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dimanche, 09 mars 2008

Nagarjuna, doctrine de la vacuité

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Nagarjuna, doctrine de la vacuité

Jean-Marc Vivenza publie une très bonne étude sur Nâgârjuna et la doctrine de la vacuité. Moi­ne bouddhiste du IIe-IIIe siècle, il est consi­dé­ré comme le grand métaphysicien du boud­dhis­me Mahâyâna. Une métaphysique qui ne con­cerne pas seulement les bouddhistes com­me le remarque fort justement l'auteur qui é­crit: «... l'enseignement de Nâgârjuna n'est pas détachable, isolable d'un contexte religieux spécifique, d'une tradition spirituelle bien pré­ci­se, qui joueront un rôle éminemment impor­tant, tant dans sa formation que dans l'expres­sion de son discours. Mais il ne serait pas ju­ste, il ne serait pas objectif de ne pas recon­naî­tre, de ne pas percevoir la portée d'une telle pensée, portée dont la validité ne s'arrête pas aux frontières du seul bouddhisme, mais dé­bor­de très largement sur les larges domaines de la pensée philosophique universelle (...). On peut l'affirmer sans crainte, Nâgârjuna se pro­po­se rien de moins que d'offrir la possibilité d'un nouveau rapport à l'être, non par une on­to­logie particulière, mais par l'auto-abolition de l'ontologie commune, non par une ontologie né­­gative, mais par la négation de toute on­to­lo­gie possible. Pensée vide du vide, la doctrine de la vacuité est une pensée de l'au-delà de l'ê­tre et du non-être. Une pensée souveraine de la nescience, une science libératrice de "non-pensée"» (JdB).

Jean-Marc VIVENZA, Nâgârjuna et la doc­tri­ne de la vacuité, 2001, Editions Albin Michel, 250 pages, 120 FF.                      

 

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Thalassocratie anglaise et pirates barbaresques

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Ernst zu REVENTLOW:

La thalassocratie anglaise et les pirates barbaresques

 

Petit texte à méditer après l'affaire de Perejil…

 

…depuis le début de la dernière décennie du XVIIIième siècle, les guerres, fomentées par l'Angleterre, firent rage en Europe et, pendant ce temps, la flotte britannique devint, à la suite d'une longue série de batailles navales, la seule maîtresse des mers. La politique de l'Angleterre dans la question de la piraterie, à l'époque, a été caractéristique. Les pirates des Etats barbaresques en Méditerranée ont étendu, pendant les guerres inter-européennes, leurs entreprises de razzia jusqu'en dans la Mer Baltique, où ils pillaient les navires de commerce et capturaient les équipages. Dans ce contexte, nous nous bornerons à rappeler le traité que, très tôt, l'Angle­terre a signé avec l'un de ces Etats méditerranéens (ndt : il s'agit du Maroc!!) : cet Etat a reçu l'autorisation de pour­suivre ses raids et razzias à la condition de ne jamais s'attaquer aux bâtiments battant pavillon anglais. Les Britanniques ne souhaitaient qu'une chose: c'est que ces autres pirates (ndt: marocains) commettent le plus de dommages possibles à la navigation commerciale non anglaise, du moins quand les navires de Londres ne pou­vaient pas faire ce travail hautement lucratif eux-mêmes. Quelques années après les guerres de libération (ndt: Espagnols, Allemands et Russes contre Napoléon), la question de la piraterie était devenue insupportable en Europe; dans toutes les villes portuaires allemandes se constituaient des "ligues anti-pirates", mais rien ne se passait, car les Anglais ne voulaient pas que les navires de guerre russes pénètrent en Méditerranée pour y éradiquer le mal à la racine. L'entrée de navires russes en Méditerranée aurait relativisé là-bas la suprématie bri­tannique. La diète allemande se borna à nommer une commission, qui, comme on devait s'y attendre, s'en­li­sa dans les discussions stériles, jusqu'à ce qu'en 1829, les villes hanséatiques allemandes s'adressèrent au Sultan du Maroc, par l'intermédiaire de l'Angleterre, pour lui demander de bien vouloir accepter un tribut annuel et de lais­ser les navires de la Hanse en paix. Voilà quel était l'état de la Hanse allemande en l'année de grâce 1829, face au Sultan du Maroc et de l'Angleterre !

(extrait de : Graf Ernst zu REVENTLOW, Der Vampir des Festlandes, E. S. Mittler u. Sohn, Berlin, 1916, pp. 70-71).

 

Les leçons à tirer de cet épisode de l'histoire :

 

A)       Les thalassocraties (hier l'Angleterre, aujourd'hui les Etats-Unis) sont toujours prêts à utiliser le potentiel hu­main et technique de l'Afrique du Nord pour nuire aux intérêts de l'Europe. L'Afrique du Nord et ses po­pu­lations sont des atouts cardinaux dans les stratégies anglo-américaines contre les puissances con­tinen­tales européennes.

 

B)       La piraterie a été un instrument aux 18ième et 19ième siècles; aujourd'hui, c'est l'immigration et les cercles in­tégristes et les mafias (notamment de la drogue) qu'elle véhicule. Ces cercles commettent toutes sortes de déviation, empêchant le développement optimal des nations européennes.

 

C)       Strauß-Hupé, géopolitologue américain des années 40, parlait de "casser l'atout de l'homogénéité démo­gra­phique" des nations européennes.

 

D)       Les Européens qui refusent de prendre ces faits historiques en compte sont de dangereux irréalistes voire des agents d'influence de Washington ou des déments, qui s'enivrent pathologiquement de trahisons.

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samedi, 08 mars 2008

Entretien avec Jean Tulard

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Entretien avec Jean Tulard

Jean Tulard, professeur à la Sorbonne, Di­recteur d’études à l’Ecole pratique des hau­tes études, membre de l’Académie des sciences morales et politiques est le spé­cialiste incontesté des études napoléo­nien­nes. En cette « année Napoléon », nous l’avons rencontré pour nous entrete­nir avec lui de la personnalité et du rôle de Napoléon Bonaparte.

 

En quoi Napoléon a-t-il préservé l’idéal révolutionnaire ?

 

C’est Jacques Bainville qui, le premier, a sou­li­gné que le 18 Brumaire ne mettait pas fin à la Révolution mais, au contraire, en préservait les conquêtes : la destruction de la féodalité, l’é­ga­lité, la vente des biens nationaux

 

Dans différents ouvrages, vous affirmez que le 18 Brumaire a permis de conclure la Révolution. Est-ce à dire qu’une révo­lu­tion appelle presque toujours un coup d’E­tat ?

 

La violence appelle toujours la violence. D’em­blée, dès 1789, on sut que la Révolution se ter­minerait sur un coup d’Etat militaire.

 

Pensez-vous qu’à la veille du 18 Brumaire, l’Etat devait être restauré sur des fonde­ments durables ?

 

A la veille du 18 Brumaire, l’aspiration de tous les profiteurs de la Révolution se portait vers un retour à l’ordre. Napoléon Bonaparte l’a bien compris. La France était livrée à l’anarchie dans tous les domaines au temps du Directoire fau­te d’une autorité ferme.

 

Pourquoi Napoléon Bonaparte sera-t-il cho­i­si, est-ce pour sa popularité ou pour son ambition?

 

La gloire de Bonaparte a joué en sa faveur. Il avait vaincu en Italie et conclu lui-même la paix de Campoforrmio. Son expédition d’Egyp­te avait fait rêver comme le prouvent les mé­moires de Lamartine. Vaincre à l’ombre des Py­ramides ou à Nazareth, ce n’était pas rien.

 

Selon vous, en quoi Brumaire est-il plus dramatique que glorieux ?

 

Jusqu’au bout le coup d’Etat de Brumaire a fail­li ne pas réussir. Il fut mal préparé et certains acteurs comme Sieyès (qui avait à monter à cheval!) et surtout Bonaparte perdirent leur sang-froid à l’inverse de Fouché qui avait mé­na­gé tous les clans ou de Murat qui n’eut pas d’état d’âme lorsqu’il chassa les députés ; Tal­ley­rand aura, au soir du 18 Brumaire, le  mot de la fin : " Il faut dîner ".

 

Avec l’arrivée de Napoléon au pouvoir, la France entre-t-elle dans l’ère moderne ?

 

Oui, la France moderne sort du 18 Brumaire. C’est ce qu’a montré Taine. Nos institutions (Conseil d’Etat, Inspection des Finances, Cour des Comptes, Recteurs, Préfets) datent de cet­te époque. Nos notables aussi (cf Les dynasties bour­geoises de Beau de Loménie).

 

Que reste-t-il de l’ère napoléonienne ?

 

"Sauf pour la gloire, sauf pour l’art, il eût pro­bablement mieux fallu que Napoléon n’eût pas existé", disait Bainville. Le jugement est injus­te. Il n’en reste pas moins que Napoléon est le Français le plus connu dans le monde.

 

Selon vous, qu’est-ce qui a conduit Bona­parte à se faire sacrer Empereur des Fran­çais ?

 

Si Bonaparte choisit le titre d’Empereur des Fran­çais, c’est pour éviter celui de roi. La chute de la monarchie était trop proche et la réfé­ren­ce aux Carolingiens et à Charlemagne (que l’on connaissait mal) suffisamment lointaine pour n’ê­tre pas trop compromettante. La nécessité d’une monarchie héréditaire s’était imposée à la suite des attentats très nombreux contre le Premier Consul. Pitt (Premier ministre britanni­que) se moquait d’un gouvernement à la merci d’un coup de pistolet.

 

Pensez-vous que la réforme juridique est la plus grande œuvre accomplie par Napo­léon ?

 

Le bilan du Consulat et de l’Empire est im­po­sant. N’oublions pas qu’auparavant la France é­tait divisée entre pays de droit écrit et de droit coutumier. Cette unification du droit était in­dispensable.

 

Les cinq codes promulgués préservaient-ils les grands principes de la Révolution ?

 

Les codes ont été l’œuvre de juristes et de con­seillers d’Etat issus de la Révolution et qui étaient très attachés aux principes de 1789 et no­tamment à l’idée d’égalité. Les auteurs du co­de civil ont surtout retenu les acquis de la ré­volution bourgeoise de 1789 à 1791. On no­te­ra la volonté de détruire tout ce qui rappelle la féodalité. La sécularisation complète du droit est confirmée. Tous les corps intermédiaires chers à l’Ancien Régime disparaissent.

 

Outre l’organisation centralisée de l’admi­nistration française, que nous reste-t-il de l’œuvre de Napoléon ?

 

N’oublions pas le style de l’Empire, le goût des pa­rades militaires et le musée du Louvre, alors Musée Napoléon.

 

Comment expliquez-vous que les conquê­tes de Napoléon n’ont duré que le temps de son règne ?

 

Les conquêtes de Napoléon furent éphémères pour deux raisons. Elles furent le fruit de la vio­­lence et reposèrent sur les baïonnettes de la Gran­de Armée. Napoléon ne s’est pas préoccu­pé des aspirations nationales des peuples. Il l’a payé en Espagne, en Italie, en Hollande, en Al­lemagne.

 

Vous sentez-vous bonapartiste ?

 

Il me semble que le bonapartisme d’aujour­d’hui repose plus sur la nostalgie d’une gloire pas­sée que sur un programme politique précis. En ce sens je veux bien passer pour bona­par­tis­te. (Propos recueillis par Xavier CHENESEAU).

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Aux sources du conflit contre l'Irak

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Stefan SCHLEI :

Aux sources du conflit contre l'Irak

La plupart des problèmes du Proche-Orient proviennent de la politique désastreuse qu'y ont menée les puissances occidentales

 

C'était la fin d'une époque. Le 14 juillet 1958, des rebelles brûlent de fond en comble l'ambassade britannique à Bagdad, juste après que le Roi d'Irak ait été renversé et que le chef de son gouvernement, Nouri es-Saïd, ait été tué. Plus tard, dans ses souvenirs, l'ambassadeur de Grande-Bretagne a dit de ce Nouri es-Saïd "qu'il était le plus grand mendiant qu'il ait jamais rencontré". L'homme politique irakien, décrit de manière aussi dépré­cia­tive, n'a pas eu de successeur dans cette fonction de "mendiant". Effectivement, après des décennies de sou­mission servile à l'Angleterre, la population irakienne n'a plus cessé de cultiver une aversion bien ancrée à l'é­gard de tout ce qui est britannique; après la chute du Roi et de Nouri es-Saïd, le nouveau pouvoir irakien s'em­presse de dénoncer le "Pacte de Bagdad", qui unissait la Turquie, l'Irak et la Grande-Bretagne. La dernière base bri­tannique est alors évacuée. Immédiatement après le désastre que fut l'intervention franco-britannique à Suez en 1956, à la suite de la nationalisation par l'Egypte du Canal de Suez, la dénonciation du Pacte de Bagdad a signifié la fin réelle de l'influence anglaise au Proche-Orient.

 

Quarante ans auparavant, la situation était particulièrement favorable aux Britanniques. Dès la fin de la pre­miè­re guerre mondiale, la politique anglaise et les alliés des Britanniques dans la région pouvaient envisager un avenir radieux. Les buts de guerre des puissances occidentales semblaient effectivement pouvoir se concrétiser de manière optimale dans cette région du monde. Avant même que la Grande Guerre ne commençât, les chan­celleries occidentales envisageaient déjà le démembrement complet de l'Empire Ottoman. En 1915, les accords Sy­kes-Picot, tenus secrets, planifient le partage entre la Grande-Bretagne et la France de tout le Proche-Orient, et aussi de larges portions du territoire turc lui-même. Cet accord secret n'a pas empêché les deux puis­sances occidentales de promettre à leurs alliés arabes des perspectives totalement différentes mais com­plètement irréalisables, auxquelles même un T. E. Lawrence (dit "d'Arabie") croyait, car ses supérieurs ne l'a­vait évidemment pas informé de leur duplicité.

 

Le principe d'auto-détermination nationale n'a joué aucun rôle en Arabie

 

Le gouverneur britannique d'Egypte de l'époque, sur ordre de son gouvernement, avait été jusqu'à promettre l'en­semble de la péninsule arabique à Hussein Ibn Ali, qui était le Chérif de La Mecque et qui devint, plus tard, le chef de la future maison royale de Jordanie. A cette péninsule devait également s'ajouter la Palestine (à l'ex­ception d'une mince bande littorale), une bonne partie de la Syrie et de l'Irak. La guerre n'était pas encore fi­nie que le nouveau gouvernement bolchevique de la Russie s'empressa de rendre publique la teneur des ac­cords Sykes-Picot; le ministre britannique des affaires étrangères, Lord Balfour, déclare tout simplement, en men­tant délibérément, qu'il s'agissait d'un faux. Son aplomb permet aux alliés occidentaux de sauver la situa­tion. Deuxième atout : l'argent. Ainsi, la diplomatie britannique parvient dès 1915 à s'acheter un nouvel allié de poids, un certain Ibn Saoud. Pour obtenir les faveurs du futur fondateur de la dynastie saoudienne, il ne fal­lait pas encore grand chose à l'époque : le Foreign Office n'a jamais versé plus de 50.000 livres par mois.

 

En 1918, les alliés occidentaux se trouvent donc face à un terrible imbroglio, dû principalement aux méthodes qu'ils ont employées : cette région très vaste, unie sous la férule des Turcs depuis plusieurs siècles, est prête désormais au partage et à la dislocation. A l'Ouest et au Nord du Croissant fertile, d'antique mémoire, la diplomatie britannique avait manœuvré de manière telle que Londres pouvait contrôler l'ensemble du bassin oriental de la Méditerranée, y compris la Syrie, et mutiler la Turquie de façon à briser définitivement cette grande puissance régionale qu'avait été l'Empire ottoman; cette politique visait aussi à exclure le concurrent éco­nomique allemand de cet espace. A la suite de la révolution d'Octobre en Russie, la menace, jadis perma­nen­te, d'une expansion russe dans la région, en direction de la Méditerranée orientale, semble éliminée pour de bon. Cette menace russe avait été le cauchemar de la politique anglaise depuis plus d'un siècle. Ensuite, les car­tes avaient été redistribuées de manière à ce que l'ancien condominium anglo-russe en Perse soit remplacé par une domination purement britannique; les Iraniens ont été contraints, à partir de 1918, d'accepter l'instal­la­tion chez eux de fonctionnaires anglais, chargés d'assurer l'administration du pays.

 

Intérêts impérialistes camouflés derrière des "feuilles de vigne"

 

Les Anglais avaient à l'époque la volonté d'éliminer définitivement le facteur "Turquie", tout en réaménageant ter­ritorialement la région pour éviter tout retour en force des Russes; pour concrétiser cette politique, les Bri­tanniques ont fait usage de leurs méthodes avérées, appliquées de Gibraltar à Singapour : s'installer solidement dans les détroits et les points d'étranglement, tout en invitant leurs alliés subalternes  —en l'occurrence la France, l'Italie et la Grèce—  à se servir en territoires en Asie mineure; pour compléter la panoplie, Londres est allé jusqu'à proposer à Washington un protectorat sur l'Arménie. Le gouvernement américain a décliné poliment l'in­vitation. Les Etats-Unis, à l'époque, poursuivaient d'autres objectifs et envisageaient déjà de mettre au point les méthodes pour éliminer les impérialismes européens dans leurs formes premières; la fin de la pre­mière guerre mondiale est donc simultanément le dernier triomphe des impérialismes français et anglais, même si ces deux puissances occidentales étaient déjà obligées de camoufler leurs intérêts impérialistes "der­rière des feuilles de vigne de plus en plus abracadabrantes", comme l'a formulé un jour l'historien anglais A. J. P. Taylor.

 

Dans la lexicologie de type "feuille de vigne", mise au point à cette époque, la formule magique s'appelait le "man­dat". Il y avait trois catégories de mandats : deux types de mandats pour les anciennes colonies alle­man­des et un troisième type, dit de l'"échelon A", pour les régions qui faisaient auparavant partie de l'Empire ot­to­man, soit la Syrie, l'Irak et la Palestine. Cinq mille ans après le début de l'histoire attestée dans cette région, les hommes qui y vivaient ont reçu, dès la fin de la première guerre mondiale, confirmation écrite de la part de la "Société des Nations", créée par les puissances occidentales, "qu'ils avaient désormais atteint un tel degré de développement, que leur existence en tant que nations indépendantes avait été reconnue" (!!). Toutefois, stipulait la motion de la SDN, ils devaient encore accepter pour un certain temps le soutien d'une puissance détentrice d'un mandat, jusqu'au moment où ils s'avèreront capables de s'administrer seuls. Cependant, aucune da­te fixe pour l'accès à l'indépendance pure et simple n'avait été déterminée.

 

Les Occidentaux n'avaient pas de conceptions claires quant à l'ordre post-ottoman

 

Aujourd'hui, ce type de phrases apparaît comme foncièrement arrogant et les arguments développés dans cette motion —et avancés pour établir ces trois formes de mandats— sont à la base de l'échec complet du nouvel or­dre mondial établi après 1918 au Proche-Orient comme en Europe centrale. Dans ces deux régions du monde, les puissances occidentales n'avaient nullement l'intention de réaliser un système où tous les peuples auraient eu le droit à l'auto-détermination, en dépit de ce qu'elles avaient proclamé haut et fort. Les peuples arabes, qui avaient épousé la cause alliée, n'ont donc pas reçu cette indépendance à laquelle ils aspiraient. Qui plus est, ces deux puissances occidentales n'avaient pas vraiment élaboré une conception claire quant à savoir com­ment elles imposeraient leur ordre autrement que par une forme ou une autre de colonialisme. Elles avaient im­plicitement reconnu l'existence de nations arabes distinctes, mais leur politique concrète n'était rien d'autre que le partage entre Londres et Paris d'un bloc auparavant uni sous la férule des Turcs ottomans; c'est ainsi que les peuples de la région ont perçu la politique des Alliés.

 

A cette époque de crises au Proche-Orient, consécutive aux vicissitudes de la première guerre mondiale, les op­tions nationales de chaque puissance européenne ont retrouvé vigueur, du moins si elles pouvaient s'inscrire dans une continuité non brisée. Avant 1914, vu d'Europe, et selon les perspectives, l'Islam était perçu soit com­me une grandeur politique propre soit comme une menace soit comme un pion facilement manipulable en cas de conflit entre puissances. A la fin des hostilités, chaque camp, celui de l'Entente comme celui des Centraux, a proclamé la "Djihad" contre l'autre. Dans les faits, aucun des deux camps n'a vraiment utilisé cette référence religieuse. L'appel au panislamisme est resté lettre morte car, dès novembre 1914, la Djihad a été effecti­ve­ment proclamée au nom du Calife contre les puissances occidentales. Personne n'a toutefois répondu à cet ap­pel. Les véritables clivages conflictuels au Proche-Orient ne sont pas d'ordre religieux mais d'ordres ethni­que, national et monarchique. C'est dans ces cadres-là que s'affrontent les intérêts particuliers.

 

La Turquie et la Perse étaient parfaitement en mesure de s'émanciper

 

Immédiatement après 1918, on a vu que les anciens nationalismes joueraient dans l'avenir un rôle déterminant. Les dynasties arabes alliées aux puissances occidentales ont été mises hors jeu et manipulées lors des négociations de Versailles, ou bien on n'a tout simplement pas tenu compte de leur avis. Mais dans les deux pays les plus solides du Proche- et du Moyen-Orient, la Turquie et la Perse, ces méthodes de manipulation et d'ignorance n'ont pas pu s'appliquer. Les aménagements que l'on avait prévus dans ces pays pour asseoir le nouvel ordre d'après-guerre n'ont pas tenu longtemps.

 

En février 1921, Reza Pahlawi organise et réussit un coup d'Etat en Perse et amène un gouvernement natio­naliste au pouvoir. En l'espace de quatre ans, Reza Pahlawi, de soldat qu'il était, devient Shah de Perse et éli­mine largement l'influence anglaise qui pesait sur son pays. Ces événements en Iran sont exactement con­temporains d'une explosion de nationalisme en Turquie, qui ruine tous les calculs des puissances occidentales. Ni l'Italie ni la France ni l'Angleterre ni la Grèce n'ont pu se maintenir dans les portions du territoire turc qui leur avaient été assignées, à cause de la résistance nationaliste menée par Mustapha Kemal Atatürk. Par com­paraison, les événements de Perse se sont déroulés quasiment sans coup férir; en Asie Mineure, en revanche, nous avons eu affaire à une guerre de grande envergure qui s'est soldée par une défaite militaire des puissances oc­cidentales et de leurs alliés italiens et grecs. Résultat : en 1922, l'influence occidentale est réduite con­si­dé­ra­blement dans les deux Etats les plus importants de la région. Au lieu d'accepter sans rechigner le statut de co­lonie qu'on leur avait concocté, la Turquie et la Perse créent deux nouveaux Etat nationaux modernes, qui donneront quelque fil à retordre aux puissances occidentales lors de la seconde guerre mondiale.

 

Contrairement à l'Irak qui, en mai 1941, a tenté sans succès de secouer le joug britannique en se dressant aux côtés des puissances de l'Axe, les deux Etats perse et turc ont opté pour la prudence et ont évité de prendre parti. Malgré cela, la Perse n'a pas pu empêcher l'entrée sur son territoire des troupes soviétiques et britan­niques, ce qui a partagé le pays une nouvelle fois en deux zones d'influence, mais pour un laps de temps assez bref. La souplesse de la diplomatie iranienne a permis de sauver l'option nationaliste choisie dès 1921 et la nou­velle dynastie fondée par Pahlawi. La Turquie a eu plus de chances et de succès. Dans la région, en effet, son territoire revêt une importance plus grande, inaliénable; elle était mieux organisée et plus prudente; elle a donc réussi à manœuvrer avec bonheur, épargnant aux pays les affres de la guerre. Elle a pu se payer le luxe de ne donner aucune suite au pacte d'assistance militaire conclu en 1939 avec les puissances occidentales et d'en­granger un bénéfice d'ordre territorial : la partie de la Syrie, que la France avait rétrocédée à la Turquie lors de la signature de ce pacte, est restée turque, en dépit de la neutralité d'Ankara.

 

Le morcellement tragique du "Croissant Fertile"

 

Le “Croissant fertile”, situé entre ces deux pays, a connu un sort très différent, bien plus tragique. En 1920, à San Remo, il avait été partagé entre plusieurs mandats, procédure sous-tendue par une querelle entre les alliés pour s'approprier le maximum du pétrole qui venait d'y être découvert. Avant 1914, on estimait seulement que le Sud de la Perse recelait du pétrole. Les prospecteurs après 1918 ont cherché et trouvé des nappes pétro­li­fè­res loin au Nord de Bagdad; les géologues avaient acquis la conviction qu'il y avait encore beaucoup de pétrole à découvrir plus au Nord; en apprenant le résultat de leurs recherches, les Britanniques ont mis tout en œuvre pour pousser les frontières de leur mandat sur l'Irak le plus au Nord possible, c'est-à-dire jusqu'à la région ac­tuel­lement peuplée de Kurdes en Irak. La frontière septentrionale actuelle de ce pays est donc le résultat di­rect des prospections géologiques de 1920.

 

Au même moment, le Roi Hussein constatait que les Britanniques, dans le mandat qu'ils venaient de se tailler en Palestine, préparaient les conditions pour la création d'un Etat juif. Déjà pendant la guerre, les obser­va­teurs s'étaient aperçus que la politique anglaise visait à aller bien au-delà des accords Sykes-Picot, à ne tenir au­cun compte de l'internationalisation prévue pour l'administration de la Palestine et à prendre en charge cet­te administration pour son propre compte. Le pas le plus important dans cette direction fut le soutien apporté au mouvement sioniste, qui entendait créer un "foyer national juif" en Palestine, projet auquel la Déclaration Bal­four de 1917 accordait la bienveillance britannique. Pour remercier Lord Balfour de cette bienveillance, Chaim Weizmann soutint la candidature britannique en vue d'exercer un mandat en Palestine. Certes, les sio­nistes ont dû reconnaître qu'ils n'avaient jamais été qu'un pion parmi d'autres pions dans le jeu de la diplomatie britannique et que le soutien de Londres à leur cause avait été en réalité bien flou et fluctuant. Quoi qu'il en soit, l'attitude hypocrite des Britanniques a suffi à détruire définitivement l'alliance qui les liait à leur ami Hus­sein. Lorsque celui-ci n'a pas pu concrétiser solidement le principe de liberté pour les Arabes de Palestine, qu'on lui avait pourtant promis, il décida en 1922 de ne plus coopérer dans l'avenir avec Londres.

 

L'unité arabe est le projet à long terme de tous les peuples du Proche-Orient

 

La Turquie et la Perse avaient une tradition étatique de grande profondeur temporelle, ce qui leur a permis de fai­re référence à la nation. Dans le “Croissant fertile”, cette référence n'a pu jouer que dans les régions où l'in­fluence occidentale se présentait sous la forme d'une occupation militaire directe ou de droits spéciaux accor­dés aux ressortissants français ou britanniques; les autochtones avaient donc, en face d'eux, un ennemi bien dis­cernable. Autrement, l'appel lancé par les mouvements de libération nationale contre les Occidentaux dans cette région prenait la forme du "nationalisme grand-arabe", et s'opposait dès lors à la balkanisation du Proche-Orient. L'idée nationale arabe, avec ses références culturelles et historiques, n'existe plus que dans la "Ligue arabe", créée pourtant en 1945 à l'initiative des Anglais. Il y eut pourtant de nombreuses tentatives de mettre un terme à la division entre Arabes et au partage territorial du Proche-Orient, en lançant des projets d'“U­nion”. Parmi eux: le projet d'union entre la Syrie et l'Egypte, que l'on a appelé la “République Arabe Unie” (RAU), qui envisageait également de s'unir à l'Irak. Ce fut un échec car l'Irak, justement, alors qu'il était encore gouverné par la monarchie mise en place par les Anglais, opta pour un rapprochement avec la Jordanie, gou­vernée par la dynastie des Hachémites, union potentielle que l'on avait baptisée "Fédération arabe".

 

Tous les projets d'unité sont restés sans effet et instables. Mais ils restent ancrés dans la mémoire des vision­nai­res. Ainsi, par exemple, le drapeau vert-blanc-noir irakien actuel symbolise, par les trois étoiles qu'il a en son centre, le soulèvement arabe pendant la première guerre mondiale et le souhait d'aboutir à une unité avec les autres Etats, ceux qui sont représentés par ces étoiles. Le nationalisme panarabe demeure une réalité po­litique : il n'est pas assimilable au fondamentalisme islamiste, contrairement à ce que laissent accroire les mé­dias, qui omettent d'en parler sérieusement et objectivement et entretiennent sciemment la confusion, dans le but de maintenir le Proche-Orient dans l'état de division qui lui a été imposé par les décisions arbitraires des deux principales puissances occidentales après 1918. Si les peuples arabes du Proche-Orient revenaient à ces prin­cipes du nationalisme panarabe et redonnaient vigueur à leur idéal d'unité, une ère nouvelle commencerait dans la région.

 

Stefan SCHLEI.

(article paru dans "Junge Freiheit", Berlin, n°47/2002 - http://www.jungefreiheit.de ).

 

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vendredi, 07 mars 2008

1940: naissance de Rudi Dutschke

07 mars 1940: Naissance à Schönefeld près de Berlin du futur activiste de l’“Opposition Extra-Parlementaire” ouest-allemande dans les années 1965-69, Rudi Dutschke [photo, 06 déc 76].

Né dans le foyer d’un fonctionnaire de la poste al­lemande, nationaliste et volontaire de guerre en dépit de ses 39 ans, Rudi Dutschke va d’abord développer une vision protestataire et luthérienne de la société, qui le conduira à rejeter le “socialisme réellement existant” de la RDA, pays où il est né. Il se réfugie à Berlin-Ouest, juste avant la construction du Mur de la honte. Il fon­de avec ses camarades le SDS (“Ligue des Etudiants Socialistes allemands”), puis, à l’avènement d’une “grande coalition” gouvernementale, unissant sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens, il crée cette fameuse “Op­po­sition extra-parlementaire” (APO), jugeant qu’une coalition aussi vaste ne permet pas l’expression d’une con­tes­tation parlementaire normale. Cette initiative le place sous les feux de la rampe et à la tête de la con­tes­ta­tion étudiante, au cours de laquelle il s’intéresse aux mouvements révolutionnaires latino-américains (sous l’in­fluen­ce de son ami chilien Gaston Salvatore), au Printemps de Prague, à la notion de “socialisme à visage hu­main”, à la notion d’“homme unidimensionnel” de Marcuse et au révolutionnarisme religieux d’Ernst Bloch (a­vec il entretiendra une longue correspondance).

En avril 1968, juste avant les événements du Quartier Latin à Pa­ris, un individu, visiblement manipulé, lui tire une balle dans la tête. Dutschke survit, achève des études de phi­losophie à Berlin et termine sa carrière avec une chaire à l’Université d’Arhus au Danemark. Aujourd’hui, les com­pagnons de Dutschke ont rejoint en gros le camp national en Allemagne, dont Bernd Rabehl, Günter Masch­ke et surtout son avocat, Horst Mahler. Le frère de Dutschke a donné récemment un entretien à l’hebdo­ma­daire national-conservateur berlinois, Junge Freiheit. Ce glissement indique que la “gauche institutionnalisée” n’inspire plus les esprits rebelles. On doit au politologue suisse Ulrich Chaussy, une excellente biographie rai­sonnée de Dutschke, intitulée Die drei Leben des Rudi Dutschke, Pendo, Zurich, 1999, 3-85842-532-X.

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La guerre de l'Eurasie

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La guerre de l'Eurasie

La pénétration de la thalassocratie américaine dans l’« espace-noyau » eurasien

 

« La présence des troupes américaines en Géorgie n’est pas une tragédie … Si cela est possible dans les Etats d’Asie Centrale, pourquoi serait-ce impossible en Géorgie ? Chaque Etat a le droit de choisir sa propre politique dans le domaine de la sécurité. La Russie reconnaît ce droit. »  - Vladimir Poutine, Président de la Fédération Russe.

 

« Qui domine l’Europe de l’Est contrôle le Heartland ; qui domine le Heartland contrôle l’Ile Mondiale ; qui domine l’Ile Mondiale contrôle le monde. »  - H. Mackinder.

 

Au cœur du problème

 

Sir Halford Mackinder, le géographe anglais qui écrivit «Idéaux démocratiques et réalité», plaça cette devise la­pidaire à la base de son propre concept géopolitique mondial. Dans l’éternel combat entre Terre et Mer, l’a­xe central de l’histoire et de la géopolitique est le Heartland, le cœur de l’Eurasie. L’immensité herbeuse de Si­bérie Occidentale, de la toundra du Nord à la mer Caspienne, de la Volga à la Mongolie, avec l’Oural comme é­pine dorsale, est le cœur palpitant de la tellurocratie, de la puissance terrestre eurasienne.

 

Notre «Destin manifeste».

 

Même dans notre monde moderne dominé par les plus récentes technologies, l’ESPACE et la SITUATION repré­sen­tent une puissante protection contre toute tentative d’agression contre l’épine dorsale géopolitique ter­res­tre de l’Eurasie, qui, depuis des siècles, coïncide presque parfaitement avec la puissance terrestre par ex­cel­lence : la Russie. Que ce soit la Russie tsariste ou l’Union Soviétique de Lénine et Staline, l’empire terrestre eu­rasien a suivi ses propres directions géopolitiques d’expansion, s’opposant à la puissance croissante des puis­sances maritimes : l’empire britannique au 19ième siècle, les Etats-Unis durant le dernier siècle.

 

Le nœud afghan

 

La défaite soviétique en Afghanistan fut l’une des causes principales de l’implosion et de la désintégration de l’em­pire terrestre moscovite. C’est un exemple presque unique dans l’histoire d’une auto-dissolution non cau­sée par une invasion extérieure, du moins pas au sens classique de ce terme. La CEI [Communauté des Etats In­dé­pendants], née de ses cendres, n’est qu’un pâle souvenir de l’empire disparu.  En empêchant la puissance ter­restre d’avoir un libre accès aux océans, en plus des mers intérieures, et en tenant étroitement en main les îles et les péninsules de l’Eurasie, la thalassocratie américaine a remporté la victoire sur la puissance conti­nen­ta­le, suivant les enseignements géopolitiques de Mackinder et —déjà avant lui— ceux de l’Amiral américain A. T. Mahan, clairement définis dans son livre «The Influence of Sea Power upon History» [L’influence de la puis­sance maritime sur l’Histoire]. De même, la stratégie de l'étouffement des puissances continentales de grandes dimensions se poursuivra, par le biais de la domination des espaces sidéraux et l'utilisation des «vaisseaux interstellaires»…

 

Le "rimland" contre le "heartland" : une attaque concentrique

 

Si l'on la regarde à la lumière de la doctrine géopolitique et à celle du choc contemporain —et bien évident— entre la Mer et la Terre, entre l’Amérique et l’Eurasie, la stratégie de Washington est claire comme de l’eau de roche. Les provocations anti-chinoises au sud de la mer de Chine, visant à tester la résistance et la réac­ti­vi­té de Pékin, vont main dans la main avec les pressions sur la Corée du Nord, qui est un bastion de la résistance à la pénétration américaine sur le flanc Est, mais qui est aussi un Etat voisin à la fois de la Chine et de la Fé­dé­ra­tion Russe, proche de Vladivostok, la « porte orientale » de l’empire russe.

 

Le véritable "axe du mal"

 

Comme le Monde diplomatique l’a rétorqué à juste titre à Bush, le véritable «Axe du Mal» est le Fonds Mo­né­taire International + la Banque Mondiale + l’Organisation Mondiale du Commerce, les Etats-Unis étant leur pro­jet mondial et leurs bras militaire. Le contrôle des sources d’énergies de l’Eurasie, la « guerre contre le ter­ro­ris­me islamique » et l’invasion de l’Afghanistan sont trois aspects complémentaires du même plan d’hégémonie planétaire. Et l’espace russo-sibérien est la cible stratégique de cette attaque. L’alliance entre la Turquie et Is­raël n’est que le début de l’agression contre le Moyen-Orient, le monde arabe et islamique. Et la réactivation de la guerre russo-tchétchène —après les mystérieux attentats en Russie— n’a fait que favoriser l’arrivée au pou­voir de Poutine sur la vague du nationalisme russe et panslaviste. A présent, les soldats américains sont déjà en Géorgie …

 

L’ennemi sur le seuil de la porte

 

Ironie de l’histoire, ce fut justement Staline, le génial créateur de la puissance russe moderne, qui fut à l’o­ri­gi­ne de l’actuel danger pour l’intégrité et pour la survie même de la Russie. C’est la revanche géorgienne pour l’Abkhazie, qui ouvre à l’OTAN les portes du Caucase russe. Ironie du sort, les Etats-Unis ont demandé et ob­te­nu de leurs futures victimes —la Russie et  la Chine en premier lieu— leur consentement pour une guerre de con­quête contre l’Eurasie. Si le Kremlin avait pensé exploiter son appui à l’invasion américaine en Afgha­nistan pour avoir les mains libres dans une guerre intérieure qu’il a commencée et ne pouvait pas gagner —main­tenant il a gagné sa juste récompense.

 

La Russie : la dernière chance

 

La Russie secouera-t-elle son immobilisme hypnotique face au plan de l'anaconda américain : l’étouffement du con­tinent eurasien? Le peuple russe se libérera-t-il des chaînes imposées depuis plus d’une décennie par le mon­dialisme triomphant? Les élites russes les plus conscientes du rôle géopolitique de leur pays et du continent eu­rasien reprendront-elles en main le destin de la Russie et dirigeront-elles la contre-offensive à partir des der­niers bastions libres? De la réponse à ces trois questions dépendra l’avenir non seulement de la Russie, mais aussi de l’Europe, de la Chine, du monde arabe et islamique, de l’Afrique et de l’Amérique latine —le destin et la survie de l’Eurasie et du monde entier. « Qui domine l’Ile Mondiale contrôle le monde » … 

 

(Résumé par "Archivio Eurasia"; traduction de F. Destrebecq)

 

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jeudi, 06 mars 2008

Concepts stratégiques américains depuis la Guerre Froide

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Les concepts stratégiques des Etats-Unis depuis la fin de la guerre froide

De la position de leader du monde libre à celle de puissance prédatrice

 

Si, dans la période de la guerre froide, le fondement de la politique extérieure des Etats-Unis d'Amérique était un fondement unique, en définitive réductible à trois énoncés simples : pratiquer l'«endiguement» (containment) de l'URSS, freiner la diffusion dans le monde de l'idéologie communiste et promotion de la croissance économique dans le monde dit "libre", c'est-à-dire dans le monde placé sous l'hégémonie américaine; avec la chute du Mur de Berlin, une phase nouvelle s'est ouverte, marquée par une pluralité de conceptions stratégiques possibles. Ces conceptions stratégiques appartiennent en fin de compte à trois filons principaux, que les stratèges américains ont défini comme suit, car ils aiment, en général, utiliser des expressions clefs : l'«internationalisme triomphant», le «néo-isolationnisme» ou «désengagement» et, enfin, le «néo-interventionnisme sélectif».

 

1.

C'est dans le camp de l'internationalisme triomphant que se rangent les options doctrinales qui se caractérisent par une volonté de continuité avec la politique extérieure des années 1945-1989. Une continuité qui, par ailleurs, du moins dans certaines positions, se voit corrigée en cas d'urgence, où il faut “choisir le moment favorable” et tirer le maximum d'avantages possible de la position américaine, celle d'être l'unique superpuissance mondiale.

 

Concept clef le plus célèbre dans ce courant : la notion de “nouvel ordre mondial” (New World Order), qui a été forgée par le Président Bush (Senior) en 1990, à l'occasion de la première guerre d'agression contre l'Irak; ultérieurement, elle en est venue à définir le nouveau rôle et la nouvelle “responsabilité” des Etats-Unis. Le concept en soi n'exprime pas une nouveauté substantielle par rapport aux phases précédentes : il exprime la préoccupation américaine d'assurer la stabilité dans le monde, de maintenir le statu quo, d'obtenir la reconnaissance du “leadership global” des Etats-Unis. Plus intéressantes sont les réflexions sur l'application pratique du concept, né lors de l'opération Desert Storm et de ses suites dans le Golfe Persique. On a vu apparaître, lors de ces événements, la justification de la guerre préventive comme instrument de préservation de l'ordre mondial, mais, en même temps, une divergence entre puissance militaire et responsabilité politique, avec la discordance de fait qui s'est instaurée entre la puissance militaire déployée et la responsabilité politique. Cette divergence que confirment, selon certains observateurs, les choix opérationnels successifs effectués en Somalie et en Bosnie.

 

Si les institutions politiques suprêmes de ce monde ont montré toutes leurs carences quand il s'est agi de donner substance au concept de “nouvel ordre mondial”, les autorités militaires ont pris le relais, avec l'enthousiasme que l'on sait.

 

En 1992, l'un de ses nombreux "scoops téléguidés" publiés dans les pages du New York Times et émanant d'un soi-disant rapport “secret” du Pentagone a été intitulé “Defence Planning Guidance” et rédigé sous la direction du sous-secrétaire à la Défense pour les affaires politiques, Paul Wolfowitz. Ce “rapport secret” inteprète explicitement le nouvel ordre mondial comme l'expression de la volonté américaine de maintenir son propre statut de superpuissance unique, en s'appuyant surtout sur la force militaire, et de s'imposer unilatéralement, si besoin s'en faut. L'OTAN, dans cette perspective, n'est plus que le véhicule des intérêts américains en Europe et le garant principal de la sécurité européenne.

 

Charles Krauthammer, journaliste, est celui qui a forgé un autre concept significatif, celui d'“élément unipolaire” pour décrire le caractère simultanément absolu et provisoire de la suprématie américaine. Pour Krauthammer, dans deux ou trois décennies, de nouveaux rivaux pourraient devenir suffisamment forts pour défier la puissance américaine. Dans ce contexte, l'unipolarité implique également “concentricité” autour d'un pôle : par conséquent, poursuit Krauthammer, nous devons trouver au centre de l'ordre mondial, une confédération occidentale, dont le G7 est en quelque sorte la préfiguration. Au centre de cette confédération, nous trouverions les Etats-Unis. Autours d'eux, plusieurs cercles concentriques, où la distance par rapport au centre se mesure en termes de perte de souveraineté. L'objectif final est la formation d'un marché commun mondial, tel celui qu'avait préconisé Francis Fukuyama dans son célèbre best-seller, La fin de l'histoire. Mais l'objectif premier, la première tâche à accopmlir, est d'unifier l'Occident,qui est économiquement avancé. Le précurseur de cette orientation politique fut  Robert Strauss-Hupé qui, dès 1957, avait souligné la nécessité d'unifier le monde sous la bannière étoilée et cela, “en l'espace d'une génération” (!); champion du mondialisme avant la lettre, il considérait et condamnait l'idée d'Etat-Nation comme une invention idéologique française odieuse, comme “la force la plus rétrograde du 20ième siècle”. Le rêve fédéraliste mondial de Strauss-Hupé  —dont l'OTAN devait être le noyau de base—  conférait aux Etats-Unis le rôle d'“architectes d'un empire sans impérialisme”. Quant au rôle de la culture anglo-saxonne, c'était de faire l'intermédiaire entre les cultures antiques et la nouvelle culture mondiale émergente. En dépit de sa misère intellectuelle, cette conception a continué à faire des adeptes, parmi lesquels Strobe Talbott, qui fut le numéro deux au sein du Département d'Etat sous Clinton.

 

Joseph Nye souligne, quant à lui, les aspects “souples” de la pensée internationaliste. Après la guerre du Golfe Persique, il est clair, désormais, que la puissance économique n'a pas envoyé au rancart la puissance militaire, laquelle serait devenue inutile. Les Etats-Unis occupent la première place parce qu'ils détiennent l'hégémonie tant sur le plan du “hard power” (le pouvoir de coercition) que sur le plan du “soft power” (le pouvoir de persuasion). Ce second aspect renvoie aux institutions transnationales dans lesquelles les Etats-Unis se sont assurés le contrôle de dernière instance : le World Trade Organization (l'ex-GATT), le FMI, le Traité pour la non-prolifération nucléaire, etc. Dans cette pathologie à vouloir se doter de l'omnipotence, le rôle possible de l'Amérique a été décrit comme celui de “grande organisatrice” du monde, un rôle analogue à celui que joua la Grande-Bretagne aux 18ième et 19ième siècles, ou à celui de l'Autriche entre 1812 et 1818, ou encore à celui de la Papauté aux 12ième et 13ième siècle voire à celui d'Athènes avant la Guerre du Péloponnèse.

 

On en arrive ainsi à formuler de mauvaises “réminiscences” de Spengler (et nous nous excusons auprès de lui!), comme, par exemple, dans l'appel que lance Ben Wattenberg, directeur de Radio Free Europe, pour que le peuple américain reconnaisse sa “nouvelle destinée manifeste” (“New Manifest Destiny”), dont l'objectif serait de promouvoir dans le monde la “démocratie de type américain”. La culture a donc, dans ce projet, une fonction de premier plan à assumer; les Etats-Unis disposent des meilleures armes sur ce terrain : le monde du spectacle, les médias, la langue anglaise, le tourisme, les institutions universitaires et les systèmes informatiques, sans oublier le business des loisirs. En somme, Coca Cola, Bill Gates et Pamela Anderson sont au service du monde unipolaire, dominé par l'Amérique.

 

D'autres n'hésitent pas à recycler avec désinvolture des termes bannis aujourd'hui par ce néo-puritanisme obsessionnel que constitue la “political correctness”. Le conservateur de choc qu'est Irving Kristol, dans les pages du Wall Street Journal, en août 1997, évoque “le jour pas si lointain, où le peuple américain prendra conscience d'être une nation impériale… une grande puissance peut insensiblement être amenée à s'assumer, à prendre des responsabilité sans être explicitement engagée”.

 

2.

La pensée néo-isolationniste semble  —du moins en apparence—  bien plus sobre. Ses exposants reconnaissent qu'il est impossible, pour l'Amérique, de gérer efficacement une politique extérieure de mouture internationaliste et cela, tant sur les plans économique que militaire : entre autres choses, ce qui l'en empêche, c'est un budget de la défense qui, dans les années 90, avoisinait déjà les 300 milliards de dollars annuels, face à une dette extérieure sans cesse croissante, à un taux d'épargne parmi les plus bas du monde, à un système d'éducation en faillite (vive la sincérité!) et, qui plus est, face à une propension très réduite à réinvestir les capitaux dans la sphère de la production plutôt que dans celle de la spéculation financière.

 

L'isolationnisme ne signifie pas  —et n'a jamais signifié au cours de l'histoire des Etats-Unis—  une volonté d'isolement. C'est une doctrine politique qui n'exclut pas le développement croissant des relations économiques avec l'extérieur, mais une doctrine politique qui exprime simplement le désir d'un désengagement à but précis; en ultime analyse, l'isolationnisme vise à ne pas embarrasser l'action politique des Etats-Unis, d'une façon ou d'une autre.

 

Traditionnel cheval de bataille de la pensée politique républicaine, l'isolationnisme s'est accentué après la déconfiture du Vietnam. Le néo-isolationnisme possède une tendance “populiste” chez Patrick Buchanan. Cet ancien collaborateur de Nixon et de Reagan augure le retrait total des forces américaines hors d'Europe et d'Asie, mais sans désarmement. Le primat de l'Amérique doit cependant demeurer sur mer, dans l'air et dans l'espace. L'interventionnisme, dans cette pensée, n'est pas exclu, sauf sur terre (nous entrevoyons là le compromis fait par Clinton à l'occasion de l'agression perpétrée contre la Yougoslavie).

 

Cette sorte de réédition de la “Doctrine de Monroe”, Ted Carpenter, directeur du “Cato Institute” la partage. Carpenter se bat pour une stratégie indépendante, débarrassée d'engagements trop onéreux ou trop obsolètes; il définit les “intérêts vitaux” des Etats-Unis de manière rigoureuse et rejette l'interventionnisme tous azimuts. Pour Carpenter, les conflits locaux (y compris en Europe) ne sont pas à considérer comme des menaces aux “intérêts vitaux”. « Quels sont les intérêts vitaux de l'Amérique? », se demande Edwin Feulner, président de la « Heritage Foundation ». Il énumère cinq points : sauvegarder la sécurité nationale (le territoire, les frontières, l'espace aérien américain); prévenir toute menace de la part d'une puissance antagoniste en Europe, en Extrême Orient et dans le Golfe Persique (il fait référence respectivement à la Russie, à la Corée du Nord, à l'Iran et à l'Irak); maintenir la capacité d'accès des Etats-Unis aux marchés extérieurs ; protéger les Américains du “terrorisme et de la criminalité internationales” ; préserver la possibilité d'accéder aux ressources stratégiques.

 

Le corollaire des thèses de Carpenter : un jugement clair et net sur les alliances actuelles et sur l'OTAN. Elles sont des reliquats du passé, dont il faut se défaire. Mais le tout doit se dérouler dans un contexte de “pessimisme de la raison”, car l'instance unipolaire ne durera pas.

 

Une autre voix émanant du « Cato Institute », Barbara Conray, nie le fait que la poursuite du leadership politique et militaire puisse, à long terme, constituer le fondement de la politique extérieure des Etats-Unis. Etre le gendarme du monde implique d'avoir à assumer des coûts supérieurs à ses bénéfices.

 

Dans le contexte de ces positions néo-isolationnistes, nous trouvons un vaste éventail de théories et de thèses qui ne croient pas à la possibilité de survie de l'hégémonie américaine après la guerre froide. Ces thèses prétendent que de nouvelles superpuissances n'émergeront pas et que les crises régionales conduiront à une fragmentation croissante du pouvoir dans le monde. Les Etats-Unis devront donc manœuvrer pour “compartimenter” ces instabilités régionales, mais sans intervenir activement. Les quarante années de la guerre froide ont donné une prééminence excessive à la politique extérieure, se plaint une ancienne ambassadrice américaine auprès de l'ONU, Jeane Kirkpatrick : il est l'heure, désormais, que l'Amérique affronte les questions de politiques intérieure.

 

Mais comme le pouvoir aujourd'hui est essentiellement économique, c'est sur ce terrain que se développera la vraie compétition. L'option mondialiste ne débouchera pas sur une prime, celle de voir un monde constitué autour de l'axe des valeurs américaines. La situation difficile de l'Amérique, sur les plans social et culturel, rend urgente une rénovation en profondeur de la politique intérieure.

 

3.

Aux “opposants extrémistes” de l'internationalisme et de l'isolationnisme, s'opposent les courants de pensée favorables à un néo-isolationnisme pratique (“practical internationalism”, d'après l'expression de Richard Gardner, un conseiller de Clinton). Le concept clef qui a inspiré une bonne partie de l'action politique extérieure de l'administration Clinton est celui de “sécurité multilatérale” (qui s'identifiait à la figure du secrétaire d'Etat adjoint pour les affaires extérieures, Tarnoff). L'interprétation stricto sensu de cette doctrine prévoit de limiter l'utilisation de la force par les Etats-Unis dans un contexte multilatéral, sauf dans le cas où certains de leurs intérêts vitaux sont en jeu. A la suite du torrent de critiques qui s'est abattu sur l'administration à propos de la façon dont les crises bosniaque et somalienne ont été traitées, on a assisté à l'émergence de prises de positions quelque peu différentes, privilégiant un concept élargi de sécurité multilatérale, d'après lequel la “multilatéralité” est un moyen, non une fin, mais sans que l'action unilatérale ne soit exclue dans l'absolu.

 

Un concept est lié à celui de sécurité multilatérale : l'indépendance stratégique. Si la doctrine de l'endiguement exprime la volonté d'empêcher l'émergence et l'affirmation d'une puissance hégémonique en Eurasie, à présent, tout en restant ferme dans l'affirmation de ses objectifs stratégiques, l'Amérique renoncerait à agir en personne et viserait à maintenir une situation d'équilibre entre les puissances au niveau global et au niveau régional ; l'indépendance stratégique des Etats-Unis consisterait dès lors à pouvoir exploiter les rivalités entre les autres puissances, tout en bénéficiant des avantages géopolitiques dérivant de leur insularité, de l'éloignement du théâtre des conflits, de la supériorité militaire et nucléaire. Dans cette réédition de la doctrine de l'équilibre des forces, Henry Kissinger précise que les Etats-Unis ne pourront plus, à terme, faire face simultanément à toutes les situations de crises potentielles: une sélection s'impose. Dans l'interventionnisme sélectif, proposé par Kissinger, certaines crises pourront exiger une intervention unilatérale des Etats-Unis, d'autres ne réclameront qu'une action multilatérale, d'autres, enfin, ne mériteront aucun type d'intervention militaire. Dans cette perspective, nous n'avons pas vraiment affaire à une intention de construire un ordre global fondé sur les intérêts américains, soit la pax americana (ce qui serait réalisable dans le nouveau contexte mondial); le rôle de l'Amérique en vient plutôt à ressembler à celui de l'Angleterre au 19ième siècle.

 

Cette nouvelle conception se voit reprise et renforcée par les réflexions de Zbigniew Brzezinski. Le concept de “mission globale sélective” (global selective commitment) prévoit, pour les Etats-Unis :

◊ la possibilité d'un déphasage entre les intérêts américains en politique étrangère et ceux de leurs alliés traditionnels;

◊ le maintien de leur rôle en tant que principal pôle de dissuasion nucléaire ;

◊ le maintien des avantages militaires américains (aviation, marine) par rapport à leurs alliés et non pas

◊ la “mission sélective et proportionnée” sous des formes variables de coopération à l'échelle régionale (l'OTAN en étant l'exemple classique).

 

A cette tendance (que l'Administration Clinton avait faire sienne), s'ajoute le projet d'élargissement de la “communauté libérale”. Quelques auteurs de ce courant de pensée ont ouvertement proposé d'affirmer la suprématie économique, de la placer au premier plan, repoussant au second plan la sécurité et la diffusion des valeurs américaines (on songera, à ce propos, à la rapide reconversion de la CIA dans l'espionnage économique, ou, du moins, en ses structures “visibles”). A la bipolarité du monde, au temps de la guerre froide, se substitue une tripolarité (Etats-Unis, Europe, Japon) de superpuissances économiques. Sur le plan fonctionnel, il apparaît urgent de maintenir les marchés extérieurs ouverts à la concurrence et aux investissements américains. Dans un tel contexte, la promotion de systèmes de leadership collectif  —collectif mais contrôlé par les Etats-Unis de manière rigide—  devient un objectif premier à réaliser, sous peine de voir émerger des blocs régionaux toujours plus “fermés” à l'influence du capital yankee.

 

Le secrétaire d'Etat Warren Christopher avait affirmé en 1992 que la “sécurité économique” représentait l'objectif premier de la politique extérieure de l'Administration Clinton. Le secrétaire d'Etat adjoint Strobe Talbott avait parlé, lui, en 1994, d'une “diplomatie pour une compétitivité globale”. Qu'entendait-il par là? Il l'a parfaitement expliqué lui même : demeurer sur ses gardes afin que de nouveaux regroupements économiques régionaux ne se fixent pas d'objectifs en contradiction avec les intérêts supérieurs des Etats-Unis. C'est un avertissement clair, notamment à l'adresse de l'Union Européenne.

 

L'Amérique s'auto-perçoit ainsi comme une “big corporation” qui doit exploiter une position de force toute temporaire sur le marché pour le modeler et le transformer en vue d'atteindre les objectifs propres de l'Amérique. Et quand Richard Haas, maître à penser de la Brookings Institution et ancien conseiller de Bush le père, suggère dans The Reluctant Sheriff (1997) : « L'objectif de la politique extérieure américaine doit être le suivant : œuvrer, de concert avec les autres acteurs qui partagent les mêmes idées, à améliorer le fonctionnement du marché et à renforcer le respect de ses règles fondamentales. Dans le consensus, si possible, avec la force, si nécessaire ». Dans une telle perspective, les Etats-Unis ne sont pas le “gendarme du monde”, occupé à combattre vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les émanations de l'Empire du Mal, mais le Sheriff qui, quand la situation risque de devenir incontrôlable, rameute à la hâte des volontaires ou des mercenaires et part tout de suite avec eux pour mener une expédition punitive. Cela ne vous rappelle-t-il rien?

 

4.

Nous avons voulu dédier un paragraphe entier à Samuel Huntington. Son essai, The Clash of Civilizations?, avec point d'interrogation, était paru d'abord dans le bimestriel Foreign Affairs, pendant l'été 1993. L'approfondissement de la question  —avec disparition du point d'interrogation—  est paru sous forme de livre trois ans après, sous le titre The Clash of Civilizations and the New World Order. Le noyau du questionnement suggéré par Huntington, du moins en ce qui concerne la thématique que nous abordons ici, est explicité au début du chapitre 7 : «Pendant la guerre froide, l'ordre qui prévalait était le produit de la domination des superpuissances sur leurs blocs respectifs et de leur influence dans le Tiers-Monde. Dans le monde qui apparaît, la puissance globale est désormais une notion dépassée, et l'idée de communauté globale n'est plus qu'un rêve lointain. Aucun pays, même les Etats-Unis, n'a d'intérêts stratégiques globaux. Les composantes de l'ordre dans le monde plus complexe et hétérogène qui est désormais le nôtre se trouvent à l'intérieur des civilisations et entre elles. Le monde trouvera un ordre sur la base des civilisations, ou bien il n'en trouvera pas. Dans ce monde, les Etats phares des civilisations sont la source de l'ordre au sein des civilisations et, par le biais de négociations avec les autres Etats phares, entre les civilisations (…). Un Etat phare peut exercer sa fonction ordonnatrice parce que les Etats membres le considèrent comme culturellement proche (…). Là où il y a des Etats phares, à l'inverse, ceux-ci sont les clés du nouvel ordre international fondé sur les civilisations »  (pp. 170-171).

 

Examinons ce discours de plus près. En fait, quelle est “notre” civilisation d'après Huntington? Ecoutons-le: « Pendant la guerre froide, les Etats-Unis étaient le centre d'un vaste regroupement très diversifié et multicivilisationnel de pays qui avaient tous pour but d'empêcher l'Union soviétique de poursuivre son expansion. Ce regroupement, appelé tantôt “le monde libre”, tantôt l'“Ouest” et tantôt les “Alliés”, comprenait de nombreuses sociétés occidentales, mais pas toutes, ainsi que la Turquie, la Grèce, le Japon, la Corée, les Philippines, Israël (…). Avec la fin de la guerre froide (…), le “monde libre” multicivilisationnel (…) se recompose en un nouveau regroupement correspondant plus ou moins à la civilisation occidentale » (p.171). Huntington fait ici violence aux règles habituelles de la géopolitique. Dans un but instrumental. Parce qu'il réduit à zéro les différences qui existent bel et bien entre le monde anglo-saxon, premier terme, et la civilisation européenne, afin d'élaborer un concept de “civilisation occidentale” qui permet d'absorber cette civilisation dans le premier terme, qui est américain bien entendu. Même si l'issue de cette analyse est déconcertante, elle n'en demeure pas moins efficace sur le plan de la théorisation du rôle hégémonique des Etats-Unis et de leur allié britannique en Europe.

 

Quand Huntington cherche à faire violence au réel et à l'inclure de force dans ses schémas, nous voyons apparaître l'incongruité de sa démonstration, incongruités qui sont néanmoins fort intéressantes à observer. Quand il définit les conflits dans les “failles” (les fault-line conflicts) comme étant des “conflits entre Etats limitrophes appartenant à des groupes de civilisations diverses vivant au sein d'une seule et même nation”  —en opposition aux conflits entre Etats phares impliquant les principaux Etats des diverses civilisations—  Huntington se réfère évidemment à la guerre de Bosnie, mais ses arguments sont également valables pour le conflit du Kosovo.

 

Dans toute guerre se déroulant sur une “faille”, nous voyons agir des acteurs de premier plan (dans le cas bosniaque, nous avons affaire à des protagonistes serbes et croates, en plus des Bosniaques eux-mêmes); mais des acteurs de second plan agissent également (les gouvernements des Etats plus ou moins mono-ethniques correspondant aux ethnies de Bosnie impliquées) de même que des acteurs de troisième plan, soit les représentants des civilisations respectives. Dans le cas bosniaques, nous avions l'Allemagne, l'Autriche et le Vatican, ainsi que les Etats et les cercles catholiques d'Europe du côté des Croates; la Russie, la Grèce et les autres pays du groupe orthodoxe aux côtés des Serbes; enfin, aux côtés des Bosniaques musulmans, nous trouvions divers Etats islamiques et… les Etats-Unis d'Amérique !! Huntington admet qu'il s'agit d'une “exception partielle”, d'une “anomalie” que l'on pourrait interpréter comme une “erreur” de l'Administration Clinton, trop empressée de satisfaire les “fortes pressions venues de ses amis dans le monde musulman”. Mais cette “anomalie” est si peu “anomale” qu'elle s'est répété, comme un copion parfait, lors de l'agression anglo-américaine contre la Yougoslavie, sous prétexte de la question kosovar.

 

Curieusement, cette conception toute théorique du choc des civilisations semble finir par démolir ses propres présupposés, sur lesquels elle se fonde… ou bien? Ou bien, une fois de plus, cette théorie sert à masquer une intention que l'on ne veut pas encore déclarer ouvertement : cette intention est celle de construire le “Third American Empire”, dont le territoire balkanique constitue le tremplin. L'idée de ce “troisième empire américain” a été théorisée par Michael Lind et Jacob Heilbrunn en janvier 1996, dans les colonnes du Washington Post. Si l'on prend cette notion de “troisième empire américain” au sérieux, on comprend ipso facto que les Etats-Unis ont été, dans la crise bosniaque, des acteurs de troisième niveau, ont joué, en quelque sorte, le rôle peu appréciable de “padrone mafieux” d'un “pseudo-islam”, destiné à être le fer de lance de l'Amérique, pour empêcher la recomposition d'un grand espace européen, en une zone de première importance stratégique comme les Balkans.

 

5.

Deux mots en guise de conclusion : il est temps de revenir au réel; comme l'isolationnisme américain, au fond, n'a jamais vraiment existé et s'est toujours limité à la préférence  —dans les périodes d'entre-deux-gueres—  pour les méthodes indirectes basées sur la coercition économique et sur la manipulation diplomatique. L'isolationnisme est donc une fiction; le néo-isolationnisme n'est donc rien d'autre qu'un expédient servant à conjurer un déclin politique, diplomatique, économique et militaire inéluctable. Il est vide de tout contenu, n'indique nullement une volonté de “désengagement”, mais constitue un camouflage habile de l'interventionnisme pratique et sélectif. Derrière le masque de l'Amérique garante de la “sécurité multilatérale” et des équilibres régionaux, nous trouvons l'organisation systématique de la déstabilisation dans les domaines diplomatique, politique, financier et militaire, partout dans le monde. Et cette déstabilisation s'opère désormais à partir du “cœur du monde”, du centre de la masse continentale eurasiatique. Mieux : à partir de la péninsule balkanique entre l'Adriatique et la Mer Noire. Telle a été la véritable signification historique de la guerre en Yougoslavie. Mais, si dans chaque mensonge se trouve tout de même une parcelle de vérité, alors nous sommes redevables à Huntington de nous avoir donné une précieuse leçon. Dans un monde où les civilisations deviendront toujours plus nombreuses, elles devront inévitablement se respecter mutuellement, se comprendre et coexister; elles auront toutes pour tâche de donner du sens aux peuples et aux hommes, face, justement, à l'absence de sens que représente la globalisation actuelle, téléguidée depuis les Etats-Unis et leurs homologues en terre d'Albion. Ce système, marquée par une absence de sens, est une anomalie. Qui doit disparaître.

 

ARCTOGAÏA, Moscou - http://www.arctogaia.com

 

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mercredi, 05 mars 2008

1903: Bagdadbahn

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La première locomotive vient d'arriver à Bagdad!

05 mars 1903: La société allemande « Bagdadbahn » signe un accord avec le gouverment turc pour construire une ligne de chemin de fer entre Istanbul et Bagdad, via Konya (centre religieux des derviches tourneurs de Mevlânâ) en Anatolie et Mossoul dans le Kurdistan (aujourd’hui irakien). Le contrat prévoit un embranchement vers le Golfe Persique. Ce projet envenimera les rapports anglo-allemands et sera l’une des causes majeures de la seconde guerre mondiale.

Londres ne peut effectivement tolérer qu’une grande puissance industrielle européenne porte ses énergies en avant vers cette zone clef de son empire qu’est le Golfe Persique. Les projets britanniques de l’époque, depuis la fin du 19ième siècle, sont de relier le Cap au Caire (mais le Tanganyka allemand coupe la continuité territoriale), selon les vœux de Cecil Rhodes, et le Caire à Calcutta, en satellisant les provinces arabes-mésopotamiennes de l’empire ottoman et la Perse. Une présence allemande en Mésopotamie ruinerait le projet. Le pari allemand sur la Turquie sera suivi d’un pari britannique antagoniste : le pari sur les tribus arabes wahhabites contre la Sublime Porte. Ce sera la mission de T. E. Lawrence, dit « Lawrence d’Arabie ». Cette alliance est toujours actuelle.

Citation de Charles du Bus de Warnaffe

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Citation de Charles du Bus de Warnaffe

Dans l’ordre politique, les jours révolus ne sont guère moins décevants.

Il est de bon ton de considérer la politique avec mépris ; ce n’est pas toujours à tort lorsqu’il s’agit de la politique des politiciens. Mais alors le terme est galvaudé et sert d’étiquette à des agissements que dictent l’intérêt ou la passion, et qui se font une arme de la démagogie sous toutes ses formes. Certains politiciens ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes si, aux yeux de la masse, la politique paraît synonyme de querelles villageoises, de chantages, de compromissions, de marchandages, de discours creux et de promesses reniées.

Le politicien n’est tel, et ne parvient pas à se hisser sur le plan du politique ou de l’homme d’Etat, qu’à défaut d’avoir le courage de l’indépendance, et de se souvenir qu’aux termes de la Constitution il est élu de la Nation, et non d’une profession, d’une classe, d’une circonscription ni d’un parti.

Trop souvent, il oublie qu’il est membre d’une représentation nationale, participant à une politique nationale qui n’est pas seulement nécessaire en certains moments historiques, mais toujours ; que sa mission est de travailler exclusivement à la grandeur et au bien du pays, en respectant la hiérarchie des activités qui concourent à les réaliser.

La politique sera une grande chose, lorsqu’elle sera pratiquée par tous hommes libérés de l’esprit partisan, débarrassés de toute ingérence tutélaire suspecte, dégagés des intérêts particuliers, serviteurs des seuls principes, résolus à « défendre avec intransigeance les positions de l’ordre ».

Et le politique le plus fort sera celui que j’appellerai l’homme seul, pour qui le souci de la chose publique exclut le rattachement à toute préoccupation autre que celle de son foyer, image et centre de la Patrie qu’il entend servir.

Ce sera celui qui comprendra qu’un mandat éminent est une charge avant d’être un honneur, et exige qu’on s’y consacre dans le travail et l’abnégation, sans recherche d’amour-propre ni de profit indirect, avec un idéal très élevé.

Duc in altum ! Cinglez vers le large !

La politique n’est pas du cabotage, mais de la haute mer ; là où la tempête peut être sévère, mais où l’équipage, à son poste, s’identifie avec le navire, dans un cadre strict, sous un commandement responsable.

Charles du BUS de WARNAFFE

(in : « Ceux de demain », L’Edition Universelle S.A., Bruxelles, s.d. ; extrait d’un discours prononcé à l’Assemblée extraordinaire de l’Association catholique de Bruxelles, 17 janvier 1935).

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mardi, 04 mars 2008

A propos de "La France en danger d'islam"

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A propos de "La France en danger d'islam" de René Marchand

L’auteur : René Marchand, selon la quatrième de couverture de son ouvrage, est « ancien élève de l’Ecole nationale des Langues orientales vivantes, licencié de langue et littérature arabe en Sorbonne. (Il) a fait l’essentiel de sa carrière dans l’audiovisuel : il fut notamment journaliste, rédacteur en chef de radio et de télévision, producteur, responsable de la fiction d’une chaîne…Il a été aussi scénariste, enseignant, chef d’entreprise, et a présidé la section professionnelle Presse-Communication d’une grande formation politique. ». C’est donc un homme éclectique, qui, depuis qu’à l’âge de 16 ans il fréquentait Langues O, a, tout au long de sa vie – il a maintenant dépassé la soixantaine - accumulé les expériences les plus diverses, mais sans ne jamais oublier ses premières amours, cette culture arabo-islamique qui, d’évidence, le fascine. Il la connaît d’autant mieux, de l’intérieur, en quelque sorte, qu’il est arabisant et que, s’il a « roulé sa bosse » dans le monde entier, ses errances l’ont souvent mené en terre d’islam.

Politiquement, il semble très proche du gaullisme, du moins de ce gaullisme qui a disparu avec le Général. Ce n’est en tout cas ni un extrémiste, ni un exalté, et, baigné de culture arabo-islamique, il ne manifeste aucun mépris a priori à l’égard de celle-ci, bien au contraire. Simplement, il en connaît les dangers, et, constatant la présence sur le sol européen, et plus particulièrement français, d’importantes communautés allochtones musulmanes, il tire la sonnette d’alarme, non point de façon émotive, irrationnelle, non point en raison de quelque obsession anti-arabe, anti-musulmane, ou autre, ou encore par nostalgie d’un passé qui n’a peut-être jamais existé exactement comme on se le représente, mais en s’appuyant sur des faits précis, constants, vérifiables, qu’il puise, et c’est là son originalité, au cœur même de l’islam, de cet islam qu’il connaît parfaitement, et du dedans. 

Deux observations préliminaires :

Date de rédaction de l’ouvrage : La rédaction de ce livre était achevée avant le 11 septembre 2001, mais à cette date, il n’était pas encore publié. L’auteur et son éditeur sont convenus de ne rien modifier au texte initial « laissant le lecteur juger de la pertinence des analyses, interrogations et projections présentés à la lumière des faits de la plus récente actualité ». Pari gagné ! Ni les attentats de New York et de Washington, ni tous les autres événements survenus depuis n’ont démenti ou infirmé en rien les thèses développées par l’auteur dans cet ouvrage. Cela prouve le bien-fondé de celles-ci…ce qui ne manque pas, d’un certain point de vue, d’être quelque peu inquiétant ! 

Mode d’exposition : Dès la page 20, l’auteur prévient : « Je n’ai pas voulu m’enfermer dans un « genre éditorial » bien cadré, bien rationnel, bien « cerveau gauche » (…) Je ne me suis pas interdit digressions, notes marginales encadrés, photos souvenir (…) J’ai voulu des retours « en spirale », un peu par imitation des auteurs arabes qui les affectionnent,( c’est nous qui soulignons)  mais surtout afin d’irriter, de provoquer, d’enfoncer le clou. » Le procédé ne facilite pas la tâche de celui qui voudrait résumer ce livre, mais il présente l’irremplaçable avantage d’immerger le lecteur occidental dans un mode de pensée différent du sien, et, par conséquent, de l’aider à sortir de ses catégories mentales sans rapport avec celles des arabo-musulmans. Or, qui veut appréhender utilement les problèmes posés par l’islam à nos civilisations non-islamiques, qui veut tenter d’en comprendre un tant soit peu les tenants et les aboutissants, doit nécessairement se défaire de ses propres modes de penser et de sentir. Ainsi, l’auteur, grâce à ce mode d’exposition de sa pensée qui pourra paraître à certains un peu « tordu » (mais une spirale n’est-elle pas forcément tordue ?) nous aide à nous libérer de cet ethnocentrisme qui a fait jusque là tant de ravages, et qu’il condamne vigoureusement. Nous reviendrons plus loin sur ce point fondamental.

Le sujet de l’ouvrage : Marchand fait référence à la France dans le titre de son ouvrage. En fait, s’il appuie sa démonstration sur l’exemple français, celle-ci peut aisément être étendue à tout le continent européen, et notamment à un pays comme la Belgique où les données humaines, sociales et démographiques sont à peu de chose près les mêmes que celles qui prévalent en France, et où les mêmes erreurs ont été commises par les gouvernements successifs, de gauche comme de droite, qui ont dirigé ces pays depuis plus de trente années. René Marchand montre bien que la cause principale de ces erreurs réside dans le manque d’attention aux faits dont ont fait preuve avec une constance effarante ces gouvernements,  par paresse intellectuelle, parfois par lâcheté politique, mais le plus souvent par ignorance crasse de la réalité de l’islam, par méconnaissance totale de sa culture, lesquelles conduisent à pratiquer un ethnocentrisme générateur de contre-sens dramatiques.

Un réquisitoire contre l’ethnocentrisme (1).  D’ailleurs, dès l’abord, René Marchand présente son livre comme « un réquisitoire contre l’ethnocentrisme. » (p.15). Il est intéressant, à ce propos, de noter que l’ouvrage d’Alain Bauer et Xavier Raufer « La guerre ne fait que commencer » (2) débute lui aussi par un réquisitoire contre la paresse intellectuelle et le manque d’imagination qui conduit, disent-ils en substance, à « préparer toujours la guerre que l’on vient de perdre, et à renvoyer à plus tard toute réflexion sur celle qui a lieu présentement. » En définitive, Marchand, Bauer et Raufer soutiennent la même thèse, à savoir que l’ethnocentrisme est la cause principale de cette incapacité dans laquelle se trouvent les gouvernements occidentaux, qu’ils soient américains, belges ou français de combattre efficacement le danger islamiste. Tout au contraire, ils se laissent hypnotiser par l’adversaire, endormir, berner, et ce, en toute bonne conscience. Or, ce danger existe. Dès le début de son livre, Marchand nous narre sa rencontre surréaliste avec un jeune « intellectuel » islamiste, survenue en 1994. Ce récit est édifiant, et je convie qui nierait encore la réalité de cette menace à lire le compte-rendu de cette rencontre, qui a eu lieu, je le répète et insiste, sept ans avant les attentats du 11 septembre ! Nous y reviendrons plus loin..

Bauer et Raufer se présentent en techniciens, spécialistes de la sécurité, et c’est sous cet angle, pratique et technique, qu’ils reprochent aux Occidentaux, et surtout aux Américains, leur ethnocentrisme, et, plus particulièrement pour ce qui est de ces derniers, Bauer et Raufer montrent comment ceux-ci l’ont poussé jusqu’à la caricature. au point de s’être imaginé, lors de la mise en place d’Echelon, que l’humanité entière s’exprimait en anglais, ce qui les avait conduit à ne pas prévoir, avant le 11 septembre, d’interprètes d’arabe ou d’ourdou pour le débriefing des communications enregistrées, avec les conséquences que l’on sait !

Au contraire, l’ouvrage de Marchand est un livre de passion, non point de cette passion brûlante et impétueuse comme celle qui anime une Oriana Fallaci, qui semble tremper sa plume dans la lave d’un volcan (3), mais de cette passion, au sens étymologique du terme, qui est à la fois amour et souffrance, celle-ci mal dissimulée par un voile de pudeur. René Marchand se montre, lui, plus sentimental que technicien (4). Ce n’est pas plus mal, bien au contraire, car ainsi il nous fait pénétrer au cœur – dans tous les sens du terme – du problème, c’est-à-dire, de l’islam et des dangers qu’il représente pour nous et notre civilisation gréco-romano-judéo-chrétienne.

Marchand, je l’ai dit, est arabisant, et il consacre plusieurs pages à la langue arabe, et plus particulièrement à l’arabe littéraire, c’est-à-dire à l’arabe du Coran, qui n’a pas varié depuis quatorze siècles. Toute modification en serait en effet sacrilège, puisque c’est dans cette langue que Dieu a fait « descendre » le Coran. On ne peut toucher à la langue dans laquelle Dieu a choisi de s’exprimer. L’auteur nous explique qu’il s’agit d’une langue sémitique qui ne « fonctionne » pas comme nos langues indo-européennes. La syntaxe, le vocabulaire, la grammaire, la conjugaison des verbes, tout cela est différent, se bâtit différemment. Traduire « bêtement » un texte arabe en français est source d’erreur, voire de contre-sens. Je rappelle d’ailleurs à ce propos que le grand orientaliste Jacques Berque a très humblement et très lucidement intitulé sa traduction du Coran « essai de traduction. »

A cause de cette approche en définitive très subjective des choses, il nous immerge dans la réalité objective de l’islam, de cette grande religion-loi-culture-civilisation qu’il nous est tellement difficile d’aborder et de pénétrer avec notre rationnalité froide et mathématique (5). Il convient de se « mettre dans la peau de l’autre », de se placer dans sa tête ; là est le nœud de tout problème. Les joueurs d’échec le savent mieux que quiconque : la victoire n’appartient pas au plus intelligent, au plus savant, au meilleur stratège, au meilleur tacticien, en soi, mais à celui qui possède la meilleure intuition des catégories mentales de son adversaire, à celui qui parvient le mieux à « se mettre dans sa peau », et, qui, par là, réussit non seulement à prévoir ses coups, mais à choisir, parmi plusieurs parades possibles, celle qui le désarçonnera..

Un réquisitoire contre le chronocentrisme : De même que l’ethnocentrisme consiste à prêter nos propres catégories mentales à nos adversaires, sans tenir compte du fait que leur culture est différente de la nôtre, que leur langue est autre, le chronocentrisme consiste à vouloir décalquer leur Histoire sur la nôtre, ce qui est absurde. Par exemple, Marchand se hérisse lorsqu’il entend vanter la « tolérance » qui aurait régné dans l’Andalousie musulmane, alors qu’à l’époque, le mot n’avait aucun sens. Ceux qui prétendent excuser les crimes et abus des islamistes en faisant valoir que l’islam étant apparu six siècles après le christianisme, il serait aujourd’hui dans l’état où se trouvait le christianisme au Moyen-âge, font également et stupidement du chronocentrisme, perdant de vue que l’islam est une religion essentiellement statique, alors que le christianisme est évolutif, et que l’on ne peut comparer que ce qui est comparable. Le chronocentrisme est en définitive un avatar de l’ethnocentrisme, voire sa forme la plus achevée, et, par conséquent, la plus stupide et la plus dangereuse. Contre ce vice de la pensée, René Marchand nous met aussi en garde.

Les données du problème : L’auteur pose un certain nombre de questions, à partir de deux données indiscutables. La première de celle-ci est le nombre de musulmans résidant en France. Il y sont plus nombreux que dans bien des pays islamiques, plus nombreux qu’en Libye ou au Liban, ou encore qu’en Bosnie, Kosovo et Macédoine confondus, par exemple, plus nombreux, aussi, qu’ils n’étaient en Algérie à la veille de la guerre d’Indépendance ! La proportion de musulmans dans la population totale de la France actuelle atteint, si elle ne les dépasse pas, les 10%. Il convient d’insister sur le mot « actuel », en effet, compte tenu des facteurs démographiques, de la fécondité des femmes allochtones plus élevée que celle des autochtones, d’une part, et de l’impossibilité de juguler complètement toute immigration clandestine, d’autre part, cette proportion ne peut que croître dans les décennies à venir. Cela constitue-t-il un danger, au regard de la seconde donnée, à savoir la certitude proclamée des islamistes de voir la France musulmane au 21ème siècle ? René Marchand donne des éléments pour en juger.

Selon lui, si rien n’est entrepris, la France (et j’ajoute, la plupart de nos pays européens) « de djihad froid en djihad chaud, se condamneront à livrer sur leur sol une impitoyable guerre de Reconquista. » Tel est d’ailleurs le sous-titre de ce livre : de la djihad à la reconquista ». Etrange, comme cet homme, qui n’a rien a priori contre les Arabes ni contre les musulmans, qui, arabisant confirmé, les comprend et parfois même, les admire, qui traverse le fleuve bouillonnant des questions qui se posent à nous, Occidentaux, en marchant précautionneusement de pierre en pierre, de fait en fait, sans porter sur eux de jugements de valeur, qui seraient forcément erronés puisque nos valeurs et les leurs ne coïncident pas, en prenant ces faits tels qu’ils sont, une fois le gué franchi, se retrouve sur l’autre rive en compagnie d’un Guillaume Faye. Le livre de Marchand valide, en quelque sorte l’Avant-Guerre de Faye (6), et ce n’est pas le moindre de ses mérites.  

Le centre de la spirale : C’est incontestablement le récit de la rencontre de l’auteur avec « Abou Yazid » à Paris en 1994, rencontre à laquelle je faisais déjà allusion plus haut. L’auteur consacre tout un chapitre à la relation de cette entrevue riche d’enseignements. « Abou Yazid » se présente comme un jeune homme intelligent, nullement exalté d’apparence, parlant de façon mesurée pour exposer le plan de conquête de la Terre entière par l’islam en vue de l’établissement d’un Califat mondial. « La France sera musulmane comme l’ensemble de la planète. Il n’y a qu’un seul Dieu, Allah…(azza wa jalla – Il est puissant et auguste.) » Ce qui est frappant dans les propos d’ « Abou Yzid », c’est d’abord que le plan exposé en 1994, qui avait déjà commencé à être mis en œuvre à l’époque, a été poursuivi exactement comme le jeune interlocuteur de Marchand l’avait annoncé, et qu’il continue d’être appliqué ; c’est ensuite que ce jeune homme paraît au fait de tout ce qui concerne l’Occident, histoire, civilisation, mode de penser, catégories mentales, qualités et faiblesses etc. On ne peut l’accuser de faire preuve d’ethnocentrisme ! Et là réside la supériorité – espérons-le, temporaire – des islamistes sur nous. Eux savent qu’on ne peut vaincre un adversaire, non seulement si on ne le connaît pas, mais, pis encore, si l’on s’imagine le connaître alors qu’on ne fait que lui prêter ses propres sentiments et ses propres idées, qui lui sont en réalité parfaitement étrangers. « Abou Yazid » nous enseigne également que d’un autre côté – et c’est en quelque sorte le deuxième volet de la force de nos adversaires – il faut être soi-même, et en être fier. On ne peut réussir sans foi et sans passion. L’erreur consiste, sous couvert de « non-ethnocentrisme », à oublier ses propres valeurs, à renier sa propre civilisation, à renoncer à ce que l’on est, à son histoire, à son passé. Cet oubli de soi, ce mimétisme qui amène à faire sienne les conceptions et les valeurs de l’adversaire, tel est d’ailleurs ce qu’ « Abou Yazid » reproche aux nationalistes algériens des années 50/60. Ah ! soupire-t-il, s’ils avaient pris les Français au mot ! S’ils avaient accepté l’intégration qu’à l’époque on leur proposait ! La France serait aujourd’hui un pays musulman. Mais ils ont préféré promouvoir un nationalisme algérien, à l’occidental, « comme si un musulman pouvait avoir une autre patrie que l’islam ! Mais » ajoute-t-il à l’intention de Marchand, « Que voulez-vous ! C’étaient vos élèves ! » 

Ne pas être ethnocentrisme, ce n’est pas larguer les amarres et se laisser dériver au gré des courants et des modes, bien au contraire, c’est s’ancrer dans sa propre réalité, charnelle, concrète, foncière.

Conclusion :Le plus grand compliment que je pourrais faire à René Marchand, c’est de dire qu’à moi, qui ait la prétention de connaître un peu les tenants et aboutissants de la question, son livre ne m’a (presque) rien appris que je ne sache déjà, mais qu’il me l’a appris autrement. En effet, grâce à cet ouvrage, le lecteur voit l’islam du dedans L’islam n’est plus un objet que l’on observe de l’extérieur, avec ses lunettes d’occidental sûr de lui, peut-être un rien méprisant pour cette religion-loi-culture-civilisation incompréhensible avec nos modes d’investigation intellectuelle et de raisonnement ; l’islam devient, dans toute l’acception du terme, sujet, avec lequel on se retrouve en quelque sorte de plein–pied . En cela, cet ouvrage est unique et précieux ; il est à lire et, surtout, à relire.

Christian MAROT

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(1) Marchand indique la définition de l’ethnocentrisme donnée par le dictionnaire Hachette,  tout en se plaignant de sa « sécheresse » et de son insuffisance : « Tendance à prendre comme base de référence systématique les critères de jugement et les normes (l’auteur ajoute : les systèmes d’analyse) de son propre groupe social pour juger d’autres groupes sociaux (l’auteur ajoute : analyser et apprécier leurs systèmes d’analyse et de jugement).

(2) Editions Lattès.

(3) Oriana Fallaci. La Rage et l’Orgueil. Editions Plon.

(4)  Page 14, René Marchand écrit : « Si j’ai, depuis longtemps, divorcé de l’islam, je ne l’ai jamais abandonné totalement. Comme ces époux qui ont eu un enfant qui les lie à jamais, ou ces amants qui ont vécu de trop beaux moments pour, un jour, s’ignorer… »

(5) J’ajoute ceci à la démonstration de l’auteur : dans la plupart des langues indo-européennes, et notamment en français ou en anglais, le mot « raison » se rattache étymologiquement au latin ratio, ce qui lui donne une connotation mathématique, alors qu‘en arabe, le mot signifiant « raison » possède la même racine que celui voulant dire « licou ». Pour un Arabe, la raison n’est donc pas « rationnelle », au sens européen du terme, mais elle est ce qui entraîne, ce qui tire…comme la foi ! D’une certaine façon, par conséquent, pour un arabo-musulman, le fanatisme est « raisonnable » !

(6) Editions l’Aencre. 2003. Paris  

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lundi, 03 mars 2008

Vie du Mouvement (2)

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Vie du mouvement (2)

 

ETATS-UNIS : Le site non-conformiste américain http://attackthesystem.blogspot.com de l’American Revolutionary Vanguard a publié le 22 janvier 2008 un petit extrait d’un texte fort ancien (1987 !) de Robert Steuckers, consacré aux interprétations de la pensée de Nietzsche. Ce petit extrait concerne deux figures du début de la République de Weimar, Kurt Eisner et Gustav Landauer, figures qui intéressent bien entendu les révolutionnaires anti-conformistes américains de tradition populiste, qui n’ont pas désarmé face aux machines politiques mastodontiques (Républicains et Démocrates) et oeuvrent toujours actuellement. Le lendemain, ce site affichait un texte fort intéressant intitulé « The Next Radicalism : Rightism without Jingoism – Leftism without Political Correctness ». Ce titre est déjà tout un programme.

 

ALLEMAGNE : Le site allemand http://de.wasalive.com met en ligne plusieurs articles issus du site http://euro-synergies.hautetfort.com, dont « Du déclin de l’Europe : de Nietzsche à Rohrmoser » de Brigitte Sob (20/01), « Jean de Pange : fédéraliste européen » de Laurent Schang (24/01), « E. E. Dwinger : sens de la souffrance » d’Ulli Baumgarten (27/01), l’entretien que l’écrivain Michel Mohrt avait accordé à la revue et au site de « Réfléchir et Agir » (30/01), « Les jeunes filles porte-bannière dans les tribus guerrières germaniques » de Willy Fréson (31/01), et, le 1 février, « L’étoile Volkoff » de Fagnard Lecerf et une publicité pour le livre du Prof. Jean-François Mattéi, « Le regard vide ».

 

REYKJAVIK / Islande : Le site islandais http://www.hugi.is, consacré à la littérature mondiale conseillait, le 25 janvier 2008, à ses lecteurs de lire trois textes émanant de « Synergies Européennes » : 1) « Annulation magique de la crise et ‘méthode physiognomique’ chez Ernst Jünger – Compte-rendu du livre d’Armin Steil ‘Die imaginäre Revolte’ », de Robert Steuckers ; « L’aristocrate et le baron : parallèles entre Jünger et Evola », de Gianfranco de Turris ; 3) « Jünger et l’irruption de l’élémentaire dans l’espace bourgeois – Etude sur la philosophie de l’élémentaire dans l’œuvre d’Ernst Jünger », d’Evola lui-même. Ces textes figurent sur le site http://www.centrostudilaruna.it, basé à Milan et affichant bon nombre d’études sur les thématiques de la révolution conservatrice et sur l’héritage évolien en plusieurs langues européennes (français, italien, allemand, anglais, espagnol).

 

ESPAGNE : Nous venons de découvrir l’excellent site espagnol du « Centro de Estudios Euroasiaticos » (http://cee.122mb.com) qui a publié plusieurs articles émanant de « Synergies Européennes », dont « Qué es la métapolitica ? » d’Alberto Buela, « Rudolf Kjellén », « Halford John Mackinder », « Friedrich Georg Jünger », tous trois de Robert Steuckers (versions adaptées au grand public des entrées qu’il fit paraître dans l’ « Encyclopédie des Œuvres Philosophiques » des PUF sous la direction du Prof. Jean-François Mattéi), « La guerra como experiencia interior » de Laurent Schang (sur l’œuvre des frères Jünger pendant la première guerre mondiale), « Ernst Jünger, pensador politico radical » de Wolfgang Herrmann, « China, la nueva doctrina militar del ejercito de liberacion nacional » de Michael Wiesberg, avec, en prime, un classique des années 70, « Extracto de ‘Los principios de la accion fascista’ » de Michel Schneider, qui dirigea la revue « Nationalisme et république ». Cet ouvrage, en dépit de son titre qui pourrait paraître nostalgique voire polémique et provocateur, nous donne encore et toujours une leçon claire et succincte de sciences politiques, basée sur les travaux de Jules Monnerot, Hannah Arendt, Vilfredo Pareto, Raymond Aron, etc. Le site offre en lecture 200 articles, tous aussi intéressants les uns que les autres.

 

LISBONNE : L’excellent site « O fogo da vontade » (« Le feu de la volonté »), tenu de main de maître par notre excellent ami Rodrigo, traducteur hors pair, http://ofogodavontade.wordpress.com, publie le 27 janvier 2008 une traduction portugaise du texte de Robert Steuckers « Restauration poutinienne et nouvelles perspectives géopolitiques » (« Russia : A restauraçao com Putin e novas perspectivas geopoliticas »).

 

DENDERMONDE / TERMONDE : Le site http://eurorus.altermedia.info reprend pour la seconde fois le texte de Robert Steuckers « Restauration poutinienne et nouvelles perspectives géopolitiques » en date du 28 janvier 2008.

 

ETATS-UNIS : Le 29 janvier 2008, le site http://majorityrights.com publie une version anglaise d’un entretien avec Yves- Marie Laulan, accordé il y a quelques années à Xavier Cheneseau pour « Nouvelles de Synergies Européennes » et portant pour titre « Nations suicidaires et déclin démographique ».

 

ETATS-UNIS : Le 30 janvier 2008, le site http://www.amren.com, qui abrite les textes d’ « American Renaissance News », reprend la nouvelle version anglaise de l’entretien avec Yves-Marie Laulan, recueilli par Xavier Cheneseau.

 

PARIS : Le 31 janvier 2008, le site animé par nos amis parisiens, http://vouloir.hautetfort.com, a publié la rubrique « Vie du mouvement (1) » de décembre 2007 à janvier 2008.

PARIS : Le 31 janvier 2008, le site spécialisé en stratégie et en questions militaires http://theatrumbelli.hautetfort.com reprend le texte de Willy Fréson « Sous l’égide de Wotan : les jeunes filles porte-étendard dans les tribus germaniques », paru le même jour sur http://euro-synergies.hautetfort.com. « Theatrum Belli » illustre de manière particulièrement prestigieuse le texte de Fréson. L’iconographie de ce site est remarquable et mérite toujours le détour. Le 20 février 2008, le site affiche le communiqué de « Synergies Européennes », intitulé « Réflexions sur la proclamation unilatérale de l’indépendance di Kosovo ».  

ALLEMAGNE : Le site allemand http://www.eurasischesmagazin.de analyse le livre récent de Stefan Wiederkehr intitulé « Die eurasische Bewegung », où il explicite, entre bien d’autres choses, les liens entre Alexandre Douguine, théoricien du nouvel eurasisme, et les nouvelles droites ouest-européennes, notamment à la suite du voyage en mars-avril 1992 d’Alain de Benoist, Jean Laloux et Robert Steuckers à Moscou, où ils avaient rencontré les animateurs de la revue moscovite « Dyeïnn », dirigée par Alexandre Prokhanov, et le dirigeant du PC russe, Guennadi Ziouganov.

LOUVAIN : Après la section d’examen de janvier, nos amis étudiants inscrivent à leur programme métapolitique la lecture de « Mythe et métaphysique » de Georges Gusdorf, un auteur bien trop peu potassé dans nos milieux métapolitiques, et une analyse des dialogues, aussi bien trop négligés, de la « Montagne magique » de Thomas Mann, où l’écrivain met dans la bouche de ses personnages les discours de la révolution conservatrice, d’une part, de l’occidentalisme, d’autre part. Rappelons qu’Armin Mohler tenait Thomas Mann pour un « père fondateur » de la « Konservative Revolution », non seulement pour ses « Considérations d’un apolitique », mais aussi, justement, pour les dialogues de la « Montagne magique » (Naphta le Jésuite, Settembrini l’occidentaliste, etc.).

BRUXELLES : Parution du n°294 du « Bulletin célinien », animé par l’infatigable Marc Laudelout, avec « Ferdinand et les trois sœurs » d’Etienne Nivelleau (paru en janvier dans « Rivarol »), « Gracq devant Céline » de ‘Magister’, « Un ‘candidat’ nommé Jean Cau » de P. L. Moudenc, « Jean Cau, l’Académie et Céline » de Jean Cau lui-même (texte de 1985), « Antisémitisme et célinisme » de Marc Laudelout, une recension d’ « Etudes céliniennes » (n°3) d’André Derval, « Corps et âme – Les ballets dans ‘Bagatelles pour un massacre’ » d’Agnès Hafez-Ergaut et « Duel sur la Cinq » de Marc Laudelout. Adresse de courriel : celinebc@skynet.be ; site : http://louisferdinandceline.free.fr/ .

PRAGUE / BRATISLAVA : Le 5 février 2008 le site tchèque http://deliandiver.blogspot.com fait paraître la première partie d’une version en langue tchèque de l’entretien accordé par Robert Steuckers au penseur britannique Troy Southgate, animateur du « Cercle de la Rose Noire », il y a quelques années. Cette nouvelle version tchèque, qui succède à l’original anglais et aux versions française et espagnole, a aussitôt été reprise par un autre site tchèque, http://linkuj.cz, et par un site slovaque, http://vybrali.sme.sk. Le 21 février 2008, le site http://deliandiver.blogspot.com affiche la deuxième partie de cet entretien.

BRUXELLES : Réunion amicale, autour d’un bon repas, de plusieurs amis synergétistes de Bruxelles, Uccle et environs, avec pour thèmes de discussion : le « dossier H » sur Drieu la Rochelle, la situation politique en Belgique au départ du dernier livre de Pol Vandromme (« Belgique : la descente au tombeau », éd. du Rocher, Paris), l’affaire royale de 1950 et l’entourage d’Hergé (futur thème de la conférence de Steuckers à Genève, cf. infra), avec présentation 1) du livre récent de Goddin sur la vie d’Hergé, qui n’apporte rien de franchement neuf sauf une superbe iconographie, quasiment inédite jusqu’ici et 2) de l’anthologie des « meilleures méchancetés » de l’hebdomadaire satirique « Pan » (réf. : Baudouin Van Humbeeck, « Les meilleures méchancetés de Pan – 60 ans de satire politique et historique en Belgique », Jourdan Editeur/éd. De l’Arbre, Tournai, 2007).

NANTES : Le 6 février 2008, le site http://www.voxnr.com publie un texte ancien de Robert Steuckers, intitulé « L’impact de Nietzsche dans les milieux politiques de gauche et de droite », paru dans « Vouloir » dans les années 90, à la suite d’un exposé tenu lors d’une université d’été de « Synergies Européennes » en Provence. A la mi-février, le site reprend deux autres textes émanant de « Synergies Européennes » : celui de Michelangelo Ingrassia (« Le fascisme entre Occident et Orient : les rapports entre le régime de Mussolini et les nationalistes orientaux – Une page d’histoire oubliée » et celui de Brigitte Sob (« Au-delà de la droite et de la gauche : les racines du mouvement écologique »). A signaler également, la recension de Nöel Rivière (ancien collaborateur d’ « Orientations », « Vouloir » et « Nouvelles de Synergies Européennes »), intitulée « La modernité au scanner, un livre de Pierre Le Vigan ». Ce dernier, en compagnie d’ailleurs de Noël Rivière, avait notamment collaboré à un dossier d’ « Orientations » sur la modernité au début des années 90 et, quelques années plus tard, au numéro spécial de « Vouloir » consacré à Martin Heidegger. Le site voxnr.com publie en outre un manifeste de Kai Murros, écrivain politique finlandais, « La révolution et comment la faire dans une société moderne ». A signaler enfin, l’article d’Ivan Martens : « USA contre Eurasie ». 

NANTES (2) : Toujours à l’affût de textes émanant de nos ateliers, le site http://www.voxnr.com publie vers les 16 et 17 février 2008 une étude de Robert Steuckers (« Introduction à l’œuvre de Ludwig Ferdinand Clauss ») et un article de Johann F. Balvany (« Etats-Unis : nouvel impérialisme en Afrique »).  

GENEVE : Le 7 février 2008, à l’invitation du « Club de la Grammaire », affilié à l’Institut National Genevois et présidé par Maître Pascal Junod, Robert Steuckers prononce une conférence sur l’entourage d’Hergé, dont l’objectif est de réfuter les thèses d’Assouline (dont le travail est néanmoins bien fait) et les délires d’un certain Maxime Benoît-Jeannin, qui font d’Hergé un « nazi antisémite déguisé ». De telles affirmations ne sont possibles que si l’on ignore délibérément les tenants et aboutissants du contexte belge et catholique dans lequel l’œuvre d’Hergé a émergé : il faut savoir qu’à la base du personnage de Tintin, se trouve –et peut-être à l’insu d’Hergé-  la notion de « devoir », théorisée à l’Institut Supérieur de Philosophie de Louvain par le Cardinal Mercier, primat de Belgique ; ensuite, les idées de l’Abbé Norbert Wallez, notamment sa vision géopolitique d’une fédération belgo-rhénane, sa méfiance à l’endroit de la Prusse, de la Hollande et de l’Angleterre, pays protestants, et, enfin, son hostilité sourde à l’idéologie républicaine française. Steuckers, à Genève, a procédé à une analyse de l’ouvrage de Wallez intitulé « Belgique et Rhénanie ». Il s’est ensuite attelé à analyser l’œuvre encore méconnue de Raymond De Becker, personnaliste chrétien, correspondant de la revue « Esprit » de Mounier à Bruxelles, ami des socialistes Spaak et De Man, qui permettra à Hergé de publier dans le quotidien « Le Soir » pendant la seconde guerre mondiale. L’itinéraire de De Becker est fascinant comme l’attestent ses mémoires (jusqu’en 1942) consignées dans « Le Livre des Vivants et des Morts ». Les orientations éthiques de De Becker se retrouvent dans le livre « La vie difficile » et méritent une étude bien plus attentive que celle qu’en firent Assouline et Benoit-Jeannin (qui grenouille, rappelons-le, dans le marais glauque du groupe « Golias », avec ses insupportables donneurs de leçons, hystériques et péremptoires). Une place a également été faite à ce cher Paul Jamain, alias « Jam » puis « Alidor », le caricaturiste le plus féroce de l’histoire du royaume.

GENEVE : Le 8 février 2008, Robert Steuckers prend la parole au dîner-débat du Cercle Proudhon, pour refaire sa conférence lilloise (cf. la rubrique « Vie du Mouvement 1 » sur http://euro-synergies.hautetfort.com , 31/01/2008) sur l’histoire et la géopolitique iraniennes.

FRANCE : Le site http://www.hautetfort.com/tag/PAGANISME, qui collationne tout ce que l’on trouve sur les blogs du serveur « hautetfort.com » et les classe par rubrique, mentionne le texte de Karlheinz Weissmann, « La symbolique politique du Loup », affiché par notre équipe d’Ile-de-France sur http://vouloir.hautetfort.com .

LISBONNE : Le texte récent de Robert Steuckers sur la restauration poutinienne (« Russia : A restauraçao com Putin e novas perspectivas geopoliticas ») paraît pour la seconde fois au Portugal, sur le site http://www.sompedia.com.

FRANCE : Le site d’informations générales http://fr.wasalive.com reprend plusieurs textes récents publiés sur notre site http://euro-synergies.hautetfort.com. Ainsi, le 21 janvier 2008, le texte de Karl Weinhold sur la première session du Parlement libre irlandais de 1919 ; le 28 janvier 2008, l’entretien accordé par le Prof. Bernd Rabehl au journaliste viennois Dimitrij Grieb (« Nous sommes devenus un peuple d’ilotes ») ; le 31 janvier 2008, le site reprenait la liste des activités de « Synergies Européennes », intitulé « Vie du Mouvement 1 » ; le 9 février 2008, la version portugaise du texte de Steuckers sur la Russie de Poutine (« Russia : A restauraçao com Putin e novas perspectivas geopoliticas »). A signaler également que nous n’avions pas vu que le texte « Quand les Philippines devinrent une colonie américaine » de Saverio Borgheresi avait été publié sur ce même site le 10 janvier 2008. Le 9 février 2008, ce même site reprend, mais cette fois de http://rodionraskolnikov.hautetfort.com, le texte de Pierre Maugué (« La Russie face à l’hégémonisme américain ») et, le 15 février, deux textes de Robert Steuckers (« Les visions d’Europe à l’époque napoléonienne – Aux sources de l’européisme contemporain » & « L’impact de Nietzsche dans les milieux politiques de gauche et de droite »).

FRANCE : Le site http://rodionraskolnikov.hautetfort.com, spécialisé dans le domaine russe et publiant des textes y afférents en français et en russe, affiche le 9 février 2008, « La Russie face à l’hégémonisme américain » de Pierre Maugué et, le 15 février, «  ‘Uranus’ de notre aimable Aymé » (du « Cercle Prométhée »), « Les visions d’Europe à l’époque napoléonienne – Aux sources de l’européisme contemporain » (de Robert Steuckers) et « L’impact de Nietzsche dans les milieux politiques de gauche et de droite » (de Robert Steuckers).

FRANCE : Le site http://technocrati.com a affiché et recommandé la lecture de plusieurs de nos textes, dont « Sur Bruno Kreisky » de Robert Steuckers (22/01/2008), « 1919 : premier Dàil Eireann » de Karl Weinhold (21/01). Il avait déjà publié « Du dextrisme » de Patrick Canavan (07/01), l’entretien accordé par Yves-Marie Laulan à Xavier Cheneseau « Nations suicidaires et déclin démographique » (28/12/2007) et « Idée nationale et liberté selon Dieter Langewiesche » de Robert Steuckers (26/12/2007). Plus tard en février, trois autres textes ont été affichés sur le site : « Vie du mouvement (1) », « Quand les Philippines devinrent colonie américaine » de Saverio Borgheresi et « Le fascisme entre Occident et Orient » de Michelangelo Ingrassia.

FRANCE : Le site http://www.cryosites.com, qui reprend des textes en langues française, espagnole et allemande, signale et affiche, courant février, « La symbolique politique du Loup » de Karlheinz Weissmann.

FRANCE : Le site http://www.xooit.com/fr affiche courant février notre rubrique « Vie du mouvement (1) ».

FRANCE : Le site http://www.wikio.fr/news/William+McKinley propose des articles sur le Président américain William McKinley, dont, en complément, l’article « Quand les Philippines devinrent colonie américaine » de Saverio Borgheresi, où figure, en guise d’introduction à l’article, une déclaration révélatrice de McKinley, où il affirmait que Dieu lui avait directement inspiré l’idée d’envahir les Philippines, pour les délivrer du « joug tyrannique » des Espagnols. L’affaire s’était soldée par environ un million de morts, côté philippin.

ARMENIE : Le site arménien en langue française (avec liens vers des sites similaires en d’autres langues), http://www.armenews.com, affiche le 12 février 2008, la version française de l’article d’Albrecht Rothacher, traduit par les services de « Synergies Européennes » et issu au départ de l’hebdomadaire « zur Zeit » de Vienne en Autriche, « Réflexions sur le destin des Arméniens », en en recommandant chaudement la lecture.

FRANCE : Le site http://www.geostrategie.com, spécialisé en questions géopolitiques et géostratégiques, surtout concernant le Moyen Orient et le monde arabo-musulman, affiche, le 16 février 2008, le texte de Johann F. Balvany (« Etats-Unis : nouvel impérialisme en Afrique »), paru initialement dans la revue autrichienne des corporations étudiantes, « Aula », paraissant mensuellement à Graz en Autriche.

LIEGE / VERVIERS / NAMUR : Le livre servant de support aux travaux de l’école des cadres de Wallonie, en ce mois de février, a été celui de Jean Zaganiaris, « Spectres contre-révolutionnaires - Interprétations et usages de la pensée de Joseph de Maistre – XIX°-XX° siècles », surtout sur l’impact de la pensée maistrienne sur Carl Schmitt, ce qui permet de relier les travaux des écoles de cadres wallonnes à celles du Brabant, qui potassent (cf. infra) sur Schmitt, via le livre de David Cumin. L’objectif de cette séance a aussi été de poser un continuum entre les travaux des mois passés sur l’œuvre de Marcel De Corte et sur la notion de « dissociété ». Le livre de Jean Zaganiaris a été édité par L’Harmattan (Paris, 2005, ISBN 2-7475-9665-6).

ALLEMAGNE : Le site http://de.wasalive.com publie le texte en langue néerlandaise de Robert Steuckers, « Vals socialisme en waarachtig socialisme », paru au préalable sur divers sites flamands et hollandais, de même que sur http://euro-synergies.hautetfort.com. Ce texte, en version originale allemande, avait été publié dans les années 90 dans un volume collectif sur le socialisme, paru aux éditions Leopold Stocker à Graz en Autriche. La version française était parue dans « Nouvelles de Synergies Européennes ». Il en existe également une version espagnole (parue sur divers site espagnols ou ibéro-américains) et une version italienne.

ITALIE : Le site http://www.territorioscuola.com publie une courte fiche biographique et bibliographique sur la personne d’Armin Mohler, où un renvoi est signalé vers l’entretien avec Robert Steuckers (sur la « révolution conservatrice ») accordé à Troy Southgate. Un jour plus tard, le même site publie une fiche de même nature sur la figure du géopolitologue allemand Karl Haushofer, avec, en bibliographie, la fiche traduite en italien de Robert Steuckers, qui a fait office de postface à l’édition récente d’un opuscule de Haushofer, intitulé « Lo sviluppo dell’idea imperiale nipponica » et paru aux éditions All’insegna del Veltro (Parme).

FRANCE : Le site intitulé « La pensée de Martin Heidegger » (http://heidegger.hautetfort.com) publie, afin de faire connaître « l’autre Jünger », le texte de Robert Steuckers (en version française) sur Friedrich Georg Jünger. Ce site heideggerien mérite le détour tant il explore de manière systématique une œuvre aussi magistrale que celle du « penseur de la Forêt Noire ».

GAND : Le site/forum de la NSA (Nieuwe Solidaristische Alternatief), http://nsalternatief.wordpress.com publie un article polémique intitulé « Belgische reactionairen in de bres voor ‘Kosova’ » (Les réactionnaires belges sur la brèche en faveur du ‘Kosova’) suivi d’un débat intense sur la question. Les internautes flamands branchés sur le forum NSA débattent sur la question suivante : faut-il demeurer intransigeant sur le principe de l’autodétermination des peuples ou des ethnies et accepter la proclamation d’indépendance des Albanais du Kosovo, ce qui créerait un précédant juridique permettant, le cas échéant, à la Flandre de se proclamer à son tour indépendante ? Ou faut-il refuser cette autodétermination au Kosovo musulman, parce que musulman et donc en porte-à-faux avec les linéaments idéologiques dominants dans l’espace européen ou parce que l’indépendantisme kosovar a été « boosté » par les services américains, du temps du binôme Clinton/Albright ? Dans ce débat, les protagonistes recourent au texte (en langue française) de Steuckers « Pourquoi nous opposons-nous à l’OTAN ? », script d’un débat contradictoire, organisé à Eindhoven en janvier 2003 par un groupe d’amis néerlandais, entre l’ex-secrétaire général de « Synergies Européennes », se situant dans la tradition critique à l’endroit de l’OTAN (De Gaulle, Harmel, neutralistes allemands, etc.), et Rob Vereycken, avocat et député flamand (VB), favorable à l’Alliance atlantique. Le script de la communication de Steuckers à Eindhoven en janvier 2003 est toujours affiché sur http://be.altermedia.info.

FRANCE : Le site http://www.blogdimension.com affiche, le 18 février 2008, le texte de Pierre Maugué : « La Russie face à l’hégémonie américaine ».

BUDAPEST : Le 18 février 2008, le site de la ville de Budapest, http://www.inbudapest.info, affiche la liste de nos activités, intitulée « Vie du Mouvement » (activités de décembre 2007/janvier 2008).

PARIS : Le 19 février 2008, le site http://vertusetcombat.unblog.fr a repris le texte de Robert Steuckers intitulé « Sur l’identité européenne ». Il s’agit d’une conférence donnée à Santes près de Lille en juin 2003, lors d’un colloque général regroupant des personnalités très diverses.

LILLE : Le 20 février 2008, le site http://flandre.novopress.info a reproduit le communiqué de « Synergies Européennes » sur la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo.

FRANCE : Le site http://www.yoolink.fr a repris, vers la mi-février, dans un dossier d’articles en ligne sur l’ex-Union Soviétique, une éphéméride de notre blog http://euro-synergies.hautetfort.com, intitulée « 1970 : coopération russo-iranienne ».

LISBONNE : Le site http://penaespada.blogspot.com , animé par notre excellent ami Duarte Branquino, signale le communiqué de « Terre & Peuple », signé Pierre Vial, et le communiqué de « Synergies Européennes » sur la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo et permet d’accéder aux sites des deux associations, afin de prendre connaissance des deux textes en entier.

FRANCE : Le site http://www.exolead.com/wikipedia, qui recense, par thème, les articles de l’encyclopédie en ligne « Wikipedia », affiche l’article consacré à Jean Eugène van der Taelen, dans un dossier essentiellement consacré au « Club de l’Horloge » et aux personnalités d’Yvan Blot et de Jean Yves Le Gallou. On se rappellera que J. E. van der Taelen, disparu voici douze ans, était lié d’amitié avec Yvan Blot et avait voulu créer un pendant belge du « Club de l’Horloge », qu’il avait appelé « Club du Beffroi », car le Beffroi, dans nos villes libres médiévales, était le symbole, majestueux, des libertés populaires. Quelques jours plus tard, le site signale la fiche de Wikipedia sur « Synergies Européennes ».

LONDRES : Fin février, Troy Southgate fait afficher sur le site http://groups.yahoo.com/group/Rose-Noire/message/2030... le message de « Synergies Européennes » avec la liste des textes publiés sur http://euro-synergies.hautetfort.com en janvier 2008.

PARIS / MONDE ARABE : Le site http://elkhadra.over-blog.com affiche fin février le texte de Johann F. Balvany, intitulé « Etats-Unis : nouvel impérialisme en Afrique », traduit et diffusé par « Synergies Européennes ».

BRUXELLES / BELGRADE : Le site http://europe-serbia.skynetblogs.be, qui exprime les opinions circulant dans la communauté serbe de Belgique, affiche le 23 février 2008 le communiqué de presse de « Synergies Européennes » (« Réflexions sur la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo »).

ETATS-UNIS : Le site http://www.thecivicplatform.com/2008/02/23, de la « Civic Platform » publie le 23 février 2008, à la suite de Troy Southgate, la liste des articles parus sur le site de « Synergies Européennes » en janvier 2008.

TOULOUSE : Le numéro d’hiver du magazine français « Réfléchir & Agir » (n°28) est consacré à « La Géopolitique du Nouvel Ordre Mondial ». Nous y avons trouvé, hors dossier, les articles suivants : « Le Vittoriale, la demeure d’un poète guerrier » de Léopold Kessler ; « Mythes et réalité de la Golden Dawn » de Christian Bouchet ; « Science et race » d’Edouard Rix ; « Maurice Bardèche, un flambeau dans la nuit » de Patrick Canet ; une analyse des « Empires et la puissance »  de Jordis von Lohausen par Yvain Lacuson ; « L’affaire des poisons » par Pierre Gillieth ; « Audiard, maître gouailleur et poète méconnu ». Dans le dossier central, sur la géopolitique du Nouvel Ordre Mondial », nous avons découvert « Qu’est-ce que le néoconservatisme ? » par Alain de Benoist ( !!) ; « Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine » par Léon Camus ; « Le retour programmé de la France dans le commandement intégré de l’OTAN » par Jean-Michel Vernochet ; « Géopolitique de l’Islam » par Jean-Michel Vernochet (sous forme d’entretien) ; « Les tyrans sont parmi nous : l’exemple par Dominique Strauss-Kahn » par Thierry Meyssan ; « Comment sortir de la faillite économique et monétaire internationale ? » par Pierre Leconte ; « L’Inde et la Chine, prochaines cibles des Etats-Unis ? » par Robert Rodesches ; « Russie : restauration poutinienne et perspectives géopolitiques », par Robert Steuckers (texte dont la version portugaise a été largement diffusée). Site de la revue : http://www.reflechiretagir.com . Adresse : Réfléchir & Agir Magazine, BP 80.432, F-31.004 Toulouse Cedex 8.

FRANCE : Le blog http://www.blogdimension.com/fr affiche l’article «  ‘Uranus’ de notre aimable Aymé », du « Cercle Prométhée », édité jadis dans les colonnes de « Nouvelles de Synergies Européennes » et récemment sur le site http://euro-synergies.hautetfort.com.

VIENNE / Autriche : Le site http://eisernekrone.blogspot.com publie le 24 février 2008 une note intitulée « Robert Steuckers gegen Islamophobie und Deislamisierung », où il reprend quelques extraits d’un article ancien (1992) consacré à l’œuvre de Seyyed Hossein Nasr, islamologue iranien qui avait repris la chaire de Mircea Eliade au Centre d’Etudes des Religions de Chicago. Le site « eisernekrone » (la « Couronne de fer ») est animé par Martin Schwarz, qui allie, dans sa pensée et ses démarches, l’œuvre d’Evola, de Guénon, le souvenir de la Garde de Fer roumaine, etc. à un euro-islamisme féroce, dont l’objectif est une islamisation de l’Europe par des Européens convertis et frottés aux textes de la Tradition. Inutile de préciser que telle n’est pas notre position, ce qui nous amène à poser une question fondamentale à ce groupe : comment explique-t-il son option traditionnelle si celle-ci se réfère à une caricature de l’islam, la plus jeune des traditions, alors que celle-ci, comme l’indique Naipaul dans son œuvre, entend balayer les traditions qui ont une plus grande profondeur temporelle ? Etre « traditionaliste », surtout au sens où l’entendent Evola et Eliade, n’est-ce pas la volonté de raviver, ou de vivre intérieurement, ce qui possède la plus grande profondeur temporelle ? Quand les wahhabites canonnent et dynamitent les Bouddhas de Bamiyan ou s’insurgent quand les Indiens entendent remettre à l’honneur le temple de Rama surplombé par la Mosquée de Babar, n’arrachent-ils pas les communautés humaines aux traces sublimes laissées par de longues chaînes générationnelles, traces stabilisantes, comme le font les plus vulgaires de nos progressistes ?

BRUXELLES & BRABANT WALLON : Deux thèmes ont été travaillés dans les ateliers de travail de « Synergies Européennes » et à l’école des cadres. 1) Une étude du livre important (disponible également en traduction néerlandaise) de Karen Armstrong, « The Great Transformation – The World in the Time of Buddha, Socrates, Confucius and Jeremiah » (Atlantic Books, London, ISBN 978-1-84354-056-4). Karen Armstrong remet sur le métier l’idée de Karl Jaspers sur la période axiale de l’histoire, période où les grandes valeurs émergent du néant, en Grèce, en Inde, en Perse, en Chine et en Palestine. Chez Karl Jaspers l’idée était restée vague et mal étayée, sans référence aux recherches archéologiques, anthropologiques et historiques, à une époque où la philosophie ne cherchait pas vraiment à élargir son champ. Armin Mohler avait repris l’idée de Jaspers en tentant de la transposer dans le contexte de la République de Weimar, où s’était cristallisée une opposition aux idéaux des Lumières et de 1789, capable de bouleverser les idées et les pratiques politiques de la bourgeoisie. Dans son premier chapitre significativement intitulé, « The Axial People (c. 1600 to 900 BCE) », Karen Armstrong étudie à fond les legs de l’archéologie et de l’anthropologie historique pour consolider l’intuition première de Jaspers. Elle nous permet de cerner clairement les valeurs émergeantes (et toujours structurantes) de nos sociétés, sans lesquelles valeurs rien ne peut tenir et tout se disloque. La lecture du livre de Karen Armstrong doit évidemment se faire en parallèle avec celle des travaux de Jean Haudry, tout comme, par ailleurs, la démarche de Mohler doit se faire en parallèle avec celles de Sternhell et surtout de Gusdorf. Un travail de grande ampleur. 2) La lecture parallèle des livres de Giorgio Agamben, « Stato di eccezione » (Bollati Boringhieri, Torino, 2003) et de David Cumin, “Carl Schmitt – Biographie politique et intellectuelle” (Cerf, Paris, 2005), lecture dont se dégage surtout le fait que les démocraties occidentales, en gouvernant souvent par décrets-lois, surtout à partir de la première guerre mondiale, faisaient autant fi des parlements que les régimes totalitaires, nés après 1919. De la lecture d’Agamben, on peut conclure que les régimes dits totalitaires ne sont pas aussi originaux qu’une certaine historiographie a bien voulu le dire. De la lecture de Cumin, bon nombre de leçons peuvent être tirées, notamment sur la crise politique qui a frappé la Belgique en 2007, avec le refus d’une certaine frange de l’établissement de voir Yves Leterme accéder au poste de premier ministre, du moins flanqué de l’appui de la NVA de l’historien louvaniste Bart De Wever. La volonté de créer des « cordons sanitaires », non seulement pour contrer les avancées réelles ou imaginaires du Vlaams Belang, mais aussi pour mettre des bâtons dans les roues d’autres formations jugées inacceptables, a été théorisée par Schmitt avant l’avènement de Hitler !

PARIS : Dans son numéro 566 du 23 au 29 février 2008, l’hebdomadaire « Marianne » de Jean-François Kahn, donne la parole à Natalia Narotchniskaya (qui avait été interviewé par Gerhoch Reisegger pour « zur Zeit », trad. française dans un ancien numéro d’ « Au fil de l’épée ») et à Alexandre Douguine dans le cadre d’un article d’Anne Dastakian, intitulé « Pourquoi ils aiment tant Poutine ? ». Les idées générales et les perspectives géopolitiques qui sont les nôtres sont incontournables en Russie et aucun article sérieux dans la presse occidentale ne peut faire l’impasse sur elles. A noter (et à lire attentivement !) dans ce même numéro l’article « Le populisme, une idée à réhabiliter » par Patrice Bollon et « Connaissez-vous Jean-Marie Guyau ? » par Christian Godin (Guyau est un précurseur très important de Nietzsche). Dans tous les kiosques.

JAPON : Fin février, le site japonais http://www.jousuiki.net reprend le communiqué sur le Kosovo de « Synergies Européennes », dans un dossier sur les presidios de Ceuta et Melilla, tout simplement parce que ces deux villes y sont citées. L’Espagne refuse de reconnaître l’indépendance du Kosovo, non seulement pour éviter de donner un précédent aux Basques, mais aussi (et surtout) pour éviter qu’une nouvelle collusion islamo-yankee   -alliant une fois de plus narco-trafic, terrorisme et moralisme droits-de-l’hommiste-  ne manœuvre pour détacher ces deux postes avancés de l’Europe en Afrique du Nord (les derniers qui lui restent !) de l’orbite espagnole.

RUSSIE : Fin février, le site russe http://dolgo-noseg.livejournal.com/61305.html... publie une étude intitulée « Europe, ‘Tradition’, Metapolitics », où sont évoqués les travaux de Synergies Européennes. Ce texte émane des groupes britanniques rassemblés autour de Troy Southgate et Jonathan Boulton, entre autres personnalités.

FRANCE : Le 29 février 2008, le site http://blogdimension.com/fr affiche un texte portugais sur la grippe espagnole de 1918, repris de http://euro-synergies.hautetfort.com , où il avait été publié l’an passé, et issu au départ de http://www.grifo.com.pt .    

 

 

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Hawai, Cuba, Mexique: les étapes de l'impérialisme américain

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Hawaï, Cuba, Mexique : les étapes de l'impérialisme américain

 

Dans un long entretien que Robert Steuckers avait accordé à Marc Lüdders et paru dans Vouloir n°11 (1999), de même que dans divers autres textes sur les insuffisances doctrinales et pratiques de la "Nouvelle Droite" française, il avait insisté sur la nécessité de connaître l'histoire des Etats-Unis et les modi operandi de l'impérialisme américain. En Italie, le dissident américain, façon Chomsky, John Kleeves avait fait paraître dans la collection "Sinergie" un ouvrage important intitulé "Un paese pericoloso" (SEB, Milano, 2000). L'agence allemande DNZ de Munich étudie à son tour ces innombrables faits historiques, dans une série d'articles, dont l'un, que nous traduisons ici en français, porte sur les violations américaines de l'intégrité territoriale des Iles Hawaï, de Cuba, alors province espagnole, et du Mexique.

 

Après que l'Imperium de Washington se soit établi sur une très vaste portion du territoire nord-américain, du moins de la "côte à la côte", soit de l'Atlantique au Pacifique, avec pour toile de fond l'holocauste des Amérindiens et des guerres ou des "achats" de territoire forcés par menace militaire, contre la France, la Grande-Bretagne et la Russie, les castes dominantes des Etats-Unis ont caressé le projet de soumettre les îles des Caraïbes et l'ensemble de l'Océan Pacifique.

 

Examinons comment ce projet s'est concrétisé, en étudiant le destin du Royaume polynésien des Iles Hawaï. Dans un premier temps, les consortiums américains s'y sont établis, notamment "Dole Pineapple Company", avec ses plantations d'ananas. Ensuite, deuxième étape, les Américains ont forcé les autorités indigènes à accepter l'installation d'une base navale à Pearl Harbor. En 1893, dernière étape, les Américains aident au renversement définitif de la dernière Reine des Hawaï, Liliuokalani. Elle avait tenté d'empêcher le piètre destin, fait de soumission coloniale, que l'on préparait pour son peuple à Washington. La résistance des Hawaïens a été purement et simplement brisée. La reine et ses fidèles ont été jetés en prison. En 1898, les Iles Hawaï deviennent un protectorat des Etats-Unis; en 1959, en grande pompe, on annonce officiellement qu'elles deviennent le 50ième Etat des Etats-Unis. Entre-temps, les indigènes étaient devenus une minorité, leur culture était détruite et ils avaient été submergés par des vagues d'immigrants. La Reine Liliuokalani, poétesse, est l'auteur de cette chanson, toute empreinte de nostalgie et de tristesse, "Aloha Oe", que l'on connaît aussi en Europe, mais sans plus savoir quelle tragédie avait, en fait, suscité cette nostalgie et cette tristesse.

 

Il est intéressant de noter qu'à la même époque une autre reine, dans un autre royaume insulaire, Madagascar, avait été éliminée d'une manière similaire. Cette fois, ce sont les Français qui sont responsables de la tragédie. Comme sa consœur hawaïenne qui a subit un sort analogue, la Reine malgache Ranavalona III, avait tenté de maintenir l'indépendance de son royaume. Paris envoya des troupes, transforma Madagascar en une colonie française en 1895, et fit déporter la Reine en Algérie.

 

Le Saddam de 1898 était espagnol

 

Les Etats-Unis décident ensuite que l'Espagne, ex-puissance mondiale qui n'était plus que l'ombre de ce qu'elle avait été, devait être éliminée, en tant que facteur (géo)-politique en Amérique et dans le Pacifique, afin de satisfaire les pulsions impérialistes de la Maison Blanche et de Wall Street. Pour obtenir ce résultat, Washington déclenche une guerre contre l'Espagne en 1898.

 

L'incident qui déclencha ce conflit fut un mystérieux attentat à la bombe perpétré contre un navire américain, le Maine, dans le port de La Havane, à Cuba, alors province espagnole. Cet acte de terrorisme, qui a coûté la vie à plusieurs centaines de marins américains, est manifestement l'œuvre de provocateurs à la solde des services secrets. Néanmoins, la machine propagandiste américaine, sans produire la moindre preuve contre l'Espagne, s'empare de l'affaire et orchestre une campagne contre Madrid. Ce qui s'ensuivit ressemble étrangement aux événements après le 11 septembre 2001 (ou après l'"Incident Tonking" qui a déclenché la Guerre du Vietnam, ou encore, après l'attaque contre Pearl Harbor en décembre 1941).

 

Les médias américains de l'époque, comme le "New York Journal" de Hearst ou le "New York World" de Pulitzer, se firent concurrence pour publié les pires récits d'atrocités attribuées à la malheureuse Espagne. Les deux quotidiens publiaient sans discontinuité des histoires abominables mises sur le compte des gouvernants espagnols de Cuba. Même à l'encontre de Ben Laden ou de Saddam Hussein, on n'a pas osé écrire le quart du huitième de l'ombre de ce que l'on a publié à l'époque, dans les journaux new-yorkais, contre le gouverneur militaire espagnol de Cuba, le Général Valeriano Weyler. Au public américain, les journaux le présentaient comme un "monstre", comme un "être sans pitié", qui tuait de "sang froid", qui massacrait "en masse". Citation du "New York Journal" : « Rien ne peut arrêter ce cerveau animal, de s'esbaudir à la vue et à la pensée de tortures, à l'idée de faire couler le sang ». Quant à Pulitzer, il a tout simplement baptisé Weyler de "boucher de Cuba".

 

Inutile de préciser que ces mêmes journaux insistaient pour que l'on lance une guerre préventive contre l'Espagne. Parce que ce pays, ajoutaient-ils, en secret, préparait l'invasion des Etats-Unis! La guerre qui s'ensuivit permit aux Etats-Unis d'éliminer l'Espagne, en tant que puissance en Amérique latine et dans le Pacifique; elle eut aussi pour résultat d'étendre la domination américaine sur les Philippines, anciennement espagnoles, et de porter la puissance de Washington directement face au continent asiatique.

 

A la suite de l'élimination de l'Espagne, en l'espace de quelques années, les Etats-Unis sont intervenus, directement ou indirectement, une douzaine de fois dans les divers Etats d'Amérique centrale, pour bien prouver qui commandait, désormais, dans cette zone. La Colombie est contrainte de céder l'isthme de Panama en 1903. La Zone du Canal —dont le creusement s'achève en 1914, permet une communication par voie maritime à travers le double continent américain et constitue ainsi l'une des voies d'eau artificielles les plus importantes du globe—  devient territoire américain.

 

Le Mexique, puissance récalcitrante, avait déjà perdu, vers la moitié du 19ième siècle, d'immenses territoires en faveur des Etats-Unis, comme le Texas, le Nouveau Mexique et la Californie. Au début du 20ième siècle, les Mexicains ressentiront à leurs dépens la nouvelle politique américaine, dit du "gros bâton". Très officiellement, le Président Théodore Roosevelt avait annoncé urbi & orbi que cette politique du "gros bâton" serait l'instrument privilégié de la politique extérieure américaine. Il nous paraît tout aussi intéressant de noter comment l'opinion publique américaine a été amenée à accepter cette guerre contre le voisin du Sud. Le modus operandi peut vraiment être hissé au rang de paradigme : le 8 mai 1914, les salles de cinéma de New York font projeter en première, et en grande pompe, le film "La Vie du Général Pancho Villa". La pellicule chante les faits et gestes glorieux de ce chef mexicain, considéré encore à l'époque comme un "allié" fidèle de Washington. A peine deux ans plus tard, la machine propagandiste américaine opère un véritable volte-face, à 180°. En un tournemain, le vaillant et glorieux Mexicain devient une "brute assoiffée de sang", un "boucher", etc. En fait, pressenti comme allié, l'homme ne s'était pas montré aussi "souple" qu'on l'avait espéré.

 

Après que Washington ait avancé des "preuves" (peu claires), on se met à raconter que le Mexique voulait attaquer les Etats-Unis, très vraisemblablement en collusion avec le méchant empereur Guillaume d'Allemagne. Les troupes américaines entrent au Mexique. L'expédition "punitive"  —dénomination officielle!—  s'effectue sous le commandement du Général Perhing, celui-là même qui sera appelé un peu plus tard à la tête d'une autre expédition punitive, cette fois contre l'Allemagne en 1917. Cette intervention dans les affaires européennes a empêché la signature d'un armistice, sur base de la "partie nulle". De grands débiteurs des puissances européennes, les Etats-Unis, à la suite de ce conflit, deviennent leurs grands créanciers; par le biais du Traité de Versailles, les ferments de la seconde guerre mondiale étaient en germe. Rappelons que les missiles "Pershing", alignés par la super-puissance américaine, doivent leur nom à celui de ce général, chef d'expédition punitive au Mexique et en Europe.

 

(article de DNZ / Munich, n°5/2003).    

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