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jeudi, 11 décembre 2008

Le financement douteux des euro-sceptiques

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Andreas MÖLZER:

Le financement douteux des euro-sceptiques

Pour les élections européennes de juin 2009, le millionnaire irlandais Declan Ganley entend se présenter avec sa propre liste “euro-sceptique”, qu’il étendra à tous les pays de l’Union Européenne. D’après ce que l’on a appris jusqu’ici, la troupe bigarrée de ces euro-sceptiques comprendra, d’une part, les adeptes de mouvements conservateurs de droite comme le “Mouvement pour la France” et, d’autre part, ceux de groupements communistes ou crypto-communistes. Vaclav Havel, le président tchèque, qui est un euro-sceptique, serait aussi de la partie, ainsi que le rebelle auto-proclamé autrichien, adversaire de l’UE, Hans-Peter Martin.

Ganley s’est fait connaître du grand public lorsque, ce printemps, il a soutenu financièrement et fort généreusement la campagne contre le Traité de Lisbonne avec l’appui de son “Institut Libertas”. Certes on peut comprendre et même louer cette initiative et ce soutien, mais le scepticisme à l’égard de cet euro-scepticisme-là est de mise quand on se demande d’où vient tout cet argent… En effet, Ganley a gagné ses millions en signant des contrats très avantageux avec les agences qui coordonnent les achats de la Défense américaine, donc avec le noyau dur de l’hégémonisme américain. Nous sommes dès lors en droit d’émettre des soupçons et de penser qu’une grande puissance extra-européenne, les Etats-Unis, est en train de s’immiscer dans les affaires intérieures européennes.

Les compagnons d’arme potentiels de l’Irlandais, comme Vaclav Havel ou Hans-Peter Martin, devront tout de même réfléchir à deux fois et se demander si leur cause est bien servie quand elle recourt indirectement à un argent dont la provenance est bel et bien douteuse. De même, ils devront se demander s’ils ne deviendront pas ainsi le bras prolongé de Washington. Car les choses sont claires: les Etats-Unis, puissance extra-européenne, ne poursuivent que leurs propres intérêts, qui ne correspondent pas à ceux de l’Europe. Tandis que l’UE, tenaillée par le doute, s’efforce tant bien que mal de devenir un “global player”, soit un facteur déterminant sur la scène internationale,  les Etats-Unis, eux, ont bien plutôt l’intention de juguler les velléités d’indépendance européenne sur les plans militaire et diplomatique. Je répond donc “non” à la question qui nous demande, aujourd’hui, s’il est licite d’agir selon l’adage “la fin justifie les moyens”, en s’acoquinant à des alliés aussi douteux.

La lutte contre cette gigantesque fabrication abstraite et artificielle qu’est le Traité de Lisbonne et pour la souveraineté des peuples réels et des Etats nationaux de notre Europe est une tâche qui incombe aux seuls peuples européens. Seuls eux ont le droit de décider de leur avenir. Et à travers toute l’Europe, de la France à la Flandre, de l’Autriche à la Bulgarie, se dressent des partis patriotiques qui s’engagent pour le bien de leurs seuls peuples et non pas pour les intérêts d’une puissance extra-européenne. Ces formations patriotiques lutteront sans appui étranger contre les dysfonctionnements et les aberrations de l’Union Européenne.

Andreas MÖLZER.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°47/2008; traduction française: Robert Steuckers).  

 

 

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