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jeudi, 01 avril 2021

La grande stratégie de Biden est délirante et dangereuse

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La grande stratégie de Biden est délirante et dangereuse

Par Andrew Korybko

Ex : http://oneworld.press/

L'administration Biden continue de promouvoir sa grande stratégie délirante et dangereuse, qui ne sert même pas les intérêts des États-Unis, mais uniquement les intérêts étroits et à court terme d'une certaine partie de son élite économique et politique.

La grande stratégie du président américain Joe Biden est un mélange de signaux hétéroclites, faits de valeurs démocrates et d'agressivité républicaine, ce qui représente in fine une combinaison délirante et dangereuse. Le premier constat est tout simplement attesté parce que cette ‘’grande stratégie’’ et l’administration qui la promeut met l'accent sur les idéaux de la soi-disant "démocratie" et des "droits de l'homme". En témoignent ses campagnes de guerre cognitive contre la Chine et la Russie, guerre cognitive qui repose évidemment sur ces fausses bases. Le second constat, quant à lui, est étayé par ses inlassables tentatives de constituer des alliances pour contenir ces deux pays sous les prétextes habituels, en utilisant la Quadrilatérale, l'OTAN et la nouvelle proposition des États-Unis de créer un concurrent à l'initiative Belt & Road (BRI) de la Chine.

À propos du dernier de ces trois moyens, M. Biden a déclaré à son homologue britannique vendredi après-midi: "J'ai suggéré que nous devrions avoir, essentiellement, une initiative similaire, tirant parti des États démocratiques, aidant ces communautés dans le monde qui, en fait, ont besoin d'aide’’. C'est la définition même du délire pour plusieurs raisons. Premièrement, le développement économique est un faisceau de faits purement apolitique et ne devrait pas aller à l'encontre du choix souverain d'un État de se gouverner de la manière qu'il juge la meilleure. Deuxièmement, pour cette raison et, étant donné son énorme portée et son échelle, l’initiative chinoise BRI n'a pas de concurrents mais seulement des partenaires. Troisièmement, nombre de ces partenaires sont des alliés des États-Unis.

Par exemple, le partenariat économique global régional (RCEP) de novembre dernier a réuni la Chine, l'ANASE, l'Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée en un seul bloc commercial, dont les quatre derniers partenaires ainsi que les Philippines et la Thaïlande (partie prenante de l'ANASE) sont des alliés des Américains. Un mois plus tard, l'accord global sur l'investissement (CAI) entre la Chine et l'UE a vu de nombreux membres de l'OTAN accepter d'étendre leurs liens financiers et autres avec la République populaire. Enfin, la visite du ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi en Asie occidentale la semaine dernière a renforcé les liens économiques de son pays avec les alliés régionaux des États-Unis, comme l'Arabie saoudite.

Malgré les relations croissantes de la Chine avec l'Europe, l'Asie occidentale, l'Asie de l'Est et du Sud-Est - que l'on peut regrouper sous le terme d'Eurasie - les États-Unis pensent toujours qu'ils peuvent retourner certains de ces pays, notamment leurs alliés traditionnels, contre la République populaire. C'est ici que l'illusion devient dangereuse, car le pire scénario d'ingérence américaine pourrait se traduire par de graves dommages économiques infligés à ses soi-disant "alliés". Mais les États-Unis se gobergent tellement dans l'illusion qu'ils ne se soucient vraiment pas des intérêts des autres, ne voient que les leurs, ce qui explique pourquoi ils sont prêts à sacrifier les intérêts de leurs "alliés" au profit de leurs intérêts à somme nulle.

C'est là que réside le principal problème, à savoir l’incompréhensible refus des États-Unis d'accepter l’évidence : en effet, la mentalité agressive à somme nulle, qui est responsable de leur déclin progressif sur la scène internationale, est dépassée, car le nouveau modèle chinois de relations internationales a réussi à remplacer cette philosophie contre-productive par une philosophie ‘’gagnant-gagnant’’. L'administration Biden pensait pouvoir apporter des changements cosmétiques à la politique américaine, comme tonitruer une rhétorique multilatérale pour tenter de se différencier de son prédécesseur, mais la réalité est que rien de significatif n'a changé depuis l'ancien président Trump.

Même les propositions de paix tant vantées de l'administration Biden en Afghanistan et au Yémen sont en train d'échouer : en Afghanistan, c’est déjà l’échec après que Biden a annoncé que les troupes américaines pourraient ne pas se retirer d’ici mai du pays déchiré par la guerre depuis plus de quarante ans, comme son prédécesseur l'avait précédemment convenu, ce qui a incité les talibans à proférer de nouvelles menaces, tandis qu’au Yémen les propositions de Biden n'ont pas réussi à avoir un impact significatif sur la dynamique militaire sur place. En outre, les États-Unis continuent d'occuper illégalement l'Irak et la Syrie, tandis que la Libye reste embourbée dans une instabilité provoquée par les Américains. Toute la rhétorique sur la reprise de la coopération avec les alliés n'est qu'un écran de fumée pour les convaincre de rejoindre les nouvelles coalitions antichinoises et antirusses articulées par les États-Unis.

Heureusement, le monde semble avoir appris quelques leçons au cours des quatre années tumultueuses du mandat de Trump. Les alliés de l'Amérique ne sont plus aussi disposés qu'avant à suivre aveuglément l’exemple américain. Ils ont compris que les États-Unis ne sont pas fiables et qu'ils n'ont pas toujours les intérêts de leurs ‘’alliés’’ en tête. Cela devient de plus en plus évident à mesure que l'administration Biden continue de promouvoir sa grande stratégie délirante et dangereuse, qui ne sert même pas les intérêts propres des États-Unis, mais uniquement les intérêts étroits et à court terme d'un certain segment de son élite économique et politique. La situation ne s'améliorera pour les Américains moyens que si leurs dirigeants adoptent enfin la philosophie du ‘’gagnant-gagnant’’.

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