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mardi, 10 février 2015

Jordanie contre État islamique… le « grand jeu » des États-Unis

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Jordanie contre État islamique… le « grand jeu » des États-Unis
 
Il ne fait que peu de doutes que Washington instrumentalise le terrorisme islamique.
 
Docteur en droit, journaliste et essayiste
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

En réplique à l’assassinat d’un pilote jordanien brûlé vif, Amman avait aussitôt ordonné l’exécution de deux terroristes croupissant dans les geôles du régime. Les récents propos du roi Abdallah II de Jordanie de vouloir prendre, lui-même, la tête des attaques aériennes menées par son armée contre l’organisation de l’État Islamique, avec l’onction de Barack Obama, ne doivent, cependant, pas être surestimés.

Monarchie constitutionnelle, la Jordanie, État d’Asie occidentale du Moyen-Orient, est encerclée par l’Égypte, la Cisjordanie, Israël, la Syrie, l’Irak et l’Arabie saoudite. Autant dire, eu égard aux conflictualités de très haute intensité qui secouent la région, que ce pays majoritairement sunnite (92 %) est, en permanence, à la merci de toute entreprise de déstabilisation. Le royaume est objectivement menacé par le wahhabisme saoudien, l’arc irano-syrien chiite, sans oublier les tensions au sein d’Israël (la bande de Gaza et l’irrédentisme du Hamas et le Sud-Liban avec un Hezbollah intransigeant).

Activement soutenu par les États-Unis et par l’Union européenne, le royaume hachémite n’échappe pas aux forces centrifuges de ce que le démographe Gérard-François Dumont dénomme le « paradigme religieux », lequel s’est progressivement substitué au « paradigme panarabe » dont l’acmé fut la création, en 1945, de la Ligue des pays arabes (comprenant originellement l’Arabie saoudite, l’Égypte, l’Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie et le Yémen du Nord). Cette dernière coalition, ayant en commun une certaine conception de l’arabité, a rapidement fait long feu. Le développement économique, grâce à l’exploitation de la manne pétrolière, comme un règlement durable de la question palestinienne ont été les pierres d’achoppement d’une organisation politique incapable de surmonter les tropismes nationalistes et autoritaires de ses membres.

Aujourd’hui, la promesse de frappe aérienne de la Jordanie ne doit pas être l’arbre arabo-occidental devant servir à cacher la forêt islamo-terroriste. Il ne fait que peu de doutes que Washington instrumentalise le terrorisme islamique. Pourquoi, aux dires des milieux islamistes « autorisés », l’un des doctrinaires les plus virulents de l’État islamique, l’ex-lieutenant de Ben Laden, Abou Moussab al-Souri (auteur, en 2004, du monumental Appel à la résistance islamique mondiale, dans lequel il exhorte à la domination mondiale de l’islam), a été libéré, en 2011, par la Syrie, après que les services secrets pakistanais l’eurent livré à la CIA qui le remit ensuite aux autorités syriennes ?

La Jordanie demeure le jouet docile du Pentagone, au service de ses intérêts géostratégiques. Dans ce nouveau « Grand Jeu », la duplicité diplomatique des États-Unis ne vise rien moins qu’à accompagner les desseins de dislocation/balkanisation du monde arabo-musulman suivi de sa réorganisation selon des critères religieux (sunnites, chiites, druzes, alaouites) et ethno-fédéralistes.

Or, la redistribution des cartes prévoit tout simplement l’effacement de la Jordanie.

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