dimanche, 24 février 2019
Nouveau numéro de SOLARIA !
Nouveau numéro de SOLARIA !
Au sommaire:
Mythologies indo-européennes : DANS L'HISTOIRE DE LA TRIFONCTIONNALITÉ,
LA TROISIÈME EST À LA UNE
Tradition : BALDR ET L'ÂGE D'OR
Poème : SOUS LE SOLEIL AZTÈQUE
Tradition : LES ÉPICLÈSES D'APOLLON (IV)
Plus nos rubriques habituelles: Héliothèque (Livres, Revues, CD, DVD), Vents Solaires, Plumes Solaires, Cadeaux...
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Cosmos russe contre Espace américain
Cosmos russe contre Espace américain
Source: http://www.katehon.com
Le 12 avril, la Russie célèbre le Jour de la Cosmonautique. Le premier vol habité dans l’espace eut lieu en 1961 avec le cosmonaute russe Youri Gagarine. Les USA répondirent au programme spatial soviétique en créant l’ARPANET, qui posa les fondations de l’Internet. En fait, nous pouvons voir dans cette course à la supériorité davantage qu’une compétition technologique avec des slogans idéologiques.
Le terme « cosmos », qui est principalement utilisé en Russie, vient du grec est signifie « ordre ». En anglais, le mot « espace » est lié à l’idée d’expansion, c’est-à-dire un domaine qui est regardé comme le prochain pas pour conquérir la terre, la mer et l’air.
Les vols spatiaux introduisirent la cosmocratie dans la géopolitique, et à la fin du XXe siècle le Professeur d’Etudes Militaires Comparatives à l’Ecole d’Etudes aériennes/spatiales Avancées de l’US Air Force, Everett Dolman, suggéra l’introduction du terme « astropolitique ». Il dit : « La société doit considérer la conquête de l’espace comme un impératif moral, nécessaire pour la survie de la race humaine, et doit aussi se percevoir comme la mieux équipée pour dominer cette sphère (…) ». Il ne parle pas de la race humaine abstraite, mais de sa sous-espèce anglo-saxonne, formée après le combat contre les autres sur les vastes champs de la Terre. Ceci est connu sous le nom d’« esprit de la frontière », louangé par Frederick Jackson Turner à la fin du XIXe siècle, et s’élevant aujourd’hui jusqu’aux hauteurs stellaires. Si à l’époque des pionniers l’« esprit de la Frontière » prétendait détruire des tribus indiennes, maintenant les USA sont capables de répéter cette expérience au niveau spatial. Ce n’est pas du tout par hasard que les USA créèrent la série de la « Guerre des Etoiles » et d’autres films de science-fiction classiques et célèbres comme « Avatar » ; c’est un autre retour de l’Inconscient Collectif des porteurs de d’« esprit de la Frontière », réintroduit sous une forme moderne et équipé de méthodes de manipulation culturelle-informationnelle.
Les USA tentent de transformer ces fantaisies en réalité ; même leurs stratégies sont souvent approuvées par la recherche scientifique et le globalisme optimiste.
Le 22 avril 2010, le colonel de l’US Army et mainteneur Timothy Creamer, avec ses collègues à bord de l’ISS (ses membres étaient l’autre Américain – le capitaine, deux mainteneurs russes, et un Japonais) envoya un message à la Terre en utilisant Twitter.
Leur premier tweet dans l’espace était tout à fait inoffensif pour tous les utilisateurs de twitter : « Hello Twitterverse ! Nous sommes maintenant en train de twitter depuis la Station Spatiale Internationale – le premier tweet en temps réel depuis l’Espace ! A bientôt ».
Souvenons-nous que Twitter fut activement utilisé dans les émeutes massives en Iran en 2009, et la même année en Moldavie les manifestations furent appelées la « Twitter Revolution ».
L’autre morceau de la cosmocratie est la base du contrôle de l’espace extérieur. Le réseau américain de contrôle de l’espace extérieur est situé sur tous les continents et îles. Son but est de stimuler la conscience situationnelle comme l’un des principaux éléments de la guerre de réseau. D’après l’armée américaine, cela permettra aux USA d’atteindre une supériorité spatiale complète et d’« empêcher un Pearl Harbor spatial ». L’élite scientifique américaine décrit cela d’une manière plus délicate : détecter et traquer les objets spatiaux tels que les satellites et les débris orbitaux. L’ancien astronaute et général de l’US Air Force, directeur du Commandement Stratégique, Kevin Hilton, dit que la question des débris spatiaux est hors de contrôle : il y a en orbite autour de la Terre plus de 15.000 débris et morceaux de satellites et autres objets spatiaux. « On estime que ce nombre pourrait monter jusqu’à un total de 50.000 dans un futur pas très éloigné », a-t-il dit, et il a appelé les autres pays à coopérer pour résoudre ce problème.
Il est intéressant de savoir que l’idée d’utiliser l’espace pour stocker les déchets fut proposée à la fois par l’URSS et par les USA. En 1959, le scientifique soviétique Kapitsa proposa d’envoyer les déchets nucléaires dans l’espace. En 1972, Schlesinger proposa de faire la même chose en utilisant une navette réutilisable. Cette question demeure non-résolue aujourd’hui.
Cependant, la militarisation de l’espace est toujours un grave problème. Au milieu des années 2000, le Pentagone a défini de nouveaux objectifs dans ce domaine : création d’une arme aérienne anti-satellite, de systèmes de satellites de télécommunication, de lasers aériens et spatiaux, de vaisseaux d’études de l’espace profond, et de cargos spatiaux plus puissants. Des satellites avec divers moyens de surveillance furent lancés, et des systèmes laser furent créés.
George Friedman, dans son livre The Next 100 Years, dit que bientôt le but du contrôle militaire et politique de l’espace sera la mise en œuvre de satellites portant des armes de destruction massive. La miniaturisation des armes et de divers systèmes automatiques est en cours de réalisation. Les experts disent que bientôt les nouveaux nano- et pico-satellites auront un diamètre de 10 centimètres environ.
Cela a provoqué une réponse : Vladimir Poutine a appelé à la prévention d’un espace extérieur militarisé, et a été appuyé par l’Assemblée Générale des Nations Unies, qui a adopté une résolution nommée Coopération internationale dans l’usage pacifique de l’espace extérieur. Cependant, du fait de la création de son système d’armes de destruction massive (WMD), les USA ont refusé de signer le document, et accusent maintenant les autres Etats de militarisation de l’espace.
Les USA ont maintenant montré la faiblesse de leur propre programme spatial (par exemple, la dépendance vis-à-vis des moteurs de fusées russes), et la Russie, au contraire, revendique le statut de puissance spatiale. Un nouveau cosmodrome [1] sera bientôt terminé, et bientôt les premiers satellites seront envoyés en orbite.
Ainsi, dans le contexte de l’astropolitique, la thèse d’Emmanuel Kant sur « le ciel étoilé au-dessus de nous et la loi morale au-dedans de nous » est à nouveau devenue urgente.
[1] Il s’agit du nouveau cosmodrome de Vostochny, dans l’Extrême-Orient russe, près du fleuve Amour. Un premier lancement de fusée a été effectué le 28 avril 2016. (NDT)
17:21 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, cosmos, états-unis, espace | |
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Introduction à "World State of Emergency" de Jason Reza Jorjani
Introduction à "World State of Emergency" de Jason Reza Jorjani
World State of Emergency
Jason Reza Jorjani
Arktos, London 2017
Inexorablement, avec hésitation, terrible comme le destin, la grande tâche et question approche : comment la terre dans son ensemble sera-t-elle gouvernée ? Et à quelle fin l’« homme » dans sa totalité – et plus comme un peuple ni une race – sera-t-il élevé et formé ?
--- Friedrich Nietzsche, La Volonté de puissance.
INTRODUCTION
(extraits)
Apocalypse. Dans son sens grec originel, le mot signifie « révélation ». Au cours des prochaines décennies, en l’espace d’une génération, certaines avancées technologiques convergentes révéleront quelque chose de profond sur l’existence humaine. La biotechnologie, la robotique, la réalité virtuelle, et le besoin de rechercher de l’énergie sur notre Lune après le pic pétrolier, convergeront dans des approches se renforçant mutuellement et qui feront éclater le cadre fondamental de nos sociétés. Ce n’est pas une question de changement progressif. L’apocalypse technologique dans laquelle nous entrons est une singularité qui amènera une transformation qualitative dans notre manière d’être. Les systèmes sociopolitiques occidentaux modernes comme les droits humains universels et la démocratie libérale sont tristement inadéquats pour faire face aux défis posés par ces développements.
L’apocalypse technologique représente un état d’urgence mondial, qui est mon concept pour un état d’urgence d’ampleur mondiale qui demande aussi l’établissement d’un Etat mondial. Une analyse de l’incohérence interne des droits humains universels et de la démocratie libérale, spécialement à la lumière des implications sociétales et géopolitiques des technologies, révèle qu’ils ne sont pas des concepts politiques appropriés pour fonder cet Etat mondial. L’urgence planétaire demande plutôt une unification sociopolitique à l’échelle mondiale sur la base d’une tradition profondément enracinée avec un potentiel évolutionnaire maximal. Cet héritage vivant qui doit former l’éthos ou l’ordre constitutionnel de l’Etat mondial post-national, à un niveau existentiel, est la tradition aryenne ou indo-européenne partagée par la majorité des grandes nations de la Terre – de l’Europe et des Amériques jusqu’à l’Eurasie, le Grand Iran ou monde persan, l’Inde hindoue, et l’Orient bouddhiste.
Le terme Aryen (ou Airyânâ, Irân, ou Erin) signifie littéralement « bien mis ensemble » ou « finement forgé », en d’autres mots « habilement fait », et « noble » seulement d’une manière dérivative pour cette raison. Ce fut peut-être un terme que d’autres appliquèrent d’abord aux Indo-Européens ou que ces derniers adoptèrent après leur rencontre avec des cultures qui manquaient complètement de leur maîtrise des arts manuels et de leur génie industrieux. Le terme Aryen est également associé au bon chemin vers la Sagesse ou Prajnâ dans le Buddha Dharma. Le nom natif du bouddhisme, choisi par Siddhârta Gautama lui-même, est Âryâ Ashtangâ Marga ou « Octuple Sentier aryen », qui est fondamentalement basé sur les Âryâ Chatvâri Satyâni ou « Quatre Vérités aryennes » (souvent traduit par « Quatre Nobles Vérités »). Le principal symbole du Dharma, dans ses variétés bouddhistes aussi bien qu’hindoues, est bien sûr le Swastikâ.
L’Ordre Mondial indo-européen est l’une des trois formes possibles que l’Etat mondial peut prendre. Les deux autres sont une hégémonie planétaire chinoise, probablement sous l’apparence de l’Organisation de Coopération de Shanghai ([SCO], et le premier Califat islamique vraiment mondial, qu’il évolue à partir de l’actuel Etat Islamique et d’Al-Qaïda ou à partir de quelque autre mouvement musulman transnational plus modéré mais bien plus dangereux qui remplacerait ces groupes. Bien que ces trois blocs géopolitiques aient à peine commencé à se reconnaître eux-mêmes, en particulier celui des Indo-Européens, ils sont déjà mutuellement engagés dans une Troisième Guerre mondiale. Cette bataille géopolitique finale et absolument décisive sera aussi connue comme la Plus Longue Guerre. C’est en partie parce que, à la différence des première et seconde guerres mondiales, la troisième est un choc de civilisations plutôt qu’un conflit entre Etats-nations. C’est la guerre qui nous mènera au-delà de l’Etat-nation comme unité de base de l’organisation politique. Le Système International des Nations Unies formé à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme comme Magna Carta, est voué à être déconstruit par le genre de guerre civilisationnelle qui a commencé le 11 septembre 2001.
C’est le sujet de mon premier chapitre. Il dit que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (UDHR) est intérieurement incohérente et se sape elle-même. En établissant une liberté de religion sans réserve comme l’un des principaux droits humains avec une applicabilité universelle, les rédacteurs dédaignèrent la possibilité qu’une « majorité morale » dans un pays particulier pourrait utiliser les préceptes fondamentaux de sa religion comme une base pour nier les droits humains putatifs des minorités dissidentes. En se basant sur une philosophie politique des Lumières européennes, les fondateurs des Nations Unies ne virent pas qu’une certaine religion, comme l’islam, peut entrer en conflit avec certains des plus importants droits humains que ces gentlemen voudraient croire universels, tout en étant une religion qui s’affirme tout à fait consciemment comme fermée à la réforme ou à l’évolution progressive.
Samuel Huntington dit que dans le « choc des civilisations », la religion est plus déterminante que les idéologies politiques laïques. En tant que principal antagoniste dans ce choc civilisationnel, l’Oumma musulmane mondiale est en possession d’une religion dont le livre saint est aussi une constitution politique cohérente. Bien qu’ayant été « révélés » dans l’Arabie du VIIe siècle, beaucoup d’articles de cette constitution, incluant ceux qui sont les plus répugnants pour les défenseurs des droits humains universels, ne peuvent pas être amendés. Je le dis très clairement. Un Ordre Mondial islamique ou Califat Mondial est un ordre où les femmes, à l’échelle mondiale, seront légalement subordonnées aux hommes et auront très peu de droits, un ordre où l’esclavage sera légalisé ; la dissidence religieuse et intellectuelle sera criminalisée, les minorités seront obligées de payer un tribut, et les voleurs ordinaires subiront des punitions draconiennes comme l’amputation.
Il est important de se rappeler que l’islam n’a même pas besoin de conquérir le monde par la force des armes. Sa conquête de la Terre par la seule démographie est presque assurée. Dans la dernière partie de ce siècle, les musulmans auront une majorité décisive sur cette planète. Cela nous amène à la question de la globalisation de la démocratie, le sujet du chapitre 2. En se basant sur les tendances démographiques actuelles, en 2075 une démocratie globale signifiera un Etat mondial islamique. Point-barre. Je dis que cela montre à quel point la démocratie libérale est incohérente. Le libéralisme est une idéologie politique européenne distincte qui peut facilement être séparée de la démocratie.
En fait, la démocratie eut des racines extrêmement conservatrices et autoritaires, dans la Grèce classique et lorsqu’elle fut remise à l’honneur par Jean-Jacques Rousseau au début de l’ère moderne comme antidote romantique aux théories rationalistes des Droits Naturels (c’est-à-dire les Droits Humains). Les Grecs classiques aussi bien que Rousseau reconnurent que les besoins religieux doivent être la base de la volonté générale qui constitue d’une manière cohésive le pouvoir décisionnaire souverain d’un régime politique. Rousseau fit même l’éloge de l’islam comme étant le meilleur type de « religion civique » précisément parce que, à la différence du christianisme, dans son fondement même il refuse de reconnaître toute séparation entre l’autorité religieuse et l’autorité politique laïque. Cependant, le libéralisme, parfaitement illustré dans sa forme la plus pure par John Stuart Mill, défend une neutralité de l’Etat fausse et intenable concernant le choix personnel des citoyens à vivre leur vie de la manière qu’ils veulent. Je montre que Mill, d’une manière caractéristique des libéraux, glisse vers des préjugés culturels injustifiés concernant les sortes de conduites individuelles qui sont acceptables dans une société libérale ou libre. Son « principe de tort » est mal défini et motivé par une tentative malencontreuse de forger un ordre politique qui rejette l’ethos civilisationnel et l’identité collective. L’individualisme radical libéral est certainement radicalement anti-démocratique.
Carl Schmitt analysa le conflit entre le libéralisme et la démocratie comme faisant partie de sa formulation de ce qu’il appelait « le concept du politique ». D’après Schmitt, les libéraux et les démocrates confondent le politique avec l’économique et les autres structures sociales, alors que le politique en tant que tel n’est pas ouvert à des débats et à des négociations sans fin et n’est pas non plus une question de préférence personnelle. Le concept même du politique concerne celui qui a le pouvoir de prendre une décision souveraine sur la vie et la mort de ceux qui sont à l’intérieur de l’Etat. Pendant un état d’urgence ou d’exception, la constitution écrite d’un Etat est suspendue et le Parlement ne peut pas tenir de débat sur ce qu’il convient de faire. Cet état d’urgence révèle non seulement qui est le souverain, mais aussi sur quelles bases il prend des décisions affectant la vie et les biens de ses sujets. Dans la mesure où cette prise de décision est efficace, elle révèle la vraie constitution existentielle ou ethos de son peuple. Celui-ci sous-tend la constitution écrite et est la base de l’acceptation au moins tacite par son peuple de ses ordres même s’ils violent la constitution légale plus superficielle et dérivative. Une telle crise peut finir par la restauration de l’ordre légal établi, mais l’état d’urgence peut aussi être un état d’urgence où un nouvel ordre constitutionnel se révèle comme un reflet plus fidèle de l’esprit d’un peuple qui parvient à se renouveler.
Au cœur de la prise de décision souveraine durant l’état d’urgence se trouve la détermination de l’Ami et de l’Ennemi. Carl Schmitt dit que le souverain est la personne ou le conseil qui peut effectivement décider, dans une situation d’urgence, qui sont les « siens », qui sont les amis ou les alliés, et qui est l’ennemi, même si cet ennemi est à l’intérieur des frontières. Les lignes sur une carte ne définissent pas une nation. C’est l’ethos ou caractère existentiel d’une communauté historique mondiale qui le fait. Une nation peut s’étendre par-dessus de nombreuses frontières arbitraires tracées du fait d’une incapacité à saisir les distinctions politiques conceptuellement. Une telle nation peut avoir un ou plusieurs ennemis parmi elle – des ennemis qui menacent son ordre constitutionnel à un niveau existentiel. En accord avec cette analyse, Schmitt pensait qu’il ne pourrait jamais y avoir un Etat mondial unique et que toute tentative d’en appeler à une « humanité commune » comme concept politique était une tromperie, parce que l’Humanité-dans-son-ensemble n’a pas d’ennemi concret. Ce qui est pire est que le discours universaliste sur les droits politiques de l’Humanité ou sur une démocratie universelle diabolise en réalité tous ces humains qui, sur la base de leurs propres cultures, rejettent ce discours. Schmitt considérait que cet impérialisme planétaire des Humanistes était l’idéologie la plus tyranniquement inhumaine, et que celle-ci avait été illustrée, à son époque, par l’OTAN aussi bien que par l’Union soviétique.
Cependant, tout à la fin de sa vie, Schmitt commença à reconsidérer cette position. Il le fit en pensant que les développements technologiques spectaculaires qu’il constatait pourraient être considérés comme quelque chose ressemblant à une menace pour toute l’humanité. Pour lui, les principaux de ces développements était la prolifération des armes nucléaires miniaturisées à une époque de guerre de partisans déterritorialisée (c’est-à-dire le terrorisme transnational), et une militarisation de l’espace qui pour la première fois englobe et définit la Terre entière comme un théâtre de combat. Bien qu’il admettait que cela pourrait requérir de repenser le concept du politique, et sa distinction cruciale Ami-Ennemi, Schmitt n’eut jamais vraiment le temps ou l’énergie pour développer ces idées dans sa Théorie du Partisan. D’une certaine manière, ses derniers aperçus étaient aussi prématurés. C’est seulement maintenant, alors que nous faisons face à des développements technologiques qui pourraient nous permettre de modifier notre forme humaine d’incarnation, de nous perdre dans des simulacres spectaculaires, ou de faire face à une guerre interplanétaire contre quelque intelligence cybernétique post-humaine, que nous avons un contexte concret pour penser ce qui restait encore impensable pour Carl Schmitt, c’est-à-dire un état d’urgence mondial. Dans les chapitres 3 à 5 de ce livre, je montre qu’un certain nombre d’innovations technologiques requiert pour chacune une dimension mondiale de la décision souveraine, par souci de la simple survie de quelque chose de reconnaissable comme Humanité et pour éviter toutes sortes de futurs horriblement inhumains.
Le chapitre 3 traite des biotechnologies néo-eugénistes qui requièrent une réglementation mondiale. La biotechnologie nous offre toute une variété de potentiels pour promouvoir l’épanouissement humain. En utilisant la sélection des embryons, qui est un processus augmenté de fertilisation in-vitro lorsqu’on est capable de profiler les embryons qui sont ensuite réinsérés dans la matrice pour se développer, il est possible d’éliminer les maladies héréditaires. On sait aussi qu’il y a environ 15 points de différence de QI entre l’enfant le plus brillant que l’on pourrait avoir et celui qui aura le plus de difficulté à étudier diverses disciplines. Le QI peut être accru d’environ 15 points par génération, rien qu’en utilisant la sélection des embryons (sans modifier la structure génétique de l’embryon). Bien sûr, « intelligence » est un terme imprécisément défini. Mais il y a certains facteurs d’intelligence qui ont un lien avec la capacité d’apprendre la physique et de manipuler des mathématiques complexes, qui ont de très fortes corrélations génétiques. Il est très important que nous établissions un certain consensus concernant la manière dont cette technologie sera utilisée. Si nous devions avoir un accroissement de 15 points de QI par génération dans un seul pays ou une seule culture, cela introduirait un dangereux déséquilibre de puissance géopolitique.
En raison de l’histoire de l’eugénisme dans le monde occidental, les vues sur l’utilisation de cette technologie à des fins essentiellement néo-eugénistes sont largement négatives en Occident. Par comparaison, l’establishment scientifique, académique et politique chinois est presque à 100% favorable à l’utilisation des biotechnologies émergentes pour, par exemple, accroître le QI de sa population. Les facteurs spécifiques d’intelligence qui peuvent être manipulés par ce processus sont précisément ceux qui conduisent à des percées technologiques, qui historiquement, malheureusement, ont eu leurs premières manifestations dans la technologie militaire. Même dans un pays unique, si seuls les riches ont accès à ce genre de technologie, nous pourrions voir des disparités de classes se transformer en véritables distinctions de castes entre une aristocratie génétique et ceux qui ne sont pas aussi chanceux génétiquement.
Les implications sociétales sont encore plus importantes si nous pensons aux manipulations génétiques qui modifient réellement la structure de l’embryon. Nous pouvons augmenter la durée de vie. On a découvert que les souris qui avaient été génétiquement modifiées pour une durée de vie plus longue, ont aussi une morbidité plus courte – ce qui veut dire qu’à la fin de leur vie elles déclinent très rapidement au lieu de passer par un processus de vieillissement prolongé. Nous serions aussi capables de renforcer le physique. Les mêmes techniques qui furent initialement développées pour traiter la maladie de Lou Gehrig ont été appliquées dans le but de développer la masse musculaire et de diminuer les risques d’obésité. Ensuite, en termes de fonctionnement cognitif, il y a aussi des techniques de manipulation génétique qui furent développées initialement pour traiter l’Alzheimer et qui ont été utilisées pour augmenter la capacité de mémoire par un facteur de deux ou trois. Ces renforcements particuliers semblent très positifs, mais la manipulation génétique nous donne aussi la capacité de raccorder des gènes humains et animaux. Nous devrions vraiment nous demander si nous voulons créer une espèce hybride. Ce n’est pas une décision qui devrait être laissée à un seul pays ou à une seule culture, et encore moins à une grande entreprise opérant dans le libre marché global.
L’une des biotechnologies les plus controversées est le clonage humain. Même si nous devions avoir un consensus assez large pour dire que le clonage humain en vue de la reproduction de personnes identiques (en d’autres termes, la création d’un grand nombre de « jumeaux ») n’est pas une grande idée, le clonage humain fait implicitement partie de la sélection des embryons. Il arrive souvent que quand un embryon optimal est inséré dans la matrice pour se développer, l’implantation initiale échoue et une autre tentative doit être faite. Par conséquent, si l’on est déjà arrivé à un embryon optimal, le clonage de cet embryon un certain nombre de fois permet des tentatives répétées d’implantation. Puisque le clonage va faire partie de l’augmentation de la sélection des embryons (une forme plus acceptable de biotechnologie), il n’y a pas besoin de dire comment le clonage pourrait être utilisé si nous n’avons pas un système de réglementation efficace à l’échelle mondiale.
La pire chose qui pourrait arriver avec la biotechnologie, ce qui nous amène aussi dans le domaine de la robotique ou de la cybernétique, est qu’un certain pays ou une certaine civilisation pourrait décider unilatéralement de créer génétiquement une race d’esclaves. Les créateurs de ces robots biomécaniques pourraient trouver un moyen de nous convaincre que leurs créatures ne sont pas vraiment des êtres humains qui seraient porteurs de droits politiques. Le raccordement des gènes qui incorpore des éléments du génome d’autres animaux pourrait permettre à ces humanoïdes de travailler dans des conditions environnementales hostiles qui seraient difficiles à supporter pour des humains.
[…]
Malheureusement, l’émergence de cet Etat mondial profondément unifié par un ethos unique sera un processus violent. Ce n’est pas dire qu’il sera établi par la force arbitraire. C’est plutôt, tout à fait en conformité avec l’analyse de Carl Schmitt sur la vraie constitution d’un Etat, un peuple historique-mondial distinct qui subira une transformation alchimique dans le chaudron de l’apocalypse technologique et qui revendiquera son destin d’hégémonie planétaire. Face aux ennemis externes et internes incapables de guider la Terre d’une manière responsable à travers l’apocalypse technologique, la communauté indo-européenne se définira comme une nation souveraine de dimension planétaire ou même interplanétaire. Avec leur origine commune dans une ethnicité et une langue uniques, les Indo-Européens surgirent d’un heartland proto-iranien ou aryen en Ukraine (Scythie) et dans le Caucase pour former les civilisations européenne, iranienne, hindoue et bouddhiste. Ils continuèrent à s’influencer les uns les autres par l’intermédiaire de la nation quintessentiellement indo-européenne, l’Irân-Shahr ou Imperium Aryen (connu en Occident sous le nom d’« Empire perse »). Collectivement, leurs contributions aux religions mondiales, aux arts, à la philosophie, à la science et à la technologie établissent les Indo-Européens comme les candidats les plus viables pour former un Etat mondial à partir de l’urgence planétaire.
Les chapitres 6 et 7 se concentrent sur l’histoire et la culture des Indo-Européens, et disent que notre convergence en une seule civilisation de dimension planétaire peut devenir la base pour l’Etat mondial dont nous avons tellement besoin pour survivre à l’apocalypse technologique. L’alternative est l’intervention de l’Islam ou de la Chine pour sauver l’Humanité du génie prométhéen des Indo-Européens. Au lieu de cela, nous devrions maîtriser cet esprit faustien d’une manière qui évitera des monstruosités inhumaines et nous conduira dans un avenir d’épanouissement surhumain. Puisque, comme le comprend Samuel Huntington, l’Islam joue le rôle le plus catalytique dans le choc des civilisations, parmi toute la communauté indo-européenne l’Iran est la nation dont le rôle dans la Troisième Guerre mondiale sera le plus décisif pour notre avenir commun. En plus d’être le carrefour interculturel du monde indo-européen depuis plus de 3.000 ans, l’Irân-Shahr ou « Imperium Aryen » offre à l’Occident des principes et des valeurs qui ont déjà profondément influencé les siens et qui pourra catalyser une revitalisation culturelle après l’échec des concepts modernes comme la démocratie libérale et les droits humains universels.
Dans le septième et dernier chapitre, j’expose comment depuis 2012 un renouveau néo-zoroastrien connu sous le nom de Renaissance Iranienne s’est répandu dans le Grand Iran comme un feu de broussaille. Il est profondément significatif qu’en cela les Perses et les Kurdes sont les premiers des peuples aryens à avoir traversé toute la tradition religieuse abrahamique et à être ressortis de l’autre coté. L’Europe est seulement maintenant à la veille d’être conquise par l’Islam, alors que les Iraniens sont finalement en train de surmonter 1.400 ans de colonisation arabo-islamique oppressive qui s’est appropriée d’une manière parasite le génie persan dans les arts et les sciences. Partageant une longue frontière avec la Chine en Asie Centrale iranienne ou Khorasan, et étant située au cœur d’un Califat Islamique émergeant contrôlé par ISIL dans ses territoires de l’ouest et Al-Qaïda vers l’est, une renaissance du Grand Iran ou Irân-Shahr sera le fer de lance de la guerre pour un Ordre Mondial indo-européen.
Si nous sommes un jour capables de sortir et d’explorer le cosmos, si nous parvenons à traverser cette apocalypse technologique, nous découvrirons que l’état d’urgence mondial est survenu dans l’histoire de toutes les espèces intelligentes. Si les développements technologiques peuvent continuer au-delà de ce point, cela représente vraiment une sorte de singularité. La période avant lui et la période après lui seront incommensurables l’une avec l’autre. En ce sens, c’est une catastrophe classique. Un moment exceptionnel. Le temps approche où des technologies seront développées qui remettront en question la forme même de la vie d’une certaine espèce, et les membres de cette espèce doivent tenter collectivement de parvenir à une compréhension d’eux-mêmes qui leur permettra d’utiliser ces technologies pour obtenir un épanouissement de leur existence, plutôt qu’une dégradation. Que l’on soit prêt ou pas, le temps est venu de poser la question : « Qui parle pour la Terre ? ».
Copyright Arktos 2017.
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Le paradigme civilisationnel et ethnologique dans la géopolitique
Le paradigme civilisationnel et ethnologique dans la géopolitique
Source: http://www.katehon.com
Les sources du paradigme civilisationnel incluent deux groupes d’auteurs. Conventionnellement, ils peuvent être appelés philosophes sociaux et géopoliticiens.
Le premier groupe inclut les travaux de N.Y. Danilevsky, O. Spengler, et A. Toynbee. C’est surtout la compréhension sociale et philosophique du phénomène de la civilisation représente qui est l’objet de leur travail.
Le second groupe est formé de K. Haushofer et C. Schmitt. L’auteur S. Huntington peut aussi être ajouté à ce groupe. Ces auteurs ont davantage considéré la situation sous l’angle géopolitique.
Pour décrire la civilisation comme l’un des acteurs de la politique mondiale, les auteurs se réfèrent aux catégories suivantes : géo-civilisation, civilisation-Etat, et Etat-civilisation.
Par civilisation nous désignons un complexe d’organisations socioculturelles à plusieurs niveaux, fondé sur la base de certaines valeurs et occupant un territoire géographique particulier. Par civilisation-Etat nous désignons le phénomène par lequel les frontières politiques et socioculturelles coïncident. L’Inde et la Chine sont des exemples de tels civilisations-Etats. La géo-civilisation est un sujet de la politique mondiale. L’Etat-civilisation est une entité cherchant à devenir, sous forme d’un Empire, une alternative à l’Etat-nation moderne. Ici nous préférons utiliser la catégorie d’« Etat-civilisation » plutôt que celle de « géo-civilisation ». Cette catégorie est plus générale et se focalise sur l’embryon d’un nouvel Etat, différent de l’Etat-nation.
La disponibilité de la civilisation en tant que telle est l’une des conditions préalables les plus importantes pour la formation de l’Etat-civilisation.
Si nous regardons parmi les chercheurs russes, nous avons quatre approches principales dans l’analyse de la civilisation dans la géopolitique.
- L’approche évaluative (A. Dugin, S. Kiselyov, L. Ivashov). Ses représentants adoptent la base du système évaluatif. Cette approche est la plus commune. Cette position est typique d’A. Dugin. Pour lui, la civilisation est une vaste et stable région géographique et culturelle, unie par des valeurs spirituelles, des attitudes stylistiques et psychologiques et une expérience historique communes. La plupart de ces régions coïncident avec les frontières de la diffusion des grandes religions mondiales. La structure de la civilisation peut inclure plusieurs Etats, mais il y a des cas où les frontières des civilisations traversent des Etats particuliers, les divisant en plusieurs parties [1].
- L’approche « ethnologique » (V. Tsymbursky). Pour V. Tsymbursky, une civilisation est un groupe de nations contrôlées par l’Etat avec une région géographique suffisamment soulignée dans le scénario mondial. Au sommet de cela, elles fondent leur géopolitique sur la verticalité, religion ou idéologie [2]. La géopolitique civilisationnelle de V. Tsymbursky considère en premier lieu la relation entre le noyau et les peuples de la périphérie.
- L’approche « culturelle-géographique » (S. Khatuntsev). La formation des civilisations survient généralement sur un critère territorial. D’après S.V. Khatuntsev, les religions viennent et passent, alors que les espaces demeurent. Il considère la civilisation comme une communauté géoculturelle, qui émerge et opère parmi plusieurs « individus géographiques » existant sur notre planète – des « espaces de développement ». Avec cette théorie, S. Khatuntsev et V. Tsymbursky ne sont pas opposés au rôle de la religion dans la vie de la civilisation. Cette théorie critique simplement la thèse de son rôle définissant [3].
- L’approche « universaliste » (A. S. Panarin). Le représentant le plus important de cette approche est A.S. Panarin. Dans ses derniers travaux il tenta d’apporter une compréhension différente de la civilisation. Ce ne serait pas un type culturel-historique séparé, opposé aux autres mondes, mais quelque chose de mondial [4]. Malheureusement, A.S. Panarin n’étudie pas en détail le traitement de la civilisation, puisqu’il n’eut pas le temps de développer cette théorie. La vraie civilisation, selon cette logique, doit avoir un caractère non pas local mais mondial, offrant un concept universel pour une autre civilisation.
Gumiliev est souvent considéré comme le représentant le plus important de l’approche civilisationnelle. Son importante contribution au développement de ce paradigme est bien connue, ainsi que son rôle dans le développement de la stratégie civilisationnelle russe. Son nom figure même dans les livres de géopolitique.
En effet, il y a des éléments communs entre les idées de L. Gumilev et le paradigme civilisationnel.
Les groupes ethniques, selon L. Gumilev, diffèrent par leur auto-identification collective. Leur fonctionnement est associé à un paysage particulier, au-delà duquel ils ne tentent pas d’aller. Gumilev créa le concept de « super-ethnos ». Il le définit comme l’union de plusieurs nations, basée sur une conscience commune et une parenté spirituelle. Ce concept ressemble à une civilisation.
Les structures de l’ethnos et de la civilisation sont assez similaires. Nous pouvons distinguer sub-ethnos, ethnicité et super-ethnos. Ensuite, la civilisation et ses sub-civilisations constituantes. Plusieurs civilisations constituent la plus grande unité de civilisation : la méga-civilisation, caractérisée par une même origine.
Les groupes ethniques, comme les civilisations, passent par certains stades de développement, vivant à peu près le même temps de vie (mais pas toujours), environ 1.500 ans. La description par L. Gumilev de la dynamique ethnique coïncide avec les observations des représentants du paradigme civilisationnel en géopolitique et en philosophie sociale.
Mais en tous cas, L. Gumilev était le représentant de l’approche ethnologique, et voyait l’histoire à travers le prisme de l’ethnos, et non de l’interaction entre les civilisations. Je dois dire qu’il critiqua aussi l’idée des représentants de l’approche civilisationnelle, représentée par O. Spengler et A. Toynbee.
Gumilev comprend l’ethnicité comme un groupe humain stable, naturellement formé, s’opposant à tous les autres groupes similaires, qui est déterminé par un sens de la complémentarité, et un genre différent de comportement stéréotypé, qui change régulièrement dans le temps historique [5].
Donc, nous parlons d’un groupe, d’une communauté, plutôt que d’une organisation socioculturelle complexe, qui caractérise une civilisation. Analysant les processus globaux, L. Gumilev préfère utiliser la catégorie de « groupe ethnique » plutôt que de « civilisation ». L’ethnicité vit dans l’obéissance, en règle générale, aux rythmes biologiques, et la civilisation vit en obéissant à des lois spirituelles. L’ethnicité est le résultat de l’impulsion passionnée associée à l’impact du cosmos. Elle s’affaiblit ensuite à cause du vieillissement biologique.
Les facteurs de formation civilisationnelle sont divers. Ils peuvent être divisés en facteurs externes et internes. La mort d’une civilisation survient aussi pour des raisons différentes :
- - pression extérieure, désastres naturels,
·- crise spirituelle,
·- troubles internes,
·- « burn-out ».
La mort d’une civilisation est souvent une conséquence d’un éloignement vis-à-vis de ses valeurs spirituelles. Bien sûr, dans la description de L. Gumilev, même l’ethnos peut s’éloigner de ses propres idéaux, ou les remplacer par des choses plus matérielles. Cependant, ceci est le résultat du vieillissement biologique.
La civilisation peut être identifiée à la société, mais en ce qui concerne l’ethnicité, L. Gumilev distingue le concept d’« ethnicité » et de « société ». Nous avons déjà parlé des communautés sociales. Nous pouvons ajouter que les sociologues contemporains traitent de deux types principaux de communautés sociales : ethniques et territoriales. Les dernières peuvent être attribuées à une civilisation, bien que se référant en général à une communauté territoriale : ville, village, région, macro-région. Mais même si une civilisation est identifiée comme un type, elle demeure cependant un système différent de l’ethnos. Les groupes ethniques en tant que tels sont maintenant les acteurs des relations internationales en tant que sujets indépendants, en même temps que des civilisations différentes, étant même mieux reconnus que ces dernières.
Concernant les civilisations, des discussions sont en cours dans le domaine de la recherche scientifique. Il existe une position selon laquelle le phénomène de la civilisation est plus évaluatif que réel. A notre époque, il y a souvent des discours sur la « civilisation humaine ». Sous ce critère on désigne en réalité la civilisation occidentale, qui tend à imposer aux autres cultures son propre système de valeurs. Le « reste » doit s’adapter à la zone euro-atlantique, empruntant tout ce qui est nécessaire au « progrès ». Un des auteurs abordant le sujet est A. Janov. Il écrit que même dans un cauchemar, Aristote n’aurait pas pu considérer la Perse barbare comme une civilisation et la mettre à égalité avec la démocratique Athènes, et même lui accorder une certaine supériorité sur la Grèce [6]. Il ne considère comme civilisés que les « peuples libres » (c’est-à-dire l’Occident).
Il faudrait ajouter que des groupes ethniques peuvent se remplacer l’un l’autre, mais que la civilisation survivra quand même. Un exemple frappant est la Chine. Sa culture existe depuis des siècles et des millénaires, alors que sa composition ethnique a changé. On pourrait dire la même chose de la civilisation indienne. La disparition de certains groupes ethniques peut conduire à la désintégration d’un super-ethnos, mais pas à la disparition d’une civilisation. Plusieurs peuples peuvent se transformer en une civilisation, la rendant diverse. Des groupes ethniques agissent aussi comme agents de civilisation, mais pas ceux qui demeurent isolés.
En résumé, notons quelques points. Il est clair que L. Gumilev a largement contribué aux études géopolitiques. Il a eu un impact important sur les principaux représentants de notre paradigme civilisationnel. Ses conclusions, des observations de la vie des groupes ethniques, coïncident souvent avec les estimations des partisans de l’approche civilisationnelle habituelle.
Les représentants de l’approche civilisationnelle peuvent s’appuyer sur ses idées d’interactions entre les civilisations. Rappelons la fameuse thèse de L. Gumilev. Il faut rechercher des amis – c’est la principale valeur dans la vie –, et non rechercher des ennemis, que nous avons déjà trouvés. Cette approche est acceptable pour un paradigme civilisationnel, ainsi que pour les partisans de l’idée de dialogue entre civilisations. Un important avertissement fut émis par L. Gumilev concernant l’approche civilisationnelle et l’adoption d’une culture étrangère. Le scientifique, ainsi que les représentants de l’approche civilisationnelle, ont mis en garde contre le danger de se séparer de ses racines culturelles. Dans ce cas, un peuple perdra son identité, sans en gagner une autre. En relation avec ce dernier cas, Gumilev parle de la dégradation spirituelle de la société, formant une couche de consommateurs, et il les appelle des « sub-passionnarités ».
Les concepts forgés par Gumilev présentent un grand intérêt, comme l’« antisystème », la « chimère » (une combinaison de choses incompatibles), les « super-ethnos » et d’autres. L’approche ethnique aide à expliquer certains des facteurs de formation et de déclin des civilisations. De même, avec l’aide de ce paradigme nous pouvons mieux assimiler la structure d’une civilisation.
Cependant, si L. Gumilev est un représentant du paradigme ethnologique en géopolitique, son approche est plus proche de l’approche civilisationnelle, mais néanmoins complètement différente et utilisant sa propre technique d’analyse.
D’une manière générale, les idées de L. Gumilev, ainsi que celles des représentants de l’approche civilisationnelle, aident à mieux comprendre l’essence des processus géopolitiques.
Références :
- 1. Dugin A.G. The theory of a multipolar world. M., 2012. P. 464-465.
2. Tsymbursky V.L. Conjuncture of the Earth and Time. Geopolitical and chronopolitic intellectual inquiry. M., 2011.P. 56.
3. Khatuntsev S.V. On the question of Huntington. URL: http://www.apn-nn.ru/539683.html (the date of circulation: 28. 05.2015).
4. Panarin A.S. Orthodox civilization in a global world. M., 2003. S. 210.
5. Gumilev L.N. Ethnosphere: history of people and the history of nature, M., 1993. URL: http://gumilevica.kulichki.net/MVA/mva09.htm (the date of circulation: 28.05.2015).
6. Yanov A.L. How on earth civilizations? // Russia in Global Affairs. 2006. № 5. URL: http://globalaffairs.ru/number/n_7415 (the date of circulation: 13.08.2013).
16:51 Publié dans Eurasisme, Géopolitique, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : civilisation, paradigme civilisationnel, géopolitique, histoire, théorie politique, sciences politiques, politologie, philosophie politique, russie | |
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