoritaires.

La République de Moldavie se caractérisant par un régime parlementaire, le Président Dodon n’a qu’une  marge de manœuvre réduite mais il s’efforce par tous les moyens à sa disposition de maintenir la Moldavie dans une position d’équilibre entre Russie et UE.

Pour le Président  Dodon seul un patriotisme économique stratégique est en mesure de transcender les différences culturelles internes de la Moldavie et les tensions identitaires que pourraient être tenté d’attiser les forces de la Société Ouverte.

Peuplée d’une population russophone nombreuse et d’une grande minorité russe, la Moldavie peut connaître un scénario de type ukrainien : à savoir une agitation politique envers un président jugé trop proche de la Russie, agitation qui pourrait être suivi de provocations inter-ethniques attisées depuis l’étranger. L’équilibre politique moldave étant fragilisé par la question de la Transnistrie.

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Vlad Plahotniuc en compagnie d'Erdogan

Le rôle de l’oligarque Vlad Plahotniuc

Évoquons ici le rôle de l’oligarque Vlad Plahotniuc dans les manœuvres qui visent à destituer l’exécutif moldave. Un article du centre de presse de Donetsk résumait dans les grandes lignes la situation politique moldave :

« Récemment, la Cour constitutionnelle a décidé de suspendre les pouvoirs de l’actuel président de la Moldavie, Igor Dodon (NDA : le 5 janvier 2018). (…) La tension dans la république est liée à l’opposition entre le président pro-russe Igor Dodon, l’opposant Renato Usatii et le bloc politique pro-européen dirigé par Vlad Plahotniuc. L’oligarque Plahotniuc est, depuis décembre 2016 , le chef du Parti Démocrate. Il est intéressant de noter qu’en même temps, officiellement, il n’est pas membre du parti. Aujourd’hui, Vlad Plahotniuc n’occupe aucun poste au gouvernement, mais reste un homme qui contrôle pleinement l’économie, le pouvoir législatif et exécutif dans un petit État, sans aucune responsabilité en tant que fonctionnaire. »

Dans cette perspective les prochaines élections législatives qui devraient se tenir en novembre 2018 constitueront un test. D’après le centre de presse de Donetsk :

« Le rejet de Plahotniuc et de son gouvernement atteint 80 % selon les sondages. Dans de telles circonstances, la dernière chance pour Vlad Plahotniuc de rester au pouvoir sera de provoquer l’escalade du conflit en Transnistrie et de lancer un appel à l’UE et aux États-Unis pour qu’ils exigent une protection contre l’agression russe. »

Et l’article du centre de presse de Donetsk d’expliquer : « Il y a un an, la Moldavie était au bord d’une guerre civile entre citoyens pro-russes et pro-européens. Compte tenu de l’augmentation significative des sentiments pro-russes dans le pays ces dernières années, nous ne pouvons pas exclure le scénario ukrainien en Moldavie. »

Fractures géopolitiques et enjeux énergétiques

La Moldavie se trouve aujourd’hui sur l’une des lignes de fracture de la tectonique géopolitique contemporaine qui voit se confronter unipolarité et multipolarité. Petit État d’environ 4 millions d’habitants, la Moldavie est enclavée entre : la Roumanie à l’Est (Roumanie qui est une pièce majeure du « containement » de la Russie par l’Otan) ;  l’Ukraine occidentale au nord et l’Ukraine proche de la Russie sur ses frontières de l’Est. Une situation qui place d’emblée la Moldavie comme pivot stratégique des enjeux géopolitiques de la région.

Un autre facteur qui éclaire les enjeux régionaux se trouve être la présence massive de réserves de gaz dans le sous-sol moldave. Sur ce sujet, le Président Igor Dodon s’est à nouveau confronté à son gouvernement : en mars 2017, il a ainsi demandé de rendre public les dessous de la concession qu’aurait accordé le gouvernement moldave à la société américaine Frontera Resources International LLC. D’après cet accord, le gouvernement moldave céderait  une grande partie de son territoire (principalement dans la région autonome de Gagaouzie) pendant 50 années extensibles ; ceci afin de permettre à la société américaine d’effectuer des prospections visant à identifier les sources de pétrole et de gaz de schiste présentes dans le sous-sol moldave.

Lorsque l’on connaît les risques liés à l’extraction du gaz de schiste, les inquiétudes du président Dodon sont plus que légitimes à l’échelle d’un pays de la taille de la Moldavie. Dans ce domaine le ministère de l’écologie moldave, aurait par ailleurs évité de publier précisément la partie de l’accord relatif à la méthodologie d’exploration des sols. Une concession qui aurait de plus été accordée à la société Frontera, sans que les organes de la région autonome de Gagaouzie en aient été informés.

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Le Président Dodon et Poutine.

Il est important de noter que le fondateur de la société de prospection Frontera, Steve Nicandros, est l’un des membres importants de l’Atlantic Council, l’un des think-tanks atlantistes les plus influents. Un think-tank qui coopère régulièrement avec l’Open Society de George Soros sur ce qui touche aux affaires Est-européennes. Ce même Steve Nicandros est aussi à l’origine de la rencontre aux États-Unis entre l’oligarque Vladimir Plahotniuc qui contrôle l’opposition au président Dodon et Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État des USA pour l’Europe et l’Eurasie jusqu’en 2017. Épouse du théoricien néo-conservateur Robert Kagan, Victoria Nuland est l’une des figures de proue et architecte du changement de régime advenu en Ukraine en 2014.

Moldavie / OTAN / Fédéralisme identitaire / Shismogenèse

C’est dans ce contexte que de très fortes pressions sont exercées sur la Moldavie afin de la faire adhérer à l’Otan. Là encore, Igor Dodon est en opposition avec son gouvernement : le ministre de la défense Eugen Sturza étant favorable à une intégration progressive de la Moldavie dans l’Otan là où Igor Dodon est – selon ses termes – opposé à « l’entrée de la Moldavie dans l’OTAN et d’autres alliances militaires, et à la participation de nos soldats et officiers à des opérations militaires à l’étranger ».

Sur cette question, un article de 2017 de Iurie Rosca nous offre une mise en perspective historique éclairante :

« Après avoir convaincu Saakachvili de mesurer son potentiel militaire avec celui de la Russie en 2008, l’aventure s’est conclue par la perte de deux parties du territoire national géorgien, territoires devenues des sujets de droit international et des protectorats de Moscou. Après avoir incité le nouveau régime de Kiev à des actions imprudentes en 2014, qui ont entraîné des hostilités militaires massives, des pertes humaines considérables, la prise de la péninsule de Crimée par la Russie et la sécession de facto des régions orientales du pays aspirant à Séparés de l’Ukraine, les stratèges américains ont atteint leur objectif : la Géorgie et l’Ukraine ont été amenés à détériorer leurs relations avec la Russie (au détriment de leurs propres intérêts nationaux) ce qui les a conduit au besoin de demander la protection américaine face au « danger russe ». »

Une manœuvre habile, qui s’insère dans un ensemble de procédés plus large comme le rappelle encore Iurie Rosca : « L’histoire montre que les stratèges anglo-saxons sont les maîtres les plus fins, les plus pervers et les plus expérimentés dans l’art de stimuler le nationalisme partout dans le monde, selon leur avantage impérial et au grand malheur des peuples aveugles, utilisés dans ces jeux géopolitiques sales et sanglants. »

S’appuyer sur des nationalismes « proxy » afin de miner l’homéostasie d’un État-nation ou d’un groupe constitué évoque aussi ce que le politologue Andrew Korybhko dénomme le fédéralisme identitaire.

Dans un article intitulé : « Fédéralisme identitaire : de l’unité à la scission » , il décrit la manière dont cette division et cette parcellisation organisée des Etats-nations constitue une caractéristique centrale de l’impérialisme contemporain. Il explique ainsi, qu’à l’opposé du mot d’ordre inscrit sur le grand sceau des Etats-Unis « E Pluribus Unum » (Un à partir de beaucoup), le mode d’exercice du pouvoir par le globalisme consiste en fait à éclater l’unité en multiplicité ; ce qui est très précisément l’idéal de la gouvernance globale et de la société ouverte.

On notera au passage que cette idée d’une division des grands ensemble jusqu’en leurs éléments constitutifs les plus minimes, constitue une tendance profonde de l’esprit post-moderne ; idée que l’on retrouve aussi dans la physique contemporaine et qui conduit à vouloir dissoudre le réel dans son ontologie même.

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La société ouverte contre les peuples natifs-européens

Ce fédéralisme identitaire évoque aussi la notion de shismogenèse. Un concept utilisé en ethnologie et qui fût théorisé par l’anthropologue Grégory Bateson, un auteur qui, tout comme Karl Popper, inspire les vues sociologiques de George Soros. Dans le livre « Underwriting democracy » – au sous-titre explicite « encouraging free enterprise and democratic reform among the Soviets In Eastern Europe » – George Soros explique l’influence qu’ont eu sur sa pensée les travaux de anthropologue Gregory Bateson.

Dans ses travaux d’anthropologie, Gregory Bateson a précisément étudié la manière dont des groupes humains au départ homogènes se séparent et se différencient. C’est en partie de ce domaine de recherche que sera tirée la technologie politique qui permet aux forces de la société ouverte de fracturer et de remodeler les nations et les groupes humains selon leur agenda. L’empire avance en divisant, en fracturant, en émiettant, en pulvérisant les peuples, les États et les valeurs qui les fondent.

Rappelons qu’après avoir servi dans le renseignement militaire américain durant la seconde guerre mondiale comme anthropologue au sein de l’OSS (l’ancêtre de la CIA), Gregory Bateson deviendra l’un des pères de la cybernétique, une discipline centrale de l’ingénierie sociale. (NDA : Dans l’étude à paraître aux éditions du Retour aux Sources, j’expose les liens qui unissent la notion de société ouverte avec le domaine de l’ingénierie sociale.)  

En conclusion il convient de rappeler que l’impérialisme contemporain peut avoir recours à différentes stratégies qui couvrent le plus large champ possible : depuis l’aide humanitaire et l’appui aux groupes minoritaires jusqu’à l’agression militaire pure et simple, en passant par toutes les nuances possibles de l’ingérence.

La Moldavie est en ce sens l’un des nombreux théâtres d’opération contemporain pour les forces de la société ouverte.

Que faire ? Métapolitique et influence stratégique 

Face à cette fracturation organisée de nos populations et de nos territoires, de notre sol, de notre sang et aussi de notre esprit par les divisions inter-religieuses exacerbées de l’extérieur, que faire ?

Il nous faut créer les outils de notre émancipation et de notre emprise sur le monde contemporain à l’exemple de la méthodologie mondialiste : instituts de recherches, outils d’influence médiatique ou bien encore, pourquoi pas, des chambres de commerce non-alignées qui mettraient en place les conditions de partenariats économiques – même de petite échelle au départ – ceci dans la perspective des nouvelles possibilités économiques qu’offrent les nouvelles routes de la soie et le développement de pôles économiques eurasiatiques.

Créer du politique là où les forces de la société ouverte veulent dissoudre le politique. En ce sens, la coopération Orient et Occident contre le Moloch globaliste est un impératif catégorique de notre temps. Le soutien mutuel et stratégique des forces hostiles à la marche forcée vers la société ouverte est fondamental. L’unipolarité déclinante est un animal malade qui n’admet pas « l’esprit du temps » de notre époque ; un esprit qui est celui du changement et du renouveau dans le recours à la Tradition. Le monde unipolaire – le vieux monde et son projet cosmopolitique réactionnaire et anachronique – est un animal malade mais encore dangereux : il cherche à allumer des incendies partout où il le peut, ceci afin de pallier à sa perte de légitimité et de contrôle. Face à lui, le monde multipolaire est encore dans les douleurs de l’enfantement. C’est à nous, non-alignés contemporains, de l’aider à naître par notre maïeutique métapolitique et par nos capacités d’anticipation et de perception des changements de civilisation qui sont en cours.

Par nos capacités à saisir et à comprendre les transformations silencieuses à l’œuvre dans le monde, transformations qui s’opposent à la logique de subversion planétaire de la société ouverte et de ses réseaux tout autant qu’au choc des civilisations qui en découle. Société ouverte et choc des civilisations qui se renforcent l’un l’autre et  participent ainsi d’une même stratégie de domination indirecte et furtive des populations par les forces anonymes du globalisme apatride. Globalisme qui use tantôt de l’une, tantôt de l’autre selon les nécessités stratégiques du moment.

Pierre-Antoine Plaquevent

vendredi, 09 mars 2018

Osteuropa: Wiederbelebung antirussischer Allianz

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Osteuropa: Wiederbelebung antirussischer Allianz
 
Die Ukraine, Moldau und Georgien beleben mit US-Unterstützung die "GUAM"-Allianz neu. Hauptfeind: Russland.

Von Marco Maier

Ex: https://www.contra-magazin.com

Ursprünglich umfasste der sogenannte "GUAM"-Block (GUAM Organization for Democracy and Economic Development) die Länder Georgien, Ukraine, Aserbaidschan und Moldau. Doch nach der Wiederbelebung durch die anderen Mitglieder (infolge der Unterstützung durch die USA) teilte Aserbaidschan mit, man wolle an der Konferenz "Georgien, Moldau und Ukraine: Östliche Partnerschaft und aktuelle Sicherheitsherausfoderungen" in der moldauischen Hauptstadt Chisinau (die am 2. März abgehalten wurde) nicht teilnehmen, da man sich an der klar antirussischen Agenda nicht beteiligen werde.

Das störte die Oligarchen-Regierungen der anderen Länder jedoch herzlich wenig. Da unter den 150 Teilnehmern der Konferenz auch US-Kongressabgeordnete und Vertreter der neokonservativen Denkfabrik "Atlantic Council" waren, die keine Gelegenheit auslassen antirussische Ressentiments zu schüren, verkauften diese eben gerne ihre Seele. Wenn man sich nur laut und energisch genug gegen Russland stellt, sind Gelder und sonstige Hilfen aus dem Westen sicher. Nicht umsonst ging man im Jahr 2014 dazu über, nicht mehr Russisch als offizielle Arbeitssprache zu verwenden, sondern Englisch.

Für Washington ist das "GUAM-Revival" eine perfekte Möglichkeit, eine militärische Parallelstruktur zur NATO in der Region zu etablieren. Da die Statuten des westlichen Kriegsbündnisses es verbieten, Länder mit laufenden militärischen Konflikten aufzunehmen, können die Ukraine, Moldau und Georgien nicht der NATO beitreten. Aber sie können eben ein eigenes von der NATO unterstütztes Bündnis schließen, welches ebenfalls gegen Russland gerichtet ist.

Eric Zuesse fasste das Ganze perfekt zusammen: "Was bringt sie zusammen? Alle drei Staaten werden von Oligarchen regiert die Reformen blockieren. Mit ihren Volkswirtschaften in großen Schwierigkeiten, versprechen die regierenden Eliten ihren Völkern das Paradies, wenn sie der EU und der NATO beitreten und gute Freunde der Vereinigten Staaten werden. Die Übernahme einer Anti-Russland-Politik ist ihre Bezahlung für westliche Hilfe und Unterstützung. Ihre eigenen nationalen Interessen und ihre Souveränität werden gegen Krümel ausgetauscht, die vom Tisch des Herren herunterfallen."

mercredi, 07 mars 2018

Conférence Dinatoire à Lille le 9 mars 2018: L'Europe, une civilisation politique ?

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Conférence Dinatoire à Lille le 9 mars 2018: L'Europe, une civilisation politique ?

La politique pour éviter la guerre !

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle révolution et les peuples européens cherchent les incarnations politiques que de nouvelles formes pourraient prendre. 

D’un bio-conservatisme aux nécessités localistes en passant par les luttes contre tous les déracinements face aux vastes équilibres politiques des migrations à redessiner, les sujets que nous devons aborder pour ce XXIe siècle sont vitaux pour les Européens et notre persistance historique.

Ces prochaines formes politiques du XXIe siècle en sont à leurs balbutiements. De nouveaux cycles vont s’ouvrir.

Dans la première conférence du 9 Mars 2018 à Lille, nous posons la question suivante : Sommes-nous une civilisation politique ? Pour cela, nous invitons Robert Steuckershistorien et géopolitologue, qui a publié aux Editions BIOS un guide de survie culturelle pour lEurope. Robert Steuckers nous parlera de la civilisation européenne, de ses origines (souvent méconnues du grand public ou des « experts ») et développera sa pensée autour de formes nécessaires au renouveau pan-européen. 

Iurie Rosca exposera la situation d’un pays qui est le pivot stratégique des relations entre l’ouest et l’est de l’Europe. La Moldavie, véritable virgule géostratégique. Toute virgule oubliée change le sens d’une phrase. Toute nation oubliée peut changer le sens de l’Europe. La Moldavie est le point de départ d’une Europe en ré-écriture ou son point d’arrêt.


Les « résistances dites progressistes » à l’oeuvre au sein de l’Union Européenne se fondent-elles trop sur une domination des relations transatlantiques ? Tomislav Sunic décodera les ressorts d’une réorganisation des institutions de l’UE et de ses « Fake News » en proposant une grille d’analyse et de lecture des forces en présence, de leurs ambitions et des possibles axes de rupture entre lobbies et institutions. 

Enfin, le 4 mars 2018, l’Italie connaitra-t-elle une nouvelle respiration? Alessandro Sansoni analyse les résultats obtenus par les nouvelles alliances italiennes, prémisses possibles au renouveau dit démocratique en Europe lors des futures échéances européennes de 2019.

Laurent Hocq

 
Conférence Dinatoire à Lille le 9 mars 2018 : L'Europe, une civilisation politique ?
Ouverture des portes à 18h, début à 18h30
4 intervenants : Robert Steuckers, Iurie Rosca, Tomislav Sunic et Alessandro Sansoni
 
Laurent Hocq
Editeur
 
Editions BIOS 
 
Retrouvez nous sur :
 
+33 7 70 27 00 46
 

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mardi, 06 mars 2018

The Romanian State – the tip of the spear of American imperialism

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The Romanian State – the tip of the spear of American imperialism

Ex: http://www.geopolitica.ru

When looking from Chișinău, Romania is seen as being in a dishonorable position, namely as the tip of the spear of American imperialism. After more than a quarter of a century of competing in the zeal of submitting the country to the new overlords in Washington, after ruining and giving away the national economy to foreigners, after giving away their arable land to foreign investors, after tailoring society with the recipes of the New World Order string pullers, it looks like Romanian politicians are starting to present themselves as saviors of the Moldovans. After leaving nothing left of their national sovereignty, after the decision-making process was taken over by the Brussels bureaucracy and its overseas patrons, Bucharest has proudly taken the role of the guide for Chișinău towards the enlightened and irreversible path of Euro-Atlantic integration. 

Around 10 years ago, in a visit of a Romanian Minister of Foreign Affairs in Chișinău, the guest made an interesting statement during the press conference held with his Moldovan counterpart – Andrei Stratan, which did not stop the latter in subtly making fun of it. The Romanian official said: “Romania is ready to commit itself to being the lawyer of Moldova in the process of European integration”, to which Andrei Stratan responded: “Thank you very much, dear colleague. But Moldova did not commit any crime on the international scale and does not need a lawyer”. Leaving all jokes aside, the time has come to make some clarifications on the relationship between Bucharest and Chișinău, from a geopolitical perspective. Such types of analysis will not affect consumers of national myths such as “the centenary of the Great Union – an opportunity of repeating history”, those who cannot distinguish between reality and non-reality, but rather choose to force reality according to the oniric state, bringer of hope and delight. It is not for them that we write these lines, but for those who do not confuse the bureaucracy of Bucharest with history, culture, spirituality and the historical development of a people. 

To honour the memory of our ancestors, to experience feelings of national dignity around the glories of Stephen the Great or to drink out of the inexhaustible fountain of the works of Eminescu, Enescu, Brâncuși, Eliade, Noica and so many others who represent our history and our culture does not necessarily mean to have respect and more importantly, be obedient to the envoys of Bucharest, who are insisting on making us happy against our will.

From a wider perspective that takes into account international realities in their whole complexity, things are as follows. After convincing the wayward Saakashvili to measure his military potential with that of Russia in 2008, the adventure concluded itself with the loss (for good?) of two parts of national territory, which became subjects of international law and protectorates of Moscow. After instigating the new regime in Kiev to reckless actions in 2014, which resulted in massive military hostilities, considerable losses of human lives, the takeover of the Crimean peninsula by Russia, and the de facto secession of the eastern parts of the country aspiring to definitively separate from Ukraine, US strategists have achieved their goal: both Georgia and Ukraine have been determined to seriously damage their relations with Russia (to the detriment of their own national interests) and – here is the key !!! – need the US protection against „Russian danger”. Bullseye!

History shows that the Anglo-Saxon string pullers are the finest, the most perverse and experienced masters in stimulating nationalism everywhere in the world, to their imperial advantage and to the misfortune of the blind peoples used in these dirty and bloody geopolitical games. It is enough to take a brief look at the intrigues schemed by them in Asia, in the Arab World or in Africa in the past couple of hundreds of years in order to realize that the state of the relationship between Romania and the Republic of Moldova are not an exception but on the contrary, an example of this old and perfidious imperial logic that conducts itself by the eternal saying “Divide and conquer!”. 

These tools are very effective, as they fill in wonderfully old historical animosities, springing out of the conflicts of the great powers that have not bypassed our people. Cutting and changing of maps, depending on the ability of waging wars, in using military force or the threat of using it, which brought disaster and endless suffering to many millions of people, the plagues of the communist regime, with its repression, deportations, enslavement and denationalization of peoples that found themselves in the middle of the Comintern boiler – all of this is perfectly true in our case too. And it is exactly here that we get caught up in the net of the string pullers from overseas. The thirst for revenge, the ardent desire to restore historical truth are what make up the raw material for the maneuverers from the Euro-Atlantic centers of influence.  

In the case of the Republic of Moldova, after a violent overthrow (the Moldovan Maidan avant la lettre on Aprile 7, 2009), the power was usurped by a couple of mafia-type clans (which in the meantime has reduced to one) and the American prestidigitators managed to accomplish the plan that served in preserving the country’s imperial interest. And it is namely one plan, at the hands of anyone who is not blind or is not playing the fool. That is, to take over the decision-making process in exchange for some financial alms, which are given according to the degree of obedience of the pawns of Moldovan state hierarchies. What exactly are these jacks supposed to do? Barely anything, except: 

  • 1) To open the gates to the free-trade economy of the flow of goods, capital and foreign services (= the death of the national economy);
  • 2) To declare their eternal fidelity to the European course of the country, (the EU being conceived from the start, after 1945, as a vassal of the US);
  • 3) to declare itself an integral part of the US’s total geopolitical war against Russia (a successful mission – the expelling of Russian diplomats, the permanent expulsion of journalists from that country, the banning of TV broadcasting, etc.).
  • 4) to abandon methodically the country’s neutral status in favor of inexorable NATO membership.

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We will need to spend some time on the last point. The whole bustle concerning the opening of the NATO Documentation Center, with visits by the dignitaries of this US-controlled political-military bloc in Chisinau, with the commitments of the Moldovan officials to buy US weapons (why not, if we have a budget surplus and there aren’t any social emergencies to solve, right?) and send Moldovan soldiers to trainings so that they can meet NATO standards. And in this abominable and unfortunate show, our „regional patrons”, the Romanian officials, have also engaged. Even the Romanian Minister of War showed up, who walked arm in arm with our Defense Minister and the Romanian PM too honored us with her presence. We are courted with great insistence by our brothers (and sisters – not to offend the feminists engaged in the gender equality battle) from beyond the Prut river who are trying to do everything just to see us under the big NATO umbrella (and the generous EU, of course).

The siren songs are sung in chorus by the American falcons (disguised as pigeons of peace) and the puppets from Brussels and Bucharest. But instead of a state of bliss, the cacophony with sound of guns and smell of gunpowder causes concern. 

NATO’s lure to Moldova, as well as the fuss regarding the centenary of the Great Union, has no purpose other than to provoke as much internal tension as possible, to get spirits fired up in the Transnistrian region and Gagauz autonomy, and ultimately to create a small civil war, followed by territorial disintegration and the transformation of the country into an ungovernable area. And the end is known. Look at the case of Georgia in 2008 and Ukraine in 2014, which is far from being over.

If we are to take a look at the map of our region, everything becomes extremely clear. Romania has already entered NATO (although the sinister joke, according to which NATO has entered Romania, not vice-versa, is perfectly true), Ukraine is to be incorporated into this bloc in the nearest time, and Moldova, a small, poor and vulnerable country has the ambition to remain neutral. This is not acceptable. This confusion or temporary state, if you wish, can no longer last. The stake of the US military-industrial complex is clear, the tasks are set, and the roles – distributed. 

„Carthage must be destroyed!”  – the falcons of American militarism repeat obsessively to the point of fainting. And the role of Carthage is attributed, as is well known, to Russia. And for this historic mission, prescribed by the god of war, the Atlanticists are ready to sacrifice without remorse a country like Moldova, as they have always done in such situations. It is only regrettable that in this pessimistic scenario, the role of the tip of the spear, of false guide, is given to Bucharest.

It is namely this that causes the biggest mess in the collective mentality from the Republic of Moldova. People who are sympathetic towards Romania are not always able to think of concepts such as the one of the great Romanian sociologist Dimitrie Gusti, who called these types of situations as “a conflict between the state and the nation” or the „superposed strata”, in Eminescu’s words. The superstructure, the ruling class, the anti-elite at the head of the country is not guided by the interests of the nation, but it serves foreign interests to the detriment of its own country and at the same time to the detriment of Moldova. Whether it’s just hypocrisy or plain stupidity, that’s another story. It is likely that we will never know if they are mercenaries who understand and take on their mischievous mission or just blind tools, „useful idiots”, „blind pilots”, as young Eliade would say.

It is certain that heavy clouds are gathering over the already not-so-bright sky of the Bessarabian region. And only God knows if we will be able to avoid a dramatic outcome.

Source - FLUX.md

mercredi, 28 février 2018

Je plaide pour un protectionnisme rationnel et pour la préservation des valeurs traditionnelles

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Je plaide pour un protectionnisme rationnel et pour la préservation des valeurs traditionnelles

Entretien accordé en exclusivité au site flux.md par le Président de la République Moldave, Igor Dodon
 
Propos recueillis par Ghenadie Vaculovschi
 
Ex: http://echelledejacob.blogspot.com

FLUX : – Monsieur le Président, plus d’un an s’est déjà écoulé depuis les élections présidentielles, lors desquelles vous avez remporté une victoire écrasante. Depuis lors, le monde découvre en vous un chef d’État adepte du courant souverainiste. Ce courant prend aussi de plus en plus d’ampleur en Europe occidentale où la souveraineté des États est de jour en jour plus précaire. Quels sont, à votre avis, les facteurs qui mettent en péril la souveraineté de notre pays ?

Igor Dodon : – C’est une question très complexe ; il y de très nombreux éléments, tant internes qu’externes, et, tandis que certains dépendent de nous, d’autres relèvent de la géopolitique régionale et mondiale. Et puisque nous parlons de souveraineté, comme vous l’avez fort justement dit, je donne ma préférence à des politiques visant, d’une part, à conserver les valeurs et les traditions nationales, à l’encontre du courant mondialiste qui devient actuellement de jour en jour plus agressif à l’échelle mondiale. D’autre part, je suis un adepte du protectionnisme économique en ce qui concerne le marché interne. Au moins ces deux éléments de base – les valeurs nationales, notre spécificité nationale, qui nous caractérise en tant que nation civique, en tant qu’État, en tant que citoyens – nous devons tout faire pour les conserver. En même temps, nous avons besoin d’un protectionnisme rationnel, qui nous permette de régler nos problèmes économiques internes : la création d’emplois, etc.

FLUX : – Dans le contexte créé par la mondialisation, comment la République moldave peut-elle se soustraire à la condition d’une colonie des grandes puissances ?

Igor Dodon : – Les petits pays sont toujours en danger. Les grands n’ont de cesse de vouloir les transformer en subalternes. C’est arrivé de nombreuses fois, à de nombreux pays. Dès que les dirigeants de petits pays se laissent attendrir par certaines faveurs – y compris de nature économique – que leur proposent les grandes puissances géopolitiques, ils sacrifient leur peuple tout entier, et nous devenons les otages d’une politique pro-occidentale ou pro-orientale. Il est très difficile de garder l’équilibre. Pour être sincères, nous devons reconnaître que, pendant diverses étapes de son histoire, la République moldave n’a pas été capable de maintenir l’équilibre. Au cours des années 1990, par désir de nous rapprocher de l’Occident, nous avons laissé l’Ouest nous donner de nombreux conseils et nous l’avons imité dans bien des domaines, détruisant tout ce que nous avait laissé l’Union soviétique – ou du moins, ce qu’elle nous avait laissé de bien. Je pense notamment aux infrastructures. Ces derniers temps, on constate à nouveau une volonté de complaire aux Européens ou aux Américains, et cette volonté nous met en danger. La République moldave ne peut survivre qu’à condition de conserver de bonnes relations avec l’Est comme avec l’Ouest. Cela reste-t-il possible, surtout dans le contexte de la mondialisation ? C’est difficile, mais pour ma part, j’estime que c’est possible. Bien entendu, pour s’assurer un tel statut, outre le désir de le faire, nous avons besoin à l’interne d’une volonté politique des dirigeants et de la société, or c’est là qu’apparaît le problème : notre société est divisée – entre pro-occidentaux et pro-orientaux.

Le premier pas pour nous consisterait à comprendre que nous ne devons pas être pro-quoi que ce soit, mais pro-Moldavie. Le pas suivant serait d’obtenir un consensus des forces géopolitiques. Lorsque la Suisse a été créée comme État neutre entre plusieurs grands empires de l’époque – la France, l’Allemagne, l’Italie – les grands empires ont donné leur accord à l’existence d’un pays où une partie des habitants parle le français, une autre partie une langue ressemblant plutôt à l’italien, tandis qu’une troisième partie parle un dialecte allemand. Les grands du continent, d’un commun accord, ont décidé que cet État, dont le nom signifiait à l’origine « pays limitrophe » aurait le droit de vivre neutre en leur milieu. Sans subir d’annexion. Eh bien, la République moldave aurait de bonnes chances de devenir une nouvelle Suisse, à condition de disposer préalablement d’un consensus social interne dans ce sens, à l’échelle de la nation. La seconde condition importante, c’est que les grandes puissances réussissent à résister à la tentation de nous annexer.

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L’Union européenne peut très bien vivre sans nous, tout comme la Russie ; or, soumis à une force d’attraction, les pays comme la Moldavie tombent en morceaux. C’est ce qui s’est passé en Ukraine. La grande erreur des puissances géopolitiques a été d’adopter une approche « si, si » – avec nous ou contre nous. Pour des États comme la République moldave, l’Ukraine et autres, on ne peut pas accepter une telle approche de la part de nos partenaires géopolitiques. Car si on le fait, tant va la cruche à l’eau qu’elle casse. Vous voyez bien ce qui se passe en Ukraine. La Moldavie est exposée au même risque. C’est du moins mon opinion, dont j’ai eu l’occasion de discuter aussi bien à l’Ouest qu’à l’Est, avec M. Poutine à plusieurs reprises au cours de l’année écoulée, mais aussi avec les autorités de Bruxelles, comme Mme Mogherini et d’autres – et j’ai l’impression que, de plus en plus souvent, mon approche suscite la compréhension de nos partenaires externes.

FLUX : – La Moldavie peut-elle amener les acteurs principaux de l’échiquier à adopter un tel consensus ? Il nous est, bien entendu, impossible de les contrôler, mais peut-on jouer un rôle dans ce processus ? Et quelle serait la nature de ce rôle ?

Igor Dodon : – Nous devons tout faire pour les convaincre. Il s’agit de quelques grandes puissances : la Fédération de Russie, l’Union européenne, mais aussi l’Allemagne qui joue un rôle important dans l’UE, et les États-Unis d’Amérique, qui se trouvent à une plus grande distance, mais ont une grande influence dans la région, et notamment sur ce qui se passe en Roumanie, qui est un pays de première importance à l’échelle régionale. J’estime que notre but stratégique doit être que la Moldavie figure à l’ordre du jour de ces grandes puissances comme l’endroit où il est possible de parvenir à un compromis géopolitique régional. À mon avis, la nécessité d’un compromis régional est évidente et va devenir encore plus évidente au cours des prochains temps. Une fois les élections russes terminées, je suis convaincu que la Fédération de Russie et les États-Unis vont partir à la recherche de points d’accord dans cette région. Après tout, ils ont aussi des programmes communs dans d’autres parties du monde. Or dans cette région-ci, ils vont avoir besoin d’un ordre du jour commun et d’un exemple positif dont les deux parties puissent se réclamer. Voilà ce que je me suis efforcé de faire comprendre en Allemagne, dans la Fédération russe, à Bruxelles, aux États-Unis : tel a été mon but tout au long de cette première année de mandat – de démontrer que l’endroit où nous nous trouvons est le point où chacun d’entre vous pourrait s’enorgueillir d’une réussite. Vous pouvez envisager de venir ici sous les auspices d’une réussite qui soit celle de tous, et non d’un seul ; et cette réussite pourrait, à l’avenir, servir de modèle pour résoudre d’autres problèmes. Sincèrement, j’attends avec optimisme la période qui s’ouvrira après la finalisation de tous les processus électoraux de l’année en cours : chez nous, en Russie, aux États-Unis (élections de mi-mandat au Congrès). J’espère qu’après cela, 2019 sera l’année des compromis, et que la Moldavie figurera à l’ordre du jour des grandes puissances. Ces derniers temps, nous n’étions pas à l’ordre du jour. Ou du moins, pas en première page.

FLUX : – Les promoteurs du discours pro-occidental vous présentent comme étant pro-russe. En revanche, j’ai suivi avec beaucoup d’attention votre intervention du 15 décembre 2017 lors de la conférence internationale organisée autour du thème des Alternatives au capitalisme financier ; or, dans le cadre de cette intervention, vous vous êtes positionné comme adepte du concept de Grande Europe, « de Lisbonne à Vladivostok » que certains auteurs appellent aussi « l’axe Paris-Berlin-Moscou ». Quel est le rôle que peut jouer la République moldave dans ce concept, dont nous savons qu’il est en proie au sabotage constant d’autres forces, qui ne relèvent pas forcément du continent eurasiatique ?

Igor Dodon : – La Moldavie est un petit pays, mais qui est appelé à jouer un rôle décisif. À condition d’en avoir l’intelligence, nous pouvons devenir le pont par lequel cette route peut s’ouvrir. Au lieu d’être ignorés par le monde entier, nous pourrions servir d’exemple, de point d’entente entre les grandes puissances, comme je le disais à l’instant. Si nous ne réussissons pas à avoir l’intelligence et la compétence nécessaires, alors ce pays va être déchiré et tomber en morceaux. Ceux qui s’efforcent de me faire passer pour un politicien pro-russe sont précisément ceux qui ne veulent pas que nous arrivions à ce consensus. Parce qu’il est beaucoup plus facile de dire qu’il y a les pro-russes d’un côté, les pro-européens de l’autre, et de continuer à diviser la société. Je vous le dis sincèrement : c’est une réalité dont, moi-même, je prends de plus en plus conscience ; j’admets que par le passé, j’ai pu, moi aussi, être trop catégorique sur certains points, mais de plus en plus, je me rends compte que la Moldavie a besoin d’équilibre dans sa politique étrangère. Et, pourvu que nous fassions preuve d’assez de compétence, de maturité politique et d’intelligence pour en assurer les conditions internes, la Moldavie aura un rôle décisif dans la création de cet axe [Paris-Berlin-Moscou – n.d.l.r.].

FLUX : – Ces derniers temps, les États du Groupe de Visegrad promeuvent une politique commune face à Bruxelles, qui, pour sa part, s’efforce, à travers sa bureaucratie, de saper leur souveraineté. C’est du moins ce qu’affirment les politiciens du V4. Ils arrivent à le faire ! En tant que chef d’État, ne pensez-vous pas qu’il conviendrait d’intensifier votre dialogue avec les dirigeants de ces pays ?

Igor Dodon : – Je suis de votre avis ; l’année dernière, déjà, nous avons établi quelques contacts dans ce sens : j’ai rencontré le premier ministre hongrois, M. Viktor Orbán ; au terme d’une discussion des plus cordiales, nous avons conclu sur des positions communes à propos de très nombreux aspects de la politique régionale. Ce qui m’a hautement réjoui. M. Orbán appartient à la famille européenne des partis de droite, tandis que je suis un homme politique de gauche, mais sur une grande majorité de thèmes – par exemple les migrants, le besoin d’un équilibre entre Russie et Occident – nous nous sommes trouvés des atomes crochus. Cette année, j’ai bon espoir de rencontrer le président tchèque. Je lui ai adressé mes vœux à l’occasion de son anniversaire. Nous devrions prochainement décider de l’endroit où cela aura lieu : à Chișinău ou en République tchèque. L’année dernière, j’ai eu des contacts avec les autorités bulgares. La vice-présidente de la Bulgarie s’est rendue à Chișinău et cette année j’espère m’entretenir avec le président bulgare, qui est comme moi socialiste. Et nous tâcherons aussi d’intensifier nos contacts avec les autres.

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FLUX : – Pour revenir à la politique intérieure, au protectionnisme économique et à la souveraineté économique, j’ai une question concernant les terrains agricoles. En Hongrie, un référendum a entériné le droit exclusif des citoyens hongrois à la propriété des terrains cultivables. Peut-être conviendrait-il que la République moldave en fasse de même ?

Igor Dodon : – Sur ce point, ma position est tout aussi catégorique. Regardez donc ce qui est arrivé en Roumanie, et dans d’autres pays qui ont opté pour une approche libérale de cette question : en pratique, les terrains agricoles y constituent désormais pour la plupart la propriété de personnes physiques ou morales étrangères, à qui leur intérêt ne dicte pas toujours qu’il faudrait développer l’agriculture. Dans certains cas, ils trouvent plus simple de ruiner l’agriculture, pour faire entrer sur ces marchés leur propre marchandise, produite dans d’autres pays. Et cela, c’est une tragédie pour le pays concerné, pour l’État : les terrains sont dans des mains étrangères, l’agriculture est ruinée, les emplois ont disparu et le marché interne est inondé de produits agricoles venus d’ailleurs. J’ai lu récemment une analyse portant sur la Roumanie, qui calculait les milliards d’euros que les Roumains paient pour importer des produits agro-alimentaires qu’ils produisaient jadis. Regardez ce qui s’est passé en Bulgarie : l’adhésion à l’UE et la libéralisation totale s’est soldée par la faillite d’au moins 50% des capacités de production autochtones. De ce point de vue, la Hongrie est un exemple à suivre. Bien évidemment, il convient de contenir ce phénomène en République moldave. Car pour l’instant, par divers moyens, les citoyens étrangers parviennent à acheter des terrains agricoles. Ce qui est très dangereux.

FLUX : – Vous avez récemment rencontré le président de l’Organisation mondiale des familles, l’Américain Brian Brown. D’un commun accord, vous avez décidé d’organiser le prochain congrès de cette organisation en septembre à Chișinău. Qu’est-ce qui vous a amené à prendre cette initiative ? Pensez-vous, vous aussi, qu’à l’heure actuelle la famille fait l’objet d’attaques sans précédent dans l’histoire ?

Igor Dodon : – Qu’est-ce qui fait la puissance d’un État ? C’est par cette question que commence la réponse à votre question. Il existe diverses réponses philosophiques et rhétoriques. Certains vous diront que l’État est puissant quand il dispose d’une armée puissante. Mais il existe des États puissants sans armée, ou avec une petite armée, et qui ne disposent pas non plus de l’arme nucléaire. L’État est puissant, en premier lieu, quand il repose sur une histoire, une nation consolidée, une société qui tient à ses valeurs. Voilà l’État puissant. Voilà l’État qu’il est difficile de détruire de l’extérieur. En République moldave, nous autres chrétiens orthodoxes représentons plus de 98% de la population. En République moldave, la tradition et la normalité dictent qu’il existe de bonnes relations familiales. On nous a d’ailleurs appris que la famille est la cellule de base de la société. Or regardez ce qui se passe : à quoi s’en prennent le plus souvent nos opposants – les ennemis du caractère étatique de notre pays – ces dernières années ? À notre histoire, à notre religion et à nos traditions – et à notre famille. Ils nous proposent d’adopter l’histoire d’autres États, ils tentent de dénigrer l’Église en Moldavie, et promeuvent l’officialisation des minorités sexuelles. Si nous les laissons faire, à mon avis, ils vont détruire l’État, en sapant les piliers qui le soutiennent. Voilà les raisons pour lesquelles, depuis plusieurs années, je me prononce catégoriquement contre toute tentative de mettre à mal ces valeurs. J’ai pris plusieurs initiatives, débouchant sur des actions de protection desdites valeurs. Cette année, quand l’occasion s’est présentée de convaincre nos partenaires étrangers d’organiser à Chișinău le Congrès mondial des familles, j’en ai profité. Il y a deux ans, en 2016, j’ai assisté au même événement à Tbilissi. L’année dernière, il a eu lieu à Budapest. J’ai réussi à convaincre Brian Brown de le faire venir chez nous. Et, à n’en pas douter, en septembre, nous accueillerons les représentants de dizaines de pays, non seulement orthodoxes, mais aussi catholiques, qui soutiennent les mêmes valeurs. Je pense que c’est un énorme succès pour notre pays.

D’ici à septembre, bien évidemment, nous organiserons divers événements. En mai, je tiens absolument à l’organisation d’un festival de la famille sur la place du Grand Rassemblement national ; nous y arriverons. L’événement aura lieu sous le patronage de la présidence de la République moldave. Nous prévoyons aussi certains événements à l’étranger : M. Brown m’a invité aux États-Unis en vue de l’organisation de tables rondes consacrées à cette question et je prévois d’accepter son invitation.

Nous, citoyens de la République moldave, devons comprendre que, même sans armée puissante, nous sommes puissants par nos traditions, par notre culture, par nos familles. Et que nous devons donc les défendre.

FLUX : – Vous vous positionnez comme un défenseur de l’orthodoxie. Ne pensez-vous pas que cela risque de nuire à votre image ? Sachant que notre société s’est convertie à la mode des attaques anticléricales permanentes…

Igor Dodon : – Nous devons régler notre conduite sur ce que nous ressentons et sur ce en quoi nous croyons, et non sur les campagnes de presse et de communication organisées par nos adversaires dans le but de nous imposer un ordre du jour choisi par eux et d’induire la société en erreur. Tout ce dont vous parlez comme d’une mode, ce sont en réalité des campagnes payées à prix d’or, une agitation artificiellement créée dans l’espoir qu’une partie de la société finisse par y croire. C’est là, bien évidemment, une chose extrêmement dangereuse. En ce qui me concerne, je ne compte pas céder sous prétexte que quelqu’un, à la télé, dit qu’il vaudrait mieux faire ceci ou cela, ou parce que tels ou tels jeunes gens – à mon grand regret – se laissent piéger par ce genre de spéculations. Je suis fermement convaincu que cette position jouit du soutien de la majorité de nos concitoyens, à qui je ne ferai pas défaut.

FLUX : – Votre conception d’une Grande Europe, ainsi que vos convictions en faveur de la préservation des valeurs traditionnelles, auront-elles un impact plus marqué après les élections législatives qui vont prochainement être tenues en République moldave ? Quelles sont les chances de les voir déboucher sur la formation d’une majorité parlementaire favorable à un tel programme ?

Igor Dodon : – Cela dépend beaucoup de nous, en premier lieu, mais aussi du contexte géopolitique. Si les grandes puissances, une fois leur ordre du jour commun établi – ce qui sera certainement le cas d’ici à la fin de l’année – s’accordent pour ne pas tirailler la Moldavie dans un sens et dans l’autre, et la laissent rester un État neutre, en relations amicales tant avec les uns qu’avec les autres, ce sera plus simple. Car pour une bonne part, ce qui va arriver l’année prochaine dépend aussi de l’ordre du jour des acteurs géopolitiques majeurs de la région. Pour ma part, je ne songe pas un instant à céder. Bien sûr, ce n’est pas simple. Les attaques sont très violentes. Vous voyez bien toutes ces campagnes de presses sur moi – orchestrées par l’Occident –, qui ne s’arrêtent plus. Ceux qui se cachent derrière de telles campagnes doivent bien voir en moi un danger : le danger d’un leader opposé au mondialisme. Je l’ai dit ouvertement, dès l’année dernière, au forum économique à Saint-Pétersbourg : je suis pour la protection de nos valeurs et pour que nous nous axions en permanence sur notre intérêt national. Ce n’est pas à Washington, ni à Bruxelles, ni à Moscou de nous dicter notre programme. Dans tout ce que nous faisons, nous devons nous baser sur notre intérêt national. S’il est souhaitable pour la République moldave d’avoir un régime d’entrée sans visa en Europe pour nos concitoyens, faisons en sorte de l’avoir. Appartenir au marché eurasiatique est souhaitable et nous y avons déjà un statut d’observateur, il existe un mémorandum dans ce sens, donc ce mémorandum doit être signé.

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Nous devons toujours avoir notre propre ordre du jour, de façon à ne laisser personne nous en dicter un de l’extérieur, en nous expliquant que « ce serait dans votre intérêt ». Ces dernières années, à mon grand regret, c’est ce qui est arrivé à la République moldave: l’ordre du jour nous était imposé depuis l’étranger, et nos gouvernants n’ont pas été en mesure d’exprimer leur propre position. D’une part parce qu’ils avaient peur, étant soumis à des chantages liés à leurs avoirs en Occident, d’autre part, par manque de compétence, de fermeté, de verticalité. Quoi que leur dise le Fond monétaire international : « Augmentez l’âge de départ à la retraite ! » ou autre consigne – elle était exécutée. « Ouvrez votre marché aux produits agro-alimentaires européens ! » – et nous voici important de la viande d’Europe, tandis que presque tous nos produits laitiers viennent d’Ukraine… À la longue, une telle attitude nous mènerait où ? C’est pourquoi, pour répondre à la question, j’estime que c’est une possibilité réelle. Cela dépendra beaucoup de nous. Pour ma part, je ne songe pas un instant à céder, mais tout va aussi dépendre de la conjoncture géopolitique de la fin de cette année et tout particulièrement du début de l’année prochaine.

FLUX : – Cet entretien va être publié simultanément en quatre langues sur le portail FLUX.MD, de façon à pouvoir être repris par nos partenaires media d’Europe occidentale et de Russie. Comme l’occasion s’en présente donc, quel message souhaitez-vous adresser à nos lecteurs étrangers ?

Igor Dodon : – En premier lieu, je les invite à venir en République moldave. En dépit des affrontements géopolitiques de la région, la République moldave est un pays d’une grande beauté. Je veux aussi les remercier pour leur soutien. Ces derniers temps, je reçois de très nombreux messages d’encouragement, y compris sur les réseaux sociaux. On m’écrit par exemple : « Monsieur Dodon, nous voyons que vous vous battez et, bien qu’étant citoyens de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la France, des États-Unis, nous sommes de votre côté. Nous considérons que vous avez raison quand vous parlez de la protection de la famille, des valeurs traditionnelles, de la religion, ou du protectionnisme économique. »

Je tiens à les remercier pour ces messages et à leur dire que nous ne céderons pas. La position que j’ai exposée, dont nous avons discuté aujourd’hui, jouit du soutien de la grande majorité des citoyens de la République moldave. Quand il est question de neutralité et de rester en-dehors de l’OTAN, c’est une option en faveur de laquelle se prononcent de 65% à 70% de la population moldave. Quand nous parlons de notre foi orthodoxe, en Moldavie elle est partagée par plus de 90% des citoyens. S’il s’agit de conserver les valeurs familiales traditionnelles, c’est une option qui, là aussi, rassemble plus de 90% des Moldaves. C’est pourquoi en République moldave, en dépit de toutes les pressions et tentatives de nous imposer des normes et des valeurs qui ne nous ressemblent pas, nous sommes un pays ouvert à tous, mais très patriotique. Et je vous invite à venir nous rendre visite pour vous en convaincre.

FLUX : – Monsieur le Président, merci de nous avoir accordé cet entretien.
 

samedi, 24 février 2018

Iurie Rosca : Chisinau, capitale des "anti-système"

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Iurie Rosca : Chisinau, capitale des "anti-système"

 
Ancien vice-premier ministre de Moldavie, Iurie Rosca, a organisé une série de conférences sur l’Eurasie et sur les alternatives au capitalisme financier. Il a choisi la capitale de son pays, Chișinău, pour installer une forme d’anti-Davos. Une ambition qui prend forme dans ce pays neutre “bloqué” entre la Roumanie et la Russie. L’Europe de l’Est bouge et envoie des messages à l’Europe de l’Ouest. Iurie Rosca les évoque comme observateur et acteur.
- Colloque de Chisinau 2017 : https://www.tvlibertes.com/2017/12/18...
- Colloque de Chisinau 2016 : https://www.youtube.com/watch?v=3mplk...
- Entretien avec Igor Dodon : https://www.tvlibertes.com/2018/01/03...
 
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mardi, 23 janvier 2018

Hervé Juvin: sur le quatrième monde, ou le retour de la politique

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Chișinău – Une quête pour la survie

Sur le quatrième monde, ou le retour de la politique

Par Hervé Juvin

Deuxième colloque de Chișinău (15-16 décembre 2017)

Ex: http://lesakerfrancophone.fr

Quel est le monde dans lequel nous entrons ? Quel est le monde dans lequel nous nous engageons à vivre ?

Les organisateurs de ce colloque ont eu raison lorsqu’ils ont choisi ce sujet : la quatrième économie. Mais je ne suis pas sûr qu’ils aient raison s’ils veulent que nous limitions notre champ d’application aux seuls problèmes économiques actuels.

HJ-désir.jpgMa réponse sera : le monde conduit par l’économie est le vieux monde. Nous ne regardons pas seulement l’échec misérable des institutions de Bretton Woods et de l’ordre libéral de l’Occident. Non seulement nous assistons à l’effondrement de la finance globalisée et des marchés interconnectés, mais aussi à celui d’un système dirigé par les Américains. Nous sommes les témoins de la fin de l’économie telle que nous la connaissions. Vous dites : économie ? Dites politique, idiot ! 1

Pour le dire franchement ; la quatrième économie ne concerne pas l’économie, elle concerne surtout la politique, « nous, les gens » contre « l’ego, moi, moi-même » et il s’agit aussi de spiritualité. La lettre encyclique du Pape François, « Laudato si » est peut-être le texte politique le plus important de la décennie. Il s’agit principalement de ce que nous appelons « l’écologie humaine ». Et il s’agit aussi d’économie. Parce qu’il s’agit de survie.

Nous avons quitté l’économie agraire quelque part au siècle dernier, à un moment où l’ère industrielle était à son apogée. Ensuite, nous sommes doucement passés à une économie financière et de l’information dans laquelle nous sommes plus ou moins intégrés. Permettez-moi de prendre un exemple. J’ai commencé mon activité professionnelle à une époque où les compagnies aériennes comparaient le nombre de vols qu’elles effectuaient et le nombre de clients qu’elle servaient par an ; où deux constructeurs automobiles comparaient la taille de leurs usines, le nombre de leurs employés et les voitures qu’ils produisaient. De nos jours, ils ne font que comparer leur Ebitda et le ROE ; leurs travaux ne concernent plus les clients ou les produits, mais seulement l’argent. Gagner de l’argent, à tout prix. Est-ce qu’ils savent même ce qu’ils produisent ?

Quelle est la prochaine grande chose ? Ne rêvez pas des biotechnologies, des nanotechnologies, de l’intelligence artificielle, etc. Tout cela est bon pour les gars de Davos et pour ceux qui ont développé une telle foi qu’ils croient que la technologie peut résoudre tous les problèmes que la technologie a créés et crée encore à grande échelle. Et il y en a beaucoup à venir ! Attendez-vous simplement à un cauchemar avec l’impact des inégalités croissantes ; non seulement la pauvreté, mais l’expulsion de la nature d’un nombre croissant de personnes, passant la plus grande partie de leur temps devant un écran, obsédés par Internet, et n’ayant aucun accès à la nature à aucun prix – dunes de sable, forêts, rivières, et le chant des oiseaux, tout cela devenant le privilège des très riches, les seuls à garder un accès direct et illimité à la nature.

Quelle est la prochaine grande chose ?

Notre condition actuelle est façonnée par deux tendances puissantes ; une extinction massive de la diversité, à la fois naturelle et culturelle ; et le surgissement de l’économie comme vraie nature des êtres humains – le totalitarisme de l’ego.

Nous sommes proches d’une compréhension très précise que les deux constituent la plus grande menace contre la survie humaine, et que les deux appellent donc à une course à la vie. Le fait est que cette menace vient directement de ce qu’on nous dit de célébrer le plus : développement ; croissance ; technologie ; libre échange… Nous chérissons profondément la cause même de notre disparition, nous aimons ce qui nous amène au bord de l’extinction…

HJ-marchés.jpgLaissez-moi dire quelques mots sur chaque question.

Vous lisez beaucoup de choses sur l’extinction massive des insectes, des grands mammifères, etc. En fait, il y a plus d’une centaine d’espèces différentes de poulets dans la nature ; 97% des fermes industrialisées n’élèvent que trois espèces de poulets. Selon la FAO, plus de dix mille espèces de légumes étaient consommées il y a un siècle. L’agro-industrie a réduit cette diversité à moins de 60% pour 90% de ses produits commerciaux. Et la superficie occupée par l’agro-industrie est trois fois plus élevée qu’il y a vingt ans, mais un tiers du sol fertile est surexploité et proche de la désertification, selon un rapport de la FAO récemment publié à Ordos, en Chine. Mais c’est encore plus inquiétant côté humain. Il y a quarante ans, plus de 8000 langues différentes avaient encore une communauté de locuteurs dans le monde. De nos jours, 7000 n’ont pas plus d’un ou deux locuteurs, et elles vont bientôt disparaître avec eux. Le nombre de langues humaines a été divisé par près de dix fois en un demi-siècle, et chaque langue perdue est une bibliothèque qui brûle ! Du logement à l’agro-industrie, des modèles sociaux aux cultures autochtones, de la gastronomie locale aux aliments transformés, le trésor vivant de la diversité humaine est sur le point de s’effondrer ; nous devons savoir que la diversité entre les espèces ainsi qu’entre les communautés humaines est le facteur clé de la survie. Et cet atout crucial est en jeu.

La puissante tendance derrière l’effondrement de la diversité naturelle et humaine est le surgissement de l’économie en tant que véritable nature humaine et en tant que foi religieuse. Ce que nous appelons économie est l’association explosive entre une économie extractive et une économie de la cupidité au nom des droits individuels de l’homme. Cela repose presque entièrement sur deux hypothèses.

Premièrement, les ressources naturelles sont en quantité illimitée. Et elles sont gratuites. Le prix des ressources naturelles n’est que le prix de leur extraction, de leur transport et de leur emballage. Le marketing compte aussi. Juste pour mettre dans les rêves de milliards de personnes des marques et des produits dont ils n’ont jamais rêvé et dont ils n’ont absolument pas besoin. Ces hypothèses visaient à donner à l’homme la puissance de Dieu ; un pouvoir illimité, inégalé et sans égal sur n’importe quelle créature, et aussi sur la planète. Pour cet être humain libéré de ses chaînes, il n’y a plus de contraintes, ni de nature, ni de Dieu ; il est son propre créateur, et quand et où il y a des limites, il y a juste des problèmes à résoudre. Pour l’individu souverain, comme nouvelle religion des droits de l’homme, la foi religieuse elle-même n’est qu’un problème à résoudre. Mais cette supposition est fausse, et nous le savons. Nous payons déjà pour des ressources que personne n’a jamais rêvé de payer ; quel est le marché de l’émission de carbone, si ce n’est le marché de l’air pur ? Nous craignons déjà des maladies dans l’eau, dans la terre, et dans trop de formes de vie. Et le roi de la peur joue en coulisse, la peur du changement climatique, la peur des maladies, la peur d’une espérance de vie plus courte et, de plus, la peur de la vie elle-même − la peur du monde extérieur. L’Ouest ne le comprend pas et considère qu’il s’agit juste d’un autre problème à résoudre. Si vous ne voulez pas être un américain comme tout le monde veut l’être, vous avez un problème. Un gros problème, oui.

HJ-prod.jpgLa deuxième hypothèse est que toute société humaine dans le monde entier est à la recherche de développement. C’est aussi un mensonge. En fait, la plupart des communautés indigènes et des confessions religieuses sont organisées contre le développement ; elles n’ont pas de place pour une telle chose dans leur communauté. Près de chez moi, sur la côte ouest de Madagascar, ils brûlent la maison de quiconque devient riche, pour le garder dans la communauté. Ils comprennent très bien que l’argent est le grand fossé entre les êtres humains, et l’économie de marché, la fin des communs. Le fait n’est pas qu’ils sont incapables de se développer eux-mêmes ; la vérité est que, en tant que communauté, ils refusent l’individualisme lié au développement économique. Ils préfèrent leur communauté au droit illimité de rompre avec elle et avec la nature elle-même. La phrase qu’ils préfèrent est « Mieux vaux une touche de fihavanana (le bien-être collectif) qu’une tonne d’or ». Pour le bien de la croissance, ce que nous appelons le développement, c’est la rupture de ces communautés contre leur volonté et la fin de leur bien-être collectif pour les fausses promesses d’un accomplissement individuel. Sous le faux drapeau de la liberté, pour le commerce et l’argent, les Occidentaux l’ont fait à plusieurs reprises, de la rupture du Japon par le commodore Perry, aux misérables guerres de l’Opium contre la Chine, à la guerre criminelle contre les gouvernements nationalistes des Philippines ou d’Amérique du Sud. Les opérations criminelles de la Fondation Gates introduisant des OGM dans les pays pauvres d’Afrique, réduisant le paysan en esclavage. Il y a aussi le grand projet d’électrification de l’Afrique ouvrant la porte à la nouvelle colonisation des terres, des cultures, des forêts et des richesses de sa biodiversité, par les grandes entreprises. Et ce qui importe le plus, c’est la destruction des symboles de leurs traditions [« Rest » en anglais, NdT], de leurs choses sacrées et, finalement, de leur foi – l’usine du dénuement moral ; les rendant honteux de qui ils sont. De l’Afrique à l’Amérique du Sud ou de l’Asie du Sud-Est à la Russie, les populations autochtones savent très bien que tout n’est pas à vendre ; vous ne pouvez pas échanger quelques acres de forêt tropicale contre quelques acres de toundra. Vous ne pouvez pas échanger le dernier rhinocéros blanc contre des actions dans des parcs animaliers. Et ils craignent que l’avidité illimitée provoque des guerres pour les ressources ; qu’est-ce que l’invasion de l’Irak, sinon une guerre pour le pétrole, la guerre civile en Syrie, sinon une guerre pour l’eau, qu’est-ce que le meurtre de Saddam Hussein, de Mouammar Kadhafi, le bombardement d’une usine de produits pharmaceutiques au Soudan ? Et tant de nombreuses attaques terroristes similaires, à l’exception d’une tentative désespérée de contrôler les ressources naturelles, la vie elle-même, et de maintenir la capacité des États-Unis à ne jamais faire face à leur dette insoutenable ?

Nous avons beaucoup à apprendre des communautés autochtones. Nous, les peuples des Nations européennes, sommes aussi des peuples autochtones, sur nos terres, dans nos pays, avec nos traditions, notre foi, nos biens communs pour lesquels nous avons combattu tant de fois, et nous sommes toujours capables de nous battre. Mais nous n’avons plus beaucoup de temps pour le faire.

L’effondrement politique de l’individualisme

La situation actuelle a de grandes conséquences sur l’économie elle-même mais elle concerne principalement ce que nous appelons la politique. Nous devons réinventer la signification même de celle-ci ; la liberté collective des sociétés humaines de façonner leur destin. Et nous devons réinventer la façon dont la politique régit l’économie ; la façon dont l’économie est un outil de nos sociétés, pas l’inverse. Karl Polanyi a écrit des choses définitives à ce sujet.

Le système post-démocratique de la grande entreprise en charge de nos rêves, de nos emplois et de nos vies repose principalement sur la libre poursuite de la cupidité illimitée par l’ego – l’individu souverain. L’idée de base est que l’homme n’est que la liberté illimitée qu’il se crée, et qu’il a droit à une utilisation illimitée du monde. Ne faites pas d’erreur ! Ce système n’est pas faible, malgré toutes les apparences. Ce système est très puissant, mais sous deux conditions : dans la mesure où la grande majorité des citoyens pensent être de véritables initiés, qu’ils sont des gagnants du système, et aussi, dans la mesure où les ressources naturelles lui permettent de promettre une croissance illimitée. C’est le gouvernement de l’homo œconomicus par ses désirs illimités ; le gouvernement pour le big business sous le visage souriant de la démocratie.

Ce système a colonisé nos esprits, nos rêves, nos imaginaires ; sa principale réalisation est de nous avoir coupé du monde extérieur. Nous sommes en fait aveugles à l’altérité, l’Occident ignore la tradition [« Rest »en anglais, NdT]. Et connaissez-vous le premier symptôme d’une dépendance à Internet ? L’incapacité de reconnaître les visages humains entre amis et membres de la famille !

HJ-occmonde.jpgEn disant cela, nous sommes proches du grand secret caché derrière la scène ; nous sommes confrontés à la fin des systèmes libéraux tels que nous les connaissions.

Ces systèmes libéraux ne s’appuient pas tellement sur la foi collective dans la Constitution, la Nation ou même le parti au pouvoir. Ils ne comptent que sur la cupidité libre et illimitée accordée à chaque individu. Non seulement c’est autorisé mais c’est même prescrit. Tous les systèmes religieux, sociaux et politiques avant nous, ont fait très attention à limiter, à refréner le désir du plaisir, de la richesse, des biens, ou à leur substituer des biens spirituels ; nous vivons dans le premier système politique et social basé sur la libération absolue et complète de la cupidité. Jetez un œil à nos écoles commerciales et sur les MBA ; nous en avons fait un modèle d’école de cynisme et de cécité morale ! Et ne vous trompez pas, ce système est incroyablement puissant ! Le système de la cupidité individuelle a gagné contre le totalitarisme. Il a gagné contre les grandes religions, les traditions et même les nationalismes. Le lien invisible créé entre les individus sur rien de plus que la promesse d’une quête illimitée d’argent, de biens et de plaisir est bien plus fort que les liens extérieurs, les autorités supérieures, Dieu, l’Empereur, le Roi ou la révolution politique ; ceux là venaient d’en haut. La révolution individuelle vient de l’intérieur. La cupidité de l’intérieur, c’est le puissant moteur du libéralisme individuel ! En fait, la révolution de l’individu est le principal moteur politique du siècle dernier. Et est le gagnant contre le fascisme, le nazisme, et finalement l’Union soviétique elle-même.

Le secret à partager entre nous est que le jeu est terminé. Les seules et uniques conditions de la viabilité du système de la cupidité étaient l’offre illimitée de ressources naturelles et le renouvellement des systèmes vivants d’un côté ; et le partage des avantages entre tous les citoyens de l’autre côté. L’économie du carbone a en fait façonné la démocratie. L’offre illimitée de ressources naturelles a façonné les droits de l’homme en tant que droits de l’individu souverain. Les droits illimités appellent un approvisionnement illimité. Nous savons que ce système est près de s’effondrer. L’effondrement viendra non seulement de l’extension de la pauvreté, mais du fait que la grande majorité des citoyens occidentaux seront de plus en plus exclus de toute forme de bénéfices venant du système. Depuis la fin de la grande peur du communisme et la fin de l’Union soviétique, voici la fin du capitalisme de partage. Le capitalisme ne repose plus sur de bons salaires qui augmentent régulièrement ; il s’appuie de plus en plus sur les prisons et la police. Et l’effondrement viendra non seulement du changement climatique, mais aussi des terribles conséquences des produits chimiques, des pesticides et de la pharmacie dans les sols, la viande et, finalement, la richesse humaine. Il viendra non seulement de l’empoisonnement de l’eau douce, de la nourriture transformée et de l’atmosphère urbaine, mais aussi des événements extrêmes menaçant toutes ces villes au bord de la mer, et aussi des quantités de réfugiés jamais vues auparavant − par dizaines de millions venant d’Asie et d’Afrique.

Le facteur de la peur suit de près la tromperie. Et les deux sont politiquement des armes de destruction massive pour l’Occident.

Cela définit le moment politique que nous vivons maintenant dans les pays occidentaux. Le passage d’individus unifiés par leur désir de richesse à des communautés unies par la lutte pour la survie est un moment à la fois de grandes attentes et de grands risques. C’est la dimension cachée derrière le Brexit, derrière la victoire de Donald Trump, pas si surprenante après tout, et derrière tant de booms politiques et d’explosions à venir ! Et ce pourrait être le meilleur des temps, ainsi que le pire des moments. Qui sait, à un moment où la Chine annonce que la venue de la civilisation écologique devrait avoir lieu au cœur du rêve chinois ?

L’économie va bien sûr refléter ce grand tableau. En fait, c’est déjà dans les faits et les chiffres. Le moment logistique que nous vivons est l’augmentation spectaculaire des coûts de transport, et le nouveau localisme qu’il exige. Le moment entrepreneurial que nous vivons est l’effondrement de l’entreprise mondialisée, et la recherche illimitée d’énergie qu’elle a demandée ; les PME sont les seules à créer des emplois et à s’impliquer réellement dans la communauté par des achats locaux, une embauche locale, l’intégration culturelle et l’engagement local. Et le moment industriel que nous vivons est le passage du travail humain à la production robotique, ce qui signifie que partout dans le monde, les coûts de production sont sur le point de s’égaliser ; ce qui signifie que la main-d’œuvre bon marché ou l’esclavage perdront leur pouvoir de fixation des prix. En passant, l’entreprise mondiale perdra son avantage concurrentiel. Le localisme et les PME sont les nouvelles grandes choses dans les pays où les robots vont payer des impôts ! Mais le moment où nous vivons est aussi principalement le moment où la terre n’est plus si amicale avec les êtres humains. Après deux siècles d’agressions industrielles et chimiques, la nature est éveillée. Personne ne survivra seul à l’effondrement à venir. Et ne rêvez pas ; vous ne pouvez pas mettre de l’argent dans le réservoir de votre voiture, pas plus que manger votre or.

C’est pourquoi nous sommes à la fin de l’individu souverain et de la société de marché. C’est la fin de l’ego, du moi, moi-même, mon seul ami. Nous sommes déjà au début d’une nouvelle ère politique, l’ère de la survie.

Le deuxième enjeu est le retour des communs. La deuxième partie du grand Chapitre de la Liberté, provenant de l’Angleterre du XIVe siècle, le Chapitre des Forêts, est entièrement consacré à assurer la sécurité des communs, en tant que droit fondamental des communautés. Les communs aident les pauvres à satisfaire leurs besoins fondamentaux, bien mieux que n’importe quelle aide publique ou charité privée. Les communs donnent à tout membre de la communauté qui les protège, un libre accès à leur utilisation pour des besoins personnels, mais aucun accès pour un usage commercial ou industriel. C’est un chemin pour la dignité et l’engagement.

HJ-renv.jpgLes biens communs, ou les communs, ne cadrent pas bien avec le libre-échange, la libre circulation des capitaux, les privatisations de masse et l’hypothèse de base que tout est à vendre ; la terre, l’eau douce, l’air et les êtres humains. En fait, le libre-échange et les marchés mondiaux sont les pires ennemis des communs. La grande ouverture des dernières communautés vivant sur elles-mêmes est une condamnation à mort. Bienvenue à la réinvention de l’esclavage par ces apôtres des migrations de masse et des frontières ouvertes ! Je n’ai aucun doute à ce sujet ; une grande partie de ce que nous appelons « développement » et « aide internationale » sera bientôt considérée comme un crime contre l’humanité – l’effondrement des biens communs pour le bénéfice des entreprises mondialisées et des intérêts privés. Et le mouvement des « no borders » sera également considéré comme une manière subtile d’utiliser le travail forcé et embaucher des esclaves avec un double avantage : premièrement, faire le bien avec le sentiment d’être d’une qualité morale supérieure, deuxièmement, faire du bien à la rentabilité du capital.

La société globale basée sur l’économie comme notre nature humaine, détruit les communs à un rythme incroyable. Non seulement parce qu’elle détruit les frontières qui les protégeaient ; parce que cela place le libre-échange au-dessus des communautés, des religions et des choses sacrées. Et le modèle du marché global où tout est à vendre substitue effectivement l’expulsion des communs générant pauvreté pour une partie croissante de la population mondiale. L’accès libre à la nature sera bientôt refusé à la majorité des gens ; des légumes ou de la viande qu’ils mangent, au jeu qu’ils jouent ou aux loisirs qu’ils partagent, des graines sur lesquelles ils comptent, sur les enfants qu’ils veulent. Tout sera calibré, tout passera sous la coupe de la loi de la meilleure rentabilité pour le capital – et à la fin du processus, la vie humaine elle-même finira par être un produit de l’industrie.

Les communautés indigènes, des tribus d’Amérique du Sud aux associations environnementales en France ou en Allemagne, sont aussi les seules à vouloir protéger leurs communs, et se battent parfois avec ferveur pour les sauver contre des projets industriels ou des investissements massifs. Elles devront lutter contre ces soi-disant « accords commerciaux » dont le seul but est de protéger, non pas l’investissement lui-même, mais le retour attendu des bénéfices ! Toute analyse approfondie du conflit entre les compagnies minières aurifères équatoriennes et canadiennes, ou entre le Guatemala et la Bolivie et les entreprises industrielles américaines, révèle cette situation confuse ; l’explosion actuelle du capital, mieux connue sous le nom de « quantitative easing », crée une pression croissante sur les ressources naturelles. Le système monétaire émet des chèques en nombres illimités, et c’est à la nature de payer la facture ! C’est pourquoi la prochaine étape est l’accaparement final de la nature pour le bénéfice du système de la dette ; pas un morceau de terre, ou une gorgée d’eau, pas un poisson dans l’océan profond ou un arbre dans la forêt tropicale ne va échapper à l’industrie – leur destruction pour de l’argent.

Le retour des communs est l’une des conditions principales et uniques de notre survie.

Qu’est-ce que ça veut dire ? La plupart d’entre nous en Europe sont des autochtones. Nous savons d’où nous venons, et nous savons à quoi nous appartenons. Ce qui nous importe le plus, c’est de dire « nous » avec confiance, avec foi, avec amitié. Les communs sont l’endroit où tout le monde dit « nous ». C’est l’endroit où il n’y a pas de place pour le « moi ». Et les bases sont solides pour le futur proche. Ce sont les ressources qui ne sont pas à vendre, les ressources partagées par la communauté, pas pour le commerce ou l’industrie à tout prix, des ressources hors de portée des commerçants ou des banquiers. Pas de libre-échange, pas de marché, pas de pouvoir de prix sur les communs. Les graines, le sol, l’eau douce, l’air, la naissance humaine et les vies humaines ne sont pas non plus à vendre. Elles ne sont pas le moyen de maximiser le rendement du capital ! La nature elle-même prendra soin de nos biens communs, et nous donnera beaucoup plus que n’importe quel fonds d’investissement, seulement si nous la respectons, seulement si nous la laissons jouer, seulement si nous la laissons faire. C’est la plus grande leçon de l’écologie, de l’agroforesterie et de l’agriculture biotech. Nous avons juste à appartenir. Nous avons juste à partager une identité ; il suffit d’accepter des limites. Voici la venue de la politique identitaire. Voici la disparition de l’économie telle que nous la connaissons. Toutes ces questions sont profondément politiques, et elles appellent à un retour au pouvoir de toute la communauté politique dans son ensemble – pas la disparition de la communauté pour mon bénéfice, moi l’individu souverain !

HJ-corps.jpgQuelle est la prochaine étape ?

Nous sommes à la fin de l’économie libérale telle que nous la connaissons et, à ce moment-là, nous serrons à la fin de la cupidité individuelle en tant qu’outil puissant de l’ordre politique. Qu’est-ce qui va arriver ? Et que devons-nous faire ?

Après l’effondrement de l’économie en tant que foi, et l’effondrement du marché mondial en tant que sorcellerie, le premier besoin est spirituel. Je ne dis pas religieux. Mais nous devons reconnaître la dimension sacrée de la vie, de toutes les formes de vie. Nous devons partager les symboles de notre destin commun et de notre volonté collective, et nous avons besoin d’une renaissance de la communauté comme étant bien plus que la somme des individus – la magie du « Nous, les gens » est encore à réinventer. Cela pourrait être le cadeau le plus utile de l’Union Européenne au monde extérieur ; vous ne pouvez pas construire une communauté politique sur le marché, l’argent, la croissance ou les droits individuels. Nous avons besoin de plus que cela, de quelque chose de différent,  quelque chose proche de la foi, des symboles et de la fraternité, quelque chose comme cette chose sacrée que nous perdons, et qu’ils nous prennent.

La condition même de la réévaluation des biens communs est la reconnaissance générale que tout n’est pas à vendre, parce qu’il y a des choses à vendre, il y a des choses à transmettre, et il y a des choses à donner ou à partager. Et il y a des choses sacrées dans lesquelles la communauté met sa confiance et par lesquelles elle exprime sa différence. Bien sûr, ces choses sont sacrées. Bien sûr, ces choses n’ont pas de substitut sous forme monétaire. Elles ne sont ni négociables ni vendables. C’est la définition même de la sacralité, et nous partageons un besoin urgent de redéfinir ce qui dans la nature, dans nos pays, sociétés et chez nous, n’est pas à vendre, parce que c’est la partie principale de notre être humain.

Ce n’est pas le moment d’élaborer des propositions pour résoudre nos problèmes. Je vais juste souligner trois choses principales à faire, et à faire maintenant.

Nous devons élaborer un nouveau système de comptabilité. Le système actuel compte comme une valeur ajoutée la destruction des espèces et des ressources rares. C’est une menace contre notre survie. Le seul système durable tiendra compte du respect de la loi par les entreprises, des contraintes fiscales et sociales et du respect des cultures et modes de vie locaux par les entreprises privées et les organismes étrangers.

Nous devons prendre en compte la fin de l’économie du carbone, le retour de la géographie et le besoin de localisme et d’activités auto-orientées. Ce n’est pas un problème mineur ; ce pourrait être la fin de la démocratie telle que nous la connaissons, basée sur un approvisionnement énergétique illimité pour le commerce et les communications. Le coût du transport presque nul est le plus grand mensonge du système économique actuel, l’appel efficace à la globalisation. La distance aura de l’importance, la géographie aura de l’importance et son coût reste encore à intégrer.

Beaucoup plus important, nous devons travailler autour du droit à la diversité, la condition la plus importante de notre survie. C’est peut-être le plus grand apprentissage de l’écologie et de la biologie ; la diversité est collective, et cette diversité est la clé de la survie.

Nous ne survivrons pas à l’alignement de la planète sur la cupidité illimitée pour les ressources. Personne ne réclame la démocratie mondiale, l’uniformisation du monde par l’économie dite libérale. Personne ne sait plus qui sont Milton Friedman ou Friedrich von Hayek – ce ne sont que des personnages de musées. Mais personne ne pense plus que le problème concernera le socialisme, ou l’économie contrôlée par l’État, ou quelque chose entre les deux. La vraie reconnaissance de la liberté humaine comme liberté collective et de la diversité culturelle et politique comme trésor de l’humanité, don de la nature et condition même de notre survie, droit fondamental au-dessus de tout autre droit économique ou individuel politique, est la clé d’un avenir de paix, de compréhension mutuelle et de coexistence respectueuse.

À Chisinau, ce 17 décembre 2017, je lance un appel collectif pour renouveler l’accord conclu lors de la Conférence de La Havane, en 1948-1949, lorsque les Nations Unies ont prévu de subordonner le libre-échange et les marchés libres au bien-être, au progrès social et à la sécurité environnementale des populations.

J’appelle à un engagement collectif pour reconstruire un forum des pays non alignés, le même qui a eu lieu à Bandung, en 1955, un forum de ceux qui ne veulent pas être relocalisés, être déportés ou être privés de leur identité par des intérêts étrangers, un forum de personnes qui partagent profondément le sentiment que le trésor le plus important de l’humanité est au-delà de tout ce qui se vend, le trésor de la diversité culturelle et de la générosité de la nature.

Et j’appelle à renouveler la Déclaration de Coyococ, en 1974, sur les droits collectifs des peuples autochtones, contre les colons et les envahisseurs, les droits à la sécurité collective sociale, culturelle et environnementale. Ce sont les véritables fondements des droits de l’homme ; les droits individuels ne servent à rien s’il n’y a pas de société organisée pour les prendre pour acquis.

Il y a plusieurs siècles, le Chapitre des Forêts donnait un sens précis et efficace aux droits de l’homme ; le droit de vivre selon la nature et de vivre de la richesse des ressources naturelles et des écosystèmes vivants. L’échec d’une approche juridique des droits de l’homme est avéré ; plus il y en a, moins ils prouvent une quelconque efficacité. Beaucoup de mots, et si peu de réalité !

Le chemin était ouvert il y a longtemps. Il est temps maintenant de compléter et de garantir les droits humains par une déclaration des droits collectifs – id est, les droits des sociétés humaines à ne pas être détruites par l’extérieur, le droit à leur sécurité morale, religieuse, politique et environnementale, le droit de tous peuples autochtones de se protéger ou d’être protégés contre les colons et les envahisseurs, à tout prix et par quelque moyen que ce soit. C’est la vraie condition de notre survie. Nous ne survivrons pas à travers ce siècle sans la générosité de la nature, la beauté des cultures et la liberté naturelle de l’esprit humain.

HJ-murouest.jpgHervé Juvin

Écrivain, Essayiste, Économiste
Président, NATPOL DRS (DRS comme diversité, résilience et sécurité)

Conférence sur le Cercle Aristote

Traduit par Hervé relu par Catherine pour le Saker Francophone

Note:

  1. Référence à la phrase de Clinton, It’s the economy, stupid !

 

jeudi, 18 janvier 2018

Forum eurasiste de Chișinău : une plateforme non-alignée contre le globalisme

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Forum eurasiste de Chișinău : une plateforme non-alignée contre le globalisme

par Pierre-Antoine Plaquevent

Ex: http://www.les-non-alignes.fr

L’événement métapolitique le plus important de la fin de l’année 2017 fût sans conteste le second forum eurasiste de Chisinau. Un colloque qui fera date tant par l’appui que lui a apporté l’exécutif moldave que par la qualité de ses participants et de leurs interventions. Surtout, les perspectives tracées par ces rencontres internationales ouvrent des voies inédites dans le sens d’un non-alignement contre-globaliste contemporain. Un non-alignement qui transcenderait enfin les cadres caduques de la petite politique anachronique pour se hisser à la hauteur des changements de civilisation en cours et de la grande politique. Un colloque à la hauteur de la venue des « grands temps » qui s’annoncent pour la civilisation européenne. Retour sur cet événement fondateur.

Les 16 et 17 décembre dernier s’est tenu en Moldavie le second forum eurasiste de Chișinău qui avait pour thème : « Quelle alternative au capitalisme financier pour le 21 ème siècle ? ». Colloque organisé avec l’appui et le soutien du Président de la République de Moldavie, Igor Dodon. Ce séminaire international a réuni pendant plusieurs jours un aréopage d’intellectuels et de spécialistes de renommée internationale parmi lesquelles : Alexandre Douguine, Hervé Juvin, le Géorgien Levan Vasadze ou encore l’écrivain suédois Jan Myrdan. Le Président Dodon a par ailleurs ouvert les travaux avec un discours fondateur qui résumait les enjeux politiques face auxquels la Moldavie se trouve confrontée.

De nombreuses personnalités, issues du monde politique ou de la société civile, sont ainsi venues apporter leur contribution aux travaux du forum : l’homme d’affaires britannique Chris Poll, l’ancien conseiller de Syriza Dimitris Konstantakopoulos, la juriste Valérie Bugault, l’écrivain Slobodan Despot, le président de l’association Lombardie-Russie et membre éminent de la Ligue du Nord Gianluca Savoini, le journaliste Alessandro Sansoni, membre du conseil national italien de l’ordre des journalistes et bien entendu Emmanuel Leroy et Iurie Rosca : organisateurs pivots des deux colloques de Chisinau avec Daria Dugina. Sont aussi intervenus Volen Siderov, président du parti bulgare « Ataka », le Roumain Bogdan Herzog, l’Allemand Manuel Ochsenreiter, président du German Center for Eurasian Studies, un think-tank proche du parti souverainiste AFD et aussi l’essayiste et homme politique Yvan Blot.

Avec la présence dans le public d’auteurs bien connus des Français tels que Marion Sigaut ou encore de Lucien Cerise et de son éditeur, on peut dire que ce second forum de Chisinau réunissait une part importante de la pensée politique française et européenne contemporaine pour un événement inédit en son genre. Evènement qui fera date et dont on peut considérer qu’il marque le début d’une nouvelle ère en matière d’anti-globalisme. De part la variété des intervenants et du public présent, la vraie gauche anti-mondialiste et la droite conservatrice authentique se sont retrouvées à Chisinau afin de penser et de projeter l’alternative possible à la marche en cours vers le globalitarisme néolibéral.

Au cours de ces journées de nombreux thèmes ont ainsi pu être abordés, la plupart des interventions publiques sont disponibles ici : flux.md/fr et flux.md/en ainsi que sur le site du saker : lesakerfrancophone.fr ou sur geopolitica.ru. Une équipe de TV-Libertés était présente afin de couvrir l’ensemble de l’événement visible ici.

Un événement qui se tenait dans un contexte géopolitique difficile : la Modavie s’efforce de maintenir une position d’équilibre entre Est et Ouest, entre Union-Européenne et Union Eurasiatique malgré les tensions entre Occident et Russie. A la fin de la première journée de travail, le Président Dodon a ensuite accueilli les journalistes présents pour une conférence de presse exclusive dans le palais présidentiel de Chișinău.

Conférence de presse à laquelle nous avons pu assister et au cours de laquelle le Président Dodon a développé plus avant ces thématiques et a répondu aux questions des journalistes présents. Ici un entretien réalisé pour TV-Libertés dans lequel il résume certaines de ses positions : tvlibertes.com/igor-dodon-ne-cedera-pas.

Igor_Dodon_(01.2017;_cropped).jpgIgor Dodon, un président illibéral et continentaliste sous pression

Issu à l’origine du centre-gauche, le Président Dodon a profité de son discours inaugural lors du colloque de Chișinău pour affirmer la compatibilité d’un discours social avec les valeurs de la droite conservatrice. Une ligne de « gauche du travail et de droite des valeurs » qu’il est peut-être le seul président européen en fonction à affirmer aussi clairement. Il a ainsi affirmé la nécessité de se débarrasser des mythes libéraux du retrait de l’Etat et de la « main invisible du marché » afin de renouer avec les conceptions d’un Etat stratège et interventionniste dans les secteurs stratégiques et vitaux de l’économie nationale.

Le Président Dodon a ouvert les travaux par un discours d’affirmation centré sur les notions de souveraineté, de nationalisme économique et de continentalisme politique. Après avoir rappelé la situation géographique et culturelle de la Moldavie qui fait d’elle un carrefour entre Europe occidentale et orientale, entre catholicité et orthodoxie, entre mondes latin et slave, il a évoqué la situation économique critique de la Moldavie qui se trouve face à une grave hémorragie de ses forces vives en direction de l’Union-Européenne. Une hémorragie qui ne pourra être freinée que par une relocalisation partielle de l’économie moldave. Moldavie qui n’a pas vocation à être juste une réserve de main d’oeuvre à bon marché en direction des pays occidentaux. Bien que l’un des pays les plus pauvres d’Europe, la Moldavie n’est pas condamnée au destin de périphérie de l’UE livrée au pillage de l’impérialisme économique de multinationales apatrides. La Moldavie a une carte stratégique à jouer en se positionnant comme interface géoéconomique et géostratégique entre l’Union Européenne et l’Union Eurasiatique; notamment dans la perspective de la nouvelle route de la soie et dans celle du déplacement du centre de gravité économique mondial vers l’Eurasie. De là découle le continentalisme politique affirmé à plusieurs reprises par le Président Dodon au cours de ces interventions lors du forum. Ainsi, après s’être défini comme « résolument souverainiste », Igor Dodon a rappelé la nécessité de revenir à la vision Gaullienne d’une Europe-puissance et à l’axe stratégique Paris-Berlin-Moscou comme alternative à la construction européenne actuelle. La voie de l’indépendance pour une nation de la taille de la Moldavie passe par le multilatéralisme et le non-alignement plutôt que par l’unipolarité et l’adhésion univoque à l’agenda occidental.

Dans cette perspective, Igor Dodon s’était prononcé en 2017 en faveur d’une annulation par son parlement de l’accord commercial signé avec l’Union européenne en 2014, espérant ainsi rétablir des relations économiques normalisées avec la Russie. Position qui lui vaut d’être mis en difficulté par le parlement moldave où les élus pro-UE sont majoritaires. La République de Moldavie se caractérisant par un régime parlementaire laissant une marge de manoeuvre réduite pour le Président.

Igor Dodon a par ailleurs développé l’idée que le patriotisme économique peut transcender les différences culturelles internes de la Moldavie et les tensions identitaires que pourraient être tenté d’attiser les forces de la Société Ouverte. Forces à l’affût d’une émancipation trop grande de la République Moldave face aux standards de l’UE et soucieuses d’allumer un nouveau foyer de discorde supplémentaire entre la Russie et l’Europe. Peuplée d’une population russophone nombreuse et d’une grande minorité russe, le Président moldave a clairement évoqué le risque d’un scénario de type ukrainien : provoquer une agitation de l’opinion publique visant à le destituer, agitation politique qui pourrait être suivi de provocations inter-ethniques attisées depuis l’étranger. L’équilibre politique moldave étant fragilisé par la question de la Transnistrie.

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Un article récent du centre de presse de Donetsk résume dans ses grandes lignes la situation politique moldave :

« (…) La tension dans la république est liée à l’opposition entre le président pro-russe Igor Dodon, l’opposant Renato Usatii et le bloc politique pro-européen dirigé par Vlad Plahotniuc. Il y a un an, la Moldavie était au bord d’une guerre civile entre citoyens pro-russes et pro-européens, compte tenu de l’augmentation significative des sentiments pro-russes dans le pays ces dernières années, nous ne pouvons pas exclure le scénario ukrainien en Moldavie. 

Récemment, (…) la Cour constitutionnelle a décidé de suspendre les pouvoirs d’un des principaux opposants politiques de Plahotniuc, l’actuel président de la Moldavie, Igor Dodon (NDA : le 5 janvier 2018). Le champ politique de la Moldavie, sous prétexte de lutter contre la corruption, a été presque entièrement débarrassé de ses opposants. »

Au cours de sa conférence de presse lors du forum de Chișinău, le Président Dodon a plusieurs fois exposé le rôle de l’oligarque Vlad Plahotniuc. Un rôle qu’évoque l’article de l’agence Donipress :

« Personne n’avait entendu parler de Plahotniuc comme politicien avant la fin de 2010. Auparavant, Vlad Plahotniuc appartenait à un certain nombre de grands hommes d’affaires moldaves, dont les domaines d’intérêt étaient les banques, les hôtels, les médias et le commerce du pétrole. Mais même à ce moment-là, il a été surnommé « le méchant », puisque l’homme d’affaires était déjà crédité de fraudes, de saisies de vols, de commerce d’armes et de proxénétisme et de nombreuses autres activités illégales. (…) Vlad Plahotniuc a commencé comme membre du Parti Communiste moldave, mais aux élections législatives de 2010 il est devenu membre du Parti Démocrate, où il a immédiatement pris la deuxième place honorable dans la liste. C’est à partir de ce moment qu’a commencé le crépuscule du Parti Communiste en Moldavie (…) L’oligarque Plahotniuc est, depuis décembre 2016 , le chef du Parti Démocrate. Il est intéressant de noter qu’en même temps, officiellement, il n’est pas membre du parti. Aujourd’hui, Vlad Plahotniuc n’occupe aucun poste au gouvernement, mais reste un homme qui contrôle pleinement l’économie, le pouvoir législatif et exécutif dans un petit État, sans aucune responsabilité en tant que fonctionnaire.« (1)

Vlad_Plahotniuc.jpgDonipress rappelle ensuite le « multilatéralisme » de Plahotniuc en matière de corruption :

« (…) Il n’y a pas si longtemps, Vlad Plahotniuc faisait l’objet d’une enquête de la part d’Interpol Italie dans le dossier de la « mafia russe », mais sa position anti-russe déclarée reste la principale raison de la complaisance des États-Unis et de l’UE envers Plahotniuc. (…) Vlad Plahotniuc fait beaucoup d’efforts pour devenir un politicien européen respectable pour l’Occident, il paie périodiquement des publications dans de prestigieux magazines européens et américains. Vlad a même embauché une société de lobbying américaine bien connue, le groupe Podesta, qui a travaillé avec Hillary Clinton. (…) Aujourd’hui, le « maître de la Moldavie » est toléré plutôt qu’approuvé et sera remplacé à toute occasion par un véritable homme politique européen qui n’a pas le stigmate de l’appartenance à la « mafia russe ». » (2)

Dans cette perspective les prochaines élections législatives en Moldavie constitueront un test pour affirmer ou infirmer la solidité des orientations choisies par le Président Dodon et ses soutiens. Elections qui seront aussi l’occasion pour les citoyens moldaves de rejeter ou non les orientations crypto-mafieuses des libéraux enkystés dans leur parlement :

« Selon les sondages sociologiques, le rejet de Plahotniuc et de son gouvernement atteint 80 %. Dans de telles circonstances, la dernière chance pour Vlad de rester au pouvoir sera de provoquer l’escalade du conflit en Transnistrie et de lancer un appel à l’UE et aux États-Unis pour qu’ils exigent une protection contre l’agression russe. L’Europe n’a absolument pas besoin d’un second conflit armé à ses frontières, qui entraînera inévitablement une augmentation du nombre de réfugiés, contribuera au commerce illégal des armes et à la propagation de la criminalité. En novembre 2018, la Moldavie organisera des élections législatives, qui peuvent constituer un test difficile non seulement pour la République de Moldavie, mais aussi pour l’UE dans son ensemble. » (3)

La Moldavie se trouve aujourd’hui sur l’une des lignes de fracture de la tectonique géopolitique contemporaine qui voit se confronter unipolarité et multipolarité, sa survie en tant qu’Etat-nation passe par une pacification des rapports entre Europe et Russie. C’est dans cet esprit que le Président Dodon conçoit les rencontres géopolitiques et de Chisinau et, plus globalement, le logiciel politique eurasiste non-aligné. Pour lui, l’intérêt national et la survie même de la Moldavie passe par le multilatéralisme et le continentalisme politique.

De par les orientations affirmées par le Président Dodon et si l’on se rapporte au manifeste publié à la suite des premières rencontres de Chișinău, on peut considérer que le continentalisme politique comme alternative au globalisme pourrait s’affirmer comme l’orientation géostratégique d’une nation européenne; fût-elle l’une des plus pauvres d’Europe. Il s’agit d’un choix géopolitique et civilisationnel majeur qui est certainement à l’origine des dernières sanctions que rencontre le Président Dodon de la part de son parlement. (4)

Au forum de Chișinău, des non-alignés de toute l’Europe sont venus apporter leur pierre à l’édification d’un avenir européen pacifié et souverain. L’avenir proche nous dira si cette alternative continentale s’imposera et empêchera l’Atlantisme de diviser l’Europe et d’y semer la guerre – comme hier en Yougoslavie et aujourd’hui en Ukraine – et si des intérêts exogènes réussiront à détourner les Européens de la voie de l’indépendance et de la paix.

Pierre-Antoine Plaquevent pour Les Non-Alignés

lundi, 16 octobre 2017

Chisinau (Moldavie) 15-17 décembre: un colloque pour une alternative au capitalisme

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Chisinau (Moldavie) 15-17 décembre: un colloque pour une alternative au capitalisme

Un communiqué du Comité Jean Parvulesco :

Un Colloque international se tiendra les 15 et 16 décembre prochains à Chisinau, capitale de la Moldavie.

Cet événement sera inauguré par le Président de la République Moldave, M. Igor Dodon et à l’occasion duquel sera offert un banquet officiel.

Le thème de ce colloque est «Quelle alternative au capitalisme au XXIe siècle?»

Seront présentes de nombreuses personnalités venues de tous les continents pour apporter leur pierre à la construction d’une véritable alternative au Système à tuer les peuples.

mardi, 15 novembre 2016

Coup de tonnerre dans le ciel européen: le tournant pro-russe?

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Bob Woodward

Ex: http://www.decryptonewsonline.com

La Bulgarie entre en territoire inconnu lundi après la démission de son premier ministre, l'europhile Boïko Borissov, et l'élection dimanche d'un président novice, au discours conciliant vis-à-vis de la Russie.

Le premier ministre conservateur bulgare Boïko Borissov, admirateur déclaré de la chancelière allemande Angela Merkel, a remis sa démission ce lundi au Parlement, deux ans avant la fin de son mandat et au lendemain de l'élection présidentielle. Le vainqueur du scrutin de dimanche, Roumen Radev, 53 ans, n'entrera lui en fonction que le 22 janvier. Mais son programme s'annonce déjà chargé, et des élections législatives semblent inévitables.

radev.jpgLa confortable victoire de Radev - ancien chef de l'armée de l'air soutenu par les socialistes (PSB, ex-communiste) - par près de 60% des suffrages, a sonné comme un désaveu cinglant pour le premier ministre au pouvoir depuis fin 2014, qui soutenait pour sa part la candidature de la présidente du Parlement, Tsetska Tsatcheva. Roumen Radev a notamment bénéficié du mécontentement suscité par le gouvernement de centre-droit dont les efforts en matière de lutte anti-corruption et de réorganisation du secteur public auront été jugés trop lents. Cette victoire traduit également un «contexte international qui encourage la volonté de changement», selon Parvan Simeonov, directeur de l'institut Gallup, qui cite «l'écroulement des autorités traditionnelles en Europe occidentale» et l'élection de Donald Trump, aux États-Unis.

Les premiers pas de Roumen Radev sont attendus sur la scène européenne après la volonté de dialogue avec la Russie manifestée durant sa campagne. Son message anti-immigration et favorable à l'abandon des sanctions européennes contre Moscou a rencontré un écho inattendu parmi les Bulgares à l'heure où l'Union européenne doit composer avec le Brexit et la montée des partis nationalistes. Dès dimanche soir, Roumen Radev a confirmé son engagement à «travailler en vue d'une levée des sanctions» contre la Russie. «L'appartenance de la Bulgarie à l'UE et à l'Otan n'a pas d'alternative, ça ne signifie pas que nous devons nous déclarer ennemis de la Russie», avait-il affirmé durant la campagne.

Dans le système parlementaire bulgare, c'est bien le gouvernement qui définit la politique générale, sur le plan intérieur comme en matière de relations internationales. Le président est quant à lui chef des armées et représente le pays à l'étranger. Cette répartition des compétences fait douter le politologue Antoniy Todorov d'un quelconque tournant prorusse de la Bulgarie, membre de l'Union européenne et de l'Otan: «Il n'y aura pas de revirement en matière de politique étrangère» car «le président n'a pas de tels pouvoirs». Pour Evgueni Daynov, analyste et directeur du Centre de pratiques sociales, «les déclarations du général Radev ont été surinterprétées», et le nouveau président a «un raisonnement européen et pro-atlantique», affirme-t-il.

Sans être antieuropéen, le parti socialiste bulgare, qui a porté la candidature de Roumen Radev, est une formation russophile. Mais il n'est pas donné favori pour les législatives anticipées. Ces élections devraient être organisées à partir de mars 2017. Le parti Gerb de Boïko Borissov est crédité des meilleures chances de victoire.

Igor-Dodon.jpgLa victoire annoncée d’Igor Dodon, candidat ouvertement prorusse à l’élection présidentielle moldave, a bien eu lieu. Dimanche soir 13 novembre, les premiers résultats donnaient au dirigeant du Parti des socialistes moldaves un score de 56,5 %, contre 43,5 % à sa rivale pro-européenne, Maia Sandu. Celle-ci a pu espérer un miracle avec une participation en forte hausse chez les jeunes, mais elle n’améliore que peu son résultat de 38 % obtenu lors du premier tour le 30 octobre. M. Dodon, lui, avait rassemblé 47 % des suffrages.

Signe de la polarisation extrême du scrutin, les deux candidats ont dénoncé, en début de soirée, des fraudes, et le manque de bulletins disponibles pour les nombreux électeurs de la diaspora, réputés plus favorables à l’intégration européenne du pays et donc à Mme Sandu.

Ancien ministre de l’économie et du commerce qui a commencé sa carrière en soutenant le rapprochement de la Moldavie avec l’Union européenne, M. Dodon, 41 ans, entend convoquer « rapidement » un référendum consultatif sur « l’orientation géopolitique » de la Moldavie, qui pourrait menacer l’accord d’association signé entre Bruxelles et Chisinau à la fin de 2013. Cet homme à poigne, président de la fédération nationale d’échecs, voit en Vladimir Poutine un modèle, veut « ramener l’ordre » dans son pays et y défendre les « valeurs traditionnelles », expliquait-il au Monde avant le premier tour, depuis son quartier général de campagne tapissé de clichés le montrant en compagnie du président russe ou du patriarche orthodoxe de Moscou.

« C’est dans l’intérêt de la Moldavie d’avoir des relations proches avec la Russie, mais surtout avec son marché », expliquait-il, alors que le Kremlin a largement fermé la porte aux importations moldaves depuis la signature de l’accord. Moscou est aussi le principal soutien de la République de Transnistrie, amputée au territoire moldave depuis 1991.

Hormis cette menace de référendum, les pouvoirs du président sont limités. Mais le nouvel élu bénéficiera d’une légitimité populaire immense, cette élection étant la première au suffrage universel depuis vingt ans. « Face à une classe politique à bout de souffle, Dodon dispose de des leviers pour faire dérailler le processus d’intégration européenne », estime le politologue Dionis Cenusa. Reste toutefois une incertitude : la volonté russe de s’impliquer en Moldavie. « Moscou veut évidemment conserver de l’influence en Moldavie, estime un diplomate occidental, mais le pays n’a toujours été qu’une pièce rapportée dans l’empire, pour laquelle les Russes ne veulent pas trop investir. Ils en ont déjà assez de devoir financer la Transnistrie. »

Devant l’importance de l’enjeu, plusieurs candidats proeuropéens s’étaient retirés de la course avant même le premier tour, laissant le champ libre à Maia Sandu, figure de la contestation antigouvernementale de 2015 et ancienne ministre de l’éducation formée à Harvard et passée par la Banque mondiale. Sa probité unanimement reconnue – une incongruité dans le paysage politique moldave – n’a pas suffi à combler le déficit de notoriété dont elle souffrait. Mais surtout, le soutien très mou dont elle a bénéficié de la part du gouvernement proeuropéen a soulevé des doutes quant à la réalité de ce ralliement. Pour nombre d’observateurs, l’élite proeuropéenne au pouvoir s’accommoderait mieux d’un président certes prorusse, mais avant tout populiste et en bons termes avec l’oligarchie, que de cette candidate résolument opposée aux pratiques opaques de la classe dirigeante.

Quoi qu’il en soit, la victoire de M. Dodon, en même temps que celle d’un autre candidat prorusse en Bulgarie, sonne comme un coup de tonnerre dans le ciel européen et constitue, s’il en fallait, un nouvel avertissement pour Bruxelles. La désillusion est d’autant plus forte qu’au fil des ans, l’ancienne république soviétique de Moldavie s’était imposée comme le « meilleur élève » du partenariat oriental, et un modèle régional. Le pays a aussi largement bénéficié des fonds européens, Bruxelles lui octroyant plus de 800 millions d’euros pour la seule période 2010-2015. Cela n’a pas empêché le soutien de l’opinion à l’Union européenne, supérieur à 70 % il y a quelques années, de devenir minoritaire.

Les ingrédients de la méfiance moldave sont en partie les mêmes que pour le reste du continent. Après un voyage de Mme Sandu à Berlin, la presse tabloïde avait par exemple assuré que la candidate avait accepté la demande insistante de la chancelière allemande, Angela Merkel, d’accueillir 30 000 réfugiés syriens. A cela s’ajoutent la présence d’une importante minorité russophone (plus de 20 %) et la diffusion importante des télévisions russes, populaires au-delà de cette seule minorité.

Mais l’explication principale du désamour est ailleurs. Elle tient à la faillite des partis politiques proeuropéens, au pouvoir depuis 2009. L’épisode le plus saillant de cette faillite fut la découverte, à la fin de 2014, de la disparition des caisses de trois banques du pays de 1 milliard d’euros, soit 15 % du PIB, qui vont durablement plomber le budget national. Le « casse du siècle » a profondément choqué un pays où 40 % de la population vit avec moins de 5 dollars par jour.

Plus généralement, le champ politique « pro-européen » a été monopolisé par des oligarques corrompus qui ont profité de leur accès au pouvoir pour faire main basse sur de larges pans de l’économie nationale et prendre le contrôle des institutions de l’Etat, en premier lieu la justice. L’un d’eux, Vladimir Plahotniuc, dont le Parti démocrate dirige les différentes coalitions gouvernementales depuis 2009, a focalisé l’essentiel des attaques durant la campagne présidentielle, jusqu’à son vrai-faux ralliement à MmeSandu.

« Ce sont ces gens qui ont décrédibilisé l’idée européenne, tempête un diplomate occidental. L’Europe est devenue ici synonyme de cette prédation organisée. Et les Européens eux-mêmes ont une part de responsabilité, pour les avoir laissé faire leurs affaires au nom de la sacro-sainte stabilité, et parce qu’ils brandissaient un drapeau européen. »

Alexei Tulbure, ancien représentant de la Moldavie à l’Organisation des Nations unies et au Conseil de l’Europe, qui fut un temps dans le parti de M. Plahotniuc, partage cette vision, et évoque même « l’épouvantail » de la menace russe : « Cette opposition géopolitique a été gonflée pour éviter que les sujets délicats soient abordés. Plahotniuc et ses gens vont continuer à jouer de cette menace en tentant de se présenter en uniques recours face aux prorusses. »

samedi, 23 mai 2015

The Tragedy of Moldova: Dependency, Globalization, & the Destructive Power of Elite Liberalism

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The Tragedy of Moldova:
Dependency, Globalization, & the Destructive Power of Elite Liberalism

Moldova is Europe’s poorest country. Tiny, landlocked, and with a population of about 3 million and shrinking, she is often ignored in modern writing on Eastern Europe. She is one of the many castaways of the 1990s, the imposition of the “free market,” and the “end of history.” Yet she was an important part of the old USSR. But after the breakup of the empire in 1990–1991, she fared even worse than Ukraine, reaching Fourth World poverty levels. 

Like so much in Eastern Europe, Moldovans overwhelmingly reject the west and “free markets.” Their sole hope is a customs union with the Shanghai Cooperation Organization (SCO). The much smaller Transnistrian Republic, formerly a part of Moldova, is expanding rapidly within the Russo-Chinese market and is proof of this argument, but the Romanian side, welded to the West, has failed.

Eurasia and the Transnistrian Republic

Moldova’s identity remains a problem that can only be solved through partition, especially as the two sides of the country move farther apart. She is an artificial creation taken from parts of Romania, Ukraine, and Belarus after the Second World War. As always, her diversity is nothing but a liability (Kaufman, 2006: 120). Her class imbalances are also enhanced by ethnic and linguistic division, making this failed state even further from a solution.

The Russian minority in the east is wealthier than the poor Romanians; it is a symbol of Eurasia versus Europe. Once the Romanian speakers took over in 1990, comprising a majority, the Russian minority began to worry about its future status. The new Romanian Popular Front based itself around the mobilization of marginalized Romanians and utilized anti-Slavic slogans to stoke resentment against Russians. Russians were envied for their economic and scientific prosperity as an important part of the USSR, but these Slavs were not voluntary migrants, but were sent by Stalin to raise the status of this area (Protsyk, 2002).

Riots erupted throughout 1989–1990 as the “Popular Front” made Romanian the sole official language. This implied that all offices at any level of government had to be utilized in Romanian. This also meant the private sector as well (King, 2000: 224–30). Fully understanding their intentions, the Russian minority, seeking aid from Moscow, separated though the formation of the Transnistrian Republic. She is thriving as a part of Eurasia. This connection is her lifeline to significance.

Using their own ruble, Moscow, true to the SCO’s mentality, leaves the economy alone. It develops as it needs to, not as an ideology demands. While Moldovan industries disintegrate, Transnistrian steel helps supply the growing economies of Russia and China (Kosienkowski, 2012: 52–57). Self-sufficient in power, the country had transitioned to a 100% gas-run power system in 2002. Russia subsidizes fuel to Moldova even given their anti-Russian rhetoric. The IMF is actually paying the Romanians to avoid any ties to Moscow, so her arrears are large and growing (Protsyk, 2002 and ES, 2006). The revival of the Russian market under Putin has ensured an equally strong market for Transnistrian goods. Thus, not only has Moldova missed out on Russo-Chinese growth, her war on the Russian-speaking east has removed her most productive ethnic group from contributing.

Moldova in the USSR

These present realities are a humiliating decline from the Soviet run system long dismantled. Moldova was seen as too small to be a threat, was able to develop in relative peace, and did not suffer the torments of the central regions of the USSR. In the first few years of the 1970s, industrial investment began to move east. The results were a 7.5% yearly rise in incomes. Throughout the 1970s and 1980s, the economy expanded rapidly into electricity, chemicals, automobiles, and automation equipment for assembly lines. In general, this production boom amounted to a 15% yearly growth when all sectors are considered (Fedor, 1995: 125–31). Exceeding their production quotas by 10% on the regular basis, Moscow had no incentive to harm her elite producers (Fedor, 1995: 105–109). Her industries were self-financing (and then some), so Moscow was not required to subsidize them or to reward failure. She was a model republic.

Even under this modified Soviet regime, Moldova was vulnerable to even a small shock. Profits, all told, increased by 15% yearly on average, but labor productivity had a tendency to rise only slowly. Given the absence of a market, this meant that production had little relation to wages. Given the “all union” nature of the economy, Moldova could be a major power in chemical engineering while only the elites had regular heat. These imbalances were to show themselves later (Fedor, 1995: 121).

Moldova grew even as the rest of the USSR stagnated. Moldova’s loyalty to Moscow, impressive production rate, and her importance in light industry permitted the Party to lower taxes and increase wages. She consistently registered a budget surplus made possible by 12–15% growth in high value-added industries on the cutting edge of (Soviet) science. Moldova focused on transformers, lighting, toolmaking, wine, and agricultural mechanization by the early 1980s (ibid).

The wage-production chasm made sure that this was not to last. Moldova grew rapidly without the ability to sustain these numbers. But beyond her capacity to sustain it. The USSR was designed as an economic machine where each region had a functional role (that is, what Moscow saw as their comparative advantage). Wages in Moldova were some of the highest in the USSR, but production, education, and medical care did not reflect this. Environmental degradation and all manner of corruption was permitted so long as the quotas were met and the regional elites were loyal (Lerman, 2006:440ff). Moldova reflected the eccentric nature of Soviet economics in that Third World lifestyles remained unchanged alongside a first class chemical and electric infrastructure (Fedor, 1995: 121).

Independence and the Catastrophe of the “End of History”

Watching the USSR disintegrate rapidly, Moldova, like Ukraine and so many other areas, was not prepared to rule itself as a European state. Suffering from a total lack of ethnic unity, economic cooperation and civic consensus were increasingly impossible. The resulting civil war in 1991–1992 was in part due to the chronic shortage of skilled labor. Moscow was thus forced to send Russians to the area, meaning that the success of the Moldovan SSR was not the work of native citizens (Kaufman, 2006: 119–120). Under the circumstances, this compound of economic and ethnic resentment was an easy way to create conflict.

Many of the Soviet-era corporations were being privatized. This meant that local rent-seekers and foreigners moved in and absorbed the labor of decades. The debt that the region carried just meant that this stock of capital was liquidated. By 1993–1995, the formerly high wages of the country went down by more than half, made more traumatic by runaway inflation, as prices for staple goods reached absurd levels. In 2000, the official poverty rate of Moldova was roughly 75%. By 2007, GDP was about 50% of its 1991 level while agriculture, always important, had fallen in value by more than 50% since 2009 (Bodewig, 2006: sec 3; World Bank, 2011 and Cantarji, 21–23).

Today, Moldova’s financial and fiscal policy shows no sign of improving. As in Ukraine, Moldovan officialdom has no rational structure. This reflects the lack of consensus or civic unity required to give purpose and goals to the state. The civil war harmed the economy in numerous ways as her Russian minority focused east, and Russia closed off her markets from her now overt enemies. Her post-Soviet nationalist government sought reunion with Romania, which, to say the least, was an unsuccessful gamble. The gray and black markets are likely the only thing keeping the shrinking and malnourished population from disappearing (World Bank, 2013 and Bodewig, 2007: sec. 13).

Any increase in exports is the result of trade with Eurasia, comprising mostly raw materials. Moldova cannot pay for any further Russian energy imports. In terms of value added goods, between 2009–2011 capital investments decreased by over 25% while industrial investment fell by 23% (ibid and Cantarji, 2013: 14–19). Machinery used in commercial construction has fallen 24%, while housing construction fell by more than 30%. This means that about 20% of all loans are non-performing, forcing the central bank to come close to total collapse. As the lei (the Romanian currency) is volatile and unstable, a situation caused by instability, social division, and inconsistent demands made by western banks (World Bank 2011: 14 and Husted and Melvin, 2013: ch. 12).

Generally, if debt is too high, and there is no compensating domestic savings, then foreign investment will have to make up the difference. However, the central bank in Moldova is neither trusted nor in control, and of course, under these unstable circumstances, no incentive exists to think of the long-term. The crisis economy forces short-term thinking, as investments have no assurance of any future in the country (Husted and Melvin, 2013: 114–16).

Moldova’s burnt her bridges to the east because her ethnic hate rejected any cooperation with Moscow. The false promises of the IMF have led to the endless devaluation of the lei and the inability of the public sector to finance itself (World Bank, 2011: 2). Devaluing the lei has permitted the government to laughably boast that its debt value has gone down (Srour, 2012: 15). Prices continue to skyrocket as productive capital is sold off.[1] Moldovan exports have been decreasing 8% yearly since 2008 while exports to the west have fallen by as much of 75% with little hope for the future (World Bank, 2013; Husted and Melvin, 2013: 358–61).

By contrast, the 400,000 people in Transnistria are industrialized and growing. With rising wages and no shortages of staple goods, the economy focuses on both steel and electricity. According to the anti-Russian NGO “Economic Statewatch,” this tiny country’s financial sector is efficient, profitable and stable (ES, 2006, pp. 68–70).

Moldova tragically declined from a rapidly developing country in a profitable relationship with a giant Soviet market to a Fourth World backwater in less than a generation. Most employment and exports in this traumatized society are in the lowest value added category. Imports of machinery fell by almost 40% in 2009–2013 and, in a related figure, fixed assets have lost at least 23% of their value just between 2010–2011 with no end in sight. In effect, even staple goods now need to be imported for a country that at one time fed a sizable chunk of the USSR (Bodewig, 2007). Ludicrously, the Moldovan government and its broke western sponsors resort to deception. They claim, for example, that the sale of their state gas company, Moldovagaz, to Gazprom is “foreign investment” (Bodewig, sec 17).

Presently, there is not a single credible argument that a) the EU will do anything positive for Moldova, b) that Russia will somehow harm Moldova, or that c) the “independence” of this micro-state has been anything but a disaster.

The anti-Russian policy has consistently produced depopulation, early death, declining health, high infant mortality, and a general mood of distrust and anger. Since there is exactly 0% demand for Moldovan goods anywhere (including Moldova), the Transnistrian experiment shows how beneficial the Eurasian market is for these nations. Adding insult to injury, most of their consumption since 2010 has been through the sale of what functional, fixed assets remain in the country. Moldova is quite literally eating itself (Bodewig, 2007: sec. 17).

In the 2007 Annual Session of NATO, the Moldovan meltdown is treated in depth. In 2007, the full demolition of the country was well underway, and its trajectory was clear. They had the honesty to admit the statistics mentioned above, and without any apparent neurotic effects from cognitive dissonance. NATO states that “The Republic of Moldova and its supporters should lobby for better market access to the EU, and work to have the Transnistria issue placed higher on the EU agenda” (Sec. 51).

They continue: “The EU should continue to challenge the status quo of the Transnistrian ‘conflict’ and work to achieve a solution” (sec. 52). This does not stop them from admitting, in section 11, that Russia’s recovery is fueling some Moldovan growth, as are remittances. Of course, such growth is not growth at all. Making their argument more convoluted, they then state that real investment in fixed assets is non-existent (sec 12).

Explaining to the world why NATO should have no economic opinions at all, they state at this early meeting, bringing understatement to a new zenith:

Needless to say, the Republic of Moldova’s economic transition has suffered a range of birth pangs. The first stage, initiated in 1990, involved the liberalisation of prices, trade and enterprise operations. A second phase began in 1993 when, in co-operation with the IMF and the World Bank, the Republic of Moldova pursued massive privatisation of state-owned enterprises, introduced a new and stable national currency (leu) and established a national securities market (sec 9).

This is the justification and rationalization of failure. The good news is that the rebellion against this has already been developed over the last year. The same Customs Union that allegedly sparked the violence in Ukraine has been the only boost to Moldova’s economy since Gorbachev. The socialist party, led in this policy area by Irena Vlach has, since 2012, began the process of re-integration into Eurasia. The results are predictable: Russian demands for Moldovan fruit and wine, as well as many other agricultural products, is boosting production in all areas.

The Lesson: Transnistria Continues as a Success due to the Eurasian Market

TransnistrianRegionMap.pngMore irritating to the west, the Eurasian idea, very popular in Transnistria, argues that any entry into western markets requires success first in Eurasia. Since this unrecognized nation is sandwiched between Romania and Ukraine, her geography is unfavorable. Yet, it is only the Russian republic there that has any chance of continued development.

The World Bank has Moldova at well below 100 in its “Doing Business” survey. They are equal to Botswana and Ghana. Moldova in 2013 alone lost 2 billion lei due to debt and trade deficits, so that all public services have been slashed. In Ukraine, the minimum wage is $240 a month, while Moldova lives impoverished at $85 in 2012 American dollars. In Transnistria, it is almost 300% higher even under a US enforced blockade of the country though Romania and Ukraine. The Marketing and Public Opinion Institute in Chisinau has 80% of the population registering contempt for the EU. In 2006, 97.1% of the eastern portion of Moldova voted for integration with Russia.

Thus, as both Moldova and Ukraine fall below Fourth World status, Transnistria, under an embargo from its two neighbors, remains prosperous and unified. Worse for the EU, her success has made her an important source of trade with the EU itself. About 30% of this small country’s exports are to the EU, showing that profit is profit regardless of whether elites recognize the nation. As Russia has brought this tiny country into its own orbit (and hence that of China and the SCO) her budget has a surplus and her financial sector is stable. Moldova permitted about 600 Russian businesses from Transnistria to officially register in Moldova so as to circumvent EU sanctions. Hence, the success of the Russians here have forced their enemies to accept their requests and – no doubt – register these as “Moldovan” capitalists. Today, much of the Moldovan budget comes from Russian businesses!

In the World Bank paper on Transnistrian economics, we read:

In the first half of 2003, economic activity in the region has increased again as it is reflected in GDP growth of 18.4% with investments in fixed capital increasing by 2.9%, hence reducing the trade deficit by 35.5%. However These positive developments were combined with increased inflation. In January through August 2003 the average monthly inflation rate was 2.1% and it rose at the end of this period to 18% (in 2002, respectively 0.3 and 2.5%). Despite the commitment of the regional administration to alter the structure of the economy and the state, the economy remains in a transition stage (CISR, 2003: Translation mine).

This older study is important since it connects Transnistrian prosperity with Russian. Further, it shows that the increase in Moldovan trade has much to do with “illegal” relations with the Russian speaking east. The study goes on to show that the rational system of Transnistria, her relatively open economy and first class labor pool have ensured its prosperity regardless of the demands of the EU. Not too long after this study was released, by 2006, Transnistria was running a 200% trade surplus with Ukraine and almost 300% with Belarus.

Privatization was done under tight state control, and slowly: the oligarchs that rule Ukraine did not develop there. Attracting Russian and Eurasian investors stabilized the economy early. Her excellent relations with Gazprom ensure cheap power. Once secure in her economic policy, this tiny country then permitted more western FDI, to the chagrin of Moldova. While still unrecognized, Transnistria has forced her recognition through economics.

The lessons here are clear: first, rational economic policy will create the respect that diplomacy cannot. Second, the EU is incapable of helping these small societies as its own society is near total economic collapse. Third, to plug into a massive Eurasian market with total freedom of policy development works: the IMF does not. In his analysis of Transnistria and the EU, Andrew Mospanov states:

The last 20 years are sufficient to judge the results of the western economic model. The main conclusion is that economic integration with the West strengthens the strong economy and undermines the weaker, soon to push them out of competition entirely and, finally, making them chronically dependent (Mospanov, 2013: translation mine)

Failures in 1990s Russia, today’s Ukraine, Bulgaria, and Moldova show this as the success of Putin’s Russia, China, Belarus, and the tiny state of Transnistria confirm it. The western “market” system is only for those already in control. He continues:

We know that integration [into the EU] in Latvia, Lithuania and Estonia, as well as the Czech Republic, Hungary and Poland led to significant structural changes in the economy of these countries. The changes have been very painful. Poland almost lost its coal industry and shipbuilding; Hungary, lost its well-known bus plants; Estonia and Lithuania saw their dairy industry destroyed, as well as its energy sector, mechanical engineering and other key sectors were lost to the more powerful EU states. In Latvia there are no more sugar factories (Mospanov, 2013: translation mine).

The only difference between these countries and Transnistria is the lack of formal ties with the EU. It is that union that has crippled and destroyed these countries and their significant industries. The future lies with Russia, China, and the Shanghai Cooperation Organization. Ukraine, Moldova, and Bulgaria, just to name three, should abandon the western sinking ship and focus on an area that actually wants their products.

Bibliography

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Моспанов, A (July 2013) Почему Приднестровью нельзя в зону свободной торговли с ЕС? Eurasia Informer Online http://eurasiainform.md/pochemu-pridnestrovyu-nelzya-v-zonu-svobodnoj-torgovli-s-es-andrej-mospanov.html [3]

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Cantarji, Vasile (2013) Costs and Benefits of Labor Mobility between the EU and the Eastern Partnership Countries Country Report: Moldova. Center for Social and Economic Research, Warsaw. CASE Network Studies and Analyses No. 465

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Srour, G and Michael Gorbanyov (2012) IMF Selected Issues. IMF Country Report No. 12/289 https://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2012/cr12289.pdf [10]

World Bank (2011) Moldova After the Global Crisis: Promoting Competitiveness and Shared Growth. Poverty Reduction and Economic Management Unit, Europe and Central Asia Region: Report 55195-MD

Note

1. Cantarji, 2013 foolishly accepts official figures on the “economic recovery.” Apparently, he is the only one on earth who does, cf 15ff. He also says, however, that it is foreign remittances that are fueling it (ibid). Many of his figures are contradicted to an extreme by the World Bank, esp. 2013. However, The Bank does believe that revenue has increased. In truth, the devaluation and increase in taxes is the case for that, not sane policy.

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[6] http://rudar.ruc.dk/bitstream/1800/8920/1/Leilah_Bruton_The_Republic_of_Moldova_Time_for_a_New_EU_Strategy_SWP_CPN_1999.pdf: http://rudar.ruc.dk/bitstream/1800/8920/1/Leilah_Bruton_The_Republic_of_Moldova_Time_for_a_New_EU_Strategy_SWP_CPN_1999.pdf

[7] http://www.ceeol.com/aspx/getdocument.aspx?logid=5&id=18fc81ca-d52d-4a8a-98fb-63ea194fd695: http://www.ceeol.com/aspx/getdocument.aspx?logid=5&id=18fc81ca-d52d-4a8a-98fb-63ea194fd695

[8] http://www.worldbank.org/en/news/feature/2013/04/10/moldova-economic-update: http://www.worldbank.org/en/news/feature/2013/04/10/moldova-economic-update

[9] http://www.policy.hu/protsyk/Publications/NationalisminMoldova.pdf: http://www.policy.hu/protsyk/Publications/NationalisminMoldova.pdf

[10] https://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2012/cr12289.pdf: https://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2012/cr12289.pdf