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samedi, 26 août 2023

EUROSTAT - L'UE enregistre un nombre record de faillites d'entreprises

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EUROSTAT - L'UE enregistre un nombre record de faillites d'entreprises

Source: https://www.lantidiplomatico.it/dettnews-eurostat__lue_raggiunge_il_numero_record_di_fallimenti_aziendali/11_50549/

Le nombre de faillites d'entreprises dans l'Union européenne a augmenté de 8,4% entre avril et juin de cette année par rapport au trimestre précédent. Il s'agit du chiffre le plus élevé depuis 2015, selon les données publiées par l'Office européen des statistiques (Eurostat). La Hongrie (40,8%), la Lettonie (24,8%) et l'Estonie (24,6%) ont été les pays les plus touchés.

Selon Eurostat, il s'agit du sixième trimestre consécutif d'augmentation exponentielle. Les secteurs les plus durement touchés sont l'hôtellerie et la restauration, où les dépôts de bilan ont augmenté de 23,9%, et les transports et la logistique, avec une hausse de 15,2%.

La récession économique, la hausse des taux d'intérêt - qui entraîne une augmentation des coûts d'emprunt - et l'expiration des mesures d'aide gouvernementale prises à l'époque de la pandémie sont les facteurs à l'origine de cette augmentation exponentielle.

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Eurostat n'inclut pas dans ce rapport les derniers chiffres pour l'Allemagne, qui a fait l'objet de la dernière couverture de The Economist avec le titre : "L'homme malade de l'Europe à nouveau". Les chiffres de l'Office fédéral allemand des statistiques pour le mois de juillet révèlent que le nombre d'entreprises ayant déposé le bilan a augmenté de 23,8% en glissement annuel. Nous assistons à un choc du marché", a déclaré Christoph Niering, directeur de l'association professionnelle allemande des praticiens de l'insolvabilité, au Wall Street Journal.

L'institut Ifo, basé à Munich, a signalé en juillet que son indice de confiance des entreprises avait chuté pour le troisième mois consécutif et que les entrepreneurs étaient désillusionnés par l'état actuel de leurs entreprises, réduisant ainsi leurs attentes pour l'avenir. La situation de l'économie allemande devient de plus en plus sombre", a déclaré Clemens Fuest, président de l'Ifo.

L'une des plus anciennes entreprises métallurgiques du pays, Eisenwerk Erla, s'est déclarée insolvable en mars. La direction de l'entreprise, vieille de plus de 600 ans, a attribué la situation à des problèmes d'approvisionnement et à l'augmentation des tarifs de l'énergie. La chaîne de grands magasins Galeria Karstadt Kaufhof a fait faillite à la fin de l'année dernière et s'apprête à fermer un tiers de ses plus de 100 magasins dans le pays. Les dirigeants attribuent la crise aux coûts élevés de l'énergie et à la faiblesse de la consommation. Le détaillant de mode Gerry Weber Retail a également annoncé des procédures d'insolvabilité cette année et ferme 122 de ses 171 magasins en Allemagne. Cette crise a surtout touché les entreprises de taille moyenne, qui dépendaient fortement des subventions publiques et qui ont beaucoup perdu", a déclaré Natalia Schaubert, directrice de l'organisation sociale allemande Kolorit, à BFM.

mercredi, 14 juin 2023

Les experts en énergie mettent en garde contre la pénurie d'électricité: "Les premiers signes de désindustrialisation"

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Les experts en énergie mettent en garde contre la pénurie d'électricité: "Les premiers signes de désindustrialisation"

Source: https://zuerst.de/2023/06/14/energie-experten-warnen-vor-strommangel-erste-anzeichen-einer-deindustrialisierung/

Berlin. Il y a quelques années, on se serait moqué de quiconque aurait prévenu que l'Allemagne pourrait un jour manquer d'électricité. Mais aujourd'hui, le danger devient réel. Markus Krebber, le patron du groupe énergétique RWE, a exprimé publiquement ses craintes de voir l'Allemagne manquer d'électricité à moyen terme, ce qui serait catastrophique pour le site économique qu'est l'Allemagne.

Dans une interview accordée au journal Bild, M. Krebber a déclaré : "La prospérité de l'Allemagne repose sur une industrie forte. Une offre énergétique limitée entraîne des prix élevés - ce qui met en danger la compétitivité du site industriel allemand. Nous voyons les premiers signes de désindustrialisation".

Dans le magazine Focus, le responsable de l'énergie a été encore plus clair : "Nous n'avons pas autant d'énergie à disposition que ce dont nous avons besoin". Selon lui, cette lacune entraîne des prix de plus en plus élevés, ce qui suscite des inquiétudes légitimes quant à la compétitivité.

Le fait est que depuis la fermeture des trois dernières centrales nucléaires à la mi-avril, l'Allemagne doit importer plus d'électricité qu'elle ne peut en vendre à l'étranger.

Christian Kullmann, PDG du groupe chimique Evonik, met en garde contre un "désastre énergétique". Les produits de masse ne seront plus fabriqués en Allemagne à l'avenir. Conséquence : "A terme, nous allons probablement dire adieu à ces industries ici - et cela ne durera pas trop longtemps". Le site allemand est donc "sous pression".

Au total, 132,8 milliards de kilowattheures d'électricité ont été produits en Allemagne au premier trimestre et injectés dans le réseau, une quantité "inhabituellement faible", selon l'Office fédéral des statistiques (se).

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lundi, 03 octobre 2022

L'Oncle Sam a éliminé la concurrence allemande: les entreprises migrent vers les États-Unis  

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L'Oncle Sam a éliminé la concurrence allemande: les entreprises migrent vers les États-Unis  

Source: https://zuerst.de/2022/10/02/uncle-sam-hat-die-deutsche-konkurrenz-ausgebootet-firmen-wandern-in-die-usa-ab/

Berlin/Washington. Les Etats-Unis profitent à plusieurs égards de la ruine annoncée de la place économique allemande : d'abord parce qu'ils peuvent vendre leur gaz de fracturation coûteux en Allemagne après avoir évincé la concurrence russe, ensuite parce que l'Allemagne ne peut plus rivaliser avec les Etats-Unis en raison de l'affaiblissement de l'euro et des taux d'inflation à deux chiffres - et enfin parce que de plus en plus d'entreprises allemandes s'installent aux Etats-Unis.

Washington attire les entreprises allemandes avec une énergie bon marché et des impôts peu élevés. C'est particulièrement vrai pour les États du Sud. Dans le sillage de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique en Allemagne, les Etats-Unis intensifient leurs efforts pour attirer les entreprises allemandes. De nombreux États américains proposent non seulement une énergie bon marché, mais aussi des réductions d'impôts et d'autres aides.

"Nous avons récemment eu les coûts énergétiques les plus bas des États-Unis pendant 11 des 14 derniers trimestres", déclare par exemple Kevin Stitt, gouverneur de l'Oklahoma. Le secrétaire au commerce de Géorgie, Pat Wilson, tient un raisonnement similaire : "Nos coûts énergétiques sont faibles et nos réseaux stables".

En outre, l'abandon du charbon est une décision prise, et son État raccordera deux nouvelles centrales nucléaires au réseau d'ici 2024. "Les entreprises qui viennent en Géorgie réduisent leur empreinte climatique", affirme Wilson.

La publicité a du succès : de nombreuses entreprises allemandes prévoient de construire ou d'agrandir leurs sites américains, comme l'a récemment indiqué le Handelsblatt sur la base de ses propres recherches. Les chiffres provenant d'États importants comme la Virginie, la Géorgie et l'Oklahoma témoignent de l'intérêt croissant - et l'Allemagne est à la traîne. (st)

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lundi, 31 mai 2021

Puissance économique et dynamisme civilisationnel...

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Puissance économique et dynamisme civilisationnel...

par Philippe Conrad

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Conrad, cueilli sur le site de l'Institut Iliade et consacré à la question de la puissance économique.

Agrégé d'histoire et professeur à l’École de guerre, successeur de Dominique Venner à la tête de la Nouvelle revue d'histoire, Philippe Conrad est l'auteur de nombreux ouvrages dont Histoire de la Reconquista (PUF, 1999), Le Poids des armes : Guerre et conflits de 1900 à 1945 (PUF, 2004), 1914 : La guerre n'aura pas lieu (Genèse, 2014) et dernièrement  Al-Andalus - L’imposture du «paradis multiculturel» (La Nouvelle Librairie, 2020).

Puissance économique et dynamisme civilisationnel

L’homme européen tel qu’il s’est défini au fil des siècles est un créateur de richesses et de puissance économique. Il convient de renouer avec cette vocation à l’heure où s’affirment de nouveaux compétiteurs, notamment en Asie.

La crise de civilisation que traverse aujourd’hui notre Europe a conduit légitimement à remettre en question l’hégémonie exercée depuis deux siècles par les valeurs économiques. Le libéralisme et le marxisme – qui ont longtemps dominé le paysage idéologique – ont en effet favorisé et justifié l’émergence d’un homo economicus réduit au rang de simple consommateur et oublieux des dimensions morales ou esthétiques qui prévalaient dans les sociétés traditionnelles.

Le rejet du processus mortifère qui s’est ainsi engagé a naturellement conduit à une remise en cause de la primauté accordée à l’économie et à la critique d’une « société marchande » au sein de laquelle l’hypertrophie de la « troisième fonction » se serait opérée au détriment des fonctions de souveraineté et de défense, traditionnellement dominantes. Une critique largement fondée, mais qui ne doit pas occulter le fait que notre monde européen n’a pu réaliser l’ascension historique que nous connaissons qu’au prix d’une réussite économique indispensable à son développement.

Des cathédrales qu’il faut bien financer !

C’est vrai au lendemain de l’an mil quand, après les siècles sombres du Haut Moyen Âge qui ont suivi l’effondrement de la Pax Romana, l’Occident latin connaît un réveil spectaculaire, première étape d’une montée en puissance qui va le conduire, huit siècles plus tard, à la maîtrise du monde.

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Le dynamisme démographique retrouvé, l’ampleur des grands défrichements, l’apparition de nouvelles techniques agricoles, la renaissance urbaine et celle du grand commerce préparent l’émergence des grands États dynastiques et la projection d’une Europe demeurée longtemps soumise aux pressions barbares successives vers l’espace méditerranéen, ce que confirment l’aventure des croisades de Terre Sainte et les progrès de la Reconquista ibérique.

Dans le même temps, l’Europe « se couvre d’un blanc manteau d’églises », développe ses écoles monastiques qui récupèrent l’héritage antique, voit naître ses Universités et lance vers le ciel les flèches de ses cathédrales gothiques, prélude à l’essor, dans les cités industrieuses d’Italie ou de Flandre, à ce qui deviendra la flamme de la Renaissance.

L’Europe désenclave le monde…

Après les temps de peste et de crises des XIVe-XVe siècles, l’essor économique est bridé par la famine monétaire liée aux limites que rencontre la production des métaux précieux. Ce sont les progrès en matière de technique navale et le souci de contourner le nouvel obstacle ottoman, afin de renouer avec les routes du grand commerce naguère établies avec l’Orient, qui conduisent Portugais et Espagnols sur les voies maritimes. Elles vont rapidement permettre de réaliser le premier désenclavement du monde, au profit de la péninsule européenne de l’immense bloc eurasiatique.

Les nouvelles routes du commerce et les nouvelles ressources en métal précieux qu’offre le Nouveau Monde engendrent alors une phase de croissance séculaire, qui voit Lisbonne, Séville, Amsterdam et Londres se succéder – dans le rôle de ville-monde chère à Fernand Braudel – à la République des doges, maîtresse pendant plusieurs siècles de l’espace méditerranéen. Capitalisme commercial et commerce colonial contribuent au renforcement économique et politique d’une Europe qui impose toujours plus sa marque sur le monde à travers son hégémonie navale et les voyages de découverte qui lui permettent, en l’espace de trois siècles, de s’approprier le monde.

Une position désormais dominante, relayée et complétée, à partir du XVIIIe siècle, par le développement de la révolution industrielle, née en Angleterre mais diffusée ensuite dans tous les grands états du continent. Une révolution industrielle qui va de pair avec une nouvelle lecture du monde inspirée par l’esprit des Lumières. La croissance économique qui s’en suit et la prospérité grandissante que connaissent alors le vieux continent et son excroissance nord-américaine garantissent la mainmise sur la planète et ses ressources, en même temps que la domination des « puissances » qui décident du sort du monde jusqu’au XXe siècle.

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L’impératif de la puissance économique

Cette situation est aujourd’hui remise en cause par l’apparition de nouveaux compétiteurs, notamment en Asie. La maîtrise des techniques et les capacités d’innovation qui ont garanti pendant longtemps l’hégémonie européenne ne sont plus désormais l’apanage exclusif de nos sociétés. Les mondes nouveaux aujourd’hui en gestation, parfois avides de revanche, entendent bien se doter des armes qui ont fait le succès des puissances occidentales de naguère.

Il apparaît donc évident que les tentations diverses poussant à sous-estimer la part de l’économie dans la prospérité des peuples et dans leur niveau de civilisation ne doivent pas faire illusion, même s’il est légitime de fixer à la production de richesses et à la satisfaction des besoins matériels des populations des objectifs et des limites qui permettent de ne pas remettre en cause les grands équilibres environnementaux et humains. Le but assigné à l’économie ne peut en effet se résumer à la fabrication de l’homo consumans et de l’homo festivus, chers à certains de nos contemporains mais oublieux de nos fondamentaux anthropologiques.

L’histoire nous apprend que l’homme européen tel qu’il s’est défini au fil des siècles, dans son action, dans son imaginaire et dans sa vie spirituelle, a toujours su susciter la puissance économique tout en la soumettant à des vues plus hautes.

Philippe Conrad (Institut Iliade, mai 2020)

18:26 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, puissance industrielle, industrie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 19 avril 2021

Une Europe qui protège son économie par des écluses douanières

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Une Europe qui protège son économie par des écluses douanières

par LIGNE DROITE

L’Europe bruxelloise, en supprimant tous les obstacles aux échanges commerciaux entre l’Union et le monde extérieur, a exposé les entreprises européennes à une concurrence sauvage et déloyale. Ce faisant, elle a provoqué des délocalisations en grand nombre, créé un chômage de masse et initié un processus d’appauvrissement des Européens. Ligne droite considère en conséquence que la nouvelle Union doit suivre une voie inverse et mener une politique commerciale combative fondée sur une régulation des échanges commerciaux à ses frontières.

L’Europe bruxelloise, le bon élève de la classe mondialiste

Depuis 1974, l’organisation bruxelloise s’est engagée dans l’abaissement progressif des droits de douane extérieurs et dans la suppression de tous les obstacles aux échanges. Elle a ainsi tourné le dos à la philosophie première du Marché commun qui prévoyait un tarif extérieur commun et même, comme en matière agricole, le principe de la préférence communautaire. Le marché créé entre les pays d’Europe est dès lors devenu sous la pression britannique un marché ouvert totalement soumis aux vents dévastateurs de la concurrence sauvage venue des quatre coins du monde.

Cette politique a été menée de surcroît avec une naïveté totale. Contrairement aux Américains par exemple, qui multiplient les entorses aux règles de libre-échange pour protéger au mieux leur appareil de production, les eurocrates n’ont de leur côté qu’un objectif : être le meilleur élève de la classe mondialiste. Le fait que M. Lamy ait pu, après son mandat de commissaire européen au commerce, être nommé directeur général de l’OMC en dit long à cet égard. Car qui peut croire qu’un commissaire qui aurait défendu avec âpreté les intérêts commerciaux de l’Europe aurait pu être choisi ensuite pour diriger l’instance censée gérer le commerce mondial ?

Cette politique laxiste, déterminée non par le souci de bien défendre les intérêts européens, mais par celui d’appliquer au mieux l’idéologie libre-échangiste, a produit des effets catastrophiques. Elle a provoqué un décrochage économique de l’Europe, qui l’a amenée à perdre des pans entiers de son industrie et à se faire distancer techniquement et commercialement dans de nombreux domaines de pointe.

Une politique commerciale combative

Aussi faut-il tirer les leçons de ces errements et mettre un terme à cette funeste politique de dérégulation. Ligne droite considère donc que la nouvelle Union qu’elle appelle de ses vœux doit rompre avec le laxisme actuel pour mener une politique commerciale combative fondée sur le principe de la régulation des échanges aux frontières du continent.

À cet égard la nouvelle Union devrait commencer par utiliser toutes les dispositions prévues dans les traités commerciaux et dans la réglementation de l’OMC pour multiplier les procédures de sauvegarde et ouvrir tous les contentieux possibles contre les pratiques commerciales jugées déloyales.

Au-delà, l’Europe devrait proposer à ses partenaires mondiaux l’ouverture de nouvelles négociations commerciales afin de refonder les principes du commerce mondial. Elle devrait dans ce contexte plaider pour un retour à la régulation et pour la création d’écluses douanières destinées à compenser les différences de salaire, de réglementation sociale et environnementale ainsi que celles liées à la sous-évaluation de certaines monnaies. Les négociations du cycle de Doha ayant échoué il y a plus d’une décennie, l’Union pourrait demander l’arrêt définitif de ce type de processus et l’ouverture d’un nouveau cycle portant cette fois sur une régulation contrôlée par l’OMC.

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Une régulation du commerce mondial

Devant le refus prévisible d’une telle refondation, l’Union devrait alors prendre les moyens de l’imposer. N’oublions pas que l’Europe est la première puissance commerciale du monde et que rien dans ce domaine ne peut se faire sans elle. Là où la France seule aurait été acculée à céder, l’Europe serait en position de faire céder ses partenaires. Pour faire prévaloir ses vues, elle devrait donc prendre l’initiative de rétablir unilatéralement une barrière douanière à ses frontières. Cette attitude de transgression délibérée provoquerait à n’en pas douter des mises en demeure de l’OMC que l’Europe devrait ignorer complètement. Elle entraînerait aussi des représailles de la part de ses partenaires commerciaux qui décideraient de leur côté d’imposer des droits de douane sur les produits européens. Ce faisant, c’est l’ensemble du dispositif libre-échangiste qui se trouverait déstabilisé. Mais, au bout d’une période incertaine et peut-être un peu chaotique de représailles et de contre-représailles, gageons que les grands acteurs du commerce mondial tomberaient vite d’accord pour ouvrir des négociations destinées à remettre de l’ordre dans le système commercial international. Des discussions qui ne pourraient alors qu’aboutir au principe d’une régulation raisonnable et contrôlée sur un plan multilatéral par l’OMC.

Vers la réindustrialisation du continent

Une telle évolution conduirait alors beaucoup d’acteurs du commerce mondial à changer de perspective. Gageons qu’un pays comme la Chine, par exemple, en tirerait la conséquence qu’il lui faut dorénavant se tourner vers un modèle de développement davantage axé sur la consommation intérieure que sur l’exportation à tout-va.

L’Europe de son côté pourrait entreprendre un processus de relocalisation et de réindustrialisation qui conduirait à une réduction du chômage, une amélioration de la croissance et à plus de prospérité pour les Européens.

L’Europe peut et doit imposer la régulation du commerce mondial.

Ligne Droite.

• D’abord mis en ligne sur le site Ligne Droite.

samedi, 28 mars 2020

La politique industrielle après le Coronavirus

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La politique industrielle après le Coronavirus

par Nadine Levratto

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

 
La crise sanitaire nous aura appris quelque chose. Les chaînes globales de commodités (1), de valeur et autres réseaux de production globaux sont des colosses aux pieds d’argile dont la sensibilité aux chocs appelle un changement de modèle de production.

Dès les premiers signes de ralentissement économique en Chine au mois de janvier, la presse française a rendu compte des risques pour les entreprises des autres pays, tout en soulignant que les stocks devraient suffire pour traverser la crise. De fait, dès le début du pic de l’épidémie, 80 % des entreprises américaines implantées dans l’est de la Chine déclaraient ne plus avoir suffisamment d’ouvriers pour faire tourner normalement leurs lignes de production, mises à mal par le prolongement des congés du nouvel an chinois. La Harvard Business Review mentionnait qu’avec une diminution de 20 % du nombre de départs des ports chinois, le risque d’interruption d’activité des entreprises françaises serait une réalité dès la mi-mars. Le cabinet Euler Hermès a également attiré l’attention sur la mise à l’arrêt de certains sites, ainsi que sur l’apparition de goulots d’étranglement pour le transport de marchandises à l’entrée et à la sortie de la Chine, qui risquaient de pénaliser l’industrie européenne.

Ces prévisions se sont avérées exactes. A partir du 10 mars, les fermetures de sites de production font la une des journaux. La baisse de l’activité est également lisible dans la diminution de la consommation d’électricité, inférieure de 10 à 25 % aux niveaux habituels à la même période.

Trois révélations

La plus spectaculaire des révélations concerne le niveau – terrible – de dépendance des industriels et consommateurs européens à la production hors Europe, tout particulièrement la production chinoise. Cette forme d’organisation de l’économie repose sur des activités de production dispersées à l’échelle mondiale, stratégie guidée par une focalisation marquée sur les grandes entreprises et leur performance financière. Elle attise la concurrence entre les différents sites mondiaux à travers l’investissement direct, la sous-traitance et l’externalisation de l’approvisionnement.

La crise liée au Covid-19 met ensuite en relief les effets négatifs des délocalisations et de l’essor de la sous-traitance. Celles-ci, motivées par la recherche de gains d’efficacité, sont à l’origine de nombreuses pertes d’emplois industriels, non compensées par les créations d’emplois dans les services au cours des trente dernières années. Cette déstructuration du tissu économique a aggravé les pertes de compétences locales et accentué la fragilité de l’industrie européenne. On se retrouve au point où le Ministre de l’économie Bruno Le Maire se dit prêt à aller jusqu’à nationaliser des entreprises pour « protéger notre patrimoine industriel ». Ce revirement idéologique n’est pas spécifique à la France : le gouvernement italien envisage de débloquer 600 millions d’euros pour sauver le secteur aérien, en vertu d’une clause exceptionnelle de « calamité naturelle ».

L’industrie se révèle ainsi de plus en plus dépendante du transport et de la logistique, qui génèrent d’importants dommages environnementaux

Cette crise met enfin en lumière l’asservissement de l’industrie aux secteurs de la logistique et des transports de marchandises, générateurs de multiples dommages environnementaux. Le recul de l’industrie en France et plus généralement en Europe, combinée à la réduction des stocks résultant de la généralisation des techniques de lean management et de juste-à-temps ont intensifié les flux d’échanges entre les pays producteurs et les pays assembleurs ou utilisateurs. L’industrie se révèle ainsi de plus en plus dépendante du transport et de la logistique, qui ont été totalement intégrés aux chaînes d’approvisionnement et sont désormais générateurs de valeur ajoutée. Les cartes comparant les niveaux actuels de pollution (très faibles) à ceux de la même période l’an passé, mettent bien en évidence la contribution au changement climatique de ce mode d’organisation du système productif. 

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Le retour de l’État stratège ?

Cette combinaison de crise sanitaire et de crise économique remet au goût du jour un principe déjà esquissé à l’époque de l’épidémie du SRAS : celui de l’Etat stratège. Le moment est peut-être propice à la réactivation du décret dit Montebourg de 2014, jamais utilisé, qui avait élargi le champ d’application d’un décret de Dominique de Villepin de 2005 soumettant certains investissements étrangers en France à l’autorisation préalable de l’Etat. Les secteurs de la défense, de la santé, de l’eau, de l’énergie, des transports et des télécoms, sévèrement touchés par les difficultés actuelles, faisaient déjà partie de la liste. La loi Pacte en 2019 l’a étendue à la production de semi-conducteurs, au secteur spatial, aux drones et, s’ils sont en lien avec la sécurité nationale, l’intelligence artificielle, la cybersécurité, la robotique et le stockage de données. L’Etat doit encore définir ce qu’est une entreprise indispensable à notre économie, à en dresser la liste et à définir un cadre pour renforcer leurs fonds propres par le biais d’un organisme ou une agence nationale.

Le rêve d’une France sans usine a montré ses limites et ses dangers

La crise engage également à renouveler la réflexion sur l’organisation spatiale du secteur productif de manière à rapprocher les lieux de production des lieux de consommation, celle des individus (consommation finale) comme celle des entreprises (consommation intermédiaire). Avant la crise financière de 2008, les territoires dominés par l’économie résidentielle1 tiraient mieux leur épingle du jeu que les territoires industriels. Mais la dernière décennie a révélé que les territoires qui ont su préserver une activité industrielle étaient plus dynamiques et créateurs d’emplois que ceux qui se sont spécialisés dans les services, plus encore quand il s’agit de services aux ménages. Le rêve d’une France sans usine a montré ses limites et ses dangers.

Réhabiliter l’industrie

La réhabilitation de l’industrie est devenue un enjeu par le potentiel de création d’emplois directs et indirects qu’elle recèle, son rôle clé dans la compétitivité nationale et sa place centrale dans les dynamiques territoriales. Favoriser la relocalisation de la production et rapprocher lieux de production et de consommation des biens est nécessaire à la transition écologique.

Une réflexion doit s’engager sur les manières de réimplanter des activités productives dans les territoires urbains

Pour cela, il est essentiel de structurer la réflexion sur les conditions de la présence des activités de production dans les territoires urbains. Il faut également définir les formes industrielles – au sens large – compatibles avec cette réorganisation des espaces économiques2. Le concept de ville productive3, qui trouve son illustration dans certains quartiers de Bruxelles, les banlieues sud et est de Lyon, Flers en Normandie ou des territoires comme Grand-Orly Seine Bièvre, invite à regarder la manière dont des territoires s’y prennent pour réimplanter des activités de production en milieu urbain.

Les accidents tels que l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen ont montré que le retour d’activités industrielles concentrées correspondant au modèle de production de masse n’est plus envisageable. Cependant, les nouveaux modes d’organisation de la production rendent possible la présence d’activités de fabrication, de maintenance et de services liés à l’industrie dans les milieux urbains. Cela marquerait le retour du tissu productif en ville, un enjeu important pour tous les territoires urbains, notamment en termes d’emplois. 
 

00:28 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, industrie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 19 juillet 2014

Les patronats français et allemand font front commun contre les Etats-Unis

Les patronats français et allemand font front commun contre les Etats-Unis

Ex: http://fortune.fdesouche.com

Les “patrons des patrons” français et allemand côte à côte

Les patronats français et allemand montent au créneau contre les Etats-Unis, qu’ils soupçonnent de distorsion de concurrence dans plusieurs dossiers.


Une semaine après l’amende de 8,9 milliards de dollars infligée à BNP Paribas par les autorités américaines, qui l’accusent d’avoir violé des embargos, le Medef et la Fédération de l’industrie allemande (BDI) craignent un affaiblissement des banques européennes.

« D’un point de vue philosophique, et de l’organisation du dollar et de l’euro, je crois qu’il y a de vraies questions qu’il faut évoquer rapidement pour éviter d’affaiblir tout un système bancaire européen », a déclaré hier Pierre Gattaz, président du Medef, aux « Echos » et à la « Frankfurter Allgemeine Zeitung ». « Il faudrait que la Commission européenne ait une vision sur le sujet assez vite. »

Alors que Deutsche Bank et ­Commerzbank sont aussi visés par la justice américaine, le BDI s’inquiète pour l’indépendance de ces instituts. « Il serait inadmissible que les Etats-Unis affaiblissent le système financier européen pour ensuite acheter des banques européennes », souligne Ulrich Grillo. « Il faut réguler les banques de manière appropriée mais il ne faut pas une régulation excessive car il y a une compétition entre banques », a ajouté le patron des patrons allemands. Tous deux critiquent le projet de taxe sur les transactions financières soutenu par Paris et Berlin.

Le président du BDI voit une autre perversité dans les relations transatlantiques«: le dispositif permettant aux entreprises américaines de placer leur cash à l’étranger sans être obligées de le fiscaliser. Ce mécanisme profite, notamment, à General Electric, qui vient d’annoncer l’achat pour 12,35 milliards d’euros des activités énergie d’Alstom. L’offre de son rival allemand Siemens, allié au japonais Mitsubishi, a été rejetée par le conseil du groupe français.

« Cette opération pose une question en termes de droit fiscal mondial », estime Ulrich Grillo. « De plus en plus d’entreprises américaines emploient cet argent non imposé pour réaliser des acquisitions à des montants incroyables. Pour moi, c’est une distorsion de concurrence très nette : quand j’achète une entreprise, si je n’ai pas payé d’impôt, je peux payer des prix 30 % à 40 % plus élevés », dit-il.

Outre l’achat des actifs d’Alstom par GE, le laboratoire pharmaceutique Pfizer a annoncé dernièrement l’achat du britannique AstraZeneca pour 116 milliards de dollars.

« Les entreprises américaines sont assises sur 900 milliards d’euros pour faire leurs emplettes », s’inquiète le patron allemand. Il espère que le G20, présidé cette année par l’Allemagne, se penchera sur le dossier. « Cela peut conférer une force à tous les grands optimisateurs américains qui peuvent en effet acheter beaucoup plus facilement des sociétés européennes à des prix plus importants, et donc dans des conditions d’égalité différentes », abonde Pierre Gattaz.

Pour les deux leaders patronaux, ces dossiers ne doivent pas faire échouer les négociations sur le traité de libre-échange transatlantique (TTIP), qu’ils continuent à soutenir malgré ces tensions et les réserves de la société civile. Les Etats-Unis ont souhaité sortir les banques des négociations, comme l’Europe a retiré les produits culturels. Mais la France et l’Allemagne doivent exploiter ensemble leur influence pour peser sur le débat, estiment-ils.

D’autant plus que ces dossiers interviennent dans un contexte de concurrence accrue entre les industries européennes et américaines. Celle-ci s’observe dans le secteur énergétique, avec les gaz de schiste dont l’exploitation est permise outre-Atlantique, dans le secteur financier, avec les risques d’amendes contre les banques et l’optimisation fiscale, dans la technologie et le numérique avec la position dominante de Google ou les méthodes de l’Agence américaine de renseignement (NSA)…

« Dans une telle situation, il faut se défendre ensemble, entre Européens », insiste Ulrich Grillo. « Un pays seul ne peut y arriver. »

Les Echos

dimanche, 16 février 2014

Quel avenir pour notre industrie?

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Quel avenir pour notre industrie?

Nous ne serons pas sauvés par la seule innovation

Philippe Berthier
Ex: http://metamag.fr

La crise économique dure, mettant à mal notre modèle économique et social. Beaucoup d'hommes politiques et de journalistes focalisés sur le court terme ne comprennent pas la situation. Ils ne voient pas que nous vivons un choc pétrolier mou. Par rapport aux vingt années de contre-choc pétrolier (1986-2006), une quarantaine de milliards d'euros sortent chaque année du circuit économique.

Ignorant la contrainte physique, beaucoup imaginent le retour de la croissance. Comme si la croissance était un phénomène météorologique : on ne peut prévoir la pluie, mais on sait qu'elle reviendra. Les journalistes adorent cette attitude qui leur permet d’écrire une foule de papiers parfaitement creux. Ces derniers temps, on se réjouissait par exemple, du maintien des investissements étrangers en France, sans se rendre compte que la France exportait la même masse de capitaux et que les investissements en question concernaient plus la distribution que la production.

Les plus conscients des hommes politiques ont compris que la croissance reposait sur le progrès technique. Deux comportements apparaissent alors : le premier reste attaché à cette imprévisibilité : on ne sait pas ce que la science nous donnera, on ne peut pas prévoir l'avenir. Il est vrai qu'un certain nombre de progrès sont dus au hasard, la découverte de l'aspartame ou le passage d'internet du monde de la recherche à la ménagère de moins cinquante ans par exemple. Peut-on faire reposer l'avenir de nos enfants sur le hasard ? Epuisons alors les dernières réserves de pétrole, on trouvera bien une solution à temps. Ce propos choquant est pourtant la politique officielle de l'Europe de Bruxelles, qui ne prévoit pas de diminution de la consommation d'hydrocarbures en Europe. . Cette attitude a eu un précédent historique : l''espoir des derniers partisans de l'Axe dans les armes nouvelles à la fin de la guerre 39-45. La technique ne les a pas sauvés.

Les vrais hommes politiques, sont ceux qui ont compris que les tournants techniques ne sortent plus de quelques individus au hasard, mais qu'ils proviennent de plans de développement structurés et d'investissements. C'est comme cela que l'on a bâti le monde industriel. S'il y a des Bill Gates et des Steeve Jobs, c'est aussi parce qu'il existe une industrie des microprocesseurs

L'automne dernier, le tandem Hollande-Montebourg a prévu d'engager environ 3 milliards d'euros (il semble s'agir d'une valeur annuelle comme les autres chiffres de ce texte) dans 34 plans sur 36 initiaux, pour redresser l'industrie française. C'est approximativement la somme qui était affectée au crédit impôt recherche. Ces plans concernent quatre domaines : énergie, transport, information et matériaux.  La valeurs ajoutée, c'est à dire le flux monétaire provoqué par la réussite de ces plans serait de l'ordre de 45 milliards d'euros. Même si seulement la moitié des plans réussissait, l’investissement de l'état aura été judicieux. Mais en aucun cas les produits de l'innovation nous permettrait d'effacer la crise pétrolière, qui est un poids du même ordre, ni de faire face au choc démographique du vieillissement qui nécessite de trouver 20 milliards d'euros supplémentaires en 2020 et 100 en 2040. Le nombre d'emplois créés : 480 000, ne remplacerait même pas les 750 000 perdus dans l'industrie ces dix dernières années.

Sauf apport extérieur, comme un progrès en Asie sur le coût des batteries, il est donc impossible que nous puissions sauver notre économie par la seule innovation. Pour sauver notre industrie et notre économie, compte-tenu des sommes nécessaires, il faut donc compter sur nous mêmes : TVA sociale ou contribution sociale sur les importations : 7 à 15 milliards d'euros, retour aux 37 ou aux 39 heures : peut-être jusqu'à 40 milliards d'euros, réduire de moitié nos achats de voitures allemandes : une dizaine de milliards d'euros. Arrêter le rachat de l'électricité du photovoltaïque et de l'éolien offshore (6 milliards d'euros de surcoût en 2020) etc. Le redressement sera difficile et nous obligera à sortir du politiquement correct.

samedi, 06 novembre 2010

Les robinets de matières premières se fermeront-ils?

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Michael WIESBERG :

 

Les robinets de matières premières se fermeront-ils ?

 

Bon nombre d’indices nous signalent que la Chine est actuellement sur la bonne voie pour détricoter les règles du jeu qui régissent le processus de globalisation, règles aujourd’hui toujours dominées par les Etats-Unis. Son objectif ? Reprendre à son compte le rôle de chef d’orchestre international pour promouvoir son propre modèle de capitalisme.

 

Les exemples les plus récents dans ce conflit : 1) la querelle concernant le dumping monétaire pratiqué par les Chinois et, plus récemment encore, 2) la politique chinoise de diminuer drastiquement l’exportation de minerais critiques (de terres rares) qui sont d’une importance vitale surtout pour l’industrie occidentale des hautes technologies. En ce domaine, la Chine détient une position dominante sur le marché parce qu’elle extrait 95% de ces minerais critiques (terres rares). La Chine limite depuis environ trois ans ses exportations, ce qui pousse les industries occidentales vers des goulots d’étranglement, comme on le ressent actuellement en Allemagne. D’après le site « Spiegel-Online », certaines firmes allemandes cessent de recevoir les métaux nécessaires pour la production de hautes technologies.

 

En menant cette politique de raréfaction de ses exportations de minerais critiques et de terres rares, la Chine vise manifestement à ce que la production de technologies clefs se fasse sur son territoire, comme le subodore, par exemple, le « New-York Times Online » (NYTO).

 

Constituer une « réserve stratégique »

 

Pour bon nombre d’observateurs, cette thèse du NYTO se révèle caduque et ne reflète que la plainte émise par des entreprises occidentales, d’avoir été discriminées en Chine au profit de firmes nationales chinoises. C’est là un argument assez faible contre l’hypothèse posée par le NYTO. Quoi qu’il en soit : la raison fondamentale qui explique cette polémique vient probablement du fait que la Chine cherche à se constituer une « réserve stratégique » qui lui permettrait de contrôler le marché des minerais critiques et des terres rares, pour lequel la concurrence est âpre et l’enjeu stratégique très important.

 

Les activités déployées par la Chine en Afrique confirment par ailleurs la thèse du NYTO, surtout dans une région ravagée par la guerre comme le Congo, où l’on exploite le manganèse, divers autres minerais, les sels potassiques et le phosphate. Tandis que l’UE aborde le problème congolais en termes de ratiocinations oiseuses et de thématiques « humanitaires », les Chinois, qui n’ont cure de tout cela, se sont depuis assez longtemps déjà assurés de droits d’exploitation. Il n’y a donc aucun doute : la Chine a reconnu le talon d’Achille de l’Occident et ce talon d’Achille, entre autres faiblesses, est le goulot d’étranglement que constitue l’obtention de minerais critiques et de terres rares pour les Etats occidentaux industrialisés. La Chine joue désormais ses atouts en ce domaine, en toute bonne conscience.

 

« Nous sommes menacés par plusieurs goulots d’étranglement »

 

Si les Chinois ne modifient pas leur politique actuelle, les Etats industrialisés de l’Occident, et donc aussi l’Allemagne, se retrouveront dans une situation fort désagréable.  « Nous sommes menacés de dangereux goulots d’étranglement », a expliqué le géologue Peter Buchholz, attaché à l’Institut Fédéral allemand des Sciences géographiques et des Matières premières (« Bundesanstalt für Geowissenschaften und Rohstoffe », BGR), sur le site « Spiegel-Online ». La fabrication d’un grand nombre de produits électroniques, dont les ordinateurs et les moniteurs informatiques, les accus, les téléphones portables, certains biens d’équipement civils et militaires, les semi-conducteurs, etc. pourrait s’interrompre, si aucun nouveau fournisseur de minerais critiques  ou de terres rares ne se présente dans des délais prévisibles.

 

Petit à petit, le gouvernement fédéral allemand se rend compte qu’il y a urgence à agir, mais autrement que dans le cadre conventionnel des « missions pour les droits de l’homme et la dignité de chaque personne humaine » qui structure depuis longtemps l’action gouvernementale de la RFA ; c’est ce que l’on peut lire, par exemple, dans un dépliant de Günter Nooke, qui fut jusqu’en mars 2010, le chargé d’affaires de la politique des droits de l’homme et de l’aide humanitaire du gouvernement fédéral allemand.

 

Nous dépendons pour près de 100% de la Chine

 

La Russie est la seule puissance capable de nous aider ; mais, en déployant des activités similaires aux Etats-Unis, en Australie ou en Afrique du Sud, nous pouvons espérer améliorer notre situation. Le plus grand espoir actuel, nous le plaçons dans la région de Kvanefjeld au Groenland, où l’on pourrait, paraît-il, extraire chaque année jusqu’à 100.000 tonnes de minerais critiques et/ou de terres rares. C’est en tous cas ce que nous laissent miroiter les pronostics les plus prometteurs. Cependant, l’extraction proprement dite ne pourrait démarrer au plus tôt qu’en 2015.

 

Mais que se passera-t-il d’ici là ? D’ici à ce que les espoirs placés dans le site groenlandais deviennent réalité ? Jusqu’à la fin de l’année 2011, nous explique Peter Buchholz, l’Allemagne restera à près de 100% dépendante du bon vouloir de la Chine en ce qui concerne les minerais critiques. Tout esprit rationnel peut déplorer que le gouvernement de la RFA ne réagit que maintenant, alors que ce processus de dépendance est à l’œuvre depuis assez longtemps. Evidemment, les « missions pour la dignité de chaque personne humaine » avait pris quasiment 100%  du temps de nos excellences politiciennes.

 

Michael WIESBERG.

(article tiré du site http://www.jungefreiheit.de/ - 25 octobre 2010).   

dimanche, 29 novembre 2009

Our Chief Industry: War

war_industry_.jpgOur Chief Industry: War

By Justin Raimondo / From: http://original.antiwar.com/

We often hear the complaint that America doesn’t make anything anymore: that is, our economy seems driven not by producing actual things, but utterly intangible creations such as credit default swaps and securitized sub-prime mortgages. Our once-bustling factories are rusted relics. Entire industries have collapsed. Ghost towns have sprung up where cities once thrived, like mushrooms sprouting in a cemetery. Baffled Americans, who – mistaking debt for wealth – thought they lived in the wealthiest country in the world, struggle to define what is happening. Old words like "correction," contraction," and "recession" give way to talk of a second Great Depression, and, in this context, the question "What does America make anymore?" is raised with renewed vigor.

While our factories have long since moved abroad, where wages are lower and regulation is lax, and our crippled industries are in Dr. Obama’s economic intensive care unit, on life support and awaiting last rites, America’s number-one export – representing, by far, our single largest capital investment – is our overseas military presence. What Chalmers Johnson referred to as our "empire of bases" is the framework of an international economic system in which the division of labor is roughly as follows: while Asia is the factory of the world, South America the farmland, and Europe increasingly a theme park/museum, the U.S. role is that of world gendarme.

What do you mean we don’t make anything? What about wars? We make plenty of those: Iraq, Afghanistan, and now Pakistan and perhaps Iran – the Globo-Cop business is booming.

Before the big crash of 2008, you’ll recall, in the glory days of the bubble years, our elites were all atwitter with a vague, glowing vision of the new economic reality, which touted the alleged benefits of "globalization." More than just the traditional free-market prescription of free trade, this concept envisioned extending the reach and influence of Western finance capital over the entire globe. At the end of this road – at "the end of history," as Francis Fukuyama famously put it – we would fall into the all-encompassing embrace of the emerging world state and live happily ever after.

This ever-upward-and-onward Panglossian view, which identified growing Western domination of the global economy with the march of progress itself, was the underlying rationale of an increasingly aggressive policy of U.S. military and political intervention worldwide. We said we were fighting for civilization as we bombed some of the oldest cities in Balkans, and when" humanitarian" interventionism gave way to a more Roman concept of America’s role in the world – the dividing line being, roughly, 9/11/01 – still we invoked the defense of universal values as the ultimate justification for occupation and mass murder. We unhesitatingly identified ourselves and our interests with the advent of modernity and took up the old Kiplingesque burden of empire with alacrity.

This kind of hubris, however, has since gone out of fashion. The trauma of Iraq and an economic downturn have tamped down our crusading fever; a new appeal is needed in order to buttress the global economic and political order our ruling elites once thought they had in their grasp. At a time when the whole rationale for our endless "war on terrorism" is being challenged, a more pragmatic course is called for.

As Republicans resist the extensive new social programs advanced by the Obama administration, including healthcare as yet another entitlement, and popular awareness of the national debt reaches new heights of anxiety, there is one way out: more spending on the military. Here is a measure the thoroughly neoconized Republicans can support wholeheartedly – especially if the money is being spent in their districts. This satisfies White House strategists, who seek a way out of a growing political impasse, and also the economic gurus at Obama’s ear, who believe government spending can create new jobs and kick-start the economy.

These economic geniuses are the latter-day followers of John Maynard Keynes, an economist who believed we could end unemployment and fight our way out of economic malaise by having the government hire workers to dig ditches and then fill them back up again. They didn’t necessarily have to produce anything of value, as long as they went through the motions. All government has to do is "prime the pump," and this will set in motion a process ending in full employment. You can build hospitals or pyramids, it doesn’t matter; military spending will do. In this scenario, we are back to when James Baker was asked to justify the first Gulf war, and he replied, "Jobs, jobs, jobs."

Anything to rev the "economic engine" and otherwise conflate an overused metaphor with a rather more complex reality.

The Obama administration, the Federal Reserve, and the titans of Big Business and Big Labor all face a common problem: how to re-inflate the economic bubble that burst with such a loud bang last year. So far, nothing has worked. The more they pump the economy full of air – i.e., rapidly depreciating dollars – the faster it seems to deflate. The various "stimuli" applied to the patient seem to wear off quickly. The one politically feasible "solution" to this problem is bipartisan support for greatly increased military operations worldwide. What better stimulus than a foreign policy of perpetual war?

In the heyday of the American Imperium, the deal with our vassals was this: we provided a market for their cheap imports and agreed to keep trade barriers down – as long as they took our side and, in many cases, allowed a substantial U.S. military presence on their soil. Yet this system was unsustainable. The problem with having a worldwide empire, as Garet Garrett, the mid-20th-century conservative critic of globalism, put it, is that "everything goes out and nothing comes in."

What the American empire, at its height, aspired to was the creation of a de facto world state [.pdf], with Washington as its capital. What this nascent global government lacked, however, were the two essential items in any government’s toolbox:

(1) The power to levy taxes. Earlier empires exacted tribute from their vassals, but in the American empire the exact opposite principle holds sway: our vassals exact tribute from us, in the form of "foreign aid," including massive military aid.

(2) A central bank, in this case a world central bank, with the power to monetize government debt and re-inflate the economic bubble on a world scale, regulating and "fine-tuning" a fully globalized economy.

As it is, the whole system rests on massive U.S. government debt. In exchange for policing the globe and keeping the "peace," our rulers depend on foreigners buying U.S. debt securities. This is the Achilles heel of the American giant.

As we await Obama’s decision on how many fresh troops to send to the Afghan front, a grand compromise is in the making. Its terms will be as follows: the GOP, for ideological reasons, gives critical support to Obama’s foreign policy initiatives, particularly when it comes to Afghanistan and Pakistan, while the Democratic majority pushes through successive economic stimuli, including generous handouts to their various constituencies: Wall Street, the unions, and the growing underclass. The twin engines of the Keynesian perpetual motion machine will thus be kept whirring – until the bill comes due.

NOTES IN THE MARGIN

I’ve been contributing regularly to The Hill in the form of brief comments on "The Big Question" of the day. Yesterday’s topic: "Which issue will be more important to voters in 2010 – the deficit or jobs?" Here is my answer.

Read more by Justin Raimondo


Article printed from Antiwar.com Original: http://original.antiwar.com

URL to article: http://original.antiwar.com/justin/2009/11/17/our-chief-industry-war/

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