vendredi, 03 octobre 2025
Emergence et développement des BRICS: un point de vue européen
Emergence et développement des BRICS: un point de vue européen
Robert Steuckers
(Texte rédigé en septembre 2024)
Par le poids déterminant mais non oblitérant de la Russie et de la Chine dans le phénomène des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), ce dernier apparaît bien évidemment comme un fait géopolitique et géoéconomique propre à la masse continentale eurasienne, située à l’Est du Niémen, du Dniepr, du Bosphore et du Caucase. Notre espace, situé à l’Ouest de cette ligne floue n’aurait rien à voir avec ce monde de steppes infinies, au-delà duquel la race jaune domine. C’est oublier un peu vite que l’Europe a été matériellement une pauvre civilisation repliée sur elle-même (ce qui ne minimise aucunement la richesse spirituelle du moyen âge), une civilisation « enclavée », et qui cherchait désespérément à se désenclaver (1), position fragile que l’esprit de croisade tentera en vain d’annuler. Seules les villes marchandes italiennes, Venise et Gênes, resteront vaille que vaille branchées sur les routes de la Soie. La pression ottomane, surtout après la chute de Byzance (1453), semblait inamovible. Les initiatives maritimes portugaises suite aux travaux scientifiques et géographiques du Prince Henri le Navigateur, la découverte de l’Amérique par Colomb et la conquête russe du bassin de la Volga et des premières terres sibériennes effaceront cet enclavement européen. On connaît la suite. Toutefois, à la fin du 18ème siècle, avant la totale mainmise britannique sur le sous-continent indien, la Chine et l’Inde demeuraient les principales puissances industrielles, les civilisations les plus riches. La parenthèse miséreuse de l’Inde et de la Chine n’aura finalement duré que moins de deux siècles. Nous assistons aujourd’hui, voire depuis trois décennies, au retour à la situation d’avant 1820 (2).
Le désir de désenclavement était bien présent dans l’esprit de nos ancêtres aux 15ème et 16ème siècles. Pour ce qui concerne la Moscovie (on ne parlait pas encore de « Russie »), le personnage le plus emblématique fut Sigismund von Herberstein (3) (illustration). Diplomate au service des empereurs germaniques Maximilien I, Charles-Quint et Ferdinand I, il exécuta deux missions en Russie en 1517-1518 et 1526-1527, à l’époque où régnait Vassili III, père d’Ivan IV le Terrible. Sigismund von Herberstein ramène de ces deux voyages une description détaillée et inédite du territoire de la Russie-Moscovie, plus particulièrement de son hydrographie, les fleuves étant les principales voies de communication depuis les Varègues (et probablement de peuples divers avant eux) (4). La mission de von Herberstein était de plaider la paix entre la Pologne-Lituanie et la Moscovie afin d’organiser une vaste alliance entre ces puissances slaves ou balto-slaves et le Saint-Empire contre les Ottomans, puissance montante à l’époque. Dès les premières décennies du 16ème siècle, la raison civilisationnelle postulait une alliance entre l’Europe centrale (et bourguignonne car Philippe le Bon et Charles le Hardi entendaient tous deux reprendre pied sur le littoral de la mer Noire) et les Etats polono-lituanien et moscovite, tout en annulant, par l’art de la diplomatie, les belligérances entre ces derniers. Une sagesse qui n’a pas été réitérée dans l’actuel conflit russo-ukrainien.
Plus tard, après que le Saint-Empire a été ravagé par les armées de Louis XIV (allié aux Ottomans pour prendre l’Autriche à revers), les universités, dont Heidelberg, avaient été réduites en cendres, laissant une quantité d’étudiants et de professeurs sans emploi. Le Tsar Pierre le Grand entreprend, au même moment, une modernisation-germanisation de la Russie et fait appel à ces cadres déshérités, tout en recevant les conseils de Gottfried Wilhelm Leibniz (portrait), le célèbre philosophe et mathématicien allemand. Pour Leibniz, intéressé par la pensée chinoise, la Moscovie du Tsar Pierre, en commençant à gommer le chaos de toutes les terres sises entre l’Europe et la Chine, fera de cet espace un « pont » entre l’écoumène européen, centré sur le Saint-Empire (à reconstituer), et la Chine. L’harmonie devra alors, à terme, régner sur cet ensemble à trois piliers. L’eurasisme, avant la lettre, est donc né dans la tête de ce philosophe et mathématicien hors pair (pour son époque), qui oeuvrait sans relâche dans la bonne ville de Hanovre, à la charnière des 17ème et 18ème siècles.
Plus tard, sous la République de Weimar, les cercles nationaux-révolutionnaires, qu’Armin Mohler comptait parmi les avatars de la « révolution conservatrice », évoquaient une « Triade » germano-soviéto-chinoise, reposant sur le Kuo Min Tang de Tchang Kai Tchek, le PCUS sous la houlette de Staline et un pôle révolutionnaire allemand anti-occidental qui devait encore prendre le pouvoir : cet aspect de la diplomatie et de la géopolitique nationales-révolutionnaires de l’ère de Weimar n’a guère été exploré jusqu’ici. En effet, mis à part une thèse de doctorat de Louis Dupeux (5), ni la littérature scientifique ni la très nécessaire littérature militante et vulgarisatrice n’ont abordé en profondeur cette notion de « Triade » qu’analyse pourtant un témoin direct des activités de ces cercles nationaux-révolutionnaires sous la république de Weimar, Otto-Ernst Schüddekopf (6). Ce dernier fréquenta les cercles autour d’Ernst Niekisch, Ernst Jünger et Friedrich Hielscher à partir de 1931. Il se spécialisa dans l’histoire de la marine et des forces aériennes britanniques et dans la politique des points d’appui du Reich de Guillaume II au cours de ses études de 1934 à 1938. Plus tard, il fut affecté à l’Abwehr (pour des opérations antibritanniques, notamment en Irlande) puis à l’Ahnenerbe (dont le directeur Wolfram Sievers était un ami de Hielscher) et, finalement, au RSHA. En dépit de cette inféodation aux sphères prétoriennes du Troisième Reich, Schüddekopf et Sievers aideront des dissidents proches des cercles NR et seront au courant de la tentative d’attentat contre Hitler, qui fut ultérieurement perpétrée par Stauffenberg, sans pour autant subir les foudres de la police politique. En 1945, Schüddekopf sera incarcéré pendant trois ans dans une prison de haute sécurité à Londres puis entamera une carrière universitaire en République Fédérale (7).
Un autre personnage précurseur de l’eurasisme, style BRICS, sera l’officier Richard Scheringer (1904-1986) (photo), natif d’Aix-la-Chapelle. Sa qualité d’officier ne l’empêcha pas d’avoir eu plutôt une carrière rouge de rouge. L’analyse des textes parus dans sa revue Aufbruch (8) révèle un tropisme chinois, inséré dans l’espoir de voir triompher une « Triade » anti-occidentale, tropisme chinois qui agitait certains esprits dans les coulisses de la diplomatie belge (et dont la trace la plus visible reste la présence de Tchang, l’ami d’Hergé, à Bruxelles dans les années 30 et la parution de l’album de Tintin, Le Lotus bleu, clairement sinophile). En dépit de son militantisme communiste, Scheringer servira dans la Wehrmacht en territoire soviétique sans être inquiété par les services allemands et reprendra son militantisme rouge, avec ses fils et sa petite-fille (qui seront tous députés PDS, ancêtre de Die Linke). Au soir de sa vie, il appellera à manifester contre la « double décision de l’OTAN » et contre l’implantation de missiles américains sur le territoire de la RFA. Il tentera de mobiliser son vieux camarade Ernst Jünger pour qu’il en fasse autant. Jünger envoya une couronne de fleurs à son enterrement à Hambourg avec la mention « Au vieil ami ». Il resterait à analyser les rapports entre les universités allemandes de l’entre-deux-guerres et des dizaines d’étudiants indiens, désireux de secouer le joug britannique. Ces étudiants appartenaient à toutes les tendances révolutionnaires et indépendantistes possibles et imaginables et cherchaient des appuis allemands tant sous la république de Weimar que sous le régime national-socialiste. La question des rapports germano-indiens est extrêmement complexe et excède le cadre de ce modeste article (9). Aujourd’hui, les étudiants indiens sont, dans Allemagne en déclin du Post-Merkelisme et de Scholz, les plus nombreux parmi les étudiants étrangers inscrits dans les universités.
La « Triade » semble être aujourd’hui une chimère imaginée par des personnages en marge des politiques dominantes et triomphantes de l’entre-deux-guerres allemand. Mais son émergence, même marginale et diffuse, est la hantise des services anglo-saxons. Or, force est de constater qu’en dépit des élucubrations impolitiques répandues par les médias, en coulisses, la « Triade » était devenue, tacitement, un fait accompli. La Russie fournissait le gaz de l’Arctique à un prix défiant toute concurrence, lequel gaz passait dans les eaux de la Baltique, bordée jusqu’il y a quelques mois par des Etats neutres non inféodés à l’OTAN (Finlande, Suède). La Chine était le premier partenaire commercial de l’Allemagne. L’Ostpolitik des socialistes (Brandt, Schmidt, Schröder), préconisant des relations normalisées avec l’Union Soviétique d’abord avec la Russie ensuite, et la Fernostpolitik des démocrates-chrétiens (Strauss), favorisant tous les liens possibles avec la Chine, avaient, avec un réel succès, pris le relais des spéculations sans lendemain des intellectuels non conformistes du temps de la république de Weimar.
La Terre du Milieu russe (ou le « Pont » de Leibniz) avait apaisé le Rimland centre-européen, apaisé l’Iran des mollahs et forgé une alliance pragmatique avec une Chine qui se débarrassait des colifichets idéologiques du maoïsme de la « révolution culturelle », tout en gardant les bons rapports avec l’Inde forgés depuis l’indépendance du sous-continent en 1947. Deux cauchemars de la géopolitique anglo-saxonne de MacKinder et de Spykman s’étaient installés dans le réel : 1) la Terre du Milieu avait avancé pacifiquement ses glacis, rendant plus difficile toute stratégie d’endiguement ; 2) Un morceau considérable du rimland sud-asiatique, l’Iran, était désormais relié aux réseaux ferroviaires financés par la Chine et branchés sur le Transsibérien russe, qui, en fait, est le véritable « pont », bien concret, rêvé par Leibniz du temps de Pierre le Grand. Les deux gazoducs de la Baltique soudaient, dans une concrétude énergétique tout aussi tangible, l’alliance germano-russe préconisée par quantité d’hommes d’Etats depuis Gneisenau, Clausewitz, Bismarck, Rathenau, etc.
Pour briser cette dynamique, il fallait agir en actualisant de vieilles stratégies d’endiguement, de propagande et de zizanie belliciste. Rendre purulent l’abcès ukrainien, en réactivant de vieilles querelles entre Slaves (le contraire de la politique préconisée par Sigmund von Herberstein), en hissant partout au pouvoir en Europe des politiciens de bas étage, des idéologues fumeux et incultes, des juristes ou des banquiers dépourvus de culture historique, des écologistes véhiculant les délires woke, etc. Ce personnel, en rupture de ban avec toutes les écoles diplomatiques, fera une politique dictée par Washington : reniement des politiques socialistes en Allemagne (avec ostracisme à l’encontre de Schröder, qui présidait la gestion des gazoducs de la Baltique), réalignement de la France sur les délires atlantistes depuis Sarközy, abandon des politiques de neutralité en Suède, Finlande et même Suisse (seule l’Autriche résiste mieux grâce à la solide présence de la FPÖ dans les assemblées fédérale et régionales et à la proximité de la Hongrie), création du chaos wokiste et multiculturel dans toutes les sociétés ouest-européennes et même en Pologne depuis le retour de Tusk au pouvoir.
L’émergence, le développement et la consolidation du Groupe BRICS vient donc d’une volonté d’organiser l’ensemble du territoire eurasien des rives orientales du Don et de la Volga jusqu’aux littoraux du Pacifique, d’échapper à un Occident devenu fou, plus rébarbatif encore que l’Occident fustigé par les intellectuels non conformistes des années 1920 et 1930, d’une volonté d’appliquer les recettes d’un économiste pragmatique du 19ème siècle, Friedrich List. Pour cet économiste libéral, ou considéré tel, le rôle premier de l’Etat est d’organiser les communications à l’intérieur de ses frontières, de rendre ces communications rapides et aisées, de créer des flux permanents de marchandises et de personnes, notamment afin de fixer les populations sur leur propre sol et d’empêcher toute hémorragie démographique, telle celle que les Etats allemands (avant l’unification) avaient connu au bénéfice des Etats-Unis.
List (illustration) a exercé une influence prépondérante dans l’Allemagne de son temps mais a également œuvré aux Etats-Unis, préconisant de grands travaux (chemins de fer, canaux, etc.) qui, après leur réalisation, ont donné aux Etats-Unis les assises de leur puissance et permis l’éclosion de leur atout majeur : la bi-océanité. L’idée d’organiser les communications terrestres sera reprise par les dirigeants russes qui créeront le Transsibérien et par des penseurs pragmatiques du Kuo Min Tang chinois, oubliés suite aux vicissitudes tragiques de l’histoire chinoise des 19ème et 20ème siècles. C’est cette volonté véritablement politique de créer des infrastructures, présente en Chine, qui incitera Xi Jinping à lancer son fameux projet des « routes de la Soie » ou BRI (« Belt and Road Initiative »).
La Chine est passée ainsi du maoïsme et de son interprétation naïve et schématique de Marx à un listisme concret et créatif et, ensuite et surtout, à un intérêt pour Carl Schmitt, théoricien qui refusait explicitement toute immixtion étrangère dans les affaires intérieures d’un autre « grand espace ». Dès la fin des années 1980, la Chine avait émis « les cinq principes de la coexistence pacifique », l’adoption planétaire desquels garantissant à tous d’emprunter les « bons taos » (les « bonnes voies », les « bon chemins ») (10). Parmi ces cinq principes figure, bien évidemment, celui qui vise à préserver chaque entité étatique de toute immixtion indue et corruptrice en provenance de puissances lointaines, développant un programme hégémonique ou cherchant à monter des alliances interventionnistes à prétention planétaire, comme l’est, par exemple, l’OTAN. Les BRICS, le noyau initial comme les nouveaux pays adhérents, entendent justement emprunter de « bon taos », qui postulent le contraire diamétral de ce que préconise le « nouvel ordre mondial » de Bush et de ses successeurs à la Maison Blanche ou des dispositifs que veut mettre en place la nouvelle direction de l’OTAN (Stoltenberg, Rutte).
Les deux postulats principaux qui animent les pays du groupe BRICS sont : 1) le développement sans entraves de voies de communications terrestres et maritimes sur la masse continentale ou autour d’elle (le long des littoraux des pays du rimland selon MacKinder et Spykman) et le refus de toute immixtion visant l’hégémonie unipolaire (américaine) ou le blocage des communications entre les rimlands et l’intérieur des continents ou l’endiguement de toute exploitation des nouvelles routes maritimes (Arctique, Mer de Chine du Sud, côtes africaines de l’océan Indien). Voyons comment cela s’articule pour chaque pays participant à la dynamique des BRICS :
La Russie a toujours cherché un débouché sur les mers chaudes ; elle est actuellement attaquée sur deux fronts : celui de l’Arctique-Baltique et celui de la mer Noire. Elle n’a les mains libres qu’en Extrême-Orient, justement là où l’appui britannique au Japon en 1904 avait manœuvré pour lui interdire un accès facile au Pacifique, quatre ans après les 55 jours de Pékin ; les sanctions, forme d’immixtion et de guerre hybride, permettent paradoxalement de développer un commerce des matières premières avec l’Inde et la Chine, totalisant près de trois milliards d’habitants. Le chaos créé en mer Noire bloque (partiellement) l’exportation des céréales russes et ukrainiennes vers la Méditerranée et l’Afrique : le développement de l’agriculture russe sous Poutine est un atout de puissance, que la Russie des Tsars était sur le point de se doter avant que certains services n’utilisent des révolutionnaires utopistes pour éliminer Stolypine et ne favorisent l’émergence d’un bolchevisme anti-agraire. Cette défaillance sur le plan agricole a rendu le communisme soviétique faible et caduc au bout de sept décennies. Il est dans l’intérêt de tous de voir les agricultures russe et ukrainienne se développer et trouver des débouchés, notamment en Afrique. La création d’un foyer durable de turbulences aux embouchures du Don, du Dniepr et du Dniestr contrecarre les intérêts de bon nombre de pays, d’où l’intérêt pour le groupe BRICS de l’Ethiopie, de l’Egypte et de l’Algérie, voire d’autres pays d’Afrique subsaharienne.
La Chine a développé, dans la phase post-maoïste de son histoire récente, une modernité technologique étonnante pour tous ceux qui la croyaient condamnée à une stagnation archaïsante. Dès la moitié du 19ème siècle, les visées américaines sur l’Océan Pacifique, entendaient conquérir le marché chinois pour une industrie américaine à développer qui ne comptait pas encore sur les marchés européens. Ce marché chinois, espéré mais jamais conquis, relevait d’une puissance sans forces navales, non thalassocratique, qui pouvait s’étendre vers l’Ouest, le « Turkestan chinois » (ou Sinkiang) et le Tibet. Washington acceptait une Chine continentale et refusait implicitement une Chine dotée d’un atout naval. L’industrialisation de pointe de la Chine au cours de ces trois dernières décennies a obligé Pékin à protéger les lignes de communications maritimes en mer de Chine du Sud, autour du « point d’étranglement » (choke point) qu’est Singapour pour accéder aux sources d’hydrocarbures que sont les rivaux iranien et saoudien. Par ailleurs, Chinois et Russes tentent de rentabiliser la route arctique qui mène plus rapidement à l’Europe, aux ports de Hambourg, Rotterdam et Anvers-Zeebrugge (ces deux derniers alimentant la Lorraine, l’Alsace, la Bourgogne, la Champagne et partiellement la Franche-Comté, via l’axe du Rhin) (11).
La fonction de « pont » passant ainsi à l’Arctique et doublant le Transsibérien et les nouvelles voies ferroviaires prévues par les Chinois. La construction du Transsibérien et son parachèvement en 1904 avait suscité les réflexions de MacKinder sur la nécessité d’endiguer le « Heartland » russe. Le projet à tracés multiples de Xi Jinping suscite le bellicisme actuel des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l’OTAN. A cela s’ajoute que la Chine dispose de réserves considérables de terres rares, indispensables à la fabrication de matériels informatiques, fait qui ne devraient pas laisser nos dirigeants indifférents et les inciter à poursuivre une politique européenne rationnelle, visant à ne pas être dépendants et à ne pas être entraînés dans les stratégies vengeresses et destructrices des Etats-Unis.
L’Inde britannique était une masse territoriale capable d’offrir une vaste base territoriale pour contrôler le rimland de la Méditerranée à l’Indochine, sans oublier la façade africaine de l’Océan Indien jusqu’au Grands Lacs et jusqu’au-delà du Nil ; au Soudan et en Egypte. Le combat pour l’indépendance fut long pour tous les Indiens, qu’ils soient musulmans, sikhs ou hindous. L’émancipation de l’Inde impliquait une nouvelle orientation géopolitique : le sous-continent ne devait plus être la base principale, la plus vaste et la plus peuplée, destinée à parfaire la stratégie de l’endiguement de la Russie/de l’Union Soviétique mais devenir à terme une éventuelle fenêtre du Heartland sur l’Océan du Milieu. Les rapports indo-soviétiques furent toujours optimaux, puisque l’URSS restait seule en piste après l’élimination de l’Allemagne en 1945, mais l’Inde a toutefois servi de barrage contre la Chine, abondant ainsi directement dans le sens de la géopolitique thalassocratique anglo-américaine : dans l’Himalaya (Ladakh) et dans toutes ses entreprises visant à soutenir le Tibet. Le conflit indo-pakistanais a induit une géopolitique particulière : les Etats-Unis incluaient le Pakistan dans l’alliance endiguante que fut le Pacte de Bagdad (Turquie, Irak avant 1958, Iran, Pakistan), ce qui obligeait l’Inde à maintenir ses bons rapports avec l’URSS, tout en demeurant l’un des pays-phares du non-alignement de Bandoeng. Le Pakistan demeurait l’ennemi et cet ennemi était ancré dans des structures militaires « défensives » pilotées par les Etats-Unis. Et pour être plus précis, quand la Chine et les Etats-Unis deviennent de facto alliés à partir de 1972, suite à l’œuvre diplomatique de Kissinger, le Pakistan offre à la Chine un débouché sur l’Océan Indien.
L’art de la diplomatie des Indiens est subtil : il navigue entre l’amitié traditionnelle avec la Russie, le non-alignement et ses avatars actuels et une ouverture méfiante mais réelle à l’anglosphère, héritage de son imbrication dans l’ancien Commonwealth britannique et résultat du statut de langue véhiculaire qu’y revêt l’anglais. On s’aperçoit ainsi que l’Inde bascule vers la multipolarité, surtout à cause de ses relations économiques avec la Russie et de sa volonté de « dé-dollariser », mais participe aux manœuvres militaires de l’AUKUS dans la zone indo-pacifique, lesquelles manœuvres visent la Chine. L’Inde entend réactiver les initiatives des « non-alignés » qui avaient joint leurs efforts dès le grand congrès de Bandoeng (Indonésie) en 1955. Le non-alignement avait perdu de son aura : avec la multipolarité qui se dessine à l’horizon, il semble revenir à l’avant-plan avec Narendra Modi.
L’Iran, dont on ne saurait juger la politique extérieure en ne tenant compte que des aspects du régime des mollahs à l’intérieur, a été une grande puissance jusqu’à l’aube du 19ème siècle. Comme l’Inde et la Chine, l’irruption de l’impérialisme anglais dans l’espace des océans Indien et Pacifique a induit un ressac dramatique de la puissance persane, laquelle avait déjà subi les coups de butoir russes dans l’espace sud-caucasien. L’Iran s’est alors retrouvé coincé entre deux empires : celui des Russes puis des Soviétiques, menace terrestre, au nord et surtout dans les zones de peuplement azerbaïdjanais ; celui des Britanniques à l’Est d’abord, dans les régions du Beloutchistan, à l’Ouest ensuite, dès sa présence en Irak suite à l’effondrement de l’Empire ottoman en 1918 et dès sa mainmise sur les pétroles de Mésopotamie (Koweit, Kirkouk, Mossoul).
Comme Atatürk en Turquie post-ottomane, le premier Shah de la dynastie de Pahlavi opte pour une modernisation qu’il ne peut réellement mener à bien malgré des aides européennes (allemandes, italiennes, suisses, suédoises). La neutralité iranienne est violée par les Britanniques et les Soviétiques en 1941, immédiatement après le déclenchement de l’Opération Barbarossa : l’Iran est partagé en zones d’influences et, en 1945, après l’élimination de l’Axe, Staline entend rester dans les régions azerbaïdjanaises, quitte à y faire proclamer une république provisoire qui demanderait bien vite son inclusion dans l’URSS. Le nouveau Shah, dont le père venait de mourir en exil dans les Seychelles britanniques, perçoit le danger soviétique comme la menace principale et s’aligne sur les Américains qui n’ont pas de frontière commune avec l’Iran. Son ministre Mossadegh, qui voulait nationaliser les pétroles de l’Anglo-Iranian Oil Company, est évincé en 1953, suite à des opérations que le peuple iranien n’oublia pas. L’Iran adhère au Pacte de Bagdad ou au CENTO, prolongement de l’OTAN et de l’OTASE, organisant au profit des Etats-Unis et selon les doctrines géopolitiques de Nicholas Spykman l’ensemble du rimland euro-asiatique pour endiguer et l’URSS et la Chine. Le CENTO ne durera que jusqu’en 1958, année où la révolution baathiste irakienne arrive au pouvoir à Bagdad.
La révolution chiite fondamentaliste de 1978-79, dont les avatars actuels sont anti-américains, a d’abord été favorisée par les Etats-Unis, Israël, le Royaume-Uni et la France de Giscard d’Estaing. Le Shah évoquait un « espace de la civilisation iranienne », qu’il entendait faire rayonner sans tenir compte des projets stratégiques américains, avait signé avec la France et l’Allemagne les accords de l’EURATOM (déjà la question du nucléaire !), avait développé une marine en toute autonomie, avait eu des velléités « gaulliennes », avait conclu des accords gaziers avec Brejnev et réussi quelques coups diplomatiques de belle envergure (liens renforcés avec l’Egypte, paix avec les Saoudiens et accords pétroliers avec Riyad, accords d’Alger avec l’Irak pour régler la navigation dans les eaux du Shat-el-Arab). Ces éléments ne sont plus mis en exergue par les médias aujourd’hui et le rôle joué par les Occidentaux dans l’élimination du Shah est délibérément occultée, notamment par une gauche qui fut, à la fin des années 1970, le principal agent de propagande pour justifier, dans l’opinion publique, ces manœuvres américaines contre leur principal allié théorique dans la région.
Plusieurs historiens et l’ancien ministre du Shah, Houchang Nahavandi, ont cependant analysé les événements d’Iran en ce sens, ce que j’ai bien mis en évidence dans un texte antérieur (12). Il semble que les services américains aient voulu agir sur deux plans : premièrement, éliminer le Shah qui avait créé une synergie nucléaire et industrielle avec l’Europe et gazière avec l’URSS (l’objectif premier a été de nuire à l’Europe et de ruiner toute coopération énergétique avec l’URSS) ; deuxièmement, installer un régime très différent des régimes occidentaux, ce qui permettait d’orchestrer sans cesse une propagande dénigrante contre lui, de créer une sorte de « légende noire » anti-iranienne, comme il en existe contre l’Espagne, l’Allemagne, la Russie, la Chine ou le Japon qui peuvent être réactivées à tout moment. L’Iran est donc un exemple d’école pour démontrer a) la théorie de l’occupation d’une part du rimland asiatique à des fins d’endiguement ; b) la relativité de la notion d’« allié », dans la pratique américaine, dans la mesure où un « allié », sur le rimland, ne peut chercher à se réinscrire dans sa propre histoire, à développer une diplomatie originale neutralisant des inimitiés que l’hegemon entend laisser subsister pour créer des conflits régionaux affaiblissants, à renforcer son potentiel militaire, à sceller des accords énergétiques avec des pays tiers même alliés (en l’occurrence l’Europe, l’URSS et l’Arabie Saoudite) ; c) la pratique de créer des mouvements extrémistes déstabilisateurs, de les appuyer dans un premier temps puis de les dénigrer une fois leur pouvoir établi et d’organiser boycotts et sanctions contre eux sur le long terme afin de prévenir la réactivation de toutes les synergies autonomes qu’avaient amorcé à feu doux le régime initial.
Ce sont précisément ces exemples d’école, perceptibles dans le cas iranien, qui ont donné aux puissances émergentes (ou réémergentes comme la Russie de l’après-Eltsine) l’impulsion première qui les amènent, aujourd’hui, à joindre leurs efforts économiques. Il convenait d’échapper à ce quadruple danger qu’avait révélé l’histoire iranienne de ces cinquante dernières années. Les stratégies économiques des BRICS, suivies de l’organisation de la nécessaire protection militaire des nouvelles voies ou systèmes de communication, visait à annuler la stratégie d’endiguement en organisant des routes nouvelles reliant le Heartland russo-sibérien aux périphéries (rimlands), les régions orientales de la Chine à l’intérieur des terres (Sinkiang) et au reste de l’Asie centrale (Kazakhstan), les réseaux intérieurs chinois aux ports du Pakistan (et, de là, aux sources arabiques d’hydrocarbures). Ces axes de communications se portent vers l’Europe, réalisant le vieux vœu de Leibniz. Les diabolisations russophobes, sinophobes (etc.) ne permettent pas de créer une diplomatie globale efficace et fructueuse. L’entretien médiatique de « légendes noires » n’est donc pas de mise, comme le soulignaient déjà les « amendements » chinois au programme du « nouvel ordre mondial » dans les années 1990.
La notion d’« allié », battue en brèche par la doctrine Clinton depuis ces mêmes années 1990, n’existe plus en réalité car elle a été bel et bien remplacée par la notion d’« alien countries », ce qui explique l’adhésion aux BRICS d’anciens alliés des Etats-Unis comme l’Arabie Saoudite ou l’Egypte et les velléités turques. Enfin, la pratique de soutenir des mouvements extrémistes déstabilisateurs ou de monter des « révolutions de couleur » ou des « printemps arabes » oblige les puissances du monde entier à une vigilance commune contre l’hyperpuissance unipolaire, allant bien au-delà d’inimitiés ancestrales ou de la fadeur de l’internationalisme simpliste des communismes de diverses moutures. La leçon iranienne a été retenue partout, sauf en Europe.
Il est évident que les BRICS ont leur noyau solide en Asie, plus exactement en Eurasie, l’Afrique du Sud, bien que potentiellement riche, est une projection afro-australe de cette nouvelle grande synergie eurasiatique qui ne pourra être pleinement intégrée à la dynamique si les Etats de la Corne de l’Afrique, dont l’Ethiopie, nouvelle adhérente aux BRICS, retrouvent stabilité et organisent leurs réseaux de communication intérieurs. Le Brésil, où les Etats-Unis ont encore de solides alliés, est certes un géant mais il est fragilisé par la défection de l’Argentine de Miléi. Seules les communications transcontinentales en Amérique du Sud, reliant les littoraux du Pacifique à ceux de l’Atlantique, donneront corps à un véritable pôle ibéro-américain dans la multipolarité de demain. De même, la coopération sino-brésilienne sur le plan de l’agro-alimentaire, sur base d’échanges dé-dollarisés, laisse envisager un avenir prometteur.
La multipolarité en marche dispose d’atouts de séduction réels :
Le gaz russe et les autres hydrocarbures sont incontournables pour l’Europe, l’Inde, la Chine et le Japon. L’effondrement économique de l’Allemagne (but visé par Washington) et de son industrie automobile est dû aux sanctions et au sabotage des gazoducs de la Baltique, renforcé par la politique énergétique inepte dictée par les Verts, téléguidés en ultime instance par le soft power américain et les services de Washington : le refus du nucléaire (et la politique de s’attaquer au nucléaire français) s’inscrit bel et bien dans le cadre d’une vieille politique américaine d’affaiblir l’Europe, le pari sur les énergies solaire et éolienne correspond aux objectifs du fameux « Plan Morgenthau », visant, en 1945, avant la généralisation du Plan Marshall, à transformer le centre du sous-continent européen en une aimable société pastorale, comme l’a souligné avec brio la Princesse Gloria von Thurn und Tassis (13). Ces énergies, dites « renouvelables » ne suffisent pas pour alimenter une société hautement industrialisée.
Autre atout : le blé (14). La fin du communisme et aussi du néolibéralisme en Russie, en 1991 et en 1999, a permis, sous Poutine, de relancer l’agriculture et d’en faire un atout majeur de la politique russe. De même, avant les événements, l’Ukraine, elle aussi, était devenue une puissance agricole qui comptait. Ce blé est indispensable à de nombreux pays d’Afrique, qui, sans lui, risqueraient en permanence la famine et l’exode vers l’Europe d’une bonne fraction de leur jeunesse. La confrontation russo-ukrainienne, outre qu’elle ramène la guerre en Europe, ruine les bénéfices qu’avait apportés la résurrection de l’agriculture dans les anciennes républiques slaves de l’URSS. La coordination des productions agricoles est en voie de réalisation rationnelle dans les pays BRICS, y compris en Inde qui, de vaste pays souvent victime de famines jusque dans les années 1960, est devenu un exportateur de céréales et de riz (15).
La consolidation lente de pays BRICS, malgré les embûches systématiques perpétrés par les services américains, progresse, accompagnée du phénomène de la « dé-dollarisation », qui inquiète les décideurs étatsuniens. Ainsi, le sénateur américain Marco Rubio, de Floride, vient de présenter au Congrès un projet de loi visant à punir les pays qui se désolidariseraient du dollar. Le projet de loi vise à exclure du système mondial du dollar les institutions financières qui encouragent précisément la dédollarisation et utilisent les systèmes de paiement russe (SPFS) ou chinois (CIPS) (16).
Cette pression constante et ces interminables sanctions, procédés éminemment vexatoires, n’empêchent nullement l’ANASE (ASEAN), le marché commun de l’Asie du Sud-Est, de se rapprocher de la Chine et donc du groupe BRICS, détachant ainsi partiellement un marché de 600 millions de clients potentiels des réseaux dominés par les Etats-Unis (17). Des basculements de telle ampleur risquent à terme de réduire considérablement, voire d’annuler, la suprématie occidentale et de la ramener à ce qu’elle était à la fin du 18ème siècle. L’Europe, par son inféodation inconditionnelle et irrationnelle à Washington, risque tout bonnement une implosion de longue durée si elle persiste dans cette alliance atlantique contre-nature. Il est donc temps d’unir les esprits véritablement politiques de notre sous-continent et de combattre les tenants délirants de toutes les nuisances idéologiques, insinués dans les mentalités européennes par le soft power américain. Car l’Europe est perdante sur tous les tableaux.
A l’Est de l’Europe, une guerre lente persiste, handicapant les communications entre des parties du monde qui ont toujours été des débouchés pour nous, depuis la plus haute antiquité : origines steppiques des cultures kourganes, présence grecque en Crimée et à l’embouchure du Don, domination des fleuves russes par les Varègues et présence scandinave dans la place de Bolgar en marge de l’Oural, nécessité des croisades pour reprendre pied dans toutes les régions-portails du Pont, du Levant et du delta du Nil, présence des Génois et des Vénitiens aux terminaux pontiques de la route de la Soie, etc. Une Ukraine qui serait demeurée neutre, selon les critères mis au point lors des pourparlers soviéto-finlandais à partir de 1945, aurait été bénéfique à tous, y compris aux Ukrainiens qui seraient demeurés maîtres de leurs richesses minérales et agricoles (au lieu de les vendre à Monsanto, Cargill et Dupont).
La pire défaite de l’Europe (et de la Russie !) dans le contexte hyper-conflictuel que nous connaissons aujourd’hui se situe dans la Baltique. La Baltique était un espace neutre, où régnait une réelle sérénité : l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN fait de cette mer intérieure du Nord de l’Europe un espace de guerre chaude potentielle. Le territoire finlandais, désormais otanisé, permet de faire pression sur la mer Blanche et sur l’espace arctique, à l’heure où la « route de la Soie maritime » du Grand Nord permettrait de raccourcir considérablement la distance entre l’Europe et l’Extrême-Orient chinois, japonais et coréen, sans compter l’ensemble des pays de l’ANASE.
L’Europe est donc face à un triple verrou : a) le verrou baltique-arctique (avec suppression des gazoducs Nord Stream, et blocage potentiel de la route arctique) ; b) le verrou pontique en mer Noire qui entrave la ligne Danube-Pont-Don-Volga-Caspienne-Iran et que les Russes cherchent à contourner en organisant avec les Iraniens et les Indiens le « Corridor économique Nord-Sud », partant de Mumbai, traversant l’Iran et la Caspienne ou longeant celle-ci à travers l’Azerbaïdjan (18) ; c) le verrou est-méditerranéen ou israélien, qu’il serait judicieux de nommer le « mur hérodien », érigé par les Britanniques et ensuite entretenu par les Américains, afin de créer un chaos permanent au Levant et en Mésopotamie. Les lecteurs de Toynbee et de Luttwak sauront que les rois Hérode de l’antiquité étaient en place grâce à l’appui romain pour contrer toute avancée perse en direction de la Méditerranée : le sionisme israélien est un avatar moderne de ce mur romain, incarné par les rois Hérode. L’énergie russe ne passe plus par les gazoducs de la Baltique ; dans quelques semaines, le gouvernement Zelenski fermera les gazoducs ukrainiens qui amènent le gaz aux Slovaques, aux Hongrois et aux Autrichiens, trois pays récalcitrants dans l’OTAN et l’UE. Il restera le gazoduc turc mais quid si Erdogan pique une crise d’anti-européisme ou si l’Occident américanisé impose des sanctions à Ankara, si la Turquie s’aligne sur les BRICS ou continue à avoir des relations normales avec Moscou ?
Le monde bouge, les cartes sont redistribuées chaque jour qui passe. Cette mobilité et cette redistribution postule une adaptation souple, allant dans nos intérêts. L’Europe n’était pas une aire enclavée mais était ouverte sur le monde. Elle risque désormais l’enclavement. Elle se ferme au risque de l’implosion définitive, parce qu’elle s’est alignée sur les Etats-Unis et a adopté, contre ses intérêts, des idéologies nées aux Etats-Unis : hippisme, néolibéralisme, irréalisme diplomatique (alors que Kissinger préconisait un réalisme hérité de Metternich), wokisme. Il est temps que cela change. La montée des BRICS est un défi, à relever avec des dispositions mentales très différentes, que nous enseignent les grandes traditions pluriséculaires, surtout celles nées aux périodes axiales de l’histoire.
Notes :
- (1) Lire le livre de Jean-Michel Sallmann, Le grand désenclavement du monde 1200-1600, Payot, 2011.
- (2)Ian Morris, Why the West Rules – For Now, Profile Books, London, 2011.
- (3) Gerd-Klaus Kaltenbrunner, « Sigmund von Herberstein – Ein österreichischer Diplomat als ‘Kolumbus Russlands’ », in : Vom Geist Europas – Landschaften – Gestalten – Ideen, Mut-Verlag, Asendorf, 1987.
- (4) Lecture indispensable : Cat Jarman, River Kings. The Vikings from Scandinavia to the Silk Roads, Collins, London, 2021.
- (5) Louis Dupeux, Stratégie communiste et dynamique conservatrice. Essai sur les différents sens de l'expression « National-bolchevisme » en Allemagne, sous la République de Weimar (1919-1933), (Lille, Service de reproduction des thèses de l'Université) Paris, Librairie H. Champion, 1976.
- (6) Otto-Ernst Schüddekopf, National-Bolschewismus in Deutschland 1918-1933, Ullstein, Frankfurt/M-Berlin-Wien, 1972. J’inclus bon nombre de faits, mentionnés par Schüddekopf dans le chapitre intitulé « Conférence de Robert Steuckers à la tribune du ‘Cercle non-conforme’ » (Lille, 27 juin 2014), in : R. S., La révolution conservatrice allemande, tome deuxième, Editions du Lore, s. l., 2018.
- (7) Fiche Wikipedia d’Otto-Ernst Schüddekopf : https://de.wikipedia.org/wiki/Otto-Ernst_Sch%C3%BCddekopf
- (8) Reprint partiel de cette revue « nationale-communiste » : « Aufbruch » - Dokumentation einer Zeitschrift zwischen den Fronten, Verlag Dietmar Fölbach, Koblenz, 2001.
- (9) On lira toutefois la passionnante étude de Kris Manjapra, Age of Entanglement. German and Indian Intellectuals Across Empire, Harvard University Press, Cambridge/London, 2014.
- (10) Robert Steuckers, « Les amendements chinois au ‘Nouvel Ordre Mondial’ », in ; Europa – vol. 2 – De l’Eurasie aux périphéries ; une géopolitique continentale, Bios, Lille, 2017.
- (11) Voir : https://market-insights.upply.com/fr/la-carte-verite-des-...
- (12) Robert Steuckers, « L’encerclement de l’Iran à la lumière de l’histoire du Grand Moyen-Orient » & « Réflexions sur deux points chauds : l’Iran et la Syrie », in Europa, vol. III – L’Europe, un balcon sur le monde, Bios, Lille, 2017. Voir aussi, R. S., « Le fondamentalisme islamiste en Iran, négation de l’identité iranienne et création anglo-américaine », in Europa, vol. II – De l’Eurasie aux périphéries, une géopolitique continentale, Ed. Bios, Lille, 2017.
- (13) Daniell Pföhringer, « Plan Morgenthau et Nord Stream: Gloria von Thurn und Taxis en remet une couche », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/10/08/m...
- (14) Stefan Schmitt, « Les céréales et la guerre », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/07/31/l...; Enrico Toselli, « Le blé ukrainien contre les agriculteurs polonais. Et le blé russe nourrit l'Afrique », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/04/14/l...; un point de vue russe sur le problème : Groupe de réflexion Katehon, « La crise du blé et la sécurité alimentaire », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/07/19/l... ; pour réinsérer la question dans une vaste perspective historique : Andrea Marcigliano, « Sur le blé: de l'antiquité à la guerre russo-ukrainienne », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/06/22/s...
- (15) Pour bien comprendre la problématique, ainsi que celle du stockage stratégique du grain (dont la Chine est l’incontestable championne), lire le chapitre IV de : Federico Rampini, Il lungo inverno – False apocalissi, vere crisi, ma nonci salverà lo Stato, Mondadori, Milan, 2022.
- (16) Le dossier présenté par Thomas Röper, sur base d’une analyse d’Asia Times : «La dédollarisation, voie vers la liberté financière mondiale », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/09/09/l...; voir aussi : Bernhard Tomaschitz, « Les États-Unis veulent désormais sanctionner les pays qui abandonnent le dollar - Un sénateur veut stopper la dédollarisation progressive par des sanctions », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/08/18/l...
- (17) Enrico Toselli, « Pour la première fois, les pays de l'ANASE préfèrent la Chine aux États-Unis en matière d'investissement dans la défense militaire », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/04/05/p...
- (18) Arthur Kowarski, « L'Inde intensifie sa coopération avec l'Iran dans le domaine des infrastructures de transport », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/05/15/l... ; Pepe Escobar, « L'interconnexion de la BRI et de l'INSTC complètera le puzzle eurasien », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/08/22/l...
18:21 Publié dans Actualité, Géopolitique, Synergies européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : robert steuckers, brics, géopolitique, politique internationale, histoire | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mardi, 23 septembre 2025
La victoire de l’Ours, de l’Éléphant et du Dragon
La victoire de l’Ours, de l’Éléphant et du Dragon
Alexandre Douguine
Animateur : Le sommet de l’OCS est sans doute l’événement numéro un, deux et trois, probablement, au monde aujourd’hui : du point de vue de la géopolitique, de l’économie, de la sécurité et de sa place dans l’espace médiatique. Selon vous, qu’est-ce qui prime dans ce cas, quand on commence à parler du sommet de Tianjin ?
Alexandre Douguine : Oui, c’est quelque chose de fondamental. Peut-être que ce sera précisément le point de bascule. En gros, le multipolarisme, tel qu’il est incarné dans l’OCS et les BRICS, repose sur trois piliers principaux: la Russie, la Chine et l’Inde. Trois États-civilisations incontestés. Trois pôles autonomes. Voilà ce qu’est le multipolarisme. Au départ, ce multipolarisme s’est construit prudemment, pourrait-on dire. L’idée était de le créer en dehors de l’Occident, mais pas contre l’Occident. Et si l’Occident l’avait accepté, on ne peut exclure qu’il aurait eu sa place dans ce monde multipolaire.
Mais ensuite est survenu un moment très intéressant. L’arrivée de Trump après Biden et les mondialistes, qui rejetaient catégoriquement le monde multipolaire et tentaient de préserver l’unipolarité, — Trump est arrivé avec un programme très complexe. D’un côté, il disait: je suis contre le mondialisme, je suis pour l’ordre agencé par les grandes puissances. On pouvait donc supposer qu’il s’intégrerait d’une certaine manière dans ce programme multipolaire, en essayant de maintenir le leadership des États-Unis, mais en renonçant aux plans mondialistes. Mais cela ne s’est pas produit. Trump a commencé à menacer les BRICS, à imposer de nouvelles sanctions, à poser des ultimatums à la Russie avec divers délais, à imposer des tarifs à tout le monde, et bien sûr, le point culminant a été l’imposition d’un tarif de 50% contre l’Inde parce qu'elle achetait prétendument du pétrole russe. En réalité, l’Occident achète lui-même ce même pétrole russe à l’Inde, et la Chine, qui achète également du pétrole russe, ne prête aucune attention aux menaces américaines, alors que Trump ne lui impose pas de tels tarifs élevés. Cela donne une image très contradictoire de la politique étrangère américaine. On a l’impression que l’Occident est en crise, d’autant plus qu’il y a des adversaires mondialistes qui sont contre Trump et contre le monde multipolaire, donc encore plus dangereux. Et Trump paraît osciller entre ce mal absolu et le multipolarisme. Un pas d’un côté, un pas de l’autre. Au début, il semblait qu’il accepterait, et même Marco Rubio a déclaré que nous vivions dans un monde multipolaire, que l’Amérique se fasse grande, que les autres rendent grandes l’Inde ou la Chine — on ne parlait pas de la Russie, mais en tout cas, pourquoi ne serions-nous pas de la partie? Ils se rendent grands, eux, et nous aussi, sans demander la permission à personne. Il semblait que ceci pouvait se passer pacifiquement. Mais ensuite, la situation a basculé: Trump a commencé à détruire cela, à saboter, à attaquer, à faire pression. Et là, une chose intéressante s’est produite: les tentatives de Trump — naïves, sporadiques, incohérentes — de détruire le monde multipolaire ont commencé à le renforcer.
Dans la structure du monde multipolaire, il existait des contradictions substantielles entre l’Inde et la Chine. Mais après l’introduction des tarifs contre l’Inde, que ne paient pas les Indiens eux-mêmes, mais ceux qui achètent les produits indiens en Occident, donc aux États-Unis — c’est-à-dire les contribuables américains, même si le volume des exportations va bien sûr diminuer —, l’Inde, en tant qu’État-civilisation souverain, ce que Modi souligne de toutes ses forces en parlant de la nécessité de décoloniser la conscience indienne, se voit obligée non seulement de se rapprocher de nous, ce qui se produit déjà, mais aussi de se rapprocher de son concurrent régional — la Chine. Modi n’était pas allé en Chine depuis six ans, et voilà qu’il vient au sommet de l’OCS, rencontre Xi Jinping. Il s’avère donc que Trump, en cherchant à détruire le monde multipolaire et en menaçant de nouvelles sanctions les pays qui refusent le dollar, contribue à sa formation, malgré lui. Plus il agit agressivement, plus les pays cherchant à promouvoir la multipolarité passent à des règlements dans leurs propres monnaies, plus ils se consolident. Si l’on ajoute à cela l’attitude scandaleuse de Trump envers le Brésil, on obtient un autre pôle important. Le Brésil ne participe pas à l’OCS, mais dans les BRICS c’est un pays clé. Le monde islamique et l’Afrique observent cela.
Ainsi, le sommet de l’OCS met en lumière un détail important: la construction du monde multipolaire, la formation de nouveaux pôles civilisationnels souverains se déroule dans toutes les situations — aussi bien lorsque l’Occident n’y fait pas obstacle, en allégeant la pression, que lorsqu’il y fait obstacle. On peut comparer cela à la navigation à la voile. Ceux qui ont déjà dirigé un voilier savent qu’on peut aller vers le même but dans la même direction, quel que soit le vent. S’il est favorable, on positionne les voiles d’une façon; s’il est latéral, d’une autre; même un vent de face permet d’avancer efficacement vers l’objectif, si l’on est un bon marin.
Ainsi, Poutine, Xi Jinping et Modi démontrent une maîtrise brillante de l’art de la navigation. Quelle que soit la situation à l’Ouest, qui est déjà en train de s’effondrer, avec ses protestations internes, Trump ne donnant plus signe de vie depuis plusieurs jours — beaucoup en Amérique se demandent: que lui est-il arrivé? Lui qui ne passait jamais une journée sans publier sur les réseaux, sans prononce de discours, sans donner d'interview, et le voilà soudainement absent. L’Occident est en crise: tantôt certaines de ses composantes meurent, tantôt non, tantôt elles se tirent dessus, tantôt elles soutiennent les uns, puis les autres, créent des conflits et des guerres. Mais le voilier du monde multipolaire va vers son but, indépendamment de la tempête qui secoue cet Occident manifestement à la dérive. C’est très important d'en prendre bonne note.
Animateur : Permettez une question en complément. Peter Navarro (photo), économiste et ancien conseiller de Trump, a récemment accusé l’Inde d’arrogance. Vous venez d’évoquer l’opposition. Il a déclaré, avec une assurance étonnante: pourquoi ne nous rejoignent-ils pas, ces Indiens? Pourquoi achètent-ils du pétrole russe? Etc. Ma question est la suivante: est-ce, selon vous, encore une incompréhension de la mentalité des Chinois, des Indiens, des Russes et de ces civilisations en général, ou bien s’agit-il d’une pression obstinée et délibérée, d’un vent contraire, quoi qu’il arrive ?
Alexandre Douguine : Si nous avions affaire à des mondialistes, c’est-à-dire à l’administration démocrate — Biden, Kamala Harris — ou aux politiciens qui tirent les ficelles en Europe, je répondrais sans hésiter: ils ne considèrent personne d’autre qu’eux-mêmes comme des sujets à part entière. Ils imposent leur propre programme, et tout ce qui s’en écarte doit, selon eux, être détruit, brisé, transformé, convaincu par la pression ou la tromperie. Tout doit se faire selon leur plan: il ne doit y avoir qu’un seul pôle — le pôle global, tous les autres doivent être dissous, les élites, surtout économiques, intégrées à la classe dirigeante globale, tout doit être monopolisé, contrôlé. Leur seule forme d’interaction avec l’Inde, avec nous, avec la Chine, est donc de dire et de répéter: "Rendez-vous!". Si vous ne vous rendez pas aujourd’hui, ce sera demain, si ce n’est pas demain, ce sera après-demain. Mais vous devez vous rendre, comprendre que, hormis l’idéologie libérale mondialiste, rien n’existe, il n’y a pas de souveraineté, pas d’intérêts régionaux, il n’y a qu’un sujet global du développement, une économie globale, le BlackRock global avec ses bulles et pyramides financières qui absorbent et détruisent l’économie réelle. C’était ainsi jusqu’à récemment, et dans une certaine mesure cela le reste.
Mais quand Trump est arrivé, il a dit: j’agirai autrement. Lui et ses proches partisans — J.D. Vance, Elon Musk, Tulsi Gabbard, des gens du mouvement MAGA (Make America Great Again) — ont déclaré: le modèle mondialiste ne nous convient plus. Nous allons nous concentrer sur nos problèmes internes, renforcer l’Amérique comme un pôle autonome. Au début, il y avait des allusions, voire des formulations explicites: que les autres se débrouillent. S’ils veulent leur souveraineté, tant mieux, s’ils veulent mener leur propre politique, qu’ils négocient ou qu’ils s’opposent à nous. Nous saurons repousser les conflits, nous saurons apprendre à négocier. C’est un modèle tout autre. Le trumpisme, du moins au départ, reconnaissait la qualité de sujet (autonome) à l’Inde, à la Chine, à la Russie. D’où la volonté de mettre fin aux interventions, aux conflits, au financement d’organisations terroristes comme en Ukraine actuelle. Mais, à en juger par les neuf premiers mois de l’administration Trump, ils n’ont pas poursuivi cet objectif. Ils sont sans cesse ramenés à l’ancien mondialisme, via les néoconservateurs.
Par des gens comme Navarro — d’abord, il n’est pas porte-parole officiel, ensuite, Elon Musk disait qu’il n’y avait personne de plus stupide que Navarro dans l’entourage de Trump. Ils s’échangent des commentaires peu flatteurs, mais il y a des gens autour de Trump qui, sans être mondialistes, sont trop primitifs, pensent à court terme, dans l’immédiateté. Leur logique déstabilise à la fois le mondialisme et le trumpisme initial. Prenons l’anecdote du clignotant défectueux: un conducteur idiot demande à un autre, encore plus idiot, de vérifier si le clignotant fonctionne. Il répond: ça marche, ça marche pas, ça marche, ça marche pas. Navarro et ce segment de l’entourage de Trump raisonnent de la même façon — par cycles courts. S’ils étaient un peu plus intelligents, ils diraient: le clignotant fonctionne, il clignote, c’est son but. Mais eux évaluent la politique — vis-à-vis de l’Inde, de la Russie, de la Chine, du Venezuela, du Moyen-Orient, de l’Europe, du Brésil — selon le principe: ça marche, ça marche pas. Aujourd’hui amis, dans 15 minutes ennemis. Pour les mondialistes, si tu échappes à leur contrôle, tu es un ennemi, on te détruira, si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera plus tard. Les mondialistes agissent de façon cohérente, sans hésitation, cherchant à maintenir le monde unipolaire, empêchant l’émergence du multipolarisme. C’est le mal pur, une politique suicidaire, qui refuse de reconnaître la réalité. Mais au moins elle est cohérente. Les mondialistes corrompent les élites, détruisent les sujets politiques, fomentent des révolutions de couleur, déclenchent des guerres, diabolisent. Mais l’entourage de Trump n’agit de façon cohérente ni comme les mondialistes, ni comme ils l’avaient promis au départ. Cela provoque de la confusion, du désarroi, de l’embarras. Le comportement actuel de l’administration Trump, c’est de susciter de l’embarras, c'est ne faire ni l’un ni l’autre. Ni du pur mondialisme, ni le trumpisme crédible.
Animateur : Il y a donc une multipolarité interne — dans la tête de Trump.
Alexandre Douguine : Oui, cela y ressemble. De plus en plus de gens disent que cela frise le trouble psychique. Exemple du clignotant: aujourd’hui vous êtes amis, demain ennemis. À chacun on donne un délai: dans 10 jours, faites ce qu’on vous dit de faire. Dix jours passent, rien n’est fait, tout est oublié. Cela tangue, ça rappelle la bipolarité. Un pôle — le mal mondialiste, dont Trump semble se distancier, l’autre — la bonne voix: rends l’Amérique grande, cesse les interventions grossières dans les affaires internationales, comme le faisaient tes prédécesseurs. Mais ces voix se recouvrent. On a la sensation d’une personnalité divisée, d’une conscience incapable de se concentrer sur une seule ligne. Dès que Trump suit la bonne voix, la mauvaise se fait entendre, il retombe sur la ligne mondialiste. La deuxième voix dit: tu trahis tes intérêts. C’est, au fond, comme un marin débutant.
Mais Poutine, Xi Jinping, Modi — ce sont des leaders qui pensent sur le long terme. Ils construisent non seulement la situation internationale, mais aussi les régimes politiques, les idéologies de leurs pays dans une perspective lointaine, au-delà de leur propre vie. Ils sont mortels, mais leurs actions créent un ordre mondial où il n’y aura pas d’alternative au multipolarisme et à la souveraineté civilisationnelle. Trump, lui, est un homme de passage, avec un ego immense. Il ne sait pas où mener l’Amérique, son navire. Il ne veut pas aller là où l’emmenaient les démocrates, mais il ne peut plus aller là où il l’avait promis à ses électeurs.
Animateur : Permettez une question philosophique. Le multipolarisme — si on poursuit la métaphore des navires — ce sont des navires différents. Ils sont construits différemment, ils ont des structures et des voiles différentes, tout diffère — sur le plan religieux, national, géopolitique. Selon vous, où doit se situer le point d’appui, quand on parle d’une telle union géopolitique globale de l’éléphant, de l’ours et du dragon, ces trois grandes puissances ? Sur quoi doivent-elles s’appuyer ?
Alexandre Douguine : Tout d’abord, le principe d’ennemi commun n’a jamais été aboli dans la stratégie mondiale. Et ce n’est pas tout à fait l’Amérique, c’est le mondialisme. Le monde unipolaire mondialiste est une menace concrète qui vise chacune de ces nations. Le dragon, l’ours et l’éléphant ont un ennemi commun, qui veut détruire chacun d’eux, supprimer la souveraineté civilisationnelle de ces pays, de ces civilisations. Sur ce point, face à une telle pression constante — sur nous, sans doute encore plus, puisqu’on nous a imposé une guerre contre notre propre peuple —, cet ennemi commun devient un facteur de cohésion.
De plus, nous sommes prêts à reconnaître le droit à la qualité de sujet de l’autre. Les trois pôles du monde multipolaire sont d’accord: s’il n’y a pas de christianisme en Chine, ce n’est pas grave, c’est leur tradition. Les Hindous estiment que l’absence d’hindouisme en Russie n’est pas un problème. Les Chinois sont sûrs que le confucianisme est pour un système fait pour eux, pas pour l’exportation dans le monde. C’est un aspect important de notre identité, de notre idéologie. Nous rejetons ce qui est imposé de l’extérieur, nous défendons nos paradigmes civilisationnels, mais nous ne les imposons pas aux autres. Cela nous distingue de notre ennemi commun.
L’Occident collectif et mondialiste veut imposer à la Chine, à l’Inde, à nous sa propre vision. Ils ne nous écoutent pas. Notre christianisme orthodoxe ne doit pas exister, pas plus que l’hindouisme ou le confucianisme. Il doit y avoir la promotion des LGBT (interdite en Fédération de Russie), la migration, l’individualisme, l’idéologie des droits de l’homme, Greta Thunberg, l’écologie. Et, bien sûr, BlackRock doit tout diriger. Nous rejetons cela tous ensemble, mais nous n’imposons même pas à nos ennemis notre propre modèle. C’est la différence fondamentale entre la philosophie du multipolarisme et celle du mondialisme.
Animateur : Parlons de l’Organisation des Nations unies. Vladimir Poutine l’a évoquée dans une interview à l’agence de presse chinoise Xinhua, avant même le début du sommet de l’OCS. La Russie plaide pour une réforme de l’ONU, pour l’intégration des pays du Sud global. Première question, étant donné que le sujet est vaste: quel est, à votre avis, l’anamnèse et le diagnostic de l’état actuel de l’ONU, et une réforme globale est-elle possible dans les conditions actuelles ?
Alexandre Douguine : Il faut faire un bref retour historique. L’ONU est née à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, une époque de vainqueurs et de vaincus. Parmi les vainqueurs, il y avait des forces principales et des forces périphériques. L’ONU est une structure créée par les principaux vainqueurs. En fait, c’est ce qu’on appelle le monde de Yalta, où tous sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres, tous sont souverains, mais pas vraiment.
En réalité, deux blocs de vainqueurs étaient véritablement souverains: l’Occident capitaliste, qui a vaincu l’Allemagne nazie, et l’Est communiste. Cette structure, y compris la représentation des pays au Conseil de sécurité de l’ONU, reflète cet état de fait. Progressivement, à mesure que les blocs oriental et occidental se sont popularisés, un troisième pôle a émergé — le Mouvement des non-alignés, où l’Inde a d’ailleurs joué un rôle important. Mais la situation n’était pas équitable: le troisième pôle oscillait et naviguait entre le pôle communiste et le pôle capitaliste. En réalité, tout était déterminé par l’équilibre des forces entre le communisme et le capitalisme. Voilà ce qu’était l’ONU.
La structure du droit international reflétait l’équilibre des forces des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. L’Allemagne et le Japon n’y figuraient pas du tout — ils étaient considérés comme des territoires occupés faisant partie de l’Occident capitaliste, et c’est tout. Il n’existait pas d’autres pôles. L’Union soviétique représentait un vrai pôle à part entière. On disait de Gromyko (photo), ministre des Affaires étrangères de l’URSS — qu'il était «Monsieur Non»: car à tout ce que proposaient les capitalistes, il répondait non, chez nous, socialistes, marxistes, l’avis est autre. À chaque thèse correspondait une antithèse, mais la possession de l’arme nucléaire et une certaine parité des armements, surtout stratégiques, excluaient un conflit direct. Les conflits se déroulaient via des guerres par procuration — en Corée, au Vietnam, en Afrique, en Amérique latine. Certains soutenaient un pôle, d’autres l’autre. Le droit international reflétait cet équilibre de forces.
À strictement parler, il n’existe pas de vrai droit international — c’est une illusion de le croire. Il y a ceux qui pouvaient faire quelque chose, et ceux qui ne le pouvaient pas. Entre ceux qui avaient réellement du pouvoir — les souverains —, un accord se nouait dans un système bipolaire, et tous les autres étaient contraints de s’y plier. Voilà ce qu’était l’ONU. Quand l’Union soviétique est tombée, l’un des pôles du système international s’est auto-dissous, s’est évaporé. Dans les années 1990, souvenez-vous de notre politique: nous disions que nous n’avions plus de souveraineté, que l'Occident, lui, était souverain, que nous suivions son sillage, que nous faisions partie de la civilisation occidentale, de la Grande Europe, que nous n’étions plus l'antithèse de l'Occident.
L’Occident alors envisageait de créer une Ligue des Démocraties: pourquoi maintenir ce résidu d’un monde bipolaire, cette chimère, ce membre fantôme? Construisons un système unipolaire, où nous établirons les règles de l’ordre libéral, la fin de l’histoire, l’hégémonie mondiale de l’Occident, et tous les autres devront s’y plier. C’est cela, la Ligue des Démocraties. Mais nous avons résisté un peu, et d’autres pays ne voulaient pas non plus reconnaître officiellement leur statut de vassaux dans ce modèle unipolaire, et l’ONU a ainsi survécu jusqu’à aujourd’hui. Maintenant, nous avons un autre système — ni bipolaire, ni unipolaire comme dans les années 1990, mais multipolaire. C’est la troisième grande configuration. L’ONU ne nous convient plus, car elle reflète encore l’inertie du monde bipolaire et le renforcement du monde unipolaire.
Poutine a accusé l’ONU d’avoir été prise en main par les partisans du mondialisme, qui refusent de reconnaître d’autres facteurs. L’ONU en elle-même n’est pas une panacée. Le monde multipolaire que nous construisons à travers l’OCS, les BRICS, et d’autres structures, qui sont justement polycentriques, doit devenir le prochain modèle du droit international. Dans la définition de ce qui est bien ou mal, doivent participer l’Occident, nous, les Chinois, les Indiens, les Latino-Américains, les musulmans, les Africains. Voilà ce qu’est le droit international. Si chacun de ces pôles détient une puissance suffisante — économique, militaire, idéologique, diplomatique, industrielle —, alors ce pôle pourra affirmer: je considère que c’est ainsi. Nous ne pouvons pas revenir au système de Westphalie, où chaque État reconnu est souverain — cela n’a jamais réellement fonctionné. Déjà il y a cent ans, au 20ème siècle, les pays étaient répartis en blocs. Il y avait encore le bloc fasciste, mais là non plus, les États individuels n’étaient pas souverains — ils s’effondraient dès que la main d’Hitler s’abattait sur eux. Idem pour notre bloc de l’Est et pour l’Occident global. Après la chute de l’Europe hitlérienne, il restait deux pôles, et il n’y avait plus d’États-nations. Comme l’a bien remarqué Krasner, spécialiste des relations internationales, la souveraineté est une hypocrisie.
Nous comprenons que certains États ne sont pas souverains, mais à l’ONU, leur voix pèse autant que celle de la Chine ou de l’Inde. C’est une parodie, une farce. Ceux qui sont réellement forts et capables de défendre leur souveraineté doivent établir les règles du droit international. L’Occident veut que ce soit seulement lui. Cela ne nous convient pas. Le droit international de demain doit se construire sur les principes du multipolarisme, vers quoi nous tendons. Ce sommet est lié à cet objectif. Pas à pas, d’une démarche assurée et d’acier, les trois grandes puissances bâtissent un monde multipolaire, que d’autres rejoignent. Certains courent vers l’Occident — inutile de montrer du doigt nos anciens amis qui se sont éloignés. Mais beaucoup de pays choisissent le nouveau droit international fondé sur le multipolarisme.
Animateur : D’après votre réponse, la question suivante s’impose. Nous voyons le système des grandes organisations internationales — l’UNESCO, l’AIEA, l’OMC, le CIO, l’OMS, et d’autres. Toutes montrent aujourd’hui leur inefficacité, sont critiquées, surtout l’AIEA, qui, comme on le constate, n’arrive pas à résoudre le problème nucléaire iranien et se trouve toujours à la remorque. Au final, on dirait que les organisations globales deviennent subordonnées à certains blocs. Là où le bloc Russie-Chine-Inde est fort, c’est lui qui dirige l’organisation, sans plus tenir compte de Vanuatu ou du Cap-Vert.
Alexandre Douguine : Vous avez tout à fait raison, mais le fait est que tous ces soi-disant instituts globaux que vous avez cités n’obéissent en réalité qu’à un seul bloc. Ils sont inefficaces parce que l’Occident est devenu inefficace. Ce sont des instruments de l’hégémonie occidentale. Ils ne satisfont plus ceux qui ne sont plus satisfaits par l’Occident. C’est tout. Ce ne sont pas des organisations mondiales, elles n’en ont que le nom. Ce sont des proxies occidentaux. L’Occident et ses représentants dans d’autres pays, la Banque mondiale, l’OMC — tout est construit sur la base des intérêts de l’Occident. Dès que quelque chose ne plaît pas à l’Occident, comme la Chine qui a appris à jouer selon leurs règles et les bat à leur propre jeu, ils changent aussitôt les règles, imposent de nouvelles exigences. Peut-être que Trump a été soutenu, y compris par l’État profond, parce qu’on comprend qu’il faut changer quelque chose. Mais ni les mondialistes, ni Trump ne sont d’accord pour créer un modèle multipolaire juste, et tout est donc bloqué à ce niveau.
Il est nécessaire de construire des structures internationales, des systèmes, des organisations, peut-être des centres missionnaires ou des règles de coopération économique, qui s’appuieront sur nos intérêts souverains. Les pays des BRICS, de l’OCS, les partisans du monde multipolaire ont la chance de créer de véritables systèmes internationaux, soutenus par leur propre souveraineté. C’est vers cela que nous allons. Les structures internationales existantes sont des vestiges du monde unipolaire. Il est révélateur que Trump l’ait compris, menaçant de sortir de l’ONU, de l’OTAN, de l’OMS, de l’OMC. Chaque jour, nous entendons de ce côté-là de l’océan des menaces de retrait de ceci ou de cela. C’est devenu trop évident. Quand une partie se fait passer pour le tout, c’est de la contrefaçon, de l’imposture, et la supercherie devient flagrante. Ces organisations sont le prolongement des services secrets occidentaux, et il n’est donc pas étonnant qu’on ne leur fasse plus confiance. Les nouveaux instituts doivent être créés par ceux qui partagent la vision d’un monde multipolaire.
Et l’Occident alors ? Qu’il accepte nos règles — pas seulement celles de la Russie, de la Chine ou de l’Inde, mais des règles de consensus. Si l’Amérique veut redevenir grande, elle doit reconnaître l’inévitabilité du multipolarisme. La question est celle de la coordination et du concert de ces civilisations, où l’Amérique et l’Europe, si vous voulez, trouveraient leur place. Mais avec les dirigeants européens actuels, cela ne marchera pas. Ils seront balayés. Ursula von der Leyen, Macron, Starmer, Merz — ce sont les pions d'un gouvernement d’occupation mondial, qui ne respecte pas ses peuples. Ils les traitent pire que les autres. C’est une élite d’occupation. Je pense que les peuples d’Europe — d’Angleterre, de France, d’Allemagne —, lors de soulèvements, lascèreront littéralement ces élites, comme avant, lors des révolutions. En Amérique, la société, Trump et ses partisans montrent qu’ils comprennent la nécessité de sortir de la situation actuelle par d’autres moyens. Dans l’idéologie MAGA, il y a théoriquement la possibilité de participer au concert des pôles mondiaux. Tulsi Gabbard, chef des services de renseignement américains, a décrit à plusieurs reprises comment les États-Unis pourraient s’intégrer dans le monde multipolaire à des conditions privilégiées, en créant de nouveaux instituts internationaux justes, reflétant les intérêts de tous. Il pourrait y avoir des conflits, de la concurrence, mais la Russie, l’Inde, la Chine montrent déjà comment parvenir au consensus. C’est important.
Animateur : En partant de votre réponse, parlons d’intégration. Le sommet de l’OCS a uni le Sud global, mais il s’agit maintenant non pas tant de cela que du défilé militaire et de la célébration du 80ème anniversaire de la victoire sur le Japon. Les États-Unis étaient un acteur clé du théâtre d’opérations du Pacifique, et la capitulation fut signée à bord du cuirassé Missouri. Ils sont membres à part entière non seulement de la coalition anti-hitlérienne, mais aussi de la coalition anti-japonaise. Ma question: l’absence de Trump et de l’Amérique à cette célébration, leur exclusion, ainsi que le silence de Trump sur le sommet de l’OCS — est-ce une erreur de l’Amérique, une action délibérée de l’OCS ou, avant tout, de la Russie et de la Chine ? Comment évaluez-vous ce vide du point de vue américain ?
Alexandre Douguine : Tout d’abord, contrairement à nos adversaires, nous reconnaissons la justesse historique et la contribution de l’Amérique à la victoire sur Hitler et sur le Japon militariste. Nous ne le nions pas. Notre mémoire est juste. Nous nous souvenons que ce sont eux qui ont bombardé Hiroshima et Nagasaki, mais nous leur rendons hommage: dans ce conflit, ils étaient de notre côté. De notre côté, il n’y a eu aucune démarche agressive pour exclure les Américains. Je suis convaincu que c’est leur choix. Ils ne veulent pas avoir affaire au monde multipolaire. Ils voient la Chine, l’Inde, la Russie gagner en puissance, résister sans faiblir aux tarifs et à la pression dans la nouvelle et capricieuse manière d'agir de Trump. Il n’a rien à dire. Frapper du poing sur la table ou lancer une roquette ne marche plus, il doit donc ravaler son agressivité.
Depuis quelques jours, on a l’impression que la santé de Trump laisse à désirer. Peut-être s’est-il surmené. Alex Jones l’a prévenu : Monsieur le Président, vous avez l’air étrange, votre discours, votre logique… C’est toujours Trump, mais un peu différent. Des rumeurs circulent sur une situation encore plus grave. Nous ne lui souhaitons pas la mort, plutôt un prompt rétablissement. Nous sommes justes même envers nos ennemis. Trump n’est pas le pire qui puisse nous arriver. Il n’a pas pu garder la confiance de beaucoup, a échoué sur de nombreux fronts. Cela pourrait tourner au cauchemar pour les relations internationales, ce n’est pas à exclure. Mais humainement, l’absence de ce vieux dirigeant ne nous réjouit pas. Qu’il se rétablisse, divertisse l’humanité et intègre l’Amérique dans le monde multipolaire, même contre sa volonté. Il est en train de le faire. Nous sommes prêts à composer avec les deux visages de Trump. Si le vent contraire continue, s’il poursuit sa politique de destruction à la façon d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, cela ne nous empêchera pas d’avancer vers notre but. S’il cesse de s’opposer, tant mieux — nous sommes prêts à tendre la main et l’intégrer aux BRICS. Si tout peut se résoudre pacifiquement — parfait. S’il faut poursuivre l’affrontement ou aller vers l’escalade, ce n’est pas notre choix, mais nous sommes prêts. Nous devons répondre à une seule question: comment garantir nos intérêts, renforcer la souveraineté et construire un monde multipolaire. Personne ne doit en douter. C’est la stratégie de notre État. Nous avons choisi cette voie fermement et nous n’arrêterons pas avant la victoire finale.
Comment se comporteront les États-Unis ou d’autres acteurs mondiaux ? — S’ils acceptent le monde multipolaire, ce sera le meilleur scénario. À Anchorage, nous étions proches d’un accord, puis nous nous sommes éloignés. S’ils ne l’acceptent pas, nous combattrons, nous défendrons nos positions. Nous combattons en Ukraine le modèle unipolaire, l’Occident collectif. Tout le monde le comprend. Nous gagnerons — par la paix, si possible, ou par la guerre, mais nous ne dévierons pas de notre chemin. L’élection même de Trump montre qu’ils doutent de la voie mondialiste. Ils ont choisi un homme qui promettait le contraire. Il n’a pas tenu ses promesses, il a reculé. Mais il lui reste trois ans. Nous pouvons voir arriver beaucoup de choses encore. L’essentiel, c’est de miser fermement sur nous-mêmes, sur la Grande Russie, sur notre victoire, notre liberté et notre indépendance.
17:08 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bri, brics, russie, inde, chine, onu, états-unis, multipolarité | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
jeudi, 04 septembre 2025
Ordre mondial technopolaire: les BRICS comme leader dans l’intelligence artificielle
Ordre mondial technopolaire: les BRICS comme leader dans l’intelligence artificielle
Markku Siira
Source: https://geopolarium.com/2025/09/01/teknopolaarinen-maailm...
Les pays BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, ainsi que d’autres membres du groupe – émergent en tant qu’acteurs mondiaux en intelligence artificielle, défiant la suprématie technologique occidentale. En combinant leurs ressources économiques, leurs compétences diverses et leurs visions stratégiques, ces nations construisent un écosystème technologique souverain et inclusif qui façonnera un avenir technopolaire en fonction des besoins de l’Est et du Sud mondiaux.
Dans ce contexte, la Chine a pris une position de leadership claire. Selon le rapport AI Index 2025 de Stanford, la Chine produit une part significative des recherches en IA les plus citées mondialement et domine les demandes de brevets. Le nouveau plan de développement de l’IA de la Chine a reçu plus de 1,08 billion de yuans (plus de 150 milliards de dollars) de financement. Des entreprises comme Baidu et Huawei ont développé des processeurs d’IA et des modèles linguistiques qui rivalisent à égalité avec Google et DeepAI.
L’Inde a adopté une stratégie nationale forte en IA, soutenue par un vaste écosystème technologique et une startup en pleine croissance. Un projet clé est IndiaAI, lancé en 2023 avec une allocation de 10 milliards de roupies (1,2 milliard de dollars). Son objectif est de développer des modèles linguistiques open source pour les langues indiennes, de créer des outils d’IA pour l’agriculture, l’éducation et la santé, et de promouvoir la conception locale de micropuces.
Le président russe Vladimir Poutine insiste sur le fait que l’IA sera “le champ de bataille du futur” et a lié le développement de l’IA russe à la sécurité nationale. La stratégie nationale russe en IA soutient le développement de la technologie de défense, de la reconnaissance vocale et de l’automatisation, avec une allocation importante, estimée à au moins 100 milliards de roubles (environ 1,07 milliard de dollars). Par ailleurs, le développement de l’IA accélère la digitalisation rapide de la prise de décision et de l’administration.
Le Brésil et l’Afrique du Sud se positionnent comme des centres d’innovation éthique en IA, notamment dans l’agriculture et la santé publique. La société brésilienne Embrapa a développé des outils d’IA basés sur des données satellitaires pour l’agriculture de précision. La CSIR sud-africaine promeut l’IA dans la mobilité intelligente et la santé numérique.
L’Éthiopie et l’Égypte encouragent la souveraineté numérique en investissant dans des centres de recherche en IA et une gestion intelligente. L’institut éthiopien en IA développe des applications de machine learning pour l’agriculture et l’éducation, tandis que la plateforme “Digital Nation” égyptienne améliore la gestion grâce à l’analyse de données. Plus largement, les pays africains, soutenus par la vision “AI for Africa”, conçoivent des solutions technologiques pour la santé et l’éducation, renforçant leur rôle dans le réseau technologique du bloc BRICS.
Les BRICS innovent avec des infrastructures technologiques alternatives pour défier la domination des plateformes occidentales comme Amazon Web Services et Google Cloud, car les modèles linguistiques existants, tels que GPT-4 et Claude, sont souvent entraînés sur des datasets occidentaux, ignorant les langues et valeurs de l’Est et du Sud.
C’est pourquoi, ses membres développent activement leurs propres grands modèles linguistiques (LLM). La Chine a lancé WuDaon et Ernie, la Russie GigaChat. L’initiative indienne Bhashini représente une étape importante vers la souveraineté linguistique en IA, en se concentrant sur une plateforme multilingue formée sur des langues indiennes. En 2024, le Brésil et la Chine ont annoncé des projets communs de recherche en IA pour créer des modèles linguistiques pour le contexte latino-américain en espagnol et portugais.
La stratégie IA des BRICS comprend aussi la réglementation. Lors du sommet des BRICS à Rio en 2025, une déclaration sur la gouvernance mondiale de l’IA a été adoptée. Ce document met en avant une gouvernance de l’IA dirigée par l’ONU, axée sur le développement et inclusive, respectant la souveraineté nationale. Elle encourage un développement technologique transparent, sûr et équitable, offrant une alternative à la réglementation européenne. Dans les pays en développement, la réglementation européenne est souvent critiquée pour son eurocentrisme et ses restrictions à l’innovation IA.
La nouvelle banque de développement, détenue par les BRICS, s’est activée pour financer des infrastructures en IA. En 2025, elle a lancé un fonds souverain numérique de 5 milliards de dollars. Ce fonds soutient les centres de recherche en IA, les data-centers et la production de semi-conducteurs dans les pays membres. Parmi les projets majeurs figurent le cluster cloud IA aux Émirats arabes unis et les zones de recherche et formation en Afrique.
Les BRICS encouragent et financent des solutions informatiques non occidentales et cherchent à réduire leur dépendance aux fournisseurs de semi-conducteurs afin de renforcer leur autonomie technologique. Le fabricant chinois SMIC produit des puces 7 nm, et le centre de recherche indien CDAC développe le processeur AUM en 14 nm, pour réduire la dépendance à Nvidia, Intel et autres acteurs occidentaux.
Dans le Golfe Persique, les priorités stratégiques de l’Iran dans la technologie quantique pourraient aussi influencer la future capacité de calcul en IA, tandis que les Émirats Arabes Unis ont investi massivement dans leur société nationale d’IA, G42, qui développe des solutions d’IA adaptées à la région.
Ainsi, les pays BRICS brisent la suprématie occidentale en matière de données, de technologie et d’éthique, en créant un écosystème technologique indépendant. Cet écosystème reflète la diversité des besoins, valeurs et ambitions du monde majoritaire. À l’aube de l’ère technopolaire, le bloc BRICS ne se contente pas de participer à la course technologique, mais cherche à établir un nouvel ordre mondial où l’Occident, en tant que minorité, ne détient plus seul la domination.
17:21 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : intelligence artificielle, brics, actualité | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Cinq raisons de soutenir les BRICS
Cinq raisons de soutenir les BRICS
par Riccardo Paccosi
Source : Riccardo Paccosi & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/cinque-ragioni-pe...
De la reductio ad unum à la pluralité comme valeur: les cinq raisons de soutenir les BRICS
Même si le sommet récemment tenu à Tianjin concernait l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), d’un point de vue politique, tous s’accordent à dire qu’il a indirectement représenté une avancée du projet plus général des BRICS. Il est donc possible d’évaluer cette perspective géopolitique.
Il faut préciser que, à l’horizon de l’humanité, se profilent des menaces – telles que l’organisation des sociétés sur la base du système de crédit social – qui échappent complètement à la géopolitique, c’est-à-dire qui traversent tous les camps politiques.
Pourtant, la différence essentielle entre le monde multipolaire promu par les BRICS et l’Empire unipolaire porté par l’Occident est fondamentale et impose de prendre position. Ceux qui soutiennent la renaissance de la démocratie et de la souveraineté populaire dans les sociétés occidentales corrompues, ne peuvent qu’être du côté des BRICS pour les cinq raisons suivantes :
1) Les BRICS rejettent l’idée fanatique et enfantine des néolibéraux selon laquelle ramener le monde à l’Un, nier les différences, serait la solution à tous les maux.
La philosophie puérile de la reductio ad unum a été à la base de l’Union européenne et des tentatives de gouvernance mondiale menées par le Forum économique mondial, dont les résultats aujourd’hui démontrent qu'elles ont pleinement échoué.
Les BRICS rejettent la reductio ad unum et adoptent, au contraire, la pluralité comme vision générale du monde.
2) Les BRICS ont en fait déjà enterré l'idée d'une Fin de l’Histoire, c’est-à-dire la thèse de Fukuyama selon laquelle le modèle libéral anglo-saxon finirait par se répliquer dans tous les coins du monde.
Les BRICS sont composés de systèmes institutionnels et économiques très différents les uns des autres, et considèrent donc la diversité systémique comme une valeur fondatrice.
3) Bien qu’y participent aussi des États non démocratiques, les BRICS posent les seules conditions possibles aujourd’hui pour la renaissance de la démocratie.
La Déclaration de Kazan en 2024 place au centre la question de la souveraineté, condition à la fois juridique et méta-juridique, sans laquelle il ne sera jamais possible d’établir un vrai pouvoir populaire dans aucun pays du monde.
Cela doit aussi être relié au fait que les BRICS rejettent également l’idéologie de l’Un Impérial – le mondialisme – et qu’ils restaurent à sa place l’internationalisme, c’est-à-dire un ordre mondial fondé sur la pluralité des nations souveraines.
4) Les BRICS annoncent un ordre mondial basé sur le respect mutuel entre grandes et petites nations, sur le droit international, en opposition au darwinisme néolibéral appliqué aux relations internationales, caractéristique de l’Occident, c’est-à-dire une approche basée sur la domination et le terrorisme.
5) Les BRICS esquissent une vision du monde qui prévoit, pour de larges segments de la population mondiale, croissance économique et amélioration des conditions sociales.
Une vision où l’avenir existe, alors que l’Occident, au contraire, a détruit toute perspective autre que celle d’un état d’urgence permanent et éternel, où croît la pauvreté et où seule règne la perspective d'une guerre planétaire.
14:08 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, brics, multipolarité, politique internationale | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
lundi, 18 août 2025
Trump accélère et élargit le découplage
Trump accélère et élargit le découplage
Leonid Savin
La décision de la Maison Blanche d'imposer des droits de douane à de nombreux pays d'Europe, d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine a eu un double effet. Certains ont accepté les nouvelles conditions avec toutefois certaines réserves, confirmant ainsi leur statut de satellite et de client des États-Unis. D'autres se sont indignés à juste titre de cette forme de néocolonialisme, et les plus fervents partisans du second camp ont déclaré être prêts à défendre leurs propres intérêts et à affirmer leur souveraineté, notamment par des mesures de rétorsion à l'encontre des États-Unis.
Deux d'entre eux sont des géants économiques et sont membres du Groupe BRICS: l'Inde et le Brésil. Si Washington a temporairement convenu avec la Chine, dont l'économie dépend clairement des États-Unis, de ne pas appliquer de sanctions sévères (auxquelles Pékin inclut sans aucun doute les nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump), la situation est quelque peu différente dans le cas de ces deux pays. Et, selon toute vraisemblance, cette politique peu clairvoyante des États-Unis poussera Brasilia et New Delhi à prendre rapidement leurs distances avec leur récent partenaire dans les domaines les plus divers.
Dans le cas de l'Inde, les conditions imposées par les États-Unis se concentraient sur l'exigence de renoncer à l'achat de pétrole russe, ce que la partie indienne a judicieusement jugé irréalisable et a protesté.
Le 4 août, le gouvernement indien a publié une déclaration indiquant que « l'Inde a subi des pressions de la part des États-Unis et de l'UE pour acheter du pétrole russe... Alors qu'en réalité, l'Inde a commencé ces importations en provenance de Russie parce que les chaînes d'approvisionnement traditionnelles ont été rompues et redirigées vers l'Europe. Dans le même temps, les États-Unis ont activement soutenu les importations indiennes afin de renforcer la stabilité des marchés énergétiques mondiaux... Il est apparu que tous les États qui critiquaient l'Inde commerçaient eux-mêmes avec la Russie... En 2024, le commerce bilatéral entre l'UE et la Russie s'élevait à 67,5 milliards d'euros... Le commerce entre la Russie et l'UE comprend non seulement les ressources énergétiques, mais aussi les engrais, les minéraux, les produits chimiques, le fer et l'acier, les machines et les équipements de transport. Les États-Unis continuent d'importer de Russie de l'hexafluorure d'uranium pour leur industrie nucléaire, du palladium pour leur radioélectronique, des engrais et des produits chimiques... Les accusations portées contre l'Inde sont donc injustes et sans fondement. Comme toute grande économie, l'Inde prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger ses intérêts économiques et sa sécurité économique. »
Le 6 août, Trump a tout de même imposé des droits de douane de 25 % sur les produits indiens.
Il convient de noter que, relativement récemment, Apple a transféré sa production de smartphones de Chine vers l'Inde, ce qui a considérablement réduit le flux de gadgets en provenance de Chine vers les États-Unis, mais a augmenté le volume en provenance de l'Inde. Désormais, les consommateurs américains devront probablement payer plus cher, car le prix final inclura les nouveaux droits de douane. Il en va de même pour les autres produits expédiés de l'Inde vers les États-Unis, des médicaments (y compris les génériques) et l'électronique aux biens de consommation. Les exportations indiennes vers les États-Unis s'élèvent au total à environ 90 milliards de dollars par an. Leur réduction significative, qui est inévitable, obligera l'Inde à rechercher d'autres marchés, probablement en mettant l'accent sur les pays de la région afin de simplifier la logistique. Cependant, les consommateurs américains ressentiront très prochainement une hausse des prix ou une pénurie de produits indiens.
Au niveau politique, cela donne à l'administration de Narendra Modi, qui se présentait comme un ami personnel de Donald Trump, une raison de revoir d'autres accords avec les États-Unis, y compris le partenariat militaire – l'Inde est membre de l'alliance Quad, qui comprend également le Japon, l'Australie et les États-Unis. Les accords précédents dans le domaine des technologies critiques et de la coopération scientifique, qui avaient été annoncés en grande pompe, pourraient également être gelés.
L'Inde a déjà annoncé qu'elle renonçait à l'achat d'avions de combat polyvalents américains et qu'elle envisagerait très probablement une alternative russe, d'autant plus qu'elle a une longue expérience de coopération avec Moscou dans le domaine militaro-technique depuis l'époque de l'URSS. D'ailleurs, la Russie et l'Inde ont rapidement signé un nouveau paquet d'accords de coopération technique, ce qui témoigne de leur capacité à réagir rapidement à des mesures indésirables de la part de tiers. En outre, l'Inde a renoncé à acheter un lot supplémentaire de six drones lourds Boeing P-8A, l'annonçant ostensiblement dès l'introduction des droits de douane.
Mais surtout, la politique de la Maison Blanche pourrait modifier l'équilibre géopolitique en Asie du Sud. Washington ayant toujours considéré l'Inde comme un instrument pour contenir la Chine (et compte tenu de la taille et de la puissance de ce pays, il s'agissait d'un théâtre d'opérations opérationnel et stratégique), les relations entre les deux pays pourraient désormais se réchauffer sensiblement. Le Premier ministre Narendra Modi a déjà annoncé qu'il participerait personnellement au sommet de l'OCS en Chine le 31 août, où de nouveaux plans d'action pourraient être convenus pour coordonner les efforts conjoints de l'Inde et de la Chine (ainsi que de la Russie et d'autres membres de l'organisation) face à la pression américaine.
En Brésil, la situation est tout aussi intéressante et assez tendue.
Au sujet des nouveaux droits de douane, le président du pays, Luiz Inácio Lula da Silva, a déclaré qu'il existait une option concernant les métaux rares dans les relations avec les États-Unis, qui pourrait être utilisée dans les négociations. Dans d'autres déclarations, il a souligné que Washington n'effraierait pas le Brésil, car celui-ci commerce avec de nombreux pays. Mais le 4 août, il a vivement accusé les États-Unis de tenter d'organiser un coup d'État et a déclaré qu'il fallait trouver une alternative au dollar dans le commerce mondial.
Parallèlement aux discussions sur les nouveaux droits de douane, les États-Unis et l'UE ont imposé des sanctions contre le juge de la Cour suprême brésilienne Alexandre de Moraes et son épouse, bloquant leurs comptes bancaires en Europe. Cette mesure a été prise dans le cadre de la loi dite « Magnitsky ». Washington voulait ainsi faire pression sur le Brésil dans l'affaire de l'ancien président Jair Bolsonaro, qui a été assigné à résidence et dont les téléphones portables ont été confisqués. En réponse, les États-Unis ont imposé une nouvelle interdiction, retirant les visas de tous les membres de la Cour suprême brésilienne. Le site web du président américain a également publié un message faisant état de menaces présumées de la Brésil à l'encontre des États-Unis (un message similaire a été publié à propos de la Russie).
Dans le même temps, Lula da Silva a déclaré que les entreprises technologiques américaines ne pourraient plus travailler au Brésil si elles ne respectaient pas la législation de leur pays. La référence est plus qu'évidente.
Il est révélateur que, dans ce contexte, la compagnie aérienne brésilienne GOL ait annoncé le lancement de vols réguliers entre São Paulo et Caracas, malgré les sanctions américaines contre le Venezuela et les restrictions précédemment imposées à son voisin.
Enfin, Lula a déclaré que les pays du BRICS devaient élaborer conjointement une stratégie pour contrer les mesures unilatérales des États-Unis afin de protéger leurs intérêts.
Une telle coopération reflétera sans aucun doute l'esprit de multipolarité et démontrera une véritable ouverture dans le commerce et la coopération économique entre les pays et les régions, contrairement aux tentatives grossières des États-Unis de rétablir leur hégémonie unipolaire, si ce n'est par la force militaire, alors par des mécanismes géoéconomiques, ce qui équivaut à une guerre par d'autres moyens.
17:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : donald trump, tarifs douaniers, brics, brésil, inde, politique internationale | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 09 août 2025
La politique douanière de Trump contre l'Inde: catalyseur pour les BRICS
La politique douanière de Trump contre l'Inde: catalyseur pour les BRICS
Par Elena Fritz
Source: https://www.compact-online.de/trumps-zollpolitik-gegen-in...
Le gouvernement de New Delhi ne veut pas se laisser dicter sa politique commerciale par les États-Unis. Cela conduit involontairement à un renforcement des pays BRICS et de la multipolarité. Pour savoir comment nous sommes pris en tenaille, lisez « Der hybride Krieg gegen Deutschland » (La guerre hybride contre l'Allemagne), le nouveau livre de cet auteur à succès qu'est Gerhard Wisnewski. Pour en savoir plus : https://www.compact-shop.de/shop/neu/gerhard-wisnewski-hy... .
La menace publique proférée par le président américain Donald Trump d'imposer des droits de douane pouvant aller jusqu'à 50% à l'Inde si celle-ci ne renonce pas aux matières premières russes est un événement de politique étrangère aux conséquences considérables, qui porte bien au-delà du cadre bilatéral.
Ce qui ressemble à première vue à un conflit commercial s'avère, à y regarder de plus près, s'inscrire dans une dynamique stratégique qui rapproche les pays du Sud. Au centre: l'Inde, et avec elle les pays du BRICS.
Une attaque qui conduit à un regroupement
Le point de départ : depuis le début de la guerre en Ukraine, l'Inde importe de grandes quantités d'énergie russe à prix réduit, non seulement pour son propre approvisionnement, mais aussi pour la revendre sur le marché mondial par l'intermédiaire de négociants tiers.
Pour Washington, c'est un affront. Le président américain Donald Trump reproche non seulement à l'Inde de tirer profit des sanctions occidentales, mais la menace aussi ouvertement de représailles sous la forme de droits de douane de grande ampleur. Il associe cette menace à d'autres exigences: renoncer aux avions de combat russes, augmenter les commandes d'armes américaines et ouvrir le marché indien aux produits agricoles américains.
Mais la tentative de mettre sous pression publique cette économie émergente se heurte à des réalités culturelles et géopolitiques qui échappent à la logique habituelle du modèle américain. L'Inde ne se considère pas comme un bénéficiaire, mais comme un acteur à part entière dans un ordre multipolaire.
Delhi réagit avec calme stratégique
La réaction de New Delhi est prudente, mais claire. Au lieu de miser sur la confrontation ou de se justifier publiquement, l'Inde réagit par un geste diplomatique: le conseiller à la sécurité nationale Ajit Doval se rend à Moscou. Officiellement, il s'agit de questions de politique énergétique et de sécurité, mais officieusement, il s'agit également de coordonner les positions stratégiques au sein des BRICS. Le fait que cette visite ait été rendue publique peut être interprété comme un message clair: l'Inde agit de manière souveraine, et non dans l'ombre de Washington.
Dans le même temps, Delhi signale que ses propres décisions en matière de politique étrangère ne sont pas prises à la Maison Blanche, même sous un président républicain qui agit avec des moyens de pression bilatéraux plutôt que multilatéraux.
L'autonomie stratégique plutôt que la loyauté envers une alliance
Depuis des années, l'Inde poursuit une politique dite d'autonomie stratégique. Cela signifie une coopération étroite avec les pays occidentaux dans certains domaines, par exemple dans le cadre du QUAD (avec les États-Unis, le Japon et l'Australie), mais aucune obligation d'alliance au sens d'une appartenance exclusive à un camp.
Les menaces de Trump ne sapent pas cette ligne de conduite, elles la confirment plutôt. En effet, intégrer l'Inde dans la logique de formation d'un bloc occidental reviendrait, pour New Delhi, à renoncer à ses propres intérêts face à la concurrence de la Chine, son principal rival géopolitique.
Dans le secteur de l'énergie en particulier, ce n'est pas une option. L'approvisionnement en énergie russe bon marché est crucial pour l'Inde, non seulement sur le plan économique, mais aussi sur le plan stratégique, notamment face à la concurrence de Pékin. Une rupture totale avec Moscou affaiblirait Delhi sur le plan géopolitique, au lieu de la renforcer.
Effet involontaire : le Groupe BRICS devient plus tangible
Cette constellation donne lieu à une évolution qui n'était sans doute pas prévue à Washington: la consolidation structurelle progressive des pays du BRICS sous la pression des mesures occidentales. Ce qui était longtemps considéré comme une alliance informelle d'États économiquement hétérogènes acquiert une nouvelle fonction face à la menace extérieure: celle d'un cadre protecteur contre une politique commerciale et des sanctions excessives.
Il convient toutefois de noter que ce n'est pas la Russie qui cherche la confrontation, mais les États-Unis qui provoquent des réactions par leur politique de pression unilatérale. L'Inde n'est pas rebelle, mais réaliste: elle s'oriente vers ses propres intérêts et non vers des exigences de loyauté géopolitique.
La multipolarité comme conséquence, pas comme objectif
Les développements actuels montrent que l'ordre mondial multipolaire n'est pas le résultat d'une formation ciblée de contre-pouvoirs, mais une réaction à la volonté de préservation des structures hégémoniques. Trump, comme beaucoup dans son administration, agit selon une conception du pouvoir qui trouve ses racines dans la logique bipolaire de la guerre froide : ceux qui ne se soumettent pas sont sanctionnés.
Mais les États du Sud ont appris à ne plus considérer ces mesures comme inévitables. Ils créent des alternatives, allant de nouveaux systèmes de paiement à des accords énergétiques régionaux. La réponse à la pression occidentale n'est pas la confrontation, mais la décentralisation.
Trump voulait discipliner l'Inde. Il a déclenché une nouvelle vague d'affirmation stratégique, non seulement à New Delhi, mais aussi à Moscou, Pékin, Brasilia et Pretoria. Les pays du groupe BRICS n'y gagnent pas sur le plan idéologique, mais sur le plan de la fonction qu'ils se donnent : celle d'un espace de souveraineté géopolitique face à un Occident qui se présente de plus en plus comme un ensemble bloqueur plutôt que comme un partenaire fiable ou rationnel.
Le fait que cette évolution soit non seulement involontaire, mais aussi irréversible, devrait devenir l'un des phénomènes géopolitiques les plus marquants des années à venir.
L'Inde reste stable, l'Allemagne sombre : dans son nouveau livre « Der hybride Krieg gegen Deutschland » (La guerre hybride contre l'Allemagne), l'auteur à succès Gerhard Wisnewski montre comment notre pays est pris en tenaille sur différents fronts. Commander via le lien supra.
12:57 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politiquer internationale, inde, asie, affaires asiatiques, brics, sanctions, donald trump, états-unis | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
vendredi, 08 août 2025
Imiter les Indiens
Imiter les Indiens
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/fare-gli-indiani/
Nous devrions apprendre à agir comme les Indiens... Les vrais Indiens, je veux dire. Ceux de l'Inde. Pas ces pauvres indigènes de ce qui est devenu l'Amérique. Qui ont été pris pour des "Indiens" à cause de l'erreur du Génois de service, Christophe Colomb. Et ensuite, civilement massacrés, surtout, mais pas seulement, par les Anglo-Saxons...
Donc les Indiens, comme je le disais, les vrais. Ou plutôt un Indien. Narandra Damodardas Modi. Le président de l'Union indienne. Un vieux politicien, 74 ans, en place de longue date.
Modi a un passé tumultueux. Dans sa jeunesse, il a milité dans le mouvement paramilitaire ultra-nationaliste Rastrya Swayamsevak Sangh. Il est issu d'une des castes les plus basses du Gujarat, son père était un pauvre et modeste vendeur de thé.
Un dur, en somme. Comme il l'a démontré tout au long de sa carrière politique. Une ascension continue. Jusqu'au sommet de l'Union indienne. Où il a toujours conservé un profil extrêmement personnel. Membre des BRICS, mais pas disposé à suivre aveuglément les diktats de Pékin ou de Moscou. Au contraire, il a toujours entretenu de bonnes relations avec Washington.
Cependant, Trump s'est mis en colère parce que Modi continue d'acheter du gaz et du pétrole à la Russie. Et il l'a menacé de lourdes sanctions économiques s'il ne se conformait pas aux diktats américains. C'est-à-dire s'il ne cesse pas ces achats pour s'approvisionner aux États-Unis. À des prix bien sûr beaucoup plus élevés. Stratosphériquement supérieurs.
Et Modi, calme et serein, a répondu qu'il n'était pas d'accord. Que l'Inde est une puissance indépendante. Non alignée. Et qu'elle achète ce qui est dans son intérêt au meilleur prix.
Les sanctions américaines, menaçantes ? C'est leur problème. Qu'ils fassent ce qu'ils veulent. Modi, l'Inde, continue sur sa lancée.
Point final.
Remarquable. Parce qu'il laisse Trump avec le bébé sur les bras. Incapable d'influencer la situation. Et avec un risque élevé de se brûler les doigts.
En réalité, Modi n'a fait que ce qui était naturel. Les intérêts de l'Union indienne. Sans se soucier de personne. Sans se laisser intimider. Il dirige l'Inde, et c'est uniquement de celle-ci, de ses intérêts, qu'il se soucie.
Ce n'est pas n'importe quelle petite madame von der Leyen, qui s'est pratiquement agenouillée devant les prétentions arrogantes du magnat.
Ce n'est pas un Macron, qui a baissé la tête, tout en rabâchant son amertume.
Ce n'est pas un Merz, qui a obéi sans hésiter à son maître d'outre-Atlantique.
Ce n'est pas une Meloni, qui a prétendu que les importations en provenance des États-Unis étaient un succès diplomatique. Et qui s'est mise à danser comme une bayadère.
C'est Modi. Il gouverne l'Inde. Et il ne poursuit que ses intérêts.
Il ne tremble pas devant Trump.
Il n'a pas peur et n'est pas à la solde d'une quelconque entreprise américaine.
Comme je le disais, nous devrions apprendre à faire comme les Indiens. Et à avoir un peu plus... de courage. Une denrée rare, malheureusement, dans ce que, pour une raison que j'ignore, nous persistons à appeler l'Europe.
19:37 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : narandra modi, inde, brics, sanctions, asie, affaires asiatiques | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 12 juillet 2025
Sommet des BRICS au Brésil – Un pouvoir sans structure?
Sommet des BRICS au Brésil – Un pouvoir sans structure?
Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/07/brics-gipfel-in-brasilien-mac...
Le dernier sommet des BRICS au Brésil aurait pu être un événement marquant. Un jalon géopolitique. Après tout, le bloc représente aujourd'hui déjà une puissance économique supérieure à celle du G7, et la tendance est à la hausse. Et pourtant, l'impression demeure: les chiffres impressionnants contrastent avec une efficacité limitée. L'absence symbolique du président chinois Xi Jinping en dit long. Ce qui manque, ce n'est pas le potentiel économique, mais la cohérence politique. Et surtout: la structure.
L'hégémonie occidentale ne repose pas uniquement sur les armes, mais aussi sur des institutions: le FMI, la Banque mondiale, l'OMC, SWIFT, les tribunaux d'arbitrage, les systèmes de notation – un réseau de contrôle mondial qui filtre l'accès au marché, les investissements et les sanctions en fonction d'intérêts géostratégiques. Cette infrastructure est l'épine dorsale de la Pax Americana. Ceux qui s'y opposent ne sont pas nécessairement isolés militairement, mais ils le sont systématiquement.
La Russie a depuis longtemps compris ce lien. Les propositions russes au sein des BRICS ne visaient donc pas des résolutions symboliques, mais à faire émerger un contre-pouvoir institutionnel réel :
- Création d'une cour multilatérale propre pour les litiges économiques.
- Mise en place d'un système de règlement autonome en dehors de SWIFT.
- Introduction d'une monnaie de réserve BRICS, éventuellement couverte par l'or.
- Développement de la New Development Bank en une banque d'investissement capable d'agir sur le plan géostratégique.
- Création d'un espace d'information commun pour contrer la domination occidentale sur l'opinion publique.
- Politique étrangère et de sécurité coordonnée, par exemple lors des votes à l'ONU.
Mais ces propositions sont restées sans suite.
Pourquoi les BRICS ne fonctionnent pas (encore)
Ce qui semble à première vue être de l'inertie est en réalité systémique: les pays du BRICS ne sont pas unis par une vision commune. La Chine profite massivement de l'ordre mondial existant, l'Inde est étroitement liée au marché américain, le Brésil tergiverse, l'Afrique du Sud reste dépendante des matières premières et la Russie est de plus en plus isolée. Les propositions de Moscou sont considérées comme « n'étant pas leurs guerres », et c'est précisément là que réside le problème.
Le BRICS n'est actuellement pas un système, mais le reflet d'intérêts divergents.
La souveraineté, que tous les États membres défendent, devient la plus grande faiblesse structurelle. Car le pouvoir ne naît pas de l'autosuffisance nationale, mais d'une action coordonnée et de règles communes. Et celles-ci ne sont justement pas en vue.
Le vide géopolitique – et l'illusion de la neutralité
Le monde se dirige vers une nouvelle formation de blocs. L'Occident consolide son ordre, tandis que « l'Orient » – s'il voit le jour – reste divisé. Dans cette constellation, la neutralité devient une fiction géopolitique. Ceux qui ne créent pas d'ordre finissent par être subsumés dans un ordre étranger.
La Russie reconnaît cette dynamique, non par idéalisme, mais par nécessité. Car Moscou est la première grande nation à s'être détachée de l'Occident, non seulement sur le plan militaire, mais aussi sur le plan systémique. Cependant, sans partenaires prêts à partager la responsabilité institutionnelle, les BRICS ne deviendront pas un contrepoids, mais un simple cercle de discussion.
Conclusion
Le sommet des BRICS n'a pas été un échec, mais une déclaration d'insolvabilité.
Tant que les BRICS ne mettront pas en place leurs propres structures, le bloc restera une puissance économique sans impact géopolitique. Ceux qui critiquent le dollar sans proposer d'alternative restent prisonniers du système qu'ils veulent renverser.
Il ne suffit pas d'être contre l'ordre occidental, il faut créer le sien.
16:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, brics | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 29 juin 2025
Xi Jinping n'a pas assisté au sommet du groupe BRICS - Douguine s'exprime sur les principaux défis
Xi Jinping n'a pas assisté au sommet du groupe BRICS
Douguine s'exprime sur les principaux défis
Alexandre Douguine
Xi Jinping a, pour la première fois, refusé d’assister au sommet du groupe BRICS. Beaucoup essaient déjà d’en faire une sensation, mais personnellement, je ne vois dans cette absence aucune connotation politique particulière. Le groupe BRICS est une organisation très sérieuse mais qui en est encore à ses débuts. Son potentiel n’est pas encore bien compris. Jusqu’à présent, le groupe BRICS ne fait que décrire les contours d’un futur ordre mondial multipolaire, où les différents pôles seront des États-civilisations: la Russie, la Chine, l’Inde, le monde islamique, les pays africains et latino-américains. Tout cela constitue pour l’instant une esquisse préliminaire de la multipolarité.
Il existe toutefois des contradictions entre ces pôles. Le monde islamique connaît une grande incertitude : notamment, les événements tragiques et terribles qui se déroulent actuellement au Moyen-Orient – avec la soi-disant "guerre de 12 jours" entre Israël et l’Iran. En même temps, les relations entre l’Iran et l’Inde, ainsi qu’entre l’Inde et le Pakistan, se sont tendues. Tout cela pose sans aucun doute de nombreux défis à l'émergence de la multipolarité.
C’est pourquoi, à mon avis, c’est une période où il ne peut y avoir de clarté quant au développement stratégique futur du groupe BRICS. Il est très important que de tels sommets aient lieu, que ce bloc multipolaire continue de se réunir. La présence de chefs d’État, je pense, n’est pas toujours nécessaire. Actuellement, il semble qu’il n’y ait pas de décisions mûres et entièrement préparées qui nécessiteraient la présence des chefs d’État. Là où ils seront présents, c’est bien ; là où ils seront représentés par des délégués dûment habilités, c’est tout aussi acceptable.
Honnêtement, le BRICS n’a, pour l’instant, rien à dire au monde. Ce bloc n’est pas encore suffisamment uni pour proposer des décisions vraiment décisives ou pour adopter des documents communs concernant le Moyen-Orient ou d’autres questions. Je pense donc que ce n’est pas encore le bon moment pour que le groupe BRICS se réunisse au plus haut niveau, surtout avec la présence d’un pays aussi important que la Chine, pour faire réellement des déclarations déterminantes. Ce nouveau sommet sera un événement important, mais il se peut qu’il ne nécessite pas la présence du leader chinois.
C’est pourquoi je ne vois pas de véritable intrigues derrière ce qui se passe. La situation générale est que le groupe BRICS doit être soutenu, développé et renforcé. Mais dans les conditions actuelles, où la volatilité du système mondial est évidente, le groupe BRICS ne peut probablement pas faire de déclarations décisives valables pour le monde entier. Il est difficile d’imaginer des positions communes, par exemple entre la Chine et l’Inde. De plus, cette réunion spécifique du groupe BRICS ne comporte pas de tâches fondamentales. Quand de telles perspectives et horizons s’ouvriront, je pense que la Chine sera présente lors des rencontres du groupe BRICS et ce, au plus haut niveau.
Pour l’instant, je crois que chaque Etat-Civilisation doit préciser davantage ses propres positions et intérêts. La guerre de 12 jours a causé des secousses très graves, auxquelles faut réfléchir. Pour le moment, au niveau de chaque participant au monde multipolaire, il n’y a pas de clarté définitive. Je pense qu'il n'y a pas de clarté même chez nous, en Russie. Cette absence de clarté porte aussi sur les dernières propositions de Trump, qui représentent aussi un grand défi qu’il faut analyser, puis échanger des opinions, y compris au niveau du groupe BRICS.
11:54 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, alexandre douguine, xi jinping, brics, multipolarité | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
jeudi, 26 juin 2025
Saint-Pétersbourg: le discours de Poutine à SPIEF comme miroir d’un nouvel ordre mondial
Saint-Pétersbourg: le discours de Poutine à SPIEF comme miroir d’un nouvel ordre mondial
Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/06/st-petersburg-putins-spief-re...
La politique de sanctions de l’Union européenne s’est depuis le début de la crise ukrainienne transformée en un instrument central du pouvoir eurocratique – et en une épreuve de légitimité démocratique. Autrefois justifiées comme une mesure ciblée contre les élites politiques de Moscou, les sanctions frappent aujourd’hui principalement la population elle-même: par des prix de l’énergie qui montent en flèche, des chaînes d’approvisionnement qui sont interrompues, par une désindustrialisation et une fragmentation croissante du marché intérieur européen.
Alors que les ménages allemands souffrent de coûts énergétiques explosifs, que des secteurs industriels sont délocalisés ou liquidés, et que la classe moyenne se trouve coincée entre une pression fiscale accrue et une incertitude quant à sa position prochaine, la Russie, lors du 28ème Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF), se présente comme un pôle de stabilité – non par l'effet d'une propagande, mais par des chiffres, des stratégies et des alliances (PI-NEWS en a rendu compte ici https://pi-news.net/2025/06/spief-2025-die-multipolare-re... - et ici - https://pi-news.net/2025/06/weltwoche-daily-putin-dritter-weltkrieg-ich-bin-besorgt/ ).
Discours de Poutine : résilience face aux crises et réorganisation sociétale
Vladimir Poutine a ouvert le forum plénier devant une assemblée internationale de dirigeants – dont le président indonésien Prabowo Subianto, des représentants de la Chine, de l'Afrique du Sud et de la famille royale bahreïnienne. Leur présence contredisait le récit occidental qui pose la Russie comme isolée.
Poutine a accueilli plus de 20.000 participants venus de 140 pays, insistant sur le fait que la nature du SPIEF prend de plus en plus d’importance dans un contexte de bouleversements mondiaux. Les thèmes centraux étaient les suivants: décalages tectoniques dans l’économie mondiale, bouleversements démographiques, crises régionales, changement climatique et transition technologique vers une ère de systèmes autonomes.
Il a clairement indiqué: le progrès technologique doit être accessible à tous, sinon les inégalités mondiales se creuseront. Les nouvelles plateformes, l’intelligence artificielle et l’économie numérique ne doivent pas conduire à une hiérarchisation de l’humanité, mais plutôt favoriser la prospérité, l’éducation et l’inclusion sociale.
L’économie russe: de l’exportation de matières premières à un centre d’innovation
Poutine a fourni des chiffres concrets sur l’évolution macroéconomique : malgré les sanctions, le PIB russe croît depuis deux ans de plus de 4% par an. La part de l’économie hors pétrole et gaz a augmenté de 7,2% en 2023. Même en 2024 – malgré le maintien des régimes de sanctions – une croissance de 5,9% a été enregistrée. La contribution du secteur des matières premières à la performance économique est même légèrement négative, ce qui indique que la diversification fonctionne.
Les moteurs de cette croissance sont nombreux: agriculture, construction, industrie manufacturière, logistique, services financiers et TIC. Selon Poutine, la Russie devient “non seulement plus grande, mais aussi plus complexe, intelligente et résiliente”.
L’emploi, les salaires et la justice sociale au centre
Un point central de son discours était la transformation du marché du travail: 2,4 millions d’emplois nouveaux ont été créés ces dernières années. Le taux de chômage est à un niveau historiquement bas de 2,3%. Le chômage des jeunes est également très faible, à 7,5%, comparé à 16% en France ou 11% au Royaume-Uni, selon Poutine.
Il a annoncé une “économie à hauts salaires” – non par contrainte, mais par investissements dans la productivité, la qualification et la digitalisation. Il a souligné que, à l’avenir, les salaires devront refléter l’efficacité et la création de valeur, plutôt que la pénurie de main-d’œuvre.
Lutte contre la pauvreté: chiffres à forte portée politique
En 2000, selon Poutine, 29% de la population russe vivait sous le seuil de pauvreté – 42 millions de personnes. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 10,5 millions, soit 7,2%. La tendance est à la baisse continue. La réduction de la pauvreté n’est pas un simple effet secondaire, mais un objectif explicite de la politique économique. Il a également souligné que ces succès sont visibles régionalement, notamment dans des régions traditionnellement défavorisées comme le Caucase du Nord.
Science, numérisation et réforme éducative
Poutine a annoncé qu’il allait fortement développer la commercialisation de la science. Actuellement, une seule demande de brevet sur cent est réellement exploitée sur le marché. Universités, instituts de recherche et entreprises doivent être connectés par des standards uniformes et des outils de financement communs. L’objectif est de faire de la Russie un lieu de souveraineté technologique.
Il a évoqué la rapide mise en place du rouble numérique, des plateformes de transport publiques, des marchés numériques pour la main-d’œuvre et de nouvelles formes de crédit basées sur des garanties de brevets. Un paquet législatif spécifique est en préparation pour soutenir l’identité régionale et la puissance économique locale dans la culture et l’économie créative.
Perspective mondiale: la multipolarité comme responsabilité
Poutine a présenté le groupe BRICS comme une plateforme qui ne repose pas sur l’exclusion, mais sur l’intégration. Ses membres représentent déjà 40% du PIB mondial. L’idée n’est pas de créer un contre-bloc, mais un cadre multilatéral pour favoriser la croissance, l’infrastructure et la coordination technologique – notamment par le développement de standards communs, de systèmes de paiement et de cadres juridiques.
Conclusion
Le discours de Poutine n’était pas une dénonciation, mais une esquisse stratégique détaillée. Il adressait un message clair à l’Europe: pendant que l’UE affaiblit ses citoyens par des sanctions imposées d’en haut, la Russie oriente sa stratégie économique vers la résilience, la cohésion sociale et l’indépendance technologique.
Le forum SPIEF 2025 n’était pas un lieu où l'on fit du triomphalisme. C’était une invitation géopolitique et économique à la coopération – dans un contexte changé, mais sans exclusions idéologiques. La décision d’y participer ne revient pas à Moscou. Elle appartient à Bruxelles – ou peut-être n’y appartient-elle déjà plus.
14:02 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : spief, russie, vladimir poutine, brics, europe, affaires européennes | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
vendredi, 14 février 2025
La révolution géopolitique de Poutine
La révolution géopolitique de Poutine
Alexandre Douguine souligne que le discours de Poutine à Munich en 2007 marque le début d'une révolution multipolaire qui remet en cause le mondialisme unipolaire et diminue la pertinence de l'ONU.
Alexandre Douguine
Le discours que Vladimir Vladimirovitch Poutine a prononcé il y a dix-huit ans à Munich a marqué la première remise en cause systémique et clairement formulée du système unipolaire mondialiste. C'était le début d'une révolution géopolitique dont le fer de lance était initialement la Russie, mais progressivement d'autres puissances ont rejoint le club de la multipolarité. La Chine, l'Inde et le Brésil ont été les premiers à suivre, et plus tard, d'autres nations, aujourd'hui adhérentes du BRICS, se sont jointes à eux. Cela a marqué l'institutionnalisation de la multipolarité prônée par Poutine dans son discours de Munich.
Aujourd'hui, nous avons considérablement progressé sur cette voie. Nous menons une guerre contre le mondialisme en Ukraine, en luttant spécifiquement contre l'idéologie libérale-mondialiste. La multipolarité devient de plus en plus solide et visible, notamment à travers des structures comme les BRICS, tandis que le monde unipolaire s'achemine à un rythme régulier vers son déclin - surtout après le début de la révolution conservatrice de Trump aux États-Unis. Bien sûr, Trump et les «Trumpistes» tenteront de préserver le monde unipolaire, mais sous une forme différente, fondée sur l'hégémonie directe des États-Unis. Cependant, le secrétaire d'État américain Marco Rubio a déjà reconnu que nous vivons dans un monde multipolaire. Cette reconnaissance est à la fois exacte et prometteuse.
En 2007, dans son discours de Munich, Poutine a souligné la nécessité d'adhérer à la Charte des Nations unies. Cependant, l'ONU est une organisation façonnée par les résultats de la Seconde Guerre mondiale, où le Conseil de sécurité, la répartition du pouvoir et ses mécanismes étaient formellement ancrés dans les principes de l'ordre westphalien. L'ONU ne reconnaissait que les États-nations en tant qu'acteurs souverains.
En février 2007, Vladimir Poutine a prononcé son célèbre discours de Munich, qui peut être considéré comme une déclaration de la trajectoire politique souveraine contemporaine de la Russie.
La fondation de l'ONU contenait également une formule contradictoire: reconnaître à la fois le droit de tout État-nation à l'intégrité territoriale et le droit des peuples à l'autodétermination, un principe qui remet intrinsèquement en question la souveraineté. Cette formule ambiguë a depuis été appliquée dans divers contextes et avec des significations différentes. Quoi qu'il en soit, le système des Nations unies a préservé la bipolarité, ainsi qu'un petit groupe de pays non alignés.
Dans un premier temps, les mondialistes ont tenté d'établir un monde unipolaire, proposant même la dissolution de l'ONU en faveur de la création d'une « Ligue des démocraties ». Cependant, cette idée n'a jamais eu de succès institutionnel car la majorité du monde a rejeté ce concept qui postulait l'alignement d'États vassaux sous la domination occidentale.
En fin de compte, même le monde unipolaire n'a pas réussi à s'institutionnaliser et est devenu une chose du passé.
Aujourd'hui, un nouvel ordre mondial doit être construit sur la base de la multipolarité. Cette multipolarité doit trouver un nouveau cadre d'expression. L'ONU peut-elle être restructurée pour s'aligner sur les principes d'un monde multipolaire? J'en doute, car la structure actuelle de l'ONU reflète la combinaison du système westphalien et de la bipolarité idéologique établie par la conférence de Yalta et les résultats de la Seconde Guerre mondiale. Mais de nombreuses guerres ont eu lieu depuis lors, remodelant la carte politique du monde au point de la rendre méconnaissable. En conséquence, les États-nations d'aujourd'hui possèdent des niveaux très asymétriques de souveraineté et de pouvoir réel. C'est pourquoi je pense que les Nations unies sont incapables d'une telle transformation ou évolution.
Le moment est venu d'envisager la création d'une nouvelle organisation internationale qui reflète les conditions émergentes du monde multipolaire, avec une répartition appropriée des rôles au sein des institutions clés. Une étape possible dans cette direction pourrait être l'établissement d'un dialogue entre les nations des BRICS en tant que modèle de multipolarité, d'une part, et l'Amérique de Trump, d'autre part. À terme, par un processus résiduel, l'Europe pourrait s'y joindre - une fois qu'elle se sera enfin réveillée et sera sortie du délire libéral-mondialiste dans lequel elle se trouve malheureusement encore.
10:56 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géopolitique, politique internationale, vladimir poutine, russie, brics, mutipolarité | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mardi, 21 janvier 2025
Indonésie: le Géant oublié
Indonésie: le Géant oublié
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/il-gigante-dimenticato/
L’Indonésie est un géant. Un géant dont nous, Européens, et surtout nous, Italiens, prétendons ignorer l’existence.
Une fiction rassurante entoure l'Indonésie sous nos latitudes. Parce qu’au mieux, nous considérons ces terres comme pétries de pur folklore. Une sorte de pays d'opérettes, une destination de vacances privilégiée pour les riches. Ou pour ceux qui prétendent l’être.
Une myopie due à l’ignorance fondamentale avec laquelle nous regardons le monde. Avec une perspective qui reste celle d’il y a quatre-vingts ans : l’Amérique, ou plutôt les États-Unis, et la petite Europe occidentale. Voilà le monde… le reste, simplement, ne compte pas. Ou pire, n’existe même pas en nos têtes.
Et pourtant, l’Indonésie est une réalité bien différente. Une réalité avec laquelle nous devrons, bientôt, commencer à composer. Et ce ne seront pas des compromis faciles, ni, surtout, à notre avantage.
Car ce colosse insulaire, doté d’une agriculture extrêmement riche et d’un potentiel minier – pétrole, gaz, or… – tout aussi extraordinaire, a officiellement demandé à intégrer les BRICS. Autrement dit, la coalition économique qui conquiert progressivement la primauté mondiale. Provoquant bien des maux de tête pour les finances américaines. Sans parler de notre petite Europe, de plus en plus réduite à l’insignifiance économique. Et pas seulement économique.
La décision indonésienne est sans aucun doute un événement important. Fondamental, à bien des égards.
Jakarta a en effet toujours été étroitement liée aux États-Unis. Un lien non seulement économique, qui a profondément marqué son histoire récente et tourmentée.
Demander formellement à rejoindre les BRICS – qui, par ailleurs, courtisaient l’Indonésie depuis longtemps – représente donc un changement de politique profond et mûrement réfléchi.
Chercher de nouveaux marchés, augmenter de 20% les exportations vers la Chine et de 8% vers l’Inde, et s’ouvrir à la Russie ainsi qu’aux autres pays associés aux BRICS.
Mais bien au-delà, ce choix de Jakarta signifie une prise de distance claire vis-à-vis des États-Unis. En effet, l’Indonésie se rebelle ouvertement contre l’hégémonie du dollar, qui a longtemps conditionné et limité sa croissance.
Au sein des BRICS, elle peut trouver des alternatives viables et moins coûteuses, tant sur le plan strictement économique que, peut-être encore plus, sur le plan politique.
Ainsi, la décision indonésienne marque un tournant, probablement radical, dans les équilibres économiques et géopolitiques mondiaux.
Cependant, en Italie, cet événement est quasiment ignoré par les grands médias. Comme s’il ne nous concernait pas ou ne nous impliquait en aucune manière.
Comme si l’Indonésie n’était pas un géant économique, mais un pays exotique, joyeux et festif, un pays pour touristes repus et satisfaits. Une affaire d’opérette, en somme.
Alors que nous devrions prendre conscience de la réalité. Et comprendre que c’est nous, désormais, qui sommes le… pays des opérettes.
19:09 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, indonésie, brics, asie, affaires asiatiques, politique internationale, géopolitique | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mardi, 07 janvier 2025
L'Indonésie rejoint les BRICS : un signal contre l’Occident
L'Indonésie rejoint les BRICS : un signal contre l’Occident
Elena Fritz
Source: https://www.pi-news.net/2025/01/indonesien-tritt-brics-be...
Le groupe des États BRICS a accueilli le plus grand archipel du monde, l’Indonésie, comme dixième membre de son organisation
L’Indonésie est désormais officiellement membre des BRICS, comme l’a annoncé le gouvernement brésilien. Créé à l’origine en 2006 par le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, le groupe BRICS s’est élargi en 2011 avec l’adhésion de l’Afrique du Sud. Depuis, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran et les Émirats arabes unis ont également rejoint l’organisation. L’Arabie saoudite, dont l’entrée était prévue pour 2024, se serait retirée sous la pression des États-Unis.
L’Indonésie, un pays émergent de plus de 280 millions d’habitants, affiche des chiffres impressionnants. C’est le quatrième pays le plus peuplé du monde, avec plus de 165 millions de personnes – soit plus de la moitié de la population – âgées de moins de 30 ans. Ces jeunes générations constituent un levier essentiel pour le développement économique du pays. Par ailleurs, l’Indonésie est la plus grande nation musulmane du monde: 80 % de sa population adhère à l’islam.
Sur le plan économique, l’Indonésie occupe déjà la 16ème place mondiale en termes de produit intérieur brut (PIB). Avec une croissance économique annuelle d’environ 5%, le pays vise à devenir la quatrième économie mondiale d’ici 2050. Cette progression est principalement alimentée par une gestion stratégique de ses ressources naturelles. Contrairement à de nombreux autres pays riches en ressources, l’Indonésie ne mise pas sur l’exportation brute de ses matières premières, mais sur leur transformation locale. Un exemple clé est le nickel, une ressource cruciale pour les véhicules électriques et les semi-conducteurs modernes. Plutôt que de vendre des matières premières non transformées, l’Indonésie développe son industrie afin d’accroître la valeur ajoutée sur son territoire.
L’adhésion de l’Indonésie aux BRICS constitue un signal clair: le Sud et l’Est global gagnent en influence et s’opposent à la domination de l’ordre mondial occidental. Cela renforce non seulement le groupe BRICS, mais montre également qu’il existe des alternatives à une dépendance unilatérale envers les centres de pouvoir occidentaux.
L’Indonésie est un exemple frappant de la manière dont des pays, grâce à des politiques intelligentes, peuvent suivre leur propre voie – en s’émancipant de l’hégémonie occidentale pour évoluer vers un ordre mondial multipolaire. L’Occident devrait y prêter une attention particulière : l’époque où il pouvait imposer seul les règles du jeu touche irrémédiablement à sa fin.
20:51 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, indonésie, brics, asie, affaires asiatiques | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 05 janvier 2025
L'Inde, le Convive de pierre
L'Inde, le Convive de pierre
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/india-il-convitato-di-pietra/
Depuis quelque temps, l'attention des médias est presque totalement focalisée sur la Russie et le Moyen-Orient. Et l'on parle très peu de la Chine, qui est aussi le géant émergent, ou plutôt émergé, et dont dépendent en grande partie les équilibres et les déséquilibres du Monde. Et qui influe surtout sur les tensions et conflits, plus ou moins latents, dans la région cruciale de l'Indo-Pacifique.
Mais si la Chine fait l'objet de rumeurs sporadiques, l'Inde est entourée d'un véritable silence. Un silence assourdissant.
Peu de nouvelles nous viennent de cette Inde pourtant d'importance capitale pour la marche du monde. Et, surtout, nous n'en recevons, de la médiacratie occidentale, que des analyses partielles et fragmentaires. Qui continuent à faire prévaloir une image du sous-continent indien plus liée aux romans de Salgari qu'à la réalité.
Or, en réalité, l'Inde d'aujourd'hui, l'Union indienne, représente le Convive de pierre de la scène politique et économique mondiale.
Avec une croissance vraiment impressionnante de son système industriel. Et, surtout, avec un système financier qui a fait de sa bourse le deuxième centre mondial de capitaux propres.
Ce qui lui permet de devenir un centre d'attraction pour tous les pays qui craignent de se soumettre à l'hégémonie américaine dans ce secteur. Et ils sont nombreux, de plus en plus nombreux. Compte tenu de la politique essentiellement impérialiste de Washington, qui en effraie plus d'un.
En fait, l'Inde tente sérieusement de devenir un centre financier indépendant à la fois des États-Unis et de l'économie chinoise, très forte et voisine.
C'est un rôle qui n'est pas sans danger, mais vers lequel elle s'oriente très résolument.
Bien sûr, le prix à payer n'est pas mince.
Le sous-continent indien a en effet renoncé à toute politique de protection sociale, adoptant un libéralisme fort. Ce qui, inévitablement, pèse lourdement sur les masses les plus pauvres et creuse un fossé de plus en plus grand entre elles et les nouvelles classes émergentes. Les enfants, si l'on peut dire, de la nouvelle politique financière de l'Inde.
Une politique qui a, à toutes fins utiles, un nom. Narendra Damodardas Modi, le leader du Parti du peuple indien, au pouvoir sans interruption depuis mai 2014.
Une période très longue pour une démocratie. Et en effet, Modi a été accusé à plusieurs reprises d'utiliser des moyens coercitifs, durs et fondamentalement anti-démocratiques pour atteindre ses objectifs. Et d'avoir plongé une grande partie de la population dans la misère.
Cependant, il est également vrai que le souriant et rusé Modi a fait de l'Inde le nouveau protagoniste de la scène économique mondiale. Et une véritable puissance, même militaire, capable de se maintenir indépendante des États-Unis et de la Chine.
Bien sûr, c'est un nationaliste hindou ardent, avec un passé dans les groupes activistes durs. Mais c'est aussi un très bon politicien, comme il l'a prouvé pendant longtemps en tant que gouverneur du Gujarat. Et comme il le montre depuis dix ans à partir de centres de pouvoir installés à Dehli.
Son objectif semble très clair.
Faire de l'Inde le principal centre d'attraction financière des BRICS, et des autres pays émergents sur la scène internationale. En évitant toutefois un choc frontal avec Washington.
Si bien que les positions de Dehli sur la scène internationale apparaissent, pour être généreuses, ambiguës. Toujours suspendue entre l'Est chinois et l'Ouest américain. Tentant de se ménager un espace d'action autonome de plus en plus large. Tout en évitant les conflits directs.
Il est pour l'instant très difficile de dire si cette action sera productive à l'avenir ou si elle débouchera sur une crise, tant interne qu'externe.
Modi sourit. Et va droit au but.
L'avenir dira s'il a raison d'agir ainsi.
21:12 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, narendra modi, inde, brics, asie, affaires asiatiques, politique internationale | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Neuf nouveaux partenaires pour les BRICS afin d’encercler l’Occident collectif dirigé par les États-Unis
Neuf nouveaux partenaires pour les BRICS afin d’encercler l’Occident collectif dirigé par les États-Unis
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/altri-9-partner-per-i-brics-per-accerchiare-loccidente-collettivo-a-guida-usa/
Biélorussie, Bolivie, Cuba, Indonésie, Kazakhstan, Malaisie, Thaïlande, Ouganda et Ouzbékistan: l’année 2025 commence avec ces nouveaux partenaires des BRICS. Partenaires, et non membres à part entière ayant droit de vote, mais faisant néanmoins partie de cette structure alternative à l’Occident collectif dont les politiques sont souvent biaisées. Contrairement à l’OTAN, les BRICS ne sont pas une alliance militaire, ni même une alliance politique au sens strict.
Ils n’ont rien à voir avec l’Union européenne, bien que Bruxelles fasse tout pour effacer l’identité européenne.
Cependant, les BRICS deviennent une alternative, y compris sur le plan politique, au moment même où la puissance économique de ce groupe de pays associés sous diverses formes ne cesse de croître. L’Occident collectif, qui a utilisé l’arme des sanctions pour frapper quiconque faisait obstacle à l’empire américain, perd de son efficacité dès lors que le reste du monde trouve des moyens de contourner ces sanctions.
On l’a déjà constaté avec les menaces de Washington contre l’Inde à propos des accords conclus avec Moscou et Téhéran. Modi les a simplement ignorées, et les Américains ont fait semblant de ne rien voir pour ne pas provoquer davantage un pays devenu de plus en plus essentiel dans les équilibres mondiaux.
Les nouveaux partenaires des BRICS sont très différents les uns des autres, y compris sur le plan économique. Si Cuba rejoint principalement pour obtenir des aides, la présence de l’Indonésie garantit, à l’inverse, une contribution importante au commerce interne du groupe. De plus, la répartition géographique des partenaires constitue un renforcement notable, avec des pays européens, asiatiques, africains et latino-américains.
Il serait illusoire, à Rome et à Bruxelles, de croire que cet élargissement est terminé. Quatre autres pays devraient adhérer prochainement, et d’autres encore ont déjà présenté leur candidature. L’encerclement se resserre. Et les discours autour du Plan Mattei ne suffiront pas à le briser.
20:09 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, brics, politique internationale | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mercredi, 18 décembre 2024
Exigence effrontée envers les pays BRICS: Trump va-t-il trop loin?
Exigence effrontée envers les pays BRICS: Trump va-t-il trop loin?
Washington. Sous la future présidence de Donald Trump, le conflit entre l'économie occidentale dominée par le dollar et le bloc émergent des BRICS pourrait s'intensifier. Trump a récemment ciblé les efforts de certains pays BRICS visant à réduire leur dépendance au dollar et les a explicitement menacés de représailles si ces efforts se poursuivaient. Parmi les destinataires de ces menaces figurent notamment la Russie, la Chine, l’Inde, ainsi que les Émirats arabes unis et d’autres pays membres des BRICS depuis début 2024.
Sur son réseau social "Truth Social", Trump a menacé les pays BRICS d'imposer des droits de douane (punitifs) de 100% s'ils abandonnaient le dollar comme moyen de paiement international et créaient une monnaie concurrente. Trump a même exigé qu’ils s’engagent à ne jamais poursuivre un tel objectif. Textuellement, il a déclaré: «Nous exigeons de ces pays un engagement à ne pas créer de nouvelle monnaie BRICS ni à soutenir une autre devise pour remplacer le puissant dollar américain».
À défaut, ces pays seraient frappés par des droits de douane de 100 % « et devraient s'attendre à devoir renoncer à vendre [leurs produits] à la formidable économie américaine ».
Cette menace est à la fois risquée et présomptueuse. La dédollarisation est en effet déjà en cours depuis un certain temps, accélérée par les sanctions occidentales imposées au début de la guerre en Ukraine et par l’exclusion de la Russie du système de paiements SWIFT. D’autres pays, comme la Chine, qui se considèrent comme des cibles potentielles des sanctions américaines, ont intensifié leurs efforts pour réduire leur dépendance au dollar et privilégier l’utilisation des monnaies locales. La monnaie chinoise, le yuan (renminbi), est particulièrement utilisée comme alternative. De plus, des pays comme l’Arabie saoudite souhaitent également abandonner le dollar. En juin dernier, ce géant pétrolier a décidé de ne pas renouveler l’accord pétrodollar vieux de 50 ans – un tournant stratégique significatif. Les observateurs estiment que cette décision aura un impact majeur sur le rôle du dollar comme monnaie de réserve mondiale.
Lors du dernier sommet des BRICS à Kazan, le projet de création d'une monnaie commune a été temporairement suspendu, mais seulement reporté à une date ultérieure, non encore précisée. Actuellement, le groupe BRICS représente environ 45% de la population du globe et 35% de l'économie mondiale – plus que le G7, le groupe des pays industriels occidentaux. Environ 30 autres pays souhaitent également rejoindre les BRICS.
La question n'est donc pas de savoir si, mais quand le dollar perdra sa position de monnaie de réserve mondiale dominante. À Moscou, la réponse aux exigences de Trump a été diplomatiquement réservée mais sans équivoque. Selon l'agence de presse russe Interfax, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a déclaré lundi que l’attractivité du dollar « s’érode déjà » et que la monnaie américaine perdait de son influence à l’échelle mondiale.
« Si les États-Unis continuent de forcer les pays à utiliser le dollar, cela renforcera encore davantage la tendance à passer aux paiements en devises nationales », a prédit Peskov. Il a ajouté qu’il s’agit d’une tendance déjà en cours, qui ne concerne pas seulement les pays BRICS.
Le futur président américain semble toutefois déterminé à imposer le dollar au reste du monde à tout prix, malgré les risques d’escalade des conflits commerciaux qui, en fin de compte, pourraient nuire à l’économie américaine elle-même. Trump a récemment annoncé qu’il mettrait en œuvre dès son premier jour au pouvoir une politique commerciale agressive avec des droits de douane élevés contre la Chine, ainsi que contre ses voisins directs, le Canada et le Mexique. Il a justifié ces mesures par le trafic de drogue et d’êtres humains à la frontière. Cette annonce alimente les craintes d’une guerre commerciale entre les États-Unis et deux de leurs plus grands partenaires commerciaux. La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a averti que le plan tarifaire de Trump aurait des conséquences désastreuses pour les deux pays – et a laissé entendre que des mesures de rétorsion pourraient être envisagées (mü).
Source: Zu erst, 12/2024.
21:00 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : états-unis, donald trump, politique internationale, brics, monnaie, dollar | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 03 novembre 2024
Les pays du groupe BRICS vont détruire l'hégémonie céréalière de l'Amérique
Les pays du groupe BRICS vont détruire l'hégémonie céréalière de l'Amérique
Source: https://www.anonymousnews.org/international/brics-wird-am...
Lors du sommet des BRICS à Kazan, il a été question de la création d'une bourse des céréales des BRICS. Actuellement, les leviers de commande des prix des céréales sont détenus par les États-Unis et la France. Il est temps de se libérer de cette dépendance inutile.
par Olga Samofalova
Le président russe Vladimir Poutine a proposé lors du sommet des BRICS de discuter de la création d'une bourse des céréales qui pourrait à terme se transformer en une bourse des marchandises à part entière.
Selon le chef de l'État russe, l'ouverture d'une bourse des céréales des BRICS contribuerait à former des indicateurs équitables des prix des céréales au niveau international, « à protéger les marchés nationaux des influences extérieures négatives, des spéculations et des tentatives de provoquer un déficit alimentaire artificiel ».
Pour des raisons historiques, les prix du marché des céréales sont formés à la bourse des marchandises de Chicago (Chicago Mercantile Exchange, CME). Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont devenus le plus grand fournisseur de céréales et de maïs, c'est pourquoi le commerce des contrats sur les céréales a commencé précisément sur une bourse américaine. L'Europe et la Russie, dévastées après la guerre, ne pouvaient évidemment pas concurrencer les agriculteurs américains.
Dans les années 1980, le commerce des céréales a également commencé sur la bourse française des marchandises MATIF, car la France est devenue le premier producteur européen. Depuis lors, la situation mondiale a toutefois considérablement évolué. Selon l'Union des exportateurs de céréales, les BRICS, y compris les nouveaux membres, récolteront au total 1,24 milliard de tonnes de céréales par an à partir de 2024, ce qui représente presque la moitié de la production mondiale, soit 44 pour cent. Et leur consommation sera à peu près équivalente - 1,23 milliard de tonnes, soit 44 pour cent de la production mondiale. À l'origine, les BRICS étaient composés de cinq États: Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Depuis le 1er janvier 2024, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Égypte, l'Iran et l'Éthiopie ont également rejoint l'association.
Bien entendu, les États-Unis font également partie du top 5 des producteurs de céréales en termes de volume de production. Avec 450 millions de tonnes, ils occupent la deuxième place. Mais les autres membres du top 5 sont des pays BRICS: la Chine occupe la première place, l'Inde la troisième, la Russie la quatrième et le Brésil la cinquième. Ensemble, leur production de céréales est trois fois supérieure à celle des États-Unis. La France occupe même la dernière place du top 10 et se situe même derrière la Russie en termes de volume de production.
Aujourd'hui, il semble beaucoup plus juste que les pays BRICS « donnent le ton » sur le marché mondial des céréales. « Historiquement, les ports d'Europe et des États-Unis ont vu passer une grande quantité de céréales pour lesquelles un prix devait être fixé. C'est pourquoi les prix étaient fixés à la bourse de Chicago. Cette situation satisfaisait tout le monde, car des règles commerciales étaient élaborées, notamment pour les livraisons et les paiements. Mais maintenant qu'il existe des divergences d'opinion importantes entre les principaux acteurs du marché mondial, notamment en ce qui concerne les paiements, la création d'une infrastructure financière propre permet d'organiser une bourse alternative », explique Ekaterina Novikova, professeur à la chaire de théorie économique de l'université économique russe Plekhanov.
« L'idée de créer une bourse des céréales pour les pays BRICS est tout à fait pertinente : plus il y aura de possibilités de déterminer les prix sans l'influence des institutions financières occidentales, plus nos cultivateurs auront la possibilité de vendre leur production de manière rentable. Un avantage important réside dans le fait que dans le cadre de la bourse des céréales et des marchandises des BRICS, un système de paiement commun sera également créé, qui ne sera pas basé sur le dollar américain », explique Natalia Sgurskaya, directrice de l'entreprise de livraison de céréales Semliza.
Novikova est d'accord avec l'idée qu'une nouvelle bourse pourrait aider à former des prix des céréales plus justes, qui tiennent compte des intérêts de tous les acteurs du marché. « En outre, le prix pour le marché intérieur des BRICS pourrait être formé avec un petit rabais, et pour le marché extérieur selon les prix du marché », a déclaré Novikova.
« Le nouveau système rendra les plus grands producteurs de céréales moins dépendants du bloc occidental qui, à l'aide d'instruments financiers, peut faire monter ou descendre artificiellement le prix des marchandises et ainsi déséquilibrer de nombreuses économies », ajoute Novikova.
Comment exactement les États-Unis peuvent-ils faire baisser les prix et influencer le marché mondial des céréales ? Par exemple, le ministère américain de l'économie peut prévoir une baisse de la récolte de céréales russes sans avoir de raison valable de le faire. Ainsi, en 2021, le ministère a sous-estimé sans raison ses prévisions de 12,5 millions de tonnes de céréales pour la Russie. Cela a immédiatement entraîné une hausse des prix sur le marché mondial et le prix des céréales dans les ports de la mer Noire a augmenté de 20 dollars.
Si les États-Unis le souhaitent, ils peuvent ainsi provoquer un déficit artificiel de céréales sur le marché mondial par le biais d'une hausse rapide des prix, laissant les pays pauvres sans pain et la Russie sans revenus d'exportation supplémentaires. Comment une hausse mondiale des prix des céréales peut-elle conduire à un scénario catastrophe ? Si les prix à l'exportation augmentent rapidement, un excédent de marché sera créé au sein de la Russie. Dans ce cas, soit les prix intérieurs russes augmentent, soit les exportateurs livrent toutes les céréales à l'étranger, ce qui peut entraîner un déficit physique sur le marché intérieur. Dans de telles situations, les gouvernements imposent généralement par décret une interdiction d'exportation. Ainsi, les prix et la consommation intérieure sont maintenus stables et la crise est combattue. Mais il va de soi que cela prive la Russie des recettes provenant de la vente de céréales, qui représentent une part importante des recettes budgétaires. Par exemple, le budget de l'État russe aurait dû recevoir 215 milliards de roubles (l'équivalent de 2,06 milliards d'euros) en 2024 grâce aux taxes à l'exportation sur les céréales et les oléagineux.
Il ne faut pas non plus oublier les sanctions financières qui affectent le commerce, dont celui des céréales. « En raison des sanctions, les marchandises de certains pays ne peuvent pas du tout être admises à la bourse », explique Novikova. « D'un point de vue pratique, la nouvelle bourse peut exclure les opérations à terme afin d'éviter la spéculation et autoriser uniquement les participants des BRICS à négocier. Si la Russie connaît une mauvaise récolte, elle pourra mettre en bourse des marchandises issues de ses propres stocks et, en cas de nouvelle récolte record, inverser la situation et augmenter ses propres stocks afin de stabiliser les prix des céréales sur la bourse des BRICS. Mais il faut d'abord résoudre les problèmes de paiement à l'étranger, puis de logistique et d'assurance des livraisons », explique Vladimir Tchernov, analyste chez Freedom Finance Global.
18:50 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, brics, céréales | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 02 novembre 2024
Quand les BRICS+ discutaient à Kazan, l'Occident préparait ses prochaines actions
Quand les BRICS+ discutaient à Kazan, l'Occident préparait ses prochaines actions
Giuseppe Masala
Source: https://geoestrategia.eu/noticia/43601/geoestrategia/mien...
Alors que les yeux du monde se tournent vers Kazan pour suivre le déroulement du sommet des BRICS+ et tenter de comprendre si (et quand) le « nouveau monde » libéré de la tyrannie occidentale verra le jour, l'Occident ne reste certainement pas les bras croisés en attendant d'abdiquer devant le nouvel ordre.
Plusieurs signes indiquent que de nouvelles mesures se préparent pour élever encore le niveau de confrontation entre l'Occident et le bloc eurasien (essentiellement la Chine, la Russie et l'Iran).
Tout d'abord, les nouvelles du sommet de Kazan sont frappantes, car elles parlent d'un environnement dans lequel les Occidentaux - peu nombreux, pour être honnête - sont snobés, dans lequel l'anglais n'est plus utilisé de manière ostentatoire comme lingua franca, et dans lequel il y a un sentiment clair et net que les pays du bloc eurasien ne reculeront plus devant le fait d'abandonner l'Occident à son sort.
Mais même du côté occidental, on sent clairement que personne n'est prêt à capituler.
C'est ce qui ressort, par exemple, des dernières actions du principal allié de l'Amérique au sein de l'Union européenne... Ironiquement, nous faisons évidemment référence à la Pologne qui, hier encore, a annoncé la fermeture du consulat russe de Poznan, accusant les autorités russes d'avoir lancé depuis ce siège diplomatique un plan de sabotage des infrastructures polonaises. Il convient également de noter que le ministre des affaires étrangères de Varsovie, Radoslaw Sikorski, a expressément menacé d'expulser l'ambassadeur russe en Pologne, ce qui marquerait, de fait, la rupture définitive des relations diplomatiques entre Moscou et Varsovie et, par conséquent, annoncerait également un conflit direct à venir entre les deux pays.
D'autres mesures alarmantes indiquent le manque de volonté de l'Occident de trouver une solution pacifique au conflit actuel en Ukraine. Mesures qui peuvent certainement être identifiées dans les paroles (et les actions) de certains dirigeants politiques européens, tels que le ministre lituanien des affaires étrangères, qui continue à faire pression pour que des troupes européennes soient envoyées en Ukraine, comme il ressort clairement de son interview accordée il y a quelques jours.
Je voudrais ajouter que les propos du Lituanien ne sont en aucun cas ceux d'un fanatique, mais le constat rationnel que l'Ukraine ne pourra plus tenir longtemps par manque d'hommes, sachant que, selon des estimations très prudentes, l'armée de Kiev perd en moyenne au moins 1500 hommes toutes les 24 heures.
À ces propos s'ajoutent ceux de Paris, où Macron et son ministre de la défense Lecornu ont plus d'une fois exprimé leur intention d'envoyer des troupes en Ukraine.
Et que dire du nouveau « traité de défense » bilatéral entre la Grande-Bretagne, géant politique et militaire (en dehors de l'Europe), et l'Allemagne, géant économique et nain politico-militaire? Un traité vraiment bizarre qui, ces derniers jours, est tombé comme un éclair sur les chancelleries européennes et les salles de presse des médias. Un acte apparemment dépourvu de sens politique puisque, à proprement parler, Berlin travaille à la création d'une « armée » de l'UE: par suite, quel serait l'intérêt d'une alliance plus étroite avec un pays non membre de l'UE et, entre autres, cette puissance extérieure à l'UE étant connue pour ses positions de grande hostilité à l'égard de Moscou ?
Selon moi, il est clair que Londres a été lesté par sa victoire dans la Seconde Guerre mondiale, qui - strictement selon les traités de paix - place toujours l'Allemagne dans un statut de minorité politique, et il s'ensuit que Londres a trouvé là un moyen très habile de continuer à influencer les décisions militaires sur le continent européen malgré le fait que la Grande-Bretagne soit maintenant en dehors de l'UE. D'un point de vue pratique, le traité prévoit une étroite collaboration anglo-allemande sur la dernière génération de missiles de croisière à longue portée, ainsi qu'une étroite collaboration sur la construction de drones et de nombreux autres systèmes d'armes avancés. De plus, le traité prévoit le déploiement de troupes anglo-allemandes sur le flanc oriental de l'Europe « menacé » par la Russie.
Ce sont là des signes clairs que l'Europe occidentale n'est pas disposée à accepter le pouvoir acquis par des puissances émergentes telles que la Russie, la Chine et même l'Iran. Mais les déclarations provenant de l'autre côté de l'océan Atlantique sont tout aussi alarmantes. En effet, ce ne sont apparemment que les États-Unis qui se désintéressent de ce qui se passe sur le théâtre européen pour se concentrer sur les théâtres du Moyen-Orient et de l'Extrême-Orient.
En lisant les rapports des groupes de réflexion de Washington, on a le sentiment qu'il ne suffit pas que le gouvernement américain ait réduit en cendres la compétitivité européenne grâce au conflit en Ukraine et aux sanctions qui s'ensuivent. Il faut maintenant assurer une défaite stratégique à la Russie, si nécessaire en utilisant aussi le sol européen comme champ de bataille.
À cet égard, une étude publiée par le très influent Atlantic Council est d'un grand intérêt, indiquant une stratégie à long terme pour la défaite stratégique de la Russie.
Selon l'auteur du rapport, Ariel Cohen (photo), quel que soit le prochain président des États-Unis, « l'agression russe » en Ukraine restera un problème grave pour Washington.
À la suite de ce jugement, l'auteur affirme qu'il existe plusieurs options pour mettre fin à l'impasse sur le sol ukrainien, mais que seule la victoire militaire de Kiev avec la restitution des territoires cédés à la Russie (y compris la Crimée et le Donbass) serait considérée comme positive pour l'Occident. Toute autre option, qu'il s'agisse d'une victoire russe, d'un gel du conflit ou de la poursuite d'une guerre de faible intensité, doit être considérée - selon M. Cohen - comme une défaite claire pour l'Occident, qui n'a pas réussi à obtenir la défaite militaire de Moscou avec pour conséquence un «changement radical du pouvoir à Moscou», un refroidissement des relations avec la Chine et un retour à une «neutralité amicale avec l'Occident».
Pour rendre possible la chute de Moscou, Cohen suggère
1) d'accroître considérablement la militarisation de l'Ukraine par l'ensemble du monde occidental, en supprimant toutes les restrictions et interdictions relatives aux attaques contre les infrastructures stratégiques de la Russie;
2) de lancer une campagne d'information stratégique « pour apporter la vérité au peuple russe et au monde entier », en particulier au Sud. L'accent devrait être mis sur les jeunes et les mots clés devraient être « gaspillage », « corruption », « droits de l'homme », « assassinat de personnalités de l'opposition », etc ;
3) d'exploiter la dépendance à l'égard des technologies occidentales et de renforcer les sanctions pour déstabiliser la production d'armes et l'économie russe dans son ensemble ;
4) d'« éliminer » les marchés d'exportation d'armes de la Russie, « pour affaiblir davantage les revenus et l'influence de Moscou » ;
5) de réduire les revenus pétroliers et gaziers de la Russie en augmentant les exportations américaines de pétrole et de gaz afin de réduire les prix. L'UE devrait cesser d'importer du GNL russe et des engrais à forte teneur en gaz. Cela mettrait fin à la relation énergétique entre l'UE et la Russie et empêcherait le flux de revenus accrus vers la Russie, souligne M. Cohen;
6) de stimuler la « fuite des cerveaux » de la Russie, car les États-Unis manquent à présent « une occasion unique » de commencer à délivrer des visas aux spécialistes russes afin qu'ils puissent travailler « au profit des économies et des sociétés occidentales »;
7) d'exploiter activement le fait que « l'influence de la Russie en Asie centrale et dans le Caucase du Sud s'affaiblit », il devrait être possible de remplacer complètement « l'influence russe » par « l'influence américaine ». Et si les États locaux ne veulent pas coopérer, comme la Géorgie, des sanctions devraient être imposées.
En bref, comme on peut le voir, des voix influentes viennent également de Washington pour soutenir la thèse de la nécessité d'utiliser ce que les États-Unis appellent la « Full Spectrum Dominance », c'est-à-dire l'utilisation synergique d'une série de mesures militaires, diplomatiques, économiques et de propagande qui peuvent briser la force de l'adversaire et de ses alliés.
Seuls les naïfs peuvent croire que le conflit entre l'Occident et la Russie est dans sa phase finale. Malheureusement, l'Europe et les États-Unis ne peuvent pas se permettre de « faire le nœud » avec Moscou, d'autant plus si les relations entre les pays dits BRICS+ continuent de s'approfondir, défiant ouvertement l'empire occidental.
Giuseppe Masala, né en Sardaigne en 25 Avanti Google, est diplômé en économie et s'est spécialisé dans la « finance éthique ». Il se déclare cyber-marxiste mais, comme Leonardo Sciascia, pense qu'"il n'y a pas d'échappatoire à Dieu, ce n'est pas possible. L'exode de Dieu est une marche vers Dieu ».
18:34 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : actualité, brics, politique internationale | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Les pays du groupe BRICS se renforcent
Les pays du groupe BRICS se renforcent
Leonid Savin
Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/brics-gaining-strength?utm_referrer=https%3a%2f%2fl.facebook.com%2f
La réunion actuelle de l'association informelle des dix pays du groupe BRICS s'est transformée en percée à bien des égards. L'année de la présidence russe de ce club, malgré les tentatives de l'Occident collectif de gagner les pays du Sud et la guerre de l'information de masse, a été marquée par un intérêt significatif de nombreux pays pour participer à part entière à cette structure.
Trente-cinq pays ont déjà demandé à être admis au sein des BRICS en tant que participants à part entière. Au total, les représentants de 36 États sont arrivés au sommet des BRICS à Kazan, dont 22 pays représentés directement par leurs dirigeants, ainsi que les représentants de six organisations internationales, tandis que les médias mondiaux ont accordé une attention particulière à l'apparition du secrétaire général de l'ONU.
Les rapports des présidents de la Nouvelle banque de développement, du Conseil des entreprises, du Mécanisme de coopération interbancaire, de l'Alliance des femmes d'affaires ont été entendus, des réunions bilatérales des dirigeants des pays ont eu lieu, ainsi qu'une session plénière BRICS Plus/Outreach avec la participation des dirigeants des pays de la CEI, des délégations de nombreux pays d'Asie, d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Amérique latine, des chefs des organes exécutifs d'un certain nombre d'organisations internationales.
Treize pays présents au sommet ont déjà reçu le statut de pays partenaire des BRICS. Il s'agit de la Turquie, du Kazakhstan, de l'Ouzbékistan, de l'Algérie, de la Biélorussie, de la Bolivie, de Cuba, de l'Indonésie, de la Malaisie, du Nigeria, de la Thaïlande, de l'Ouganda et du Viêt Nam. Comme vous pouvez le constater, la taille du pays et l'état de son économie n'influent aucunement sur la décision d'accorder un tel statut.
À l'issue de la rencontre entre Vladimir Poutine et Xi Jinping (il convient de souligner que la Russie et la Chine sont des partenaires proches au sein des BRICS, qui s'opposent également activement à l'hégémonie des États-Unis), le président russe a noté que les relations russo-chinoises sont devenues un modèle de la manière dont les relations entre les États devraient être construites dans le monde actuel; la coopération entre les deux pays est l'un des principaux facteurs de stabilisation sur la scène mondiale. "Nous avons l'intention de renforcer encore la coordination sur toutes les plateformes multilatérales afin de garantir la sécurité mondiale et un ordre mondial juste", et “au fil des années de notre travail commun, l'autorité et l'influence des BRICS se sont accrues”.
À son tour, Xi Jinping a noté qu'« au fil des décennies, les relations sino-russes, qui ont résisté aux épreuves de la situation internationale instable, ont parcouru un long chemin et acquis un caractère sans précédent » et que « dans les conditions d'une transformation tectonique sans précédent depuis des siècles, la situation internationale subit de graves changements et bouleversements. Mais cela ne peut ébranler la conviction de l'inviolabilité du choix stratégique des deux pays en faveur d'un soutien mutuel ferme».
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé à un règlement pacifique du conflit en Ukraine sur la base de la charte de l'organisation des Nations unies et du droit international. « Nous avons besoin de paix en Ukraine. Une paix juste conformément à la Charte des Nations unies, au droit international et aux résolutions de l'Assemblée générale », a-t-il déclaré lors de la réunion du 24 octobre. Il a ajouté que tous les conflits actuels dans le monde devaient être résolus « tout en maintenant l'engagement envers les valeurs de la Charte des Nations unies, les principes de l'État de droit, l'intégrité territoriale et l'indépendance politique de tous les États ».
Vladimir Poutine a répondu que « nous devrions tous vivre comme une grande famille. C'est ainsi que nous vivons. Malheureusement, les querelles, les scandales et la division des biens se produisent souvent dans les familles. Parfois, on en vient à se battre ». Dans le même temps, il a souligné que les BRICS considèrent la création d'une « atmosphère favorable dans une maison commune » comme l'un de leurs objectifs. « Nous le faisons et nous le ferons. Y compris en étroite coordination avec les Nations unies », a conclu M. Poutine.
Il est important de noter ici que les BRICS ont été présentés comme une organisation indépendante qui, en fait, se positionne comme un égal de l'ONU. Deuxièmement, si nous parlons des paroles du secrétaire général de l'ONU, il est nécessaire de rappeler que la charte de l'ONU stipule le droit à l'autodétermination des peuples. Et en ce qui concerne l'Ukraine, conformément à la Charte des Nations unies, les Russes avaient tout à fait le droit de se séparer du régime "néo-nazi", ce que certains territoires ont fait en 2014 et que le reste de l'armée russe aide aujourd'hui à libérer.
Une déclaration importante a été faite sur la nécessité de réformer l'ONU elle-même. Il a été noté que la structure de l'ONU devrait être adaptée aux réalités modernes et que les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine devraient être davantage représentés au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Derrière l'écran de l'ordre imposé par l'Occident se cachent des tentatives de freiner le développement indépendant des pays de ces régions.
La transition vers un ordre mondial plus juste n'est pas facile, les sanctions unilatérales illégales, la manipulation des marchés boursiers et des marchés des changes, ainsi que l'ingérence dans la politique étrangère et de sécurité commune de l'Union européenne sont autant d'obstacles à la réalisation de cet objectif.
Dans son discours, le président russe Vladimir Poutine a également évoqué l'opération militaire spéciale en Ukraine, rappelant que « l'Ukraine est utilisée pour créer des menaces critiques pour la sécurité de la Russie » et que « ceux qui veulent infliger une défaite stratégique à la Russie ne connaissent pas l'histoire du pays, leurs calculs sont dès lors illusoires ». Une fois de plus, l'engagement en faveur de la création d'une Palestine souveraine a été évoqué: « un règlement au Moyen-Orient n'est possible qu'avec la correction de l'injustice historique et la création d'une Palestine indépendante ».
En ce qui concerne la participation des pays BRICS à l'économie mondiale, même selon les analystes occidentaux, dans les cinq prochaines années, l'économie mondiale reposera davantage sur les pays BRICS que sur les États du G7. Les prévisions du Fonds monétaire international indiquent que la Russie, la Chine, l'Inde et le Brésil seront à l'origine de la majeure partie de la croissance au cours de la période à venir. Dans le même temps, la contribution attendue à l'économie mondiale des membres du G7, tels que les États-Unis, l'Allemagne et le Japon, a été revue à la baisse. Et des pays comme l'Égypte et le Vietnam, grâce au poids plus important des économies en développement lorsqu'elles sont évaluées en termes de parité de pouvoir d'achat, atteindront le niveau de pays comme l'Allemagne et le Japon en termes de croissance économique. Selon les prévisions du FMI, la Chine restera le principal contributeur à l'économie mondiale. L'Inde, dont l'influence sur la croissance mondiale s'accroît également de manière significative, occupera la deuxième place.
Il est significatif qu'au cours du sommet des BRICS, le ministre russe des finances, Anton Siluanov, ait déclaré que la Russie répondrait de manière symétrique à l'utilisation par l'Occident des revenus des avoirs gelés de la Fédération de Russie et commencerait à utiliser les revenus des avoirs occidentaux dans le pays. De nouveaux outils seront également introduits à dessein, tels que la bourse des céréales des BRICS, qui, selon M. Poutine, contribuera également à protéger les marchés nationaux de l'ingérence et de la spéculation extérieures.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que « la Turquie croit aux objectifs des BRICS pour créer un ordre mondial et des relations commerciales justes ». Le vice-premier ministre serbe Alexander Vulin a quant à lui souligné le rôle constructif des BRICS. Il a déclaré que « personne au sein des BRICS n'exige que nous reconnaissions le Kosovo, que nous renoncions à la Republika Srpska ou que nous imposions des sanctions à l'UE ou à qui que ce soit d'autre. Dans les BRICS, on ne vous demande rien, mais on vous offre un monde complètement nouveau ».
La déclaration des BRICS, publiée le 23 octobre, compte plus de 40 pages et reprend en quelque sorte les thèses des récents sommets de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et de la Communauté des États indépendants (CEI). De nombreux points sont consacrés à un large éventail de questions.
Pour accéder au document: MUCfWDg0QRs3xfMUiCAmF3LEh02OL3Hk.pdf
Mais toutes ces questions sont liées au changement de l'architecture politique et économique mondiale et au désir de multipolarité et d'un ordre mondial plus juste, en lieu et place de l'« ordre fondé sur des règles » de l'Occident. Dans le même temps, l'UE s'est empressée de renier son implication dans le paragraphe sur l'inadmissibilité des sanctions unilatérales.
À l'issue du sommet, le président russe a également tenu une conférence de presse, au cours de laquelle il a noté que « sans exception, toutes les réunions et tous les événements que je viens de mentionner se sont déroulés dans le cadre traditionnel des affaires et de l'ouverture des BRICS, dans une atmosphère de compréhension mutuelle. Cette approche constructive du travail en commun nous a permis de discuter en détail d'un large éventail de questions pendant trois jours ».
Il a également déclaré que « nous avons confirmé que les BRICS ne sont pas un format fermé, qu'ils sont ouverts à tous ceux qui partagent leurs valeurs et que leurs membres sont prêts à travailler à la recherche de solutions communes sans diktats extérieurs ni tentatives d'imposer des approches étroites à qui que ce soit. Les BRICS ne peuvent que répondre à la demande croissante de coopération dans le monde. Par conséquent, nous avons accordé une attention particulière aux problèmes liés à l'expansion possible des BRICS par la création d'une nouvelle catégorie - les États partenaires ».
Pour confirmer les propos du Président, on peut ajouter que les dirigeants de la Chine et de l'Inde, qui sont antagonistes sur un certain nombre de questions, se sont entretenus lors du sommet, et que les présidents de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan ont également pu s'entretenir. Cela confirme une fois de plus l'importance de cette plateforme et le rôle constructif de la Russie, qui permet d'aplanir les contradictions et les malentendus. Mais dans ce domaine, la participation et l'influence de l'Occident restent un facteur important. L'exemple de l'Ukraine montre que là où l'Occident impose sa volonté politique, la discorde et le conflit surgissent toujours.
17:54 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brics, politique internationale | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 27 octobre 2024
Le voyage de l’ONU à Kazan (Canossa)
Le voyage de l’ONU à Kazan (Canossa)
Nicolas Bonnal
Il y a un an, Guterres, encore patron de l’ONU, expliquait que la planète bouillait et qu’il faudrait se priver de tout (air y compris) pour sauver le climat. Depuis il a mis de l’eau dans son vin et s’est fait rabrouer notamment par Netanyahou qui lui a expliqué que l’ONU était une succursale des USA qui sont eux-mêmes une succursale d’Israël promis par tous ses prophètes à la domination sans partage du monde. Au début de la cata Internet, je rappelais Esaïe déjà :
« 2 Voici, les ténèbres couvrent la terre, Et l'obscurité les peuples; Mais sur toi l'Éternel se lève, Sur toi sa gloire apparaît.
3 Des nations marchent à ta lumière, Et des rois à la clarté de tes rayons.
L’immense prophète ajoute même :
9 Car les îles espèrent en moi, Et les navires de Tarsis sont en tête, Pour ramener de loin tes enfants, Avec leur argent et leur or, A cause du nom de l'Éternel, ton Dieu, Du Saint d'Israël qui te glorifie.
10 Les fils de l'étranger rebâtiront tes murs, Et leurs rois seront tes serviteurs; Car je t'ai frappée dans ma colère, Mais dans ma miséricorde j'ai pitié de toi.
11 Tes portes seront toujours ouvertes, Elles ne seront fermées ni jour ni nuit, Afin de laisser entrer chez toi les trésors des nations, Et leurs rois avec leur suite.
12 Car la nation et le royaume qui ne te serviront pas périront, Ces nations-là seront exterminées. »
On poursuit gaiement :
« 13 La gloire du Liban viendra chez toi, Le cyprès, l'orme et le buis, tous ensemble, Pour orner le lieu de mon sanctuaire, Et je glorifierai la place où reposent mes pieds.
14 Les fils de tes oppresseurs viendront s'humilier devant toi, Et tous ceux qui te méprisaient se prosterneront à tes pieds; Ils t'appelleront ville de l'Éternel, Sion du Saint d'Israël. »
Et pour ceux qui craindraient pour leur sécurité (Esaïe donc, 60-62, voyez mon chapitre sur Internet entre Bible et Kabbale) :
6 Sur tes murs, Jérusalem, j'ai placé des gardes; Ils ne se tairont ni jour ni nuit. »
C’est toujours amusant de voir des crétins ne pas comprendre où mène leur judéo-christianisme. Il y aussi les imbéciles qui se jettent sur l’Apocalypse comme dans les bras de leur grand-mère, sans savoir ni comprendre pour quel agenda cet opus a été mis en place depuis notamment les débuts du judéo-protestantisme (relire Rothbard).
Mais venons-en à Kazan: Guterres y est allé comme à Canossa, et quelqu’un a compris pourquoi, une des excellentes chroniqueuses (marrant de voir que comme dans un pays non féministe comme la Russie les femmes excellent) de Ria.ru. Il s’agit d’Irina Alksnis. On l’écoute :
« Et il est extrêmement significatif que Moscou n’ait pas caché d’informations sur la visite de Guterres. Parce que s'il n'avait pas pris l'avion pour Kazan, cela aurait été un coup dur, avant tout, pour lui-même et pour l'organisation qu'il dirigeait. Et l’ONU et Guterres lui-même ont déjà subi tellement de pertes en matière de réputation, ces derniers temps, qu’ils n’en ont absolument pas besoin d’une autre, surtout d’une comme celle-ci».
Irina n’y va pas par quatre chemins: Kazan c’est Canossa et Guterres père d’une Onu socialo, écolo, woke et déconsidérée, y va pour se faire pardonner ses crimes ou tout au moins pour redresser la situ: car c’est l’Occident, vieilli et affaibli militairement et industriellement, qui s’isole, ce n’est pas Poutine, génie politique sans équivalent. Mais attention: ne comptez sur l’abruti spectateur de nos médias zombis pour l’apprendre. Il sera crevé avant, avec le dollar.
Irina encore :
« Il convient de rappeler que le dernier scandale très médiatisé s'est produit il y a moins d'un mois, lorsqu'Israël a déclaré le secrétaire général persona non grata, c'est-à-dire qu'un client des États-Unis a publiquement giflé un autre client américain . Si les relations privilégiées de Tel-Aviv avec Washington n’ont jamais été un secret, la transformation de l’ONU (plus précisément de l’appareil de l’organisation) en un vassal des Américains, au service de leurs intérêts et de leurs ordres, est devenue relativement récemment ouverte. »
Les bons peuples du sud et d’ailleurs ont enfin compris quels intérêts sert l’ONU:
«Cependant, cela semble si obscène que l’organisation internationale la plus influente et la plus importante des huit dernières décennies est en train de perdre rapidement son autorité sur la scène mondiale. En ce sens, la démarche d’Israël est très révélatrice: l’ONU est en train de se transformer en un lieu vide et son secrétaire général peut être effacé en toute impunité».
En fait les USA (imaginez un Trump élu et nerveux) pourraient se débarrasser du machin eux-mêmes :
«Et pour l’ONU, son appareil et ses dirigeants, la perte du prestige de l’organisation constitue un problème très grave. Les mêmes Américains n’en auront besoin que tant qu’il restera utile, tant qu’il sera capable d’influencer les processus mondiaux, tant que le monde écoutera leur opinion, tant qu’il sera véritablement perçu comme le cœur du système politique mondial et une plate-forme pour l'élaboration des décisions majeures de la communauté internationale».
Le laquais mondialiste n’a pas de futur :
«Et jouer le rôle de laquais de Washington détruit très rapidement tout le capital symbolique et politique acquis par l'ONU au cours des près de 80 années précédentes. Surtout maintenant, alors que les États perdent leur statut hégémonique et que l’opposition géopolitique de certaines voix faibles se transforme en un chœur amical de la majorité mondiale, qui forme activement des mécanismes alternatifs».
Les trois mousquetaires (USA et le duo franco-britannique) iront jusqu’au bout, n’en doutons pas. La classe politique y est trop nécrosée (cf. Barnier ou le reniement national) et la masse trop abrutie de télé ou de journaux (moment de relire McLuhan pour comprendre pourquoi et comment – et depuis quand…). Mais le reste comprend.
Guterres à Kazan, c’est une bonne nouvelle: mais si l’agenda impérialiste occidental est compromis, le reste des agendas est toujours là et usera comme on sait des Brics (pensez à Lula-vaccin qui n’était pas là) et du reste pour s’appliquer: lutte contre le carbone et donc la vie humaine, CBDC, contrôle informatique et totalitaire de l’humanité, vaccination high-tech pour n’importe quel bobo, etc.
Guterres à Kazan c’est comme Trump à Washington (si le Deep State le laisse repasser): une bonne et une mauvaise nouvelle à la fois. L’Adversaire mute pour la énième fois. Il ne sait faire que ça pour faire avancer sa cabale.
Sources :
https://ria.ru/20241023/guterresh-1979484954.html
https://www.biblegateway.com/passage/?search=%C3%89sa%C3%...
https://www.amazon.fr/INTERNET-SECRETS-MONDIALISATION-Nic...
https://www.amazon.fr/Internet-d%C3%A9clin-d%C3%A9mocrati...
11:32 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, onu, antonio guterres, brics, politique internationale | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mercredi, 23 octobre 2024
Sommet des BRICS: un tournant dans le système multipolaire et la réponse des États-Unis
Sommet des BRICS: un tournant dans le système multipolaire et la réponse des États-Unis
Jamal Wakim
Le groupe des BRICS s'apprête à tenir son sommet dans la ville de Kazan, située dans le bassin de la Kama, du 22 au 24 octobre. Les neuf pays membres participeront à ce sommet: la Russie, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil (pays fondateurs), ainsi que l'Égypte, l'Éthiopie, l'Iran et les Émirats arabes unis (nouveaux membres). De nombreux autres pays aspirent également à rejoindre l'organisation, qui vise à rompre avec l'unipolarité et à instaurer un monde multipolaire, au détriment d'un système dominé par les États-Unis.
Il convient de noter que plus de 40 pays ont récemment exprimé leur désir de rejoindre les BRICS, dans un climat régional marqué par un grand optimisme quant à la mise en place de mécanismes économiques visant à réduire la domination du dollar, dans un contexte de hausse des taux d'intérêt de la monnaie américaine. Parmi ces pays figurent la Syrie, qui espère tirer des avantages économiques de son adhésion malgré le blocus occidental, et l'Algérie, qui se sent encerclée par la France et le Maroc, ce dernier pays étant de plus en plus proche d'Israël.
Quant à la Turquie, elle souffre des politiques américaines visant à redessiner la géographie du Moyen-Orient. L'adhésion de la Turquie aux BRICS serait une compensation à sa déception vis-à-vis de l'Union européenne, qui lui refuse l'entrée, selon le ministre turc des affaires étrangères Hakan Fidan. Pour la Russie, cette adhésion représenterait un coup dur pour l'OTAN, Ankara disposant de la deuxième puissance militaire au sein de l'Alliance, après les Etats-Unis. Ce rapprochement turc signifie un éloignement de l'Occident et un rapprochement de l'orbite eurasienne.
Sous la direction de la Russie, les BRICS ont renforcé leurs partenariats stratégiques dans les domaines du commerce, de l'investissement, de l'innovation, de la technologie et des initiatives sociales pour soutenir la croissance économique des pays membres. L'objectif central et le plus important poursuivi par Moscou est la création d'une monnaie unique pour le groupe, comme alternative au dollar américain, qui a été le principal pilier de l'hégémonie mondiale des États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette monnaie unique porterait un coup sévère à la domination financière des États-Unis dans le monde.
Cela peut expliquer la sensibilité avec laquelle les États-Unis traitent le sommet des BRICS. Le lancement d'une monnaie commune soustrairait environ 45 % de l'économie mondiale à la sphère d'influence du dollar, ce qui provoquerait un afflux massif de capitaux sur le marché américain et augmenterait l'inflation dans l'ensemble du monde occidental. Elle affaiblirait également l'hégémonie financière des États-Unis établie par les accords de Bretton Woods, qui ont fondé le Fonds monétaire international et la Banque mondiale en 1944, consolidant ainsi la domination économique des États-Unis après la Seconde Guerre mondiale.
Cette situation a non seulement alarmé les responsables américains, mais elle a également exaspéré les élites financières mondiales, contrôlées par des familles basées aux États-Unis et en Occident, telles que les Rothschild, les Goldman et les Schiff, qui voient leur domination financière, commencée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, menacée par la perte d'influence croissante du dollar, principal instrument de domination du capitalisme financier, au même titre que la livre sterling.
Ce contexte a poussé Washington, et en particulier les néoconservateurs - fer de lance du capital financier sioniste - à intensifier leurs actions contre le bloc eurasiatique, en particulier la Russie et la Chine. Cela s'est manifesté par des pressions exercées sur l'Ukraine pour qu'elle lance une offensive dans la région de Koursk et par des tensions accrues avec la Chine en Asie de l'Est. Le point le plus alarmant a été l'escalade israélienne contre le Liban il y a environ un mois, avec des attaques contre le Hezbollah et l'assassinat de ses chefs militaires, y compris son secrétaire général, Sayyed Hassan Nasrallah.
Selon le philosophe russe Alexandre Douguine, ces événements marquent le début d'une troisième guerre mondiale. Il affirme qu'Israël, après avoir commis un génocide contre des civils devant le monde entier, a lancé une guerre totale contre le Liban. Tout comme les Israéliens à Gaza ont préféré prétendre qu'ils combattaient le Hamas plutôt que les Palestiniens, Netanyahou parle maintenant d'affronter le Hezbollah tout en menant des attaques massives contre des civils dans un pays souverain. Voilà ce qu'est la guerre. L'Occident soutient pleinement cette agression israélienne contre le Liban.
Douguine ajoute que sur le front ukrainien, l'Occident est en guerre contre la Russie par l'intermédiaire des nazis ukrainiens, tout en combattant les musulmans chiites par l'intermédiaire des (aske)nazis israéliens. L'Occident est également prêt à entrer en guerre contre la Chine avec le soutien des "nazis taïwanais", en s'alliant avec l'Inde, le Japon et la Corée du Sud.
Ainsi, le monde se trouve actuellement à un tournant, symbolisé par le sommet des BRICS qui se tiendra à Kazan, en Russie. On espère que ce sommet prendra des décisions qui accéléreront la transition d'un système unipolaire à un système multipolaire, marquant ainsi la fin de l'hégémonie occidentale qui a débuté au milieu du 18ème siècle, ainsi que du capitalisme financier sioniste. Cela expliquerait les efforts violents des États-Unis, des néo-conservateurs et d'Israël pour stopper cette transformation en intensifiant les conflits en Ukraine, en Asie de l'Est et au Moyen-Orient.
19:22 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, brics, politique internationale | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mardi, 22 octobre 2024
La « neutralité » des membres arabes des BRICS
La « neutralité » des membres arabes des BRICS
À la grande surprise de certains, les nations arabes des BRICS restent neutres sur la question palestinienne. Elles montrent même souvent des signes de sympathie à l'égard d'Israël. Pourquoi ?
L'Asie occidentale est au cœur d'une guerre régionale entre Israël et l'Axe de la Résistance. Elle a commencé après l'attaque furtive du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a provoqué la punition collective qu'inflige Israël aux Palestiniens de Gaza, punition que ses détracteurs considèrent comme un nettoyage ethnique et un génocide. Peu après, le Hezbollah (Liban) et Ansarullah (Yémen) (également connu sous le nom de Houthis) ont rejoint la mêlée en solidarité avec le Hamas. Israël a alors commencé à bombarder des cibles dans ces deux pays, dans la Syrie voisine et dans l'Irak tout proche.
Tout s'est intensifié à la mi-septembre, lorsqu'Israël a fait sauter des milliers de localisateurs du Hezbollah avec des explosifs piégés, puis des radios, dans un acte considéré comme du terrorisme en raison des dommages collatéraux causés à la population civile. Il s'en est suivi des bombardements à grande échelle au Liban, qui se poursuivent encore aujourd'hui. Le chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, est mort un vendredi, ce qui représente le dernier coup porté à la Résistance, après qu'Israël a tué le chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran au cours de l'été.
Malgré la punition collective infligée par Israël aux Palestiniens arabes et le bombardement de plusieurs autres nations arabes, l'Arabie saoudite, l'Égypte et les Émirats arabes unis, membres du groupe BRICS, sont restés militairement neutres. Ils ont condamné les actions d'Israël à Gaza et continuent d'exiger qu'Israël reconnaisse la Palestine comme un État indépendant, mais ils ne vont pas plus loin. Le Premier ministre israélien Benjamin (« Bibi ») Netanyahou n'en a cure et considère même ces trois pays comme une « bénédiction » pour Israël.
Il l'a fait savoir dans un mémorandum qu'il a présenté à l'Assemblée générale des Nations unies la semaine dernière, dans laquelle Bahreïn, l'Inde, la Jordanie, l'Égypte et le Soudan sont décrits comme « la bénédiction », tandis que l'Iran, l'Irak, la Syrie et le Liban sont condamnés comme « malédiction ». En outre, Israël est soupçonné d'avoir reçu secrètement l'autorisation de l'Arabie saoudite d'utiliser son espace aérien pour bombarder l'Ansarullah du Yémen, malgré l'absence de liens formels entre les deux pays. On sait qu'ils entretiennent des relations étroites en coulisses, il est donc probable que cette rumeur soit fondée.
Ainsi, l'Arabie saoudite n'est pas vraiment « neutre » dans cette dimension plus large du conflit, alors qu'elle, l'Égypte et les Émirats arabes unis (ces deux derniers ayant des liens formels avec Israël) semblent même sympathiser avec les objectifs militaires d'Israël dans cette guerre régionale. Cette deuxième observation est formulée en dépit du fait que ni le Hamas ni le Hezbollah ne sont reconnus par eux comme terroristes, puisque la Ligue arabe a retiré cette désignation au Hezbollah en juin. Cela suggère qu'ils sont les alliés silencieux d'Israël à toutes fins utiles.
Par conséquent, leurs condamnations publiques semblent être des gestes pour « sauver la face » devant la communauté internationale et surtout devant leurs propres populations pro-palestiniennes. Ni l'Égypte ni les Émirats arabes unis n'ont menacé d'annuler leur reconnaissance d'Israël en signe de protestation, ni même de le sanctionner, tandis que l'Arabie saoudite maintient apparemment ses liens étroits avec Israël en coulisses. Ce qui a été pendant des décennies la cause de la solidarité arabe a cessé d'exister en raison des calculs idéologiques et stratégiques de ces trois pays.
Bien qu'il s'agisse de pays musulmans, leurs formes de gouvernement diffèrent de celles inspirées par l'islamisme défendu par le Hamas et le Hezbollah, qu'ils considèrent comme une menace pour le pouvoir de leurs élites. Ils n'ont pas non plus les meilleures relations politiques avec l'Iran d'après 1979, qu'ils soupçonnent depuis longtemps de soutenir des mouvements révolutionnaires idéologiquement alignés à l'intérieur de leurs frontières. Il convient également de mentionner qu'ils sont d'étroits partenaires militaires des États-Unis, malgré leurs divergences occasionnelles au fil des ans.
La combinaison de ces facteurs explique pourquoi ils feignent la « neutralité » face à la guerre régionale entre Israël et la Résistance, mais sympathisent en réalité avec les objectifs militaires de l'État juif autoproclamé. Sa position attire l'attention sur la diversité politique au sein des BRICS, que les enthousiastes interprètent souvent à tort comme un bloc anti-occidental, opposé à l'Occident sur toutes les questions importantes telles que ce conflit. Cependant, ce n'est pas le cas, c'est pourquoi nous allons dire quelques mots ci-dessous sur les BRICS afin de clarifier leur objectif.
Les BRICS ont toujours été une simple association de pays qui coordonnent volontairement certains aspects de leurs politiques financières afin d'accélérer cette dimension de la multipolarité. Il ne s'agit que d'une association et non d'une organisation, puisqu'elle n'a pas de secrétariat et que tout ce que ses membres acceptent est volontaire, puisqu'il n'y a pas de mécanisme, et qu'il n'y en aura probablement pas, pour les obliger à s'y conformer. Les asymétries économiques et financières entre ses membres font que toute évolution dans ce sens signifierait la fin des BRICS.
Il existe également de sérieuses divergences politiques entre ses membres. Il a déjà été fait mention des soupçons que les nouveaux membres arabes des BRICS nourrissent à l'égard de l'Iran, tandis que la Chine et l'Inde sont impliquées dans un féroce conflit frontalier et que les tensions entre l'Égypte et l'Éthiopie s'intensifient à propos du Nil et de la Somalie. Les membres des BRICS entretiennent également des relations différentes avec les États-Unis, notamment en ce qui concerne leurs interdépendances économiques et financières avec ce pays, ainsi qu'avec des partenaires régionaux des États-Unis tels qu'Israël.
Cependant, ils continuent tous à essayer d'étendre la coopération socio-économique et politique entre eux, malgré ces obstacles, y compris dans le domaine des relations inter-civilisationnelles. Le problème, cependant, est que ces obstacles sont très redoutables et imposent de réelles limites à la coopération. Ces contradictions ne seront pas résolues de sitôt, voire jamais, et personne ne doit donc s'attendre à ce que les BRICS deviennent un bloc anti-occidental. Il est donc probable qu'ils resteront une simple association volontaire préconisant la multipolarité financière.
Cela ne signifie pas que les BRICS sont inutiles, car même une coordination limitée visant à accélérer les processus de multipolarité financière peut contribuer à remodeler l'ordre mondial. Cependant, les enthousiastes devraient tempérer leurs attentes quant aux résultats à atteindre en corrigeant leurs perceptions. Cette perception permet aux observateurs de mieux comprendre pourquoi les membres arabes des BRICS sympathisent avec les objectifs militaires d'Israël dans sa guerre régionale contre la Résistance et l'aident même indirectement à les atteindre, comme le fait l'Arabie saoudite avec Ansarullah.
Malgré l'alignement de l'Égypte, de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis sur l'allié israélien des États-Unis, il serait inexact de les qualifier de vassaux des Américains, car chacun d'entre eux a fièrement rejeté les pressions américaines pour se retourner contre la Russie. L'Égypte est le principal partenaire commercial de la Russie en Afrique, les Émirats arabes unis sont son principal partenaire arabe et l'Arabie saoudite continue de gérer le prix mondial du pétrole avec la Russie dans le cadre de l'OPEP+. Le président Poutine s'est également rendu dans ces deux derniers pays du Golfe en décembre dernier, afin de montrer à quel point leurs relations restent étroites malgré les pressions américaines.
Ainsi, même si beaucoup peuvent être déçus par le manque de solidarité dont font preuve les membres arabes des BRICS dans le cadre de la guerre régionale entre Israël et la Résistance, qui s'étend à plusieurs nations arabes au-delà de la Palestine, ils restent au moins attachés à la cause de la multipolarité financière et entretiennent des liens étroits avec la Russie. La conclusion est que la transition systémique mondiale vers la multipolarité a révélé les différences entre de nombreux partenaires sur des questions sensibles, mais ces différences ne doivent pas nécessairement ruiner leurs relations.
Chacun d'entre eux donne la priorité à ses intérêts nationaux, comme ses dirigeants le jugent sincèrement nécessaire, pour autant qu'il s'agisse de pays véritablement souverains, comme ces trois pays l'ont montré, et non de vassaux littéraux des États-Unis, comme l'UE (à l'exception de la Hongrie et de la Slovaquie). Par conséquent, ce que leurs partenaires peuvent percevoir comme les intérêts nationaux de ces pays n'est pas toujours partagé par leurs dirigeants respectifs, comme le montre la contradiction entre les membres arabes des BRICS et l'Iran dans cette guerre régionale.
Dans une telle situation, alors que les militants sont censés soutenir l'un ou l'autre camp, les analystes doivent faire tout leur possible pour conserver leur objectivité et ne pas laisser leur jugement être entaché d'illusion. Ni l'Égypte, ni l'Arabie saoudite, ni les Émirats arabes unis ne sont prêts à intervenir directement aux côtés d'Israël contre la Résistance, et encore moins à attaquer l'Iran. Ils défient également les demandes des États-Unis de se débarrasser de la Russie. Ces trois pays ont donc encore un rôle à jouer dans l'accélération des processus de multipolarité, même s'ils ne sont pas aussi importants que certains l'avaient espéré.
20:45 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, brics, israël, hamas, liban, arabie saoudite, émirats arabes unis, égypte | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 20 octobre 2024
Le sommet des BRICS sur la dédollarisation
Le sommet des BRICS sur la dédollarisation
Par Alfredo Jalife Rahme
Quelle: https://noticiasholisticas.com.ar/la-cumbre-de-la-desdola...
Le sommet des BRICS+ à Kazan devrait changer la donne lorsqu'ils oseront enfin franchir le Rubicon et renonceront à l'unipolarité centrée sur le dollar pour entamer le voyage difficile de la dédollarisation, attendue depuis le dernier sommet de Johannesburg, mais sans la puissance nucléaire et les missiles hypersoniques de la Russie.
Lors du précédent sommet de Johannesburg, qui comptait encore cinq membres, les BRICS étaient sur le point de lancer la fameuse « monnaie BRICS », comme l'avait prévu James Rickards, un ancien consultant financier du Pentagone.
In extremis, l'Afrique du Sud - qui, soit dit en passant, possédait des armes nucléaires dont elle s'est admirablement débarrassée par la suite - n'a pas osé franchir le Rubicon en raison des circonstances géopolitiques défavorables de l'époque, qui avaient suscité la colère silencieuse des États-Unis.
La « dédollarisation des BRICS » tant vantée constitue un élément nodal de la conceptualisation d'un nouvel ordre multipolaire et polycentrique, dans lequel le Sud global en pleine ascension jouerait un rôle pluriel prépondérant.
Les stratèges chinois affirment que la dédollarisation, qui sera loin d'être facile, prendra environ cinq ans, tandis que leurs homologues russes estiment qu'elle prendra dix ans.
L'avantage unique du calendrier de la dédollarisation à Kazan réside dans le fait que le pays hôte est désormais la première superpuissance mondiale en matière de nucléaire et de missiles hypersoniques, ce qui peut lui fournir la couverture militaire appropriée qu'un pays vulnérable comme l'Afrique du Sud ne pourrait pas avoir.
Il est clair que l'hypothétique « dédollarisation de Kazan » - qui implique la pluralité cosmopolite idyllique d'une ville où coexistent des Tatars musulmans sunnites et des chrétiens orthodoxes slaves - présente de sérieux écueils où se distingue la panique de l'Inde qui voit le couronnement de la monnaie chinoise comme le cheval de bataille des BRICS+ face au dollar et, dans une moindre mesure, à l'euro du G-7 en déclin.
Comme le géopoliticien de l'EIR Dennis Small y a fait allusion, au-delà de la définition éthérée du PIB (Produit Intérieur Brut), les BRICS ont laissé le G-7 derrière eux en ce qui concerne les points de l'« économie physique » : population: 45% de la planète ; acier: 71% ; charbon: 69% ; pétrole (sans l'Arabie Saoudite): 32% ; chemins de fer: 62% ; production de blé: 47%. Dennis Small fait remarquer que l'Arabie saoudite n'a pas encore officialisé son adhésion aux BRICS+.
Même si l'on utilise la mesure controversée du PIB, les BRICS ont aujourd'hui dépassé le G-7.
Il existe de nombreuses versions de ce que pourrait signifier le lancement de la monnaie des BRICS à Kazan. Il pourrait s'agir du lancement d'un panier composé des cinq « monnaies R » de ses membres initiaux : le real brésilien, le rouble russe, la roupie indienne, le renminmi chinois et le rand sud-africain, qui serait soutenu par des matières premières telles que l'or, le pétrole, le gaz naturel, le blé, l'uranium, etc.
Lors de la récente réunion préparatoire des ministres de l'économie et des finances des BRICS, l'idée de changer le système de paiement international s'est imposée, alors que le SWIFT, contrôlé par les États-Unis, reste omnipotent et que la Russie commence à internationaliser le MIR et que la Chine utilise le CIPS (système de paiement interbancaire transfrontalier). Pour l'heure, le Nicaragua, au cœur super-stratégique de la mer des Caraïbes, a déjà adopté le MIR.
Quoi qu'il en soit, à mon avis, la « militarisation du dollar » américaine a donné un coup de pouce au Sud global dépourvu de bombes nucléaires et de missiles hypersoniques lorsque Washington a appliqué une série de sanctions contre la Russie et son système financier pour s'être approprié, avec l'instrumentation de ses alliés, plus de 300 milliards de dollars de réserves détenues par Moscou dans des banques américaines et européennes, ce qui a fini par avoir un effet boomerang.
Le célèbre auteur libanais Nassim Nicholas Taleb (photo), auteur du livre « Le cygne noir », expose l'accélération de la dédollarisation alors que le gouvernement américain se noie dans sa dette croissante.
Pendant ce temps, le candidat à la présidence Donald Trump menace d'imposer une amende de 100%, métaphoriquement définie comme un tarif douanier, aux pays qui abandonnent le dollar. D'ailleurs, dans son interview inattendue avec Bloomberg, Trump s'est engagé à « protéger le dollar en tant que monnaie de réserve ».
Parallèlement, la propulsion du « mBridge », déjà reconnu par la Banque des règlements internationaux (BIP), est gérée.
Selon Bloomberg, très proche de George Soros et du Parti démocrate, le ministère russe des Finances et la Banque de Russie analysent un « système multidevises » afin de mettre ses participants à l'abri de toute pression extérieure telle que des sanctions extraterritoriales, tout en créant des centres d'échange communs pour les matières premières telles que le pétrole, le gaz naturel, les céréales et l'or.
De même, la Russie, pays de la cyber-technologie, pousse à l'utilisation de la DLT (Distributed Ledger Technology): une nouvelle plateforme multinationale qui permet les paiements et élimine le « risque de crédit ».
En adoptant ces seules mesures, le sommet de Kazan aurait établi un nouvel ordre financier mondial qui dépasserait les accords de Bretton Woods d'il y a 80 ans.
16:08 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, brics, dédollarisation, dollar | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
jeudi, 17 octobre 2024
Réorientation stratégique: la Turquie en route vers les BRICS
Réorientation stratégique: la Turquie en route vers les BRICS
Source: https://www.pi-news.net/2024/10/strategische-neuausrichtu...
Erdogan veut être admis dans le groupe des pays BRICS. La Turquie serait le premier pays de l'OTAN à rejoindre cette association de pays émergents dominée par la Russie et la Chine.
Par Elena Fritz
La Turquie a officiellement déposé sa demande d'adhésion aux BRICS, une démarche qui revêt une importance à la fois géopolitique et économique. La décision du président Erdogan de choisir l'alliance des pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) comme partenaire potentiel va bien au-delà de la simple politique économique. C'est un refus clair de la domination unilatérale des alliances occidentales comme l'OTAN et l'UE, qui tentent depuis des décennies d'enfermer la Turquie dans un corset de contraintes géopolitiques et économiques. Les BRICS offrent à la Turquie une nouvelle perspective - un ordre mondial multipolaire dans lequel la souveraineté des États est respectée.
Un partenaire insatisfait: la Turquie et l'Occident
Les relations de la Turquie avec l'Occident sont depuis longtemps marquées par des tensions. Membre de l'OTAN depuis 1952, la Turquie, partenaire stratégique de premier plan, a assuré de nombreux intérêts occidentaux dans la région. Néanmoins, Ankara est de plus en plus frustrée par les directives unilatérales des Etats-Unis et de l'alliance occidentale. Les relations avec l'UE s'avèrent tout aussi problématiques. Malgré des décennies de négociations et un accord d'association, l'adhésion à l'Union européenne s'est éloignée pour la Turquie - surtout en raison des réserves culturelles et politiques au sein de l'UE, qui n'accepterait qu'à contrecœur un pays musulman de plus de 85 millions d'habitants comme partenaire à part entière.
Le blocage de l'UE a en outre attisé la frustration du côté turc. Ces dernières années, Erdogan a clairement fait savoir qu'Ankara en avait assez d'être traitée comme une quémandeuse. L'attitude de l'UE, qui refuse d'intégrer pleinement la Turquie malgré son immense importance économique et sécuritaire, a progressivement réorienté le regard d'Ankara vers l'Est. Le tournant stratégique est devenu évident au plus tard en 2019, lorsque la Turquie a acquis le système de défense antimissile russe S-400 - une décision qui a entraîné des sanctions occidentales.
Les BRICS, un coup de pouce stratégique
L'adhésion au groupe des BRICS représente pour la Turquie une véritable alternative à l'OTAN et à l'UE. Alors que les alliances occidentales se révèlent de plus en plus être des puissances hégémoniques qui subordonnent les intérêts nationaux à leurs propres objectifs géopolitiques, les BRICS proposent un modèle basé sur la souveraineté, le respect et l'indépendance économique. Les pays BRICS ne poursuivent pas un agenda doctrinaire, mais recherchent un ordre mondial multipolaire dans lequel des puissances régionales comme la Turquie peuvent suivre leur propre voie.
Pour Erdogan, l'adhésion aux BRICS est l'occasion d'élargir considérablement la marge de manœuvre de son pays. Les relations économiques avec les pays BRICS se sont déjà renforcées: les importations en provenance de ces pays dépassent celles de l'UE depuis début 2024. Ankara a compris qu'elle pouvait développer non seulement de nouvelles opportunités commerciales, mais aussi des investissements et des partenariats stratégiques avec les économies émergentes des BRICS. L'accès à la « nouvelle banque de développement » (NDB) dirigée par les BRICS offrirait en outre à la Turquie de nouvelles sources de financement, sans les contraintes politiques qu'imposent souvent les institutions occidentales comme le FMI.
La Turquie voit un immense potentiel dans le secteur de l'énergie en particulier. En tant que plaque tournante centrale du gaz entre la Russie, l'Asie centrale et l'Europe, la Turquie pourrait jouer un rôle clé. Aujourd'hui déjà, le « Turkish Stream », un gazoduc important pour le transport du gaz vers l'Europe, passe par le territoire turc. Avec les BRICS, Ankara pourrait renforcer sa position de carrefour énergétique tout en s'affranchissant de la dépendance occidentale en matière de politique énergétique.
Un signe à l'Occident : les frontières de l'OTAN et de l'UE
L'influence occidentale sur la Turquie a atteint ses limites. La Turquie reconnaît que l'OTAN et l'UE n'offrent pas de garanties de souveraineté nationale, mais sont des instruments de l'hégémonie anglo-saxonne. Au sein de l'OTAN, la Turquie a rempli son rôle d'allié fidèle, mais le prix à payer a été élevé : les décisions militaires indépendantes ont été sanctionnées et les intérêts géopolitiques spécifiques ont dû être mis de côté. Il en va de même au sein de l'UE, où la Turquie a toujours été traitée comme un outsider malgré son importance économique et sa position géostratégique. Cette politique de blocage des institutions occidentales a poussé Ankara à se tourner vers de nouvelles options.
L'éventuelle adhésion de la Turquie aux BRICS n'est donc pas seulement une manœuvre tactique. Elle montre qu'Ankara est prête à s'engager sur la voie de l'ordre mondial multipolaire - un ordre mondial qui n'est pas dominé par les Etats-Unis et l'UE, mais par des puissances émergentes qui défendent leur souveraineté nationale. Pour la Turquie, les BRICS offrent l'espace qu'elle n'a jamais obtenu en Occident.
Les BRICS comme contrepoids à l'hégémonie occidentale
Le groupe BRICS offre bien plus que de simples avantages économiques. Il constitue un contrepoids stratégique à l'hégémonie anglo-saxonne, qui étend de plus en plus sa domination au détriment de la souveraineté des petits Etats. Les Etats-Unis en particulier, qui souhaitent conserver leur pouvoir grâce à l'OTAN et à la domination du dollar, ne sont pas enthousiastes à l'idée d'un ordre mondial multipolaire. Mais pour des pays comme la Turquie, qui en ont assez de la tutelle, les BRICS représentent une véritable alternative - une union basée non pas sur des prétentions hégémoniques, mais sur le respect et le progrès commun.
Erdogan a reconnu ce changement. L'adhésion aux BRICS est plus qu'un simple projet économique ou géopolitique. C'est un engagement clair en faveur d'un monde où la souveraineté et l'indépendance nationales sont primordiales. Un monde dans lequel des Etats comme la Turquie ne sont pas contraints de choisir entre l'Est et l'Ouest, mais peuvent suivre leur propre voie.
Conclusion : la Turquie sur la voie d'une nouvelle ère
La possible adhésion de la Turquie aux BRICS marque le début d'une nouvelle ère pour Ankara. Les BRICS offrent à la Turquie la possibilité de se libérer des entraves des institutions occidentales et de faire partie d'un ordre mondial multipolaire fondé sur le respect et la souveraineté. Alors que l'Occident continue d'essayer de préserver son hégémonie, la Turquie a compris que l'avenir est dans un monde où il n'y a plus de blocs de pouvoir dominants, mais une multitude d'acteurs égaux. L'adhésion de la Turquie aux BRICS n'est pas seulement une nécessité économique, mais un pas vers un ordre international plus juste, dans lequel les intérêts nationaux ne sont pas dictés de l'extérieur.
19:46 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, turquie, brics | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 05 octobre 2024
Le facteur C dans la guerre d'extermination de Netanyahou
Le facteur C dans la guerre d'extermination de Netanyahou
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/il-fattore-c-nella-guerra-di-sterminio-di-netanyahu/
La troisième guerre mondiale ? Non, celle déclenchée par le tristement fameux Netanyahou n'est pas une guerre mondiale, ni une attaque contre un « axe du mal » qui n'existe pas. Mais elle ressemble de plus en plus à une guerre préventive, au nom de divers intérêts, contre Pékin. Une nouvelle attaque contre l'Iran représenterait en fait une offensive contre les intérêts chinois, liés à Téhéran, et qui ne se résument pas seulement au gaz et au pétrole.
L'Iran est un carrefour clé pour la route de la soie. Mais il est aussi fondamental pour le commerce indien qui, ce n'est pas un hasard, mise sur le développement à grande envergure d'un port iranien, au point de risquer des sanctions américaines, toujours menaçantes.
Tel Aviv devient ainsi le fer de lance collectif de l'Occident contre le Sud. Ce dernier s'avère trop en retard technologiquement et trop divisé politiquement pour contrer un Occident qui défend ses privilèges et son droit au double standard. On peut exterminer des populations entières, massacrer des femmes et des enfants, provoquer des millions de réfugiés, détruire des villes et des pays, puis aller se plaindre parce que quelqu'un ose protester.
Bien sûr, il y a le risque de provoquer la colère de milliards de personnes. Qui sont incapables de réagir concrètement. Car s'il y avait une capacité de réaction, le Facteur C aurait profité de la situation. Attaquer et occuper Taïwan pendant que les États-Unis sont occupés à protéger Israël.
Au lieu de cela, tout le monde est resté là à regarder. Ils sont restés immobiles, incapables de prendre les devants. Au contraire, les BRICS élargis ont montré de profondes limites, y compris politiques, avec l'incapacité de parvenir à un accord sur la représentation de l'Afrique à l'ONU. Une réalité qui risque de compromettre le sommet qui se tiendra à la fin du mois à Kazan, en Russie.
15:57 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, brics, chine, politique internationale, israël, iran | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook