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samedi, 28 mars 2020

Coronavirus, avènement et défaite du monde global

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Coronavirus, avènement et défaite du monde global

par Karine Bechet-Golovko

Ex: https://russiepolitics.blogspot.com

Coronavirus: avènement et défaite du monde global. Ce n'est pas paradoxal: les Etats se sont pliés aux exigences des organes globaux, mais cette gouvernance ne propose qu'un monde carcéral déshumanisé, répressif et chaotique. Fin du libéralisme.

A première vue paradoxalement, même si à la réflexion il n'y a pas forcément paradoxe, le coronavirus est à la fois l'avènement et la défaite du monde global. Avènement, parce que, que ce soit avec enthousiasme ou avec réticence, les puissances se sont soumises, la plupart des pays ont introduit des mesures liberticides, les Etats ont suivi des impératifs extérieurs et abdiqué leur souveraineté. Défaite, car le monde global se présente comme une société carcérale, faible, chaotique et barbare. Mais il n'y a pas forcément paradoxe, car l'idéologie néolibérale, qui porte le monde global, est une déconstruction, elle n'est pas porteuse d'une vision positive, ni de l'homme qu'elle a réduit à l'individu, ni de l'Etat qu'elle combat. Mais elle tente de modifier le système de valeurs et les comportements sociaux, de modifier donc l'homme de l'intérieur. Ce qui en fait un totalitarisme. Et pose la question de la fin du libéralisme.
 
A plusieurs points de vue, le coronavirus est le visage du monde global. 
 
Sa prolifération a été rendue possible par le culte du mouvement incessant, par cette manie des masses de passer le week-end à Venise, les vacances d'hiver pour les Chinois à Paris par exemple, quand les habitants des pays tempétés ou froids cherchent le soleil et la chaleur. S'étalant sur une plage, marchant sur des montagnes ou dans des rues, agglutinés derrière des guides. Pour des vacances culturelles ou extrêmes. Pour vivre quelques jours des rêves de Photoshop. Echangeant leurs appartements à travers le monde, car ce monde est Un, il est donc le Tout. Devenu indifférencié. La circulation intempestive des individus ... et des virus. En pleine spirale d'acculturation.
 
Son ancrage a été redu possible par le monopole du discours médiatique, qui est largement répercuté et amplifié par les réseaux sociaux, caisse de résonance de la globalisation, où la plupart des gens réagissent. C'est-à-dire se placent sur le plan de l'instinct et du sentiment, ces points faibles par lesquels ils sont magnifiquement manipulables. Et il faut reconnaître que la communication de masse a été élevée au niveau de l'art.
 
La capitulation des puissances et des Etats a, pour sa part, été rendue par les décennies d'affaiblissement et de démantèlement. Après la Seconde Guerre mondiale, l'Etat, en tant que tel, est devenu l'incarnation du Mal et lui ont été accolés tous les qualificatifs à connotations négatives, tels que l'ordre, la règle, la force. Face à lui, le culte de l'individu, faisant passer la société du holisme à l'individualisme, s'est structuré autour de la société civile, sacralisée comme espace de réalisation des libertés. Les politiques publiques ont suivi le mouvement, sur la vague de la fausse rationalité du management, les services publics ont été déstructurés : car le privé fait a priori mieux que l'Etat, surtout lorsque des conditions défavorables sont mises en place pour les structures publiques. Après déstructuration, évidemment, l'Etat fonctionne mal, il perd donc de sa légitimité, il est affaibli et petit à petit intégré dans un maillage de structures supra-nationales - régionales et internationales, qui sans fondement démocratique, développent une supra-gouvernance. Ce mécanisme était parfaitement bien huilé et l'Etat même lui était nécessaire : ce qui était mal fait, était de la responsabilité de cet Etat encombrant, mais que l'on gardait par habitude, heureusement les organismes supra-nationaux étaient là pour compenser. L'image-type en Europe est la CEDH, présentée comme le seul lieu de justice indépendante, qui va apporter la Justice aux populations sous le joug de leur justice étatique. Ce mythe a été particulièrement développé dans l'espace post-soviétique, pour des raisons idéologiques évidentes. Le rapport récent démontrant les liens entre cette Cour "indépendante" et les ONG, principalement du réseau Soros, soulève de nombreuses questions (voir notre texte sur le dysfonctionnement des temples du monde globalisé).

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Et le coronavirus est une démonstration formidable de tout cela. Les Etats ont suivi, certains en traînant la patte, d'autres en premiers de cordée, mais ils l'on fait. Sans aucune, évidemment, réévaluation des réformes néolibérales ayant conduit, notamment, à la désorganisation du système de santé. Ponctuellement, on peut refinancer, mais aucune réflexion systémique n'est admise. Le point culminant est le confinement de la population. Qui de toute manière est limité par l'impossibilité de confiner les SDF, qui se heurte aux masses de migrants, aux quartiers où la loi républicaine n'est même plus un vieux souvenir. L'on en arrive à l'Afrique du Sud, premier Etat africain à décider du confinement. Et comme tout nouveau converti, veut être plus sain que le Pape. Même les chiens ne doivent pas être sortis. Pourtant, 20% de la population vie dans des bidonvilles. 
 
Sauf, que certaines structures surpra-étatiques sont inefficaces, comme l'UE. En revanche d'autres, comme l'OMS, ont pris du galon. L'on passe ici encore d'un cran : de la régionalisation à la globalisation. En ce sens, c'est la fin du rêve d'un monde multipolaire. Par manque de résistance politique.
 
Dans le même temps, le coronavirus est le signe de la défaite du monde global.

Certains des mythes globalistes viennent de tomber. Celui du citoyen du monde. Aux poubelles de l'histoire, il est rentré sur un territoire, restreint à son logis. Faisant chuter avec lui le culte du déplacement incessant, Je bouge donc je suis. Remplacé par Je me terre donc je vis. La liberté tant attendue, qui soi-disant n'était restreinte que parce que l'Etat était fort, vient d'être sacrifié sur l'autel du dieu global. Il n'est ni le premier, ni le dernier des dieux, et finalement est aussi exigeant que ses prédécesseurs. Et comme eux, sa jeunesse a besoin de beaucoup de sang et de chair fraîche. Et comme les temps ont changé, l'armée est utilisée non pas pour combattre un ennemi extérieur, mais pour que les populations se sacrifient elles-mêmes, sacrifient leur liberté. A ce nouveau dieu. Sans demander la restauration de l'Etat. Et comment les grands mouvements de migrants vont-ils se poursuivre? Où en sont-ils au fait? Plus personne ne coule? Il n'y a plus de conflit à fuir, de régime totalitaire et sanguinaire, qui pousse ces jeunes hommes forts sur les routes d'Europe? L'on a même vu des phénomènes de réimmigration à partir de la France.
 
Par ailleurs, les rares contenus de ce monde globaliste, par exemple la virtualisation, se heurtent aux difficultés de la vie réelle, même dans les pays où le numérique est un culte incontesté. Ainsi, en Russie, la tentative de numériser totalement l'enseignement et la recherche vient de s'écraser contre le mur de la réalité. L'enseignement à distance dans les facs s'est transformé par la mise en vacances des étudiants et des professeurs, qui après une première phase d'engoûement (pour ceux qui croyaient enfin avoir accès à la technologie du futur - tout est question de croyance) ils ont été fortement déçus et regrettaient un véritable enseignement. A l'école, la situation n'est pas meilleure. Au Conseil de la Fédération, l'on envisage le prolongement de la période scolaire après cette poussée globale, car, je cite :
"Il y a forcément un moment où une communication directe est indispensable. Il est impossible de tout enseigner à distance"
Pour autant, il n'est pas forcément paradoxal de considérer concomittantes l'avènement et la défaite du monde global avec le coronavirus. 

Tout d'abord, parce que ce virus n'est qu'une phase de transition. Si l'on sait d'où l'on vient, l'on ne sait pas où l'on va. D'autant plus que la peur a fait abandonner aux populations les rênes du contrôle de la gouvernance et les pouvoirs nationaux, rendus à leur inexistence, suivent aveuglément les recommandations globalistes. Ils ne sont plus des espaces de décision, mais d'exécution. Plus ils sont faibles, et plus ils sont radicaux, sur le fond et sur la forme.


Nous assistons à une transformation de certaines valeurs. Ainsi, la liberté est le crime; la réclusion est la responsabilité; etc. De la même manière, certains comportements sociaux doivent être modifiés. Dans nos  sociétés, traditionnellement, les jeunes générations doivent prendre soin des générations plus anciennes, ce qui garantit le cycle de la vie et la transmission intergénérationnelle. A Moscou, le maire a mis les personnes de plus de 65 ans à domicile, demandant aux membres de leur famille de ne pas aller les voir, car ils pourraient les contaminer. Il vaut mieux garder le contact à distance, par téléphone ou par internet. A la place du contact humain et rassurant de ses proches, des siens, un service de bénévoles est prévu, qui peut les aider pour leurs courses, les médicaments, etc. Car il est bien connu que les volontaires, eux, ne sont pas porteurs de maladies. Ce sont des volontaires. A la différence des enfants et petits-enfants, qui sont extrêmement dangereux. Pour le modèle idéologique.
 

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Mais surtout, parce que ce monde finalement n'a rien à proposer aux gens. La solitude pour une durée indéterminée. Des visites virtuelles de musées ? Regarder les spectacles à la maison ? Vous pensez réellement que des metteurs en scène vont créer des spectacles qui ne seront jamais joués devant des spectateurs? Que de véritables acteurs de théâtre vont transformer leur art en préparation de séries pour la télé ou le net ? Vous pensez vraiment que de véritables écrivains n'ont pas envie de tenir leur livre dans leurs mains? Comme toutes les idéologies, celle-ci est une négation de la nature humaine.
 
Finalement, combien de temps la police et l'armée vont-elles pouvoir contenir les populations ? La société globale n'est donc finalement qu'un rêve carcéral pour la majorité. Dès que la population va relever la tête, l'on pourra toujours trouver un virus pour la confiner. Reste la question économique. C'est aussi la fin du libéralisme économique et à côté de ce qui se profile, la vision communiste était un doux rêve. Au moins, il voulait créer un homme meilleur, dégager des contingences du matérialisme pour l'élever spirituellement et culturellement. C'est pourquoi il y a eu l'enseignement de masse, l'industrialisation massive, ce qui obligeait l'Europe. Ce mouvement, qui a fait des puissances, une période qui est marquée par une création littéraire, cinématographique, musicale, bref artistique que les fadaises actuelles ne peuvent faire oublier. C'est la fin du libéralisme, comme le communisme a pris fin. Mais si l'on savait dans les années 90 que les pays de l'Est étaient pris en main par l'Occident dit libéral, l'on ne sait pas très bien ce qui s'est emparé de nos sociétés. Ce n'est pas la fin des idéologies, plutôt la fin de ce que l'on connaît. 
 
Et l'avenir proche, avec ses crises sans fin, sa récession historique, ses crashs, son chaos, sa barbarie, est loin de l'image des lendemains qui chantent. C'est finalement à nous de décider si c'est la vision du monde que l'on soutient.

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La division de l’Occident une chance pour l’Europe puissance

Article de Caroline Galactéros* publié dans Courrier de Russie le 25/03/2020

Avec le Coronavirus, le monde traverse une crise inédite dont les conséquences politiques, économiques et sociales sont encore imprévisibles, tant sur le plan intérieur, pour chaque État, que dans les relations internationales. Nul doute que cette épidémie historique redessine la carte politique de la planète, les zones d’influence pouvant, par exemple, esquisser, demain, une géographie macabre où les gagnants seront ceux qui, démontrant leur cohésion et leur efficacité, auront su le mieux résister à la maladie. 

Le Courrier de Russie a donc décidé de lancer un débat vif, sans détours, en ouvrant ses pages à des personnalités de tous bords – russes et françaises notamment ‒ connues pour la qualité de leurs analyses géopolitiques et la force de leur engagement.  


L’Europe existe-elle en dehors de sa fonction économique ? Mérite-t-elle d’être défendue comme un ensemble cohérent ? Peut-elle, doit-elle produire de la puissance et de l’influence, devenir un acteur stratégique à part entière sur la scène du monde, faisant jeu égal avec les autres puissances majeures qui, aujourd’hui, la tiennent ouvertement pour quantité stratégique négligeable ? Ou bien la diversité des perceptions, des ambitions et des calculs des États membres et son pacifisme hors sol, plombé d’idéalisme moralisateur, rendent-ils à jamais cette ambition utopique ? Peut-elle seulement avoir une évaluation propre de ses risques sécuritaires et de défense, ou ne sera-t-elle toujours qu’un appendice de l’OTAN que, pour ne pas trop humilier, on nomme pompeusement « le pilier européen de l’Alliance » ?

Toutes ces questions vitales restent sans réponse à ce jour. Nous sommes toujours des enfants gâtés qui ne veulent pas grandir, des « Tanguy » indécrottables refusant de quitter le nid d’une vassalité qui pourtant nous met en danger. Si nous continuons à nier l’évidence ‒ le découplage grandissant entre nos intérêts économiques, sécuritaires et stratégiques, et ceux de Washington, la claire nécessité de comprendre notre avenir comme eurasien, ce qui suppose de nous rapprocher de Moscou, donc de régler la question ukrainienne ‒, nous sommes promis à l’engloutissement stratégique définitif et nos succès économiques ne nous protégeront pas longtemps d’un dépècement sino-américain qui a déjà commencé… Nous adorons manifestement être humiliés, chaque gifle nous fait du bien. Notre pleutrerie est telle qu’elle donne raison à ceux qui en profitent. Ils ont tout à gagner à nous faire rendre gorge au nom de nos grands principes, qui nous tuent, et de notre renoncement stupide au seul promoteur possible de survie : la souveraineté.

La crise du Coronavirus en donne une fois encore une belle illustration. Pour ne pas paraître discriminants et manquer de solidarité, ou renoncer à l’ouverture généreuse du bel espace européen, nous avons perdu de précieuses semaines à hésiter sur les mesures de confinement territorial. Finalement, chaque pays agit pour lui-même dans une éloquente cacophonie. Donald Trump a beau jeu de nous le reprocher désormais. Bref, nous mélangeons tout et avons complètement perdu la mesure de la gravité des questions sécuritaires européennes au sens le plus large.

Retrouvez l’intégralité de l’article sur le site “Courrier de Russie” en cliquant sur le lien ci-dessous.

https://www.lecourrierderussie.com/opinions/2020/03/coronavirus-et-geopolitique-la-division-de-loccident-une-chance-pour-leurope-puissance/

*Caroline Galactéros, Présidente de Geopragma

Alexandre Prokhanov : la mobilisation ou la mort

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Alexandre Prokhanov : la mobilisation ou la mort

(Club d'Izborsk, 26 mars 2020)

26 Mars 2020 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

 

https://izborsk-club.ru/19009

 

 

Au cours des cinq premières années, en installant des usines géantes de défense en Ukraine, en Biélorussie, en Russie centrale, Staline avait un plan pour évacuer ces usines à l'est, au-delà de l'Oural, en cas d'attaque immédiate de l'ennemi. D'énormes terrains vagues ont été choisis pour ces usines, les premiers pieux ont été enfoncés, du matériel a été acheté à l'Ouest, les futurs travailleurs ont été formés dans des écoles professionnelles, et il y avait déjà un plan d'évacuation stratégique. Les voies ferrées sont posées, le nombre nécessaire de plates-formes et de wagons est préparé, des brigades sont sélectionnées pour démonter le matériel, le charger et l'envoyer vers l'est. Et là, à l'est, il y avait déjà des lieux équipés pour recevoir ces usines, qui n'avaient même pas encore été construites, réunir des équipes d'ouvriers, déterminer les sources de matières premières. L'évacuation de l'industrie la plus puissante vers l'est dans les premiers jours de la guerre a assuré la Victoire.

 

En 1941-1942, l'Armée rouge a perdu la moitié de ses effectifs, mais l'industrie de la défense a survécu et a fourni à l'armée des chars, des canons et des avions de combat. Le plan de mobilisation mis en œuvre dans l'industrie a fonctionné dans d'autres branches de la société soviétique. Des branches scientifiques ont également été prévues et des universités, des laboratoires ont été construits, des étudiants ont été recrutés pour de futures études. Les terres arables de Sibérie ont également été préparées en cas de perte des terres fertiles d'Ukraine, du Kouban, de Biélorussie. En outre, dans un pays pacifique, des groupes de combattants clandestins se sont formés dans les territoires menacés de saisie. Le compositeur Isaac Dunayevsky s'est également vu proposer d'écrire des chansons telles que "The wide country is my native". L'Union soviétique était un projet de mobilisation, était une organisation unique et énorme créée par un grand concepteur, une organisation qui était plus efficace et plus précise que celle d'Hitler.

 

Aujourd'hui, dans les conditions de la guerre bactériologique déclarée à toute l'humanité, la Chine fait preuve de merveilles de résilience. La population d'un milliard et demi d'habitants, toutes ses divisions - science, armée, médecine, organisations publiques - mènent de manière coordonnée et synchrone une tâche stratégique grandiose et mortelle qui sauve la Chine de la perdition. Pendant toutes ces décennies, la Chine a vécu dans les conditions d'un projet de mobilisation : un État puissant, un parti inébranlable qui est l'intellect de la nation, un régulateur de toutes les contradictions du pays. La planification stratégique, la capacité de mobilisation de l'immense population, la subordination des intérêts personnels, les caprices et les lubies d'un but et d'un objectif communs, et la confiance dans l'État permettent à la Chine de faire face à une terrible épidémie parmi d'autres nations non préparées à ce fléau, dominées par l'hédonisme, la consommation aveugle, la soif de plaisir, l'idée d'une liberté individuelle débridée et l'abandon de l'État.

 

La Russie a connu une épidémie de personnes démobilisées. La démobilisation est le mot qui peut décrire l'existence de la Russie post-soviétique. L'égoïsme individuel et collectif, les intérêts des citoyens individuels ou des groupes privilégiés qui sont placés au-dessus des intérêts de l'État et de la société dans son ensemble, la philosophie de la consommation, du plaisir, la recherche inlassable de nouveaux divertissements toujours plus nombreux, le rejet d'une culture mobilisatrice qui éveille chez l'homme la ténacité, le sacrifice pour la famille, pour la Patrie.

 

Pendant des décennies, la population russe a été délibérément malmenée par les principales chaînes de télévision, offrant au téléspectateur des images de délabrement, de chute et de destruction suprême. Brillants, incomparables, inimitables prêcheurs du nihilisme, de l'ironie, du ridicule et du renversement de tout ce qui était autrefois considéré comme précieux et inébranlable. Ksenia Sobchak ou Andrei Malakhov, qui ont créé une puissante industrie multicolore de décomposition et de désintégration, ont fait apparaître plusieurs générations de bourgeois démantelés, sales, nihilistes, pour qui l'État est, au mieux, une abstraction, mais plus souvent - l'ennemi, avec lequel il faut se battre et se battre constamment. La Russie a fait face à cette attaque universelle sans préparation, sans organisation. Nous pouvons voir comment cette organisation se construit sous nos yeux - en parties contradictoires, hâtives, séparées, et une partie nie l'autre, créant un mouvement absurde et turbulent de contradictions. Créer une organisation est un art supérieur, un type supérieur d'ingénierie sociale. Il est plus facile de construire des vaisseaux spatiaux pour aller sur Mars que de concevoir, concevoir une organisation capable de créer et de lancer de telles super-machines.

 

Poutine se réserve le droit de gouverner à vie, de ne pas remplir les comptes bancaires étrangers avec des pétrodollars. Ne pas poursuivre un jeu fascinant et sans égal sur la scène internationale, en équipant des joueurs habiles dans l'Ancien et le Nouveau Monde. Il consacrera son énergie à la création d'une organisation étatique dans laquelle il y aura un nouveau type de gestionnaire, différent des gouverneurs et ministres inutiles et inefficaces. La création de ces gestionnaires s'inscrit dans un nouveau projet de mobilisation.

 

Le projet de mobilisation n'est pas les fossés de tir de Butovo, ni les tibias qui nous ont été jetés par les opposants à la mobilisation, les partisans de l'hédonisme. La mobilisation est la création d'une telle organisation capable de répondre instantanément aux défis dans toutes ses parties : au centre et à la périphérie la plus éloignée. Synchroniser ces réactions, concentrer les ressources disponibles, toujours pauvres, sur les principales orientations du développement, planifier et opérer non seulement avec le pétrole, les systèmes bancaires ou le taux de change du rouble, mais aussi avec la culture, l'idéologie, où l'idée de l'État prend la première place. L'intelligence artificielle, pour la création de laquelle tant d'argent est permis, est impuissante s'il n'y a pas d'organisation. Seule une organisation équipée d'intelligence artificielle est capable d'obtenir de grands résultats en matière de développement. Cette même intelligence artificielle, lancée dans une société lâche remplie de chaos et de mauvaise énergie, conduira à une destruction catastrophique.

 

En entrant dans une bataille contre le coronavirus, des gens effrayés, non préparés, socialement disparates, nous sortirons de cette lutte, bien qu'avec de grandes pertes, mais un peuple qui a trouvé une organisation, créé un projet de mobilisation, sans lequel la Russie ne survivra pas parmi les défis historiques croissants, l'un plus sérieux que l'autre. Au cœur de l'organisation de la mobilisation de la Russie peut et doit se trouver l'idéologie du rêve russe.

 

La mobilisation ou la mort.

 

Alexander Prokhanov

 

Traduit du russe par Le Rouge et le Blanc

 

 

Alexander Prokhanov

http://zavtra.ru

Alexander Andreevich Prokhanov (né en 1938) - éminent écrivain, publiciste, homme politique et personnalité publique soviétique russe. Il est membre du secrétariat de l'Union des écrivains russes, rédacteur en chef du journal Zavtra. Président et l'un des fondateurs du Club d'Izborsk.

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La politique industrielle après le Coronavirus

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La politique industrielle après le Coronavirus

par Nadine Levratto

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

 
La crise sanitaire nous aura appris quelque chose. Les chaînes globales de commodités (1), de valeur et autres réseaux de production globaux sont des colosses aux pieds d’argile dont la sensibilité aux chocs appelle un changement de modèle de production.

Dès les premiers signes de ralentissement économique en Chine au mois de janvier, la presse française a rendu compte des risques pour les entreprises des autres pays, tout en soulignant que les stocks devraient suffire pour traverser la crise. De fait, dès le début du pic de l’épidémie, 80 % des entreprises américaines implantées dans l’est de la Chine déclaraient ne plus avoir suffisamment d’ouvriers pour faire tourner normalement leurs lignes de production, mises à mal par le prolongement des congés du nouvel an chinois. La Harvard Business Review mentionnait qu’avec une diminution de 20 % du nombre de départs des ports chinois, le risque d’interruption d’activité des entreprises françaises serait une réalité dès la mi-mars. Le cabinet Euler Hermès a également attiré l’attention sur la mise à l’arrêt de certains sites, ainsi que sur l’apparition de goulots d’étranglement pour le transport de marchandises à l’entrée et à la sortie de la Chine, qui risquaient de pénaliser l’industrie européenne.

Ces prévisions se sont avérées exactes. A partir du 10 mars, les fermetures de sites de production font la une des journaux. La baisse de l’activité est également lisible dans la diminution de la consommation d’électricité, inférieure de 10 à 25 % aux niveaux habituels à la même période.

Trois révélations

La plus spectaculaire des révélations concerne le niveau – terrible – de dépendance des industriels et consommateurs européens à la production hors Europe, tout particulièrement la production chinoise. Cette forme d’organisation de l’économie repose sur des activités de production dispersées à l’échelle mondiale, stratégie guidée par une focalisation marquée sur les grandes entreprises et leur performance financière. Elle attise la concurrence entre les différents sites mondiaux à travers l’investissement direct, la sous-traitance et l’externalisation de l’approvisionnement.

La crise liée au Covid-19 met ensuite en relief les effets négatifs des délocalisations et de l’essor de la sous-traitance. Celles-ci, motivées par la recherche de gains d’efficacité, sont à l’origine de nombreuses pertes d’emplois industriels, non compensées par les créations d’emplois dans les services au cours des trente dernières années. Cette déstructuration du tissu économique a aggravé les pertes de compétences locales et accentué la fragilité de l’industrie européenne. On se retrouve au point où le Ministre de l’économie Bruno Le Maire se dit prêt à aller jusqu’à nationaliser des entreprises pour « protéger notre patrimoine industriel ». Ce revirement idéologique n’est pas spécifique à la France : le gouvernement italien envisage de débloquer 600 millions d’euros pour sauver le secteur aérien, en vertu d’une clause exceptionnelle de « calamité naturelle ».

L’industrie se révèle ainsi de plus en plus dépendante du transport et de la logistique, qui génèrent d’importants dommages environnementaux

Cette crise met enfin en lumière l’asservissement de l’industrie aux secteurs de la logistique et des transports de marchandises, générateurs de multiples dommages environnementaux. Le recul de l’industrie en France et plus généralement en Europe, combinée à la réduction des stocks résultant de la généralisation des techniques de lean management et de juste-à-temps ont intensifié les flux d’échanges entre les pays producteurs et les pays assembleurs ou utilisateurs. L’industrie se révèle ainsi de plus en plus dépendante du transport et de la logistique, qui ont été totalement intégrés aux chaînes d’approvisionnement et sont désormais générateurs de valeur ajoutée. Les cartes comparant les niveaux actuels de pollution (très faibles) à ceux de la même période l’an passé, mettent bien en évidence la contribution au changement climatique de ce mode d’organisation du système productif. 

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Le retour de l’État stratège ?

Cette combinaison de crise sanitaire et de crise économique remet au goût du jour un principe déjà esquissé à l’époque de l’épidémie du SRAS : celui de l’Etat stratège. Le moment est peut-être propice à la réactivation du décret dit Montebourg de 2014, jamais utilisé, qui avait élargi le champ d’application d’un décret de Dominique de Villepin de 2005 soumettant certains investissements étrangers en France à l’autorisation préalable de l’Etat. Les secteurs de la défense, de la santé, de l’eau, de l’énergie, des transports et des télécoms, sévèrement touchés par les difficultés actuelles, faisaient déjà partie de la liste. La loi Pacte en 2019 l’a étendue à la production de semi-conducteurs, au secteur spatial, aux drones et, s’ils sont en lien avec la sécurité nationale, l’intelligence artificielle, la cybersécurité, la robotique et le stockage de données. L’Etat doit encore définir ce qu’est une entreprise indispensable à notre économie, à en dresser la liste et à définir un cadre pour renforcer leurs fonds propres par le biais d’un organisme ou une agence nationale.

Le rêve d’une France sans usine a montré ses limites et ses dangers

La crise engage également à renouveler la réflexion sur l’organisation spatiale du secteur productif de manière à rapprocher les lieux de production des lieux de consommation, celle des individus (consommation finale) comme celle des entreprises (consommation intermédiaire). Avant la crise financière de 2008, les territoires dominés par l’économie résidentielle1 tiraient mieux leur épingle du jeu que les territoires industriels. Mais la dernière décennie a révélé que les territoires qui ont su préserver une activité industrielle étaient plus dynamiques et créateurs d’emplois que ceux qui se sont spécialisés dans les services, plus encore quand il s’agit de services aux ménages. Le rêve d’une France sans usine a montré ses limites et ses dangers.

Réhabiliter l’industrie

La réhabilitation de l’industrie est devenue un enjeu par le potentiel de création d’emplois directs et indirects qu’elle recèle, son rôle clé dans la compétitivité nationale et sa place centrale dans les dynamiques territoriales. Favoriser la relocalisation de la production et rapprocher lieux de production et de consommation des biens est nécessaire à la transition écologique.

Une réflexion doit s’engager sur les manières de réimplanter des activités productives dans les territoires urbains

Pour cela, il est essentiel de structurer la réflexion sur les conditions de la présence des activités de production dans les territoires urbains. Il faut également définir les formes industrielles – au sens large – compatibles avec cette réorganisation des espaces économiques2. Le concept de ville productive3, qui trouve son illustration dans certains quartiers de Bruxelles, les banlieues sud et est de Lyon, Flers en Normandie ou des territoires comme Grand-Orly Seine Bièvre, invite à regarder la manière dont des territoires s’y prennent pour réimplanter des activités de production en milieu urbain.

Les accidents tels que l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen ont montré que le retour d’activités industrielles concentrées correspondant au modèle de production de masse n’est plus envisageable. Cependant, les nouveaux modes d’organisation de la production rendent possible la présence d’activités de fabrication, de maintenance et de services liés à l’industrie dans les milieux urbains. Cela marquerait le retour du tissu productif en ville, un enjeu important pour tous les territoires urbains, notamment en termes d’emplois. 
 

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Pandémie : le jour d’après sera celui des comptes, radical et sans concession

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Pandémie : le jour d’après sera celui des comptes, radical et sans concession

Le dévoilement : tous les rois sont nus

Ainsi que nous l’avions pressenti, la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 est la révélatrice de toutes les autres. Très rapidement, chacun y est allé, à juste titre, de son domaine d’expertise pour considérer l’évidence qui allait promptement s’imposer : remise en question cette fois-ci rédhibitoire d’une Union européenne parfaitement inutile voire nuisible, incapable de protéger qui que ce soit et occupée, pendant que chacun tente de survivre, à intégrer en son sein déjà obèse l’Albanie et la Macédoine du Nord (on comprend vraiment l’urgence du dossier). Remise en question du modèle, une nouvelle fois en crise grave, d’une économie mondialisée, financiarisée et déshumanisée, irrespectueuse des peuples, de l’environnement mais aussi source d’insécurité profonde pour ceux-ci. Prise de conscience subite, comme d’autres découvrent la lune, des vertus de l’État providence –encore faudrait-il que celui-ci soit aux mains d’hommes d’Etat dignes de ce nom et non de valets de la finance, lesquels découvrent subitement que le pays tourne encore, malgré le confinement, grâce aux éboueurs, aux personnels soignants, aux caissières, aux livreurs, à tous ceux que l’enseigne Intermarché a récemment et fort justement qualifiés de « héros discrets », sur lesquels le pouvoir macronien n’aura pourtant eu de cesse de taper pendant des mois, depuis la crise des Gilets Jaunes jusqu’aux mobilisations contre la réforme des retraites, et qui continuent de faire tourner la boutique, enfin, pour ceux qui auront réussi à conserver leurs deux yeux.

La fulgurante débandade

On avait donc rapidement compris que tout allait s’écrouler, mais on n’avait pas imaginé que la débandade serait aussi rapide et fulgurante, quand bien même pour des raisons conjoncturelles évidentes, la machine tient encore debout, rafistolée avec du scotch, comme elle-même placée sous un respirateur artificiel de fortune: la France retient son souffle avant que des comptes soient demandés, rendus et que les responsables soient amenés à répondre de leurs nombreuses et coupables errances. Car l’heure viendra de rendre des comptes, quoi qu’en pensent ceux qui tentent, sous prétexte d’une Union nationale qu’ils n’ont cessé de déconstruire méthodiquement (le mot même de nation était devenu péjoratif) de faire taire les esprits libres et critiques et les personnes qui s’efforcent, en dépit des circonstances, de réfléchir.

Les improvisations n’ont cessé de succéder aux mensonges qui eux-mêmes ont fait place à d’autres improvisations, mises en scènes et choix coupables, dissimulations, manipulations. La pénurie de masques, de respirateurs, de protections, de tests est flagrante, quand bien même les habituels amuseurs publics d’un exécutif aux abois se succèdent pour déclarer que tout ceci ne sert à rien et que si les soignants tombent malades c’est certainement à cause des transports en commun. La somme des déclarations grotesques, ineptes et coupables est telle qu’on ne saurait ici la restituer dans sa totalité. Sans compter l’appréciation même de l’ampleur de la crise qui vire au grotesque puisque dans notre pays, pour être testé, il faut être soit élu soit quasi mort. Les chiffres qui sont donnés sont donc aussi fiables que ceux d’une République bananière, d’autant que, concernant les personnes décédées elles-mêmes, on ne comptabilise ni les membres des Ehpad dont on constate une nouvelle fois l’extrême dénuement, ni les personnes qui décèdent à domicile.

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L’Histoire avec sa grande hache

La désorganisation, l’impréparation, l’absence d’anticipation deviennent chaque jour plus manifestes, alors même que la France possédait l’un des systèmes de santé publique parmi les plus performants du monde. On découvre peu à peu l’ampleur des dégâts et l’on hésite, en raison du confinement, entre le rire nerveux et une colère immense qui, peu à peu, en chacun, en chaque foyer, dans chaque maison, est en train de monter et dont on se dit que lorsqu’elle va sortir et s’exprimer, elle risque de laisser quelques traces dans l’Histoire avec sa grande hache, comme disait Perec.

Ces dégâts étaient pourtant prévisibles et annoncés par les personnels soignants depuis des années, et particulièrement depuis des mois, à qui l’on préférait répondre à grands renforts de gaz lacrymogènes, tant il semblait plus judicieux à cet exécutif de prévoir des stocks de grenades de désencerclement et autres matériels répressifs plutôt que du matériel sanitaire qui, à présent, manque cruellement.

La bataille autour des travaux pourtant prometteurs et indispensables du Professeur Raoult est un des exemples les plus calamiteux de cette incurie coupable des pouvoirs publics. On déclare l’état de guerre mais on prend des précautions de jouvencelles pour tenter, sans attendre, d’administrer dans de bonnes conditions, de la chloroquine aux patients, si possible avant leur mise en bière  (selon le protocole mis au point au CHU de Marseille, et non pas en avalant du produit pour nettoyer les aquariums comme l’ont fait deux imbéciles aux Etats-Unis, ce dont se sont immédiatement et stupidement emparés les détracteurs macroniens de notre original druide marseillais aux allures de Panoramix), que l’on s’arrange dans le même temps pour rendre aussi rare et efficace que l’extrême onction. On s’aperçoit que la Nivaquine, distribuée à des milliards de doses depuis plus de 70 ans, a été classée subitement parmi les substances vénéneuses par Agnès Buzyn au début de l’année, au moment même où se déclenchait la crise du coronavirus (il faut croire que l’application du principe de précaution est à géométrie très variable selon les intérêts poursuivis) et sachant que les Chinois étaient sur la piste de plusieurs protocoles incluant cette molécule. On découvre par ailleurs que la seule usine française fabriquant ce médicament, FAMAR, près de Lyon, a été placée en redressement judiciaire suite à sa revente par le fonds d’investissement américain KKR, tandis que le seul site européen fabriquant des bouteilles d’oxygène médical, LUXFER, près de Clermont-Ferrand, a quant à lui fermé sur décision de son actionnaire britannique et malgré une activité parfaitement rentable (quand il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir). Il semble qu’on ait perdu l’intérêt général quelque part dans le vaste delta qui sépare la start-up nation de l’Etat-stratège…

Aujourd’hui, les membres d’un exécutif qui n’a eu de cesse de mépriser cette économie locale, territoriale, de vanter les mérites d’un néo-libéralisme sans âme, d’une financiarisation brutale de l’économie, de dogmes bruxellois irresponsables et hostiles à toute forme de souveraineté, y compris sanitaire, pharmaceutique, médicale, des États-nations, découvrent subitement les dégâts que causent leurs choix coupables, sans pour autant, du reste, s’en excuser le moins du monde.

Alors, mentir semble la seule solution. Tenter de décrédibiliser les travaux du professeur de Marseille qui ne goûte pas les joies vaines de la haute administration parisienne, mentir au sujet des protections, mentir sur l’anticipation qui n’a pas été faite, mentir sur les mesures qui n’ont pas été prises. Mentir, aussi, sur les raisons pour lesquelles ces mesures n’ont pas été prises, alors que, comme l’indique Agnès Buzyn elle-même, tout ce qui allait advenir était clair depuis deux mois.

Tous ceux qui sont responsables de ce délitement et de cette désorganisation demandent désormais, aux abois, de l’aide. Alors, bien sûr, chacun va retrousser ses manches et aider, à sa manière, aider les soignants, aider les agriculteurs, aider de toutes les façons possibles tous ceux qui en ont besoin, mais l’heure des comptes, ensuite, sera de mise. Elle sera radicale et sans concessions.

Parce qu’il faudra juger jusqu’au dernier tous ceux qui auront été responsables du fait qu’en 2020, en France, on ne puisse plus même enterrer dignement ses morts, à l’heure où Georges Steiner et ses Antigones nous ont adressé un dernier salut du monde civilisé.

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