Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 09 novembre 2022

L'Europe dans l'actualité géopolitique

91fa20892d1d298772e0132ea488c866.jpg

L'Europe dans l'actualité  géopolitique

Par Enric Ravello Barber 

Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2022/11/europa-en-el-momento-geopolitico-actual.html

Les États-Unis, la Chine et la Russie sont les trois principaux acteurs du monde multipolaire, dans lequel la Turquie, l'Iran et la Corée du Nord se consolident en tant que puissances régionales, et l'Argentine, le Brésil et le Royaume-Uni tentent de le faire mais sans succès. L'Europe, qui aurait un rôle majeur à jouer dans un équilibre multipolaire, a un énorme désavantage par rapport à toutes ces puissances majeures et mineures : elle n'existe pas. Tous les acteurs susmentionnés constituent, chacun à leur manière, une unité politique avec un gouvernement central doté d'une capacité de décision unique et finale; l'Europe est un hybride qui reste à définir. L'Union européenne, première puissance commerciale du monde avec le PIB le plus élevé du monde, n'est pas capable de s'articuler comme un acteur unique et autonome. Le défi consiste à consolider un modèle de gestion unique (économique, politique et diplomatique) qui agit à l'échelle du continent et non comme la somme - souvent contradictoire - des intérêts de chacun des pays qui le composent. En d'autres termes, résoudre la dialectique actuelle de sa nature, qui oscille entre être une unité et être une organisation internationale.

Sans une force militaire commune et autonome qui lui serait propre, l'Europe politique (UE) est incapable d'imposer et de défendre ses intérêts au niveau régional et mondial: le conflit en Ukraine en est la dernière preuve. L'OTAN est une organisation dirigée par les États-Unis. Récemment, il a été question que les pays de l'UE puissent avoir plus de pouvoir interne au sein de l'OTAN, pour "équilibrer" le pouvoir de Washington et de l'Europe dans cette organisation militaire, ce qui est vraiment irréaliste.

55674.jpg

Ukraine : une guerre contre l'Europe et l'Allemagne

Dans les années 1970, le géopoliticien autrichien Jordi von Lohausen a souligné que le véritable ennemi des États-Unis était l'Europe et non l'URSS - nous parlons de l'époque du milieu de la guerre froide. L'obsession de Washington serait de réduire l'Europe à une colonie politique et militaire et de détruire ainsi sa civilisation. C'est une constante de la politique de Washington, une constante qui a un dérivé permanent : éviter tout rapprochement entre l'Allemagne et la Russie, car ce serait la synergie qui pourrait créer une puissance continentale capable de défier la domination américaine.

De nombreux analystes ont souligné que la provocation d'une guerre en Ukraine par les États-Unis et leurs terminaux atlantistes dans l'UE vise à détruire tout à la fois l'Allemagne - première puissance économique d'Europe - et la Russie - première puissance militaire d'Europe. Cela provoquera également une crise d'approvisionnement en hydrocarbures sur le continent - dépendant des matières premières russes - qui le plongera dans une profonde crise socio-économique.

Dans cette dynamique, il convient de signaler quelques réactions européennes qui méritent d'être soulignées comme significatives.

La Pologne a agi selon ses habitudes au cours de ces dernières décennies, en tant que véhicule des intérêts américains en Europe centrale, reprenant le rôle géopolitique que revêtait ses actions provocatrices dans les années 30 sous l'égide de Londres. En réponse à l'explosion du gazoduc Nord Stream en mer Baltique, une attaque contre les intérêts russes, mais surtout contre ceux de l'Europe occidentale, l'eurodéputé et ancien ministre des affaires étrangères polonais Radek Sikorski (du Parti populaire européen) a publié sur son compte Twitter une photo du gazoduc explosé, assortie de la phrase "Merci, USA". Pendant ce temps, le 1er septembre, le gouvernement polonais, aux mains du parti "ultra-conservateur" Droit et Justice, a exigé 1,3 milliard de dollars du gouvernement allemand pour les réparations de guerre. La réponse du chancelier allemand Olaf Scholz a été de réviser l'actuelle frontière germano-polonaise en fonction des "documents historiques". Et, allant un peu plus loin le 5 octobre, poursuivant sa "stratégie de la tension", Varsovie, dans des déclarations de son président Duda, a proposé aux États-Unis de placer des armes nucléaires sur son territoire, ce que l'OTAN elle-même a considéré comme trop risqué.

altic_pipe.jpg

La Pologne se joint également à la stratégie américaine visant à déloger l'Allemagne de sa position de centre politique et économique de l'Europe. La Pologne essaie de remplacer son voisin allemand comme point d'arrivée du gaz en Europe. À cette fin, la Pologne construit le "Baltic Pipe", un gazoduc qui amènerait le gaz norvégien en Pologne, rendant Nord Stream "inutile". Mais la capacité initiale de cette voie baltique est de 3 BCM, qui pourrait atteindre un maximum de 10 BCM, bien loin des 135 BCM de North Stream. Et totalement insuffisante pour les besoins de l'Europe centrale.

Dès le début, la position de Varsovie a été très claire : soutien à l'Ukraine et confrontation avec la Russie. Cette position n'est pas aussi altruiste qu'il n'y paraît et est pleine de doubles intentions. Poutine a déclaré : "La Pologne n'a pas abandonné ses rêves de s'emparer d'une partie de l'Ukraine" (1). Une réalité à laquelle divers analystes internationaux ont fait référence (2). 

Après sa réélection au poste de président, Macron a disparu de la scène internationale. Il a démontré que son leadership européen et son autonomie par rapport à Washington étaient faibles. Au moment décisif, il a montré sa servilité à l'égard des intérêts américains et ses entretiens avec Moscou ont été rapidement interrompus. Ses appels à Washington pour ramener la paix dans la crise de la guerre russo-ukrainienne restent lettre morte à la Maison Blanche, principale partie prenante de la prolongation du conflit.

L'Allemagne est le pays qui commence à réagir à l'attitude des États-Unis. Alors qu'au début, les Verts - ces pacifistes des années 1980 - étaient ouvertement belliqueux contre la Russie et appelaient à armer l'Ukraine, démontrant ainsi que leur parti est depuis des années une courroie de transmission de Washington à Berlin. La réaction générale, politique et populaire, s'est orientée vers différentes prises de position. En août dernier, le vice-président du Parlement allemand, Wolfgang Kubicki, a appelé à "rouvrir Nord Stream 2 dès que possible", en faisant appel aux intérêts nationaux allemands. En octobre, après l'explosion du gazoduc Nord Stream, qui affectera sérieusement l'économie et le bien-être des Allemands, le hastag #Kriegserklärung (déclaration de guerre) est devenu populaire en Allemagne pour décrire ce que le sabotage du gazoduc par les Américains signifie pour leur pays. Au cours du même mois d'octobre, le parlement allemand a gelé l'aide militaire à l'Ukraine.

Après l'explosion de Nord Stream, que même l'ancien conseiller en sécurité américain Douglas McGrecogh a attribuée aux États-Unis (6), des voix autorisées ont émergé en Allemagne et au-delà, soulignant que l'un des principaux objectifs - si ce n'est le principal - de la "guerre en Ukraine est de détruire l'Allemagne en tant que puissance politique et économique (7).

220908-2119-29-99390838-307244324.jpg

La célèbre femme d'affaires et philanthrope allemande Gloria von Thurn und Taxi compare cette tentative de détruire son pays au sinistrement célèbre Plan Morgenthau (4). Alors que l'ancien conseiller d'État suisse Yvan Perrin affirme que l'Allemagne doit comprendre pleinement la stratégie de destruction de son pays afin de rectifier l'ensemble de sa politique européenne et internationale (5).

Ajoutons que le parti nationaliste AfD adopte une ligne très claire et déterminée de son côté pour défendre les intérêts nationaux allemands. Après son dernier congrès où la ligne nationaliste l'a emporté sur la ligne modérée, l'AfD prend des positions intéressantes à tous points de vue, notamment celle-ci: trois députés régionaux (Rhénanie-Westphalie et Saxe-Anhlalt) se sont rendus en Ukraine "au vu de la couverture déformée et partisane du conflit en Ukraine, nous voulons nous faire notre propre idée de la situation et examiner la situation humanitaire".

Visegrad entre dans une crise interne

La Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie forment le groupe dit de Visegrad. La principale caractéristique de leur existence a été de s'opposer aux diktats de Bruxelles quant à l'idéologie du genre et à l'immigration, constituant ainsi un certain pôle antimondialisation au sein de l'UE. Bruxelles a essayé de faire chanter ces pays en menaçant de couper les fonds européens, mais l'importance géopolitique et commerciale de ces régions centrales a atténué l'hostilité de Bruxelles.

Les militants de l'identité européenne ont réfléchi à la possibilité qu'un pays d'Europe occidentale doté d'un gouvernement nationaliste (l'Italie d'aujourd'hui, par exemple) puisse être l'allié nécessaire pour une synergie contre les directives mondialistes de Bruxelles au sein de l'UE.

Certains sont allés plus loin et ont parlé d'Intermarium - notamment en Pologne - ensemble qui comprendrait la Biélorussie, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie, l'Ukraine, la Roumanie-Moldavie, la Serbie, la Bosnie, l'Albanie, la Croatie et la Macédoine du Nord, pour faire un contrepoids géopolitique à l'impérialisme russe et à la Turquie néo-ottomane (8).

La crise en Ukraine a provoqué de graves tensions internes dans le groupe de Visegrad. Les deux capitales des pays leaders du groupe, Varsovie et Budapest, ont réagi de manière opposée. Varsovie dans un suivi atlantiste pathétique, Budapest, cherchant le dialogue avec la Russie et prenant maintenant des positions proches de Moscou, dans la mesure où cela est possible en tant que membre de l'UE (6). N'oublions pas que la Hongrie a des revendications territoriales sur l'Ukraine ; accessoirement, la Pologne aussi.

Visegrad cessera probablement de constituer une synergie politique originale, comme elle le fut. Si la guerre se solde par une défaite russe, la Pologne sera la première puissance régionale - avec le soutien ouvert de Washington - et elle sera rejointe par l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, dont les stratégies géopolitiques sont aujourd'hui très proches de celles de Varsovie.

cz-6-800x450.jpg

La Hongrie, dans sa position de rapprochement avec la Russie et d'inimitié envers l'Ukraine, avec laquelle elle a des différends territoriaux, sera encore plus éloignée de Bruxelles, qui la soumettra à un nouveau chantage budgétaire, et s'éloignera de son ancien allié polonais.

Il reste à voir quelles positions adopteront la République tchèque, la Slovaquie et la possibilité pour la Slovénie de rejoindre le groupe, comme l'a récemment proposé le Président tchèque Milos Zeman.

Le projet Intermarium, en tant que zone cohésive entre Bruxelles et Moscou, a été définitivement bloqué.

Le Royaume-Uni, la puissance en déclin

Poursuivant la ligne anti-européenne et belliciste de Johnson, Truss a insisté sur le soutien à l'Ukraine, avec ses effets déstabilisants sur l'Europe. L'éphémère premier ministre est allé jusqu'à déclarer en septembre : "La Grande-Bretagne armera l'Ukraine jusqu'à ce qu'elle vainque la Russie". Faisant monter le ton du délire, elle a poursuivi en déclarant : "Si la situation exigeait que j'appuie sur le bouton nucléaire, je le ferais immédiatement. Et je me fiche que des millions de personnes meurent, pour moi l'essentiel est la démocratie et nos idéaux". Fantasmes issus du souvenir d'avoir été un grand empire alors qu'aujourd'hui, ce Royaume-Uni n'est qu'une ancienne puissance en déclin et de plus en plus isolée.

Quelqu'un devrait rappeler à la matamoresque ancienne Premier ministre britannique que le Royaume-Uni possède 215 ogives nucléaires, tandis que la Russie en possède plus de 7.000, dont beaucoup sont dirigées vers Londres.

"Global Britain", la stratégie internationale post-Brexit de Westminster, n'a pas eu de résultats concrets.

Il est de surcroît marginalisé au sein du pacte AUKUS, une alliance de puissances anglo-saxonnes dont le véritable objectif est de faire face à l'expansion chinoise dans le Pacifique. Les trois autres puissances anglo-saxonnes du pacte (les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande) ont toutes ou presque toutes leurs côtes dans cet océan ; le Royaume-Uni est aux antipodes, son rôle dans l'Alliance n'est guère plus que décoratif.

Londres a essayé de se rendre forte dans les pays de Visegrad, dans sa géopolitique permanente visant à séparer l'Allemagne de la Russie, mais la réalité est que les deux principales capitales du groupe de Visegrad ont ignoré Londres : Varsovie donne la priorité à son alliance avec Washington et Budapest regarde - timidement - vers Moscou.

L'un des arguments que Boris Johnson a présenté aux Britanniques était la signature prochaine d'un pacte commercial qui ferait du Royaume-Uni un partenaire commercial préférentiel des États-Unis, permettant au marché américain de remplacer le marché européen. Non seulement un tel pacte n'est ni imminent ni en vue, mais l'arrivée de Biden - un démocrate - à la Maison Blanche a refroidi les relations entre Washington et Londres, qui sont maintenant au plus bas (6). Rappelant que Biden est d'origine irlandaise et qu'il a à plusieurs reprises mis en garde les locataires de Westminster contre toute détérioration de la situation irlandaise.

NWLD-composite-leadership-KM (1).jpg

La mauvaise gestion économique de Liz Truss a rapidement mis fin à son gouvernement et à sa direction du Parti conservateur. Son successeur est l'Indien Rishi Sunak, qui poursuit la ligne géopolitique de ses collègues du Parti conservateur, Johnson et Truss. La victoire de Sunak accentuera une tendance observée depuis le Brexit, la géopolitique d'un Royaume-Uni anti-européen, multiracial et post-britannique dans lequel sa relation avec Delhi jouera un rôle important, même s'il est plus que probable que cette relation aura la polarité inversée qu'elle avait aux 19ème-20ème siècles et sera le chapitre d'ouverture de la rébellion et de la conquête (démographique et politique) par l'ancien Commonwealth de l'ancienne métropole britannique dans un processus de liquidation identitaire et raciale.

Aucun "front uni anti-occidental" n'est observable

La prétention d'un front uni mondial anti-occidental a été démentie par la réalité et par la dynamique géopolitique même de chaque puissance, notamment la Chine et les puissances émergentes d'Asie centrale et l'Inde qui jouent leur propre rôle.

Pendant cette guerre ukrainienne, cette prétendue conscience "anti-US" n'a pas du tout été mise en scène, de la Chine à l'Ouzbékistan, les "puissances eurasiennes" ont abandonné Poutine dans la guerre ukrainienne (9).

Pékin s'est éloigné de Moscou et y a cherché ses propres intérêts, ce qui implique d'affaiblir la Russie afin de la séparer de l'Europe et de l'attirer docilement dans sa sphère d'influence ; Pékin continue de penser dans une logique bipolaire et n'est pas intéressé par un troisième acteur -la Russie- pour contester cette course à deux pour la domination du monde. Xi Jinping n'a pas eu le moindre problème à continuer à collaborer stratégiquement avec l'Europe, alors que l'Europe a sanctionné la Russie, des sanctions que les entreprises chinoises basées dans l'UE ont respectées à la lettre.  La Chine a joué un double jeu, toujours dans ses propres intérêts plutôt que dans ceux d'un front commun prétendument anti-occidental. Pour Pékin, la guerre ukrainienne a toujours été subordonnée à sa guerre potentielle contre les États-Unis au sujet de Taïwan (10).

L'Inde, traditionnellement alliée de Moscou et qui a continué à l'être dans cette crise en raison de la nécessité d'acheter des hydrocarbures, a prévenu Poutine par l'intermédiaire de son Premier ministre Modi que l'heure n'était pas aux guerres et que les frontières ukrainiennes devaient être respectées, dernier point sur lequel elle était d'accord avec Téhéran.

La "première ceinture" de la construction eurasienne a clairement pris ses distances avec la Russie. Le Kazakhstan est devenu le leader régional en dehors de la zone d'influence de Moscou (11).

Il n'existe pas de "front anti-occidental" russo-turc-chinois-eurasien (12).

D'un point de vue européen, le défi géopolitique doit être la résolution rapide du conflit militaire et la reprise du dialogue et de la synergie entre l'Europe et la Russie.

NOTES:

(1) https://www.elmundo.es/internacional/2022/11/04/636528a5fdddff974f8b45d9.html

(2) https://euro-sinergias.blogspot.com/2022/11/portal-de-politica-polaca-asi-es-como.html.

(3) https://euro-sinergias.blogspot.com/2022/10/douglas-macgregor-cree-que-estados.html

(4) https://euro-sinergias.blogspot.com/2022/10/la-crisis-de-ucrania-no-tiene-que-ver.html

(5) https://euro-sinergias.blogspot.com/2022/10/morgenthau-y-nord-stream-gloria-von.html

(6) https://euro-sinergias.blogspot.com/2022/10/cuando-alemania-empiece-entender-eeuu.html

(7) https://barr-avel.blog/2022/02/23/vers-une-union-baltique-mer-noire-intermarium-comme-modele-viable-pour-le-renouveau-de-leurope/

(8) https://elordenmundial.com/hungria-se-queda-sola-asi-ha-roto-la-invasion-de-ucrania-el-grupo-de-visegrado/

(9) https://www.elmundo.es/internacional/2022/09/21/632b3d37e4d4d83a158b4584.html

(10) https://www.elespanol.com/mundo/europa/20221105/doble-pekin-rusia-rebajar-amenazas-presiona-taiwan/715928855_0.html

(11) https://elpais.com/internacional/2022-10-10/la-guerra-socava-el-liderazgo-de-rusia-entre-sus-vecinos-postsovieticos.html

(12) https://www.ilprimatonazionale.it/esteri/ma-quale-fronte-anti-occidentale-cosa-non-ci-dice-lincontro-tra-putin-e-xi-jinping-243980/

 

Valeurs et projections conservatrices pour l'avenir

digitale_Glaskugel.jpg

Valeurs et projections conservatrices pour l'avenir

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/article/konservativnye-cennosti-i-prognozy-budushchego

Dans une publication précédente, nous avons examiné les approches générales des méthodologies de prospective géopolitique propres aux pays occidentaux (i). Il est clair que d'autres modèles sont également possibles, une approche purement scientifique et rationnelle étant clairement limitée car elle est historiquement étroitement liée au paradigme de la vision du monde occidentale. Au moins depuis le siècle des Lumières, l'eurocentrisme n'a cessé d'imprégner les communautés d'autres régions et de transformer les systèmes de connaissances d'une manière particulière, les ramenant à une sorte de dénominateur commun. Cette homogénéisation a également touché l'école analytique au sens large, qui a commencé à adhérer davantage à la modélisation mathématique et au travail avec des données statistiques (d'ailleurs, les prévisions météorologiques sont largement basées sur un travail effectué avec les indicateurs des enquêtes météorologiques antérieures).

Néanmoins, même en Occident, il existe des points de vue critiques sur la façon de considérer une science particulière. Le scientifique danois Sven Larson, par exemple, affirme : "L'économie n'est pas une science naturelle. Elle est, a toujours été et sera toujours une science sociale. Contrairement à la physique, à laquelle de nombreux économistes aimeraient comparer leur discipline, l'économie ne peut pas être étudiée à l'aide de modèles mathématiques stricts et de lois universellement applicables. Les économistes soutiendront avec véhémence que l'économie peut être expliquée en termes mathématiques. Ils ont tort : l'économie ne peut être correctement étudiée que sur la base de l'axiome selon lequel la nature humaine - contrairement à la nature physique - n'est pas quantifiable" (ii).

C'est l'approche qualitative plutôt que quantitative qui constitue la différence fondamentale qui sépare l'école occidentale, qui prétend être universelle, et les théories non occidentales, encore fragmentées, qui font appel à la tradition et aux valeurs conservatrices. Les écoles non occidentales ont une chose en commun : quelle que soit la région et la composante religieuse, elles sont toutes d'accord pour dire que le progrès n'est pas une bonne chose. Au contraire, le progrès (politique, scientifique, technique, etc.) conduit une société traditionnelle conservatrice dans la mauvaise direction, car il remet en question les fondements sociaux et la hiérarchie établis et leur substitue des valeurs. La notion d'apostasie dans le christianisme et de kafir (sceptique, infidèle) dans l'islam y sont liées. L'exemple des États-Unis et des pays d'Europe occidentale montre clairement la dévaluation des valeurs chrétiennes dans ces pays politiquement et techniquement progressistes, où les concepts de "liberté d'expression", de "droits de l'homme" et autres lui ont été substitués de manière très sophistiquée.

Cela indique que les sociétés traditionnelles ne nient pas la possibilité de la prospérité, seulement que, contrairement aux partisans du progrès, elles donnent un sens légèrement différent à cette notion.

Le critère clé à cet égard est le temps et ses fonctions. Si l'Occident libéral-démocratique mesure tout depuis la position du temps linéaire et unidirectionnel, qui passe par l'espace matériel, pour les sociétés conservatrices, les notions de cyclicité et d'éternité sont d'une importance fondamentale. En Inde, où la majorité des habitants professe l'hindouisme, cette période fait référence à la dernière phase du cycle, appelée Kali Yuga. C'est une époque de dégradation et de déclin. Mais comme nous pouvons le voir, cela n'empêche pas l'Inde de se positionner activement sur la scène internationale et de développer des technologies. Étant donné que le Bharatiya Janata Party au pouvoir a des caractéristiques fortement religieuses, on peut supposer qu'ils sont guidés par les traditions et les croyances hindoues pour formuler leurs stratégies.

Dans les pays dominés par le christianisme et l'islam, l'éternité est au cœur de la vie quotidienne des citoyens croyants. Les partis politiques ne peuvent cependant pas le déclarer dans leurs manifestes ou programmes. Toutefois, il est clair que l'état d'esprit du peuple, même s'il n'est pas directement exprimé, est lié au concept de la fragilité de ce monde, de la fin des temps et de la future vie éternelle. Il convient de noter que l'eschatologie est caractéristique des chrétiens de toutes les dénominations, ainsi que des musulmans de diverses écoles de droit (madhhabs).

La science politique occidentale, bien qu'elle analyse les processus liés aux confessions, ne fait cependant pas de la vie religieuse un courant dominant pour son analyse des tendances et prévisions actuelles. Mais étant donné que la tradition abrahamique est un mode de vie, une telle interprétation (même si elle est justifiée par le sécularisme et le rationalisme matériel) est considérée comme une omission manifeste.

Essayons maintenant de réfléchir du point de vue d'une vision chrétienne conservatrice du monde, car cette perspective tient compte du contexte culturel et historique de la Russie (sans exclure, bien sûr, le rôle des autres confessions pratiquées par les peuples de la Fédération de Russie). La première chose à faire est d'établir les coordonnées initiales - où nous sommes, quelle est la téléologie générale (les objectifs) du monde et, en particulier, de notre peuple, s'il existe des points communs avec d'autres sociétés, ce qui est souhaitable (bien) et ce qui est inacceptable (mal) - ces deux derniers points peuvent être définis comme des défis et des menaces.

Avec cette approche, le cadre analytique ne sera clairement pas en corrélation avec les prévisions auxquelles nous sommes habitués. Après tout, nous parlons d'un questionnement approfondi auquel les politologues ne sont tout simplement pas habitués - après tout, ils ne voient que des problèmes à résoudre par divers moyens techniques, politiques ou bureaucratiques. Et dans notre cas, nous parlons de quelque chose qui dépasse ces limites, fixées artificiellement par les philosophes-matérialistes européens des Temps modernes. Au moins, nous pouvons parler de métapolitique au sens large, qui ne néglige pas les autres facteurs de la vie humaine - l'art, la métaphysique et la philosophie religieuse.

Et ici, il est nécessaire de prêter attention à des facteurs intéressants, comme le visionnariat dans l'art et la prophétie dans la religion. Les poètes et les prophètes étaient souvent rapprochés par les expressions métaphoriques avec lesquelles ils tentaient de décrire le monde et son avenir. L'histoire leur a clairement donné raison. Il serait donc étrange de ne pas prendre en compte ces catégories de pensée lors de l'élaboration de l'école conservatrice de prévisions politiques. C'est une question très délicate, pas simple, comme cela peut sembler à première vue. Parce qu'il faut décrire des images irrationnelles dans un langage rationnel.

Néanmoins, dans les pays de culture chrétienne, tout bouleversement politique a toujours été lié à la miséricorde de Dieu et à la juste colère qui s'abat sur la tête des gens pour certaines transgressions. Les origines de cette relation se trouvent dans le judaïsme, où, selon les commandements que Moïse a reçus de Dieu, des injonctions spécifiques devaient être suivies. Les sanctions pour les enfreindre étaient variées, allant jusqu'à la dispersion du peuple juif et la destruction de leur temple à Jérusalem. L'interprétation de ces événements à travers le prisme de la prophétie (puisque tout cela avait été prédit auparavant) indique un lien clair entre la religion et la politique.

Hans_Memling_-_Le_jugement_dernier.jpg

Dans le Nouveau Testament, il y a aussi certaines indications sur le comportement correct et la compréhension du monde qui nous entoure. Et les interprétations de l'Apocalypse par Jean l'Évangéliste apportent une certaine malédiction d'une part, mais d'autre part, montrent l'importance de rester inébranlable dans les périodes de graves épreuves. Bien qu'il soit assez difficile de dire exactement quand la Fin des Temps arrivera et combien de temps elle durera, de nombreux événements mondiaux donnent constamment des raisons d'en parler, en évaluant les cataclysmes politiques, les conflits et les événements mondiaux clés, qu'il s'agisse d'une crise économique ou d'une pandémie de coronavirus, du point de vue de l'eschatologie.

Se concentrer sur ce point rend insignifiants les nombreux facteurs qui sont cités par les analystes occidentaux lorsqu'ils préparent des prévisions. Il faut bien convenir que lorsqu'il s'agit du Salut, de la Seconde Venue, de la nécessité d'une prière collective pour vaincre l'ennemi, alors des questions telles que le produit intérieur brut, les notations économiques, le climat d'investissement, etc. deviennent non seulement insignifiantes, mais sans signification.

Mais d'un autre côté, tout le monde comprend que pour gagner dans les conflits modernes, il faut avoir une économie suffisamment durable et des armes puissantes. C'est pourquoi il faut une synthèse très équilibrée et adéquate, basée sur l'application des sciences exactes, mais soutenue par les valeurs traditionnelles et les attitudes confessionnelles.

Quelle peut donc être une approche nationale pour développer un tel scénario de l'avenir ? Même si nous nous limitons à la vision orthodoxe du monde, ce ne sera pas non plus aussi simple qu'il n'y paraît à première vue. Par exemple, comment percevoir le concept de Moscou - la troisième Rome? Est-ce une attitude eschatologique ou un projet politique? Dans ce dernier cas, n'y a-t-il pas un risque de tomber dans le piège de l'exceptionnalisme géopolitique que nous voyons dans l'exemple des États-Unis? Devons-nous considérer la déclaration slavophile de la synodalité comme un modèle unificateur pour le peuple, une certaine manifestation de la plénitude? S'agissait-il d'une politisation délibérée d'un concept purement ecclésiastique?

Les Eurasiens ont expliqué avec lucidité que la synodalité, c'est-à-dire la catholicité, traduit la nature intérieure de l'Église, à la différence de l'œcuménisme. L'Église ne peut pas et ne doit pas avoir de programme politique et pratique généralement concret (iii). Mais il est clair que dans les conditions actuelles de confrontation ouverte avec l'Occident et l'opération en cours en Ukraine, nous avons besoin de directives claires reliant les plans pour les années à venir dans la sphère politique et économique (l'expérience de la période quinquennale peut être utile) et les aspirations du peuple, qui englobent une compréhension de l'Éternité, une perspective culturelle et historique reflétant l'expérience héroïque des générations précédentes et des mécanismes permettant de traduire les programmes théoriques dans la réalité. Cela crée un cadre non seulement pour l'anticipation en tant que telle, mais aussi pour des étapes d'action cohérentes qui transforment les connaissances en expérience de l'activité quotidienne.

Notes:

(i) I https://russtrat.ru/scenarii/16-sentyabrya-2022-1524-11189

 

(ii) II https://europeanconservative.com/articles/commentary/time-to-end-the-nobel-prize-in-economics/

 

(iii) III Savitsky P.N. Continent Eurasie. - Moscou : Agraf, 1997. С. 32, 49.

19:22 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : valeurs traditionnelles, valeurs conservatrices | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Le "grand ami" américain déclare la guerre à l'automobile européenne

Peugeot-Poissy-Copyright-Peugeot-10.jpg

Le "grand ami" américain déclare la guerre à l'automobile européenne

Adele Piazza

Source: https://electomagazine.it/il-grande-amico-americano-dichiara-guerra-allauto-europea/#google_vignette

La Maison Blanche a l'intention de dé-carboniser l'Amérique d'ici 2035, avec des incitations qui permettraient de créer jusqu'à dix millions d'emplois. Tout cela grâce au projet de loi américain d'incitation à l'achat de véhicules électriques le plus controversé et le plus débattu, la loi sur la réduction de l'inflation ("Inflation Reduction Act" - IRA). En réalité, un ensemble de réformes beaucoup plus large, qui met sur la table 437 milliards de dollars pour la santé et l'environnement. Un tournant dans la politique énergétique américaine et donc mondiale. Toutes les dépenses prévues seront financées par une taxe minimale de 15% sur les entreprises qui font des bénéfices annuels de plus d'un milliard de dollars, ainsi que par une taxe de 1% sur les entreprises qui rachètent leurs propres actions.

Les 369 milliards de dollars affectés à la sécurité énergétique et à la lutte contre le changement climatique, y compris le financement du bonus de 7.500 dollars pour les voitures, suscitent davantage de débats. Mais les industries européennes et asiatiques ont déjà rejeté les mesures visant les quatre-roues. En effet, le bonus pour les voitures est lié à l'assemblage de batteries produites avec des minéraux extraits aux États-Unis ou dans des pays avec lesquels Washington a un accord de libre-échange.

La voiture la plus chère du monde

La loi sur la réduction de l'inflation ne plaît pas aux États de l'UE car elle contient des "mesures discriminatoires" pour les constructeurs automobiles européens en particulier. Le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, en charge du commerce international, souligne que "C'est une question qui préoccupe de nombreux pays et entreprises, que Bruxelles a mise en avant avec nos partenaires américains ces dernières semaines, et qui a joué un rôle majeur dans les discussions d'aujourd'hui. Il semblerait qu'un grand nombre des subventions vertes prévues par la loi puissent créer un préjudice et une discrimination à l'encontre des industries de l'UE dans les secteurs de l'automobile, des énergies renouvelables, des batteries et des secteurs à forte intensité énergétique".

D'autres pays, comme le Japon et la Corée du Sud, partagent les préoccupations de l'UE et réfléchissent également à la meilleure façon de traiter ce problème. Pour les Vingt-Sept, "l'objectif serait d'obtenir le même statut que le Canada et le Mexique", dont la production bénéficie des mêmes avantages que celle des États-Unis dans les mesures prises. Il s'agit au moins d'une "position de départ dans les négociations", a souligné le ministre tchèque de l'Industrie Jozef Sikela, président en exercice du Conseil de l'énergie.

L'Allemagne, avec les géants de l'automobile Volkswagen, BMW et Mercedes, avait mis en garde il y a trois semaines contre le risque d'une "guerre tarifaire" transatlantique, le danger que ce que les États-Unis ont légiféré soit extrêmement protectionniste envers les exportations vers l'UE.

Mort au QI trop faible : Aldous Huxley et le nouveau principe d’Archimède

b3b43b_5213a82aff4d40a297dee75f1292273a~mv2.jpg

Mort au QI trop faible : Aldous Huxley et le nouveau principe d’Archimède

Nicolas Bonnal

On sait que l’on doit liquider le mangeur inutile ou le sous-doué en informatique - qui peut être milliardaire, auquel cas Malthus et ses lieutenants l’épargneront.

Huxley est, comme on sait, un prophète noir britannique qui a décrit et célébré (et non dénoncé, comme on croit à l’école) le cauchemar que nous allons vivre grâce aux gouvernements achetés et aux populations hébétées. Auteur d’une œuvre littéraire assez médiocre aussi, cet essayiste scientifique proche d’Harari à sa manière a annoncé la couleur (douleur) dans une nouvelle nommée Le Jeune Archimède que l’on pourrait résumer ici ainsi : si tu n’es pas Mozart ou Einstein, crève. Pierre Bourdieu avait parlé pendant les crises des années 90 de ce racisme de l’intelligence, racisme qui a depuis gagné le cerveau de crétins comme notre ministre de l’économie.

A38713.jpg

Le narrateur séjourne en Italie repère un enfant surdoué (Harari sort aussi de ces écoles) ; et cela donne les réflexions suivantes :

« J'ai pensé aux grandes différences entre les êtres humains. On classe les hommes selon la couleur de leurs yeux et de leurs cheveux, la forme de leur crâne. Ne serait-il pas plus judicieux de les diviser en espèces intellectuelles? Il y aurait des fossés encore plus larges entre les types mentaux extrêmes qu'entre un Bochiman et un Scandinave. Cet enfant, pensais-je, quand il sera grand, sera pour moi, intellectuellement, ce qu'un homme est pour un chien. Et il y a d'autres hommes et femmes qui sont, peut-être, presque comme des chiens pour moi. »

Donc il y a « les chiens et les Boshiman » qui, à côté de Bill Gates ou d’Harari, ne méritent pas de vivre (quand on voit comment Gates et Harari parlent ou écrivent l’anglais, on croit rire – mais passons). On continue; seul le génie a droit à l’être et à l’âme :

« Peut-être que les hommes de génie sont les seuls vrais hommes. Dans toute l'histoire de la race, il n'y a eu que quelques milliers d'hommes réels. Et nous autres, que sommes-nous ? Animaux enseignables. Sans l'aide des vrais hommes, nous n'aurions presque rien découvert du tout. Presque toutes les idées qui nous sont familières n'auraient jamais pu venir à des esprits comme le nôtre. Plantez les graines là-bas et elles pousseront ; mais nos esprits n'auraient jamais pu les générer spontanément. »

Vaste prison de médiocres, l’humanité doit son salut à une élite de cerveaux depuis réfugiés à Davos (lieu comme on sait de la Montagne magique de Mann – livre à relire pour comprendre ce qui arrive à l’Europe). Le reste ce sont des chiens, des kleb comme on disait chez moi à La Goulette :

« Il y a eu des nations entières de chiens, pensais-je ; des époques entières où aucun Homme n'est né. Des Égyptiens ternes, les Grecs ont pris une expérience grossière et des règles empiriques et ont fait des sciences. Plus de mille ans se sont écoulés avant qu'Archimède ait un successeur comparable. Il n'y a eu qu'un seul Bouddha, un seul Jésus, un seul Bach à notre connaissance, un seul Michel-Ange ».

Huxley pleure la rareté des génies :

« Est-ce par hasard, me demandais-je, qu'un Homme naît de temps en temps? Qu'est-ce qui fait qu'une constellation entière d'entre eux naissent en même temps et sont issus d'un seul peuple? Taine pensait que Léonard, Michel-Ange et Raphaël étaient nés quand ils étaient parce que le temps était venu pour les grands peintres et la scène italienne sympathique. Dans la bouche d'un Français rationaliste du XIXe siècle, la doctrine est étrangement mystique ; cela n'en est peut-être pas moins vrai. Mais qu'en est-il de ceux qui sont nés hors du temps ? Blake, par exemple. Qu'en est-il de ceux-là ? ».

Huxley passe ensuite aux généralités sur les enfants surdoués ; on croirait lire Rémy Chauvin que j’ai interviewé en 1992 – mais sur d’autres sujets plus amusants.

« Je pensais à cet étrange talent distinct et séparé du reste de l'esprit, indépendant, presque, de l'expérience. Les enfants prodiges typiques sont musicaux et mathématiques ; les autres talents mûrissent lentement sous l'influence de l'expérience émotionnelle et de la croissance. Jusqu'à trente ans, Balzac ne fit preuve que d'incompétence ; mais à quatre ans, le jeune Mozart était déjà musicien, et certaines des œuvres les plus brillantes de Pascal ont été réalisées avant qu'il ne soit sorti de son adolescence. »

thumb_large.jpg

Huxley devient éducateur de son enfant de chômeur :

« Dans les semaines qui ont suivi, j'ai alterné les cours quotidiens de piano avec des cours de mathématiques. Des conseils plutôt que des leçons qu'ils étaient; car je ne faisais que des suggestions, indiquais des méthodes, et laissais à l'enfant le soin d'élaborer les idées en détail. Ainsi je l'initiai à l'algèbre en lui montrant une autre preuve du théorème de Pythagore. »

Il ne s’agit pas ici de contester l’enfance surdouée ou les Mozart : ils sont passés où d’ailleurs mon cher Huxley ? Et les Bruckner, et les Berlioz et les Mahler ? Ont-ils été trop vaccinés, comme le redoutait Rudolf Steiner  (voir mon texte) ? Peut-on citer un seul compositeur, romancier ou même cinéaste de ce siècle de désastres ?

« Guido était aussi enchanté par les rudiments de l'algèbre qu'il l'aurait été si je lui avais donné une machine fonctionnant à la vapeur, avec une lampe à alcool méthylique pour chauffer la chaudière ; plus enchanté, peut-être, car le moteur se serait cassé, et, restant toujours lui-même, aurait de toute façon perdu de son charme, tandis que les rudiments d'algèbre continuaient de croître et de fleurir dans son esprit avec une luxuriance indéfectible. Chaque jour, il faisait la découverte de quelque chose qui lui paraissait d'une beauté exquise ; le nouveau jouet était inépuisable dans ses potentialités. »

Après évidemment le génie prend son air fatigué. Pensez à la gueule de Mathusalem de Bill Gates ou de golem raté de Schwab-Hariri. Fatigué de notre misère notre génie prend froid et meurt jeune :

« C'était un été exceptionnellement chaud. Au début de juillet, notre petit Robin, peu habitué à ces températures élevées, commença à avoir l'air pâle et fatigué ; il était apathique, avait perdu l'appétit et l'énergie. Le médecin a conseillé l'air de la montagne. Nous avons décidé de passer les dix ou douze prochaines semaines en Suisse. »

Ah, la Suisse, son pognon, ses montagnes magiques, ses coffres et son Davos ! Dostoïevski en a peur d’ailleurs. C’est dans l’Idiot (sic). On y reviendra.

Sources :

http://www.naturalthinker.net/trl/texts/Huxley,Aldous/Ald...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sur_la_t%C3%A9l%C3%A9vision

https://www.amazon.fr/Petits-%C3%A9crits-libertariens-Con...