jeudi, 20 mars 2025
La France face à ses contradictions géopolitiques
La France face à ses contradictions géopolitiques
Stefano Vernole
Source: https://telegra.ph/La-Francia-alle-prese-con-le-proprie-c...
Après avoir minimisé les capacités militaires de Moscou pendant presque trois ans, des cris d'alerte fusent désormais à Bruxelles et dans certaines chancelleries européennes concernant la menace imminente des forces russes et la nécessité de répondre par des efforts extraordinaires.
Une des prémisses du plan de réarmement annoncé en grandes pompes par Mme von Der Leyen — 800 milliards d'euros en 5 ans — repose sur la dénonciation d'une possible invasion russe de l'Europe dans les cinq prochaines années. Après avoir minimisé les capacités militaires de Moscou pendant près de trois ans, aujourd'hui, depuis Bruxelles et depuis certaines chancelleries européennes, l'alarme est lancée quant à la menace imminente des troupes russes et à la nécessité de faire face à cette menace par un effort financier extraordinaire de la part des différents États membres de l'UE.
Une voix autorisée, naturellement passée sous silence ces derniers jours, est celle du ministre actuel de la Défense de Paris, Sébastien Lecornu, qui a manifestement cherché à tempérer les déclarations tonitruantes d'un Emmanuel Macron de plus en plus en crise de légitimité.
Tout en prenant note que, depuis 2007, l'attitude du Kremlin envers l'élargissement de l'OTAN à l'Est a progressivement et concrètement changé, Lecornu se distancie non seulement de l'agressivité du chef de l'Élysée, mais aussi des affirmations du patron du service allemand de renseignement extérieur (BND), Bruno Kahl, selon lequel "en termes humains et matériels, les forces armées russes seront probablement en mesure de mener une attaque contre l'OTAN d'ici la fin de cette décennie". Cela se produira dans cinq ans. Et il n'est pas le seul à faire cette évaluation. "La Russie anticipera probablement un conflit avec l'OTAN d'ici la prochaine décennie", avaient estimé les services de renseignement estoniens en février 2024. La même observation a été faite au Danemark, où le FE (Forsvarets Efterretningstjeneste, renseignement militaire) a averti le mois dernier d'une possible "guerre à grande échelle" en Europe d'ici cinq ans.
Dans son discours au peuple français du 5 mars dernier, le président Macron semble avoir partagé cette opinion: "D'ici 2030, la Russie prévoit d'augmenter encore son armée, d'avoir 300.000 soldats supplémentaires, 3000 chars de plus et 300 avions de chasse en plus. Qui peut croire, dans ce contexte, que la Russie d'aujourd'hui s'arrêtera à l'Ukraine ? La Russie est devenue, au moment même où je vous parle et dans les années à venir, une menace pour la France et pour l'Europe".
Le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, dans les pages de La Tribune du Dimanche du 9 mars 2025, s'est montré plus raisonnable: "Minimiser la menace russe est absurde, tout comme il est tout aussi absurde de montrer une forme de fébrilité à cet égard. Les Russes réinventent la guerre, c'est leur grande force. Ils s'en prennent à notre démocratie et à notre économie. La prochaine campagne présidentielle pourrait donc être l'objet de manipulations massives (oubliant que les dirigeants du Rassemblement National, Le Pen et Bardella, se sont rangés du côté de Kiev, ce qui rend difficile de deviner quels seront les chevaux sur lesquels Moscou pourrait parier pour influencer les élections françaises, n.d.t.)... En ce qui concerne notre économie, la situation est encore plus préoccupante. Par exemple, il y a les déstabilisations des flux maritimes, de la mer Rouge aux nombreux navires de la flotte fantôme civile russe qui attaquent les câbles sous-marins ou les infrastructures énergétiques (cette accusation a toutefois été démentie par les inspecteurs de l'OTAN, n.d.t.). Les cyberattaques deviennent également de plus en plus sophistiquées. [...] Cela peut même aller plus loin: opérations de sabotage, planification d'exécutions ciblées contre des personnalités clés du monde économique, interactions agressives avec nos forces armées, etc.", a expliqué M. Lecornu.
Quant au risque d'une attaque russe contre un pays de l'OTAN dans deux ou cinq ans, le ministre de la Défense de Paris l'a écarté: "Nos services [de renseignement] ne disent pas cela", a-t-il affirmé. Toutefois, il a ajouté qu'il est vrai que Moscou “est tentée de déstabiliser la Moldavie à travers la Transnistrie” (éludant le fait qu'en Transnistrie, un référendum populaire a eu lieu en 2006 pour demander l'annexion de la région à la Fédération de Russie, n.d.t.). "Même les pays avec des minorités russophones peuvent être sujets à la déstabilisation russe", a-t-il ensuite déclaré.
Rappelons qu'en 2022, le renseignement français, en particulier la Direction du renseignement militaire [DRM] et la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE], a été critiqué pour ne pas avoir prévu l'invasion de l'Ukraine et que Macron en avait profité pour remplacer le chef de la DRM, Éric Vidaud, en poste depuis seulement sept mois. Ce que Bernard Émié, alors directeur de la DGSE, avait vigoureusement contesté : "Nous avons détecté les mêmes mouvements de troupes russes que nos alliés. Même si nos analyses pouvaient être différentes, nous avions le même niveau d'informations. La seule différence est la manière dont ces informations ont été traitées. Nous étions encore dans une phase de négociation et de dialogue [avec la Russie, n.d.t.]. La CIA a choisi de divulguer ses informations de renseignement au grand public, dans l'espoir de dissuader Moscou d'intervenir. Nous avons gardé ces éléments secrets car nous ne voulions pas révéler nos méthodes de collecte. Ce silence de notre part a conduit plusieurs médias à penser que nous ne savions pas. Ce qui est faux", a expliqué M. Émié dans une interview au Point.
Mais les contradictions internes ne concernent pas seulement les intentions de la Russie, mais aussi un dossier hautement "sensible" comme celui du nucléaire.
En France, nous assistons à un retour à des propositions visant à mettre la Force de frappe nationale au service de la défense de l'Europe sur un large spectre allant d'une déclaration plus assertive concernant la dimension européenne des "intérêts vitaux" à une dissuasion partagée, voire même à une forme de partage nucléaire sous double clé, selon le modèle pratiqué par l'OTAN avec plusieurs pays de l'Alliance. Certains suggèrent même de renforcer l'arsenal tant du point de vue qualitatif que quantitatif pour pouvoir contrer tout type d'attaque. Ainsi, adapter ouvertement la dissuasion à l'Europe signifierait ne pas se limiter aux vecteurs aériens et sous-marins actuels, mais se doter à nouveau d'armes tactiques ou même renforcer les armes conventionnelles.
Il s'agirait d'une distorsion inédite et mortelle de la pensée stratégique historique française sur la dissuasion nucléaire ; toute réflexion et toute correction de la position nationale ont été, à l'époque de la guerre froide, condamnées comme une déviation dangereuse comportant le risque d'une guerre et même comme une trahison de l'héritage gaulliste qui avait doté la France de la bombe atomique justement pour ne pas dépendre militairement de Washington et pouvoir dialoguer franchement avec Moscou.
Et cela contredirait également l'audition devant la Commission de la défense nationale et des Forces Armées de l'Assemblée nationale française sur le thème de la dissuasion nucléaire et les modifications des traités en cours – tenue le 20 mars 2019 – de Nicholas Roche, directeur des affaires stratégiques de sécurité et du désarmement au Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. Ce fut également l'occasion d'inviter les principaux experts militaires de l'armée française à rendre compte de l'état d'avancement de la Force de frappe de Paris dans les différents domaines et à clarifier quels objectifs stratégiques étaient visés grâce à la possession de l'arme nucléaire. "Il est à rappeler dans toutes les instances diplomatiques et politiques internationales que, si les armes nucléaires doivent rester, elles ne peuvent être qu'un moyen de dissuasion, avec la perspective de mettre en œuvre l'article VI du TNP", précisa alors Roche, manifestant en outre le scepticisme de Paris concernant une intégration de la Force de frappe avec les forces nucléaires de Londres.
Une posture qu'il sera difficile pour Macron de changer maintenant.
Article original: Strategic Culture Foundation.
17:51 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, europe, affaires européennes, force de frappe, bellicisme, emmanuel macron | |
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Johannes Agnoli: la subversion comme Science
Johannes Agnoli: la subversion comme Science
Portrait d’un penseur injustement oublié du radicalisme
Werner Olles
Une image iconique: le 17 février 1968, l'« International Vietnam Congress » a lieu dans l'Auditorium Maximum de l’Université Technique de Berlin-Ouest. Sous un drapeau surdimensionné du FNL, portant les inscriptions « Pour la victoire de la révolution vietnamienne » et « Le devoir de tout révolutionnaire est de faire la révolution », environ 5000 participants applaudissent debout le discours d'ouverture de Karl Dietrich Wolff, président de la SDS. À la longue table installée sur le podium se sont levés les leaders de la SDS: Rudi Dutschke, Günter Amendt, Christian Semler, Gaston Salvatore, derrière eux Hans-Jürgen Krahl, et tout à fait à droite en arrière-plan, un jeune homme d'une vingtaine d'années, qui est l'auteur de ces lignes, dont la présence devait garantir la sécurité de Wolff. Tout à gauche sur le podium, un homme en chemise blanche avec une cravate, qui se distingue également parce qu'il est visiblement plus âgé que les autres hommes, tous très jeunes: Johannes Agnoli. Après les discours agités et combattifs de Wolff, Dutschke et Krahl, l'auteur de la bible de la Nouvelle Gauche, de la SDS et de l'APO, La transformation de la démocratie ne sera pas présent à la grande manifestation le lendemain, mais son influence déterminante sur le mouvement étudiant de 67/68 en a déjà fait l'une de leurs figures de proue.
Giovanni Agnoli – il ne deviendra Johannes que plus tard – naît le 22 février 1925 à Valle di Cadore, un petit village dans les Dolomites. Encore à l'école primaire, il devient membre de l'organisation de jeunesse fasciste Gioventù Italiana del Littorio, et finit par devenir chef provincial de la jeunesse fasciste des écoles. À 18 ans, il travaille dans la « Commission de la culture » et est rédacteur de la revue Dolomiti. Il y écrit: « Croire en notre juste cause, en l'idée pour laquelle beaucoup de jeunes hommes meurent aujourd'hui, parce que seuls nous avons le droit de nous appeler défenseurs de la culture: parce que notre foi ne porte pas seulement le nom de fascisme, mais plutôt le nom d'Europe. »
La Seconde Guerre mondiale, le jeune Agnoli la comprend comme un combat entre la culture du capitalisme, incarnée par les États-Unis et l'Angleterre, et la culture du travail, représentée par l'alliance entre l'Italie et l'Allemagne, comme un combat de la « puissance de l'or » contre la « force du travail du peuple. » Il vénère le poète Ezra Pound, le sociologue et économiste Vilfredo Pareto et le théoricien de l'État Niccolò Machiavelli, et en 1943, après la chute de Mussolini et l’occupation allemande de l'Italie, il s'engage volontairement dans les Waffen-SS, qui, parce qu'il est un alpiniste passionné, le muteront dans les unités de chasseurs de montagne de la Wehrmacht, avec lesquels il combat les partisans de Tito en Yougoslavie.
En mai 1945, il est capturé par les Britanniques, mais même après sa libération en 1948, son enthousiasme pour l'Allemagne reste intact. Avec une bourse destinée aux anciens combattants, il commence ses études de philosophie, suit des cours avec Eduard Spranger, obtient un doctorat en philosophie et passe un examen en sciences politiques avec Theodor Eschenburg. En 1957, Agnoli rejoint la SPD, dont il est exclu en 1961 en tant que membre de la "Société de soutien socialiste" en raison de la résolution d’incompatibilité avec le SDS qui avait été adoptée. Sur recommandation de Wolfgang Abendroth, il devient assistant d'Ossip K. Flechtheim à l'Institut Otto-Suhr et y obtient son habilitation en 1972.
Le livre Johannes Agnoli ou : la Subversion comme science, publié par Michael Hewener et paru à temps pour son 100ème anniversaire, propose, après une introduction de l'éditeur sur la vie et l'œuvre d'Agnoli et sa conversion de la droite à la gauche, neuf textes programmatiques originaux. Il est clair,dans ces textes, qu'Agnoli rejette clairement le système représentatif, le parlementarisme et le modèle de démocratie conçu par la constitution, critiquant la démocratie libérale et l'État constitutionnel comme une oligarchie constitutionnelle qui trompe les électeurs et les confine dans leur impuissance politique. La constitution, en tant que compromis de classe, est censée tenir les masses à l'écart du pouvoir. Plus tard, Agnoli, qui se définit désormais comme un « marxiste libertaire », est accusé par Wolfgang Kraushaar et Götz Aly d’avoir largement gardé le silence sur son passé, tandis que l'éditeur et également plusieurs collègues d'Agnoli, tels que Wolf-Dieter Narr et Richard Stöss, ont fermement nié cela. Agnoli aurait parlé librement de sa jeunesse en société et n’aurait jamais renié son enthousiasme pour le fascisme à l’époque. En réalité, il ne l’a jamais refoulé et s'est toujours intéressé au fascisme.
La subversion comme essence de la libération, le malaise avec et dans la démocratie mettent la signification historique d'Agnoli sur le même plan que l'œuvre fondatrice de Herbert Marcuse, L'homme unidimensionnel. Les architectures systémiques et les pénibles phrasographes des divers marxismes-léninismes dans les pitoyables groupes K après la dissolution du SDS étaient à l'opposé de ce que représente une critique subversive et de la raison pure. En tant que praticien des Lumières, la propagande et le journalisme mensonger lui paraissaient abominables, et il n'avait que mépris pour la polémique grand public de Habermas contre le machiavélisme et l'ironie qui l'habite. Ainsi, il se distingue également du marxisme académique qui nie prématurément le moment du naïf en politique. Cela l'a immunisé contre toute théorisation et tout verbiage affecté qui se suffit à lui-même. Il s'opposait fermement à l'idée que la sphère privée doit être politique, affirmant que cette sphère privée doit justement être libérée du politique. Pour lui, réfléchir et anticiper était important, mais pas de manière trop sérieuse; des calembours formulés avec désinvolture faisaient partie de son approche, contrairement à tous ces « politisés », car l'intellectuel ne devait pas faire de la politique le sens même de sa vie.
La transformation de la démocratie qu'il avait prédite de bonne heure est désormais arrivée à son terme. Agnoli a été qualifié « d'ennemi de l'État doté d'une chaire », ce qu'il n'a pas contesté, tandis que les révolutionnaires professionnels de 68 se plaignaient que l'État ne voulait pas les employer en tant qu’enseignants ou conducteurs de train. Il leur a dit qu'il était tout de même un peu étrange de mendier un poste bien rémunéré auprès de l'État afin de pouvoir mieux le combattre. Tout cela fait que la lecture des essais et articles d'Agnoli reste aujourd'hui un vif plaisir, car ses textes se distinguent agréablement de ceux des habituelles moulins à phrases de gauche et laissent sentir qu’ici un véritable penseur est à l’œuvre, qui ne cherche pas à invoquer de manière pathétique la classe ouvrière ou le socialisme, mais qui vise une critique sévère et une destruction. Bien qu'il se soit toujours distancié d'Adorno et de Horkheimer, c'est précisément ce qui l'unit aux deux penseurs de la Théorie Critique et de la « Dialectique Négative ». Sa compréhension des raisons pour lesquelles les mouvements apparemment dirigés contre ce qui existe (ce qui est "réellement existant") se mettent en réalité au service de ses intérêts, et se traduisent souvent par de pires conséquences: cela s'est vérifié aujourd'hui à un point qu'Agnoli lui-même n'aurait pu ou voulu envisager.
Que la gauche radicale succombe à l'effondrement de la modernisation et à travers plusieurs « crises de mise en œuvre » devienne ce qu'elle est aujourd'hui, un groupe quelconque sans aucune impulsion révolutionnaire théorique, était également une trajectoire tout à fait claire pour Agnoli, en tant que critique radical de la transformation du citoyen en marchandise. Ce mélange d'un militantisme à la fois touchant et aigri et d'un esprit aventureux inébranlable, que l'on aurait soupçonné dans les sectes ML tristement disparues, a désormais contaminé tous les restes de la gauche. Un penseur de l'envergure d'Agnoli est introuvable aujourd'hui. Quant à la droite intellectuelle, elle a tristement évité ses idées théoriques, bien qu'il soit évident qu'elle aurait pu en tirer un avantage métapolitique significatif. Gauches et droites sont deux mondes de pensée qui semblent avoir mal compris sa déclaration « La rébellion est toujours justifiée ! » comme un problème de déterminisme ou une réflexion théorique sur la crise, entraînant ainsi leur orthodoxie dans une boucle infinie de pistes ahistoriques. Cependant, un faux déterminisme est moins inhérent à la pensée d'Agnoli qu'à certaines interprétations historiques dogmatiques de gauche et de droite sur la légitimité de l'État, la domination sans sujet et une critique de la société simplifiée. Le chauvinisme du bien-être et l'effondrement du réalisme mènent inévitablement au Rien ne va plus et donc à la mort de l'esprit dans la société multiculturelle à risque, si bigarrée. Ainsi, la gauche et la droite se révèlent toutes deux être des dinosaures d'une civilisation déclinante, à laquelle il serait indécent de donner le nom de "culture".
Le 4 mai 2004, Johannes Agnoli est décédé à San Quirico di Moriana, près de Lucques, en sa chère Italie.
* * *
Michael Hewener (éd.) : Johannes Agnoli oder : Subversion als Wissenschaft. Karl Dietz Verlag. Berlin 2025. 176 pages. 14 euros.
16:56 Publié dans Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théorie politique, subversion, 1968, johannes agnoli, démocratie, gauches, gauches extra-parlementaires | |
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L'Europe dans l'abîme
L'Europe dans l'abîme
Jordi Garriga
« Le pacifisme est un rêve noble, mais malheureusement, pour l’instant, c’est un rêve qui produit des cauchemars. »
José Manuel Sánchez Ron (*), journal ABC, 15 mars 2025.
Les intellectuels proches de Bruxelles et de Washington ont déjà lancé une campagne sentimentale et émotionnelle pour adopter l’européisme comme moyen de défense de la démocratie et de la liberté sur notre continent. Ils basent leurs arguments sur l’histoire, les guerres et la menace russe, et les assaisonnent d’attaques contre Trump, lui reprochant de ne pas être assez démocrate et même de ne pas être un bon dirigeant.
On voit donc qu’ils veulent diffuser un nationalisme non nationaliste… Un européisme basé sur les valeurs mondialistes « de l’inclusion, de la diversité, de la liberté », etc. Comme un déguisement pour la soumission la plus claire à l’impérialisme américain, pour un bellicisme contre une Russie dépeinte comme le mal absolu pour avoir osé se défendre.
La Russie a démontré depuis plus de 30 ans qu’elle n’a jamais voulu envahir quoi que ce soit. Elle a toujours voulu faire partie du monde de l’après-guerre froide, mais elle a été mise à l’écart et méprisée par le racisme occidental.
L'OTAN a progressé, l'ex-URSS s'est fragmentée et un conflit ouvert n'a éclaté qu'après plusieurs « révolutions de couleur », après la guerre du Donbass, après huit années de tromperie occidentale et la menace de l'Ukraine de rejoindre l'OTAN.
La Russie s’est impliquée en Ukraine parce qu’elle n’avait pas d’autre choix. Ils utilisent désormais des exemples historiques pour tenter de transformer la Russie en une nouvelle Allemagne (hitlérienne), en faisant appel à la mémoire collective afin de ne pas avoir à recourir à la simple logique et à la raison.
Le plan continue : alors que les États-Unis se concentrent sur leur confrontation globale avec la Chine, l’Europe restera un champ de bataille contre la Russie. Pour y parvenir, il y a une contradiction à surmonter : créer une conscience européenne unitaire, mais centrée sur la haine de la Russie ; fier des valeurs mondialistes mais pas des siennes ; une unité, mais non souveraine, car orientée vers les objectifs du Maître. Alors que le nationalisme et la différenciation sont encouragés en Russie par les Yankees, ces mêmes Yankees interdisent aux Européens d’être nationalistes, d’être identitaires, d’être fiers de chacun de leurs peuples.
L’histoire des coalitions occidentales en conflit avec la Russie s’est TOUJOURS mal terminée. Appeler à une croisade contre la Russie est un peu compliqué de nos jours : l’Europe ne croit pas en Dieu, la Russie oui ; personne ne se bat jusqu’à la mort dans un autre pays, pour son propre pays, oui; personne ne meurt pour la démocratie, les droits LGBTI ou les phoques... Pour Dieu et la patrie, oui.
C’est pourquoi ils appellent avec émotion à la défense de l’Europe. Le problème est de le faire après 80 ans de propagande accusatrice, après 80 ans de dénigrement des valeurs de sacrifice, de patriotisme et d’honneur ; après 80 ans à proclamer l'Europe comme le contraire de la guerre, pour laver nos « horribles péchés contre l'humanité » commis au fil des siècles... Ont-ils l'intention de renverser rapidement toute cette sale propagande, ou tout cela n'est-il qu'un coup de pub ? Peut-être que les intellectuels officiels gagnent simplement leur salaire en écrivant et en agissant contre toute logique, afin que leurs maîtres soient contents et que tout le système puisse continuer.
Si la guerre éclate enfin et que nos amis américains restent là à regarder, avec nos pays ruinés et notre jeunesse disparue... De qui diront-ils que c'est la faute ?
Pour lutter « pour la démocratie et la liberté », un régime dictatorial sera établi dans toute l’Union européenne. Ils nous diront que c'est une « situation exceptionnelle temporaire » et ils la maintiendront pendant des années, avec tous les droits sociaux abrogés, au nom de la légalité la plus pompeuse. Il ne sera plus nécessaire d’écarter les candidats présidentiels gênants. Les partis (les « mauvais », bien entendu) seront interdits et il n’y aura pas d’élections.
Les quatre points essentiels pour que l’Europe, avec l’UE, devienne une entité souveraine (unité politique, diplomatie et armée communes, expulsion du personnel militaire américain et pactes avec la Russie) ne sont absolument pas satisfaits par ces appels. Ils représentent l’Europe qui est tombée dans l’abîme creusé par l’UE. Il s’agit d’une compétition interne entre les peuples colonisés, et non d’une unité ; Il n’existe pas d’armée commune et de la diplomatie étrangère sans la permission des Yankees ; les Yankees ne partent pas malgré toutes les promesses de Trump, et tout est centré sur l'agression contre la Russie comme seule chose qui justifierait l'existence de l'UE.
De même qu’en Espagne et dans d’autres pays, le seul patriotisme accepté est celui qui tente de plaire à ceux qui détestent l’Espagne, celui qui est obéissant et non critique envers le régime, dans l’UE, le seul patriotisme sera celui des Européens avec des valeurs yankees, des drapeaux arc-en-ciel et des consommateurs zombifiés.
Note:
(*) Né en 1949, il est physicien théoricien et professeur d'histoire des sciences. Il a étudié en Grande-Bretagne et aux États-Unis et est entré à l'Académie royale espagnole avec le discours « Éloge du métissage ».
10:04 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : urope, actualité, affaires européennes | |
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