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mercredi, 07 février 2024

Le pragmatisme transcendantal vu par le philosophe Adriano Tilgher

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Le pragmatisme transcendantal vu par le philosophe Adriano Tilgher

Comme l'a écrit Gian Franco Lami, qui s'est longuement penché sur cet auteur, le pragmatiste transcendantal est aussi un auteur qui vise à faire "un pas pour la vie, un pas pour la pensée".

par Giovanni Sessa

Source: https://www.barbadillo.it/112719-il-pragmatismo-trascendentale-visto-dal-filosofo-adriano-tilgher/

Théorie du pragmatisme transcendantal. Doctrine de la connaissance et de la volonté, en librairie grâce aux éditions InSchibboleth

Pour moi, la philosophie italienne de la première moitié du 20ème siècle n'est en aucun cas une expression "provinciale" et marginale de la pensée européenne. Au contraire, la pensée italienne, qui a été très articulée dans sa proposition théorique au cours du 20ème siècle, a produit des penseurs exceptionnels. Parmi eux, Adriano Tilgher a joué un rôle central. Notre affirmation semble confirmée par la lecture de la nouvelle édition de son œuvre capitale, Théorie du pragmatisme transcendantal. Doctrine de la connaissance et de la volonté, en librairie grâce aux éditions InSchibboleth (sur commande : info@inschibboloethedizioni.com, pp. 357, euro 26.00). Le volume est édité par Michele Ricciotti, auteur d'une introduction organique qui permet au lecteur de contextualiser la pensée de Tilgher d'un point de vue historico-théorique. Le volume est en outre enrichi d'un appendice qui rassemble un article crucial sur La polemica Croce-Gentile.

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L'itinéraire spéculatif du penseur a commencé, au début du 20ème siècle, sous le signe de Croce. Le philosophe de Pescasseroli se dépense en faveur du jeune homme entreprenant, même pour des questions personnelles: il demande et obtient pour lui un poste de bibliothécaire à Turin et, plus tard, son transfert à Rome, à la bibliothèque "Alessandrina". Il lui confie également la traduction de la Doctrine de la science de Fichte, publiée par Laterza. Très vite, l'"agité" Tilgher saisit le caractère problématique de la doctrine du distinct. Selon lui, dans Croce: "le passage du "moment intuitif" au "moment perceptif" semble se faire à travers "un passage mystérieux et incompréhensible" (p. 11), note l'éditeur. Cet "inexplicable" mettait en question "la relation de distinction entre volition et intuition, qui impliquait à son tour celle entre philosophie pratique et connaissance théorique" (pp. 11-12). Un hiatus semble se creuser entre le distinct et son "extérieur": il se manifeste clairement dans l'art. Le "sentiment", contenu de l'intuition, "risquait d'échapper aux mailles du système" (p. 12). Tilgher fait du "sentiment" un moment dialectique négatif. Cette position sera confirmée plus tard, de manière complète, dans l'Esthétique de 1931.

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Le pragmatiste estimait que dans l'Esthétique de Croce de 1902, l'art se présentait comme une connaissance de l'individu, ce qui excluait la matière chaotique et sans forme. Par la suite, le penseur abruzzais a identifié cette matière aux formes de l'esprit pratique. L'art organise en quelque sorte une matière déjà donnée, il est réduit à une "théorie de l'intuition" (p. 14).

La Théorie rassemble une dizaine d'essais publiés par Tilgher dans des revues et journaux de 1909 à 1914, qui, remaniés, forment les dix chapitres du volume. Le texte a donc un caractère systématique. Dans ses pages, le point de départ se trouve dans l'identité idéaliste de l'être et du savoir. Toutefois, cette perspective spéculative pose la connaissance, non comme donnée ultime, dans la mesure où son principe réside "dans l'acte par lequel l'esprit surgit comme abstraction absolue de toute donnée empirique, comme volonté pure" (p. 39), autonome et s'affirmant elle-même. Le pragmatisme transcendantal est donc toujours in fieri. Dans ce contexte, le thème de l'art revient au premier plan. L'exégèse originale de Tilgher va au-delà des lectures habituelles de la "mort de l'art" hégélienne, et au-delà de la tournure historiciste que la question avait chez Croce : "L'art n'est nullement destiné à la fin "historique", mais à la mort et à la renaissance dialectiques" (p. 16). Seule sa mort, sa nature iconoclaste, lui permet de ressusciter sous des formes toujours nouvelles, car sa "forme" ne peut contenir la conscience de soi, mais transcrit le rythme de la vie.

9782266309851-200x303-1.jpgLe renversement de l'approche de Croce rend explicite la temporalité inévitable de l'art, sa dimension hyperbolique. Pour Tilgher, c'est le "progrès", le fait de procéder, qui fonde l'historicité : "Non pas, donc, le progrès de l'art, [...] mais le progrès dans l'art" (p. 145). Ce qui est présent dans la dimension poïétique, c'est la dynamique de l'automédiation de l'immédiat. La vie et la pensée ne font qu'un. Dans la Théorie, le dernier chapitre témoigne d'une proximité des thèses tilghériennes avec celles de Gentile, qualifié par la suite de "béhémoth triomphant". L'annexe montre d'ailleurs comment, pour le pragmatiste, la controverse entre Croce et l'actualiste s'est en réalité construite sur des bases fictives: les deux étaient plus proches qu'ils ne le pensaient. Tilgher se place à égale distance de l'un et de l'autre, revendiquant une sorte de primauté chronologique dans sa critique de la philosophie de Croce. Dès ses premiers travaux, il était convaincu que : "entre les "formes absolues de l'esprit" il n'y a [...] pas de gradualité [...] mais un rapport dialectique entre les contraires, une oscillation entre le Moi et le non-Moi, l'art et la philosophie, la conscience et la conscience de soi" (p. 21), une conversion continue. Ce qui rapproche sans doute Tilgher de Gentile, note Ricciotti : "Le premier de la philosophie [...] est [...] un acte absolu [...] donc négativité et liberté absolues, il n'a rien au-dessus de lui-même" (p. 334). Contrairement à l'actualisme, pour Tilgher, "la conscience de soi reste un point de départ qui [...] doit être déduit". D'où les réserves contre une conscience comprise comme un pur acte" (p. 23), incapable d'expliquer le devenir de l'esprit.

Au-delà des invectives anti-actualistes de Lo spaccio del beione trionfante, Tilgher est conscient du tournant actualiste (comme Evola et Emo), notamment dans la manière de lire l'histoire. Gentile vit le passé comme une production du présent, bouleversant par ailleurs la conception aristotélicienne de l'acte pur. Le philosophe de Castevetrano restitue ainsi à l'acte, dépoétisé par le Stagirite, la dimension du possible qui ne peut jamais être normalisé, exposant l'histoire et l'homme à l'éternel novum de la liberté. Cette exégèse de l'actualisme est, selon moi, un héritage vraiment précieux. Un écho du "je" fichtéen résonne dans cette thèse tilghérienne. Malheureusement, l'immédiateté gentilienne est restée une monade fermée sur elle-même, incapable de comprendre les "autres" immédiatetés, affirme Tilgher, et incapable de s'ouvrir à la médiation elle-même. En bref, conclut Ricciotti, pour contextualiser l'expérience de Tilgher, il est nécessaire de la situer entre Croce et Gentile : "Pas dans leur ombre, mais dans l'interstice qui les sépare et les unit" (p. 30).

Comme l'a écrit Gian Franco Lami, qui a longuement travaillé sur Tilgher, à propos d'Evola, le pragmatiste transcendantal est aussi un auteur qui veut faire "un pas pour la vie, un pas pour la pensée". Dans l'état actuel du débat philosophique, ce n'est pas rien.

Giovanni Sessa

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mercredi, 11 mai 2022

Le Pragmatisme: Outil d'Analyse d'un Monde Complexe - Questions à Gérard Dussouy

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Café Noir N.44

Le Pragmatisme: Outil d'Analyse d'un Monde Complexe

Questions à Gérard Dussouy

 
 
Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde. Émission du mardi 10 mai 2022 avec Gilbert Dawed & Gérard Dussouy. Le sommaire et le lien du livre de Dussouy ci-dessous.
 
 
SOMMAIRE
00:34 – Auteur
01:01 – Pourquoi ce livre?
04:41 – Mondialité postmoderne?
09:11 – La philosophie pragmatiste & le pragmatisme méthodologique?
15:58 – Evaluation du monde actuel?
23:10 – Conclusion
 

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Gérard DUSSOUY est professeur émérite à l’Université de Bordeaux. Ses travaux portent sur l’épistémologie de la géopolitique et des relations internationales, et sur la théorisation de la mondialité. Il en a retenu que le pragmatisme méthodologique est la manière la plus efficace d’approcher la réalité. Il en a acquis la conviction que l’Etat européen est devenu indispensable aux Européens afin qu’ils maintiennent leur civilisation.
 

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Description du livre

Pour comprendre le monde dans lequel nous sommes entrés, celui de la mondialité connexe et synchrone, la meilleure méthode est de s’inspirer des enseignements des auteurs pragmatistes, philosophes et sociologues, qui, tout au long des siècles passés, depuis les Grecs jusqu’à Richard Rorty, se sont évertués, et limités, à interpréter le leur. Loin de rechercher la vérité, de courir après une transcendance ou de vouloir accéder à l’essence des choses, le pragmatisme méthodologique s’efforce plus modestement de contextualiser la pensée qui guide l’action des hommes.

Le premier objectif de ce livre est de retracer les parcours intellectuels de tous ceux qui ont permis, d’une manière ou d’une autre, l’éclosion de l’épistémologie pragmatiste. Celle-ci voudrait faire partager l’idée que l’objet de la science politique consiste à interpréter les configurations interactives de pouvoirs et d’acteurs qui se proposent à elle. Et cela sans aucune prétention universelle ou prescriptive, mais en restaurant le lien, rompu par les Modernes, entre la culture et la nature.

Le moment de cette mutation est particulièrement propice. En effet, le monde est entré, depuis sa globalisation, dans une ère post-occidentale et post-moderne. Or, cette mondialité effective est caractérisée par l’existence de plusieurs nœuds gordiens dont nul ne peut prévoir comment ils seront tranchés. Au moment où a été écrit ce livre, avant l’irruption de la pandémie globale du coronavirus qui ajoute un autre stress, cinq d’entre eux étaient identifiables : celui du changement climatique et de la sauvegarde de l’environnement, celui de la démographie mondiale et de ses déséquilibres, celui de l’avenir incertain de la croissance économique, celui des sociétés fragmentées et numérisées, et enfin celui des nouvelles architectures de la puissance internationale et civilisationnelle. La complexité de leurs interactions ne laisse place qu’à l’interprétation et qu’à des politiques commandées par l’adaptation et par la survie.

Informations complémentaires

Auteur(s)

Gérard Dussouy

Editeur

AVATAR Editions

Date

15/09/2021

Collection

Agora

Pages

394

Dimensions

156 x 234 x 29

Dos

Broché

Isbn – Ean

9781907847677

Format

Livre

Autre

Disponible à partir du 01/07/2021

 
Le Pragmatisme: Outil d'Analyse d'un Monde Complexe
 
CHAINE AVATAR EDITIONS SUR ODYSEE

mercredi, 10 juin 2009

Idealisme en pragmatisme

Idealisme en pragmatisme

"Pragmatisme zonder ideaal is een dwaasheid. Ze wordt een ideologie: die van de negatie van het idealisme, verschoven naar het irreële, dat van de illusoire controle van alle parameters dat toestaat een globale visie achterwege te laten. Het doet niets dan zichzelf herbevestigen maar laat zich tegelijk blind, in plaats van in een richting te sturen naar een doel. Het pragmatisme is conservatief: het functioneert enkel binnen een raamwerk waar het zichzelf niet in vraag moet stellen. Idealisme zonder pragmatisme is ook een dwaasheid, het is autistisch, het weigert zich aan te passen een de realiteit. Pragmatisme en idealisme slaan allebei door wanneer ze hun grenzen vergeten. Maar vandaag de dag lijken de idealen de politiek verlaten te hebben. Men trekt zich er niets van aan, men schrijft ze toe aan de extremen. Soms zijn ze echter opgeslorpt door pragmatisme: om verkozen te worden. Het pragmatisme dat zich van het idealisme dient is een cynisme. Heeft het pragmatisme het idealisme verslagen? Wat men moet doen is de dingen hun plaats toekennen: het idealisme moet zich dienen van het pragmatisme en niet omgekeerd. […] Desalniettemin is het sterk dat we vandaag moeten vaststellen hoe het idealisme zoals we dat kennen gecatalogiseerd is als een soort extremisme. De uitleg neigt altijd naar het opgraven van de geschiedenis van idealen die over een weg van totalitarisme en moordende ideologieën zijn gegaan. Maar paradoxaal genoeg wordt het pragmatisme op zijn beurt ook een ideologie. […]

De visie van de economie gebaseerd op concurrentie, en op zich al de idee van aan economie de centrale plaats in de politiek te geven, maakt deel uit van het consensus dat we kunnen omschrijven als “de pragmatische ideologie”. De economie is zelf een middel en geen einde. Het als geprivilegieerd voor de rest laten komen, is dus geen idealen hebben. Zou het thans niet mogelijk zijn dit principe van concurrentie voorbij te gaan? Zijn wij op dit moment onbekwaam om in te beelden dat andere modellen, gebaseerd op collaboratie, mogelijk zouden zijn? Om deze proberen toe te passen? Is het enkel mogelijk de buitensporige aanwezigheid van bepaalde principes binnen het principe van economische optimalisatie zelf te bevestigen? Is het “gestoord” op dit moment? Daarom is het vandaag hoognodig geworden een herbronning – met pragmatisme – van een echt rationeel idealisme na te streven."


Quentin, Agoravox, 25 juin 2008

Bron:
Synergies Européennes

jeudi, 04 juin 2009

Idéalisme et pragmatisme

 

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Idéalisme et pragmatisme

Lundi, 25 Mai 2009 - http://unitepopulaire.org 

 

« Le pragmatisme sans idéal est une folie. Lui aussi devient une idéologie : celle de la négation de l’idéalisme, relégué à l’irréalisme, celle de l’illusoire contrôle de tous les paramètres permettant de se passer de vision globale. Il ne fait que renforcer la force pour ce qu’elle est mais la laisse aveugle, au lieu de la diriger vers un but. Le pragmatisme est conservateur : il ne fonctionne que dans un cadre qu’il ne saurait remettre en question de lui même. L’idéalisme sans pragmatisme aussi est une folie, s’il est autiste, qu’il refuse de s’adapter au réel. Pragmatisme et idéalismes tous deux deviennent fous quand ils finissent par ignorer leurs limites. Mais aujourd’hui les idéaux semblent avoir déserté la politique. On s’en méfie, on les relègue aux extrêmes. Parfois cependant ils sont profanés par pragmatisme : pour se faire élire. Le pragmatisme se servant de l’idéalisme est un cynisme. Le pragmatisme a-t-il vaincu l’idéalisme ? Ce qu’il faut, c’est remettre les choses à leurs places : l’idéalisme doit se servir de pragmatisme, et non l’inverse. […] Cependant force est de constater qu’aujourd’hui l’idéalisme quel qu’il soit est catalogué comme étant forcément un extrémisme. L’explication tient sans doute dans ce que l’histoire des idéaux est pavée de totalitarismes et d’idéologies meurtrières. Mais paradoxalement le pragmatisme devient lui aussi, à son tour, une idéologie. […]

 

La vision de l’économie fondée sur la concurrence, et le fait même de donner à l’économie une place centrale en politique, fait partie du consensus de ce qu’on pourrait appeler "l’idéologie pragmatique". L’économie elle même est un moyen et non une fin. La privilégier devant le reste, c’est donc ne pas avoir d’idéaux. Pourtant ne serait-il pas possible de dépasser ce principe de concurrence ? Sommes nous à ce point incapables d’envisager que d’autres modèles, basées sur la collaboration, soient possibles ? D’essayer de les mettre en œuvre ? Est-il seulement possible d’affirmer la prépondérance de certains principes sur le principe d’optimisation économique lui même ? Est-ce "fou" à ce point ? C’est pourquoi aujourd’hui il devient urgent de réhabiliter – avec pragmatisme – un véritable idéalisme rationnel. »

 

Quentin, Agoravox, 25 juin 2008