vendredi, 22 mars 2013
Chypre : braquage à l’européenne
Chypre : braquage à l’européenne
C’est peut être le faux pas européen de trop!
par Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr/
Le gouvernement de Nicosie, sous la pression de l’Europe, a pris la décision de ponctionner les comptes des épargnants pour obtenir un prêt de 10 milliards d’euros, C’est en contradiction totale avec les promesses de la crise de 2008 pour éviter un retrait massif et une panique bancaire. Devant l’émotion, le gouvernement de l’ile a accepté de ne « raquetter » que les comptes supérieurs à 20.000 euros mais bien au dessous des 100.000 garantis par Bruxelles.
Cela signifie que plus personne n’est à l’abri et que si nécessité financière s’en fait sentir, l’Europe n’épargnera personne….. Surtout pas les épargnants. C'est d'autant plus surprenant qu'il était à l'origine question de coupes dans les salaires ou dans les pensions, qui font partie des mesures "traditionnelles" appliquées dans les autres pays européens sous assistance financière.
Nous sommes en face d’une Europe en qui il n’est plus possible d’avoir confiance du tout. Le scandale de Chypre marque peut-être un tournant. « Ce qui se passe avec Chypre est stupéfiant », a dénoncé le président de l'Udi, Jean-Louis Borloo sur BFMTV. « C'est totalement une violation démocratique ». Pour le président du Modem, François Bayrou, « il n'y a pas de vie politique européenne accessible aux citoyens, les décisions tombent du ciel et elles sont incompréhensibles ».
Face aux protestations de la rue et à la menace d'un rejet par le Parlement de Nicosie, l'Eurogroupe a recommandé lundi soir de ne pas taxer les comptes dont le solde est inférieur à 100.000 euros - le seuil de garantie publique des dépôts dans l'Union - et d'alourdir la taxation au-dessus de ce montant afin d'assurer que le produit global du dispositif atteigne les 5,8 milliards prévus initialement. Mais le gouvernement chypriote n'a suivi qu'à moitié ces conseils : le projet de loi révisé, que s'est procuré Reuters, n'exempte que les dépôts inférieurs à 20.000 euros et prévoit de taxer à 6,75% les sommes situées entre 20.000 et 100.000 euros, puis à 9,9% les comptes de plus de 100.000 euros.
Peu importe au finish que la taxe soit modifiée ou même annulée…. Ils ont osé. Cela intervient après la décision d’autoriser la bureaucratie européenne à contrôler les budgets des pays membres.
On peut se poser quelques questions
Que vient faire Chypre en Europe, étant un état divisé, coupé en deux avec le nord occupé par la Turquie. C’est aussi un paradis fiscal pour les fortunes libanaises puis pour les oligarques russes. On ne pleurera pas sur leur argent perdu. Mais ce pays n’a vraiment rien à faire aux cotés de l’Allemagne ou de l’Italie et même de la Grèce. L’élargissement a été une catastrophe et condamne l’euro et les pays qui, ne pouvant dévaluer, trouvent d’autres chemins pour se réaligner sur leur économie réelle et doivent se coucher devant les diktats de Bruxelles.
Si l’on est démocrate, on sait que ce système politique repose sur le contrôle parlementaire des dépenses de l’état. Si ce contrôle échappe aux parlements nationaux, ces pays perdent une partie capitale et fondamentale de leur souveraineté démocratique. On peut l’approuver, mais certes pas au nom de la démocratie. En deux semaines l’Europe technocratique et financière a révélé son vrai visage, celui du totalitarisme financier qui impose sa logique aux peuples et aux états.
Ce qui était une hypothèse aventureuse – le retrait de cette Europe là – risque de devenir une obligation de salut public pour les peuples des pays membres.
00:05 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, europe, affaires européennes, chypre, méditerranée | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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