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lundi, 10 décembre 2007

1991: Indépendance du Nagorny-Karabagh

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10 décembre 1991: L’enclave arménienne d’Azerbaïdjan, le Nagorny-Karabagh se déclare indépendante. Le Nagorny-Karabagh est le nom russe, plus courant, de ce qu’il convient désormais d’appeler en français le « Haut-Karabagh », terme linguistiquement mixte, « bagh » signifiant « jardin » en langue persane, et « kara », « noir » en turc. « Karabagh » signifie dès lors « Jardin noir ». C’est un territoire de 5000 km2, dont la capitale est Stepanakert. Les Arméniens, qui peuplent cette région montagneuse du Caucase méridionale, préfèrent lui donner désormais le nom d’ « Artsakh ».

L’histoire contemporaine de cette région commence au Traité de Versailles, de sinistre mémoire, où, contrairement aux peuples d’Europe centrale et orientale, les Arméniens, pour s’être révoltés contre les Turcs, obtiennent des avantages. Ils reçoivent un pays désenclavé, avec une large fenêtre sur la Mer Noire. Mais dès 1921, les troupes bien aguerries et bien commandées de Mustafa Kemal Atatürk battent les Arméniens, conquièrent l’Arménie occidentale et le pays de Van, coupent l’Arménie résiduaire de la mer en conquérant la côte pontique, ramenant tout cet ensemble territorial dans le giron turc. Les Arméniens sont contraints de demander la protection de la Russie, devenue bolchevique. C’est ainsi que s’est créée une « République socialiste soviétique d’Arménie », qui sera bien vite dissoute, pour être incluse dans une vaste entité, la « République socialiste soviétique de Transcaucasie », laquelle sera à son tour dissoute en 1936, année où une nouvelle fois, les Soviétiques créent une « République socialiste soviétique d’Arménie », distincte des autres entités sud-caucasiennes.

Cette république existera jusqu’au 21 septembre 1991, où, dans le sillage de la dissolution de l’URSS, elle se proclame indépendante. Dans toute cette effervescence, le Haut-Karabagh, bien que peuplé d’Arméniens, avait été inclus dans la « République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan ». Dans l’optique des Soviétiques, à l’époque, il fallait amadouer les peuples turcs d’Asie centrale pour qu’ils rejoignent le grand projet révolutionnaire communiste. Staline, alors chef du « Bureau Caucasien » du Comité central du parti bolchevique, avait imposé cette cession du Haut Karabagh aux Azéris, qui en firent toutefois une région autonome dans leur république.

Dès la fin de la période de la perestroïka de Gorbatchev, les Arméniens du Haut Karabagh avaient proclamé la sécession d’avec l’Azerbaïdjan le 12 juin 1988. Les Azéris avaient réagi avec une violence extrême, déclenchant des pogroms sanglants, notamment à Soumgait et à Bakou, où des centaines d’Arméniens avaient été massacrés. Les Azéris suppriment également le statut d’autonomie que Staline avait octroyé aux Arméniens du Haut Karabagh. Dès 1991, l’Arménie et les montagnards du « Jardin noir » passent à l’offensive, vengent les victimes des atroces pogroms azéris et obtiennent la victoire, au prix de 17.000 soldats arméniens tués au combat. La Russie avait appuyé l’Arménie et, le 8 mai 1992, l’armée arménienne était entrée dans la ville de Choucha, scellant la défaite des Azéris, soutenus par la Turquie et les Etats-Unis.

Le 12 mai 1994, la Russie obtient qu’une trêve soit signée. Alors que les peuples européens perdent sur toute la ligne, reculent face à l’alliance islamo-yankee, la victoire arménienne est le seul succès enregistré au cours de ces deux dernières décennies. En effet, les troupes arméniennes ont conquis le territoire azéri situé entre l’enclave du Haut Karabagh et la frontière arménienne, poussant la frontière plus à l’Est, au détriment d’un peuple turc. La haine que vouent Turcs et Azéris à l’endroit des Arméniens, vient du fait que ce peuple européen, depuis les invasions seldjoukides, a toujours tenu tête au flux ininterrompu des nomades turcs venus du fin fond de l’Asie et occupent un territoire qui peut éventuellement servir de verrou à cette expansion.

La présence de l’Arménie dans le Caucase méridional empêche la continuité territoriale, dont rêvent les Turcs, et qui devrait s’étendre de l’Adriatique à la Muraille de Chine. La question arménienne, et, partant, celle du Haut Karabagh, amène des pays comme la Grèce et l’Iran à soutenir l’Arménie et à se rapprocher de la Russie, car ni Grecs ni Arméniens ni Russes ni Iraniens, unis par une solidarité indo-européenne, n’ont intérêt à ce que la continuité territoriale des pantouraniens soit un jour une réalité politique.

Notons que sur la pression des Etats-Unis et des lobbies pro-américains, l’UE condamne l’occupation de territoires azéris par les Arméniens et refuse de reconnaître la courageuse république d’Artsakh, sous prétexte qu’elle a fait sécession. Mais quand des souteneurs et des trafiquants de drogues albanais, financés par l’Arabie Saoudite, font sécession au Kosovo, l’UE applaudit, verse des subsides et des torrents de larmes. Au Kosovo, c’est une bonne sécession parce que les sécessionnistes sont financés par l’Arabie Saoudite. En Artsakh, c’est une mauvaise sécession parce que cela contrarie les pogromistes turcs. Deux poids, deux mesures.

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