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samedi, 27 février 2016

Mort d’un enfant terrible du siècle dernier: Youri Mamleev

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Mort d’un enfant terrible du siècle dernier: Youri Mamleev

par Thierry Jolif

Ex: http://www.unidivers.fr

Écrivain du dépassement et de l’absurde métaphysique, Youri Mamleev, auteur des jubilatoires Chatouny et Le Monde et le rire, s’en est allé le 25 octobre 2015. Il est parti se frotter pour de bon à cet au-delà que, dans ses livres comme dans sa vie, il avait si souvent convoqué. Sans jamais s’en effrayer…

41sn4emvdml-562e3a2318a5b.jpgNé en Russie en décembre 1931, Youri Mamleev aura eu le parcours, quasi anonyme et pourtant, intérieurement flamboyant, des ses héros.

Dès les années 1960, celui qui était alors jeune diplômé et enseignait les mathématiques va se retrouver au cœur des cercles d’une jeunesse soviétique en quête de renouveau spirituel. Rien d’étonnant à ce que dans un environnement religieux réduit à néant la soif a étancher ait été grande. Ces groupes vont dès lors chercher tous azimuts, d’une façon bien différente de leurs contemporains américains de la contre-culture, évidemment. Toutefois, en parallèle des intérêts et des personnalités singulières y trouveront des échos fort importants.

L’ésotériste René Guénon, bien sûr est de ceux-ci. Les groupes auxquels Youri Mamleev prit part sont souvent considérés comme les premiers propagateurs du corpus guénonien en Russie, mais également, pour certains, d’une version plus alarmante, sinistre et corrosive de la spiritualité. Dévoiement pervers selon les uns, voie de la main gauche, nécessaire folie en esprit selon les autres. Côtoyant les esprits et les traditions les plus diverses, Youri Mamleev avant de se jeter corps et âme dans l’écriture, se fait fort d’étudier et d’expérimenter les voies spirituelles les plus diverses. Dans un éden athée, il se forge une connaissance non seulement livresque mais également intérieure et physique des grands courants religieux du monde et de leur frange : occultisme, hermétisme, non-dualisme, trantrisme…

Sans doute n’est-ce pas un hasard si c’est au milieu de ce melting-pot religieux que Mamleev pourra s’exiler aux États-Unis à la faveur d’une loi autorisant les citoyens soviétiques de confession juive à émigrer, loi paradoxale et facilitatrice d’un pouvoir machiavélique qui favorisera le départ de nombreux dissidents et esprits forts qui, à l’image de Youri Mamleev, n’étaient absolument pas  et en aucune manière juifs. Là-bas il travaillera à l’Université Cornell avant de s’installer en France en 1983 et d’y enseigner la littérature russe à L’Institut national des langues et civilisations orientales. Dix ans plus tard, il retourne en Russie et se consacre principalement à l’écriture théâtrale, il enseignera également la philosophie hindoue à l’Université d’Etat Lomonossov.

51t259iNsUL._AC_UL320_SR200,320_.jpgPubliant dès 1956 Youri Mamleev ne tarde pas à heurter les autorités soviétiques par une prose qui, si elle se veut réaliste, propose toute autre chose que celle dite socialiste. Le réalisme littéraire de Mamleev se veut métaphysique. Son dernier ouvrage traduit et publié en France, Destin de l’être, est en définitive moins la base de sa fusée théorique que son lanceur. Ces pages renferment tout ce qui humainement et théoriquement anima toujours l’art littéraire de Mamleev :

Pour un écrivain métaphysicien, la tâche consiste en la réorientation de sa vision spirituelle vers la face invisible de l’homme. Par conséquent il ne doit s’intéresser à l’homme « visible » qu’à cause de sa capacité à refléter les réalités de l’homme secret, transcendant et insaisissable. (Destin de l’être, p. 147)

Selon le critique russe Volodymyr Bodarenko, la mort de Mamleev constitue une grande perte pour la littérature en Russie, mais sa mort va sans doute guider plus de personnes encore vers cette œuvre si étonnante, redoutable, véritable renouvellement des lettres russes à la fois profondément ancrée dans la tradition littéraire du pays et totalement novatrice.

Une œuvre qui aura su dans le même geste détruire et ressusciter la geste romanesque elle-même. D’abord et avant tout, par le rire… Un rire sacré et désacralisant. Bien que tout à fait moderne la prose de Mamleev est contemporaine du sens ancien de la comédie, celle de Dante, ou, à tout le moins, de Balzac. En France, et en Occident en général, il semble bien que l’on est pas pris la juste mesure de ce que l’on s’est empressé de définir comme comique, grotesque, absurde dans l’œuvre écrite de cet écrivain qui à la mesure d’un Gogol, d’un Poe, d’un Lovecraft ou plus proche de nous d’un Thomas Ligotti  a le plus sérieusement du monde mis sa peau au bout de sa plume pour révéler les failles métaphysiques abyssales qui se camouflent dans les réalités trop fictives, restreintes et restrictives pour être honnêtes, du monde moderne.

Rassasié d’au-delà, Izvitski se fixait à présent sur le rire de l’Absolu ; comme quoi ce rire, s’il existait, était une chose inouïe, sauvage, inconcevable, car rien ne pouvait lui être opposé ; et dont la cause n’était point un décalage avec la réalité, mais ce qu’il ne nous était pas donné de savoir. (Chatouny, p. 203)

Dans le second de ses textes publié en français (La Dernière comédie) le monde offert à nos regards, dans le chapitre « En bas c’est pareil qu’en haut » (version familière et dérisoire du fameux adage hermétique), l’auteur évoque une atmosphère dont le comique renvoie à l’état désaxé et bouffon qui s’empare de la société moscovite lors de la visite du professeur Woland (dans Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov) – un caractère « post-apocalyptique » et ordurier en plus ! L’inversion est poussée à son paroxysme et met en avant les tares spirituelles d’un monde pour lequel le salut ne saurait être pensé sans être violemment dégradé. Panarel (le personnage « central » de ce chapitre), nouvelle et déjà très singulière incarnation du Fils de Dieu, le constate et l’accepte lui-même amèrement. L’aspect platement anthropophage de sa fin (et de la fin du chapitre) suggère bien ce terrible abaissement négatif de toute soif spirituelle dans l’orientation ultra-matérialiste de notre époque.

capture-20d-e2-80-99ecran-202015-10-26-20a-2015-11-37-562e3a6e0cd32.pngQuant à l’ambiance générale qui se dégage de Le Monde et le rire, elle n’est pas moins fantasque et lugubre. C’est le monde surnaturel lui-même qui y perd la tête. Et au cours de l’enquête surréaliste que nous fait suivre l’auteur nous croisons différents personnages psychiquement perturbés, fort différents du psychisme lambda en tout cas. Les personnages de cette galerie de portraits sont d’ailleurs regroupés génériquement et significativement sous le terme de « chamboulés ». Ici, le parallèle le plus signifiant avec la littérature russe antérieure serait sûrement le groupe de personnages évoqué par Pilniak dans son récit L’Acajou. Pilniak avait nommé cette troupe hétéroclite de clochards volontaires, de quasi fols mystiques, « okhlomon » (« emburelucoqués » dans la belle traduction française de Jacques Catteau).

En outre, cette assemblée de marginaux volontairement déclassés n’est pas sans rappeler celle du souterrain qui occupe une place centrale dans Les Couloirs du temps de Mamleev. Scientifiques « originaux », intellectuels déclassés, penseurs « bizarres » tous ont en commun une forme, plus ou moins obscure, de… « refus ». Ayant tous perçu intuitivement un « inconcevable », un « mystère » dépassant la commune, admise et plate raison « réaliste » et raisonnable, ils forment, bon gré mal gré, une société recluse de refuzniks… Mais également, en raison de cet intuitionnisme mal venu, un groupement qui laisse pénétrer au cœur endurcis du monde les prémisses d’un « outre-entendement » trop longtemps mis sous le boisseau… Mais :

Le mystère est partout jusque dans le marasme. (Le Monde et le rire)

Vous parlez d’or Lena : que la vie ordinaire ne se distingue en rien de l’Abîme ! Que l’on meure et ressuscite aux yeux de tous ! Que les hommes tiennent conciliabule avec les dieux ! L’inconcevable doit faire irruption dans le monde ! L’inconcevable et, au milieu : une gaieté sans frein ! Marre de l’ordre en vigueur : ici le royaume des vivants, là celui des morts, on naît ici, on meurt là et pas ailleurs ! Que la ténèbre envahisse les cieux et que retentisse la Voix de Dieu : « Allez-y, les gars, bringuez ! Fais la noce Mère Russie, advienne ce que tu voudras ! Amuse-toi tout ton saoul, pays où l’impossible devient possible ! Je te donne toute liberté, mort aux démiurges et à tous les rêves dorés ! » (Le Monde et le rire)

Malheureusement, en France, sur la vingtaine d’ouvrages parus de Mamleev seule une poignée est traduite et éditée :

Chatouny, Robert Laffont, 1986, réédition Le Serpent à plumes, 1998
La Dernière comédie, Robert Laffont, 1988
Fleurs du mal, Albin Michel, 1997
Les Couloirs du temps, Le Serpent à plumes, 2004
Le Monde et le rire, Le Serpent à plumes, 2007

Youri Mamleev et le destin abyssal de l’être

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Youri Mamleev et le destin abyssal de l’être - Des énergies créatrices

par Thierry Jolif & Nicolas Roberti
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Youri Mamleev est l’un des très exaltants écrivains russes contemporains, pourtant méconnu à l’Ouest. Pourquoi, sachant que Mamleev pourrait être comparé, dans son exigence métaphysique de romancier, à Edgar Allan Poe ou Villiers de L’Isle-Adam ? Sans doute les rares critiques ne l’abordent qu’en ayant recours à une hypnotique litanie : l’absurde, l’absurde, l’absurde ! Depuis Gogol, la même incompréhension perdure. L’absurde ? Oui, mais non l’absurde nihiliste d’un existentialisme dépité et écœuré. L’absurde comme fracture du « quotidien » rationné et rationalisé. Rupture du dasman heiddeggerien, du on berdaievien.

Mamleev_Destin_150-150x225.jpgBrèche bien plutôt qui permet un contact illuminant avec des énergies spirituelles invisibles et, parfois, inquiétantes. Mamleev prend à bras le corps l’énergie contenue dans le langage, avec l’énergie métaphysique que le langage contient, notamment dans sous sa forme de barrière protégeant d’un cataclysme ! D’un cataclysme d’autant plus terrible qu’il n’aurait rien de ces catastrophes naturelles car il est non rationalisable étant ancré dans une autre dimension !

Destin de l’être est donc, finalement, une sorte de guide pour les plus frileux. C’est une topologie de la pensée de Mamleev, cette pensée qui irrigue ces romans et qu’il formalise particulièrement dans l’intéressant chapitre Métaphysique et Art. Allant même jusqu’à concrétiser très sérieusement une nouvelle école (pas si nouvelle en fait) : le « réalisme métaphysique » :

Nous pouvons dire alors que, pour un écrivain métaphysique, la tâche consiste en la réorientation de sa vision spirituelle vers la face invisible de l’homme… (p. 147)

Ayant participé dans les années 1970 en Russie à de nombreux groupes ésotériques clandestins qui assuraient la réception russe des œuvres de René Guénon (il est fort dommage, d’ailleurs qu’il n’expose pas plus longuement l’historique de ces groupes), Mamleev s’est forgé un étonnant corpus de connaissances spirituelles et métaphysiques. Mais, comme il le précise lui-même, cette œuvre guénonienne fut, comme c’est souvent le cas en terre russe, reçue non en tant que monolithique, mais comme pensée singulière à adapter à la singularité de l’âme russe. Or, cette annexion/adaptation s’opéra par le biais d’écrivains et de poètes et non par des universitaires ou ésotérologues patentés comme en Occident.

Cette annexion, Mamleev l’a faite comme personne. Se donnant pour but d’aller là où, selon lui, s’arrêtent les métaphysiques orientales. Au-delà du Soi jusqu’à un Abîme qui ne peut plus même être qualifié de transcendant ; « fiançailles avec un fiancé qui n’est pas, relation avec celui qui n’existe pas. » (p.131). Le troisième chapitre expose les bases de cette « nouvelle » doctrine spirituelle personnelle que Mamleev souhaite voir distinguée d’une religion ou même d’une métaphysique puisqu’il la nomme Outrisme. La force de Mamleev tient dans sa position. Ce qui pourrait passer pour l’outrance dogmatique d’un illuminé est sans cesse réorienté par son créateur. Car il s’agit bien de cela, en définitive, la réalité et la vérité intangible et inaliénable de l’intériorité créatrice :

Dans ces conditions, l’art supérieur, s’approchant des sphères qui lui sont proches, porte en lui son propre but. L’écrivain pourrait alors, en principe, n’écrire que pour lui-même, car ce n’est pas uniquement pour soi-même qu’un yogi accomplit ses exercices spirituels, les Forces Supérieures étant ses seules témoins. Toutefois, l’acte de communication ne peut pas disparaître entièrement, n’étant plus désormais une action méritoire, mais plutôt une action sacrificielle de sa part. (p.151)

De ce fait, les chapitres inauguraux de Destin de l’être sont assez décevants. Ils pourront intriguer certains jeunes esprits épris de l’école traditionaliste ou pérénnialiste (Guénon, Coomaraswamy, Schuon, Abellio, Borella, Biès…). Nul doute, par contre, que par leur sauvage liberté à l’égard du maître Guénon, ils déclencheront les foudres si prévisibles des dogmatiques gardiens du temple. Voilà un mérite, finalement assez scolaire eu égard à la fougue insolente du romancier. Il en est de même, malheureusement, de l’addenda Au-delà de l’hindouisme et du bouddhisme. Au final, pour le lecteur déjà pourvu d’une connaissance solide de ces doctrines, deux chapitres resteront : La dernière doctrine et Métaphysique et Art. Deux chapitres exaltants par leurs perspectives hypothétiques et vertigineusement personnalistes. Ils valent à eux seuls l’achat de ce livre pas comme les autres.

Thierry Jolif et Nicolas Roberti

Youri Mamleev, Destin de l’être, suivi de Au-delà de l’hindouisme et du bouddhisme, L’Age d’Homme, 2012, p. 198 pages, 12€   

 

Wo bleibt Prinz Eugen? Der Multikultiwahnsinn und das Ende Europas

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Tomislav Sunic:

Wo bleibt Prinz Eugen?

Der Multikultiwahnsinn und das Ende Europas

Alles dreht sich um die richtige oder falsche Kennzeichnung politischer Begriffe. Wir alle hier nennen uns freiheitsliebende Menschen, die heute sehr besorgt sind über die Zukunft der europäischen Identität. Unsere selbsternannten „antifaschistischen“ Gegner hingegen nennen uns Fremdenfeinde, Rassisten oder Nazis. Unserer eigenen Erfahrung nach – und meiner Erfahrung nach, die ich im ehemaligen Multkulti-Jugoslawien und in Multkulti-Amerika gesammelt habe, sowie aufgrund der Forschung vieler Soziologen, haben Multikulti-Staaten keine lange Lebensdauer. Früher oder später zerfallen sie alle in einem Bürgerkrieg. Ich kann hier wieder auf den ehemaligen zusammengeschusterten jugoslawischen Staat verweisen, der trotz aller akademischer Schönrederei unter der Vielfalt der Interessen seiner verschiedenen Völker zusammenbrechen musste.

Das heutige Migrationschaos trägt einen verlogenen Namen, nämlich „Flüchtlingskrise“. Von den tausenden und abertausenden Migranten, die nach Österreich hineinströmen, sind die meisten keine Flüchtlinge. Sie sind „Flüchtlinge“, nur insofern als sie von den Etablierten in den österreichische Medien schon im voraus als „Flüchtlinge“ bezeichnet wurden. Merkwürdigerweise stellen alle diese Migranten ihren Asylantrag nicht in der Türkei oder einem anderen Staat entlang der Balkanroute. Sie wollen alle unbedingt in die BRD. Sie bilden sich ein, Österreich, Deutschland und Schweden seien Schlaraffenländer, wo man gut leben und sich eine schöne Frau aussuchen kann. Aber – nein! Diese Migranten sind gar nicht schuld an ihren falschen Vorstellungen; es sind unsere Politiker mit ihren falschen Versprechungen, die wiederum bei den Einwanderern diese falschen Wunschvorstellungen hervorrufen.

Die Multikultiutopie unserer Politiker trägt einen anderen falschen Namen, nämlich das Unwort „Willkommenskultur“, obwohl der richtige Name auf gut Deutsch „Kultur der Selbstabschaffung“, „Schuldkultur“ oder „Selbsthasskultur“ heißen sollte. Was heute mit dem Wort „Willkommenskultur“ bezeichnet wird, hat gar nichts zu tun mit der althergebrachten europäischen Willkommenskultur. Die heutige Willkommenskultur ist bloß ein liberalistischer Ersatz für das gescheiterte kommunistische Projekt. Was einst die Kommunisten in Osteuropa mit ihrer Gewaltherrschaft nicht erzwingen konnten, will das heutige System mit seiner Ersatzideologie des Multikulturalismus erreichen. Der Kommunismus ging in Osteuropa zugrunde, weil er der Liberalismus seine materialistischen Heilsversprechungen besser umsetzen konnte. Das System glaubt, dass alle europäischen Völker in einem Multikulti-Superstaat von nichteuropäischen Zuwanderern ersetzt werden können und wie Ersatzteile ständig reproduziert werden können.

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Fragen wir unsere Politiker und Befürworter des Multikulturalismus, ob sie in Multikulti-Bezirken wie Wien-Favoriten oder in Neukölln in der BRD leben möchten! Sie werden „Nein!“ sagen. Sie predigen gerne von der Multkulti-Gesellschaft, so lange sie selbst von den Einwanderern fern bleiben und in ihren golden Ghettos in Sicherheit leben. Wenn sich eines Tages die Etablierten und ihre Gutmenschen doch entschuldige ich mich gerne bei Ihnen. Ich habe in den Multkulti-Bezirken in den USA sehr lang lange gelebt und habe dort sehr gut den Wortsinn der Doppelverriegelung an meiner Wohnungstür und Schusswaffen gelernt.

Historisch und philosophisch gesehen ist der heutige Multikulti-Wahn, bzw. die Willkommenskultur in Österreich, Deutschland und der EU, eine Abart der Ideologie der Hypermoral nach Arnold Gehlen. Es kann auch wissenschaftlich bewiesen werden, dass, je mehr die Bevölkerung eines Staates ethnisch und kulturell homogen ist, wie zum Beispiel in Japan, je mehr ein Staat von ethnisch und kulturell verwandten Bürgern bewohnt wird, desto größer ist die Überlebensdauer dieses Staates – und auch die Solidarität. Bei den nichteuropäischen Völkern in Afrika und Asien zum Beispiel ist es nicht vorstellbar, andere Völker massenweise ins eigene Land zu importieren. Nur bei den lebensmüden europäischen Völkern kann man diese selbstmörderischen Willkommenszüge beobachten, nicht jedoch bei den nichteuropäischen reichen Staaten wie Saudi Arabien. Dieser pathologische Hypermoralismus und Altruismus führt Europa letztendlich in den Selbstmord. Wenn ein Volk, wie die Deutschen, lebensmüde geworden ist, bedeutet das nicht das Ende der Politik; es bedeutet nur das Ende des schwachen Volkes.

Warum ist dieser Hyper-Altruismus, bzw. diese Selbstabschaffungs-Willkommenskultur heute besonders in Deutschland und in Österreich derart ausgeprägt und weniger inmitten anderer europäischen Staaten? Der Grund dafür ist nicht schwer zu erraten. Jegliche Kritik am Multikulturalismus kann einem Politiker oder einem Akademiker in Österreich oder BRD das Stigma des „Faschismus“ einbringen. Und das bedeutet quasi den Tod im öffentlichen Leben. Herr Faymann und Frau Merkel, aus Furcht vor der Nazikeule müssen sich jetzt mit dem massenhaften Import von Zuwanderern gegenüber jeglichen Nazivorwürfen versichern. Die Ideologie des Multikulturalismus ist heute eine Art Negativlegitimation ganz Europas geworden insbesondere inmitten der deutschen und österreichischen politischen Klasse. Dementsprechend wird jede Debatte, die sich kritisch mit dem Multikulturalismus befasst, mit dem Schlagwort „Fremdenfeindlichkeit“ etikettiert. Dieses Unwort „Fremdenfeindlichkeit“ dient heute der politischen Klasse in Europa als Alibi zum Fortbestehen ihres immerwährenden politischen Status quo.

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Im Gegensatz dazu werden Multikulti-Kritiker von den Medien zu absoluten Bösewichten und sogar zu Kriminellen erklärt. Damit wollen die Multikulturalisten jede Fehlentwicklung in ihrem eigenen System rechtfertigen und ihr eigenes System als das geringere Übel darstellen. Dessen sind sich auch die Politiker in Österreich und der BRD bewusst und deswegen müssen sie sich in den Augen der Weltöffentlichkeit päpstlicher als der Papst zeigen, bzw. müssen sie die massive Migrantenflut nach Deutschland und Österreich weiterhin befürworten. In diesem Sinne sind sie dazu gezwungen die Einwanderer besser zu behandeln als diese das überhaupt von ihnen erwarten würden. Es ist naiv zu glauben, dass die heutigen Befürworter der Willkommenskultur in Österreich mit Argumenten widerlegt werden können. Das deutsche Wort „Gutmensch“ schildert am besten diese selbstzensierende und hypermoralistische Multikulti-Spezies. Sollte jemand heute in Österreich zufällig wagen, seine wissenschaftlichen Quellen gegen den Multikulti-Mythos zu nennen, gerät er prompt ins Visier der Gesinnungswächter. Die etablierten Parteien und ihre Medien können ihre Macht nur durch die Dämonisierung der Andersdenkenden beibehalten, wie zum Beispiel im ehemaligen kommunistischen Jugoslawien, wo jeder Dissident automatisch als Faschist oder Krimineller etikettiert wurde. Die Politiker in Österreich, aber auch anderswo in Europa, sind in politischen Selbsttäuschungen verstrickt, die sich einerseits mit der Idealisierung der außereuropäischen Leute und anderseits mit der Abwertung der Einheimischen befassen.

Die sogenannte Willkommenskultur ist jedoch langfristig nicht haltbar. Sie führt nicht zum gegenseitigen Völkerverständnis, sondern verursacht bzw. vertieft nur den gegenseitigen Hass zwischen Völkern. Das haben wir unzählige Male in allen Multikulti-Gesellschaften gesehen. Zum Beispiel asiatische Amerikaner in den USA mögen nicht die Afro-Amerikaner und die Afro- Amerikaner sind gar nicht beliebt bei den hispanischen Latinos in Amerika. Die Krawalle zwischen Mitglieder der verschiedenen Völker inmitten heutiger Zuwanderer werden gar nicht in unserer Öffentlichkeit debattiert. Auch wenn die „bösen Deutschen“ und alle „bösen Nazis“ und alle „Faschsiten“ verschwinden würden, wird es keinesfalls den gegenseitigen Hass und Krieg inmitten verschiedener nichteuropäischen Gruppen und Völker verhindern. Rassismus und Fremdfeindlichkeit sind kein Privilegium der Österreicher oder der Deutschen oder anderer europäischen Völker.

Die heutige verlogene Willkommenskultur verlangt von uns deswegen, unseren politischen Feind zu erkennen. Wichtig ist: Nicht die vorderasiatischen oder afrikanischen Einwanderer tragen Schuld an dem Niedergang Europas, sondern die Systempolitiker und ihre kapitalistische „Superklasse“. Um unsere deutsche und unsere österreichische bzw. die gesamte europäische Identität wiederherzustellen, müssen wir zunächst den schrankenlosen globalen Kapitalismus in dieser Form demontieren und andere Werte an die oberste Stelle setzen. Multikulturalismus ist ein Mythos, der an das grenzenlose Wirtschaftswachstum und dementsprechend auf den grenzenlosen Zustrom von Migranten anknüpft. Nichteuropäische Einwanderer wissen derzeit genau, dass sie im selbsthassenden Europa sorglos leben können. Gefühle des Selbsthasses gibt es gar nicht bei den Politikern in ihren Heimatländern. Das Finanzkapital der Oligarchen in Europa, gepaart mit Schuldgefühlen der Europäer auf der einen Seite – und linke Multkulti-Prediger auf der anderen Seite, sorgen für weitere Zuwanderung der Abermillionen von nichteuropäischen Einwanderern. Wenn die Europäer wieder ihre eigene Identität aufbauen wollen, sollten sie zuerst den entfesselten Kapitalismus abschaffen. Die Auslandsimmigration würde dann sofort gestoppt werden. Einwanderer hätten dann keinen Grund mehr, in unseren Ländern zu leben und sich falsche Hoffnungen zu machen.

Wir werden bald sehen, wie sich die Geschichte weiter entwickelt. Im Rückblick stellt sich auch die Frage: Wozu hat Prinz Eugen seine langen Kriege gegen die türkischen Eroberer geführt? Zum Glück bleibt die Geschichte immer offen und es liegt nur an uns unsere Geschichte aufs Neue zu gestalten. Nicht die Jahre, sondern die Tage der Entscheidung liegen vor uns. Wir alle wissen die größte politische Weisheit aller Zeiten nur zu gut: Wer sich zum Schaf macht, den fressen bald die Wölfe. Also meine Damen und Herren, seien wir keine Schafe. Der Kampf geht weiter.

Ich danke für Ihre Aufmerksamkeit.

Drieu la Rochelle d’un suicide à l’autre

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Drieu la Rochelle d’un suicide à l’autre

9782246855040-001-X_0.jpegDans Les derniers jours de Drieu la Rochelle, Aude Terray relate les ultimes mois de la vie de l’écrivain phare de la collaboration, de son suicide raté d’août 1944 à celui réussi de mars 1945. La dernière vie de Drieu pousse au paroxysme les mystères de sa personnalité, qui fascinent aujourd’hui plus que son œuvre. Car ces mois de planque et de dépression mettent en tension toute les ambiguïtés de ses rapports à l’engagement intellectuel, aux femmes et à la mort.

Rarement autant de tragique et de pathétique se sont retrouvés dans un même être à la fois. Il est vrai que Pierre Drieu la Rochelle a vécu à une époque où les événements ne permettaient pas aux médiocres de se cacher. Né en 1893 dans une famille dont il détestait le père et méprisait la mère, il a fait partie de la génération des « 20 ans en 14 ». L’expérience de la Grande Guerre, comme PHILITT l’avait écrit, sera destructrice pour le jeune homme ; il en reviendra avec une haine de son propre corps, souillé par la maladie et le manque d’hygiène, le rejet de son époque, où l’on s’envoie de la ferraille dans la tête pour se battre, et l’obsession de la décadence – sorte de synthèse entre son corps dégradé et l’aversion à son époque.

Trente ans plus tard, c’est cette obsession de la décadence qui l’a jeté dans une impasse : Drieu s’est fourvoyé dans tous ses engagements. Après avoir quitté les surréalistes dans les années 1920, il s’est converti au fascisme après les émeutes du 6 février 1934 et a adhéré un temps au parti du collaborationniste exalté Jacques Doriot, le Parti populaire français (PPF). Surtout, il est devenu la principale figure de la collaboration intellectuelle en tant que directeur de la Nouvelle revue française (NRF) de Gallimard – que son ami et ambassadeur nazi à Paris, Otto Abetz, considérait comme l’une des trois puissances du pays, avec le Parti communiste français (PCF) et la haute finance. À la fin de la guerre, il fait le constat amer de son manque de lucidité politique et, après Hitler, est un temps tenté par Staline.

Les Alliés reprennent du terrain et, à l’été 1944, leur victoire ne devient plus qu’une question de semaines. Chaque jour accable un peu plus Drieu, qui tente de se suicider le 11 août 1944 en ingérant du luminal. C’est en décrivant ce « suicide féminin, propre et lent », qu’Aude Terray commence sa biographie de l’ultime Drieu, dans un livre qui a la qualité de replonger avec fluidité dans sa vie antérieure et de dresser un tableau du Paris intellectuel de la période.

Rendez-vous ratés avec la mort

Une fois de plus, Drieu a pathétiquement raté un rendez-vous avec la mort. Il en a pourtant eu beaucoup. Notamment durant la Grande Guerre, comme il le racontera dans La comédie de Charleroi (1934), lorsque, enfermé dans un cabanon, harassé par des jours de marche sous un soleil de plomb, il ôte sa chaussure pour placer son orteil sur la gâchette de son fusil chargé et regarde le trou du canon. « Je tâtai ce fusil, cet étrange compagnon à l’œil crevé, dont l’amitié n’attendait qu’une caresse pour me brûler jusqu’à l’âme. » Quelques mois plus tôt, en 1913, il voulut se jeter dans la Seine après avoir raté l’examen final de Sciences Po – lui que ses camarades voyaient comme le major assuré. « Vaticinations autour du sujet qui n’est ni posé, ni traité. Style atroce » et 8,5/20 : voilà l’humiliante récompense de sa composition d’histoire sur les traités de 1815. C’est cet échec qui précipita son engagement dans l’armée, doublant la mobilisation de 1914.

Une histoire tirée de l’enfance de Drieu résume son rapport ambigu avec la mort. En vacances dans la maison de ses grands-parents, il s’attache à une poule qu’il appelle Bigarette. Un jour, pour la « nettoyer », il lui arrache les écailles des pattes et la tue. Il écrira plus tard qu’il a découvert ce jour-là sa capacité à faire le mal et les sentiments de honte et de culpabilité – son père le sommant de s’expliquer le soir même en lui exhibant le cadavre. L’obsession hygiéniste du corps et le sadisme de faire souffrir un être aimé, déjà ancrés dans son enfance, seront deux moteurs qui détermineront son rapport aux femmes.

Et il en eut beaucoup. Beloukia – comprendre Christine Renault, la femme du constructeur automobile –, les deux sœurs Ocampo, Kiszia la dernière maîtresse, Olesia Sienkiewicz, sa seconde épouse… En cet été 1944, un ballet d’anciennes – et actuelles – conquêtes s’occupent de « l’homme couvert de femmes ». Surtout une : Colette Jéramec. Sa première épouse, par ailleurs scientifique à l’Institut Pasteur, est d’un dévouement absolu. C’est elle qui s’occupe de lui pendant son séjour à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine après son suicide manqué d’août, qui organise son exfiltration vers la demeure de campagne de Noel Haskins Murphy, une riche américaine que Drieu a sauvé des camps, dans la vallée de Chevreuse où il passera l’essentiel de ses derniers mois. Colette supporte ses sautes d’humeur, sa santé de plus en plus chancelante et, surtout, son mépris.

Aragon, adulé et détesté

Il faut dire qu’elle a un double défaut : elle est juive et bourgeoise. Soit le type de femme que Drieu a toujours recherché et qu’il a en même temps toujours abhorré. Le coup le plus dur qu’il lui portera est, à coup sûr, le personnage de Myriam dans Gilles (1937), dans les traits de laquelle elle se retrouve. Mais Colette sait aussi qu’elle a une dette inextinguible envers Drieu : il a joué de ses relations pour la faire sortir, avec ses deux enfants, du camp de Drancy d’où elle devait être déportée en Allemagne.

Durant ses derniers mois, Colette est omniprésente. L’écrivain, lui, broie du noir. Sa santé empire, il s’entend de moins en moins avec celle qui l’accueille et, surtout, il a peur. Les mois passent et l’épuration se met en place, notamment sous l’égide du Comité national des écrivains (CNE) qui publie des listes noires. Aragon en est le puissant secrétaire général. Avec Colette, Aragon est l’autre relation clef de la vie de Drieu. C’est d’ailleurs sa première femme qui lui présente le jeune étudiant en médecine, en 1916.

À travers son amitié avec Aragon, il se lie avec les surréalistes qu’il quittera au bout de quelques mois – sans doute était-il trop sérieux pour eux. Et rompra avec l’auteur communiste du même coup. Leur amitié fut ambiguë, et peut-être même homosexuelle, laissa entendre l’auteur d’Aurélien. Surtout, il jalouse le succès littéraire d’Aragon. L’aigreur s’est en particulier aiguisée en 1937, lorsque lui essuyait les critiques acerbes pour Rêveuse bourgeoisie tandis que son ancien ami cueillait le Renaudot pour Les beaux quartiers. « Je l’ai admiré, je l’admire encore, mais ce qu’il est à travers ce qu’il écrit me répugne profondément : cette chose femelle […] », écrivait Drieu dans son journal en 1944.

L’éternel Gille(s)

Malgré sa réclusion, il trouve encore la force de se lancer dans des projets littéraires : Les mémoires de Dirk Raspe, biographie inspirée de la vie de Van Gogh en qui il voyait un compagnon, et Récit secret, une énième introspection. Mais ses projets tâtonnent, l’ennuient et il les couche dans la douleur. À l’image de sa carrière, où Drieu a voulu toucher à tout mais ne s’est imposé en rien. Tiraillé entre la poésie, le roman, le théâtre et l’essai, « il s’en veut de s’être toujours dispersé en jonglant avec les genres », souligne la biographe.

Tragique et pathétique. Là se croisent les deux fils qui ont tissé la vie de Drieu, ce mégalomane qui a passé sa carrière littéraire à jalouser les grands et qui n’a jamais écrit le roman qu’il ambitionnait. Une question se pose, capitale : Drieu était-il un grand écrivain ? Ses œuvres et leur postérité en apportent la réponse : il n’est qu’un petit parmi les grands. Un jeune poète prometteur et remarqué avec son premier recueil, Interrogation (1917), qui ne fut jamais à la hauteur de son ambition – être de la trempe des Malraux, Aragon, Céline… En rappelant que Drieu était fasciné par le Gilles de Watteau dans lequel il s’est reconnu, Aude Terray évoque une clef de son œuvre. Devant ce tableau, écrit-elle, « il s’est contemplé des heures ». Comme dans ses livres, où il ne s’est en somme que regardé lui-même en inventant d’innombrables doubles – la plupart du temps nommés Gilles (ou Gille) – expérimentant sa propre relation à la mort, aux femmes ou à la guerre. Il n’est jamais parvenu à mettre son talent au service d’une ambition littéraire supérieure à sa personne.

Tragique et pathétique, Drieu l’est aussi face à son destin, dans ces derniers mois de guerre. Il a eu le courage de refuser une extradition, comme Céline et Chateaubriant. L’exil le dégoûte ; il a trop le sens de sa responsabilité intellectuelle. Mais il ne pousse pas la bravoure jusqu’à choisir l’une des deux solutions qui s’offrent à lui : se rendre et assumer lors d’un procès certainement joué d’avance, ou se suicider une fois pour de bon. Son procès, il en a pourtant rêvé dans L’Exorde, l’un de ses tout derniers textes. « Oui je suis un traître. […] Oui, j’ai été d’intelligence avec l’ennemi. […] Mais nous avons joué. J’ai perdu. Je réclame la mort. » Aurait-il eu le cran de tenir ces propos lors d’un procès ? En ne choisissant pas, Drieu agit une nouvelle fois à rebours de l’héroïsme qu’il fantasme.

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« Auto-épuration »

S’il devait advenir, il sait que son procès serait un symbole car il est la figure de la collaboration intellectuelle. Toutefois, la pression faiblit un peu, fin janvier 1945, lorsque Charles Maurras échappe à la mort. L’idéologue de l’Action française – qui avait piqué Drieu en le méprisant dans les années 20 – a seulement écopé d’une réclusion à perpétuité et d’une dégradation nationale. Mais la condamnation à mort de Robert Brasillach, exécuté le 6 février malgré l’intervention de plusieurs écrivains dont François Mauriac, plonge Drieu dans la détresse.

Désormais revenu à Paris, planqué une nouvelle fois par les soins de Colette, il se morfond seul dans son appartement du XVIIe arrondissement. Il vit désormais comme un reclus – les sorties dans la rue devenant trop risquées – et passe ses journées à noircir des pages blanches et fumer. La lecture du Figaro, le 15 mars, le sort de sa torpeur pour l’envoyer dans le néant. Il y apprend qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Le lendemain, sa domestique Gabrielle le retrouve gisant au milieu de trois tubes de gardénal, dans une odeur de gaz. Drieu est dans le coma ; il mourra une heure après.

Même pour sa mort, Drieu a oscillé entre le tragique de l’intellectuel tirant les leçons de ses fourvoiements et le pathétique du froussard effrayé par la prison. De tous les titres de journaux qui se réjouirent du décès – Le Populaire saluant une « auto-épuration » –, François Mauriac montra une nouvelle fois son sens de la mesure en signant dans Le Figaro un article évoquant « l’amère pitié » inspirée par cette « fin de bête traquée ». Une manière de montrer que, pour juger le cas Drieu, l’essentiel réside dans l’interprétation du niveau de l’eau dans le verre. À moitié vide, ou à moitié plein.

2084 de Boualem Sansal

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2084 de Boualem Sansal

Ex: http://www.juanasensio.com

À propos de Boualem Sansal, 2084. La fin du monde (Gallimard, 2015).
 
2084 de Boualem Sansal est un assez beau roman parfois un peu trop didactique qui ne cache pas vraiment son intention : faire référence, de par son titre même, à 1984 bien sûr, de George Orwell, et évoquer les risques que nous fait courir la situation géopolitique actuelle, qui voit une explosion d'un Islam violent, guerrier, conquérant et apocalyptique, enté sur les techniques modernes de communication. Les déclarations récentes de l'auteur, qui affirme que la mondialisation est déjà intoxiquée par le virus d'un islam fanatique, servent de toile de fond journalistique à la promotion de son roman, comme c'est le jeu germanopratin, dans lequel tout le monde trouvera son compte et pour une fois, même le lecteur. Après Soumission de Michel Houellebecq, que les imbéciles prétendirent être un brûlot anti-islam alors qu'il était une charge contre le christianisme et la figuration de l'échec d'une conversion à ce dernier, il n'est pas très étonnant que le dernier roman de Boualem Sansal, auréolé d'un prestige de contestataire au sein même de son propre pays, l'Algérie, fasse bavarder et même écrire les journalistes. Ainsi ne tarissent-ils pas d'éloges sur ce livre, sans en dire grand-chose toutefois sinon, comme Marianne Payot pour L'Express, qu'il s'agit d'un roman total, ce qui ne nous avance guère sur la qualité dudit roman et est en partie faux. Il est amusant et désolant tout à la fois de constater que c'est sans doute parce que la rentrée dite littéraire est d'une navrante indigence et d'un cruel manque d'ambition, à quelques exceptions près que nous tenterons d'évoquer dans la Zone, que des journalistes peuvent se laisser aller à ce genre de facilités sémantiques, accolées à des romans qui sont bons, voire tout simplement honnêtes sans être remarquables, labyrinthiques ou même harmonieux dans leurs méandres. 2084 est l'un de ces romans réussis, mais cela ne suffit pas, du moins à mes yeux, à faire de lui l'illustration d'un roman total, qualificatif fourre-tout que nous pourrions par exemple réserver au Manuscrit trouvé à Saragosse de Jean Potocki ou à l'univers imaginé par Tolkien dans ses différents textes, sans parler de la série de Franck Herbert prolongeant le chef-d’œuvre qu'est Dune.

Le genre romanesque auquel appartient 2084 est assez difficile à définir. Son sous-titre, La fin du monde, nous aiguillerait vers un classique récit d'anticipation, mais il faut remarquer que ce sous-titre est constamment infirmé par le développement même de l'histoire racontée par Boualem Sansal : aucune fin du monde dans son roman, et peut-être même, bien au contraire, une mystérieuse possibilité de victoire. Commençant sa lecture, étant frappé par une temporalité légendaire (cf. p. 183) qui semble dans le roman comme figée (1) ou qui s'écoule en tout cas avec une belle majesté, toute orientale, j'ai immédiatement pensé à des exemples tels que En attendant les barbares de J. M. Coetzee, Le désert des Tartares de Dino Buzzati, Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq ou encore Sur les falaises de marbre d'Ernst Jünger. Boualem Sansal, comme ces écrivains, a inventé un univers cohérent avec ses coutumes, son organisation (cf. pp. 83, 85), son histoire (cf. p. 154), sa structure étatique planétaire, sorte d'immense Trantor poussiéreuse et sale, grouillante d'hommes, œcumenopole islamique tout entière gouvernée par Abi, délégué de Yölah sur une Terre ravagée par plusieurs conflits, y compris nucléaires. Nombre d'indices temporels visent ainsi à nous faire croire que l'Abistan est notre futur, ce qui, d'une certaine façon, est sans doute vrai, mais point tout à fait juste dans l'économie littéraire proprement dite de 2084.

En effet, c'est presque à la fin du roman, à la page 260, que l'un des personnages, donnant un cours d'histoire (voire de préhistoire islamique !) au naïf Ati, affirme, à propos d'une langue ancienne ayant été supplantée par l'abilang : «Comme elle inclinait à la poésie et à la rhétorique, elle a été effacée de l'Abistan, on lui a préféré l'abilang, il force au devoir et à la stricte obéissance. Sa conception s'inspire de la novlangue de l'Angsoc. Lorsque nous occupâmes ce pays, nos dirigeants de l'époque ont découvert que son extraordinaire système politique reposait non pas seulement sur les armes mais sur la puissance phénoménale de sa langue, la novlangue, une langue inventée en laboratoire qui avait le pouvoir d'annihiler chez le locuteur la volonté et la curiosité» (2). Nous apprenons que les chefs historiques de l'Abistan ont ajouté trois principes à ceux qui fondaient le «système politique de l'Angsoc», que je rappelle : La guerre c'est la paix, La liberté c'est l'esclavage, L'ignorance c'est la force, à savoir, donc : La mort c'est la vie, Le mensonge c'est la vérité et La logique c'est l'absurde.

2084 est donc un texte d'un genre particulier, une sorte d'uchronie (3) qui aurait pour ancêtre déclaré un autre texte uchronique, ô combien célèbre, d'ailleurs directement mentionné dans notre roman, et par deux références transparentes et ironiques (cf. pp. 32 et 42) ! Cet effet est du reste intéressant, car il permet à l'auteur de porter sa critique au sein même du monde occidental, décrit comme étant contrôlé par le novlangue, l'arme finalement la plus destructrice qui sera sortie de son imagination.
 

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C'est d'ailleurs cette thématique d'une langue viciée, réduite à sa plus fonctionnelle pauvreté à des fins de contrôle politique, sorte de grammaire de la soumission par opposition à la grammaire de l'assentiment du grand John Henry Newman, qui me semble constituer l'aspect le plus intéressant du roman de Boualem Sansal. Comme le novlangue, l'abistan, que l'auteur écrit toujours en italiques, veut faire table rase du passé, car «il fallait tout renommer, tout réécrire, de sorte que la vie nouvelle ne soit d'aucune manière entachée par l'Histoire passée désormais caduque, effacée comme n'ayant jamais existé» (p. 22) et encore : «Pour les générations de la Nouvelle Ère, les dates, le calendrier, l'Histoire n'avaient pas d'importance, pas plus que l'empreinte du vent dans le ciel, le présent est éternel, aujourd'hui est toujours là» (p. 23), et c'est effectivement un temps figé que, je l'ai dit, évoque l'écrivain d'assez belle façon.

L'éradication du passé n'est point chose aisée, et le recours à une langue strictement mécanique, fonctionnelle, fonctionnarisée peut aider et accélérer le processus de décérébration, d'appauvrissement de la mémoire : comment une chose existerait-elle si aucun mot ne la nomme et ne lui donne consistance et être ? : «Sans témoins pour la raconter, l'Histoire n'existe pas», car il n'y a finalement personne pour «amorcer le récit pour que d'autres le terminent» (p. 26). Il est pour le moins étrange que, dans ce cas, aucun témoin n'existe de ce qu'aura découvert Ati, une fois qu'il aura constitué la pièce essentielle d'une diabolique machination comparable à «une pièce d'horlogerie capable de donner à chacun l'heure exacte de sa mort» (p. 228).

Si la langue s'appauvrit au cours des années, elle finira par ne plus rien nommer, comme le novlangue, et ce sera alors la mort, la prostration, une immense Machine qui continuera à ourdir ses trames sans le moindre repos ou faiblesse («L'Appareil allait parfois trop loin dans la manip, il faisait n'importe quoi, jusqu'à s'inventer de faux ennemis qu'il s'épuisait ensuite à dénicher pour, au bout du compte, éliminer ses propres amis», p. 28), fantôme d'acier survivant, mais pour quel but ?, dans un univers désolé, immobile, mort : «Révolte contre quoi, contre qui, [Ati] ne pouvait l'imaginer; dans un monde immobile, il n'y a pas de compréhension possible, on ne sait que si on entre en révolte, contre soi-même, contre l'empire, contre Dieu, et de cela personne n'était capable, mais aussi comment bouger dans un monde figé ?» (p. 38).

Se déplacer, bouger. Ce sera le sens de la révolte d'Ati que de parvenir à retisser la chaîne d'or qui le relie au passé, afin de comprendre que l'Abistan n'a pas existé de toute éternité et qu'une frontière, la Frontière même qu'il s'agit de trouver (et qu'Ati, peut-être, a trouvée, comme nous le suggèrent les toutes dernières lignes du roman) relie le monde immobile de l'Abistan englué dans un appareil étatique surpuissant à la possibilité d'une île, d'un îlot de pureté houellebecquien ou même dickien, bien que la vérité jamais n'éclate dans les romans de Dick : «Il n'empêche, ce que l'un a vu, entrevu, rêvé seulement, un autre, plus tard, ailleurs, le verra, l'entreverra, le pensera, et peut-être celui-là réussira-t-il à le tirer à la lumière de manière que chacun le voie et entre en révolte contre le mort qui le squatte» (p. 41). Ce verbe appartient à un registre de langue assez peu soutenu, qui surprend dans un texte à l'écriture fluide, et ce n'est pas la seule maladresse de Boualem Sansal, qui ose même l'improbable et très laide expression «Tout était visible de chez prévisible», p. 250).

Il s'agit bel et bien de dissiper les apparences, comme chez Dick, et de trouver la vérité : de s'extraire de cette dialectique infernale «où la soumission et la révolte sont dans un rapport amoureux» (p. 51), car c'est bien de «l'autre côté [que] nous verrons ce [que les frontières] interdisaient au moyen d'une si longue et si parfaite machination et nous saurons, avec effroi ou bonheur, qui nous sommes et quel monde était le nôtre» (p. 59).

Si le novlangue est une langue réduite à son épure ectoplasmique, l'abilang est «la langue sacrée enseignée par Yölah à Abi afin d'unir les croyants dans une nation, les autres langues, fruits de la contingence, éta[nt] oiseuses», qui «séparaient les hommes, les enfermaient dans le particulier, corrompaient leur âme par l'invention et la menterie» (p. 64). La langue unique serait un cauchemar, comme le supposait ainsi un commentateur évoquant le mythe de la tour de Babel, chance pour l'humanité et non plus catastrophe à ses yeux, selon l'interprétation classique : «On rappelle néanmoins, par le fait que le nom propre de Babel semble en apparence «motivé», ce que pouvait être la langue une qu’on a fuie – l’infernal cauchemar d’une langue totalement motivée, sans noms propres, sans identité possible, donc» (4).

Ati est aussi naïf je l'ai dit que son créateur, lui, est renseigné, un peu trop même, car les prises de position de Boualem Sansal ne sont pas franchement discrètes, ni peu nombreuses (5), alors que la critique de l'Abistan est à nos yeux infiniment plus fine lorsqu'elle est diffractée par la seule mention des caractéristiques et du rôle de l'abilang, langue sacrée et non langue mécanicisée, du moins à en croire ses thuriféraires : «Chacun par son chemin était arrivé à l'idée que l'abilang n'était pas une langue de communication comme les autres puisque les mots qui connectaient les gens passaient par le module de la religion, qui les vidait de leur sens intrinsèque et les chargeait d'un message infiniment bouleversant, la parole de Yölah, et qu'en cela elle était une réserve d'énergie colossale qui émettait des flux ioniques de portée cosmique, agissant sur les univers et les mondes mais aussi sur les cellules, les gènes et les molécules de l'individu, qu'ils transformaient et polarisaient selon le schéma originel» (p. 94).

41+kSKIGybL._SX301_BO1,204,203,200_.jpgC'est sans doute la plus grande originalité de Boualem Sansal que d'avoir imaginé une espèce de novlangue irrigué par le sacré, à la différence du langage vicié, étique, détaillé par George Orwell : «Ati et Koa croyaient à ceci, qu'en transmettant la religion à l'homme la langue sacrée le changeait fondamentalement, pas seulement dans ses idées, ses goûts et ses petites habitudes mais dans son corps en entier, son regard et sa façon de respirer, afin que l'humain qui était en lui disparaisse et que le croyant né de sa ruine se fonde corps et âme dans la nouvelle communauté» (p. 95). Ainsi l'abilang ne poursuit-il qu'un seul but, qui est de destruction : «Elle ne parlait pas à l'esprit, elle le désintégrait, et de ce qu'il restait (un précipité visqueux) elle faisait de bons croyants amorphes ou d'absurdes homoncules» (p. 96).

Langue sacrée, il est remarquable, et peut-être même assez paradoxal si l'on considère que l'essence même du sacré vise un dépassement, une ouverture, une transcendance, que l'abilang fonctionne en respectant les mêmes principes, de réduction, que le novlangue, comme l'explique Boualem Sansal : «Si d'aucun avaient pensé qu'avec le temps et le mûrissement des civilisations les langues s'allongeraient, gagneraient en signification et en syllabes, voilà tout le contraire : elles avaient raccourci, rapetissé, s'étaient réduites à des collections d'onomatopées et d'exclamations, au demeurant peu fournies, qui sonnaient comme cris et râles primitifs, ce qui ne permettait aucunement de développer des pensées complexes et d'accéder par ce chemin à des univers supérieurs» (p. 103).

En outre, l'un et l'autre de ces deux langages totalitaires sont fondés sur l'imposture selon laquelle l'Empire, l'Appareil ne peut qu'être toujours en guerre, et d'abord, donc, contre toute forme de conscience individuelle (cf. p. 194) : «Pour que les gens croient et s'accrochent désespérément à leur foi, il faut la guerre, une vraie guerre, qui fait des morts en nombre et qui ne cesse jamais, et un ennemi qu'on ne voit pas ou qu'on voit partout sans le voir nulle part» (p. 105), mais aussi, nous l'avons vu, contre le passé : «Depuis la formation de l'Abistan, les noms de lieux, de gens et de choses des époques antérieures ont été bannis, de même que les langues, les traditions et le reste, c'est la loi» (p. 127).

Il s'agit, par le truchement d'une langue sacrée bien que réduite et même militaire (cf. p. 204) et dont le processus de formation et de fonctionnement nous est détaillé (cf. p. 238), de provoquer un état de soumission, l'un des mots les plus répétés par Boualem Sansal (cf. pp. 156, 161 (6)) qui ne l'aime visiblement pas, état de soumission qui sera brisé par le retour du refoulé dirait quelque lecteur freudien, à savoir le passé honni, annihilé matérialisé sous les yeux d'Ati par la découverte, stupéfiante, d'objets, de bibelots, et même de livres comme dans 1984 et, bien sûr, des mots correspondant à ces réalités pieusement conservées par le puissant Toz (cf. p. 166) au rôle trouble.

Dès lors, se mettre en mouvement du sanatorium de Sîn jusqu'à Qodsabad l'immense, la Cité de Dieu et le siège de l'Abigouv, est pour Ati accomplir une quête qui sera symbolisée et résumée par son déplacement tout au long de l'étrange musée de Toz, qui résume une vie humaine, de l'enfance jusqu'à la mort, l'entrée et la sortie du musée matérialisant, par le vide du décor, ce qui précède et suit notre existence, le vide. C'est aussi se mettre en branle contre «la soumission à l'ignorance sanctifiée comme réponse à la violence intrinsèque du vide, et, poussant la servitude jusqu'à la négation de soi, l'autodestruction pure et simple» (p. 247). C'est en somme oser un acte véritablement réactionnaire, en réaction contre l'immobilisme dans lequel les habitants de l'Abistan sont enfermés, sans doute à jamais selon l'auteur : «L'air de rien, il s'ouvrit un chemin interdit et s'y engagea à fond. Il n'y en avait qu'un en vérité, celui qui remontait le temps» (p. 248).
Nous ne savons pas quel est le sort d'Ati car, une fois encore, l'écriture de Boualem Sansal s'enfonce dans une temporalité mythique et, pourquoi pas même, dans le fantastique, le personnage disparaissant purement et simplement aux yeux des Abistanais, peut-être parce qu'il a enfin réussi à traverser cette Frontière derrière laquelle, comme dans le village découvert par l'archéologue Nas et qui aura déclenché la trame complexe de l'intrigue, des hommes ont réussi à vivre dans «une communauté qui avait expérimenté là une façon de vivre et de s'administrer réglée sur le libre arbitre de chacun» (p. 253), unique refuge, dernière île peut-être «qui échappe encore à la juridiction de l'Abistan» (p. 256), comme si l'un des personnages de Philip K. Dick ou même de Michel Houellebecq était parvenu à découvrir la Vérité et s'extirper ainsi de l'hypnose provoqué par le Gkabul (cf. p. 248), le seul texte sacré ayant droit de cité, pour se transporter au-delà des faux univers tournant sans fin dans le vide comme une noria de mots perclus, soumis, morts. Mais ce n'est peut-être là qu'un nouveau leurre, et, après tout, seul Ati a réussi à s'échapper, tant Boualem Sansal est pessimiste, et ne semble absolument pas croire à la possibilité qu'un ferment de liberté se lève et grossisse au sein même de l'Abistan, notre futur selon ses dires.

Notes

(1) «Les caravaniers attendaient des ordres qui ne venaient pas, les camions attendaient des pièces de rechange introuvables, les trains attendaient que la voie soit rétablie et la loco ranimée. Et quand tout était fin prêt, se posait la question des machinistes et des guides, il fallait rapidement se lancer à leur recherche puis patienter» (p. 66).

(2) Notons que c'est par erreur qu'il est écrit la novlangue, alors que le texte de George Orwell, dans sa traduction française, donne le. Faut-il demander aux relecteurs de Gallimard de connaître, a minima, des textes qui ont été édités par la maison qui les embauche ?

(3) Sorte d'uchronie ou bien uchronie impure, car, comme je l'ai dit, le roman de Boualem Sansal s'efforce, par de nombreux détails, d'inscrire l'histoire d'Ati traversant l'Abistan dans notre propre futur, comme par exemple en évoquant un «antique, prestigieux et gigantesque musée appelé Louvre ou Loufre, qui avait été saccagé et rasé lors de la première Grande Guerre sainte et l'annexion par l'Abistan de la Lig, les Hautes Régions Unies du Nord» (p. 240). La page 250 comporte, ainsi, une chronologie des événements antérieurs à la fondation de l'Abistan. Il ne peut s'agir en revanche, au sens strict du terme, d'une utopie, puisque c'est bien de la Terre qu'il s'agit, une fois qu'elle a été ravagée par «la Grande Guerre sainte» appelée «le Char» (p. 20).

(4) Pierre Bouretz, Marc de Launay, Jean-Louis Schefer, La tour de Babel (Desclée de Brouwer, 2003), p. 128.

(5) «C'est son regard qui attira celui d'Ati, c'était le regard d'un homme qui, comme lui, avait fait la perturbante découverte que la religion peut se bâtir sur le contraire de la vérité et devenir de ce fait la gardienne du mensonge originel» (p. 74). D'autres exemples pourraient être cités, comme lorsque par exemple l'auteur évoque «l'écrasement de l'homme par la religion» et exalte la révolte (cf. p. 81).

(6) «Voilà un temps immémorial que l'esprit de jugement et de révolte a disparu de la terre, il a été éradiqué, ne reste flottant au-dessus des marécages que l'âme pourrie de la soumission et de l'intrigue...» (p. 193). Notons encore qu'«acceptation, Gkabul en abilang, était d'ailleurs le nom de la sainte religion de l'Abistan» (pp. 42-3).