lundi, 22 décembre 2025
Les 90 milliards qui n’existent pas – le financement de l’Ukraine par l’Europe comme placebo politique

Les 90 milliards qui n’existent pas – le financement de l’Ukraine par l’Europe comme placebo politique
Elena Fritz
Bron: https://pi-news.net/2025/12/90-milliarden-die-es-nicht-gi...
"Merci, cher Friedrich !": L’Ukraine, le pays le plus corrompu du monde, reçoit de l’UE un prêt sans intérêt de 90 milliards d’euros.
Les décisions nocturnes du Conseil européen nous laissent surtout une impression: celle d’un théâtre politique destiné à donner une illusion d’action, là où il ne reste pratiquement plus d’espace de manœuvre. Beaucoup de problèmes semblent résolus, beaucoup de déclarations paraissent grandes – mais en y regardant de plus près, il reste étonnamment peu de substance.
Commençons par le supposé rassurant: les avoirs d’État russes gelés en Europe restent intacts. Malgré des mois de débats, de charges morales et de menaces politiques, Bruxelles n’a finalement pas osé franchir cette ligne juridique. Cela n’est pas tant l'expression de principes propres à l’État de droit, mais plutôt la reconnaissance que la confiscation formelle d’actifs étrangers serait un précédent dangereux – pour le marché financier européen, la confiance des investisseurs internationaux et la crédibilité fragile des garanties de propriété occidentales.
Au lieu de cela, on a présenté un chiffre qui capte mieux l’attention dans les médias: 90 milliards d’euros pour 2026 et 2027, "provenant du budget de l’UE". C’est là que commence le problème.
Car ce budget de l’UE existe déjà – et il est largement planifié. Le cadre financier pluriannuel 2021-2027 comprend au total 1074 milliards d’euros, soit environ 153 milliards par an. Pour l’Ukraine, aucune ligne budgétaire spécifique n’est prévue. Si l’on mobilisait effectivement 90 milliards d’euros en deux ans, cela représenterait jusqu’à 30% du budget annuel – une ampleur qui bouleverserait fondamentalement la structure financière actuelle de l’UE.
Le budget de l’UE n’est pas un simple coffre-fort, mais le résultat de compromis politiques. Il est principalement alimenté par les contributions de quelques payeurs nets – notamment l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne – et finance des politiques classiques de l’UE: subventions agricoles, projets de transport et d’infrastructure, développement régional. De grands bénéficiaires comme la Pologne en profitent tout particulièrement en chiffres absolus, tandis que des pays comme l’Estonie en profitent en proportion de leur PIB.
Un déplacement massif en faveur de l’Ukraine entraînerait donc inévitablement des perdants au sein de l’UE. Ce que ce vote nocturne ne dit pas. Reste à voir si les programmes existants seront coupés, si de nouvelles dettes seront contractées ou si les règles du budget seront simplement assouplies. Jusqu’à présent, le budget de l’UE est officiellement en équilibre; un déficit structurel serait politiquement délicat et, du moins juridiquement, nécessiterait des explications.

Il n’est donc pas exclu qu’un troisième scénario se dessine: que la référence au "budget de l’UE" soit avant tout rhétorique – un signal politique sans financement assuré. Un simple marqueur pour gagner du temps.
Dans ce contexte, le mécanisme de remboursement choisi est particulièrement révélateur. L’Ukraine remboursera les fonds lorsque la Russie versera des réparations. Cela semble juridiquement net, politiquement élégant – mais c'est économiquement une fiction. En réalité, il s’agit de subventions assorties d’une promesse morale de remboursement. Personne à Bruxelles ne compte sérieusement sur un tel paiement.
Il ne reste donc du grand vote qu’une seule chose: un report. La question fondamentale – qui doit financer à long terme le budget de l’État ukrainien et ses besoins militaires – n’a pas reçu de réponse, mais à été reportée à l’avenir. Chaque euro devra être négocié durement, avec une opposition intérieure croissante dans les États payeurs nets.
L’UE voulait montrer sa détermination, mais a plutôt révélé son épuisement financier. Le problème central n’est pas le manque d’argent, mais le manque de sincérité quant aux limites du possible.
16:51 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, europe, affaires européennes, actualité, politique internationale |
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