mercredi, 23 avril 2008
H. Arendt face à la gauche
Hannah Arendt face à la gauche
Dans une très longue étude intitulée «Hannah Arendt bei den Linken», Ernst Vollrath, professeur de philosophie, étudie en détail la confrontation entre Hannah Arendt et les gauches allemandes, qui la rejetaient, parce qu'elles la considéraient comme une “adepte de la guerre froide”. Cependant, il rend justice au jeune Habermas, qui, dès 1961, souligne l'importance du livre d'Arendt, Vita activa. Arendt y fait la différence entre "Technique" et "Praxis", à l'instar d'Aristote, ce qui permet à Habermas de forger les concepts qui le rendront célèbre: l'agir stratégique-instrumental et l'agir communicationnel, avatars de la technique et de la praxis. Vollrath fait également une longue parenthèse sur la réception d'Arendt et sur la critique du totalitarisme en France. Il souligne que le fondement de la démarche de Hannah Arendt réside dans sa conception holiste du politique, qui entend mettre la “société civile”, expression de la vie, à l'abri des démarches aliénantes de la sphère politicienne. D'où l'émergence de deux concepts du politique: l'un cherchant la mobilisation de tous dans les appareils partisans investissant l'Etat, l'autre cherchant plus simplement à assurer l'indépendance de la société civile, l'autonomie de son fonctionnement et, partant, la liberté des citoyens. C'est au fond une distinction qui remonte au 17ième siècle, entre la pensée coercitive de Bodin, ramenant tous les ressorts de la société à l'appareil étatique désincarné et les plaçant d'autorité sous son contrôle absolu, et les pensées dites “symbiotiques”, dont l'œuvre d'Althusius constitue le paradigme indépassable. Le “symbiotisme” qui court d'Althusius à Ferdinand Tönnies et aux communautariens américains contemporains, permet une praxis, qui est implicitement un “agir communicationnel”, naturel et non pas construit, qui n'a nul besoin de dire son nom, ni de se parer d'un vocable savant et prétentieux, qui fait les délices des autodidactes complexés et obséquieux (Robert Steuckers).
Ernst Vollrath: «Hannah Arendt bei den Linken»:
http://www.nakayama.org/polylogos/philosophers/arendt/are...
00:37 Publié dans Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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