Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 25 avril 2008

Gwenn ha Du

1709609647.jpg

Gwenn ha Du

 

Membre de Breiz Atao depuis son plus jeune âge, Ronan Caerléon (1914-1986) fut emprisonné à plusieurs reprises pour ses convictions autonomistes bretonnes. Il fut notam­ment l’éditeur d’Ololê, journal breton pour la jeunesse pu­blié pendant la guerre qui a marqué une génération de mi­litants de l’Emsav. Caerléon fut aussi l’initiateur du théâtre et du cinéma en langue bretonne, fidèle en cela à son maî­tre à penser l’abbé Y. V. Perrot, lâchement assassiné en 1943 (alors qu’il avait hébergé des résistants par solidarité celtique). Mais Caerléon fut aussi écrivain: il publia en ef­fet plusieurs titres essentiels pour toute personne qui s’in­téresse à l’histoire du nationalisme breton au XXème siè­cle. Ses livres étaient épuisés depuis longtemps et il faut donc saluer l’initiative d’une jeune maison d’édition, Brit­tia, fondée par un de ses descendants. Brittia réédite tous ces titres devenus un peu mythiques comme Complots pour une république bretonne, et bien sûr Gwenn ha Du, qui nar­re les premiers attentats intelligemment symboliques de la mouvance autonomiste, comme la destruction en 1932 du monument commémorant l’annexion du Duché de Bre­tagne par la France. Les textes de Gwenn ha Du sont cités: « N’attachez pas une importance exagérée aux théories qui font travailler les langues au détriment des bras ».

 

Donnez-moi cent hommes résolus…

 

Dans Le Rêve fou des soldats de Breiz atao, Caerléon re­trace l’histoire tragique de la Bezen Perrot, unité de vo­lontaires bretons portant l’uniforme allemand et impliqués dans la lutte contre les maquisards... dont tous n’étaient pas des Espagnols ou des jacobins fanatiques: il s’agit aussi d’une guerre civile entre Bretons. Vaincus, ces soldats per­dus, généralement très jeunes et d’un haut niveau culturel, seront impitoyablement pourchassés, comme d’ailleurs tous les patriotes bretons (10.000 assassinats à la Libération). Certains passeront à travers les mailles du filet et feront d’étonnantes carrières. Caerléon dépeint bien le climat terrible de cette époque complexe, ses figures telle celle de Célestin Lainé, chef du Kuzul Kuz, le Conseil de l’armée clandestine bretonne, qui prend à la lettre l’injonction de Pearse: « Donnez-moi cent hommes résolus, dressés dans la tradition celtique et j’affranchis l’Irlande ». Lainé était en ou­tre fasciné par le paganisme celtique qu’il fit renaître au grand scandale du clan catholique (allègrement trahi par le haut clergé, comme toujours). Dans Au village des condam­nés à mort, Caerléon évoque les aventures peu banales d’An­dré Geffroy, militant breton victime d’un montage (une fausse lettre de dénonciation aux Allemands trouvée par le Sûreté belge chez un Waffen SS flamand) qui faillit lui coûter la vie. Condamné sans réelle preuve à la peine ca­pitale il attendra 618 jours, enchaîné dans le quartier des condamnés à mort malgré les témoignages allemands qui l’innocentaient clairement. Son témoignage sur les ma­nipulations policières au sein des milieux bretons (qui du­rent encore: il s’agit sans doute du milieu le plus infiltré avec ses provocateurs, ses faux druides, etc.) est instructif. La description des conditions de détention dans la France des années 40 est hallucinante et rappelle d’autres bagnes dont la presse nous parle de façon plus qu’exclusive.

 

Patrick CANAVAN.

 

Oeuvres de Ronan Caerléon aux éditions Brittia, 34 rue de l’Avenir, F-22.190 Plérin, www.brittia.com

 

00:17 Publié dans Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : terroirs & racines, bretagne, breizh atao | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Les commentaires sont fermés.