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vendredi, 07 mars 2008

La guerre de l'Eurasie

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La guerre de l'Eurasie

La pénétration de la thalassocratie américaine dans l’« espace-noyau » eurasien

 

« La présence des troupes américaines en Géorgie n’est pas une tragédie … Si cela est possible dans les Etats d’Asie Centrale, pourquoi serait-ce impossible en Géorgie ? Chaque Etat a le droit de choisir sa propre politique dans le domaine de la sécurité. La Russie reconnaît ce droit. »  - Vladimir Poutine, Président de la Fédération Russe.

 

« Qui domine l’Europe de l’Est contrôle le Heartland ; qui domine le Heartland contrôle l’Ile Mondiale ; qui domine l’Ile Mondiale contrôle le monde. »  - H. Mackinder.

 

Au cœur du problème

 

Sir Halford Mackinder, le géographe anglais qui écrivit «Idéaux démocratiques et réalité», plaça cette devise la­pidaire à la base de son propre concept géopolitique mondial. Dans l’éternel combat entre Terre et Mer, l’a­xe central de l’histoire et de la géopolitique est le Heartland, le cœur de l’Eurasie. L’immensité herbeuse de Si­bérie Occidentale, de la toundra du Nord à la mer Caspienne, de la Volga à la Mongolie, avec l’Oural comme é­pine dorsale, est le cœur palpitant de la tellurocratie, de la puissance terrestre eurasienne.

 

Notre «Destin manifeste».

 

Même dans notre monde moderne dominé par les plus récentes technologies, l’ESPACE et la SITUATION repré­sen­tent une puissante protection contre toute tentative d’agression contre l’épine dorsale géopolitique ter­res­tre de l’Eurasie, qui, depuis des siècles, coïncide presque parfaitement avec la puissance terrestre par ex­cel­lence : la Russie. Que ce soit la Russie tsariste ou l’Union Soviétique de Lénine et Staline, l’empire terrestre eu­rasien a suivi ses propres directions géopolitiques d’expansion, s’opposant à la puissance croissante des puis­sances maritimes : l’empire britannique au 19ième siècle, les Etats-Unis durant le dernier siècle.

 

Le nœud afghan

 

La défaite soviétique en Afghanistan fut l’une des causes principales de l’implosion et de la désintégration de l’em­pire terrestre moscovite. C’est un exemple presque unique dans l’histoire d’une auto-dissolution non cau­sée par une invasion extérieure, du moins pas au sens classique de ce terme. La CEI [Communauté des Etats In­dé­pendants], née de ses cendres, n’est qu’un pâle souvenir de l’empire disparu.  En empêchant la puissance ter­restre d’avoir un libre accès aux océans, en plus des mers intérieures, et en tenant étroitement en main les îles et les péninsules de l’Eurasie, la thalassocratie américaine a remporté la victoire sur la puissance conti­nen­ta­le, suivant les enseignements géopolitiques de Mackinder et —déjà avant lui— ceux de l’Amiral américain A. T. Mahan, clairement définis dans son livre «The Influence of Sea Power upon History» [L’influence de la puis­sance maritime sur l’Histoire]. De même, la stratégie de l'étouffement des puissances continentales de grandes dimensions se poursuivra, par le biais de la domination des espaces sidéraux et l'utilisation des «vaisseaux interstellaires»…

 

Le "rimland" contre le "heartland" : une attaque concentrique

 

Si l'on la regarde à la lumière de la doctrine géopolitique et à celle du choc contemporain —et bien évident— entre la Mer et la Terre, entre l’Amérique et l’Eurasie, la stratégie de Washington est claire comme de l’eau de roche. Les provocations anti-chinoises au sud de la mer de Chine, visant à tester la résistance et la réac­ti­vi­té de Pékin, vont main dans la main avec les pressions sur la Corée du Nord, qui est un bastion de la résistance à la pénétration américaine sur le flanc Est, mais qui est aussi un Etat voisin à la fois de la Chine et de la Fé­dé­ra­tion Russe, proche de Vladivostok, la « porte orientale » de l’empire russe.

 

Le véritable "axe du mal"

 

Comme le Monde diplomatique l’a rétorqué à juste titre à Bush, le véritable «Axe du Mal» est le Fonds Mo­né­taire International + la Banque Mondiale + l’Organisation Mondiale du Commerce, les Etats-Unis étant leur pro­jet mondial et leurs bras militaire. Le contrôle des sources d’énergies de l’Eurasie, la « guerre contre le ter­ro­ris­me islamique » et l’invasion de l’Afghanistan sont trois aspects complémentaires du même plan d’hégémonie planétaire. Et l’espace russo-sibérien est la cible stratégique de cette attaque. L’alliance entre la Turquie et Is­raël n’est que le début de l’agression contre le Moyen-Orient, le monde arabe et islamique. Et la réactivation de la guerre russo-tchétchène —après les mystérieux attentats en Russie— n’a fait que favoriser l’arrivée au pou­voir de Poutine sur la vague du nationalisme russe et panslaviste. A présent, les soldats américains sont déjà en Géorgie …

 

L’ennemi sur le seuil de la porte

 

Ironie de l’histoire, ce fut justement Staline, le génial créateur de la puissance russe moderne, qui fut à l’o­ri­gi­ne de l’actuel danger pour l’intégrité et pour la survie même de la Russie. C’est la revanche géorgienne pour l’Abkhazie, qui ouvre à l’OTAN les portes du Caucase russe. Ironie du sort, les Etats-Unis ont demandé et ob­te­nu de leurs futures victimes —la Russie et  la Chine en premier lieu— leur consentement pour une guerre de con­quête contre l’Eurasie. Si le Kremlin avait pensé exploiter son appui à l’invasion américaine en Afgha­nistan pour avoir les mains libres dans une guerre intérieure qu’il a commencée et ne pouvait pas gagner —main­tenant il a gagné sa juste récompense.

 

La Russie : la dernière chance

 

La Russie secouera-t-elle son immobilisme hypnotique face au plan de l'anaconda américain : l’étouffement du con­tinent eurasien? Le peuple russe se libérera-t-il des chaînes imposées depuis plus d’une décennie par le mon­dialisme triomphant? Les élites russes les plus conscientes du rôle géopolitique de leur pays et du continent eu­rasien reprendront-elles en main le destin de la Russie et dirigeront-elles la contre-offensive à partir des der­niers bastions libres? De la réponse à ces trois questions dépendra l’avenir non seulement de la Russie, mais aussi de l’Europe, de la Chine, du monde arabe et islamique, de l’Afrique et de l’Amérique latine —le destin et la survie de l’Eurasie et du monde entier. « Qui domine l’Ile Mondiale contrôle le monde » … 

 

(Résumé par "Archivio Eurasia"; traduction de F. Destrebecq)

 

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