lundi, 10 novembre 2014
En marche vers la radicalisation antiSystème des BRICS
En marche vers la radicalisation antiSystème des BRICS
Ex: http://www.dedefensa.org
La réélection de la présidente Dilma Rousseff, c’est bien plus que la réélection d’une présidente du Brésil. Dès la phase menant vers le premier tour, avec la mise en avant d’une candidate inattendue puisqu’elle prit la place en tant que candidate vice-présidente du candidat Eduardo Campos mort dans un accident d’avion le 13 août, l’élection avait pris ce tour d’un affrontement international entre les forces du Système et Rousseff. Marina Silva fut aussitôt désignée comme faux-nez de l’action anti-Rousseff (selon Wayne Madsen, Silva était «a Green Party operative groomed by Soros»). Quoi qu’il en soit de la vérité de la situation de Marina Silva, ce qui importe étant les narrative développée par le système de la communication, l’élection présidentielle brésilienne étant effectivement devenue une situation du Système versus Rousseff. Silva éliminée, le représentant du Système devint quasi-automatiquement l’adversaire au second tour de Rousseff, Aecio Neves, qui ne s’est d’ailleurs pas caché de ses intentions de remettre le Brésil dans le droit chemin de l’ultra-libéralisme.
Wayne Madsen, déjà cité, signe un article du 28 octobre 2014 sur Strategic-Culture.org, qui détaille la trame et les dédales de l’opération montée contre Rousseff. Madsen met en avant un couple assez inédit sous cette forme si affirmée, bien que sa composition ne doive pas étonner, entre la CIA et Soros («the deadly duo of the CIA’s John Brennan and George Soros»). Il est vrai que l’activisme désormais à visage découvert de Soros se manifeste d’une façon extrêmement voyante et affirmée aujourd’hui (voir le 24 octobre 2014), et on peut désormais le désigner comme la principale force activiste de la branche de ce qu’on nomme conventionnellement “le secteur privé” dans l’action déstructurante et dissolvante du Système.
Bien entendu, l’action du couple CIA-Soros (ou Brennan-Soros comme le désigne également Madsen, du nom du directeur de la CIA) contre Rousseff avait un objectif précis, bien plus vaste que le seul sort intérieur du Brésil pour les quatre années jusqu’en 2018. Il s’agit clairement du rassemblement formé par les BRICS, dont le Brésil est devenu politiquement un membre très actif, et politiquement très engagé, depuis les prises de position et l’action conduite par Rousseff contre les activités de la NSA révélées par Snowden. (Cet épisode a été renforcé par la situation d’alors de Greenwald, opérateur de la crise Snowden/NSA, qui résidait à Rio de Janeiro durant la phase la plus brûlante de cette crise.) Cet ensemble de circonstances a fait de facto de Rousseff l’activiste qu’on sait, cet activisme s’étant parfaitement inséré dans l’évolution du BRICS lors de la réunion de Fortaleza, au Brésil justement, en septembre.
• Dès le soir du premier tour, il apparaissait évident que la question des BRICS était au centre de l’élection présidentielle, entre Rousseff et Neves, les deux candidats restant en lice. Certains experts spécialisés dans les affaires brésiliennes l’affirmaient clairement, comme Sonia Fleury de la Fondation Getulia Vargas, interviewée par RIA Novosti le 6 octobre 2014. Elle liait spécifiquement cette question des BRICS aux deux programmes concurrents des deux candidats, fixant ainsi fermement la correspondance désormais directe et explosive entre la situation intérieure du Brésil et les grands courants internationaux d’affrontement Système-antiSystème.
«“If Neves wins the election, we can expect changes – a return to foreign policy much more linked to the North and the South not being as strong as it was under Dilma's [Rousseff] government,” Sonia Fleury said. “Alignment with the USA and Western Europe are more likely to occur than the push for consolidating the BRICS as an alternative for reaching financial autonomy together,” she noted. [...] “I think that for the (Rousseff’s) PT government the BRICS was an important issue, and I don’t think it will be or it was under a PSDB government – they were much more allied to the United State,” Sonia Fleury continued...
»She also noted the role of the economy in electoral preferences. “It affects [the preferences] in a certain way, because this question is about the priorities of the two parties. The priority for PSDP is to pay the debt and to keep monetary stability, even when it represents increasing unemployment and a fall in real salaries,” Fleury said. “For the present government, the priority was to try to reach economic development with the inclusion of more people in the formal employment market and social benefits, which appears, for some people, as a risk to stability, because of the augmentmentation of public expenditure. And this is the main question up for the discussion in the next two weeks,” Fleury explained.»
• Bien entendu, Madsen a, dans son analyse du 28 octobre, clairement confirmé la hauteur de l’enjeu de la réélection de Rousseff, et placé cet enjeu à hauteur du sort des BRICS, de leur développement, etc. Madsen envisage notamment l’ouverture des BRICS à de nouveaux membres, dont l’Argentine qui a déjà posé quasi-officiellement sa candidature (avec le soutien très actif de la Russie), mais aussi un certain nombre d’autres pays, dont certains ont déjà été cités (l’Indonésie), dont d’autres apparaissent pour la première fois (Égypte, Iran) ... Dans tous ces cas, la ligne directrice se trouve dans leurs positions de pays émergents, tenus en marge du Système et de son centre le bloc BAO, mais surtout ces pays se définissent de plus en plus nettement par une ligne naturellement antiSystème dans le grand affrontement en cours.
«The CIA’s and Soros’s heavy interest in defeating Rousseff was aimed at derailing the emerging BRICS economic alliance of Brazil, Russia, India, China, and South Africa that threatens to weaken the domination that global bankers and their inherently corrupt World Bank and International Monetary Fund (IMF) contrivances wield over the world economy. The bankers and their CIA centurions believed that with Neves or Marina Silva, a Green Party operative groomed by Soros, in charge, Brazil would withdraw from BRICS and re-enter the global banker community with Brazilian state assets such as the Petrobras oil company being sold off in a «fire sale». [...]
»With Rousseff now re-elected, the BRICS will continue to develop the New Development Bank (NDB) and its $100 billion currency reserve arrangement (CRA), or currency basket, that member countries can loans draw from, thus weaning themselves away from the Western political controls of the World Bank and IMF.
»Rousseff’s re-election will also permit BRICS, which faced losing Brazil as a member had Rousseff lost the election, to expand its membership base. Argentina, which has faced a concerted economic campaign from New York vulture capitalist, right-winger, and committed Zionist Paul Singer to seize Argentine assets, has expressed a strong interest in joining BRICS. Argentine Foreign Minister Héctor Timerman has stated that Argentine intends to join BRICS and recent trade agreements between Argentina on one hand, and China, Russia, and India, on the other, indicate that Argentine would be welcome in the anti-U.S. “club” of emerging economic powerhouses.
»Iran, Indonesia, and Egypt have also expressed an interest in joining BRICS. Indonesia’s new president Joko Widodo is a member of the party of former president Megawati Sukarnoputri, the daughter of President Sukarno, ousted by the CIA in a bloody 1965 coup d’état aided and abetted by President Barack Obama’s Indonesian stepfather Lolo Soetoro and his USAID/CIA mother Ann Dunham Soetoro. Indonesia’s Sukarnoist foreign policy makes its alliance with BRICS a natural alignment...»
• ... Ce n’est donc pas un hasard si Novosti publie, le 29 octobre 2014, une interview par Daria Chernychova de Georgy Toloraya, le directeur exécutif du Comité National Russe pour les études sur les BRICS, qui constitue une des voix semi-officielles de la direction russe sur cette question des BRICS, et l’opérateur principal de gestion des affaires des BRICS pour la partie russe. Or, Toloraya, loin de parler de la réélection de Rousseff si importante pour les BRICS, s’intéresse essentiellement aux résultats de la réunion de Fortaleza de septembre. En nous donnant des précisions qui situent l’importance de sommet, un mois et demi plus tard, alors qu’une actualité plus pressante au sujet des BRICS réclamait notre attention, il montre bien que l’élection de Rousseff (l’“actualité plus pressante”) doit nécessairement être placée dans la logique du climat d'affrontement Système-antiSystème qu'on a signalé pour caractériser cette élection brésilienne, laquelle ne peut être que considérée comme un événement-BRICS opérationnel de première dimension, entérinant et accélérant les résultats de Fortaleza.
«“The BRICS summit in Fortaleza has become a surprising turning point,” Toloraya said at a video conference held at Rossiya Segodnya's press center. “It convened in the context of confrontation between one of the BRICS members, Russia, and the West, the US in particular, thus defining the new parameters of politics. This is a situation when the big powers start playing a very important role (in geopolitics) and the period of stability in international relations is over,” he added. “Russia highly appreciates the position of the BRICS countries in the UN, in the security Council over Russia's contradictions with the West, the US over the conflict in Ukraine,” Toloraya said.
»He also noted that contacts within the BRICS framework are constantly expanding and stressed that at some point bureaucratic structures will have to be established. “This is inevitable, and the first steps have already been taken- this is the investment bank, which is not only a source of financing, a source of mobilized resources for different BRICS projects, but also an analytical center,” Toloraya said. “I'm determined that the institutionalization process stays very important and will keep developing in the future,” he stated.»
Ces déclarations, à ce moment précis, trois jours après la réélection de Rousseff, montrent que la Russie est désormais déterminée à faire avancer les BRICS vers la formation structurée d’un rassemblement économique devenant un rassemblement stratégique (plutôt qu’une alliance) prenant la forme d’un bloc, dont l’activité va être nécessairement déterminée par l’opposition à la politique-Système. La campagne électorale brésilienne a montré que, désormais, le Système a comme objectif avoué, sinon démontré, la dislocation des BRICS, d’une manière offensive et par tous les moyens, – et l’on connaît ces moyens, puisque la CIA et Soros, deux des incendiaires les plus actifs de la déstructuration de tout ce qui se constitue en antiSystème, ont été les principales forces en action contre Rousseff.
Si Rousseff a annoncé son intention, pour son second mandat, de se montrer ouverte et conciliante avec les forces politiques qui se sont exprimées durant la campagne, elle en a dit beaucoup moins par rapport aux BRICS et à la politique extérieure du Brésil. Cette discrétion est le signe a contrariotrès rapide radicalisation des BRICS, qui est le thème de notre commentaire.
Les BRICS, “bloc stratégique antiSystème”
Une fois de plus, nous constatons le phénomène de cette influence directe de l’action du Système sur le comportement et le renforcement de ses adversaires, de ceux et de celles qu’il veut réduire. Dans ce cas des BRICS, on peut supputer de savoir où en serait ce projet, et considérer notre hypothèse qu’il serait bien moins avancé, sinon encore réduit à son schéma initial de groupe informel et sans beaucoup de cohésion, sans aucune unité politique identifiée, – s’il n’y avait eu 1) la crise ukrainienne entièrement provoquée par le bloc BAO, précipitant la Russie dans une posture de quasi-mobilisation, avec notamment pour ce qui concerne notre sujet la politique de se tourner vers ses liens hors-bloc BAO (notamment l’OCS et les BRICS), en faisant pression sur ses partenaires pour qu’ils la suivent (elle, la Russie) sur la voie de la “politisation” de ces différentes organisations ; et 2) l’élection présidentielle brésilienne, contestée et foisonnante de rumeurs et de pressions de l’activisme CIA-Soros, avec comme but implicite l’élection d’un candidat choisissant de sortir des BRICS et de torpiller ainsi cette organisation...
Dit autrement, on observera que les évènements affectant les BRICS dans le sens qu’on décrit, qui est profondément et inéluctablement antiSystème, sont des produits directs du Système lui-même. On comparera plus précisément cette réélection de Rousseff de 2014 avec sa première élection de 2010. Alors, l’élection, avec Lula intronisant Rousseff comme son successeur, se joua essentiellement sur les questions intérieures selon les antagonismes politiques classiques (gauche-droite, etc.), alors que les séquelles de la crise de l’automne 2008 se faisaient encore directement sentir. A ce moment, les BRICS (qui n’étaient que BRIC, sans l’Afrique du Sud) étaient encore considérés par le bloc BAO et le Système avec une condescendance ironique, et ne méritant guère la décision stratégique d’une mobilisation contre un de ses membres. Le Brésil, malgré les changements apportés par Lula et l’affirmation de sa politique à consonance antiSystème, était lui aussi considéré avec la même condescendance, et il ne faisait aucun doute pour le Système que, malgré ces écarts, son orientation le mènerait inexorablement vers l’intégration dans le Système. En ce sens l’élection restait considérée dans le cadre sud-américain où le Brésil était encore apprécié comme modéré à côté des activistes type-Chavez, et nullement dans le cadre global des BRIC(S). Elle se déroula sans grande passion et sans les interférences grossières et alarmantes qu’on a vues cette année. Bref, le Système laissa faire et cette première élection de Rousseff ne changea pas grand’chose dans la perception, à la fois du Brésil et des BRIC(S).
Entretemps, entre 2010 et 2014, les événements ont conduit très rapidement et avec une puissance considérable à une situation infiniment plus tendue qu’en 2010, du point de vue des déploiements divers se référant à un affrontement entre le Système et des forces antiSystème nouvelles et en plein développement. Le Système est aujourd’hui dans l’état d’esprit dont on distingue des signes un peu partout, à la fois d’un offensive surpuissante et finale, à visage découvert et sans plus aucune retenue puisqu’il va jusqu’à attaquer la Russie, à la fois dans un mode proche de la panique devant des résultats qui sont loin de rencontrer son attente et devant la résistance antiSystème qu’il suscite (voir à nouveau l’intervention de Soros contre la Russie du le 24 octobre 2014, déjà signalée). La campagne présidentielle au Brésil ne pouvait pas échapper cette fois à ce climat général, “globalisé”, de l’affrontement Système-antiSystème. La réélection de Rousseff s’est déroulée dans le climat qu’on a vu, avec notamment l’enjeu qu’en cas de défaite de la présidente sortante, une orientation politique était assurée d’une sortie du Brésil des BRICS avec comme conséquence espérée la dislocation de regroupement. Par conséquent, la réélection de Rousseff a nécessairement intégré les éléments agressifs implicites de sa défaite éventuelle à l’avantage du Système, pour les retourner dans un sens antiSystème. Ce qui était perçu comme une dynamique objective (une dynamique-Système) impliquant la menace devenant quasi-certitude de sortie du Brésil des BRICS en cas de défaite de Rousseff est devenue également une dynamique objective (dynamique antiSystème) impliquant un renforcement des BRICS dans le sens d’une radicalisation, ou une sorte de “rassemblement stratégique antiSystème”, avec la victoire de Rousseff.
Le Système agit donc avec force, dans toute sa surpuissance, et obtint le résultat qu’il obtient de plus en plus souvent : un événement complètement contre-productif, antagoniste, accélérant radicalement la mutation des forces antiSystème. Inutile de s’attarder au constat que nous ne cessons de faire dans tant d’occurrences, de l’intervention de plus en plus systématique de l’équation surpuissance-autodestruction, – ou la dynamique de surpuissance suscitant de plus en plus souvent et de façon de plus en plus marquée sa dynamique transmutée d’autodestruction. La victoire de Rousseff sur la coalition Neves/CIA-Soros a été beaucoup plus politique, beaucoup plus structurante de la fonction antiSystème et d’une politisation des BRICS, que si elle n’avait été obtenue que sur Neves seul (comme la victoire de Rousseff en 2010), sans enjeu global imposé par le groupe CIA-Soros du Système.
La conséquence est de hausser considérablement l’enjeu, au-delà de la victoire de Rousseff, avec cette dynamique antiSystème qu’on a identifiée plus haut. Le résultat, qui se mesure et s’apprécie dans le champ du système de la communication, est effectivement de développer l’option d’une structuration et d’une institutionnalisation des BRICS. Ce qui faisait tant ricaner les experts de Wall Street, – notamment ceux de Goldman Sachs qui inventèrent en 2006 cet acronyme de BRIC alors que les quatre pays impliqués (Brésil, Russie, Inde, Chine) amorçaient un rapprochement, – est aujourd’hui en passe de devenir une réalité. Il paraissait alors (en 2006) complètement déraisonnable d’envisager un regroupement qui pourrait avoir une dimension politique et stratégique, c’est-à-dire géopolitique, entre quatre (puis cinq) pays sans guère d’unité géographique, et parfois complètement éloignées du reste (Brésil, ensuite l’Afrique du Sud) ; tout juste envisageait-on quelques accords économiques et commerciaux. Aujourd’hui, en 2014, le sarcasme n’est plus du tout de rigueur ; c’est l’inquiétude appuyée et presque la panique qui règnent (au sein du Système) comme l’a montré l’intervention du groupe CIA-Soros pendant la campagne, comme l’a montré encore plus précisément sa facilité à endosser un candidat (Silva) puis l’autre (Neves) pourvu qu’il s’agisse d’un adversaire de Rousseff.
Le phénomène qui est ainsi démontré, une fois de plus mais cette fois d’une façon extrêmement spectaculaire, c’est que, dans l’ère psychopolitique, la proximité politique et stratégique se passe des nécessités géographiques. Dans cette ère psychopolitique qui se caractérise désormais d’une façon aussi ouverte par l’affrontement à visage découvert entre Système et l’antiSystème, qui sont des valeurs extrêmement fluctuantes et dépendantes bien plus des caractères mis en évidence par le système de la communication que des caractères géopolitiques proprement dits, ces dimensions géopolitiques qui dominaient les relations internationales dans le passé sont devenues complètement secondaires dans l’évaluation du rapport des forces et dans la dynamique de leurs regroupement. Par conséquent, on peut juger que les BRICS, sans projet ni plan préconçus à cet égard mais simplement en suivant les dynamiques issues de forces puissantes qui règlent l’évolution de la situation, sont en train d’inventer une nouvelle forme d’“alliance”, – justement, qui n’est pas une “alliance” au sens strict, mais bien ce que nous avons désigné comme un “rassemblement stratégique”, et qui doit prendre tout son sens en étant désigné comme un “rassemblement stratégique antiSystème” selon l’expression déjà employée ci-dessus, – ou bien encore plus précisément et pour marquer la forme que prennent les rassemblements suscités par l’action Système-antiSystème, et par référence au bloc BAO, en étant désigné comme un “bloc stratégique antiSystème”. (C’est ainsi qu’on voit mieux que la notion de “bloc” n’implique plus une notion physique de rassemblement stratégique de proximité notamment géographique, mais une notion de communication se jouant des nécessités géographiques, lié essentiellement par les nécessités d’une dynamique antiSystème à l’échelle globale.)
Les spécificités introduites par l’élection de Rousseff, telles qu’on les a décrites, notamment avec l’intervention activiste très pressante et ressentie comme telle du groupe CIA-Soros, font qu’on se trouve devant la probabilité d’une activation opérationnelle très rapide de cette nouvelle situation. C’est la première fois qu’une élection d’une telle importance a pour enjeu principal, – même s’il s’agissait d’un enjeu caché et qui ne fut pas débattu en tant que tel pendant la campagne, – l’appartenance du pays concerné au groupe-devenant-bloc des BRICS. Le schéma qu’on décrit est donc bien complété au niveau de la communication, de la perception, achevant la transformation des BRICS des restes structurels et de perception ce qui était encore ce groupe informel du départ de sa formation, en un regroupement de combat dans le sens antiSystème, – en une “structure stratégique antiSystème” ou “bloc stratégique antiSystème” qui modifie complètement l’identification et l’opérationnalisation de la stratégie, d’une définition géographique en une définition de communication.
... Il est possible qu’on n’ait pas longtemps à attendre l’opérationnalisation de ce phénomène. Le sommet du G20 de Brisbane est dans une quinzaine (14-15 novembre). Dans ka même dépêche citée plus haut du 29 octobre, Toloraya annonce qu’il y aura sans doute du grabuge : «Speaking about the upcoming G20 meeting in Brisbane (15-16 November), Toloraya said that he expects a clash in views over how to develop global financial and economic systems.» ... Par exemple : Que vont faire les pays du bloc BAO face à la Russie qu’ils ne cessent de dénoncer et qu’ils ont exclue du G8 ? Bonne question, mais être face à la Russie, c’est désormais être face au BRICS. L’esprit n’est pas vraiment à l’accommodement, comme on ne cesse de le constater, et les positions divergentes se radicalisent dans le sens de l’affrontement... Verra-t-on à Brisbane le BRICS dans sa nouvelle tenue de “bloc stratégique antiSystème” ? On verra... On fera simplement l’hypothèse qu’il nous paraît effectivement inévitable que, si les circonstances s’y prêtent, c’est-à-dire s’il y a une attaque contre l’un des membres des BRICS, ou contre les BRICS eux-mêmes, on pourrait voir de façon remarquable et peut-être spectaculaire que ce groupe économique informel est bien devenu un “bloc stratégique antiSystème”, – et qui pèse diablement lourd...
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