mardi, 14 novembre 2023
Pour Marc Augé, l'anthropologue qui a fait entrer l'ethnologie dans la philosophie
Pour Marc Augé, l'anthropologue qui a fait entrer l'ethnologie dans la philosophie
par Pierfranco Bruni
Source: https://www.destra.it/home/addii-per-marc-auge-lantropologo-che-porto-letnologia-nella-filosofia/
Marc Augé, décédé le 24 juillet 2023, était un anthropologue qui entremêlait la connaissance des peuples et la sagesse de la pensée. Un philosophe qui a gravé dans le langage des mots l'affirmation d'une identité qui se grave dans la conscience d'un espace-temps qui s'affirme dans le lieu du temps et l'espace des lieux.
L'anthropologue est dans le philosophe et le philosophe dépasse la donnée scientifique de l'histoire. En effet, Marc Augé oppose à l'histoire les deux données fondamentales de la vision comparative : l'espace et le temps. Son "non-lieu" est une dimension qui, pour être comprise dans sa profondeur, doit se rattacher non seulement à un système de valeurs, mais à l'être. L'homme est une interrogation sur les valeurs, mais il est surtout une dissolution du système de cette interrogation dans une interaction de sens. Ses livres sont un voyage accompli entre les cultures africaines et occidentales. C'est dans cette fenêtre ouverte sur la connaissance et les matrices établies des traditions que se développe un horizon de vie au-delà de tous les si.
Il dit : "Dans la vie moderne, les mythes naissent quand les rituels meurent et perdent leur pouvoir créatif. Le choc a lieu entre la mémoire et le contemporain dans une saison de la vie où les civilisations ont besoin de rencontrer l'appartenance dans une géographie de l'identité.
L'anthropologue des civilisations dans l'homme a déclenché le signifiant du présent dans l'avenir : "Être contemporain, c'est mettre l'accent sur ce qui, dans le présent, délimite quelque chose de l'avenir. Délimiter quelque chose de l'avenir, c'est lire avec clairvoyance la mesure des "choses" sur un plan proprement phénoménologique. Et c'est ici que l'anthropologue est lié au philosophe.
Parmi ses livres, je voudrais rappeler :
- Fictions fin de siècle, Paris, Fayard, 2000
- Les Formes de l’oubli, Paris, Payot & Rivages, 2001
- Journal de guerre, Paris, Galilée, 2003
- Le Temps en ruines, Paris, Galilée, 2003
- Pour quoi vivons-nous ?, Paris, Fayard, 2003
- Le Métier d'anthropologue. Sens et liberté, Paris, Galilée, 200610
- Casablanca, Paris, Le Seuil, 2007
- Éloge de la bicyclette, Paris, Payot & Rivages, 2008
- Où est passé l'avenir, Paris, Panama, 2008 ; rééd. Paris, Le Seuil, 2011
- Le Métro revisité, Paris, Le Seuil, 2008
- Génie du paganisme, Paris, Gallimard (coll. Folio), 2008.
- Pour une anthropologie de la mobilité, Paris, Payot & Rivages, 2009
- Carnet de route et de déroutes, Paris, Galilée, 2010
- La Communauté illusoire, Paris, Payot & Rivages, 2010
- Journal d'un SDF, Paris, Le Seuil, 2011
- La Vie en double. Voyage, ethnologie, écriture, Paris, Payot & Rivages, 2011
- L'Anthropologue et le monde global, Paris, Armand Colin, 2013
- Les Nouvelles Peurs, Paris, Payot & Rivages, 2013
- Une ethnologie de soi : le temps sans âge, Paris, Le Seuil, 2014
- Éloge du bistrot parisien, Paris, Payot & Rivages, 2015
- La Sacrée Semaine qui changea la face du monde, Paris, Odile Jacob, , 71 p. (ISBN 978-2-7381-3389-2)
- L'Avenir des terriens : fin de la préhistoire de l'humanité comme société planétaire (trad. de l'italien), Paris, Albin Michel, , 132 p. (ISBN 978-2-226-39388-3)
- Qui donc est l'autre ?, Paris, Odile Jacob, , 320 p. (ISBN 978-2-7381-3959-7)
Un chemin non négligeable. Dont le centre est défini par son regard constant sur le temps, qui est devenu une véritable attraction. En arrière-plan de ses études, surtout au cours des dernières décennies, s'est imposé le thème de la mondialisation, sur lequel il s'attarde, arguant dans une de ses parenthèses : "Dans le concept de mondialisation, et chez ceux qui s'y réfèrent, il y a une idée de la complétude du monde et de l'arrêt du temps qui dénote une absence d'imagination et un enchevêtrement dans le présent profondément contraire à l'esprit scientifique et à la morale politique".
Dans un tel contexte, la problématique du mythe s'est imposée. C'est-à-dire des symboles et des manifestations qui leur sont associées : "Les dieux sont au centre de l'univers symbolique compris comme l'ensemble des représentations des systèmes d'activité humaine : on ne peut passer de l'un à l'autre de ces systèmes, et d'une pratique à l'autre, que grâce à leur médiation".
Marc Augé a traversé les archétypes des mythes en plaçant l'anthropologie et l'archéologie dans un dispositif ethnique, ou plutôt ethnologique, comme les faces d'une même pièce. Ainsi. L'anthropologie non comme un métier mais comme la véritable sagesse du savoir. Le savoir antique dans une base de méditations représentatives. Les héritages ont ainsi trouvé leur place dans le non-lieu de l'espace-temps dans lequel les hommes ont construit, laissant la grotte leur hutte. L'anthropologue qui a fait entrer l'ethnologie dans la philosophie.
15:42 Publié dans anthropologie, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anthropologie, marc augé, philosophie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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