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jeudi, 27 décembre 2007

Eric Werner: de l'extermination

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Eric Werner : de l'extermination

Eric Werner, chargé de cours à l'Université de Genève, a publié plu­sieurs ouvrages chez L'Age d'Homme. Son dernier livre, paru en 1993, s'intitule De l'extermination et constitue un excellent remède au bourrage de crâne effectué de manière permanente par les médias of­ficiels. Citons un court passage: « Ce qui contribue encore à com­pli­quer le problème, c'est que l'une des dimensions privilégiées de l'ex­termination n'est autre aujourd'hui que la dénonciation même de l'ex­termination (ou la propagande dont elle est le prétexte). Car l'ex­ter­mination est ce qu'elle est, mais il y a aussi ce qu'on dit qu'elle est. Il y a les mots, mais aussi les images. Les images, mais aussi les tru­qua­ges. Les sens qu'on sidère et les réflexes qu’on conditionne. Les chif­fres qui s'alignent et les masses qu'on décervelle. En sorte que lors­qu'on veut aujourd'hui exterminer quelqu'un, le meilleur moyen en­core est de le désigner comme exterminateur. Car que mérite un ex­terminateur, sinon d'être lui-même exterminé? C'est un ex­ter­mi­na­teur, donc il est à exterminer ». Et voici un passage concernant l'insé­cu­rité: « On croit volontiers que l'insécurité est toujours et néces­sai­re­ment en elle-même une calamité. Mais c'est là une vue par trop étroi­te du problème. En réalité elle joue un rôle important dans le maintien de la stabilité du système. Elle concourt utilement par exemple à dé­mo­raliser les populations, et par là même aussi à les convaincre de la va­nité qu'il y aurait à vouloir s'opposer au "sens de l'histoire" (tel que le définissent les autorités). On pourrait dire aussi qu'elle a une fonc­tion rééducative. Elle achève de réduire les individus à l'impuissance et de les mettre dans l'incapacité de ne rien entreprendre contre la no­menklatura en place. Bref, c'est un instrument efficace de contrôle so­cial. On lui est redevable de soustraire les autorités aux désa­gré­ments liés à une hypothétique et toujours aléatoire contestation ve­nue de la base. On comprend dès lors le soin tout particulier qu'elles mett­ent à la laisser se développer comme elle le fait. Elles ne disent na­turellement pas qu'elles sont pour l'insécurité (non quand même), mais elles ne s'emploient pas moins à la favoriser discrètement (...). L'in­sécurité a parallèlement encore une autre fonction péda­go­gi­que: celle d’habituer progressivement les populations à l'ab­sence de droit. La croyance en l'existence du droit n'a en effet de sens que dans un Etat de droit. Dans un Etat qui n' est pas de droit ou l'est de moins en moins, parce que les autorités elles-mêmes en pren­nent de plus en plus à leur aise avec le droit (quand elles n'en vien­nent pas purement et simplement, comme c'est souvent le cas, à se mettre au-dessus du droit), une telle croyance perd évidemment tou­te raison d'être. A la limite même, elle pourrait passer pour sub­versive » (P. MONTHÉLIE).

Eric WERNER, De l'extermination, Editions Thael (Case postale 4102 – CH-1002 Lausanne), 1993, 124 pages.

 

00:15 Publié dans Définitions, Livre, Philosophie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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