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lundi, 21 janvier 2019

Extension des persécutions politiques

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Extension des persécutions politiques

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Dans la soirée du 2 janvier 2019, non loin de l’avenue des Champs-Élysées, la police arrête Éric Drouet et le place une nouvelle fois en garde à vue pour le motif fallacieux d’« organisation d’une manifestation sans déclaration préalable ». Relâché une vingtaine d’heures plus tard, l’infortuné citoyen en colère comparaîtra en février prochain devant le tribunal correctionnel. Une seconde convocation l’attendra en juin prochain pour la détention supposée d’un bâton (et pourquoi pas un coton-tige ?). Ce chauffeur routier de 33 ans, devenu l’une des figures des « Gilets jaunes », avait auparavant été entendu dans un commissariat pour un soi-disant délit de « provocation à la commission d’un crime ». Il avait envisagé de manifester devant l’Élysée et, le cas échéant, d’y entrer. De quoi de plus normal pour un bâtiment de la République ?

Dans la matinée du 8 novembre 2018, Julien Coupat était victime d’une interpellation préventive dans l’Est de Paris. Les policiers découvraient dans son véhicule un masque, un gilet jaune et des bombes… de peinture ! Après une longue garde à vue, l’une des victimes de la machination étatico-policière sarközyste de Tarnac ressortait libre avec un rappel à la loi dans la poche.

Julien Coupat et Éric Drouet sont des proies du Régime. Tout l’arsenal répressif voté sous le calamiteux Sarközy se déploie pour la circonstance. Le Régime se veut intraitable envers l’opposition populaire pendant qu’il laisse le désordre s’installer dans les banlieues de l’immigration. Il paraît évident qu’Emmanuel Macron ne se fera pas photographier en enlaçant dans une pause presque érotique Julien Coupat, Éric Drouet et Nicolas Dupont-Aignan ! Le 7 décembre dernier, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner porta plainte contre le député non-inscrit de l’Essonne et président de Debout la France. Suite aux nombreuses dégradations commises à l’Arc de Triomphe, le 1er décembre, Nicolas Dupont-Aignan désignait les « petits casseurs de Castaner », soit des agents provocateurs, pas forcément subordonnés à la place Beauvau, infiltrés parmi les manifestants. C’est donc en France qu’un ministre se permet de poursuivre un élu de l’opposition, ancien candidat à l’élection présidentielle, qui s’interroge à haute voix. Si cette ignominie avait été commise à Moscou ou à Budapest, les sempiternelles associations humanitaires auraient hurlé à l’attentat contre les droits de l’homme. Or, c’est un silence assourdissant !

Ces mêmes associations parasitaires grassement subventionnées par Soros et nos impôts se taisent aussi au sujet des incroyables accusations portées contre Benoît Quennedey. Ce haut-fonctionnaire bourguignon de 42 ans a été mis en examen après quatre jours de garde à vue pour « trahison par livraison d’informations à une puissance étrangère ». L’énarque, membre du Parti radical de gauche jusqu’en 2017, préside l’Association de l’amitié franco-coréenne et est l’auteur chez Delga qui publie les œuvres de Michel Clouscard, de La Corée du Nord, cette inconnue, puis, aux éditions Les Indes Savantes, L’Économie de la Corée du Nord en 2012. Naissance d’un nouveau dragon asiatique ? La DGSI s’attaque donc à un haut-fonctionnaire qui officie à la direction de l’architecture, du patrimoine et des jardins du Sénat. Benoît Quennedey a peut-être fourni à Pyongyang les plans ultra-secrets du Jardin du Luxembourg ou bien les dates confidentielles d’élagage des arbres…

Le 2 octobre 2018, une vaste opération soi-disant anti-terroriste frappait à Grande-Synthe le Centre Zahra, une association culturelle musulmane chiite. Deux semaines plus tard, le préfet du Nord fermait pour six mois ce lieu accusé de diffuser l’islam radical chiite à l’échelle européenne. Dans le même temps, les terroristes d’Al Qaïda et de Daech rentrent tranquillement en France ou quittent les prisons. Le Centre Zahra est une cible facile. Certains de ses animateurs dirigent le Parti anti-sioniste et ont soutenu en 2009 aux élections européennes en Île-de-France la liste de Dieudonné et d’Alain Soral, deux autres persécutés politiques.

Pendant que le Régime menace d’honnêtes gens, sa police avoue son impuissance face aux voyous du 9-3 et aux racailles du CAC 40. Au lieu de s’en prendre à de fantasmatiques agents à la solde de l’Iran, de la Corée du Nord ou de la Russie, le contre-espionnage devrait plutôt démanteler les puissants réseaux d’influence en France qui œuvrent pour les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Arabie Saoudite et le Qatar. Il devrait en particulier se pencher sur ces individus qui, à l’instar de cet élu des Français à l’étranger, servent d’abord les intérêts de la seule puissance nucléaire du Proche-Orient. Intérêts qui nuisent à l’avenir de la vraie France européenne.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 108, mise en ligne sur TV Libertés, le 14 janvier 2019.

mercredi, 27 juin 2018

VALÉRIE BUGAULT: MESSAGE DE SOUTIEN À IURIE ROSCA

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VALÉRIE BUGAULT, DOCTEUR EN DROIT, FRANCE. MESSAGE DE SOUTIEN À IURIE ROSCA

Valérie Bugault, docteur en droit, France.

Message de soutien à Iurie Rosca

"La plume étant ma meilleure arme, la plus efficace, c’est par elle que je viendrai te soutenir. Jusqu’à il y a peu, j’ignorais et ton nom et le lieu de situation exact de ton pays, la Moldavie ; petit pays par sa superficie mais grand pays par sa position géographique et par sa culture, à la croisée des chemins de l’Est et de l’Ouest, avec le christianisme comme point de jonction.

Je t’ai découvert, dans le même temps que je découvrais la Moldavie et son courageux président Igor Dodon à l’occasion de ton invitation au 2ème colloque de Chisinau à l’hiver dernier. Ce fut un moment inoubliable où des intervenants, issus d’une grande variété de pays européens, a pu, collectivement, évoquer des pistes intellectuelles de refondation de la civilisation occidentale, elle-même en voie de disparition rapide autant que radicale. Disparition due au reniement par ses dirigeants politiques des valeurs qui avaient fait la grandeur des différents pays européens. Ces valeurs étaient la résultante directe de la longue histoire de ce continent, des aléas de l’organisation politique de ses différents pays et de son arme politique ultime qu’était le droit continental. Les différents pays d’Europe n’ont à vrai dire guère plus en commun qu’une culture fondée sur le christianisme et qu’un système juridique, dit continental, lui-même extrêmement imprégné de droit romain, droit dont la philosophie profonde consiste à organiser la vie en commun. Si cet héritage peut sembler modeste, il est en réalité unique et immense par la promesse de renouveau civilisationnel qu’il contient.

Ton accueil, mon cher Iurie, à l’occasion du second colloque de Chisinau consacré aux questions économiques, fut incroyablement chaleureux, à la hauteur, à vrai dire de ton enthousiasme pour sortir la Moldavie du mauvais pas dans lequel son adhésion à l’Union Européenne et à l’OTAN l’entrainerait inéluctablement, en créant de grandes difficultés relationnelles avec la Russie, son voisin géographique immédiat, son partenaire commercial naturel incontournable et son cousin spirituel.

C’est avec une grande tristesse que j’ai appris les ennuis judiciaires qui t’accablent aujourd’hui. Sans connaître réellement les tenants et aboutissants juridiques de ton dossier, on ne peut que s’étonner du rebondissement judiciaire, presque dix ans après les faits reprochés, d’une affaire qui, si j’ai bien compris, ne semble pas réellement étayée quant aux faits reprochés. L’étonnement est d’autant plus légitime que la peine encourue est extrêmement sévère (plusieurs années de prison) et que cette menace judiciaire intervient quelques mois avant les élections législatives en Moldavie. Sans anticiper les résultats de cette élection, il semble que le parti pro Union Européenne au pouvoir en Moldavie, que tu combats avec acharnement et détermination, pourrait se trouver en situation de perdre la majorité qu’il détient actuellement.

Ces élections sont-elles la réelle cause de tes ennuis judiciaires ou y sont-elles étrangères ? S’il ne m’est pas possible de répondre à cette question, il reste que ton incarcération porterait un coup très dur à toute voix dissidente en Moldavie, dans le même temps qu’il porterait un coup très dur à la liberté d’opinion et d’expression indispensables au pluralisme qui a fait la grandeur du continent européen. C’est au titre de la liberté d’expression que je prends donc ma plume pour défendre ta cause, mon cher Iurie.

Puissent le, ou les, procureur(s) qui s’occupe(nt) de ton dossier judiciaire, entendre la voix de la raison et permettre à la liberté d’expression d’exister, c’est-à-dire de rester libre…"

APPEL DE PARIS AU PRÉSIDENT DODON SUR LE „DOSSIER ROSCA”

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Le Président Dodon, Alexandre Douguine et Emmanuel Leroy

APPEL DE PARIS AU PRÉSIDENT DODON SUR LE „DOSSIER ROSCA”

 

Lettre ouverte à

Son Excellence,

Monsieur Igor Dodon

Président de la République Chisinau, MD 2073

154 Stefan cel Mare bd.

République de Moldavie 

Paris, le 19 juin 2018

Monsieur le Président,

Au cours de l’année passée, vous nous avez fait l’honneur de nous accueillir à deux reprises dans votre capitale pour la tenue des deux colloques que nous avons organisés avec mon ami Iurie Rosca. Le symposium du mois de décembre à Chisinau où vous avez fait une intervention remarquable pour introduire nos travaux, a été repris sur des dizaines de médias européens pour souligner le caractère historique de cette manifestation.

L’importance de ce colloque a été remarquée par des ONG internationales, notamment celles qui visent à faire disparaître l’Europe sous des vagues migratoires, et qui n’ont pas manqué de critiquer ce colloque qu’elles ont perçu comme un réel danger visant à la libération des peuples européens contre les dérives de la mondialisation financière, comme vous l’avez parfaitement souligné dans votre discours.

Aujourd’hui, mon ami Iurie Rosca, homme intègre et honnête s’il en fut, est accusé ignominieusement de trafic d’influence. Vous comme moi, nous connaissons Iurie Rosca et nous savons qu’il est incapable d’une telle bassesse. Nous savons qu’il est tout comme vous, un vrai patriote, profondément attaché à la liberté de la Moldavie — ce dont témoigne tout son passé de dissident, d’homme politique et de journaliste.

C’est pourquoi Monsieur le Président, je me rendrai à Chisinau le mois prochain avec une délégation d’amis français afin de solliciter une audience auprès de vous et en vous demandant de tout mettre en oeuvre pour protéger notre ami de ces manoeuvres de basse politique qui ne visent qu’à un seul but: éliminer un homme qui est écouté dans votre pays et cela afin de tenter d’influencer le résultat des élections législatives de l’automne prochain.

Partout en Europe aujourd’hui, les peuples commencent lentement à se libérer des chaines de la mondialisation financière, il serait paradoxal et vraiment dommageable que la Moldavie soit le seul pays européen qui régresse en soutenant la cause d’une Union européenne à bout de souffle qui montre à travers la crise des migrants qu’elle n’est plus capable d’apporter des réponses aux peuples qui veulent une autre politique. Cette autre politique, Monsieur le Président, c’est vous qui l’incarnez aujourd’hui avec le Président hongrois, le Premier Ministre italien, le Chancelier autrichien et demain encore d’autres, portés par l’immense vague des peuples européens qui ne veulent pas mourir.

lurie Rosca est un de ces grands patriotes qui lutte non seulement pour la Moldavie mais aussi pour tous les peuples du continent eurasiatique afin qu’ils échappent à la spirale mortifère dans laquelle l’Occident est tombé.

Je compte sur votre appui Monsieur le Président pour nous aider dans cette démarche qui honorera votre pays.

Je vous prie d’agréer Monsieur le Président, l’expression de ma très haute consideration.

Emmanuel Leroy

Co-organisateur du Forum de Chisinau

Le dossier Iurie Rosca

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Message de "Synergies Européennes": Iurie Rosca, homme politique moldave, s'oppose à l'inféodation de son pays à la sphère atlantiste et souhaite une neutralité dans le conflit qui oppose, de manière particulièrement stérile, l'OTAN (et les Etats-Unis) à la Russie dans la région pontique et ailleurs dans le monde. Le parlement moldave vient, à l'encontre de l'avis de son président Igor Dodon, d'adhérer aux organisations atlantistes. Du même coup, une campagne a été immédiatement orchestrée contre les opposants à cette inféodation par une brochette de magistrats mercenaires et stipendiés. Iurie Rosca en est la première victime. Notre soutien à ses initiatives est d'autant plus cohérent que Dodon et Rosca s'opposent courageusement aux manipulations venues de Davos et voulaient faire de Chisinau, capitale de la Moldavie, le site d'où se serait cristallisé un anti-Davos, où les fers de lance des idéologies opposées au néolibéralisme auraient affûté leurs arguments. Donc, pas de tergiversations, soutien total à Iurie Rosca dans la persécution inique qu'il subit. Soutien total au Président Dodon et aux initiatives de Chisinau ! 

MESSAGE DE IURIE ROŞCA

Chers amis,

J’ai de mauvaises nouvelles. Je risque de faire au moins 7 ans de prison. À cause, bien sûr, de mes activités. Le dossier pénal a été ouvert le 21 mars 2017. Le prétexte : trafic d’influence. Le 28 février, j’ai subi une inspection à mon domicile, les procureurs m’ont pris de l’argent, mon téléphone et mon ordinateur portable, mes manuscrits, etc. Le dossier a été remis au bureau du procureur anti-corruption et un groupe de 15 procureurs et enquêteurs a été constitué. Pendant un an, j’ai été suivi par les services et mon téléphone mis sur écoute. Depuis le 28 février, le procureur maintient mon interdiction de quitter le pays. 

Le procureur a également décidé de saisir la maison où je vis temporairement et qui sert de lieu de vie et de travail pour plusieurs de mes collègues. Bien qu’il s’agisse d’un bien appartenant à une fondation, il fait toujours l’objet d’une saisie et d’une mise en vente aux enchères. Ainsi le régime ne se contente pas de me priver de liberté en m’emprisonnant, il entend détruire toute capacité de notre groupe à maintenir les conditions pour continuer notre travail journalistique et éditorial.

Mercredi 30 mai, à 14 h, le procureur m’inculpera officiellement et le dossier sera envoyé au tribunal.

Évidemment, cette inculpation a été montée de toutes pièces dans le but de me neutraliser, du fait de mes critiques envers le régime. Le pouvoir en Moldavie a été usurpé, le pays est sous le contrôle des oligarques. D’où aucun espoir d’être jugé dans le respect de la loi. Mon équipe et moi-même sommes bien connus en tant que fervents critiques des politiques occidentales. Les establishment américains et européens sont les véritables sponsors et les vrais dirigeants de mon pays. Dans ces conditions, il est très difficile de garder le moindre espoir d’échapper à la prison. 

C’est pourquoi j’ai besoin de votre aide. Notre équipe internationale doit mobiliser les décideurs politiques, les activistes, les médias etc., afin d’organiser autant de manifestations, de pétitions et d’articles que possible. Par cette action, nous pourrons obliger les gens au pouvoir à cesser leurs abus.

Tous les articles et documents sont à envoyer par mail à roscaiurieppcd@gmail.com. Je suis joignable sur mobile au 00 373 79 77 44 44.

Je voudrais rappeler que j’ai plus de 20 ans de carrière politique, j’ai été député à quatre reprises (1994-2009), je suis journaliste, auteur de plusieurs livres, traducteur et éditeur. Je dirige les sites www.flux.md et http://www.altermedia.md mais aussi mon projet universitaire "People”s University". Je suis conservateur, orthodoxe, traditionaliste.

Merci pour votre aide.

Dieu vous bénisse !

IURIE ROȘCA :LE RÉGIME S’APPRÊTE-T-IL À M’EMBASTILLER, OU S’AGIT-IL D’UNE SIMPLE ERREUR DE PROCÉDURE ?

 
 

Je souhaite, par la présente déclaration, informer l’opinion publique du fait que je fais l’objet de poursuites pénales à l’initiative du Parquet Anti-corruption, en vertu d’une dénonciation forgée sur commande de ceux que je dérange, par le délateur de service auprès des organes de répression.

Ainsi, le 28 février au matin, la maison où se trouve le siège de mon activité a fait l’objet d’une descente de neufs procureurs et officiers du Parquet Anti-corruption, nantis d’un mandat de perquisition. On a porté à ma connaissance le fait que je suis soupçonné de trafic d’influence. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un malentendu. Il s’ensuivit une perquisition digne des meilleurs films du genre. Je leur ai demandé ce qu’ils cherchaient, dans l’espoir de réussir à les aider. On m’a répondu : « l’argent, les écrits, les ordinateurs et tout autre support électronique de stockage d’information. » Quinze articles ont été confisqués : les ordinateurs (y compris les ordinateurs de mes collègues), ma mémoire externe contenant ma bibliothèque électronique, mon téléphone portable, mes carnets, manuscrits, feuillets avec prises de notes, etc.

Au cours de la même matinée, on m’a fait savoir que j’étais mis en examen, et, l’après-midi venue, le procureur Mihail Ivanov a porté à ma connaissance le fait que j’étais déjà inculpé, et m’a signifié une interdiction de quitter le territoire moldave valable pour une durée de 30 jours.

En consultant les documents mis à disposition par l’organe en charge des poursuites pénales, j’ai appris que le dossier me concernant a été ouvert le 21 mars 2017. Cependant, la procédure obligerait normalement le parquet à informer la personne mise en examen du lancement de poursuites pénales dans un délai de 30 jours à compter de l’ouverture du dossier ; c’est probablement pour se soustraire à cette obligation que les enquêteurs ont choisi de lancer les poursuites « suite à délit », c’est-à-dire en conséquence d’une infraction commise. C’est ce qui a permis de justifier – aussi étrange que cela paraisse pour un dossier dans lequel il existe un seul coupable putatif et un dénonciateur, donc deux personnages en tout et pour tout – la mise en œuvre de mesures supplémentaires d’enquête opérative en vue d’identifier l’auteur du délit. Dans ces conditions, je suppose que « la justice » a eu tout loisir de m’observer à son gré tout au long d’une période de huit mois, en mettant tout son arsenal d’instruments de surveillance au service de cette mission.

Et ce n’est que le 28 novembre 2017 que le procureur-chef du Parquet Anticorruption, Viorel Morari, a émis une ordonnance m’assignant le statut de suspect (mis en examen), et formant une équipe d’enquête composée de 15 (quinze !) procureurs et officiers de police judiciaire chargés de mon cas. S’ensuivirent des actions de filage, d’écoute de mes conversations téléphoniques et d’interception de ma correspondance. Pour obtenir des prolongations de leur droit d’utilisation de procédés d’enquête spéciaux (utilisation que la loi ne permet que pour une durée maximale de 30 jours), les procureurs ont à deux reprises obtenu l’aval des juges d’instruction, qui leur ont accordé deux renouvellements successifs de leur autorisation de poursuivre leurs filages leurs interceptions. C’est ainsi qu’ils ont atteint le terme de la durée d’enquête maximale autorisée sans notification du suspect. C’est ce qui explique la descente de l’équipe d’enquête qui a eu lieu le 28 février 2018, soit exactement trois mois après l’ouverture de l’enquête pénale portant sur le soussigné en sa qualité de suspect.

S’ensuivirent encore trois mois d’enquête pénale, ponctués de visites à répétition au Parquet Anticorruption.

Sur le fond, on m’accuse d’avoir demandé et obtenu « à des fins délictueuses » une somme d’argent « d’un montant particulièrement élevé », versée par un individu dont le but aurait été d’influencer une décision de justice en 2009. Je n’entrerai pas ici dans les détails, qui seront exposés lors des audiences du procès, dont j’espère qu’elles seront publiques. Mais j’affirme d’ores et déjà, sans aucun risque de péché contre la vérité, que ce dossier est cousu de fil blanc, et que l’intention qu’on y renifle est celle de faire taire un homme qui gêne le gouvernement actuel.

Vendredi dernier, 25 mai, j’ai été convoqué chez le procureur Mihail Ivanov, pour y contresigner une quatrième interdiction de quitter le territoire.

Aujourd’hui, le 31 mai, le procureur a terminé l’enquête et a présenté l’accusation. Dans quelques semaines la première audience du tribunal aura lieu.

Les faits qu’on me reproche auraient eu lieu en 2009, à une époque où j’avais déjà perdu mon mandat électif et toute fonction officielle, n’étant plus ni député, ni vice-premier ministre, mais un simple demandeur d’emploi sans aucune influence sur la marche de l’Etat. Le gouvernement était déjà dans les mains de ceux que j’avais sévèrement critiqués pour leur tentative de coup d’Etat du 7 avril 2009. Pourquoi cette plainte au pénal a-t-elle attendu 2017 pour remonter à la surface ? Pourquoi l’individu en question n’a-t-il pas cherché plutôt à ce que justice lui soit rendue ? Les points d’interrogation s’ajoutent aux points d’interrogation.

Je rappelle à tous ceux qui me lisent que j’ai été et reste un critique inflexible du régime actuel, que j’estime illégitime, abusif et dangereux pour nos intérêts nationaux. Il est de notoriété publique que notre pays se trouve en situation d’usurpation du pouvoir de l’Etat.

J’ai publié, et continue à publier en permanence des articles en roumain, en russe, en anglais et en français, dans notre presse comme dans la presse étrangère, contenant de dures critiques à l’encontre du gouvernement actuel. J’organise des émissions télévisées et publie sur Internet des podcasts qui ne plaisent pas au pouvoir actuel. J’ai publié et continue à publier des livres qui ne correspondent pas à l’idéologie officielle des milieux au sommet de l’Etat. J’ai été l’initiateur et l’organisateur principal du Forum de Chișinău, une plateforme de débat dotée d’une visibilité internationale, à laquelle participent des dizaines d’intellectuels venus de toutes les régions du continent. Je suis journaliste, éditeur et traducteur, et milite pour les valeurs du conservatisme, de la tradition et de l’orthodoxie. J’ai derrière moi une longue carrière politique. Je n’ai jamais cherché à éviter les confrontations publiques avec les grands du moment. Cette fois non plus, je n’ai aucune intention de renoncer à ma verticalité, et je ne vais pas abandonner mes convictions.

Je précise que pendant la période de l’enquête au cours de laquelle j’ai été soumis à interdiction de quitter le territoire, le procureur Mihail Ivanov m’a empêché de participer à un certain nombre de conférences internationales où j’aurais dû prendre la parole. Je pourrais donc en conclure que cette mesure a été prise dans le but de neutraliser le volet international de mon activité.

Si je devais, cependant, être condamné et incarcéré, je n’ai aucune intention de renoncer à mes convictions, ni de courber l’échine devant les potentats actuels, qui jubilent probablement en ce moment, à l’idée qu’ils se sont débarrassé d’un incommode de plus.

Ce que j’ai dit jusqu’à présent, je continuerai à le dire et à l’écrire en toutes circonstances. Réjouissez-vous, vous qui voulez ma perte et qui comptez mes jours ! Celui que vous détestez est conduit vers une exécution publique, vers l’humiliation, les sarcasmes et les huées de tous les valets et de tous les imposteurs. Mais veillez à ne pas vous réjouir trop tôt. Il y a loin de la coupe aux lèvres. Et rira bien qui rira le dernier.

Iurie Roșca,

Source : Flux

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LE COMITÉ JEAN PARVULESCO DEMANDE L’ARRÊT DES PERSÉCUTIONS CONTRE IURIE ROSCA

Lettre ouverte à Son Excellence, 

le Président de la République de Moldova,

Monsieur Igor Dodon

Monsieur le Président,

Le Comité Jean Parvulesco, réunissant autour de l’œuvre philosophique, littéraire et politique de Jean Parvulesco, des intellectuels d’Europe occidentale et des anciens pays du bloc communiste, est profondément préoccupé par la persécution déchaînée contre le journaliste, traducteur et éditeur Iurie Rosca. Les accusations fondées sur une présomption de trafic d’influence portée par le Parquet, contre cet intellectuel de renom, semblent être inspirés par des raisons d’ordre essentiellement politique visant à la suppression d’une personnalité particulièrement incommode pour le gouvernement actuel.

Nous connaissons Iurie Rosca en tant qu’organisateur principal du Forum de Chisinau, une plate-forme qui réunit des penseurs, des géopolitologues, des économistes, des écrivains et des journalistes de toute l’Europe tant occidentale qu’orientale et même d’autres continents. Son activité au niveau international et ses interventions brillantes lors de conférences académiques l’ont distingué comme un digne représentant de son peuple et son prestige intellectuel est reconnu et apprécié dans toutes les grandes capitales européennes.

Pour cette raison, et par grand respect de sa valeur intellectuelle et morale, les représentants d’élite intellectuelle de différents pays expriment par cette lettre ouverte leur solidarité ferme et entière avec lui et demande avec insistance aux autorités moldaves du cesser toute persécution contre Iurie Rosca.

L’année dernière, notre forum a été honoré de votre présence comme invité d’honneur, et votre discours axé sur l’idée de l’indépendance économique de la Moldavie a été chaleureusement accueilli. Les délégués et les membres associées de notre comité vous respectent et vous apprécient en tant que vrai patriote et leader national.

Monsieur le Président, pour toutes ces raisons, nous vous demandons instamment d’intervenir auprès des autorités politiques et judiciaires de la Moldova pour qu’elles renoncent à la répression de notre ami Iurie Rosca. Votre autorité peut avoir une influence décisive dans cette affaire. Sans commettre d’ingérence dans la justice, vous avez le droit de demander aux autorités judiciaires de ne pas admettre des abus ou des illégalités, et se laisser guider uniquement par les principes de l’état de droit dans le respect de la légalité et de l’intégrité professionnelle.

Veuillez agréer votre Excellence nos salutations les plus distinguées.

Source : Flux

Soutien à Iurie Rosca !

Laurent James, écrivain et physicien français, soutient Iurie Rosca !