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lundi, 12 février 2007

Remarques impertinentes sur Léopold III

Robert Steuckers:

Remarques impertinentes sur Léopold III

Le 3 novembre 1901,le futur roi Léopold III de Saxe-Cobourg-Gotha naît à Bruxelles. Fils d’Albert de Saxe-Cobourg-Gotha et d’Elizabeth von Wittelsbach, princesse bavaroise, le destin de ce royal garçon est évidemment marqué par la première guerre mondiale, qui ne lui donne pas l’occasion de suivre une formation intellectuelle classique, mais, en revanche, le met en contact avec les grands de ce monde, dans la tourmente effroyable du conflit. Réfugié dans une villa à La Panne avec ses parents, villa qui leur tenait lieu de résidence de guerre, c’est là, à quelques kilomètres du front, qu’il passe son adolescence, de treize à dix-sept ans, années cruciales pour tout homme.

Bon cavalier et bel homme, il épouse, immédiatement après l’espoir de paix qu’éveille le Traité de Locarno, en 1926, la princesse suédoise Astrid, descendante de Bernadotte, épouse séduisante qu’il perdra en 1935, dans un accident d’automobile à Küssnacht en Suisse. Ce mariage s’inscrit dans la volonté de ses parents d’unir diplomatiquement, et par liens dynastiques, les petites puissances européennes, notamment les pays du Benelux et les royaumes scandinaves, la Suisse et l’Autriche.

Cette volonté culminera dans les fameux accords d’Oslo de 1931. Le but de ces convergences et accords était de maintenir la paix en Europe et de la soustraire au bellicisme français, qui ne désarmait pas. Après la mort, demeurée mystérieuse et non élucidée, de son père, au pied du rocher de Marche-les-Dames, en bord de Meuse, le 17 février 1934, il monte sur le trône et travaille immédiatement, avec l’aide précieuse d’un Conseil de la Couronne, à redonner à la Belgique son statut de neutralité. En octobre 1936, il proclame officiellement ce statut de neutralité, ce qui lui vaut, dès le lendemain, un déchaînement de haine inouï dans la presse parisienne.

C’est le début de ses ennuis : en 1940, quand les troupes françaises abandonnent à la mitraille de l’infanterie, des blindés et des Stukas allemands, leurs auxiliaires marocains à Gembloux, parce que leur arrière-garde s’est occupée à piller les caves à vin de Charleroi, à mettre à sac des maisons civiles, à souiller la literie des foyers où elle séjournait, le front allié s’effondre, le coup de faux de Sedan achève d’en disloquer la cohésion et l’armée française reflue, battue, vers Paris et vers la Loire. Paul Reynaud, politicien histrionique de la Troisième République, dégoise un flot d’insultes sur le Roi et sur la Belgique, amenant la population française à maltraiter les femmes et les enfants de notre pays, réfugiés dans l’hexagone qui s’écroulait comme un château de cartes. Le souvenir de cette bestialité gauloise, sadique et mesquine, est encore très vivace dans l’esprit de ceux qui ont vécu cette époque. Léopold III décide alors de rester en Belgique, avec le statut de prisonnier de guerre.

On lui reproche de se marier en 1941, avec son amie, Liliane Baels, future Princesse de Réthy. Après la guerre, les socialistes et les communistes, mais aussi les libéraux laïcards et anti-monarchistes, mèneront une campagne sordide -où la malheureuse Liliane Baels était traitée par ces « défenseurs du peuple » de « Princesse Rollmops » et de « Poissonnière de Laeken », sous prétexte que ses grands-parents étaient issus d’une lignée de pêcheurs et de poissonniers d’Ostende- pour chasser du trône un monarque, qui entendait garder la barre sur les affaires du royaume. Cette présence royale, cette vigueur régalienne, devait faire place aux accommodements et aux arrangements, aux corruptions et aux vilenies de la partitocratie.

Pendant cinq ans, en l’absence du Roi et de sa famille exilés en Suisse, le pays a vécu une sorte de guerre civile, où, finalement, après des provocations communistes dans la région de Liège, quelques gendarmes affolés tirent sur une foule et tuent cinq manifestants. Le sang a coulé. Le Roi abdique en faveur de son fils, malgré qu’il ait été plébiscité en Flandre (72% de « oui »).

Après de multiples tiraillements, en butte à la haine inextinguible des socialistes, des francophiles et des anglophiles, Léopold III se retirera des affaires du royaume et entamera une magnifique carrière d’explorateur, notamment en Amazonie. Sa fille Esmeralda, issue de son deuxième mariage, qui fut journaliste au « Figaro Magazine » du temps de Louis Pauwels, publiera un bel ouvrage sur cette facette de la vie du Roi, peu connue du grand public. Il se trouve en ce royaume quelques esprits chagrins, républicains mais c’est leur droit le plus strict et on ne le leur reprochera pas vu l’effondrement de la monarchie justement après l’abdication de Léopold III, pour aller reprocher au père de Baudouin I et d’Albert II, d’avoir partiellement mené ces explorations scientifiques en Amazonie, en s’aidant du savoir-faire du célèbre Ernst Schäfer, qui avait mené une expédition scientifique allemande au Tibet en 1938-39. On prétend que ce Prof. Schäfer a appartenu à la SS. Aucun procès après-guerre n’a évidemment condamné cet explorateur audacieux et sympathique, qui avait mené, dans l’Himalaya, toutes ses expéditions avec la bénédiction des autorités britanniques !

Qui plus est, cette expédition himalayenne, même à notre époque d’hypertrophie, de démesure et de folie en matière de « correction politique », a été à la base d’un très beau film contemporain, de Jean-Jacques Annaud, intitulé « Sept ans au Tibet », où le rôle principal est joué par l’acteur américain Brad Pitt. Ni Annaud ni les lobbies du cinéma n’ont trouvé à redire quoi que ce soit. Il a donc fallu l’intervention d’un petit publiciste, soi-disant « conservateur », américanophile, anglomane et ridicule pour ressortir cette histoire, en imaginant qu’elle allait provoquer un scandale, une émotion et la chute d’une monarchie, qui, de surcroît, est déjà bel et bien tombée en 1951, et dans la pire des gadoues, celle de la partitocratie. Léopold III meurt en 1983, peu après un autre grand Belge, Georges Rémy, dit Hergé, qu’une quantité de sots a également cherché à incriminer.

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