Gustave Sintaud
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Certaines de nos plus anciennes traditions, rares encore comme la corrida, la chasse à courre, la chasse en tout genre, ont pu jusqu’à présent, contre vents et marées, se soustraire à la systématique d’un moralisme allogène, imposé aux peuples européens.
Aujourd’hui, ces quelques résidus de traditions ancrées localement se voient fustiger, avec la même hargne totalitaire, qui a fait abattre les arbres sacrés, a éradiqué l’hippophagie, par les effets laïcs d’une morale, venue d’un ailleurs lointain, de ces stériles déserts moyen-orientaux, secrétée par le monothéisme abrahamique et véhiculée, deux millénaires durant, par sa branche chrétienne. Ce vieux courant spirituel cherche à condamner ce qui lui a si longtemps résisté . Il veut enfin extirper ces durables traces de prétendue sauvagerie, inacceptable selon ces germes invasifs.
Alors, la SPA rejoint le concert des moralisateurs impérieux. Fort de son bon droit déclaré de société protectrice des animaux, elle n’hésite point à sortir de ses seuls objectifs statutaires d’action de sauvegarde en refuges, pour élargir son champ d’activité ; et pour le meilleur écho de sa démarche, elle commence par cibler le meurtre rituel du torro bravo dans l’arène. Son action intempestive pour l’interdiction de tout meurtre animal, rituel ou pas, comme de tout ce qu’elle décrète être des mauvais traitements que l’homme, de cette Europe réfractaire, « adore » faire subir aux animaux, veut initier une absolue opposition à la corrida, à la chasse à courre, à la chasse de loisir en général, même à l’abattage, pour bouche, des animaux spécialement élevés pour alimentation humaine, jusqu’au dressage des bêtes de cirque, et à l’incarcération dans jardins Zoologiques, ménageries et animaleries.
Mais laissons là la pertinence ou la véracité des mobiles de cette association parfois opaque, dans ses nouvelles béances. Pourquoi chercher à lui reprocher une éventuelle nécessité de cacher ainsi de possibles échecs, ou de vouloir gagner médiatiquement en respectabilité …. Quoi de bon à s’échiner à défendre en contre -attaquant par la dénonciation du pourfendeur, quand il n’y a rien à défendre, seulement à montrer pour préserver le sujet outrageusement incriminé ?
Cette fois, comme l’attaque est directe, c’est bien de la corrida à interdire qu’il s‘agit, en priorité, pour son intangible notoriété
Cette course, d’origine espagnole du torro bravo, a gagné une bonne partie de la France méridionale, pour en devenir une tradition multi-séculaire, très enracinée pour s’y perpétuer avec un vivace engouement. Parmi les divers jeux taurins qui sont plébiscités dans ce sud de France, la corrida s’achève, elle, par la mise à mort de la bête indomptable, judicieusement et patiemment élaborée en granaderias, pour rester un fauve.
On peut fort bien comprendre et admettre qu’une sensiblerie exacerbée par un modernité soumise à un moralisme forcené du respect aveugle de toute vie, et du rejet du moindre écoulement de sang, puisse être heurtée par l’épée du toréro s’enfonçant dans le garrot du monstre qui peut saigner abondamment, ou par le coup de descabeillo pour mettre un terme aux spasmes nerveux quand la mort n’est pas immédiate.
Quand on ne veut rien comprendre de ce qui s’exprime dans l’arène, on ne voudra pas accepter la profonde vérité que traduit ce rituel macabre du taureau foncé, soumis et exécuté par l’homme courageux en habit de lumière : l’animal brutal signifie la lourde obscurité du terrible hiver dont délivre l’homme, symbole solaire, pour permettre l’avènement d’un renouveau ensoleillé. La première solennelle corrida se passe toujours à la féria pascale, et ouvre sur une période de clarté vivifiante. A partir de là, toutes les autres corridas poursuivent le même refus des forces primaires et gênantes, et cela jusqu’aux manifestations automnales et la perceptive du sombre retour des temps mornes et froids. Après, il est temps de ranger costumes étincelants, piques, capes et épées, jusqu’au retour de la belle saison !
Ce rite millénaire est attesté dans les tréfonds culturels, tant de l’indo-iranisme, une des expressions indo-européennes les plus excentrées, que de la civilisation vétéro-méditerranéenne : là, le meurtre rituel avestique du taureau noir par Mithra, le Dieu de première fonction, garant de l’ordre cosmique, et conservé bien vivace dans le mithriacisme hellénique et romain, surtout pour contrecarrer les progrès d’un judéo-christianisme très invasif déjà, et ici, depuis la Grèce archaïque, le mythe fondateur du héros Thésée qui châtie, dans son sombre labyrinthe, le monstrueux Minotaure, redonnant plein espoir à son peuple ; il est aidé par Ariane, en très douce aurore.
Et pourquoi s’interdire un soupçon d’insolence provocatrice pour confirmer cette corrida, il est vrai et regrettable, aujourd’hui un peu trop oublieuse de sa grande implication européenne, avec ce qu’elle produit toujours ce qui marque le plus manifestement l’esprit indo-européen originel. Le roi, rex, rig ou rik était élu par ses pairs guerriers, en besoin communautaire ; était ainsi honoré celui qui était aussi chargé de l’avenir de son peuple ; ses qualités mises en valeur première lui valaient, avec son principat exécutif reconnu, la pleine et entière responsabilité de l’avenir de sa nation. Le roi désigné admettait que sa vie pouvait dépendre des fléaux rencontrés lors de son mandat royal, et qu’il pouvait servir, par le sacrifice de sa vie, à compenser tout malheur ou aléa désagréable subi communautairement.Son holocauste, le cas échéant, était le summum de l’honorabilité ; il s’offrait ainsi, sublimé par le haut rôle qu’il devait tenir. Et, quant la fonction royale vivante s’avéra indispensable, le meurtre expiatoire royal retomba sur un membre de sa royale progéniture, comme Iphigénie dut payer pour le manque de vents porteurs que l’on reprochait à Agamemnon, sur les côtes de l’Aulide, ce prince choisi comme roi des rois, pour l’expédition achéenne contre Troie. Mais la règle originale du sacrifice direct d’un roi peut encore s’entrevoir avec la solennelle reddition du chef arverne, Vercingétorix, élu comme roi des tribus gauloises, pour affronter les légions romaines ; moins bravache que résolu, il s’offrit ainsi, en seul responsable de la défaite, à la vindicte du vainqueur César.
Dans tous les cas, on allait au sacrifice expiatoire avec honneur et bravoure, l’honorabilité de donner sa vie et son sang dans l’intérêt général. De même, le torro bravo roi, pénétrant fougueux dans la place, le regard furibond et les naseaux écumants, va combattre en courant à la mort dans une splendide majesté. Il n’en a point conscience certes, mais peut se mesurer la particulière condescendance qu’on lui accorde pour mourir aussi pompeusement. Combien sa fin, organisée aussi glorieuse, est bien plus honorable que celle, sacrificielle qu’on généralisait par égorgements sur les autels, tout comme celle dans nos abattoirs modernes où défilent les animaux de boucherie. Le torro de la corrida est reconnu pour sa caste et sa bravoure ; on l’applaudit pour les hautes qualités de ses charges, on sait l’honorer, comme il se doit.
En regard de cette survivance d’un rite sacrificiel utile à la juste organisation d’une société installée et vivante, la récente prétention de la SPA se profile dans la droite ligne de ce qu’a voulu imposer la croyance au Dieu unique, confisquant à son profit toute révérence, et monopolisant, à son seul endroit, toute idée de sacrifice ; mais pour forcer la différence avec toute autre croyance, plus naturelle et quotidiennement vécue, le christianisme a rejeté tous les sacrifices sanglants, et transformé la chair animale à consommer, en pain à rompre entre catéchumènes, de préférence sans levain ni levure, et le sang s’écoulant, qui apure, en vin.
Après avoir discrédité l’inimaginable conception du sacrifice royal ou princier, le christianisme rayonnant s’est astreint à prohiber tous les autres sacrifices sanglants, humains et animaux, pour instaurer comme seul toléré, celui de denrées végétales transformées. Il s’acharnait, de la sorte, à transfigurer les communautés de vie résistantes, auxquelles le sacrifice lustral par le sang versé était nécessaire pour leur équilibre, leur quiétude et leur force, en une communauté de foi d’individus isolés, éperdus.
Même si la SPA parmi tous les comités, les associations, les clubs, et tous les militants vomissant la corrida, pas tous fédérés dans l’historique et très agitatrice Alliance anti-corrida, basée à Nîmes, ni affiliés au Comité radicalement anti-corrida, pouvait créditer le rituel ancestral et très communautaire de ces courses taurines avec leur sanglant sacrifice final, son très nouveau courroux leur reprocherait, d’une part, l’aspect spectaculaire qu’elles offrent à un public bien plus large que leurs seuls aficionados et, d’autre part, la dimension artistique qu’on peut toujours leur accorder, à partir du grand respect d’un code très précis, ciselé, et du perfectionnisme recherché et attendu dans leur déroulement quasi chorégraphique. Toute son ire, pour faire mieux que sa rivale L214, se focalise contre leur potentiel plaisant et attractif, populaire ; voilà pourquoi elle décide à son tour, de porter plainte contre X devant la justice, en espérant une condamnation en droit, et d’agir en préparant une proposition de loi contre ces activités pourtant très réglementées juridiquement, bien que le Conseil Constitutionnel, déjà interpellé, les ait jugées conformes à la constitution française.
Pourquoi donc s’acharner pour tenter de démontrer, avec les torreristas, la beauté des formes dans les passes, les postures, les appels des hommes combattant la bête, et les charges réitérées de l’animal, sublimé par les torristas, sur les chevaux caparaçonnés des picadores armés, et sur l’écarlate muleta virevoltante. La ferveur palpable, l’émotion déclenchée, la liesse des saluts, la grande communion populaire accomplie suffisent largement à accorder à la corrida une profonde sympathie, et à plaindre l’hystérie qu’elle génère chez les soudards de l’anti-plaisir, de l’anti-popularisme, ces coincés, les frileux, les a-culturés.
Es gibt kaum eine Tradition, die heute stärker kritisiert, verachtet und bekämpft wird, als der Stierkampf. Die blutige Tötung eines Stieres mutet als archaisches Überbleibsel einer vergangenen Zeit an – gerade aus mitteleuropäischer Sicht. Der typische Stierkampf existiert so nur noch in Spanien, einigen ehemaligen Kolonien und im Süden Frankreichs. Doch auch in Spanien tobt ein moralischer Kampf um den „corrida de toros“. Vor einigen Jahren wurde in der Provinz Katalonien der Stierkampf gesetzlich verboten. Im Oktober 2016 kassierte diesen Beschluss das spanische Verfassungsgericht jedoch wieder. Nach mehrjähriger Abstinenz dürfen wieder Stierkämpfe veranstaltet werden.
Emotionale Tradition gegen rationale Postmoderne
Doch auch in anderen Gefilden kämpft die Tradition gegen die rationale Postmoderne .Kirchen, Glaube, Nation, Gefühl, Schönheit, Eros. Das sind alles Kategorien, die nicht gemessen und nicht gekauft werden können und rücken deshalb ins Hintertreffen. Die wenigsten Leute verstehen die Anhänger solcher Paradigmen, belächeln und hassen sie. Und wenn dabei noch Blut fließt, ein Tier, das größer als eine Mücke ist, sein Leben lässt, ist es mit der Toleranz schnell vorbei. Der Tierschutz wird auf den Plan gerufen und verstärkt das Unverständnis gegenüber einer Tradition mit ideologischer Aufladung.
Henry de Montherlant (1895-1972) verfasste 1926 den Roman Tiermenschen mit autobiographischen Zügen über die Erlebnisse des jungen adligen Albans, der aus dem wohlbehüteten, aber langweiligen Frankreich in die andalusische Welt der Stierkämpfe aufbricht, um … Ja, warum eigentlich? Die Motivation des jungen Helden ist so vielschichtig und unerklärlich, und doch zieht sie ihn mit stählernem Zwang in den Staub der Arena zu seinen geliebten Stieren. Nur wenige Autoren schaffen es, eine andere Zeit und eine fremde Welt so unglaublich nah und vollkommen plausibel erscheinen zu lassen, dass der Kampf gegen den „Bösen Engel“, einen tückischen und unberechenbaren Kampfstier, die logische Konsequenz für den unerfahrenen, aber ehrenhaften Alban bedeutet.
Nach der Anti-Stierkampf-Demo geht’s zu Burger King
Das gesamte Buch arbeitet auf diese mystische und religiöse Katharsis hin, die dem Leser die Bedeutung des Stierkampfes immer klarer hervortreten lässt, bis man sich wünscht auch an diesen Spektakeln teilzunehmen. Die greifbare Spannung des Finales des Buches ist von unvorstellbarer Brillanz. Man vermutet, dass der Autor Montherlant an den Corridas selbst teilgenommen haben muss, um diese Fülle von Emotionen und Gedanken zu schreiben und dem Leser plausibel erscheinen zu lassen. Auch auf die Vorbehalte vieler Stierkampfgegner geht Montherlant in seinem Buch ein und lässt seinen Helden vieles erklären. Zwar kann er einem Außenstehenden nicht den „Sinn“ der Corridas erklären, da man diesen fühlen müsse, doch ist die Kritik vieler Gegner heuchlerisch, wie Alban ausführt:
„Welche Partei findet heute bei uns das Gemetzel der Stierkämpfe skandalös? Die gleiche, die mit allen Mitteln die eine Hälfte der Nation zum Gemetzel der anderen aufstachelt. […] Sie erhebt Protest gegen den Pferdemord in der Arena, aber sie würden nicht protestieren, wenn man in der Arena Andersdenkende vor die Hörner schicken würde.“
Auch das Leben eines Kampfstieres ist alles anders als schrecklich. Früher, wie auch heute, sind die meisten Kampfstiere schon einige Jahre alt, bevor sie in die Arena gebracht werden. In ihrem Leben vor dem Stierkampf bewegen sie sich frei über das spanische Land, da Zäune oder Ställe sie ihrer Fähigkeiten als gute Kampfstiere berauben würden. Ein derartiges Leben, mit einem anschließenden Kampf, sollte jeder Massentierhaltung vorzuziehen sein. Doch betrachten Kritiker und Aktivisten nur das blutige Finale und lassen nicht weiter mit sich reden. Meist sind es diejenigen, die nach der Stierkampf-Demo noch schnell bei Burger King vorbeischauen.
Urinstinkt und große Literatur
Zurück zu Albans Erlebnissen auf dem Weg zu seinem großen Kampf. Auch die Liebe zu Soledad, der Tochter des ebenfalls adligen Stierzüchters, gerät im Hinblick auf den spirituellen Zweikampf immer weiter ins Hintertreffen und sinkt in die Bedeutungslosigkeit. Sie, die Alban an seiner Ehre packte und ihn zwang gegen den „Bösen Engel“ zu kämpfen, wird im Zeichen Albans Bestimmung nicht einmal mehr bedacht, geschweige denn in das Ende des Buches einbezogen. Der junge Held hat mehr erlebt und gelernt, als sich weiterhin von dieser verzogenen Frau abhängig zu machen.
Dieser Urinstinkt, der Alban etwas Größeres, Spiritistisches erkennen lässt, ist Balsam auf die geschundene Leserseele, die in den letzten Jahren immer mehr von belangloserer Literatur geplagt wurde. Die zeitgenössischen Bücher à la Darm mit Charme, Feuchtgebiete oder dem restlichen Gewäsch drittklassiger Schreiber, die das 21. Jahrhundert nur noch durch Tabubrüche und feminisierte Lebensgeschichten entwürdigen, verlieren im Wettkampf mit Montherlants staubigen Stierabenteuer gänzlich an Wert.
Männlichkeitsideale und Gesellschaftskritik
Spannend ist ebenfalls das Gesellschaftsbild während der Auflösungserscheinungen des alten, snobistischen Adels, den Alban verachtet, da dieser nur aufgrund der gesellschaftlichen Bedeutung den Stierkämpfen beiwohnt. Generell kommen Adlige und die spanische „High-Society“ schlecht weg. Selbst sein ihn protegierender adliger Ziehvater, der ihm den Kampf vermittelt, wird gelegentlich von Alban verachtet. Montherlant sucht längst einen neuen Adel mit anderen Attributen, dessen Eigenschaften er teilweise im andalusischen Volk, aber generell im noch nicht verdorbenen Charakter der südländischen Menschen erkennt. Nur im Stierkampf können diese vergessenen Ideale noch hervortreten. Selbst der kleine Jesús, ein verarmter spanischer Junge, der als Helfer am entscheidenden Kampf teilnimmt, hat mehr „Rasse“ und Ehrgefühl, als die Loge der Blaublüter und die „Schattenseite“ der Arena zusammen. (Die schattigen Plätze in der Arena konnten sich nur die reicheren Bürger leisten.)
Man ist keineswegs befriedigt nach dem Ende dieses großartigen Buches. Stattdessen will man mehr erfahren über den Brauch des Stierkampfes, uralte Ideale und die Jahre vor dem ersten großen Krieg. So schafft es Henry de Montherlant mit seiner stimmungsvollen Erzählung, dass man sich wünscht Spanier zu sein, um den Stierkampf zu verstehen, und Franzose zu sein, um den Roman in seiner Originalsprache lesen zu können. Wo wir gerade beim Wünschen sind. Man wünscht sich ebenfalls auf ein derartiges Buch zu stoßen, das unserer Zeit entspringt. Bis es soweit ist, kann man ja in der Vergangenheit kramen.
Für die Jünger-Fans eine abschließende Anekdote: Beide Autoren, aufgrund ähnlichen Alters und geistiger Nähe, waren gute Bekannte. Montherlant, vom Leid gezeichnet und schwer an Krebs erkrankt, beendete sein Leben im Zeichen seiner eigenen, konsequenten Ideale. Er verhinderte den fortschreitenden körperlichen und geistigen Verfall, indem er sich am 21. September 1972 in seiner Wohnung in Paris in den Kopf schoss und gleichzeitig mit Zyankali vergiftete. Das Blut seines zerschossenen Gehirnes tropfte auf ein zuvor niedergeschriebenes Zitat Ernst Jüngers: „Le suicide fait partie du capitalde l‚humanite“ (Der Selbstmord ist Teil des Kapitals der Menschheit.)
Henry de Montherlant: Tiermenschen. Zuletzt erschienen 1998 im Steidl-Verlag. Erstmals auf Deutsch 1929 im Insel-Verlag. Auf Amazon ab 0,01 Euro erhältlich!