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mercredi, 20 novembre 2013

Comment se reconfigurent les alliances politico-militaires au Moyen-Orient

Comment se reconfigurent les alliances politico-militaires au Moyen-Orient

par Valentin Vasilescu

Ex: http://reseauinternational.net

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Sur fond de redéploiement des forces militaires américaines au Moyen-Orient vers le Pacifique occidental pour contrecarrer la Chine, les dirigeants régionaux lâchés par les  américains font et défont des alliances, dont certaines étaient considérées comme contre nature, il y a deux décennies.

Parmi les premiers pays ayant les plus grandes réserves de gaz naturel on trouve en première position la Russie avec 25%, suivie par l’Iran (15,57%). Le Qatar occupe le 3ème  rang (13,39%), l’Arabie saoudite en 5ème place avec 3,92% et les Emirats Arabes Unis en 6ème (3,19%). En 2009, Bachar al-Assad, soutenu par l’Iran et la Russie a refusé d’accepter de construire un gazoduc qui devait partir du Qatar, passer à travers l’Arabie saoudite, la Jordanie et la Syrie pour atteindre la Turquie, où il fournirait le gaz nécessaire au gazoduc Nabucco, éliminant ainsi Gazprom du marché. Par coïncidence, immédiatement après ce refus la guerre civile a éclaté en Syrie.

Les relations américaines avec l’Arabie saoudite ont eu des défaillances visibles avec la décision du président Obama de renoncer à bombarder la Syrie, à la suite d’ingénieuses initiatives prises par la Russie dans le jeu diplomatique. Les récentes victoires obtenues sur tous les fronts par l’armée syrienne ont convaincu le gouvernement américain de rallier la position de la Russie en matière de négociation pour l’avenir de la Syrie. Ce qui a provoqué le grand mécontentement de l’Arabie saoudite et du Qatar qui, de 2010 et jusqu’à présent, ont dépensé plus de 4 milliards de dollars pour le recrutement et l’armement des rebelles islamistes envoyés pour renverser Bachar al-Assad.

Les manifestations de rue en Turquie à l’été-automne de 2013 ont mis fin aux aspirations induites par l’Arabie saoudite et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, pour restaurer les frontières de l’Islam en Europe comme elles l’étaient dans la période 1860-1878, sous l’Empire ottoman, incluant l’Albanie, le Monténégro, la Macédoine et la Grèce du Nord jusqu’au golfe de Corinthe, le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine. Voir la carte:

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Le 7 Novembre 2013, à l’initiative de la Russie à Genève a commencé un nouveau cycle de négociations dans le format des Six (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne) avec des représentants de l’Iran. Préalablement préparé pendant plusieurs mois, les Etats-Unis avaient déclaré sans équivoque qu’ils étaient prêts à lever progressivement les sanctions contre l’Iran. Le Washington Post a rapporté que les dix espions d’élite israéliens qui ont agi à l’intérieur du territoire Iranien ont été surpris recevant des instructions de leurs agents de liaison Israéliens en Turquie. Après avoir été découverts, les agents israéliens ont été envoyés aux services de contre-espionnage turc. Cet incident prouve que le bon vieux temps où les services secrets turcs, le MIT, collaboraient à l’infiltration des agents israéliens en Irak et en l’Iran à partir du territoire turc est bien fini. Cet incident est compréhensible si l’on considère que le chef des services de renseignement turc et le vice-ministre iranien des renseignements ont signé un accord de coopération et de soutien mutuel dans lequel l’Iran et la Turquie s’engagent à ne permettre à aucun autre pays d’utiliser le territoire d’une des parties pour lancer une action militaire ou d’espionnage contre l’autre. Cet accord a été signé avec l’approbation tacite des Etats-Unis, au moment où Victoria Nuland, secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires européennes et asiatiques était en visite à Ankara.

A la suite de ces développements inattendus, en Octobre 2013, une délégation avec l’Arabie Saoudite, le Qatar, Oman, le Koweït et le Bahreïn s’est rendue en Israël pour trouver une solution à la crise provoquée par l’annulation par les Etats-Unis de tout projet d’attaque contre l’Iran. On peut supposer que les personnes présentes ont convenu de faire autre chose que seulement unir leurs forces pour faire pression contre les nouvelles orientations de la politique étrangère d’Obama, par leur lobby au Congrès comme ils l’ont fait jusqu’alors.

Israël détient actuellement quatre sous-marins allemands de la classe Dolphin (Type 212)  et en a récemment commandé 6 autres. Le Journal allemand Bild a rapporté que les responsables israéliens auraient emmené  avec eux leurs homologues saoudiens dans les chantiers navals ThyssenKrupp dans le nord de l’Allemagne qui produit les sous-marins. Ils ont manifesté leur intention d’acquérir seulement 25 sous-marins allemands de type 212, offrant 2,5 milliards pour les premiers 5. Les demandes d’armes saoudiennes qui ont été rejetées par le passé par l’Allemagne pour des raisons de sécurité liées à l’Etat d’Israël, sont désormais recevables. Notez que l’armée saoudienne qui possède des armes modernes importées des États-Unis, de Grande-Bretagne et de France, est classée 7ème dans le monde, avec un budget annuel de 56,7 milliards de dollars, devant l’Inde, l’Allemagne, l’Italie et la Corée du Sud. L’Arabie saoudite a également appelé à avoir un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU en faisant valoir que les cinq membres permanents (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) ne peuvent pas résoudre les problèmes complexes du Moyen-Orient sans son soutien.

Le Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a effectué une visite imprévue à l’Arabie saoudite, où il a rencontré le Roi Abudullah bin Abdulaziz et son homologue saoudien Saud al-Faisal pour désamorcer les tensions créées par Riyad dans ses relations avec Washington.

Kerry a refusé la participation à la réunion de Bandar al-Sultan, le puissant chef des services de renseignement saoudiens, un homme de grande influence sur les chefs militaires saoudiens. Kerry avait demandé précédemment à Sultan de changer sa stratégie en cessant pendant un certain temps de soutenir des groupes terroristes, notamment Al-Qaïda. Sultan non seulement ne s’y est pas conformé, mais a menacé Kerry qu’il cesserait toute coopération en matière de ligne de sécurité avec Washington.

Que sait Kerry et que Sultan ne veut pas comprendre ?

Dans une récente interview avec des journalistes russes, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a dit: « l’ennemi principal de la Russie est le terrorisme international, regardez qui combat en Syrie, l’Afghanistan, le Mali, la Libye". Le précédent établi par le déclenchement du «printemps arabe», qui ne voulait pas la démocratie, mais générer l’instabilité à grande échelle sous prétexte d’islamisation a été suivi par l’armement d’une entité non étatique, comme les mercenaires islamistes de la Syrie, par l’Arabie saoudite et le Qatar, ainsi que des frappes aériennes israéliennes répétées contre les troupes et l’aviation, les stocks d’armes de l’armée nationale syrienne, et ce dans le but d’aider les rebelles.

Tout ceci a conduit à l’ouverture de la boîte de Pandore et la Russie ne peut pas laisser les choses en l’état sans prendre des mesures appropriées. Il est inutile d’expliquer que cette déclaration définit également la mise en place et le rôle de la flotte russe nouvellement créée opérant à l’heure actuelle, en Méditerranée orientale. Dans la première partie de l’année 2014, ira rejoindre la flotte russe en Méditerranée le premier navire de débarquement-porte-hélicoptères russe de classe Mistral, ce qui explique pourquoi l’Arabie saoudite est soudainement saisie d’amour pour les sous-marins allemands. La Base aérienne de Papandreou à Paphos à Chypre est également conçue par la Russie pour accueillir, à partir de 2014, la composante aérienne de la force de lutte contre le terrorisme, qui se compose d’un groupe d’avions de combat, armés principalement de missiles de croisière furtifs Kh-101(3500 km de rayon d’action) et un groupe d’avions de transport lourd (4000 km de rayon d’action) nécessaire pour le parachutage des régiments 108 et 247, appartenant aux forces d’opérations spéciales russes.

Le premier pas dans la déclaration de guerre totale contre le terrorisme par la Russie a été franchi le 7 Novembre 2013, quand la première tranche du matériel de lutte antiterroriste a été livrée en Irak par la Russie, dont quatre hélicoptères d’attaque et des systèmes de défense AA. Etant confronté pendant plus de 8 ans à une vague d’attentats interethniques sans fin, l’Irak veut y mettre fin au plus tôt en demandant le soutien russe. L’Irak qui se trouve à proximité de la Turquie et de l’Iran et dont les réserves pétrolières sont classées 6ème dans le monde, ne peut pas exploiter ce potentiel à l’exportation en raison de la concurrence féroce de l’Arabie Saoudite et de ses satellites du Golfe qui coïncide avec une instabilité intérieure produite et alimentée en permanence.

http://romanian.ruvr.ru/2013_11_09/Irakul-cere-sprijinul-Rusiei-9978/

Après la suspension de l’aide annuelle accordée pour les armes de 1,5 milliard de dollars par les États-Unis (qui comprenait quatre F-16, 10 AH-64 Apache, quatre chars M1A1, des pièces détachées pour ces appareils, et des missiles antinavires Harpoon), l’Egypte a décidé de mettre fin à la coopération avec les Etats-Unis, changeant, comme l’Irak, la direction géopolitique régionale, en demandant le soutien de la Russie pour mettre fin aux attaques terroristes perpétrées par les Frères musulmans. Sergueï Choïgou et Sergueï Lavrov ont discuté avec leurs homologues égyptiens au Caire le 13 Novembre 2013, au sujet d’un contrat d’armement 4 milliards de dollars, financé par un crédit russe. Ils ont également préparé la visite du président Vladimir Poutine en Egypte, qui aura lieu à la fin de ce mois, au cours de laquelle le contrat sera signé. Cela pourrait être, dans un premier temps, des hélicoptères d’attaque Mi-28 (à la place des AH-64 américains),  des MiG-29M et des Su-30MK2 (à la place des F-16 block 52) et des batteries de missiles côtières Bastion-P, armées de missiles supersoniques Yakhont (à la place des missiles Harpoon). Ce moment marque aussi un possible retour de la Russie, après une absence de 40 ans, dans son ancienne base aérienne dans la péninsule de Ras Banas, sur la mer Rouge (située à 200 km de la base navale saoudienne de Yanbu et à 400 km de la base aérienne de Djeddah) d’où ils ont été évacués pour laisser la place aux Américains. Ainsi que l’installation du Quartier Général des forces navales anti-terroristes russes à Port-Saïd, base navale qui contrôle l’accès au canal de Suez.

A partir de maintenant les groupes terroristes du Moyen-Orient ne pourront plus compter du tout sur l’élément  clé que représentent les «frappes préventives» américaines ou sur un possible soutien aérien de la part Israël, l’Arabie Saoudite et ses satellites dans le Golfe. Dans un ancien article, je précisais qu’Almaz-Antei avait finalisé l’organisation de la production des systèmes S-300 PMU-2, PMU-3 (S-400 Triumf) dans ses usines de Nijni-Novgorod et Kirov qui atteindront leur pleine capacité au début de 2014. En 2015, lorsque la production va introduire les nouveaux systèmes S-500 et va ouvrir 3 autres usines de missiles antibalistiques, Almaz-Antei deviendra un leader mondial dans cette catégorie d’armes. La mise à niveau des anciens systèmes de missiles AA russes dans les usines russes et soviétiques à Nijni et Kirov, tout en acquérant de nouveaux systèmes AA à longue portée, semble être l’une des solutions les plus pratiques dans les États et les organisations politico-militaires de la région, ravagée par les actions des groupes terroristes. Parce que les nouveaux systèmes AA russes sont conçus pour annihiler l’avantage qu’ont Israël, l’Arabie Saoudite et ses satellites du Golfe, dotés d’une flotte d’avions modernes, des F-15, F-16, F-18, Eurofighter Typhoon et AH-64 Apache.

http://reseauinternational.net/2013/06/18/enorme-investissement-de-la-russie-dans-la-capacite-de-production-de-missiles-aa-de-longue-portee/

Par Valentin Vasilescu, pilote d’aviation, ancien commandant adjoint des forces militaires à l’Aéroport Otopeni, diplômé en sciences militaires à l’Académie des études militaires à Bucarest 1992.

Traduction Avic

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