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mercredi, 27 mars 2019

Xi Jinping, le VRP 5G des routes de la soie en Europe

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Xi Jinping, le VRP 5G des routes de la soie en Europe

Ex: https://lesobservateurs.ch

Pour le 55e anniversaire des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et la France, Xi Jinping n'est pas arrivé à Paris les mains vides.

Sa visite à notamment été l'occasion de signer des contrats pour l’achat de 300 appareils Airbus (290 A320 et 10 A350) pour un montant prix catalogue d’environ 35 milliards d’euros. Mais Xi Jinping n’est pas seulement venu faire des emplettes. Tout d’abord, les milliards de contrats annoncés sont souvent des investissements croisés. Par exemple, Airbus ne se contente pas de vendre des avions à la compagnie étatique China Aviation Supplies Holding Company (CASC), il a aussi signé un contrat avec l’exploitant chinois de satellites 21AT pour coopérer sur le développement de services d’imagerie à haute résolution.

L’armateur français CMA CGM, numéro trois mondial du transport maritime par conteneur, va faire construire par la China State Shipbuilding Corporation (CSSC), l’un des deux principaux conglomérats publics chinois de construction navale, dix nouveaux porte-conteneurs, pour un montant estimé de 1,2 milliard d’euros. Quant à EDF, l’électricien public devrait investir environ un milliard d’euros dans deux projets de parc éolien en mer de Chine, au large de la province du Jiangsu, au nord de Shanghai, pour une capacité totale de production de plus de 500 mégawatts.

Enfin, deux protocoles sanitaires ont été signés lundi par l’ambassadeur de Chine en France et le ministre français de l’Agriculture, Didier Guillaume. Le premier lève l’embargo sur les volailles et produits de volailles françaises mis en place en décembre 2015 au motif de la grippe aviaire. Le second concerne l’importation par la France de mollusques chinois.

L'Italie brise l'unité du G7 face aux routes de la soie

Le président chinois est aussi venu vendre son projet de routes de la soie à l’Europe. Juste avant de rencontrer Emmanuel Macron, Jean-Claude Juncker et Angela Merkel à Paris dans la perspective du sommet UE-Chine d’avril, Xi Jinping avait commencé sa tournée européenne par l’Italie. A la clé, la signature d’un mémorandum d’accord sur l’initiative chinoise de routes de la soie.

Déjà 29 accords sectoriels ont été signés dans la capitale italienne, et les deux pays auraient déjà des contrats assurés pour sept milliards d’euros, avec la possibilité d’arriver jusqu’à 20 milliards. Lancé en 2013, le projet de Nouvelle route de la Soie, également appelé «la ceinture et la route» vise à établir des liaisons logistiques entre l'Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique, l'Asie du Sud-Est et la Chine. Il prévoit notamment le financement d'infrastructures terrestres et maritimes pour un montant de plus de 1 000 milliards de dollars, mélangeant investissements publics et privés.

#Apple et #Huawei au cœur de la guerre commerciale entre les #EtatsUnis  et la #Chine 

 https://t.co/VVl2NbavRDpic.twitter.com/VUSyqNYRIL

— RT France (@RTenfrancais) January 4, 2019

Si l’Italie est le premier pays membre du G7 à s’engager dans le gigantesque projet de développement chinois, elle n’est pas le premier Etat européen. Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, a accueilli à Budapest, dès 2011, le premier forum économique et commercial Chine-Europe centrale et orientale au format 16+1. Il associe la Chine à 11 pays de l’Union européenne : Bulgarie, Croatie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Slovénie, ainsi qu’à cinq de leurs voisins extra-communautaires : l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine du Nord, le Monténegro et la Serbie.

Une emprise économique qui préoccupe Bruxelles

Une emprise économique et unificatrice inquiétante pour les principaux dirigeants européens, qui avaient jusqu’ici tendance à fustiger la tendance des petits Etats membres à faire cavalier seul alors que la Chine leur parlait d’investissements. 

Ainsi, lors d'entretiens avec le président chinois, Emmanuel Macron, évoquant les routes de la soie, a déclaré : «La coopération rapporte plus que la confrontation», avant d'ajouter : «Nous attendons naturellement de nos grands partenaires qu'ils respectent eux aussi l'unité de l'Union européenne comme les valeurs qu'elle porte.»  

«Les Nouvelles routes de la soie sont un projet très important [et] nous, Européens, nous voulons jouer un rôle [mais] cela doit conduire à de la réciprocité et nous avons un peu de mal à la trouver», a renchéri la chancelière allemande Angela Merkel.

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En 2016, la Chine avait fait main basse sur le port du Pirée (Athènes) en prenant, via COSCO, l'un des leaders mondiaux du fret, le contrôle de la société de gestion de ce port européen ouvert sur l’Adriatique, la Méditerranée et, via le détroit du Bosphore, sur la mer Noire. Elle a aussi pris pied dans ceux de Valence et Bilbao en Espagne, et pourrait viser bientôt ceux de Gênes – où elle finance 49% de la construction d’un nouveau terminal pour Cargo – et de Trieste en Italie.

Difficile de reprocher ces investissements qui ont tout l’air d’une prédation alors qu’au plus fort de la crise de la dette grecque, l’Allemagne avait mis la main, via le consortium Fraport AG-Slentel, sur 14 aéroports régionaux et internationaux grecs comme ceux de Corfou ou Santorin.

Entre Rome et Paris, Xi Jinping a aussi fait une halte à Monaco particulièrement symbolique, même si elle n’a duré que quelques heures. La micro-cité Etat est en effet devenue, avec l’aide intéressé du constructeur d’équipements de téléphonie mobile chinois Huawei, le premier pays entièrement équipé en 5G, l’internet de cinquième génération. Une camouflet de plus pour le département d'Etat américain, qui tente de convaincre ses partenaires occidentaux de barrer la route à Huawei dans le domaine de l'équipement de réseaux 5G au nom de la lutte contre l'espionnage. 

Lire aussi : Guerre commerciale : selon Natixis la Chine va dominer les Etats-Unis par sa capacité à investir

Extrait de: Source et auteur

 

La défaite américaine et le le retour de l’empire des steppes

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La défaite américaine et le le retour de l’empire des steppes

 
Ex: https://www.geopolitica.ru

Ecrabouillement américain face aux soviets et aux chinois : le poing par Philippe Grasset (dans une mer de sarcasmes et par la Rand Corporation en personne). Problème : ils n’ont pas de solutions…A compléter avec les propos de Bayan-Orson Welles (la rose noire, 1950) ; les flèches (les missiles) valent mieux que les armures (les porte-avions). Pour comprendre l’empire des steppes, lire Grousset sur classiques.uqac.ca.

L’USS Pentagone et sa Mer des Sargasses

12 mars 2019 – La communauté des experts, aussi bien férue de l’objet de leur expertise que des relations publiques, commence à  s’alarmer des progrès russes et chinois en matière d’armement ; mais  piano pianissimo, cette alarme, au rythme postmoderne, bien que les termes et les trouvailles qui la justifient effraient les experts eux-mêmes.

Il s’agit essentiellement, pour notre propos de ce jour, d’un rapport suivant une simulation particulièrement sophistiquée de la  RAND Corporation. C’est un événement important, qui devrait faire autorité à Washington : la RAND est le  think tanks  US le plus prestigieux et le plus influent pour les questions techniques de la communauté de sécurité nationale ; basée en Californie et dominant le domaine de l’expertise technique depuis 1948 (date de sa création), directement connectée à l’USAF et à l’industrie d’armement (officiellement, c’est la firme Douglas, agissant comme faux-masque de l’USAF, qui créa la RAND). Ses analyses reflètent et inspirent à la fois les conceptions des milieux experts des forces armées : une étude de la RAND ainsi présentée publiquement fait autorité et indique selon les normes de la communication ce que le Pentagone et la communauté de sécurité nationale pensent et doivent penser à la fois.

En effet, RAND est venue à Washington présenter un rapport très technique sur des simulations d’une Troisième Guerre mondiale au CNAS (Center for a New American Security), autre  think tank  mais plus doué en relations publiques et établi en 2007 pour présenter une vision “bipartisane” de la  politiqueSystème suivie par les USA ; c’est-à-dire, un institut recyclant la politique-neocon  habillé d’une parure de consensus washingtonien dans le sens évidemment belliqueux qu’on imagine. La séance d’information a été rapportée par divers médias, et nous citons aussi bien ZeroHedge.com que SouthFront.org.

Le rapport, présenté  le 7 mars, envisage divers scénarios des engagements au plus haut niveau des USA contre la Russie ou contre la Chine. Le verdict est peu encourageant : “Nous nous ferons péter le cul !” : « “Dans nos simulations, lorsque nous affrontons la Russie et la Chine, les Bleus  [les USA]  se font péter le cul”, a déclaré jeudi l’analyste de RAND David Ochmanek. “Nous perdons beaucoup de gens, nous perdons beaucoup d’équipements. Nous n’atteignons généralement pas notre objectif d’empêcher l’agression de la part de l’adversaire”, a-t-il averti. »

Et pour suivre, sur l’état général des conclusions du rapport : « Alors que la Russie et la Chine développent des chasseurs de cinquième génération et des missiles hypersoniques, “nos éléments reposant sur des infrastructures de base sophistiquées, telles que des pistes et des réservoirs de carburant, vont connaître de graves difficultés”, a déclaré Ochmanek. “Les unités navales de surface vont également connaître de graves difficultés”

» “C’est pourquoi le budget 2020 présenté la semaine prochaine prévoit notamment de retirer du service actif le porte-avions USS Truman plusieurs décennies à l’avance, et d’annuler une commande de deux navires amphibies de débarquement, comme nous l’avons signalé. C’est aussi pourquoi le Corps des Marines achète la version à décollage vertical du F-35, qui peut décoller et atterrir sur des pistes aménagées très petites et très rustiques, mais la question de savoir comment entretenir en état de fonctionnement un avion de très haute technologie dans un environnement de très basse technologie reste une question sans réponse”, selon le site Breaking Defence… »

Certains points spécifiques des équipements par rapport aux simulations de la RAND font l’objet de précisions et d’observations, – en général très critiques, parce que personne ne semble satisfait de l’état des forces et de leurs capacités en cas de conflit. On en signale ici l’une et l’autre, par ailleurs sur des sujets déjà connus, et avec des conclusions qui n’étonneront personne, dans tous les cas parmi les lecteurs de dedefensa.org.

  • Le F-35, l’inépuisable JSF. On a lu plus haut cette remarque selon laquelle le F-35B des Marines à décollage vertical (ADAC/ADAV) trouvait sa justification dans les conditions dévastées pour les USA d’un conflit à venir, mais qu’on doutait grandement qu’il puisse jouer un grand rôle opérationnel à cause de l’extrême complexité de l’entretien opérationnel de l’avion dans un tel environnement. Un autre intervenant ajoute cette remarque, où l’on pourrait voir une ironie désabusée :

« “Dans tous les scénarios auxquels j’ai eu accès”, a déclaré Robert Work, ancien secrétaire adjoint à la Défense ayant une grande expérience des exercices opérationnels, “le F-35 est le maître du ciel quand il parvient à s’y trouver mais il est détruit au sol en grand nombre”. » Cette remarque, d’ailleurs bien trop follement optimiste sinon utopiste (ou ironique ?) pour les capacités du F-35 lorsqu’il parvient à se mettre en position de combat aérien, marque surtout la prise en compte de la fin de l’ Air Dominance pour l’USAF et les forces aériennes US en général, du fait de la puissance nouvelle acquise notamment par les Russes, suivis par les Chinois en pleine expansion militaire.

  • La décision de retrait et de mise en réserve (“mise en cocon”) du porte-avions USS Truman, annoncée au début du mois, a  d’abord été présentéecomme une manœuvre de l’US Navy pour obtenir un budget supplémentaire pour garder cette unité en service actif et poursuivre en même temps la construction des deux premiers classes USS  Gerald R. Ford, toujours  aussi catastrophiques et empilant délais sur augmentation de coût. (On cite le précédent d’une manœuvre similaire lorsque la Navy avait prévu de faire subir le même sort au USS  George-Washington  en 2012, la Maison-Blanche allouant avec le soutien du Congrès les fonds nécessaires pour éviter cette réduction de la flotte des onze porte-avions de la Navy.) La Navy économiserait jusqu’à $30 milliards en écartant le  Truman  qui va bientôt entrer en refonte de mi-vie s’il reste en service (un travail très complexe, coûteux et long : 2024-2028).

Mais on voit que la RAND suscite une explication qu’elle renforce d’autres constats, qui impliquerait que la Navy estime le danger des nouvelles armes hypersoniques trop grand pour continuer à mettre toute sa puissance stratégique sur les porte-avions. Venant de la RAND, avec tout son crédit, la chose doit être considérée sérieusement, pour marquer combien les USA commenceraient à prendre conscience de la puissance de leurs adversaires stratégiques du fait de la percée majeure constituée par les missiles hypersoniques.

  • Un autre exemple des insuffisances considérables débusquées par la RAND concerne la couverture anti-aérienne des forces terrestres. Les experts du think tank ont fait leur compte, ce qui est illustré par cette remarque :

« … Si l’on se base sur une situation purement hypothétique [selon les moyens actuels], “si nous partions en guerre en Europe, il y aurait une unité de [missiles sol-air de défense aérienne] Patriot qui serait disponible pour y être envoyée, pour être déployée à la base de Ramstein. Et c’est tout”, dit Work avec amertume. L’US Army compte 58 brigades de combat mais ne dispose d’aucune capacité de défense anti-aérienne et antimissile pour les protéger contre des attaques de missiles venues de la Russie. »

Cette situation US est en complet contraste avec celle des Russes, qui intègrent dans leurs forces terrestres des unités de défense anti-aérienne chargées de la protection des forces en campagne. C’est d’ailleurs autant une question de moyens qu’une question structurelle et même psychologique. Les forces armées US ont toujours fonctionné depuis 1945 selon le principe qu’elles disposaient d’une totale domination aérienne qui jouaient un rôle d’interdiction quasi-impénétrable. Cette situation est très largement mise en cause aujourd’hui, notamment avec les progrès russes en matière d’A2/AD («  [Z]ones dite A2/AD, ou Anti-Access/Area-Denial ; c’est-à-dire des sortes de No-Fly-Zone pour l’aviation ennemie, du fait des moyens russes parfaitement intégrés de détection, de brouillage et de contrôle électroniques, et de destruction, qui transforment toute incursion aérienne ennemie dans ces zones en un risque inacceptable »).

Non seulement les forces US sont affaiblies, non seulement l’apparition des missiles hypersoniques donne aux Russes une puissance de feu d’une catégorie nouvelle et révolutionnaire, mais en plus la structure des forces US est fondée sur le postulat psychologique quasi-inconscient (“inculpabilité-indéfectibilité”) de la supériorité US (notamment aérienne) qui dispense ces forces d’avoir une défense organique puissante.

USA : le Russiagate est vraiment fini

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USA : le Russiagate est vraiment fini

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Le 12 février, nous écrivions "Le Russiagate est fini". La conclusion était basée sur un rapport de NBC :

Après deux ans d'enquête et 200 entretiens, le Comité du renseignement du Sénat touche à la fin de son enquête sur les élections de 2016, n'ayant encore trouvé aucune preuve directe d'un complot entre la campagne Trump et la Russie, selon les démocrates et les républicains siégeant au comité. ... Les démocrates et autres opposants à Trump pensent depuis longtemps que l'avocat spécial Robert Mueller et les enquêteurs du Congrès découvriront de nouvelles preuves plus explosives de la coordination de la campagne de Trump avec les Russes. Mueller pourrait encore le faire, bien que des sources au ministère de la Justice et au Congrès affirment qu’il est sur le point de clore son enquête.

La théoricienne du complot Russiagate, Marcy Wheeler, a répliqué en affirmant que le complot avait été prouvé lorsque l’ancien chef de campagne de Trump, Paul Manafort, a admis avoir transmis des données sur les élections à des contacts ukrainiens/russes pour s’attirer les faveurs d’un oligarque russe auquel il devait de l’argent. Mais les crimes de Manafort, pour lesquels il a plaidé coupable le 14 septembre 2018, n’avaient rien à voir avec « la Russie » ou avec Trump et seulement de manière indirecte avec sa campagne électorale : Vendredi, Manafort, directeur de la campagne présidentielle de Donald Trump de juin à août 2016, a plaidé coupable devant le tribunal fédéral de Washington pour deux accusations de complot contre les États-Unis, dont un pour lobbying, impliquant des crimes financiers et la violation de l'enregistrement comme agent étranger, et l'autre impliquant la subornation de témoins. Dans le cadre de son plaidoyer, Manafort a également reconnu sa culpabilité dans des accusations de fraude bancaire qu'un jury fédéral de Virginie avait portées contre lui le mois dernier.

Marcy, la théoricienne du Russiagate, et d’autres personnes espéraient que l’enquête sur Mueller aboutirait à un acte d’accusation qui justifierait le non-sens absolu qu’elle-même et d’autres ont promu pendant plus de deux ans. Il y a à peine deux semaines, l’ancien directeur de la CIA, John Brennan, qui a probablement conspiré avec les services de renseignement britanniques pour confondre Trump dans l’affaire avec la Russie, a déclaré qu’il s’attendait à de nouvelles inculpations : Lors de son apparition sur MSNBC le 5 mars 2019, Brennan a prédit que Mueller émettrait des actes d’accusation pour «complot criminel» impliquant Trump ou les activités de ses collaborateurs lors de l’élection de 2016.

Ce dernier espoir des jusqu’au-boutistes est maintenant évanoui : Le Conseil spécial, Robert S. Mueller III, a remis vendredi au procureur général, William P. Barr, un rapport très attendu, mettant ainsi fin à son enquête sur l'ingérence de la Russie dans l'élection de 2016 et l'éventuelle entrave à la justice par le président Trump. ... Un haut responsable du département de la justice a déclaré que le Conseil spécial n’avait recommandé aucune autre inculpation - une révélation applaudie par les partisans de Trump, alors même que d’autres enquêtes liées à celui-ci se poursuivent dans d’autres départements du département de la justice. ... Aucun des Américains inculpés par Mueller n'est accusé d'avoir conspiré avec la Russie pour s'immiscer dans l'élection - la question centrale du travail de Mueller. Au lieu de cela, ils ont plaidé coupable pour divers crimes, notamment d'avoir menti au FBI. L’enquête s’est terminée sans inculpation de plusieurs personnalités qui étaient sous la surveillance de Mueller depuis longtemps. ...
 

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Les conclusions du rapport Mueller seront publiées par le ministère de la Justice dans les prochains jours.

Que les promoteurs du Russiagate aient eu tort de gober les conneries du dossier Steele et les mensonges sur les « hackers russes » propagés par les marchands de sornettes Clapper et Brennan était évident depuis longtemps. En juin 2017, nous avions évoqué un long article du Washington Post sur le piratage présumé des élections en Russie et avions remarqué : En lisant cet article, il devient clair - mais jamais dit - que l'unique source de cette affirmation de Brennan sur le "piratage russe" en août 2016 est l'absurde dossier Steele, un ex-agent du MI6 payé très cher pour des recherches sur Trump commanditées par l'opposition. La seule autre "preuve" de "piratage russe" est le rapport Crowdstrike sur le "piratage" de la DNC. Crowdstrike qui soutient un agenda nationaliste ukrainien, a été embauché par la DNC et a dû se rétracter sur d'autres affirmations de "piratage russe" et personne d'autre n'a été autorisé à consulter les serveurs de la DNC. Autrement dit : Toutes les allégations de "piratage russe" reposent uniquement sur les "preuves" de deux faux rapports.

Le dossier Steele était une fausse étude commanditée par l’opposition et colportée par la campagne Clinton, John McCain et un groupe de types de la sécurité nationale anti-Trump. La prétention encore non prouvée de « piratage russe » visait à détourner l’attention du fait que Clinton et la DNC se soient entendus pour éliminer Bernie Sanders de la candidature. L’affirmation stupide selon laquelle la pêche aux clics sur internet, par une entreprise commerciale de Leningrad, aurait été une « campagne d’influence russe », a été conçue pour expliquer la défaite électorale de Clinton contre l’autre pire candidat de tous les temps. L’enquête Russiagate visait à empêcher Trump de nouer de meilleures relations avec la Russie, comme il l’avait promis lors de sa campagne.

Tout cela a connu un certain succès parce que des médias et blogueurs étaient heureux de vendre de telles absurdités sans les mettre dans un contexte plus large.

Il est grand temps de lancer une enquête approfondie sur Brennan, Clapper, Comey et la campagne Clinton afin de mettre en lumière le complot qui a conduit au dossier Steele, à l’enquête du FBI qui en découla, et à toutes les autres conneries qui ont suivi cette enquête.

En ce qui concerne Marcy Wheeler, Rachel Maddow et d’autres imbéciles qui ont colporté l’absurdité du Russiagate, je suis d’accord avec l’avis de Catlin Johnstone : Tous les politiciens, tous les médias, tous les experts de Twitter et tous ceux qui ont gobé cette giclée débile de bouses de vaches se sont officiellement discrédités à vie. ... Les personnes qui nous ont conduits dans ces deux années de folie du Russiagate sont les dernières personnes que quiconque devrait jamais écouter pour déterminer l’orientation future de notre monde.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone

Les voleurs de mots

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Les voleurs de mots

Et si nous cherchions les causes de notre impuissance politique ? Que sont exactement ces chaines, pourtant bien fragiles, qui nous entravent et nous condamnent à l’immobilisme et à la soumission, dans un système qui bascule tant et plus vers le totalitarisme idéologique ?

Mais, me direz-vous, nous ne vivons pas dans un régime totalitaire, lesquels se caractérisent essentiellement par la confiscation du pouvoir par un parti unique, ne tolérant aucune forme d’opposition organisée. Le totalitarisme va plus loin encore que la simple dictature puisqu’il entend s’immiscer dans la sphère intime de la pensée en imposant à tous les citoyens l’adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la société.

La propagande est à la démocratie ce que la matraque est à la dictature (Noam Chomsky).

La question étant de savoir si le totalitarisme serait compatible avec des institutions démocratiques, comme le multipartisme, les syndicats et une presse « libre ». Et cette question en amène une autre : est-ce que le totalitarisme présuppose la dictature ? La dictature n’est qu’un moyen pour imposer le totalitarisme, il pourrait donc, en théorie, être remplacé par tout autre moyen ou ensemble de moyens permettant l’instauration du totalitarisme. J’entends démontrer que c’est précisément là où nous en sommes aujourd’hui. La démocratie a été presque totalement vidée de son sens, et le pouvoir se contente désormais d’entretenir maladroitement l’illusion démocratique à l’usage des masses, biberonnées dès leur naissance à la propagande.

La propagande

Le mot ayant rapidement pris une connotation sulfureuse, il est le plus souvent remplacé aujourd’hui par le concept de relations publiques. En pratique, il s’agit précisément de manipulation mentale des masses qu’Edward Bernays appelait la fabrique du consentement. Dans son ouvrage intitulé Propaganda, publié en 1928, l’auteur expose de manière cynique et froide les rouages de cette machine à forger l’opinion. Qu’il s’agisse de vendre une marque de poudre à lessiver, de pousser les Américaines à fumer pour le plus grand profit de l’industrie du tabac, ou de pousser au renversement d’un gouvernement démocratiquement élu au Guatemala, les ressorts sont les mêmes. D’ailleurs le sous-titre de l’ouvrage ne laisse planer aucun doute : « Comment manipuler l’opinion en démocratie ».

Boîte à outils : exemples de propagande

  • Invasion de l’Irak et renversement de Saddam Hussein : vous souvenez-vous de Colin Powell agitant sa petite fiole de poudre de perlimpinpin devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour pousser la communauté internationale à adhérer à ses projets d’invasion ? On sait aujourd’hui qu’il s’agissait d’une manipulation et que Saddam Hussein ne possédait pas d’armes de destruction massive.
  • Avant cela, vous souvenez-vous de l’affaire des couveuses au Koweit ? La jeune Nayirah en pleurs devant le Comité des Droits de l’homme des Nations Unies, relatant comment, lors de l’invasion du Koweit, les soldats irakiens avaient arraché les nouveaux-nés des couveuses de l’hôpital de Koweit City et les avaient laissé mourir de froid ? On apprendra plus tard — trop tard — que sous ce pseudonyme se cachait en réalité la fille de l’Ambassadeur du Koweit aux États-Unis, et que toute l’affaire n’était qu’une machination montée par le Koweit et les États-Unis afin de faire accepter à l’opinion publique une intervention militaire en Irak.
  • Vous souvenez-vous des appels à intervenir dans l’urgence en Libye pour empêcher l’infâme dictateur Mouammar Kadhafi de massacrer en masse la population de son pays ? Ces appels, à la l’initiative de pseudo-intellectuels « français » (comme BHL) ont débouché sur la résolution 973 du Conseil de Sécurité des Nations Unies visant à établir une zone d’interdiction aérienne. L’OTAN violera ensuite largement la lettre et l’esprit de cette résolution par une campagne militaire qui aboutira à la prise de Syrte, la chute du régime, et l’assassinat de Kadhafi dans des conditions qui restent encore obscures aujourd’hui.

La propagande de guerre s’appuie toujours sur les mêmes ressorts, parfaitement connus et documentés.

Aldous Huxley, l’auteur du meilleur des mondes avait plutôt bien résumé ce qu’est la propagande :

« La philosophie nous enseigne à douter de ce qui nous paraît évident. La propagande, au contraire, nous enseigne à accepter pour évident ce dont il serait raisonnable de douter.*

Toutefois, la propagande, aussi efficace qu’elle soit, n’est qu’à mi-chemin du totalitarisme : elle nous dit seulement comment nous devons penser. Cela reste une forme de persuasion.

Les mots volés

Les mots volés, c’est le pendant de la propagande, l’étape ultime pour aboutir à une société sous contrôle totalitaire, en douceur. Si la propagande nous dit ce que nous devons penser depuis 1930, il restait à trouver le moyen de nous empêcher de nous approprier les sujets dont le pouvoir ne veut pas que nous débattions. Et pour faire bonne mesure — s’agissant d’interdit — on y adjoindra les services d’une véritable police de la pensée, avec des peines d’ostracisme à la clé, voire carrément des campagnes visant à détruire socialement et financièrement les contrevenants.

Concrètement, il s’agit de gommer jusqu’à la moindre possibilité de débattre de certains sujets, quitte à dévoyer les concepts, dans la plus pure tradition Orwéllienne.

Boîte à outils : antisionisme, un mot volé

Tout le monde connaît cet élément de langage utilisé ad nauseam par les politiques (Valls, Macron, etc.) et les médias français :

« l’antisionisme est synonyme de l’antisémitisme »

C’est factuellement faux :

  • L’antisionisme s’oppose à l’État d’Israël, ou à sa politique d’extension (colonisation). Le sionisme n’est ni un peuple, ni une religion, c’est une idéologie politique conquérante, qui a mené à la création de l’État juif, au détriment des Palestiniens.
  • L’antisémitisme est une forme de racisme rejetant spécifiquement les Juifs.

En cherchant à assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme, l’idée est de faire taire toute critique contre la politique de colonisation menée par l’État d’Israël, et le traitement indécent réservé aux Palestiniens, notamment à Gaza. Il s’agit de jeter l’opprobre des heures les plus sombres à la face des justes critiques d’un gouvernement prédateur et absolument dénué de morale.

Comme nous le verrons, les interdits, les escamotages et les dévoiements sont observables dans tous les domaines de notre société. Loin d’être des phénomènes isolés, ils sont au coeur d’une stratégie globale visant à rendre impossible de s’opposer à l’avènement du capitalisme mondialisé.

1) La langue de bois

Popularisée par Frank Lepage et ses célèbres ateliers de désintoxication de la langue de bois, ce sont toutes les expressions que l’on voit fleurir ça et là, qui ont pour seul objectif de vous empêcher de prendre la mesure d’une situation, de la réduire à un aspect purement technique, ou de rendre impossible de s’y opposer. Par exemple, de nos jours, lorsqu’une entreprise ferme, on ne parlera plus de plan de licenciement collectif, mais de plan de sauvegarde de l’emploi. Qui pourrait s’opposer à un plan visant à sauvegarder l’emploi ? Chacun peut bien comprendre que lorsqu’on nous parle de « croissance négative », on parle en fait de récession, mais quelque part, accepter d’utiliser les mots du néolibéralisme, c’est accepter de penser avec les mots de notre ennemi (la finance, chère à François Hollande). Notez d’ailleurs que ces expressions, fruits de la réflexion de think tanks d’obédience néolibérale ne peuvent s’imposer qu’avec le concours expresse des médias.

2) Les partis politiques… voleurs de mots

Quel que soit le parti politique pour lequel vous votez (ou ne votez plus) aujourd’hui, Il y a un certain nombre de points que vous ne trouverez dans le programme d’aucun d’eux. Cela indique une forme de collusion dans laquelle tous sont parfaitement d’accord pour qu’un certain nombre de dogmes/sujets ne soient jamais remis en question :

  • Adhésion à l’Union Européenne
  • Ordo-libéralisme de Bruxelles
  • Accueil des migrants
  • Mondialisation et ses conséquences sociales désastreuses
  • Soumission à la politique américaine
  • Suivisme dans les guerres d’agression perpétrées par l’OTAN pour le compte des USA et d’Israël
  • Acceptation du néolibéralisme comme s’il s’agissait d’une fatalité inéluctable

Boîte à outils : les 3 méthodes utilisées par le pouvoir et les partis pour n’avoir pas à aborder les sujets tabous

  1. Diabolisation du concept, et donc des personnes qui voudraient voir ce sujet abordé, comme n’importe quelle question de société en démocratie. Vous êtes contre la politique migratoire ? Vous êtes donc un horrible xénophobe, voire carrément un antisémite (si si). Fin de la discussion, le ballon est toujours là, mais vous, vous êtes déjà en route pour l’infirmerie.
  2. Pseudo-consensus totalement fantasmé : l’Europe, mais c’est la paix ! Tout le monde est pour la paix, donc les citoyens sont très favorables à l’Union Européenne, même si celle-ci n’est pas parfaite (mais on va régler ça après lesprochaines élections européennes). Oui, sauf que dans les faits, le Traité de l’Union, qui devait initialement être ratifié par les États-membres sur base référendaire a été plutôt mal reçu : les trois seuls pays à avoir organisé un référendum (France, Irlande, Pays-Bas) s’étant prononcés contre. Du coup, il est où le consensus ? Elle est où, la démocratie ? Notez qu’à ce point de la discussion, si vous vous permettez d’insister, vous passez immédiatement dans la catégorie « facho rouge-brun ». N’était-ce pas Junker qui disait déjà en janvier 2015 : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens1 » ?
  3. Inéluctabilité : « le néolibéralisme, mais comment voulez-vous que nous y échappions, c’est comme ça, et il n’est pas possible de revenir en arrière ». Ce qui est évidemment très pratique pour n’avoir pas à se poser la question de notre souveraineté, et du véritable pouvoir qui reste (#oupas) aux pantins du gouvernement face aux puissances de l’argent.

Pour ces raisons, les partis politiques sont devenus comme des marques de poudre à lessiver : il y a la boîte rouge, la bleue, la verte (éco-lessive), mais dedans la boîte, ça reste la même camelote : néolibéralisme et atlantisme à tous les étages. Il n’y a plus aujourd’hui de clivage gauche/droite, il reste juste quelques variantes de néolibéralisme — école de Chicago — avec plus ou moins le même contenu pour l’essentiel. Les élections s’apparentent désormais au théâtre de Guignol (en plus ennuyeux). De l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par les partis traditionnels et les inénarrables doudous insoumis, c’est le même tonneau de pommes blettes dégageant une odeur entêtante de pourriture. Et c’est plus ou moins le même tableau en Belgique, raison pour laquelle je ne vote plus, désormais, en dépit de l’obligation légale.

En pratique, les mots volés, en parlant des partis politiques traditionnels, c’est le classique emploi du faux dilemme :

  • « Quelle alternative proposez-vous au capitalisme ? Vous voulez instaurer un système soviétique ! »
  • « Vous ne voulez pas accueillir les réfugiés ? On ne discute pas avec des xénophobes »

Comme si la seule alternative à un régime néolibéral était une dictature communiste. Comme si la seule option qui s’offrait à nous serait d’ouvrir les frontières à tous les réfugiés, sans jamais se poser la question de savoir pourquoi ils ont quitté leur pays tout d’abord (parce que nous avons largement contribué à les détruire et à les rendre invivables). Est-ce que, dans les années ’90, tous les pays occidentaux étaient peuplés de xénophobes bas de plafond dirigés par l’extrême droite ? Je n’en ai pas l’impression, pourtant l’immense majorité de ces pays appliquait strictement les lois relatives au droit d’asile, ce qui excluait de fait l’accueil des réfugiés économiques.

La question à se poser étant celle-ci : lorsque les instances des partis politiques excluent d’office le débat sur un certain nombre de questions, sont-ils encore d’essence démocratique, et n’y aurait-il pas lieu, soit de renouveler le cadre de fond en comble, soit de les délaisser et d’en fonder un autre, dans lequel pareille manipulation serait statutairement impossible ?

À bien y regarder, c’est précisément ce qui est arrivé au Parti Socialiste français, méticuleusement détruit de l’intérieur depuis 1983 par ses cadres dirigeants qui ont lentement mais sûrement dévoyé l’idéal socialiste pour l’aligner sur la doctrine néolibérale européiste. Force est de constater qu’en fait de gauche, Mitterrand n’était que le faux-nez de la droite, et sa principale tâche aura été la liquidation, une fois pour toutes, du puissant Parti Communiste français. François Hollande, en fournissant le marchepied au candidat de la Banque Rotschild, n’aura été que le dernier maillon de la chaîne, le concierge chargé d’éteindre les lumières et de fermer derrière lui en sortant. Mission accomplie, aujourd’hui on peut faire aisément tenir ce qu’il reste d’authentiques communistes français dans l’arrière-salle de la Librairie Tropiques sans même avoir besoin de retirer les bouquins d’abord.

3) Les médias menteurs

En démocratie, une presse plurielle et libre est censée garantir l’expression de la diversité d’opinion, au point qu’on la désigne parfois comme le quatrième pouvoir, les trois autres étant l’exécutif, le législatif et le judiciaire.

Oui mais voilà, aujourd’hui, tous les grands médias sont aux mains de groupes financiers baignant dans le même marigot idéologique d’inspiration néolibérale. Ce sont les nouveaux chiens de garde au service du pouvoir, ou plus exactement, leurs dirigeants se trouvent être également ceux qui placent leurs pions dans les sphères du pouvoir, comme en atteste l’élection de Macron à la présidence de la République.

Il ne reste donc qu’une diversité de façade, puisqu’on est parfaitement d’accord sur l’essentiel : ainsi, dans leurs feuillets, vous seriez bien en peine de trouver un seul article qui ne présenterait ne serait-ce qu’une opinion nuancée ou critique sur des sujets comme la Syrie, la Russie, le Venezuela, Israël ou le réchauffement climatique2.

Bien évidemment, cette collusion permanente avec le pouvoir ne passe plus vraiment inaperçue, et le public se détourne de plus en plus des médias traditionnels au profit des médias alternatifs ou des rares journaux qui ont pu garder une indépendance éditoriale sur certains sujets, comme le Canard enchaîné ou Médiapart.

Ce désamour a pour conséquence une baisse constante du lectorat, ce qui ne fait qu’aggraver un peu plus la situation financière déjà passablement calamiteuse des médias, qui sont littéralement au bord de la faillite. Avec pour corollaire une plus grande dépendance à la perfusion que représente l’apport financier des actionnaires, et les subventions de l’État. Les journalistes ne sont pas censurés, ils s’autocensurent. Ils savent qu’au premier article qui franchirait la ligne jaune, ils seront virés comme des malpropres et remplacés par quelqu’un de plus docile. Ce n’est plus la personnalité ou le talent du journaliste qui détermine la qualité de son travail, mais son environnement : il se trouve pieds et poings liés.

Plus grave : constatant que le public se détourne de plus en plus de la propagande qu’ils déversent par tombereaux, les médias ont mis en place une véritable stratégie de censure sociétale, sous couvert de lutter contre les fake news. En pratique, c’est la remise au goût du jour de l’Index librorum prohibitorum. Sans vouloir nier un seul instant qu’un certain nombre de sites de réinformation sont parfois en effet de véritables usines à fake news, n’y a-t-il pas quelque chose de profondément malsain à voir une société dans laquelle la presse appelle à la censure ? Est-il normal que l’on infantilise les citoyens au point qu’il faille leur dire ce qu’ils peuvent croire et ce qu’ils doivent rejeter ? La vérité par décret n’est qu’un des attributs du totalitarisme.

4) Érosion des libertés

En démocratie, les droits les plus fondamentaux sont :

  • La liberté d’opinion
  • La liberté d’expression

Et si la liberté d’expression est limitée par diverses exceptions, la liberté d’opinion, quant à elle, doit être totale pour qu’existe la démocratie.

Dans les faits, ces libertés sont attaquées de toutes parts, tant par le politique que par les lobbies et les chiens de garde médiatiques, qui reprennent en boucle les mêmes éléments de langage, ce qui rend parfaitement clair qu’on a affaire à de la propagande (antidémocratique).

Vous avez tous lu, ou entendu ceci ?

Le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit

C’est un sophisme3, et il est d’autant plus pervers qu’il se présente tout auréolé de ce qui pourrait passer pour une sagesse populaire. Il vise ni plus ni moins qu’à faire accepter l’idée du délit d’opinion, le thoughtcrime de G. Orwell dans son roman Nineteen Eighy-Four (1984).

Dans les faits, la loi ne réprime pas le racisme (qui est une idéologie, donc une opinion), mais bien l’expression du racisme. La question ici n’est pas de savoir si l’idéologie raciste serait défendable, mais de comprendre que par essence, le droit s’applique dans le domaine concret de l’action et des faits, il ne peut sonder les coeurs et les reins.

L’exercice de la démocratie ne peut être contraint par l’éthique, parce que cela supposerait des parti-pris idéologiques, des interdits, et la subordination au conformisme, bien peu compatibles avec l’idée même de démocratie. Pire, ce glissement insidieux vise en réalité à abolir la frontière entre le moi (individualité) et le nous (la société) en posant que l’éthique (la doxa4) prendrait le pas sur le libre-arbitre. Ainsi, le dernier sanctuaire de votre souveraineté en tant qu’individu serait désormais partie du domaine public sous juridiction du droit commun, et la société se rapprocherait un peu plus de ce que sont les ruches des hyménoptères.

Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre. (George Orwell)

Et de même, sauf à jouer les tartuffes, la défense de la liberté d’expression commence précisément par les opinions dissidentes, même (et surtout) si elles n’ont pas l’heur de nous plaire.

Étrangement, quand il s’agit de défendre la liberté d’expression de Dieudonné ou les droits fondamentaux de Tarik Ramadan5, il n’y a plus personne. Ils sont où les grands défenseurs des droits de l’homme ? Ils sont où les chantres de la démocratie ? Elle est où, l’opposition ? Où sont les gauchistes tellement prompts lorsqu’il s’agit de défendre l’Islam ou les réfugiés ? Ils ont poney ? Non, une moitié est vendue à Soros, l’autre crève de trouille, et refuse de quitter une petite zone d’inconfort pour une zone moins confortable encore.

On pourrait dire la même chose concernant Julian Assange, pratiquement oublié de tous, et que nous laisserons crever comme un rat dans sa cellule chambre, quitte à nous fendre de quelques larmes de crocodile, le jour de son enterrement, en rappelant combien c’était un courageux lanceur d’alerte. Pas comme nous, en somme.

Les silences complices, pour contraints qu’ils soient, n’en sont pas moins un aveu de lâcheté, l’espoir un peu puéril qu’en se terrant dans son trou, on échappera au regard du totalitarisme idéologique rampant qui sait se nourrir de pareilles faiblesses.

Police de la pensée et justice médiatico-politique

C’est par la grâce de Dieu que nous avons ces trois précieuses choses : la liberté de parole, la liberté de penser et la prudence de n’exercer ni l’une ni l’autre. (Mark Twain)

Je voudrais ici évoquer le cas de Dieudonné, parce que je pense qu’il est exemplatif d’une campagne menée par un lobby, des décideurs politiques et leurs chiens de garde pour détruire socialement et financièrement un homme en dehors de toute procédure judiciaire, de tout cadre légal. Je ne défends pas ses idées politiques, je pense qu’il n’en a guère, d’ailleurs : c’est un homme de spectacle, un amuseur, doué d’un rare talent, indéniablement. Vous admettrez avec moi, et cela vaut même pour le dernier des criminels, que lorsqu’un individu a purgé sa peine, il a payé sa dette à la société. Au titre du principe non bis in idem, nul ne peut être jugé deux fois pour les mêmes faits, et par définition, la sanction est limitée soit dans le temps, soit à une astreinte financière. Rien de tout cela ici, on a une classe politique, des influenceurs et des éditocrates qui poursuivent inlassablement Dieudonné de leur haine implacable comme s’il était désormais exclu de la communauté des hommes, et déchu de ses droits élémentaires. Cela va nettement plus loin que l’ostracisme tel qu’il était pratiqué à Athènes, qui ne visait qu’à l’éloignement temporaire de la cité de personnes jugées dangereuses pour la démocratie. De plus, l’ostracisme était une institution démocratique, en ce sens qu’il fallait 6.000 voix sur un corps électoral de 40.000 pour que le quorum soit atteint.

La question que je me pose ici est de savoir qui sont exactement ces gens qui se présentent comme les gardiens de la morale et les exécuteurs des basses oeuvres tout à la fois ? Qui leur a donné mandat ? Qui représentent-ils, à part eux-mêmes et une brochette de parvenus ? Ne voyez-vous pas le danger qu’il y a à laisser une élite décider de qui peut parler et qui ne le pourra plus ? C’est au juge de dire le droit, et la place pour le faire est le tribunal, le reste est une dérive attentatoire à la liberté d’expression, et par extension à la démocratie elle-même.

La liberté d’opinion et la liberté d’expression sont des droits fondamentaux inscrits dans la constitution. Et parce que les abolir signifierait clairement le basculement vers le totalitarisme, les élites ne peuvent les attaquer que par la bande, tout en prétendant les défendre. Mais que sont les droits constitutionnels si l’on n’a pas la possibilité d’en jouir pleinement ?

5) Censure des médias sociaux

Parce que la situation économique va en se détériorant, parce que la révolte gronde et que le peuple commence à se soulever, ne trouvant plus aucune issue à la désespérance, le pouvoir cherche par tous les moyens à étouffer la contestation. C’est donc très logiquement que la censure s’étend à présent aux réseaux sociaux, sous la pression des « démocrates » de tout poil, au titre de lutter contre les fake news (encore elles) et les « discours de haine ». La France détient d’ailleurs le record peu enviable du plus grand nombre de demandes de fermeture de pages/comptes Facebook, ça ne s’invente pas.

Cette censure s’étend désormais à Twitter, mais aussi à Youtube. Même les intermédiaires de paiement comme PayPal sont sollicités, et ferment les comptes les uns après les autres, en parfaite coordination avec le pouvoir. Il s’agit, encore une fois, de détruire financièrement les opposants si l’on ne parvient pas à les faire taire.

Cela revient à écoper le pont du Titanic avec une flûte à champagne et n’empêchera pas le navire de couler, mais le pouvoir essaie désespérément de repousser le moment où il aura à choisir entre la révolution et la répression sanglante, ce qui fait toujours tache sur la carte de visite d’un État supposément démocratique, vous en conviendrez.

Que reste-t-il de notre démocratie dans tout ça ?

Les stratégies que j’évoquais nous montrent clairement qu’elles tendent toutes au même objectif : rendre plus étroit le champ d’expression démocratique.

  • Réduire le vocabulaire ou le pervertir
  • Réduire l’offre politique réelle en posant que certains sujets ne peuvent être débattus
  • Nous abreuver de propagande médiatique au service des puissants
  • Censurer les espaces de liberté qu’étaient les réseaux sociaux
  • Ostracisation des opposants, voire mise à mort sociale & économique

Comment pouvons-nous lutter efficacement contre ces dérives ?

En retrouvant notre capacité naturelle au dialogue, au-delà des clivages artificiellement posés par ceux qui veulent à tout prix empêcher l’émergence d’une force d’opposition capable de jeter les gouvernements actuels dans les poubelles de l’histoire dont ils n’auraient jamais dû sortir.

Par dialogue, j’entends de ne plus accepter qu’un banal emprunt idéologique puisse mener à une diabolisation par association. S’il est parfaitement légitime de s’opposer aux idées, il y a grand danger à pratiquer l’ostracisme, le danger de se retrouver atomisés, littéralement. Et les seuls qui ont intérêt à ce que l’opposition reste atomisée sont nos dirigeants actuels, et leurs supplétifs.

En démocratie, la diversité des opinions est un bienfait, pas une tare. On peut parfaitement avoir une sensibilité sociale et remettre en cause l’immigration massive qui ne mènera qu’à la guerre civile que Zemmour appelle de ses voeux. On peut parfaitement admirer Michel Collon pour ses positions contre les guerres néocoloniales et trouver chez Alain Soral des analyses lucides et réalistes. On peut aimer Marx et comprendre Proudhon. On peut être contre l’appropriation des ressources de l’humanité par une petite clique de parasites et comprendre les petits propriétaires terriens et les entrepreneurs. On peut être résolument contre la destruction de la planète par l’homme, être animé d’un esprit authentiquement écologique et considérer que la voiture électrique n’est qu’une farce à l’usage des bobos, et que la « lutte contre le réchauffement climatique » n’est qu’une autre formulation pour « eugénisme tranquille » (tout de suite moins sexy).

Et j’ajoute que si les partis d’opposition actuels s’accomodent ou encouragent pareille dichotomie, ils font le jeu du pouvoir, et ceux qui y sont dans l’espoir d’un grand soir qui ne viendra jamais en sont les éternels cocus.

Casser tout pour reconstruire, et peupler ce lieu avec des hommes nouveaux : terriblement seuls, désespérément faibles, parce qu’attachés à rien, et ancrés nulle part.

Une société, c’est avant tout une communauté sur un territoire. Des règles simples et justes, un partage équitable des charges et des bienfaits. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Ce lieu de vie est attaqué de toutes parts, autant pour ce qui concerne le territoire6 que pour ce qui concerne sa communauté (les Français). Pire, tout ce qui pourrait ressembler, de près ou de loin, à une organisation sociale visant la cohésion est systématiquement détruit par les mêmes qui prétendent les défendre : les services publics, les soins de santé, l’enseignement, mais aussi les fleurons industriels (privatisations), les syndicats et jusqu’au noyau familial : aujourd’hui, si vous n’avez pas épousé votre poisson-rouge et que votre gamin de 5 ans n’a pas encore fait son coming-out, vous n’êtes qu’un putain de macho dominateur rétrograde doublé d’un père indigne et homophobe. Tout est à vendre, tout doit partir.

Ne vous y trompez pas, ce lent travail de sape de ce qui constitue le ciment même de la société ne pourrait pas exister sans la complicité des élites, qui ont décidé, main dans la main avec le pouvoir financier international7, d’en finir une fois pour toutes avec ce modèle. Il faut donc casser tout pour reconstruire, et peupler ce lieu avec des hommes nouveaux : terriblement seuls, désespérément faibles, parce qu’attachés à rien, et ancrés nulle part. Ce sera le pouvoir sans partage des multinationales; sans intermédiaires devenus désormais inutiles, Macron partira à la casse et sera remplacé par une sorte de CEO de la filiale « France » et il se trouvera encore des imbéciles pour voter pour… ça.

Ph. Huysmans

    • Presque un oxymore, puisque précisément l’essence de la démocratie est le pouvoir politique exercé par le peuple. Et si le peuple ne peut s’emparer de la question des traités, on peut raisonnablement conclure qu’il n’y a pas de démocratie du tout (cfr référendum sur le Traité de Maastricht)
    • Apparemment, en 2009 c’était encore possible, mais même rétrospectivement, il semble que l’existence d’un tel article soit insupportable : il a donc été supprimé. Bienvenue en 1984.
    • Sophisme : argument, raisonnement ayant l’apparence de la validité, de la vérité, mais en réalité faux et non concluant, avancé généralement avec mauvaise foi, pour tromper ou faire illusion. Source CNRTL
    • Ensemble des opinions communes aux membres d’une société et qui sont relatives à un comportement social. Source : Larousse
    • Libéré sous caution le 16 novembre 2018 après 287 jours de détention provisoire. Est-il permis de penser que le traitement appliqué à l’intéressé (par la justice, mais aussi par les médias) diffère singulièrement par sa sévérité si on le compare à d’autres affaires qui avaient défrayé la chronique (Polanski, Dsk) ? La question n’est pas de savoir si l’on est d’accord avec les idées professées par Tarik Ramadan, mais bien de savoir s’il est un citoyen français comme les autres, un justiciable bénéficiant du droit à la présomption d’innocence, comme tout accusé, dans l’attente de son procès.
    • Souveraineté : le droit français est désormais subordonné au droit européen
    • Multinationales, banques, fonds de pensions, spéculateurs…
 
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Ph. Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, né à Schaerbeek le 16.10.1966. Marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Ses articles

Source: Le Vilain Petit Canard

Das verborgene Volk

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