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samedi, 27 avril 2019

Guillaume Faye, un éveilleur : sa vie, son œuvre

Une conférence de Pierre-Emile Blairon

Ex: https://liguedumidi.com

Bonsoir, mes amis,

Merci de votre présence, merci à Richard Roudier de m’avoir invité pour évoquer le souvenir de l’un de nos plus chers amis disparus dans la nuit du 6 au 7 mars 2019 : Guillaume Faye ; c’est le 13 mars, dans un petit cimetière du Poitou, un jour pluvieux et triste, parmi des gens que je n’avais pas revu depuis des années, que je me suis posé la question :

Qu’est-ce qu’un ami ?

c’est quelqu’un à qui on ne demande rien, qui ne demande rien, dont on n’a pas besoin, qui n’a pas besoin de vous, que vous pouvez voir tous les jours ou tous les trois ans, mais qui est toujours là en permanence et dont on sait qu’il a une vie parallèle à la vôtre, qu’il a les mêmes réactions que vous sur tel sujet alors qu’il est à l’autre bout de la planète, c’est votre double, pas besoin de regarder sa photo, il suffit de se regarder dans une glace. Vous me direz, à quoi ça sert alors, un ami  ? ça sert à savoir que vous n’êtes pas seul au monde même quand ce que vous aimez le plus au monde, c’est votre solitude ; mais, dans notre milieu, un ami, c’est encore plus que ça ; parce que nous ne participons pas du monde tel qu’il est, parce que nous le rejetons et qu’il nous le rend bien ; parce que nous sommes une toute petite minorité de gens lucides et conscients ; l’amitié, dans le monde que nous vivons, c’est une fraternité d’êtres différenciés, comme disait Evola, les hommes qui restent debout parmi les ruines et, parce qu’ils sont lucides et conscients, souffrent plus que les autres de voir leur pays, l’une des cultures qui a apporté le plus au monde rabaissée au rang d’une république bananière, de voir un patrimoine européen vieux de plusieurs milliers d’années abandonné par ceux qui sont en charge de le préserver, voir le sol de leurs ancêtres souillé par des hordes de populations non-européennes qui ne respectent pas la terre qui les accueille.

Les Occidentalistes

Je suis de la génération de Richard ; pour situer, j’avais 20 ans en 68 ; nous avons commencé à militer à la fin des années 60 ; pour la plupart d’entre nous, nous n’avions pas des idées bien formées ; nos références dataient de l’après-guerre mondiale ou de la guerre d’Algérie, nous étions nationalistes ou régionalistes, par atavisme et par intuition, mais nous n’avions pas de solide formation politique ou doctrinale, encore moins spirituelle, nous étions alors ce qu’on appelle des activistes, des militants de terrain. Nous avions surtout des modèles, des héros de l’histoire récente comme le capitaine Sergent, capitaine de la Légion, l’un des responsables de l’OAS, qui avait fondé le MJR, Mouvement Jeune Révolution où j’ai milité, après Occident et avant Ordre nouveau.

Nous étions alors des « occidentalistes », comme le nom même du premier mouvement militant auquel j’ai appartenu l’exprime, Occident, c’est-à-dire : la nation + l’Europe + l’Amérique, voire, pour certains, + Israël.

C’est lorsque j’ai appris, notamment grâce à Guillaume, à séparer l’Europe de l’Occident que je suis devenu un Européen régionaliste. Nous étions anti-marxistes, anti-gaullistes, anti-immigration, en fait plutôt anti tout que pro quelque chose, nous étions bien jeunes, bien ignorants et bien rebelles, mais nous avions déjà repéré quelques dysfonctionnements de l’époque et je me souviens de l’un des slogans d’Ordre nouveau : 3 millions d’immigrés = 3 millions de chômeurs, ce même slogan qu’on pourrait reprendre, en le multipliant par 5 : 15 millions d’immigrés=15 millions de chômeurs, ça doit d’ailleurs correspondre aux véritables chiffres qu’on nous cache.

Ceux qui militaient à l’époque dans ces groupes « natios » étaient au moins aussi contestataires de la société bourgeoise que leurs ennemis gauchistes de l’époque, les petit-bourgeois, fils de grands bourgeois, qui ont lancé la rébellion de mai 1968 ; la plupart des leaders de mai 68 sont maintenant aux postes-clés de cette société capitaliste et uniformiste qu’ils dénonçaient. Il faut dire que, de notre côté, très peu ont conservé les convictions de leur jeunesse ; la grande majorité de ceux qui militaient avec nous est rentrée dans le rang et s’est fondue dans la masse ; seule, une petite élite a continué le combat militant, les éveilleurs sont issus de cette petite élite.

C’est à cette même époque, vers 1968, qu’est apparu un groupe qui s’est appelé d’abord Europe Action, fondé par Dominique Venner, groupe issu, lui aussi, en partie de l’aventure algérienne, quand je dis « aventure », c’est au sens noble, je devrais dire plutôt épopée ; c’est avec eux et grâce à eux que, pour la plupart d’entre nous, nous avons alors reçu nos premières et solides formations politiques et métapolitiques ; et, à mon avis, ce qui est le plus important, c’est grâce à ce groupe que nous avons été confrontés à notre véritable identité, notre passé préchrétien de Gaulois, nous avons rencontré nos racines ; la base était alors construite, il ne restait plus qu’à construire la maison. Ce qui sera fait essentiellement par celui dont aujourd’hui nous célébrons la mémoire, Guillaume Faye.

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L’émergence d’un diable de sa boîte

C’est des rangs de ce groupe Europe-Action, lui-même en partie issu de la FEN, Fédération des étudiants nationalistes, qui s’est bientôt appelé GRECE, Groupe de Recherches et d’Etudes pour la Civilisation Européenne, puis « pour la Culture Européenne », qu’a émergé, je dirais plutôt surgi, tel un diable de sa boîte, un jeune homme fringant, bien mis, découvert par Venner, et qui a renversé les tables, toutes les tables, même celles de la Loi, avec sa fougue et son talent ; il se trouve que j’avais fait mes études à Aix, et que j’y suis resté pour y vivre, et le lieu de rencontre estivale du groupe était une grande maison, la Domus, près d’Aix-en-Provence. C’est là que j’ai rencontré pour la première fois celui qui allait devenir le brillant porte-parole de ce qu’on appellera plus tard la « Nouvelle droite » et son inventif théoricien. Je me souviens que, déjà, à l’époque, il n’était pas seulement un intellectuel ; il avait aussi le don du théâtre et de la farce et il nous enchantait avec des saynètes qu’il improvisait pour nous faire rire.

Mais plus de 40 ans après, l’Histoire émet son verdict : Guillaume Faye était bien plus que ça.

Guillaume Faye, un éveilleur

Guillaume Faye était un éveilleur. Les éveilleurs sont des hommes qui viennent de cet autre monde parallèle au nôtre, un monde immanent, immuable, permanent, pour accomplir une mission. Ces hommes-là n’ont pas d’autre préoccupation que de transmettre leur savoir et leur énergie ; leur vie entière est consacrée à cette transmission. Les éveilleurs apparaissent à des périodes critiques de l’Histoire, lorsque tout est chamboulé, que toutes les valeurs sont inversées, que la situation semble désespérée ; ils font passer leur mission avant leur propre personne, leur intérêt personnel, leur confort ; leur règle d’or est celle-ci : fais ce que tu dois, sans préjuger de la réussite. La famille des La Rochefoucault en avait fait sa devise : « Fais ce que dois, advienne que pourra ».

J’ai eu la chance de connaître les principaux éveilleurs français contemporains, certains qui furent mes amis et qui le sont toujours, je pourrais citer, outre Guillaume, Marc Augier, que j’ai rencontré quelques temps avant sa mort à Lyon, Jean Mabire, Robert Dun, de son nom véritable Maurice Martin, Pierre Vial que je rencontre régulièrement, tout comme Paul-Georges Sansonetti ; et vous avez la chance dans votre région d’avoir toute une famille d’éveilleurs, ce qui n’est pas banal, les Roudier ! Au moins deux générations de Roudier, de guerriers qui se battent comme des lions pour notre cause.

Guillaume Faye possédait toutes les caractéristiques de l’éveilleur, comme tous ceux que je viens de citer.Un éveilleur est d’abord un transmetteur, il peut être un exemple, un modèle, voire un maître, mais ce n’est pas un gourou.

Ce n’est pas un intellectuel non plus, tel qu’on l’entend de nos jours, un éveilleur n’est pas là pour perdre son temps à des discussions sans fin sur le sexe des anges ; un éveilleur est un réaliste, même s’il peut apparaître comme mystique. Il a une mission qu’il connaît et qu’il doit accomplir, il est sur cette terre dans cet unique but. Tout le reste n’est que contingence accessoire. Quand il parle ou quand il écrit, il n’emploie pas des mots que personne ne comprend, comme ces pseudo-intellectuels qui ont besoin de pratiquer un quelconque jargon pour faire croire qu’ils sont intelligents, ou pour bien faire comprendre au petit peuple qu’ils font partie d’un cénacle fermé, c’est ridicule et pathétique ; l’éveilleur n’a pas besoin de ces artifices. Il ne cherche pas à se distinguer par la recherche de la nouveauté à tout prix, de toutes façons, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

gfsysteme.jpgCe n’est pas un philosophe, autoproclamé ou pas, même s’il est amoureux de la sagesse, comme l’indique le mot lui-même, mais ce mot a subi tellement d’avatars qu’il ne veut plus dire ce qu’il exprime.

Un éveilleur n’est pas un « rebelle » : les rebelles sont toujours des pseudo-rebelles, pas plus rebelles que leurs mèches qu’ils rejettent en arrière avec affectation, rebelles de salons… de coiffure, velléitaires qui se donnent des frissons à bon compte mais qui tiennent avant tout à leur confort matériel et à leur image de marque. Un éveilleur n’est pas un rebelle, c’est un révolutionnaire.

Un éveilleur est un homme simple, modeste, il n’a pas besoin de se mettre en avant ; seuls, les personnes qui se sentent en situation d’infériorité ont besoin de se hausser du col. Il est complètement dépourvu de vanité, il ne souffre pas de narcissisme ni d’ego surdimensionné, car cet état est une véritable maladie, une pathologie bien définie par la science médicale dont sont atteints la quasi-totalité des individus appartenant aux classes dirigeantes. Quand je parle de classes dirigeantes, je ne pense pas seulement aux politiques, mais aussi aux médias, aux syndicats, aux magistrats, aux banksters, aux ONG, aux publicitaires, aux associations, aux multinationales, aux saltimbanques, etc.

Un éveilleur peut s’exprimer de différentes façons, selon son caractère ou les dons que les divinités ont mis à sa disposition pour transmettre le message qu’elles lui ont confié. Guillaume était, entre autres, un éveilleur provocateur.

Guillaume le provocateur

Guillaume Faye a été traité de provocateur, notamment par Martial Bild, lors de sa dernière intervention télévisée, dans un entretien accordé à TV Libertés. Ce à quoi Guillaume a répondu : « mais je suis là pour provoquer ; provocation, c’est un mot qui vient du latin provocare : inciter les autres à vous répondre, à réfléchir. » En quelque sorte, l’éveilleur Faye voulait vérifier sur-le-champ le résultat de son travail, un éveilleur, comme son nom l’indique consiste à réveiller les hommes endormis, à balancer un grand seau d’eau sur la tête de celui qui dort. C’est aussi celui qui empêche un homme perdu dans un désert de glace en haute montagne, par exemple, de s’endormir, celui qui s’endort dans un tel contexte est un homme mort. Et nous sommes dans ce contexte. A l’heure actuelle.

Je me souviens d’avoir été expulsé d’un restaurant en compagnie de Guillaume parce qu’il émettait haut et fort des considérations qui n’étaient pas du tout politiquement correctes et les gens de la table à côté, après avoir essayé de le faire taire, ce qui l’a mis encore plus en forme, ont demandé au tenancier du bistrot de nous faire sortir sous peine d’appeler la police, forts de leur bon droit, du sentiment qu’ils avaient d’être dans la bien-pensance universelle. Ce qui s’est passé, parce que le bistrotier ne voulait pas de scandale, parce qu’il nous a demandé gentiment de déguerpir, ce que nous avons accepté, tout aussi gentiment. A ma connaissance, Guillaume ne s’est jamais fait casser la figure, ce qui aurait pu lui arriver plusieurs fois mais je me suis aperçu – parce que, à son exemple, je continue encore à pratiquer ce type de provocation avec d’autres amis – je me suis aperçu que les gens sont trop timorés pour oser répliquer, ils se demandent qui sont ces vieux fous avec ces drôles d’idées, et puis parce qu’ils n’ont pas d’arguments. La propagande antiraciste a fait des ravages sur les Français. Ils sont atones, muets, décérébrés, ahuris.

C’est l’un de mes désaccords avec Guillaume : la thèse d’un sursaut révolutionnaire global des Français qu’il soutient dans son dernier livre, La Guerre civile raciale ; je crois, moi, que les Français sont trop anesthésiés pour se révolter ; la révolte des Gilets jaunes n’aborde jamais, ou très peu, le problème crucial de l’immigration parce que c’est un sujet tabou. Il y a eu juste quelques manifestations contre le Pacte de Marrakech pendant une courte période. Je crois plutôt que le réveil, si réveil il y a, se fera grâce à une minorité d’hommes différenciés, lucides et combatifs, qui combattront sans états d’âme. Mais, bien sûr, je peux me tromper et il peut avoir eu raison. L’avenir très proche nous le dira, nous n’allons pas attendre bien longtemps pour le vérifier. Sans sursaut révolutionnaire, nous allons disparaître physiquement, sauf à nous enfuir vers un pays de l’Est.

Un talent aux multiples facettes

Le génie de Guillaume Faye s’est exprimé de différentes façons et à diverses époques. Mais la structure de sa pensée est homogène ; quoiqu’on en ait pensé, il ne s’est jamais contredit.

On pourra remarquer, à travers les choix stratégiques qu’il a faits tout au long de sa vie et qu’il a martelés dans son œuvre, une évolution qui s’est faite du haut vers le bas, du concept idéologique vers la réalité du terrain. Guillaume Faye était un militant de terrain : toute son œuvre ne vise, finalement, qu’à suggérer les solutions d’urgence et à définir les modalités nécessaires à leur application réaliste et efficace. Guillaume se réclamait d’Aristote, ce philosophe pour lequel tout devait être démontré.

Guillaume s’est investi dans de nombreuses activités très différentes où il a excellé dans chacune d’entre elles.

C’était d’abord un orateur brillant et passionné, son discours souvent improvisé était marqué par des fulgurance géniales qu’il découvrait en même temps que le public et dont il s’émerveillait lui-même ; la plupart des conférenciers ont besoin de suivre une trame, comme moi qui suis incapable de parler sans notes, à moins d’oublier la moitié de ce que je m’étais promis de dire ; un bout de papier suffisait à Guillaume, et encore faut-il rappeler que je ne l’ai pas vu démarrer une conférence sans une bonne dose de son carburant préféré, bière ou vin.

Skyman-Faye-min.jpgPendant une période qui a quand même duré dix ans, de 1987 à 1997, Il a été un animateur de radio reconnu sous le nom de Skyman, et aussi de télévision sur France 2 où il imaginait des canulars dans l’émission Télématin. Il a aussi, pendant cette même période, collaboré à des revues de bandes dessinées comme L’Echo des savanes, en compagnie d’auteurs plus ou moins déjantés généralement situés à l’extrême-gauche.

Il reprendra ses activités militantes de conférencier, de journaliste et d’auteur en 1997, quand il réintégrera le GRECE, après en avoir été séparé pendant dix ans. En ce qui concerne son activité littéraire, outre ses très nombreux articles dans diverses revues de la mouvance, il a écrit 28 livres en trois périodes, la première de 1981 à 1987, la deuxième hors circuit métapolitique de 1987 à 1997 et la troisième de 1998 à sa mort ; il sera une nouvelle fois exclu du GRECE en 2000. A cause de la parution de son livre La Colonisation de l’Europe qui aurait été jugé trop politiquement incorrect pour la direction du GRECE.

Il y a une logique chrono-logique dans le déroulement de sa production littéraire : la première période correspond à l’élaboration d’un corpus doctrinal avec son premier livre : Le Système à tuer les peuples paru en 1981 et avec un livret très intéressant qui s’appelle L’Occident comme déclin paru en 1984.

La deuxième période présente pour nous moins d’intérêt, sauf pour les passionnés de BD.

La troisième période va voir arriver un char d’assaut avec L’Archéofuturisme et les premiers pamphlets contre l’islam, comme La Colonisation de l’Europe, paru en 2000, pamphlets qui vont devenir, dans son dernier livre, La Guerre civile raciale, un réquisitoire contre l’invasion de l’Europe par les masses musulmanes du Maghreb et de l’Afrique noire sub-saharienne.

L_Archeofuturisme.gifLa pensée de Guillaume suivait très exactement l’évolution de la situation et il réagissait comme un général sur un champ de bataille, un général qui maîtrise l’ensemble des paramètres minute après minute et qui prend des décisions que la plupart de ses subordonnés ne comprennent pas. Ses lecteurs et ses amis ont souvent été désarçonnés par ce qu’ils croyaient être des revirements ; il n’en était rien ; Guillaume Faye se portait à l’assaut exactement là où les défenses faiblissaient et là où elles avaient besoin de renfort. Petit à petit, il a pointé très exactement – comme une « frappe chirurgicale » – le danger le plus important, écartant tous les autres et préconisant des alliances momentanées, avec Israël d’abord, ce qui n’a pas plu à tout le monde ; le danger auquel on devait prêter toute notre attention et tous nos efforts étant le Grand remplacement des populations européennes par des populations africaines manipulées et rassemblées par la religion musulmane. Dans son dernier livre paru post mortem, Guillaume ne fait plus la distinction entre islam et islamisme, il emploie donc le terme générique de « musulman ». J’ai acheté ce dernier livre à Daniel Conversano, son dernier éditeur, qui l’a tiré du coffre de sa voiture, dans l’enceinte même du cimetière où a été inhumé Guillaume. C’était encore une façon de lui rendre hommage.

Les grands thèmes de l’œuvre de Guillaume Faye

On peut dégager de l’œuvre de Guillaume Faye quelques grands thèmes qu’il a portés en lui tout au long de sa vie et qu’il a répété dans presque chacun de ses livres et de ses interventions ; c’est une constante qu’on trouvera chez tous les artistes et tous les auteurs qui ont un message à transmettre ; ils vont le marteler pour que ça rentre bien dans la tête, dans les yeux, dans les oreilles. Nous avons fait nôtres la plupart de ces thèmes qui constituent l’essentiel de nos combats et de nos conversations.

La lutte contre l’uniformisation et le mondialisme :

Dans les années 70, c’était surtout les Etats-Unis qui nous imposaient leurs diktats marchands et leur société du tout-à-jeter ; le règne de la quantité s’est étendu à l’ensemble de la planète.

Le clivage gauche-droite qui subsistait encore à la fin du siècle dernier n’est plus de mise ; nous avons pris conscience que la lutte se situait entre deux pôles extrêmes : les mondialistes contre les identitaires, l’uniformisation du monde contre la préservation des terroirs, la nature contre l’artificiel, le localisme contre la zonification des espaces.

gfndne.jpgL’Europe

Pour Guillaume Faye, l’Europe ne représente pas seulement la puissance qui a façonné le monde par sa créativité et son génie technique. Elle est aussi, dans la diversité de ses peuples, le dernier drapeau du monde blanc. La première chose à faire et qui fut faite essentiellement par Guillaume était de bien distinguer le monde occidental, qui allait devenir celui de Big Brother qui nous prépare un gouvernement mondial, du monde de la Tradition plurimillénaire, celui des racines sans lesquelles rien ne peut croître. L’Europe, non pas celle de Bruxelles, qui n’est qu’un relais de ce mondialisme, mais la véritable Europe du sang et du sol, celle du monde blanc qui se dresse contre le monde gris des mondialistes, des marchands et des esclaves.

L’ethnomasochisme

Ce terme a été inventé par Guillaume et il est passé dans le langage, je ne dirai pas courant, mais averti, le langage de ceux qui tiennent à bien définir les comportements ; les Européens ont été soumis à une propagande intensive qui a consisté à leur enlever tout sentiment de fierté de leur propre histoire, de leur culture, de leur patrimoine, de la beauté de leurs peuples, de la beauté de leurs créations, de la beauté de leurs femmes, de la beauté de leurs paysages, de la beauté tout court. Ils se sont laissés prendre à ce piège morbide qui ne vise qu’à les faire disparaître, étape par étape, les privant de toutes leurs raisons de vivre et les acculant au suicide comme c’est le cas pour nos paysans.

La convergence des catastrophes

Guillaume Faye, à la suite du mathématicien français René Thom, établit la menace d’une convergence des catastrophes, catastrophe démographique, catastrophe épidémique, catastrophe naturelle, guerres, famines, catastrophes écologiques, suicide des peuples, etc.

gfccat.jpgLa convergence des catastrophes a des racines plus anciennes si l’on se reporte à un temps plus long, dans l’histoire sacrée des dieux plutôt que dans l’histoire récente des hommes, l’histoire profane. Toutes les anciennes traditions qui fonctionnent selon le système cyclique ont évoqué ce type de catastrophes ultimes dans le passé ; il suffit de lire Eliade, Daniélou, Evola ou Guénon pour s’en convaincre. La convergence des catastrophes, pour nos anciens, se manifeste par une conjonction de cycles astrologiques, les petits s’emboîtant dans les grands et qui, à un moment, se rejoignent tous pour arriver à leur fin pour ensuite repartir de plus belle, tout comme les aiguilles d’une montre se rejoignent sur le 6 (le 666) pour remonter ensuite toutes ensemble à des vitesses différentes. Guillaume m’avait d’ailleurs fait la surprise – je ne sais pas si c’est pour me faire plaisir – de citer un de mes articles sur le sujet dans sa Convergence des catastrophes, qu’il avait signée Corvus, mais je doute qu’il ait été vraiment convaincu par les références appuyées aux anciennes traditions de ce texte. Il s’agissait d’un article de la revue Roquefavour que j’éditais à l’époque, article datant de 2004, que j’ai repris ensuite dans mon livre La Roue et le sablier.

L’archéofuturisme

Pour Guillaume Faye, L’Archéofuturisme, selon ce qu’il en dit en dernière de couverture de ce livre paru en 1998, est « un livre où il est exposé que nos racines ont de l’avenir si nous savons les métamorphoser et les projeter dans le futur. » On retrouve là une image intellectuellement élaborée d’un processus naturel : tout simplement le destin d’un arbre qui a besoin de ses racines pour croître et embellir avec ses feuilles et ses fleurs, ou une référence à la première invention humaine : le concept de la roue, un monde en mouvement qui tourne autour d’un moyeu immobile, gardien des valeurs éternelles. Politiquement, on peut rapprocher le concept d’archéofuturisme de celui de conservateur-révolutionnaire, qui paraît antinomique mais qui est la condition même de la vie humaine.

A signaler que Julius Evola s’était investi en tant que peintre futuriste dans ce mouvement éponyme créé par le peintre italien Marinetti.

tech.jpgLa technoscience

Guillaume prônait les vertus de la technoscience. Il est vrai que l’Europe a donné au monde la technique, sorte de prothèse artificielle visant à remplacer les attributs que les hommes ne possèdent pas (ou ne possèdent plus) naturellement. Cette frénésie technologique a envahi toutes nos sphères de vie, du plus petit électroménager jusqu’aux fusées Ariane dans des conditions qui n’ont pas toujours été guidées par le sens de la mesure qu’affectionnait Guillaume en tant que disciple de Socrate, et cette dernière affirmation est vraie, même si elle peut faire sourire à son propos. Guillaume avait élaboré une sorte de philosophie pré-transhumaniste romantique exaltant ce génie technique européen mais, ce faisant, il gommait le danger véritable du schéma transhumaniste visant à transformer l’Homme en une sorte de robot obéissant à quelques savants fous financés par quelques milliardaires tout aussi dérangés qui dirigent la planète. Tout comme il s’était fait le chantre des valeurs surhumanistes et prométhéistes qui nous ont conduits à la froide technocratie de nos élites et au gigantisme sans âme de nos villes.

L’islam

Guillaume avait donc bien désigné l’Islam, tout au long de son œuvre, comme l’ennemi prioritaire, dont il faut se débarrasser de toute urgence ; l’islam qui n’est pas seulement une religion, mais tout un système totalitaire qui règle chaque geste des croyants et qui est investi d’une mission prosélyte et de soumission de la terre entière à ses vues, ce qui définit l’islam comme une secte dangereuse.

Sa vie

Il me reste à évoquer la vie de Guillaume qui n’a pas été un long fleuve tranquille.

J’ai écrit dans un article après sa mort : « C’était un météore, brûlant sa vie de mille feux. Un météore est un corps céleste qui ne touche jamais terre et qui disparaît en se consumant. »

Issu de la grande bourgeoisie, il en rejettera très vite les « idéaux conformistes et matérialistes » comme il le disait lui-même. Dès lors, sa vie sera continuellement en butte aux jalousies et injonctions de rentrer dans le rang ; « les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux », chantait Georges Brassens. Il faut dire que Guillaume Faye n’a rien épargné aux bourgeois et aux censeurs, lesquels n’ont pas manqué de le lui rendre.

Il était diplômé de Sciences-Po et s’était engagé très vite dans la métapolitique puisqu’il n’avait que 21 ans lorsque Dominique Venner l’a appelé au sein du GRECE en 1970 ; ce qui fait qu’il n’a jamais eu la possibilité d’envisager une vie rangée dépourvue de soucis matériels que sa vive intelligence et sa culture auraient tôt fait de porter à de hautes fonctions. Mais l’a-t-il voulue, cette vie paisible ?

La seule fois où il aurait pu composer avec le Système, c’est lorsque sa brouille d’avec le GRECE en 1986 conduisit à la séparation et qu’il vécut sa parenthèse showbizz ; il n’a jamais voulu passer sous les fourches caudines de ce monde qu’il exécrait et, lorsqu’il l’a fait à cette occasion, il l’a fait de manière parodique, pour s’en moquer et se moquer de tous ceux qui participaient à sa pérennité.

D’après le long article que Robert Steuckers vient de faire paraître sur Guillaume, ceux qui l’ont appelé à s’investir corps et âme au sein du GRECE l’auraient gratifié d’un SMIC qui ne lui aurait jamais permis de s’autoriser quelque fantaisie que ce soit et je rajoute que ce n’est pas la vente de ses livres qui lui permettait de vivre décemment.

Un statut qu’il acceptait néanmoins car il lui permettait de développer en partie ses idées et d’accomplir sa mission.

Très vite, en effet, notre mouvance s’est aperçue du génie de Guillaume, de cette capacité de réinventer le monde à chaque instant, de s’adapter à ses aléas et de s’insérer harmonieusement à son mouvement perpétuel, ce qui constitue l’un des grands caractères de la culture celte dont Jean Markale avait si bien perçu les contours. Guillaume Faye était né à Angoulême, en pays charentais, pays des celtes Santons et Pétrocores, le 7 novembre 1949.

Guillaume-Faye-pour-le-cercle-georges-sorel-proche-dER-18-mai-2012-Paris-min.jpgSelon Pierre Vial et Robert Steuckers, les deux ruptures successives d’avec le GRECE l’ont traumatisé -.il n’a jamais abordé le sujet avec moi, par pudeur ? – son caractère impulsif peut l’avoir amené à blesser certaines personnes dans la fougue de ses réactions, mais il en prenait conscience et il le regrettait rapidement. Il est devenu alors un garçon fragile et vulnérable qu’on aurait dû protéger et non pas accabler.

Pierre Vial écrivait à son sujet : « Quand le divorce avec certains hiérarques de la Nouvelle Droite est devenu inévitable, il a été touché au plus profond de son être et nous avons été peu nombreux à nous en rendre compte. Il y avait en lui des blessures qui ne se sont jamais refermées. Les dérives dans lesquelles il s’est noyé, ensuite, ont largement là leur explication, j’en suis persuadé. »

Et Steuckers rajoutait : « Vial, en quelques phrases parfaitement ciselées, a bien mis le doigt sur le tréfonds de la problématique psychologique qui fut celle de la personne Faye, sur cette tristesse indicible et immense, inguérissable, qui l’avait transformé lentement et fait, du garçon généreux, joyeux et curieux qu’il était, un homme qui a basculé dans la farce pendant dix ans mais a voulu en sortir, un homme vieilli avant l’âge, miné par un mal sournois. »

C’est encore Robert Steuckers qui me donnera le mot de la fin lorsqu’il faisait remarquer que Guillaume était enterré dans le cimetière du vieux village sur la commune duquel s’est installé le site du Futuroscope. Archéo et futurisme. Tout un symbole !

Guillaume restera pour ses amis le bienveillant et jovial compagnon dont ils auront essayé de préserver, tant bien que mal, la fragile mais flamboyante destinée.

Pierre-Emile Blairon

Pierre-Émile-Blairon.jpgPierre-Émile Blairon réside près d’Aix-en-Provence.
Il partage ses activités littéraires entre deux passions :
– La Provence – il anime la revue Grande Provence, il a écrit deux biographies sur deux grands provençaux : Jean Giono et Nostradamus et Le Guide secret d’Aix-en-Provence.
– Les spiritualités traditionnelles – Il anime la revue Hyperborée qui se consacre à l’histoire spirituelle du monde et à son devenir. La Roue et le sablier résume la vue-du-monde de l’auteur et des collaborateurs de la revue.

Macron et le couronnement de la génération Mitterrand

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Macron et le couronnement de la génération Mitterrand

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Certains s’énervent après Macron, il n’y a pas de quoi. De toute manière si le système le remplace, on aura pire après (c’est le syndrome de Denys de Syracuse, étudié ici). Personne ne veut de révolution parce que tout le monde a de quoi bouffer, cliquer et regarder la télé. Le système c’est nous, c’est tout.

Désolé, mais Macron ce n’est que la continuation de la génération Mitterrand. C’est du présent perpétuel sur trente ans, pas celui sur 200 que j’ai l’habitude de commenter ici, à coups de Nietzsche et de Dostoïevski, de Poe ou de Baudelaire. Autoritarisme (coup d’Etat permanent), haine du peuple et des pauvres, américanisme, inféodation à l’Allemagne, aux richissimes, monarchie culturelle, tout est déjà chez Mitterrand deuxième mouture, chez qui Macron aura puisé son inspiration, y compris en recyclant les cathos zombies et les larves bureaucratiques de la droite folle ou molle. Alors un rappel…

pfister.jpgThierry Pfister fut mon éditeur chez Albin Michel et me publia la deuxième version du Mitterrand grand initié. Ce grand professionnel était un gentilhomme et un homme de gauche convaincu qui avait rompu avec le mitterrandisme deuxième mouture des années 84-85 qui dégénérait alors en « tonton mania ». En 1989 il publia sa splendide lettre à la génération Mitterrand qui vendit 300 000 exemplaires. Les années 90 marquèrent l’agonie du mitterrandisme revenu depuis à la mode dans ce pays sans mémoire et sans histoire.

Florilège (je n’ai pas le PDF et ma secrétaire est en vacances !) :

Sur les intellectuels  juifs qui en énervent tant aujourd’hui (et qui énervaient déjà Adorno en personne), Thierry Pfister rappelle « une plaisanterie en yiddish qui fit rire tous les leaders de mai 68 ». Et d’ajouter que « Mai 68 fut pour un leader juif une révolution juive, un écho millénaire du messianisme hébraïque (p.39-40). » ;
SOS racisme ? « Une association de défense de beurs peuplée de sionistes ravis d’avoir trouvé plus métèques qu’eux (p.71)… »
Europe allemande ? Pfister ajoute que déjà « la France se soumet de bonne grâce aux règles de la zone deutschemark où elle fait désormais figure de première sous-traitante. »
Manipulation historique ? Sur la débilité des experts d’alors, il rappelle que « dénoncer l’horreur nazie ne justifie pas le dangereux matraquage d’approximations… (p.43) ».
Amusant : Pfister explique que le PS se situe à l’extrême droite de l’internationale socialiste et souligne que le FN fait grossièrement partie du système… En bref, Mitterrand avant Macron célèbre le « conformisme étatique et social » de cette France pas très réformatrice.
Triomphe du communautarisme et fin d’un modèle ? « La civilisation US est celle du ghetto ; à chacun son quartier, à chacun sa piscine… »

On parle de Macron et des riches. On oublie Mitterrand et l’Oréal, Mitterrand et Bettencourt, Mitterrand qui fabriqua avec le crédit lyonnais les ultra-riches actuels comme Arnault et Pinault. Pfister écrit déjà « qu’on a une fiscalité qui touche les cadres possesseurs de leur appartement mais épargne les dynasties qui se transmettent des collections d’objets d’art comme ceux qui se dissimulent derrière la notion floue d’outil de travail… (p.94). » Et comme on n’aime pas le peuple qui vous porta au pouvoir en 1981, « les socialistes se déchargent sur d’anciens ministres de droite du soin de négocier avec les syndicats (p.96). »

Abrutissement et aggiornamento ?  La télévision se limite à « la promotion des disques, des magazines et des myopathes », et les brillants oligarques de la gauche sociétale demandent à la gauche de « rompre avec le corpus poussiéreux qui la tenait prisonnière du siècle précédent (Kouchner, Karmitz, Lévy, Minc, p.111). » Pfister ajoute que « les élites vont au peuple comme les dames patronnesses vont au peuple. » Il remarque au cours d’un voyage en Bourgogne qu’un « haut fonctionnaire de la culture parle d’indigène, de typique en regardant le retraité qui arrose son jardin en bordure de voie »… Pfister souligne inutilement la monstruosité du propos (p.119) qui ne rassurera pas les gilets jaunes qui se font flinguer ou mutiler tous les dimanches.

On termine : notre auteur dénonce les jeunes bobos d’alors, « les baskets si sensibles à la pollution et à la protection de la nature… ». Il rappelle que bien avant le navrant Hollande, Mitterrand et ses socialos se montrèrent de « parfaits porte-paroles de l’OTAN », d’ailleurs ponctuellement « pris à contre-pied » (p.155) par le revirement américain et soviétique d’alors !

Conclusion : « la gauche pue » ; certes, mais elle reste au pouvoir car elle pue comme ce pays, ni plus ni moins.

J’oubliais Notre-Dame. On va la relooker et en faire un musée-shopping centre-salle de spectacle, ce qu’elle est déjà. Il y a longtemps que ce n’est plus une Eglise et il y a longtemps que l’église catho a crevé. Voyez mon texte sur Swift-Hazard-Michelet-Feuerbach. Le catholicisme est un conglomérat de zombis, de Tartufes, d’octogénaires (Bergoglio fait fuir les jeunes) qui subiront tout.

A propos de la profanation des grands travaux mitterrandiens, Pfister parle déjà de « monarchie culturelle » et de cet « habillage administratif des foucades royales (façades, Louvre, Beaubourg, Orsay, Bastille, bibliothèque). » Il ajoute que « le président s’est offert tous les symboles antiques de la gloire et de l’immortalité » (p.167), ce qui est un « aveu d’inquiétude pour ce jeune chrétien » qui épatait notre couillon Mauriac ! Bloy ou Bernanos savaient mieux que le catho moderne avait muté en rentier humanitaire bon à voter progressiste-humanitariste-impérialiste-je-m’en-foutiste !

Et pour ceux qui se gonflent avec l’affaire Benalla, on recommandera cette perle : « la France socialiste supporte sans broncher les extravagances des vigiles de luxe de l’Elysée… »

Le pamphlet est un genre qui vieillit bien.

Source

Thierry Pfister – Lettre ouverte à la génération Mitterrand qui marche à côté de ses pompes (Albin, Michel, 1989)

L’adieu aux cathédrales

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L’adieu aux cathédrales

Ex: http://www.dedefensa.org

L’historien américain Victor Davis Hanson, un conservateur activiste et “musclé” (il fut un temps proche des neocons, lors des premières aventures de l’Irak et de l’Afghanistan), donne quelques appréciations sur l’incendie de Notre-Dame et surtout sur les perspectives de reconstruction. Hanson est un spécialiste de l’histoire militaire et culturelle, avec un grand intérêt pour l’Antiquité et les périodes marquées par une forte affirmation de la tradition (notamment le Moyen-Âge, et par conséquent “le Temps des Cathédrales”). Ce sont quelques mots mais ils ont le tranchant et le vif des pensées les plus audacieuses et les plus vraies par conséquent, – puisque, dans notre temps d’extraordinaire conformisme à la bienpensance (“conformisme du conformisme” si l’on veut), “la sagesse, c’est l’audace de la pensée”, – puisque l’audace revient essentiellement sinon exclusivement à rompre avec ce “conformisme au carré”.

L. Brent Bozel III, qui n’est pas un commentateur habituel du site Strategic-Culture.org, présente et commente le  21 avril 2019  sur ce site la question soulevée par la citation de Hanson. Le titre est crépusculaire, mais ô combien justifié : « La fin de la culture des cathédrales », comme si l’incendie de Notre-Dame sonnait la seconde mort du “Temps des Cathédrales” :  la mort de la représentation que nous nous en faisons dans le cadre de certaines illusions que nous continuons à entretenir sur notre perception du monde et sur notre culture civilisationnelle, après sa mort historique à la fin du XIIIème siècle.

« Peu de temps après la vision tragique de la cathédrale Notre-Dame qui s'enflammait à Paris, alors que les foules regardaient et chantaient l’Ave Maria, l’historien Victor Davis Hanson mettait notre époque moderne en perspective. Il déclarait à Laura Ingraham, de Fox News : “Il sera très difficile dans notre société de reconstruire une cathédrale, et encore moins de la réparer, parce que nous ne croyons plus en ce qu’elle représente. Et c'est ironique, parce que nous n'aimons pas le passé. Nous sommes en guerre contre le passé. Nous démolissons des monuments. Nous ne construisons pas de cathédrales. On efface les noms...” 
» Laura Ingraham de Fox a souligné ce point avec une citation déprimante de l’hebdomadaire Rolling Stone : “Toute reconstruction ne doit pas être le reflet d'une vieille France, ou d'une France qui n'a jamais été, – une France européenne blanche et non laïque, – mais le reflet de la France d'aujourd'hui, une France qui est en train de se construire”... »

… Ces quelques mots suffisent : Hanson pose implicitement une question d’un très grand intérêt, qui dépasse bien entendu la tragédie de Notre-Dame comme nous l’avons perçue, qui la hausse, pour l’installer dans une perspective bien plus large et puissante que la seule polémique disons “entre Anciens et Modernes”, entre ceux qui veulent une reconstitution dite “à l’identique”, telle qu’était cette véritable transcendance architecturale, et ceux qui veulent y mettre de notre époque...

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(Et l’on sait quelle est notre position dans cette polémique de très-basses eaux, inévitable avec le simulacre-Système, où se répand l’incroyable fatuité postmoderniste dans la prétention à “faire mieux” que n’était Notre-Dame : « plus belle encore », dit l’autre /notre clown-président).

La question est donc : “Saurons-nous”, ou plutôt “Saurions-nous reconstruire une cathédrale aujourd’hui alors que nous ne croyons plus en ce que symbolisent et ce que dispensent ces cathédrales ?” Poser cette question c’est bien entendu y répondre avec emphase et quasiment de l’enthousiasme, et cette réponse qui met implicitement en évidence :

d’une part qu’il y avait un lien sacré entre les cathédrales d’un côté, les bâtisseurs de cathédrales (du concepteur général à l’artisan le plus humble) et le peuple d’un autre côté, et que ce lien permettait aux êtres humains de ressentir la Gloire et la Beauté des cathédrales ;

et d’autre part et surtout, qu'il y avait le génie intuitif de donner à ces cathédrales la capacité de disposer du Temps et de le vaincre, pour prolonger leur force de suggestion et d’attraction à la fois, force venue de leur dimension spirituelle s’exprimant autant, grâce à son architecture transcendante, dans sa Gloire que dans sa Beauté.

… La suite du propos de Hanson montre effectivement, – what else ? – l’extrême pessimisme qui caractérise son jugement car, bien entendu, nous n’avons plus ces divers caractères et la foi qui les conditionne cela va de soi. Par conséquent, nous ne saurons pas, nous ne pouvons pas rebâtir la cathédrale Notre-Dame de Paris, par manque de caractère, psychologie défaillante, etc. Nous avons suffisamment régressé pour cela,– mission accomplie, si vous voulez. De ce point de vue, les vautours de l’AC (Art Contemporain), et de l’art moderne en vérité, ces artistes en général devenus fonctionnaires et valets artistiques de certains États et des grosses fortunes, ont toutes les chances de trouver un accueil bienveillant lorsqu’il s’agira de décider de quelle remise en l’état Notre-Dame doit souffrir, et dans un délai de 5 ans selon l’esprit ultra-rapide du temps, un peu comme Hollywood vous boucle un blockbuster en quelques mois.

Le sens de l’opération est particulièrement évident, selon cette plume extrêmement instruite de Rolling Stone : la France est en train de naître, de se construire, il n’y avait rien avant en fait de France que la terre rasée par les “blancs”, et donc une terre toute-blanche et complètement vide de la diversité, du multiculturalisme et toutes ces sortes de chose. Dans cette situation, il est évident que Notre-Dame n’avait qu’une chose à faire, – cramer, le plus vite possible, et l’on eût aimé que, comme à Hiroshima, cela soit jusqu’au millimètre-zéro. Si l’on suit PhG, – plaisantait-il véritablement, comme il avait semblé à certains qu’il faisait ? –la seule attitude acceptable en l’état serait justement de laisser Notre-Dame en l’état : 

« ...“[S]i j’étais président” donc, moi et pas Zombie-Apathie renvoyé à la niche, j’ordonnerais que l’on consolidât Notre-Dame dans son état actuel de dévastation avec l’aspect des restes d’elle que les flammes voulurent bien nous laisser, pour rappeler solennellement le symbole qu’elle fut et par conséquent ce que nous avons perdu. Chacun pourrait ainsi continuer à s’instruire de ce que fut l’objet de cette catastrophe, et mesurer l’effet de cette catastrophe qui est le produit indiscutable de ce que cette époque est capable de nous offrir ; c’est-à-dire un symbole absolument écrasant de notre époque, figurant, d’une façon générale avec le destin catastrophique comme l’est un attentat surtout-pas-islamiste du symbole venu du Temps des Cathédrales, ceci exactement : la néantisation du passé et l’entropisation du présent en un futur diabolique figé dans la catastrophe. Je ferais donc ce qu’ont fait les Japonais, d’ailleurs dans un autre esprit peu glorieux mais c’est l’acte qui importe ici, en gardant un vestige des effets de la Bombe : “En guise de témoignage, les ruines du dôme de Genbaku, l'un des seuls bâtiments à ne pas avoir été entièrement détruits par l'explosion, furent conservées.” »

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Tout cela se passe dans un contexte qu’on qualifiera d’“urbain”, pour être dans l’air du temps. On terminera donc ce court bilan par une réflexion d’un “spécialiste de la ville”, l’urbaniste Claude Rochet, présenté de la sorte dans Le Causeur et l’on comprend déjà la ligne directrice de son propos qui rejoint évidemment toutes les réflexions présentées ici sur la reconstruction de Notre-Dame : « Claude Rochet appartient à cette race d’énarques pour laquelle le service public a encore un sens. Spécialiste de la ville de demain qu’il pense dans sa globalité, il nous fait explorer ‘Les villes intelligentes’ à hauteur d’homme, loin des chimères néo-progressistes. »

D’une façon plus générale, avec son appréciation critique de la ville moderne et son appréciation admirative de la “ville médiévale”, Rochet nous donne une des clefs implicites et fondamentales de notre impuissance probable à reconstruire Notre-Dame dans la dimension inspiratrice et spirituelle qu’elle avait préservée et conduite jusqu’à nous. Ainsi, à la la question “Tout bien pesé, pourquoi jugez-vous la ville médiévale plus riche d’enseignements que les utopies urbaines constructivistes ?”, la réponse va de soi, naturellement, s’articulant autour de l’argument esthétique du Beau (dans ce contexte où rôde le postmodernisme, ce genre de chose se précise) qui répond à “l’idéal chrétien” du “Bien commun” : 

« La ville médiévale a été l’objet des analyses des plus grands historiens du développement urbain comme Lewis Mumford, analyses reprises par les théoriciens contemporains de la systémique comme Chris Alexander. Le principe fondamental de la ville médiévale était la croissance organique, soit le développement comme un organisme vivant. Pour Mumford, “la croissance organique ne part pas d’un but préconçu. Il évolue de besoins en besoins, d’opportunités en opportunités dans des séries d’adaptations qui elles-mêmes deviennent de plus en plus cohérentes et finalisées, de sorte qu’elles génèrent à la fin un design complexe à peine moins unifié qui motif géométrique prédéfini”. C’étaient des villes sans architectes ni urbanistes, il n’y avait pas de permis de construire mais il ne serait venu à personne de construire une horreur disgracieuse comme se le permet l’architecture contemporaine. La ville était animée par un corpus de valeurs communes issues de l’idéal chrétien du Bien commun et chacun devait contribuer au Beau collectif parce qu’il était la condition du Beau individuel. Cet idéal était également politique comme l’illustrent les fresques d’Ambroggio Lorenzetti sur le Bon gouvernement, qui décorent l’Hôtel de ville de Sienne. Cet idéal politique reposait sur la participation active des citoyens à la vie politique et des mécanismes de démocratie directe – comme la rotation annuelle des postes de magistrat représentée dans les fresque sur “les effets du bon gouvernement” – que l’on retrouve également dans les villes médiévales russes de Pskov et Veliki Novgorod. La tradition de la ville médiévale a connu sa fin à l’époque baroque où l’architecture de la ville devait exprimer le pouvoir absolu du Prince. »

Le futurisme illusoire des universitaires de l’ordre global libéral

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Le futurisme illusoire des universitaires de l’ordre global libéral

par Brandon Smith

 
Article original de Brandon Smith, publié le 3 avril 2019 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


Il s’agit peut-être d’une généralisation trop large, mais j’ai l’impression que le public a presque le sentiment qu’il y a quelque chose d’intrinsèquement gênant dans le milieu universitaire. La source de ce mécontentement fait l’objet d’un débat, mais je crois qu’il découle de l’image du projet des universitaires par rapport à la réalité de leur caractère personnel et de leurs intentions. 

L’universitaire moyen qui a obtenu un diplôme universitaire dira que certaines personnes ne le trouvent désagréable que parce qu’il est « si intelligent », ce qui en rend d’autres envieux. Je dirais que c’est le contraire – l’universitaire moyen est en fait assez ignorant, mais brandit une fausse image de génie. C’est pourquoi je les qualifie souvent d’« imbéciles académiques ».

La fausse intelligence et la fausse sagesse sont comme du papier de verre pour les nerfs des gens exposés, et la personne moyenne n’est pas aussi stupide que les universitaires le pensent.
Au sommet du mât totémique académique frauduleux se trouvent ce que j’appellerais les « philosophes académiques », les gardiens, les gens qui pontifient régulièrement sur le sens de la vie et de la société tout en vivant la vie la plus charmante qu’on puisse imaginer. Ce sont des gens qui, dans la plupart des cas, sont issus de la classe supérieure. Ils ont été cajolés à chaque instant éveillé de leur existence. Ils ont eu toutes les portes ouvertes pour eux par quelqu’un d’autre sur le chemin du succès, et ont connu peu ou pas de lutte ou de souffrance pendant tout le temps qu’ils ont passé sur cette Terre. Et pourtant, ils s’estiment en quelque sorte qualifiés pour commenter la condition humaine.

Il n’est pas surprenant que les idées développées par ces universitaires tendent à nier la réalité concrète. Ils cherchent à poursuivre des programmes qui sont au mieux fantaisistes et qui, en fin de compte, seraient destructeurs s’ils étaient appliqués dans le monde réel.

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Je trouve cela commun à de nombreux philosophes, non seulement aujourd’hui, mais tout au long de l’histoire. Le vénéré Platon était une telle personne, le plus jeune fils de riches parents aristocratiques qui n’avait pas grand-chose à faire dans sa jeunesse, mais qui réfléchissait. Les épreuves entourant son ami Socrate mis à part, Platon n’a jamais abandonné la notion de domination élitiste sur la société. La République de Platon est un sanctuaire du modèle élitiste, imaginant un monde gouverné essentiellement par des universitaires – des gens nés avec des capacités intellectuelles supérieures et qui étaient destinés à dominer le reste d’entre nous comme des demi-dieux bienveillants.
C’est une drôle de coïncidence que des universitaires soi-disant élitistes objectifs arrivent toujours à la conclusion qu’ILS sont les personnes les mieux à même pour gérer la société.

La cabale académique n’est cependant pas entièrement naïve. Ils se sont rendu compte au fil du temps que leur argumentaire de vente d’une classe de prêtres intellectuels et de schémas pyramidaux utopiques n’est pas très efficace, et ils ont choisi de changer de récit. Le nouveau récit est celui de l’inévitabilité ; l’inévitabilité du socialisme, l’inévitabilité du globalisme et l’inévitabilité de l’automatisation algorithmique.

En d’autres termes, le globalisme sera la structure sociale optimale et l’intelligence artificielle gouvernera les opérations quotidiennes de cette structure, peu importe ce que le public veut. Les élites ne gouverneront pas le monde directement, mais leurs semblables créeront les algorithmes et ces politiques gouverneront le monde en vertu de l’évolution sociale et technologique.  Tout comme le film français de Jean-Luc Godard, Alphaville, l’idée est que les élites peuvent simplement se reposer et laisser la sombre « logique » de la gouvernance algorithmique faire le sale boulot. Car, après tout, comment peut-on discuter avec un ordinateur ?

L’un des élitistes universitaires dont je parle est Yuval Noah Harari. Ses éditoriaux ont beaucoup fait parler d’eux dans les médias grand public ces derniers temps et ils mettent l’accent sur la nécessité de la globalisation ainsi que sur la nécessité pour les humains de s’adapter rapidement à la technocratie, de peur qu’ils ne se retrouvent obsolètes. Harari est un philosophe académique prototypique, régurgitant de vieux concepts d’aristocratie et de féodalisme à peine voilés par l’imagerie futuriste. Ses arguments sont du type de ceux que d’autres universitaires de moindre importance absorbent et perroquetent sans cesse comme s’ils étaient profonds.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec les idées derrière le futurisme, je suggère de lire mon article « La signification du bien et du mal en des temps périlleux ». En résumé, les futurologues sont toujours d’accord avec l’idée que les anciennes méthodologies doivent être effacées pour faire place à de nouvelles méthodologies. Les traditions et les idéaux du passé sont considérés comme une prison qui empêche l’humanité de progresser et d’avoir un avenir meilleur. Ils croient que la solution aux déséquilibres et aux tragédies d’aujourd’hui consiste à démanteler énergiquement le système actuel et à le reconstruire d’une manière nouvelle et originale. Cela inclut la morale et les principes directeurs, qu’ils considèrent comme étouffants et relatifs.

Le futurisme a été fondé au début du 20ème siècle en Europe avec des groupes frères en Russie et est considéré comme un précurseur des premiers mouvements socialistes, dont le fascisme et le communisme. Pour clarifier, il n’y a pas de nouvelles idées sous le soleil, seulement de vieilles idées avec une tournure légèrement différente. Le socialisme précède le globalisme, qui est l’une des idées les plus anciennes ; l’idée d’empire total.

Comme la plupart des philosophes universitaires modernes, Yuval Harari fait la promotion du futurisme et du globalisme. Il est associé au Carnegie Council For Ethics In International Affairs, un organisme globaliste. Autrefois connu sous le nom de Church Peace Union, le groupe a contribué à pousser Woodrow Wilson à impliquer les États-Unis dans la Première guerre globale et à promouvoir la création de l’ONU.

Il est un modèle adéquat pour démystifier ce que ces gens appellent souvent « l’ordre global libéral », qui n’est qu’une autre forme de futurisme. Comme point de référence, j’utilise deux articles de Harari, l’un publié pour le Guardian sur l’avenir de l’automatisation et des robots qui déclassent l’humanité, et l’autre publié pour le magazine The Economist propriété de la  Rothschild sur la nécessité de la globalisation et de la fin du nationalisme. Je vais résumer ses arguments et ses points de vue, mais j’invite les lecteurs à examiner ses articles liés ci-dessus.

Allons droit au but….

L’IA remplacera la plupart des humains… et c’est une bonne chose.

C’est en train de devenir l’un des piliers du discours de l’establishment globaliste et de son milieu universitaire pour un certain nombre de raisons. L’argument selon lequel la domination de l’intelligence artificielle est inévitable ressemble beaucoup à l’argument selon lequel la globalisation est inévitable ; les deux sont fondés sur une prophétie auto-réalisatrice.

Harari imagine ce qu’il appelle un « monde sans travail », un développement à venir d’ici seulement 20 à 30 ans où les machines algorithmiques remplaceront les êtres humains comme source principale de travail. Cette propagande a deux facettes : premièrement, elle vise à effrayer le public et à l’amener à exiger la centralisation et la gouvernance globale. Harari affirme que sans une gouvernance globale et un « revenu de base universel », l’IA fera de la plupart des gens qui n’ont pas de connaissances technologiques des pauvres instantanément, ce qu’il appelle « la classe inutile ». Et ici, nous voyons le tour de passe-passe.

Comme je l’ai souligné dans mon article intitulé « La vraie raison pour laquelle les globalistes sont si obsédés par l’intelligence artificielle », des entités globalistes comme la DARPA, l’ONU et le Forum économique global ont été très agressives en poussant l’intelligence artificielle à l’avant-scène et ont entrepris des campagnes de promotion pour contrer la méfiance du public envers cette technologie. Dans le même temps, ces organisations globalistes ont fait valoir que, sans leur surveillance accrue, l’IA pourrait faire l’objet d’abus de la part des États nations ou détruire des économies entières.

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Ainsi, les globalistes vous disent que la domination de l’IA est une conséquence inévitable du progrès alors qu’ils dépensent d’énormes quantité de capital et d’heures de travail pour faire de leur prédiction une réalité. Ils vous disent alors que l’IA sera une menace pour votre gagne-pain et celui de vos enfants. Ensuite, ils vous disent que la seule réponse est de leur donner plus de pouvoir pour régler le problème qu’ils ont créé.

La deuxième partie de cette propagande est l’affirmation selon laquelle les dangers de l’IA pourraient être transformés en avantages utopiques. Si le « monde sans travail » est le bâton, alors le revenu de base universel est la carotte. La promesse fantastique des futuristes remonte aux premiers jours du communisme, et inclut toujours une terre pour demain où tous les gens vivront une existence paisible ; une société où tous les besoins sont satisfaits sans travail. Habituellement, les voitures volantes et les villes flottantes sont offertes là-dedans quelque part …

Harrari insinue dans son article pour The Guardian que la paresse est un état naturel pour la plupart de l’humanité, et que la majorité des gens resteraient mentalement à l’aise de ne pas avoir de but dans la vie tant qu’on leur donnerait une existence virtuelle comme un moyen de distraction. Il cite l’exemple d’enfants adultes qui vivraient dans un sous-sol s’ils y étaient autorisés et qui y subsisteraient grâce à la générosité de leurs parents avec une vie dédiée aux jeux vidéo. Mais plutôt que de souligner qu’il est destructeur d’encourager un tel comportement, Hariri suggère que cela devrait être un pilier de notre société.

Ce que Hariri ignore est une question clé du pourquoi beaucoup de gens se contentent d’une telle vie. Ce n’est pas nécessairement parce qu’ils aiment faire partie de la « classe inutile » ; beaucoup d’entre eux veulent désespérément trouver un but et un accomplissement car ce désir est ancré dans la psyché de la plupart des gens à la naissance. C’est juste qu’ils n’ont aucune idée du comment, et ont vécu dans un environnement qui semble de plus en plus conçu pour nuire à leur indépendance.

Je note que les élites de l’aristocratie ont exploité pendant des siècles la béquille du revenu de base universel comme un moyen de contrôler le comportement de leurs enfants. La progéniture des élites était souvent traitée comme une propriété et maintenue dans la ligne grâce à l’infantilisation et à la dépendance à l’égard du revenu. Pour ces enfants, il était presque impensable de poursuivre un rêve personnel ou de se lancer seul, car ils ont été isolés de tout ensemble de compétences pratiques. Quitter le système, c’est s’exposer à la pauvreté et à la mort potentielle.

Le plan est donc le suivant : Empêchez les gens de devenir autonomes, assurez-vous d’être leur seule source de revenu, puis donnez-leur le pouvoir d’utiliser ce revenu comme s’ils vous devaient quelque chose comme un enfant se doit à un parent. Hariri réclame ce genre de mesure de contrôle pour le monde entier.

L’expérience humaine est dans nos têtes et ne signifie rien

Tout comme le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, le « monde sans travail » de Hariri repose sur les opiacés, mais dans ce cas, les opiacés technologiques de la réalité virtuelle. Il affirme qu’il n’y a rien de nouveau et que les humains participent depuis longtemps à des jeux de réalité virtuelle par leur participation à la religion ainsi que par l’acquisition de la propriété. Je ne vois pas la logique dans sa comparaison, et il semble qu’il utilise cette tangente étrange simplement comme une occasion de se perdre dans une rhétorique athée et socialiste sans originalité.

Cependant, cette diatribe nous donne une meilleure idée d’un autre mème de propagande globaliste, à savoir que toute expérience est une question de perception et que toutes les conclusions sont relatives, y compris les conclusions morales. J’ai écrit des douzaines d’articles sur la question du globalisme et du relativisme moral et sur les raisons pour lesquelles il est fondé sur le mensonge et la désinformation. Je pense que c’est l’un des débats les plus importants de notre époque ou de toute autre époque, car il détermine la survie de notre humanité.

Pour quelqu’un qui considère toute expérience comme un jeu inutile que les gens inventent pour se divertir jusqu’à leur mort, Hariri semble trop préoccupé par la façon dont nous sommes tous gouvernés alors que nous « jouons » tous notre chemin durant notre existence. S’il n’y a pas de sens et qu’il n’y a pas de conception de l’univers ou de l’humanité, alors pourquoi chercher à centraliser le contrôle du jeu ?

Bien sûr, c’est un non-sens élitiste, et je ne suis même pas sûr qu’ils croient les ordures qu’ils vendent. Comme je l’ai noté dans des articles précédents, de nombreux chercheurs ont présenté des preuves considérables de qualités psychologiques humaines inhérentes, y compris la conscience innée et la boussole morale, ainsi que des dualités archétypiques qui nous donnent le don inhérent du choix. De Carl Jung à Joseph Campbell en passant par Steven Pinker, etc., les scientifiques et chercheurs réels ont entrepris des décennies d’expérimentation, de collecte de données et d’observation pour appuyer leurs conclusions. C’est quelque chose dont des philosophes académiques comme Hariri ne tiennent pas compte. Ils pensent que s’ils énoncent un point de vue avec suffisamment de bravade arrogante, c’est tout ce dont ils ont besoin pour le consolider en tant que fait.

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La raison pour laquelle les globalistes en particulier sont si friands de la narration relativiste est parce qu’elle justifie leur comportement dans la poursuite de leurs objectifs de centralisation. Ce comportement est généralement basé sur une approche où « la fin justifie les moyens », et est contraire à notre voix inhérente d’empathie et de conscience. Si les expériences humaines sont toutes une question de perception et d’illusion, alors la façon dont les élites abusent ou subjuguent les autres humains pour subventionner leur propre réalité virtuelle ne compte plus.

Le globalisme est bon, le nationalisme est mauvais

La centralisation globale est appelée par différents noms par les universitaires élitistes : Le nouvel ordre mondial, l’ordre global multipolaire, le reset global, les biens communs globaux, l’ordre global libéral, etc. Les globalistes passent la majeure partie de leur temps à essayer de reconditionner le marketing derrière le globalisme pour le rendre plus acceptable aux yeux des masses. Il s’agit généralement d’un processus malhonnête parce qu’il exige d’eux qu’ils attribuent faussement les échecs du globalisme au libre marché et au nationalisme.

Hariri tient à proclamer que l’« ordre global libéral » a réussi à améliorer la planète sur plusieurs générations sur les plans économique et géopolitique, mais il affirme ensuite que les États-nations commencent à « saper » cette stabilité. Nous entendons aussi constamment les globalistes dire que le « capitalisme » est la cause de la plupart des maux du monde, mais la vérité est que l’ingérence de style socialiste a créé le corporatisme et l’oppression par les marchés libres au cours du siècle dernier.
Ainsi, le globalisme nous a sauvés du capitalisme de marché, mais le capitalisme détruit tout ? Comment ces deux choses peuvent-elles être vraies ?

C’est le scénario dominant des globalistes d’aujourd’hui – la globalisation fonctionne, le nationalisme et les économies indépendantes ne fonctionnent pas, et faire un pas en arrière, c’est du suicide. C’est-à-dire qu’ils considèrent les mouvements « populistes » d’aujourd’hui comme un recul suicidaire.
Ce que les élites académiques comme Hariri ignorent, ce sont les nombreux problèmes que notre monde connaît aujourd’hui en raison de l’interdépendance et de la centralisation. Il observe avec fierté que toute nation qui tenterait de fonctionner en dehors du système globaliste tomberait dans le désarroi économique, mais ne reconnaît pas qu’en 2008, le monde est tombé dans le désarroi exactement parce que les nations étaient beaucoup trop interdépendantes, avec un mécanisme commercial tellement intriqué que l’effondrement d’une grande économie a entraîné la suivante qui a fait tomber la suivante. C’était une faiblesse cancéreuse déclenchée par le globalisme, et non par l’isolationnisme ou le nationalisme. Et c’est une faiblesse qui persiste en 2019.

Pourtant, la solution est toujours la même : plus de globalisme. Le manque d’autosuffisance et de redondance des économies nationales n’est pas quelque chose qu’il faut célébrer, mais qu’il faut corriger. Il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi ; ce sont les globalistes qui l’ont fait.

Duper les masses dans l’amour de la globalisation

Comme le note Harari dans son article pour The Economist, la création d’une « identité globale » dans laquelle les masses remplacent la loyauté envers une nation ou une tribu par la loyauté envers leur espèce et envers la Terre ne doit pas être difficile. Tout ce qu’il faut, c’est un ennemi commun, et quel meilleur ennemi que la menace d’une guerre nucléaire, la menace des changements climatiques et la menace de l’intelligence artificielle?

Le recours à des menaces externes (dont certaines ont été fabriquées de toutes pièces) pour amener le public à adopter un état d’esprit voulu est le pain et le beurre des élites. Les changements climatiques causés par l’homme constituent une menace fabriquée de toutes pièces, constamment démystifiée et les données exposées comme truquées pour présenter des résultats prédéterminés. La grippe aviaire est une menace que les globalistes ont activement conçue (la DARPA en est la source première). La menace d’une guerre nucléaire existe depuis des décennies et je ne m’attends guère à ce que les élites globales démantèlent de telles armes une fois qu’elles auront pris le pouvoir sur un gouvernement global.

Et nous découvrons ici le sophisme sous-jacent du débat de Hariri et la position globaliste en général. Les élites évoquent des visions terribles de ce qui se passera si les États-nations et le tribalisme sont autorisés à perdurer, mais les catastrophes qu’elles prédisent, y compris la guerre ; la manipulation génétique ;  la militarisation de l’IA ; les crises de migration massive ; l’effondrement économique – toutes ces choses sont déjà causées par les élites. Et rien ne les empêcherait de continuer à causer de tels problèmes à l’avenir si elles obtiennent ce qu’elles veulent, à savoir une gouvernance globale totale.

Je ne vois pas pourquoi les institutions globalistes devraient être considérées comme plus dignes de confiance que les gouvernements nationaux, sans parler des tribus locales. Hariri est un professeur israélien qui a manifestement bénéficié du tribalisme de cette culture tout en la dénonçant. Les globalistes agissent comme s’ils étaient loyaux envers l’humanité, mais ils ne sont en réalité loyaux qu’envers leur propre idéologie parasitaire et leur propre tribu – la tribu globaliste.

Pour élever le globalisme vers quelque chose de plus proche d’une religion qu’une simple philosophie politique, Hariri tire de son sac de tours une dernière apparition utopique classique, la promesse de la divinité. Cette idée occupe une place plus importante dans ses livres que dans ses articles, mais elle réaffirme les soupçons dont j’ai parlé dans mon article « Luciferisme : un regard laïc sur un système de croyance globaliste destructeur ». À savoir, que le globalisme repose sur un fondement très similaire à l’idéologie luciférienne, et que la technocratie globaliste est motivée par l’obsession des sociopathes narcissiques à devenir des quasi-dieux.

Ils vendent cet avenir au public comme un leurre, mais je suppose que l’ordre global libéral ne donnera pas à la « classe inutile » le statut de divinité. Comme dans toute vision élitiste, seules les élites deviennent souveraines et sont déifiées. Le reste d’entre nous devient des rouages de la machine, si nous avons de la chance, et sont considérés comme sacrifiables si nous sommes malchanceux.

Brandon Smith

Liens

https://youtu.be/qqec8oWxpEI