mercredi, 02 juin 2010
Lula à Téhéran: trouver une solution diplomatique
Ferdinando CALDA:
Lula à Téhéran: trouver une solution diplomatique
A la mi-mai 2010, le Président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a réalisé la tâche la plus délicate de sa tournée diplomatique en Europe et au Proche Orient. Après s’être rendu à Moscou et à Doha (au Qatar), Lula est arrivé à Téhéran pour discuter avec le Président iranien Mahmoud Ahmadinedjad du programme nucléaire iranien et pour trouver un accord sur le traitement de l’uranium, afin d’éviter l’application de nouvelles sanctions.
C’est là un projet ambitieux qui, apparemment, bénéficie de l’approbation des autres pays impliqués dans les tractations. Quelques jours auparavant, le Président français Nicolas Sarkozy avait téléphoné à son homologue de Brasilia pour lui exprimer son “appui total”; le président russe, lui aussi, a exprimé l’espoir de voir la mission de Lula “couronnée de succès”. Toutefois, il a ajouté que la possibilité d’un succès “ne dépassait pas 30%”. Le Président russe a encore précisé que la visite de Lula à Téhéran risque bien d’être “l’ultime possibilité pour l’Iran” d’éviter les sanctions.
A Washington aussi, on a parlé de la “dernière opportunité”. Medvedev, lors d’une longue conversation avec Barack Obama, a expliqué à son collègue américain, “qu’il faut donner une chance au président du Brésil afin qu’il puisse expliciter toutes les raisons de la communauté internationale pour convaincre l’Iran à coopérer”; au contraire, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a appelé le ministre turc des affaires étrangères (la Turquie, avec le Brésil, cherche à jouer un rôle d’intermédiaire entre l’Iran et les pays occidentaux) pour lui rappeler le “manque de sérieux” de Téhéran et pour souligner la nécessité “d’intensifier les efforts pour exercer une pression majeure sur l’Iran”. En outre, des fonctionnaires du gouvernement américain ont fait savoir qu’un message similaire a été adressé au ministre brésilien des affaires étrangères.
Pour sa part, le Président Lula a toujours défendu le “droit sacro-saint” de l’Iran (et du Brésil) à développer un programme nucléaire civil. Cette position est évidemment mal vue aux Etats-Unis et chez leurs alliés, qui digèrent mal la rencontre entre Lula et Ahmadinedjad (tout en sachant, bien entendu, que le Brésil et la Turquie sont membres non permanents du Conseil de sécurité de l’ONU). “J’ai parlé à Obama, à Sarkozy, à Berlusconi, à Merkel et à Brown”, a rappelé le Président brésilien, “et aucun d’entre eux n’a jamais appelé Ahmadinedjad. Ils font de la politique au nom d’autres”.
En payant de sa propre personne dans les négociations délicates sur le nucléaire iranien, Lula cherche à gagner du prestige au niveau international (on parle même d’une prochaine candidature au poste de secrétaire général de l’ONU). Toutefois, si l’on ne parvenait pas à un accord, le Président brésilien risque fort bien de s’exposer aux attaques de ceux qui, comme le ministre français des affaires étrangères Kouchner, accusent le Brésil d’être “abusé” par Téhéran.
Ferdinando CALDA.
( f.calda@rinascita.eu ).
(article paru dans “Rinascita”, Rome, 15/16 mai 2010, http://www.rinascita.eu/ ).
00:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, iran, brésil, énergie atomique, énergie nucléaire, atome, moyen orient, amérique latine, amérique du sud, diplomatie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les commentaires sont fermés.