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vendredi, 28 mars 2025

Le gouvernement japonais réfléchit à la migration de travail: l'Allemagne comme exemple négatif

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Le gouvernement japonais réfléchit à la migration de travail: l'Allemagne comme exemple négatif

Tokyo. Il n'y a pas que le vice-président américain J.D. Vance qui considère la politique d'immigration allemande comme suicidaire. Le gouvernement japonais voit également l'Allemagne comme un exemple négatif en matière d'immigration.

Cela a été clairement exprimé ces jours-ci lors des discussions sur l'accueil et l'intégration des travailleurs étrangers au Japon, qui ont eu lieu lors de la 21ème session du cabinet japonais. Le gouvernement à Tokyo souhaite promouvoir la migration de travail vers le Japon avec des programmes spéciaux – tout en évitant à tout prix les erreurs de l'Allemagne. Une grande importance est accordée, par exemple, aux compétences linguistiques des postulants. Des plafonds doivent également être fixés pour le nombre d'étrangers admis.

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Cependant, même cette politique d'immigration relativement prudente n'est pas sans controverse au sein du gouvernement. Minoru Kiuchi (photo), responsable, au sein du cabinet du Premier ministre Ishiba, de la sécurité économique notamment, a exprimé, après la réunion ministérielle, sur X, ses inquiétudes quant aux conséquences de la migration – en faisant surtout référence à l'Allemagne comme un exemple dissuasif. En Allemagne, qui mène une "politique active d'accueil des étrangers", on constate une augmentation de la criminalité et des problèmes sociaux ainsi qu'une fracture au sein de la société, a-t-il écrit.

Kiuchi a appelé à "analyser en profondeur et avec soin les problèmes de ces pays" avant que le Japon ne prenne ses propres décisions en matière de politique migratoire. Il est nécessaire d'évaluer l'efficacité de la politique de ces pays et ensuite de "gagner le consensus du public" (mü).

Source: Zu erst, mars 2025.

jeudi, 27 mars 2025

L'essor de l'Asie: une restauration de l'ordre naturel du monde

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L'essor de l'Asie: une restauration de l'ordre naturel du monde

Brecht Jonkers

Source: https://brechtjonkers.substack.com/p/the-rise-of-asia-a-r...

L'essor de l'Asie n'est pas un phénomène nouveau. C'est la restauration de l'ordre naturel du monde.

Le graphique ci-dessous est encore imparfait et ce, d'une manière qui profite encore fortement à l'Occident, car il s'étend jusqu'à l'année 1700 et ne montre donc pas à quel point la période de domination économique mondiale de la Chine et de l'Inde a été incroyablement longue.

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Mais il met en avant quelques aspects cruciaux. La Chine a été la puissance économique mondiale dominante pendant la majeure partie de l'histoire humaine enregistrée, jusqu'à bien loin dans le 19ème siècle. Le seul concurrent qu'elle ait jamais eu était l'Inde, par exemple sous les règnes des Moghols. Aucune autre nation n'a jamais été même proche de la Chine et de l'Inde à leur apogée jusqu'à il y a moins de 150 ans.

La seule façon pour l'Occident de soumettre ces deux puissances orientales a été par des injections excessives de violence. Comme l'a dit Samuel Huntington, la « supériorité occidentale dans l'application de la violence organisée » était ce qui leur a permis de conquérir le monde au 19ème siècle.

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Les guerres de l'opium ont été le point crucial et pivot de l'histoire récente de la Chine, démarrant le Siècle de l'Humiliation et causant l'effondrement de la Chine au profit de l'Europe et, plus tard, de l'Amérique. Alors que les Européens se souviennent à peine que ces deux conflits ont eu lieu, étant conditionnés à oublier tout ce que notre société a fait de mal (à part l'Holocauste); pour la Chine, les guerres de l'opium ont été un moment charnière qui détermine pratiquement tout ce qui s'est passé depuis 1839: du vol de Hong Kong et de Macao à la période d'occupation japonaise, jusqu'à la sécession en cours de la province satellite américaine de Taïwan.

C'est une force motrice interne qui se trouve dans l'esprit de chaque homme d'État chinois, du programme d'industrialisation rapide de Mao Zedong, aux réformes économiques de Deng Xiaoping, jusqu'à l'expansion des capacités de défense chinoises par Xi Jinping. C'est le « Plus jamais ça » qui forme un pilier de la conscience nationale chinoise, que les Occidentaux échouent continuellement à comprendre.

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L'Inde a subi un sort encore pire. L'économiste renommée Utsa Patnaik (photo) a calculé qu'en raison de l'occupation coloniale britannique directe, l'Inde a été dépouillée de 45 trillions de dollars de richesse entre 1765 et 1938. Les estimations conservatrices, comme celle du journal World Development, évaluent l'excès de mortalité à 50 millions de victimes causées directement par la politique coloniale britannique entre 1891 et 1920 seulement. Une période qui n'a duré que 40 ans. Des dommages de proportions apocalyptiques, dont l'Inde ne s'est même pas entièrement remise jusqu'à ce jour.

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Dans les deux cas, la Grande-Bretagne était le principal coupable et la force motrice derrière la destruction de l'Inde et de la Chine. Et même alors, comme le montrent les statistiques, l'Empire britannique n'a jamais atteint la puissance économique dont l'un ou l'autre de ces deux espaces civilisationnels asiatiques jouissait à son apogée. Britannia peut prétendre avoir régné sur les mers, mais elle n'a certainement jamais réussi à dominer les tableaux de score historiques.

Seuls les États-Unis ont jamais réussi à être un challenger, et un vainqueur temporaire, dans la compétition avec la Chine pour le titre d'hégémon économique. Mais ce temps est déjà passé, et la Chine est de nouveau au sommet. Comme l'histoire humaine nous l'a montré, c'est ainsi que les choses devraient être.

mercredi, 26 mars 2025

L'APEC et la géoéconomie à la chinoise

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L'APEC et la géoéconomie à la chinoise

Leonid Savin

Le 35ème sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), composé de 21 pays d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud et d'Asie du Sud-Est, qui s'est tenu au Pérou en novembre 2024, a montré que l'équilibre des pouvoirs évoluait rapidement. On constate que les États-Unis perdent de leur influence, même s'ils tentent par divers moyens de maintenir leur hégémonie.

L'APEC elle-même est une plateforme qui correspond à la description du libéralisme classique. En fait, même si l'on lit les déclarations et les énoncés adoptés, ils peuvent s'inscrire dans le cadre des énoncés des dirigeants américains.

Par exemple, la déclaration ministérielle générale indique que « nous reconnaissons le rôle important d'un écosystème numérique favorable, ouvert, équitable, non discriminatoire, plus sûr et plus inclusif qui facilite le commerce, ainsi que l'importance d'instaurer la confiance dans l'utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC). Nous encourageons les pays à intensifier leurs efforts pour faire progresser la transformation numérique. Dans le cadre de l'accord avec l'AIDEN, nous travaillerons ensemble pour faciliter la circulation des données, en reconnaissant l'importance de la protection de la vie privée et des données personnelles, et en renforçant la confiance des consommateurs et des entreprises dans les transactions numériques ».

Un vrai style "Maison Blanche".

Le 16 novembre, la déclaration de Machu Picchu a été publiée, avec les signatures des dirigeants des nations participantes, y compris des puissances rivales telles que les États-Unis et la Chine.

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Le document souligne également la nécessité d'un commerce équitable, transparent et prévisible, sans discrimination, et de promouvoir l'interconnexion de la région à différents niveaux. Il a également décidé d'organiser les prochains sommets de 2025 à 2027, respectivement en Corée, en Chine et au Viêt Nam, ce qui démontre le rôle de l'Asie du Sud-Est dans les affaires de l'APEC pour les trois prochaines années.

Cependant, il y a eu des nuances. En particulier, l'initiative B3W (Build Back Better World), lancée par Joe Biden en 2021, n'a pas été mentionnée du tout dans les documents du sommet. Pourtant, ses objectifs affichés sont assez proches des documents de l'APEC.

Cela confirme une fois de plus que ce projet géoéconomique américain a lamentablement échoué, même si les représentants de la Maison Blanche et du département d'État tentent occasionnellement d'utiliser ce récit pour exercer une influence en Amérique latine et dans la région indo-pacifique.

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La Chine, en revanche, est apparue comme un leader clair et un acteur constructif. Il ne s'agissait pas seulement de la photo de famille symbolique des dirigeants des pays, avec Xi Jinping au centre du premier rang à côté de l'hôtesse du forum, Dina Boluarte, et le président américain Joe Biden modestement rangé dans les marges du deuxième rang. Le 15 novembre, les présidents péruvien et chinois ont inauguré le grand port de Chancay (photo, ci-dessous), sur la côte pacifique, à 70 kilomètres de Lima.

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La part de l'entreprise logistique chinoise COSCO Shipping dans ce projet est de 60%. En d'autres termes, la Chine détient une part de contrôle. L'investissement total s'élève à 3,4 milliards d'USD.

La capacité prévue du nouveau port est de 1 million d'EVP (équivalent vingt pieds, une mesure conventionnelle de la capacité de fret) par an à court terme et de 1,5 million d'EVP à long terme. Selon le Global Times, la construction des principales installations portuaires s'est achevée au début de l'année, avec plus de 80% du projet réalisé.

Pour la Chine, le lancement d'une nouvelle plate-forme de transport en Amérique latine peut réduire considérablement les coûts logistiques (jusqu'à 20%) et les délais de livraison (23 jours). Auparavant, les marchandises en provenance de Chine étaient expédiées vers le Mexique ou le Panama, d'où elles rejoignaient l'Amérique du Sud. Désormais, la Chine a la possibilité de livrer directement en Amérique du Sud et le Pérou devient une zone de transit supplémentaire pour les pays voisins de la région: l'Équateur, la Colombie, la Bolivie, le Chili et le Brésil, et, à travers ces pays, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay.

En plus des marchandises en provenance de Chine, le Pérou sera en mesure d'augmenter ses exportations, qui ont connu une croissance significative ces dernières années. L'année dernière, le Pérou a vendu pour 23 milliards d'USD de marchandises à la Chine, quadruplant ainsi ses revenus par rapport à 2009. Cela signifie plus de production, plus d'emplois et plus de devises pour acheter les biens dont le Pérou a besoin. Environ 90% des exportations péruviennes vers la Chine sont constituées de ressources naturelles.

Et la Chine est désormais intéressée par l'augmentation de leur volume. Il convient de noter que le Pérou et le Chili sont des leaders dans l'exploitation du cuivre. Quant à la Bolivie voisine, elle possède d'importantes réserves de lithium.

Globalement, la catégorie des principaux produits exportés du Pérou vers la Chine comprend les scories et les cendres de minerai (19,8 milliards de dollars), le cuivre (1,18 milliard de dollars), les résidus, les déchets de l'industrie alimentaire, les fourrages (733 millions de dollars), les fruits comestibles, les noix, les écorces d'agrumes, les melons (282,3 millions de dollars), les poissons, les crustacés, les mollusques, les invertébrés aquatiques (336,9 millions de dollars), combustibles minéraux, huiles, produits de distillation (258,8 millions de dollars) - tels sont les chiffres à l'horizon 2023.

De toute évidence, une telle avancée de l'initiative chinoise Belt and Road va à l'encontre du désir de Washington de mener sa propre politique et de dire aux pays d'Amérique latine avec qui commercer. C'est pourquoi ils ont immédiatement commencé à critiquer le projet sur le terrain.

Laura Richardson, un général à la retraite qui a récemment dirigé le commandement sud des États-Unis, s'est inquiétée du fait que le port pourrait être utilisé pour amarrer des navires de guerre chinois. Mme Richardson s'est également opposée à la proposition de construire un port chinois dans le sud de l'Argentine.

Foreign Policy cite également des analystes péruviens anonymes qui affirment que le port soulève des préoccupations plus sérieuses que la concurrence des grandes puissances. La construction des routes et des voies ferrées nécessaires à l'acheminement des marchandises vers le port aurait pris du retard.

Cela dit, il est évident que ces problèmes peuvent être résolus et que la Chine, en collaboration avec le Pérou, s'y attaquera. En outre, le port lui-même, en tant que nouvelle plaque tournante, servira d'exemple pour les autres pays, qui pourront voir ce que la Chine peut faire et le comparer à ce que font les États-Unis.

Ce qui est intéressant, c'est que la Chine utilise une approche purement géoéconomique, que les États-Unis eux-mêmes ont déjà promue par le passé. Cette approche n'a rien à voir avec l'idéologie et le « hard power », qui sont plutôt pratiqués par Washington. L'approche de Pékin est pragmatique et ne pose aucune exigence politique supplémentaire, ce qui la rend plus attrayante que celle des États-Unis.

Article original de Leonid Savin :

https://orientalreview.su/2025/02/21/apec-and-chinese-sty...

mardi, 11 mars 2025

L'Éveil du Japon dans l'Ordre des Grandes Puissances

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L'Éveil du Japon dans l'Ordre des Grandes Puissances

Avec le déclin des globalistes et la montée de la multipolarité, le Japon a désormais une chance rare de retrouver son indépendance.

Alexander Douguine

Quelle place pour le Japon dans l'ordre mondial des grandes puissances? Rappelons que Huntington a posé le Japon comme une civilisation bouddhiste distincte dans son célèbre texte de 1993. Cela n'avait pas de sens jusqu'à présent. Le Japon était totalement soumis au programme libéral et globaliste des gauches. Maintenant, que ce programme défaille, cela commence à prendre sens.

Trump signifie révolution. Pour le Japon (et les rapports Japon/Russie), cela oblige à tenir compte des faits suivants :

    - Trump a déjà dit qu'il n'était pas heureux de l'aide militaire accordée au Japon.

    - Trump est généralement en faveur de la tradition.

    - Fini le thème habituellement récurrent de la russophobie.

Mettons maintenant ces trois points ensemble.

Quelles sont les inférences pour le Japon?

    - Moins de dépendance vis-à-vis des globalistes libéraux américains.

    - Invitation indirecte à restaurer le traditionalisme japonais.

    - Porte ouverte pour le dialogue avec les traditionalistes russes.

L'OTAN est l'autre nom de l'État profond libéral globaliste et internationaliste. Dans un monde multipolaire, l'existence d'une telle structure n'a pas de sens. C'est juste une inertie obsolète issue de la guerre froide. L'ordre des grandes puissances exige une nouvelle stratégie de sécurité globale basée sur des pôles et des zones autour de ceux-ci, correctement et réalistement définis.

Il est maintenant temps de réfléchir à comment rendre sa grandeur au Japon. La Chine est grande. Le Japon, jusqu'à présent, était un appendice misérable du système globaliste. Un pays occupé avec zéro souveraineté. Seules des ombres de sa grandeurs passée subsistaient misérablement. Trump donne une chance de changer cela.

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La philosophie est un piège pour la réalité. L'histoire oscille autour de l'axe de la "marche dogmatique des choses" (J. Parvulesco) - un pas d'un côté, un pas de l'autre. La philosophie attend le moment où la réalité approche de l'axe idéationnel et signale alors: voilà.

Le vieux libéralisme détestait le telos. La liberté l'interdit. Le libéralisme de gauche est un mélange entre libéralisme et communisme (surtout les linéaments qui sont qualifiables de "trotskystes"). Le cœur de la philosophie Tech Right (r/acc) est de dire: le libéralisme de gauche entrave le progrès technique en plaçant le telos (moralisant, woke) avant toutes autres choses.

La Tech Right veut annuler le libéralisme de gauche parce que le progrès technique exige une véritable liberté - une liberté grâce à l'absence de tout telos.

La fin de l'histoire hégélienne (dans une lecture de gauche, car il existe une autre lecture authentiquement hégélienne, qui est de droite et monarchiste) a été introduite dans le libéralisme de gauche de manière artificielle par d'anciens marxistes et trotskystes - A. Kojève, par exemple. La singularité n'est pas un telos. C'est une sorte de moment du libre marché.

Commentaire: Bonjour, M. Douguine. Dans ces temps changeants, surtout avec Trump critiquant l'accord concernant la protection que les États-Unis accordent au Japon comme "injuste", comment pensez-vous que le Japon devrait se positionner? Le Japon devrait-il se réarmer correctement? Quelle serait la position de la Russie sur cette question?

Ma réponse: Le Japon a maintenant une chance unique de s'éveiller et de commencer à restaurer sa souveraineté. La Russie n'est pas un ennemi inné et absolu de ce tournant. Cela pourrait s'inscrire dans une multipolarité totalement ignorée jusqu'à présent par un Japon trop docile et soumis (aux globalistes).

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jeudi, 06 mars 2025

L'accord du siècle entre l'UE et l'Inde ouvre la voie au pétrole russe vers l'Europe

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L'accord du siècle entre l'UE et l'Inde ouvre la voie au pétrole russe vers l'Europe

Leonid Savin

Ursula von der Leyen, cheffe de la Commission européenne, a déclaré lors de sa visite à New Delhi le 28 février qu'un accord de libre-échange sans précédent entre l'UE et l'Inde pourrait être conclu d'ici la fin de l'année 2025.

Ursula von der Leyen a ajouté de manière pathétique que « cette visite marque le début d'une nouvelle ère » et « qu'il est temps de faire passer le partenariat stratégique entre l'UE et l'Inde au niveau supérieur ». Elle a également annoncé que l'Union européenne étudiait activement la possibilité d'un nouveau « partenariat de sécurité et de défense » avec l'Inde, similaire aux accords existants de l'UE avec des partenaires clés tels que le Japon et la Corée du Sud.

Un partenariat de longue date

Les relations entre l'Inde et l'Union européenne ne datent pas d'hier. L'Inde a été l'un des premiers pays à établir des relations diplomatiques avec la Communauté économique européenne en 1962.

Dans le cadre de l'accord de coopération UE-Inde de 1994, les deux parties ont mis en place un système complet de coopération et ont finalement transformé leurs relations en partenariat stratégique en 2004. En 2007, les deux parties ont entamé des négociations en vue d'un accord bilatéral de grande envergure sur le commerce et l'investissement. Toutefois, après 15 cycles de négociations en 2013, elles se sont retrouvées dans l'impasse. La faute incombe aux ambitions des parties.

Le 8 mai 2021, les dirigeants de l'UE et de l'Inde ont décidé de reprendre les négociations sur un accord commercial « équilibré, ambitieux, complet et mutuellement bénéfique » et de lancer des « branches » distinctes sur un accord de protection des investissements et un accord sur les indications géographiques. En avril 2022, il a été décidé de créer un Conseil du commerce et de la technologie UE-Inde.

Selon des documents officiels, l'Union européenne est le premier partenaire commercial de l'Inde. Elle représentait 12,2% du commerce total de l'Inde en 2023, avec un chiffre d'affaires de 124 milliards d'euros.

L'Inde est le neuvième partenaire commercial de l'UE, avec 2,2% du total des échanges de biens de l'UE en 2023. Le commerce des services entre l'UE et l'Inde atteindra 59,7 milliards d'euros en 2023, contre 30,4 milliards d'euros en 2020.

Les principaux thèmes des négociations commerciales sont: la suppression des obstacles et l'aide aux entreprises de l'UE; l'ouverture des marchés de services et des marchés publics; la garantie de la protection des indications géographiques; et les engagements en matière de commerce et de développement durable.

Le dernier cycle de négociations entre l'Inde et l'UE s'est tenu en novembre 2024 et portait sur les droits de douane applicables à un groupe de marchandises liées aux technologies de l'information et de la communication. Conformément au plan, les parties étaient censées présenter leur vision pour le 10 février. Apparemment, l'échange de données a été fructueux, ce qui explique pourquoi les fonctionnaires de l'UE ont déclaré que l'accord pourrait être signé dès cette année.

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Circonstances géopolitiques

Au-delà des nuances purement techniques et de la protection des intérêts de l'UE et de l'Inde, les circonstances géopolitiques actuelles, qui laissent peu de marge de manœuvre, poussent Bruxelles à conclure l'accord.

Les nouveaux dirigeants américains ont promis d'imposer des droits de douane de 25% sur les produits européens à partir du mois d'avril en réponse aux mesures protectionnistes de Bruxelles. D'autre part, au sein de l'UE, on craint l'influence croissante de la Chine sur le marché européen, notamment dans le domaine des métaux rares et des produits de télécommunications.

L'UE peut également tirer parti de la confrontation stratégique entre l'Inde et la Chine, raison pour laquelle le chef de la Commission européenne a parlé de coopération en matière de défense. L'Inde essayant de diversifier ses approvisionnements en armes et de développer son propre complexe militaro-industriel, les propositions de l'UE en la matière pourraient s'avérer utiles pour New Delhi.

Il convient d'ajouter que l'Inde a déjà signé un certain nombre d'accords avec les États-Unis dans le domaine des technologies avancées et de la science, et que les relations personnelles entre le Premier ministre Narendra Modi et le président Donald Trump se développent plutôt bien. De plus, compte tenu des critiques de la Maison Blanche à l'égard de l'UE et de leurs désaccords persistants, l'Inde se trouve dans une position gagnante.

À cela s'ajoute la coopération en cours avec la Russie, qui aide l'Inde à développer sa propre économie.

Il est probable que la décision de l'UE d'instaurer le libre-échange avec l'Inde ait un double fondement: alors que certains produits pétroliers en provenance de Russie ont jusqu'à présent pénétré dans l'UE par l'intermédiaire de pays tiers, l'Inde pourrait déployer beaucoup plus d'activités dans ce domaine dans le cadre du nouvel accord.

Les produits pétroliers sont l'un des principaux produits de base que l'Inde fournit à l'UE. Et surtout, elle ne craint aucune sanction, car il est peu probable que les États-Unis et l'UE lui imposent des restrictions, ce que confirment les précédentes dérogations au régime des sanctions à l'encontre de New Delhi.

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Agents de consommation

Parmi les autres produits indiens exportés vers l'UE figurent les vêtements prêts à porter, l'acier, les machines électriques et les produits pharmaceutiques. Les exportations de services tels que les télécommunications et les transports pourraient également augmenter de manière significative après la signature de l'accord.

L'UE devrait bénéficier de l'augmentation des exportations de biens tels que les avions et leurs pièces détachées, les équipements électriques, les produits chimiques et les diamants. Le secteur des services bénéficiera également de l'augmentation des échanges dans les domaines de la propriété intellectuelle, des télécommunications et des services informatiques.

Étant donné que deux millions et demi d'Indiens vivent dans les pays de l'UE, et que ce chiffre est clairement appelé à augmenter dans un avenir proche, l'Inde a en fait ses agents de consommation sur le terrain qui feront pression pour son entrée sur le marché européen.

Selon des rapports récents, l'UE cherche à supprimer les droits de douane sur plus de 95% de ses exportations, y compris les produits agricoles sensibles et les automobiles. L'Inde, quant à elle, ne souhaite ouvrir qu'environ 90% de son marché à l'UE, hésitant à réduire les droits de douane uniquement sur les produits agricoles.

En ce qui concerne la route directe pour les approvisionnements dans les deux sens, l'UE mise désormais sur le corridor du Moyen-Orient. L'itinéraire classique passant par le canal de Suez peut être utilisé, de même que des options alternatives via la Turquie, l'Irak et l'Iran.

Toutefois, à l'avenir, après la levée des sanctions, nous ne pouvons pas exclure l'itinéraire via la Russie. En outre, les produits de nos co-entreprises fabriqués en Inde peuvent également être livrés à l'UE.

mercredi, 19 février 2025

Inde : le BJP de Modi gagne la capitale mais extermine les communistes dans l'Etat du Chhattisgarh

 

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Inde : le BJP de Modi gagne la capitale mais extermine les communistes dans l'Etat du Chhattisgarh

par Giulio Chinappi

Source: https://telegra.ph/India-il-BJP-di-Modi-vince-nella-capit...

Le 5 février dernier, les élections législatives tant attendues se sont déroulées dans la capitale fédérale de l'Inde, New Delhi. Pour la première fois, elles ont récompensé le BJP (Bharatiya Janata Party), le parti dirigé par le Premier ministre Narendra Modi. À la tête du gouvernement depuis 2014, Modi n'avait jamais réussi à conquérir la capitale, contrôlée depuis onze ans par la formation centriste Aam Aadmi Party (AAP), que l'on peut traduire par « Parti de l'homme commun ».

En effet, le BJP avait déjà dirigé la capitale New Delhi, mais bien avant l'ascension de Narendra Modi, entre 1993 et 1998. Cependant, au cours des 27 dernières années, la formation de droite nationaliste hindoue n'a fait qu'accumuler les défaites, cédant d'abord le gouvernement aux rivaux historiques du Congrès national indien (CNI) entre 1998 et 2013, puis à l'AAP. Selon les analystes, la défaite du ministre en chef sortant Atishi Marlena et du leader de l'AAP Arvind Kejriwal constitue un revers majeur pour l'opposition au gouvernement de Modi.

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Pour comprendre les raisons de ce résultat, il faut remonter dans le temps. Fondé en novembre 2012, l'AAP avait d'abord construit son succès dans la capitale en se présentant comme un mouvement populaire mené par un leader charismatique et populaire comme Arvind Kejriwal (photo). Cependant, avec le temps, l'AAP a changé de nature, étant perçu comme une partie intégrante du système qu'il tentait initialement de combattre : « Ce qui avait commencé comme un mouvement populaire s'est transformé en un simple parti politique », a déclaré l'expert Neelanjan Sircar, du Centre de recherche politique de New Delhi, interrogé par Al Jazeera. Kejriwal n'est plus qu'un politicien, et une fois que son charisme s'est estompé, le lien avec les électeurs s'est affaibli ».

D'autre part, le BJP poursuit son ascension à travers le pays, remportant la victoire dans trois États importants (Maharashtra, Haryana et Delhi) au cours des derniers mois et renforçant son poids dans la politique nationale. En ce qui concerne la capitale, peuplée de plus de 33 millions d'habitants, les analystes ont souligné qu'un pourcentage important d'électeurs des castes supérieures, qui représentent près de 40 % de la population de Delhi, ont choisi le BJP, attirés par des promesses de subventions, de développement et par un désir de changement après plus d'une décennie de règne de l'AAP.

Cependant, outre les promesses de bien-être, le BJP a également beaucoup misé sur son âme nationaliste hindoue, exacerbant la discrimination à l'encontre des nombreuses minorités ethniques et religieuses qui peuplent l'Inde, en particulier les minorités musulmanes. C'est le cas des Rohingyas, originaires du Myanmar et du Bangladesh, qui sont aujourd'hui très nombreux à New Delhi et dans d'autres régions de l'Inde en raison des conflits internes qui font rage depuis des décennies dans l'ancienne Birmanie. Selon les statistiques du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) mises à jour en 2019, au moins 40.000 Rohingyas résident en Inde, dont 1100 dans la capitale, mais ces chiffres sont très probablement sous-estimés.

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Le BJP et d'autres groupes de droite attaquent les Rohingyas depuis des années, les accusant d'être liés au terrorisme et appelant à leur arrestation et à leur expulsion. Nombre d'entre eux ont été enfermés dans des centres de détention dans la capitale et dans d'autres régions du pays. Lors d'une conférence de presse tenue pendant la campagne électorale, le porte-parole du BJP, Sambit Patra (photo), a accusé le gouvernement sortant de l'AAP de « manipulation démographique » pour influencer les élections. En fait, le BJP a accusé à plusieurs reprises l'AAP d'ajouter des « Bangladais illégaux » aux listes électorales afin d'élargir sa base électorale. De même, lors d'un meeting électoral, le ministre de l'intérieur Amit Shah a promis que si le BJP arrivait au pouvoir, il « débarrasserait Delhi des Bangladais illégaux et des Rohingyas dans les deux ans ».

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Entre-temps, dans l'État du Chhattisgarh, lui-même dirigé par le BJP, le gouvernement local se plaît à exterminer les communistes, comme en témoigne l'assassinat de 31 personnes qui, selon des sources officielles, ont été identifiées comme des « rebelles maoïstes », également connus sous le nom de « Naxalites » en Inde. Les Naxalites sont un courant communiste fondé en 1967 par Charu Mazumdar, mort en prison en 1972 après avoir été emprisonné pour ses opinions politiques, et sont aujourd'hui principalement actifs dans les Etats de l'Andhra Pradesh, du Telangana, du Maharashta et du Chhattisgarh. Depuis le début de l'année, il s'agit de la troisième opération de ce type menée par les autorités indiennes, après l'assassinat de seize naxalites le 23 janvier et de huit autres militants maoïstes le 31 janvier.

 « Des centaines de policiers et de soldats paramilitaires ont lancé une opération dans les forêts sur la base de renseignements indiquant qu'un grand nombre de rebelles maoïstes s'étaient rassemblés dans la région », a déclaré l'inspecteur général de la police de l'État, Pattilingam Sundarraj. « Il s'agit d'une grande victoire en faveur d'une Inde libérée des naxalites », a déclaré le ministre de l'intérieur, Amit Shah, qui avait indiqué l'année dernière que le gouvernement prévoyait d'éradiquer la rébellion maoïste d'ici à 2026. Dans l'ensemble, la répression a entraîné la mort d'environ 287 militants maoïstes au cours de l'année écoulée, la plupart d'entre eux dans l'État du Chhattisgarh, selon les chiffres officiels du gouvernement.

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Les soldats indiens combattent les maoïstes depuis 1967, date à laquelle les rebelles ont entamé la lutte pour réclamer davantage d'emplois, de terres arables et une redistribution des richesses naturelles pour les communautés indigènes pauvres du pays. Des années de négligence ont isolé de nombreuses populations locales, qui souffrent d'un manque d'emplois, d'écoles et d'infrastructures de santé, faisant des propositions des Naxalites le seul moyen possible de sortir de la pauvreté, comme dans le cas de l'État du Chhattisgarh, l'un des plus pauvres de toute la fédération.

Dans le contexte des élections législatives à New Delhi et des opérations militaires contre les rebelles maoïstes, une image politique de plus en plus polarisée se dessine en Inde. D'une part, la victoire du BJP dans la capitale représente une nouvelle consolidation du pouvoir du parti de Narendra Modi, renforcé par le soutien des castes supérieures et une rhétorique nationaliste qui a trouvé un écho dans une grande partie de l'électorat. D'autre part, la répression des minorités et des mouvements d'opposition, tels que les maoïstes au Chhattisgarh, démontre le caractère de plus en plus autoritaire des dirigeants actuels. Alors que le BJP apparaît comme la force dominante, l'opposition est confrontée à une marginalisation politique croissante.

 

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lundi, 17 février 2025

Archéo-futurisme et traditionalisme révolutionnaire en Chine

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Archéo-futurisme et traditionalisme révolutionnaire en Chine

Jiang Qing et l'ordre confucéen

Ladislav Malý

Source: https://deliandiver.org/archeo-futurismus-a-revolucni-tra...

Un livre à étudier ou comment le passé ancien de la Chine peut façonner son avenir politique

J'ai récemment acheté un livre intitulé The Confucian Constitutional Order (Philosophy, 2020), en version tchèque. Il est écrit par un auteur contemporain chinois, l'universitaire Jiang Qing, et traduit par Milan Kreuzzieger. Intéressant : on dit généralement qu'il existe une sorte de dictature numérique en Chine, ou encore une dictature communiste et une censure, mais en lisant le texte de Jiang Qing, le lecteur en vient à croire, en souriant, qu'il s'agit là de calomnies haineuses à l'égard de la Chine contemporaine.

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L'auteur évoque le nouveau système sociopolitique qui conviendrait le mieux à la Chine, en s'inspirant de Confucius (Confucius 551-479 après J.-C.,  vécut à l'époque de l'apogée de la culture et de la philosophie grecque en Europe - note LM). J'ai lu ce livre avec intérêt et gourmandise, et comme il y a en cet ouvrage quelque chose qui interpelle les personnes intéressées par la politique, j'ai fait quelques recherches, que je vais maintenant vous présenter brièvement.

Selon Jiang Qing, le meilleur système sociopolitique pour la Chine, et pas seulement pour elle, est la « Voie de l'autorité humaine », qui repose sur la question des trois formes de légitimité politique. La légitimité est le facteur décisif pour déterminer si un dirigeant a le droit de gouverner. Selon l'auteur, la Voie de l'autorité humaine relie les trois sphères, ce qui signifie que le pouvoir politique, pour être légal et juste, doit s'appuyer sur trois types de légitimité: le Ciel, la Terre et l'Homme.

La première se réfère à une légitimité transcendantale et sacrée ; la deuxième se fonde sur une légitimité dérivée de l'histoire et de la culture, puisque la culture est créée au cours du processus historique dans des lieux spécifiques ; la troisième se réfère à la volonté du peuple, puisque le respect de cette volonté détermine directement la soumission du peuple à l'autorité politique. Ces trois facteurs de légitimité peuvent garantir que l'autorité du dirigeant et l'obéissance du peuple sont considérées comme un droit et un devoir.

Réflexions complémentaires : la légitimation de la Voie est comprise comme la légitimité du pouvoir politique, tandis que la mise en œuvre de la Voie est comprise comme la manière dont le pouvoir politique est exercé, ainsi que les méthodes et l'art d'utiliser le pouvoir légitime. La légitimation du pouvoir politique est le fondement et l'objectif de tout système politique : la méthode, l'ordre et l'art de la politique. Sans cela, la réalité politique n'a ni sens ni valeur.

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Dans un cadre constitutionnel, la voie de l'autorité humaine établit le régime parlementaire. Le Parlement est composé de trois chambres, chacune d'entre elles représentant l'une des trois sortes de légitimité: la Chambre des lettrés, c'est-à-dire la Chambre des lettrés confucéens, représente la légitimité sacrée ; la Chambre du peuple, la légitimité populaire ; et la Chambre de la nation (du pays), la légitimité culturelle. Le Parlement ainsi constitué, en tant qu'organe souverain de l'État, est - selon Jiang - le mieux réalisé dans une monarchie, et pour la Chine contemporaine, le monarque souverain est le dernier héritier de Confucius.

Le sous-titre du livre, qui justifie sa qualification d'« archéo-futuriste », est « Comment le passé ancien de la Chine peut façonner son avenir ». La manière dont Jiang Qing compare différents systèmes sociopolitiques, y compris la démocratie occidentale, présente un intérêt particulier pour nous, en République tchèque. Il déclare notamment: "Lorsque la démocratie a été confrontée à la question de la légitimité, elle a trouvé ses fondements théoriques dans le contrat social, qui justifie et nomme l'origine de l'État et la légitimité politique qui en découle. La légitimité de la démocratie est donc un produit de la raison pure et de la spéculation, qui souffre d'un manque d'arrière-plan historique authentique".

Ailleurs, dans le livre, nous pouvons lire : "L'examen de la question de la légitimité sous l'angle des trois éléments que sont le Ciel, la Terre et l'Homme révèle une légitimité tridimensionnelle et la division de ses éléments constitutifs. La conception occidentale contemporaine de la souveraineté du peuple n'est que le résultat du rejet de la souveraineté médiévale de Dieu. Dans le Moyen Âge chrétien, l'autorité politique venait de Dieu. Dieu était unique, absolu, ne dépendant que de lui-même, et donc d'une essence exclusive et suprême, et donc tout découlait de Dieu. En fait, la souveraineté du peuple n'est que l'équivalent séculier de la souveraineté de Dieu. Dans la culture occidentale contemporaine, Dieu a été remplacé par le peuple. Par conséquent, la politique démocratique affirme une légitimité unique et ne peut imaginer d'autres formes de légitimité".

Et elle a une autre conséquence grave : elle manque de moralité. Dans un système démocratique, l'autorité et la légitimité du gouvernement sont déterminées, dans un sens purement formel, par la « volonté du peuple ». Ce qui compte, c'est l'opinion de la majorité, quelle que soit sa qualité. Si la volonté du peuple était contraire à la morale humaine (comme c'est le cas dans notre pays tchèque depuis 1918 - note LM), il suffirait qu'une majorité de l'électorat obtienne le nombre de voix légalement requis pour que le gouvernement dispose de l'autorité et de la légitimité politiques nécessaires. La démocratie consiste à compter les votes, la moralité n'est pas prise en compte. La volonté immorale du peuple peut créer une autorité et un gouvernement légitimes. Le problème plus profond est qu'au niveau de la légitimation, la volonté du peuple n'est pas limitée par une légitimité sacrée ou une morale universelle. Ses origines historiques et culturelles sont enracinées dans la séparation de l'Église et de l'État. En Occident, la morale est représentée par l'Église, et la séparation de l'Église et de l'État signifie donc que l'Église (la morale) a quitté la sphère politique.

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Par conséquent, il n'y a pas de grand niveau de moralité ou d'idéaux élevés en politique. Il ne reste que des désirs et des intérêts nus. Il n'y a pas de place pour les grands espoirs et la grande vitalité. Dans ces conditions, la politique devient de plus en plus décadente et invite à la satisfaction des désirs ; le gouvernement devient une entreprise gérée par les dirigeants politiques en tant que directeurs ; le gouvernement politique devient une question de contrats et tout peut être jugé en termes d'intérêts financiers. Il n'y a plus de place pour les idéaux sublimes ou les nobles personnalités du passé.

Par ailleurs, Jiang Qing souligne que l'État est un corps organique et vivant. Il évolue dans le temps historique. L'État est l'État du passé, du présent et de l'avenir. Le rôle de l'État aujourd'hui est de porter la vie de l'état passé vers l'avenir. L'État n'est pas le résultat d'un choix rationnel ou de la volonté du peuple. Il est le résultat de la continuité historique et de l'héritage de la tradition. C'est la nature organique de l'État qui décide des questions de légitimité. Les autorités politiques doivent être reconnues sur la base de l'histoire et de la culture. Elles doivent s'appuyer sur la continuité de la vie antérieure de l'État, et ce n'est qu'à cette condition qu'elles peuvent gagner en légitimité.

Si la volonté du peuple est considérée comme la seule source de légitimité, la politique ne peut jamais chercher à réaliser le bien. Par conséquent, le problème n'est pas l'établissement de la démocratie, mais la question de savoir comment changer les principes de base de la démocratie et rétablir les principes de légitimité. C'est le problème politique le plus fondamental auquel sont confrontées les sociétés humaines.

En pratique, il s'agit d'attribuer une légitimité moindre à la légitimité issue du peuple, de lui retirer son statut d'unique source de légitimité, et d'établir un nouveau modèle politique dans lequel plusieurs types de légitimité fonctionnent simultanément, côte à côte, en équilibre.

Voilà pour Jiang Qing.

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En lisant le livre, je me suis demandé comment il était possible qu'un penseur chinois contemporain puisse utiliser quelque chose d'aussi vieux et d'aussi « faisandé » que la doctrine confucéenne pour l'organisation sociopolitique future de son pays. Pourquoi fouille-t-il dans la vieille remise philosophique chinoise peu prometteuse et en sort-il Confucius ? Sans doute parce que la Chine n'a pas été habitée pendant de nombreux siècles par des penseurs biblistes et illuministes, comme l'a été l'Europe. Il n'y avait pas d'intellectuels biblistes ni d'illuministes en Chine, il n'y avait personne, jusqu'à l'époque de l'endoctrinement marxiste-bolchevique, qui aurait soumis l'histoire et la culture chinoises à une analyse historico-critique et ainsi privé les masses du peuple chinois de leur mystérieuse poésie issue de la religion païenne ; les chefs spirituels de la Chine et les sages philosophes chinois ont été moqués impunément pendant des siècles et ont souligné l'invisibilité de leurs divinités, par conséquent elles n'ont pas existé. C'est la raison pour laquelle la doctrine confucéenne s'élève au-dessus de la Chine comme le soleil à l'est.

Écrit pour Delian Diver, Prague.

mercredi, 12 février 2025

Les Kouriles, pomme de discorde: le nouveau gouvernement japonais veut résoudre le problème

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Les Kouriles, pomme de discorde: le nouveau gouvernement japonais veut résoudre le problème

Tokyo. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon et la Russie ont un problème territorial non résolu: l'Union soviétique victorieuse a annexé à l'époque les îles que le Japon appelle les « îles du Nord ». En russe, elles sont désignées comme l'archipel des « Kouriles ». Tokyo n’a jamais renoncé à ces îles, tandis que Moscou a constamment affirmé qu'un retour des îles au Japon était exclu. Comme l'Allemagne, le Japon ne bénéficie toujours pas d'un traité de paix en raison de la question non résolue des Kouriles.

Cependant, Tokyo souhaite – et ce, malgré les relations actuellement tendues avec la Russie – tenter de résoudre enfin ce problème. C'est ce qu'a déclaré le nouveau Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, vendredi au Parlement.

Cela ne sera pas facile, car en même temps, Ishiba a promis de continuer à soutenir les sanctions contre la Russie et de soutenir l'Ukraine. Le renforcement des relations avec des pays partenaires comme la Corée du Sud, l'Australie et les G7 reste également à l'ordre du jour. Le partenariat avec les États-Unis est même décrit comme le « pilier » de la diplomatie et de la sécurité japonaises.

Tokyo a récemment qualifié les Kouriles d'« occupées illégalement par la Russie » en avril 2023. Le président du Kremlin, Vladimir Poutine, a immédiatement réagi en qualifiant l'archipel de partie intégrante de la Russie: « Cela fait partie des résultats de la Seconde Guerre mondiale, nous n’avons pas révisé les résultats de la Seconde Guerre mondiale » (mü).

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jeudi, 23 janvier 2025

Sur la question de la sécurité pan-eurasienne

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Sur la question de la sécurité pan-eurasienne

Leonid Savin

Il y a quelques jours, le ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov, a déclaré que la Russie était prête à discuter de garanties de sécurité pour un pays « aujourd'hui appelé Ukraine », mais que le contexte eurasien serait déterminant pour la conclusion d'un accord.

Le haut diplomate a clairement indiqué que « la partie occidentale du continent [de l'Eurasie] ne peut pas s'isoler de géants comme la Chine, l'Inde, la Russie, le golfe Persique et l'ensemble de l'Asie du Sud, le Bangladesh et le Pakistan. Des centaines de millions de personnes peuplent cette région. Nous devons développer le continent pour faire en sorte que les questions relatives à sa partie centrale, l'Asie centrale, le Caucase, l'Extrême-Orient, le détroit de Taïwan et la mer de Chine méridionale soient traitées par les pays de la région plutôt que par l'ancien secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, qui a déclaré que l'OTAN opérerait dans la région parce que la sécurité de l'alliance dépendait de la région indo-pacifique ».

Si l'on considère qu'à la fin du mois de janvier, il y aura un changement dans l'administration américaine qui, en la personne du président nouvellement élu Donald Trump, parle déjà de la nécessité de redessiner géopolitiquement la carte du monde, il est possible de tirer des conclusions sans équivoque que les négociations avec la partie américaine sur l'Ukraine et l'Eurasie dans son ensemble ne seront pas faciles.

Toutefois, les discussions sur la sécurité à l'échelle de l'Eurasie sont importantes et nécessaires. Elles correspondent non seulement à l'esprit du temps, mais reflètent également la même logique historique. Cela n'est pas seulement dû à l'idée d'une grande Eurasie et d'un espace économique unique de Dublin à Vladivostok. Dans son livre Guns, Gems, and Steel, le scientifique américain Jared Diamond explique qu'en Eurasie, l'échange d'informations, d'expériences et d'inventions techniques a été plus rapide qu'ailleurs, ce qui a conduit à une sorte d'« intégration » bien avant que le mot n'apparaisse.

Cela aurait dû contribuer au rapprochement entre les peuples à l'époque moderne, et encore plus aujourd'hui, quand on parle du triomphe du progrès et de la science. Cependant, l'ère moderne a coïncidé avec l'ère des grandes découvertes géographiques et, dans le même temps, certains peuples de l'Eurasie, dans sa péninsule occidentale, appelée Europe, sont tombés dans une terrible ignorance, qui a conduit à l'émergence d'idées de supériorité raciale, puis au nazisme et au fascisme. La fin de la Seconde Guerre mondiale était censée mettre fin aux conflits et penser à une coexistence pacifique (cette formule a été développée plus tard par la Chine et l'Inde). Mais ici, le Royaume-Uni et les États-Unis sont intervenus activement et ont commencé à participer au destin des peuples eurasiens non seulement politiquement et économiquement, mais aussi idéologiquement, en disant effectivement aux pays européens ce qu'ils devaient faire.

Aujourd'hui, en tant que satellites de Washington, l'UE est devenue l'otage des intérêts anglo-saxons et sape sa propre économie au détriment de ses propres pays et de ses propres peuples. D'autre part, la lassitude face à l'impasse dans laquelle se trouvent les peuples et une partie des élites politiques de l'UE est manifeste. Dans ce contexte, les possibilités d'émergence de partis et de mouvements plus appropriés se multiplient.

Si aux États-Unis, au moins sur le plan rhétorique, la nouvelle administration entend réimposer la doctrine Monroe (les discours sur le Canada, le Groenland, le golfe du Mexique et le canal de Panama font partie de l'espace des Amériques), leurs partenaires européens sont néanmoins condamnés à coopérer sur le continent eurasiatique.

Et la question clé est de savoir ce qu'il en sera. Soit la confrontation de type guerre froide se poursuivra, soit il y aura un dégel des relations et une architecture de sécurité commune sera créée ensemble.

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L'option de la confrontation est assez probable, au moins parce que l'administration Trump tentera d'inciter l'UE et d'autres partenaires à agir comme un seul bloc contre la Chine. La Russie n'est pas considérée par Trump et les siens comme une menace existentielle pour les États-Unis, mais la Chine, qui est le principal partenaire stratégique de la Russie, demeure le problème numéro un tant pour Biden que pour Trump, notamment en raison de la croissance rapide de la puissance de ce pays et de l'extension de son influence géopolitique.

En outre, Xi Jinping a parlé ouvertement au chef du Conseil européen de l'importance de la coopération commerciale et économique et du soutien de Pékin à l'autonomie stratégique de l'UE. Cette autonomie signifie une moindre dépendance à l'égard des États-Unis en termes politiques et stratégico-militaires.

Cependant, à côté de l'UE, l'OTAN, qui couvre un territoire plus vaste que l'UE, y compris la Turquie, continue d'exister. Les États-Unis continuent de jouer un rôle de premier plan au sein de l'Alliance.

Outre l'UE, le Royaume-Uni, qui a quitté l'UE mais continue de jouer un rôle actif dans la politique du continent, représente une certaine menace pour la sécurité pan-eurasienne. Historiquement, le Royaume-Uni a contrôlé de vastes territoires en Eurasie, de l'Égypte au sous-continent indien et à la Chine, et possède toujours un territoire dans le détroit de Gibraltar.

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Le Royaume-Uni tente d'exploiter les contradictions actuelles et de renforcer sa position dans divers domaines. Par exemple, le British Council on Geostrategy note que le pays est confronté à des vulnérabilités critiques dans ses chaînes d'approvisionnement logistiques et ses capacités de transport maritime. L'approvisionnement des forces armées est menacé par des capacités de transport maritime limitées et vieillissantes, contrôlées par le gouvernement, par une flotte marchande en perte de vitesse et par une dépendance excessive à l'égard des affrètements spéciaux.

La nostalgie du bon vieux temps est clairement visible ici, lorsque la Grande-Bretagne s'autoproclamait maîtresse des mers. Aujourd'hui, elle souhaite faire revivre ce statut dans de nouvelles circonstances.

Le site web du Conseil affirme le rôle central de la Grande-Bretagne dans la zone de responsabilité euro-atlantique et dans l'OTAN. Il convient d'ajouter que cette organisation a un projet appelé China Watch, qui surveille un large éventail d'activités chinoises qui menaceraient les intérêts de Londres. En outre, il existe une initiative trilatérale (Grande-Bretagne, Pologne et Ukraine), dont l'un des objectifs déclarés est « une campagne de lutte économique et politique contre la Russie, afin de briser la machine militaire russe et d'affaiblir l'influence du Kremlin dans les pays dits du “juste milieu”, notamment en Afrique, en Amérique du Sud et dans d'autres endroits ».

Ainsi, la sorcière britannique continuera à jeter ses sorts à la fois sur la Russie et sur la Chine. Par conséquent, dans les affaires de l'Eurasie, une attention particulière doit être accordée aux initiatives britanniques qui, ouvertement ou secrètement, viseront toujours à saper l'unité de l'Eurasie.

Quant à la consolidation des efforts des principaux centres, elle ne concerne pas seulement l'interaction entre la Russie et la Chine. La signature de l'accord de partenariat global dans tous les domaines entre la Russie et l'Iran renforce l'axe eurasien. La Russie et la Corée du Nord ont déjà conclu un accord similaire, bien que les Coréens ne jouent pas un rôle aussi important dans la sécurité de l'ensemble du continent et se concentrent davantage sur les problèmes de la péninsule coréenne et de l'impérialisme américain.

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L'Inde est un autre pôle du monde multipolaire émergent, également intéressé par le renforcement de la sécurité régionale. Outre la question non résolue du Cachemire (à laquelle s'ajoutent les intérêts du voisin nucléaire du Pakistan) et les questions litigieuses avec la Chine, New Delhi coopère dans plusieurs domaines avec les pays de l'UE, et les sanctions à l'encontre de la Russie entravent clairement cette interaction. D'autre part, l'Inde est impliquée dans le développement du corridor Nord-Sud à travers l'Iran et la Russie et s'intéresse également au développement de l'Arctique. Dans le contexte du développement d'un monde multipolaire, le gouvernement Modi agit de manière tout à fait rationnelle, étant également membre des BRICS et de l'OCS.

Reste le bloc arabo-musulman d'Eurasie, où la région souffre clairement de l'attention excessive des États-Unis - l'occupation de l'Irak et de la Syrie, le soutien d'Israël au génocide des Palestiniens, la pression sur le Liban et le maintien de bases militaires américaines au Qatar, à Bahreïn, en Jordanie et en Arabie saoudite. Mais si l'on tient compte des cas concrets concernant la Palestine et l'occupation israélienne, il est évident que le monde arabo-musulman est aujourd'hui clairement divisé et enclin à la pensée tribaliste-nationaliste, ce qui réduit considérablement les possibilités d'une large coopération pour résoudre divers problèmes avec les centres eurasiens. Une autre raison est l'attitude attentiste de certaines élites de la région, qui espèrent un nouveau déclin de l'hégémonie américaine, lorsqu'il sera possible de ne pas avoir peur d'agir plus ouvertement.

Toutefois, d'une manière générale, la consolidation des efforts de la Russie, de la Chine, de l'Iran et de l'Inde indique déjà l'existence d'un bloc non seulement en Eurasie, mais aussi dans la majorité mondiale, avec une position commune sur des questions d'une importance fondamentale.

 

mardi, 21 janvier 2025

Indonésie: le Géant oublié

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Indonésie: le Géant oublié

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/il-gigante-dimenticato/

L’Indonésie est un géant. Un géant dont nous, Européens, et surtout nous, Italiens, prétendons ignorer l’existence.

Une fiction rassurante entoure l'Indonésie sous nos latitudes. Parce qu’au mieux, nous considérons ces terres comme pétries de pur folklore. Une sorte de pays d'opérettes, une destination de vacances privilégiée pour les riches. Ou pour ceux qui prétendent l’être.

Une myopie due à l’ignorance fondamentale avec laquelle nous regardons le monde. Avec une perspective qui reste celle d’il y a quatre-vingts ans : l’Amérique, ou plutôt les États-Unis, et la petite Europe occidentale. Voilà le monde… le reste, simplement, ne compte pas. Ou pire, n’existe même pas en nos têtes.

Et pourtant, l’Indonésie est une réalité bien différente. Une réalité avec laquelle nous devrons, bientôt, commencer à composer. Et ce ne seront pas des compromis faciles, ni, surtout, à notre avantage.

Car ce colosse insulaire, doté d’une agriculture extrêmement riche et d’un potentiel minier – pétrole, gaz, or… – tout aussi extraordinaire, a officiellement demandé à intégrer les BRICS. Autrement dit, la coalition économique qui conquiert progressivement la primauté mondiale. Provoquant bien des maux de tête pour les finances américaines. Sans parler de notre petite Europe, de plus en plus réduite à l’insignifiance économique. Et pas seulement économique.

La décision indonésienne est sans aucun doute un événement important. Fondamental, à bien des égards.

Jakarta a en effet toujours été étroitement liée aux États-Unis. Un lien non seulement économique, qui a profondément marqué son histoire récente et tourmentée.

Demander formellement à rejoindre les BRICS – qui, par ailleurs, courtisaient l’Indonésie depuis longtemps – représente donc un changement de politique profond et mûrement réfléchi.

Chercher de nouveaux marchés, augmenter de 20% les exportations vers la Chine et de 8% vers l’Inde, et s’ouvrir à la Russie ainsi qu’aux autres pays associés aux BRICS.

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Mais bien au-delà, ce choix de Jakarta signifie une prise de distance claire vis-à-vis des États-Unis. En effet, l’Indonésie se rebelle ouvertement contre l’hégémonie du dollar, qui a longtemps conditionné et limité sa croissance.

Au sein des BRICS, elle peut trouver des alternatives viables et moins coûteuses, tant sur le plan strictement économique que, peut-être encore plus, sur le plan politique.

Ainsi, la décision indonésienne marque un tournant, probablement radical, dans les équilibres économiques et géopolitiques mondiaux.

Cependant, en Italie, cet événement est quasiment ignoré par les grands médias. Comme s’il ne nous concernait pas ou ne nous impliquait en aucune manière.

Comme si l’Indonésie n’était pas un géant économique, mais un pays exotique, joyeux et festif, un pays pour touristes repus et satisfaits. Une affaire d’opérette, en somme.

Alors que nous devrions prendre conscience de la réalité. Et comprendre que c’est nous, désormais, qui sommes le… pays des opérettes.

samedi, 18 janvier 2025

Ce que veut Pékin

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Ce que veut Pékin

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/cio-che-vuole-pechino/

Pékin est, à tous égards, le "convive de pierre" de la scène internationale. Celui, parmi les grands acteurs, dont on parle le moins ou dont on cherche même à ne pas parler. Pourtant, sa présence est constante dans chaque scénario, chaque tension et conflit, qu'il soit déjà en cours ou encore latent.

Cependant, la capitale chinoise demeure, en effet, de pierre. Silencieuse. Dans l’ombre. Peu, très peu ostentatoire, volontairement discrète et prête à se dévoiler uniquement lorsque cela est strictement nécessaire.

Les déclarations de ses représentants, de Xi Jinping en particulier, relèvent d’un chef-d'œuvre de diplomatie orientale. Courtoises, toujours, voire extrêmement polies. Et mesurées. Si bien qu’elles laissent seulement entrevoir, difficilement, la pensée de l'oligarchie qui dirige le géant asiatique.

Et pourtant, la Chine est loin d’être un géant endormi. Elle agit, à plusieurs niveaux, avec une grande détermination et une intelligence remarquable.

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D’un côté, l’objectif principal des maîtres de la Cité interdite est la croissance intérieure, poursuivie avec une extrême cohérence, dans un pays où, depuis des siècles, la majorité de la population vivait d’une économie de simple subsistance. Une économie pauvre et essentiellement agricole.

Aujourd’hui, le développement industriel de la Chine est impressionnant. Le géant asiatique est devenu le plus grand producteur de biens de toutes sortes. Compétitif, souvent victorieux face à ses concurrents, en particulier les États-Unis, qu’il parvient désormais à égaler, voire à surpasser, en termes de qualité de production dans de nombreux secteurs clés.

Cette croissance industrielle impressionnante réduit les zones de pauvreté dans le pays, bien que cela ne se fasse pas sans chocs ni contraintes. Les conditions de travail ne sont certes pas comparables à celles des travailleurs occidentaux. Cependant, elles doivent être comprises dans le contexte historique du géant asiatique, marquant une amélioration constante malgré de nombreuses contradictions, parfois violentes.

C’est toutefois sur le plan de la politique étrangère que la Chine doit, aujourd’hui, être évaluée avec une grande attention.

Une politique extrêmement expansive, bien qu’elle s’inscrive sous la devise de Xi Jinping : expansion sans conflits.

Il est évident que la direction de Pékin évite à tout prix de s’embourber dans des guerres ou des conflits de quelque nature que ce soit. Elle privilégie un outil de pénétration économique, apparemment pacifique. Et ce, non seulement dans la région voisine, appelée Extrême-Orient, mais dans le monde entier.

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La présence chinoise est, en effet, de plus en plus massive en Afrique subsaharienne, où elle se fait sentir notamment dans l’organisation industrielle et le contrôle d’une production à faible coût, mais de qualité croissante, tout en créant de l’emploi pour les populations locales.

Pékin n’a pas d’intérêt pour une expansion territoriale. La mentalité historique chinoise reste, somme toute, liée à l’image ancestrale de l’Empire du Milieu, centre autour duquel gravite le reste du monde.

Son objectif demeure essentiellement d’étendre son influence économique, en liant ainsi à elle divers peuples, les soumettant de fait de manière douce, sans recourir, ou en recourant le moins possible, à la force.

Cependant, cela n’implique en aucun cas une quelconque limitation de l’usage de la force. Pékin est toujours prête à y recourir si ses intérêts et ses objectifs sont menacés.

La menace provient aujourd’hui de la concurrence des États-Unis.

À Washington, la Chine est désormais perçue comme le véritable, et d’une certaine manière l’unique, concurrent géopolitique.

Et c’est ici qu’intervient une différence profonde.

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Américains et Chinois sont désormais convaincus que le conflit direct, le choc frontal pour la suprématie, n’est qu’une question de temps.

Mais la manière de concevoir et de mesurer le temps est profondément différente.

Les Américains sont pressés et agissent en conséquence avec une extrême rapidité, parfois, et même trop souvent, avec une précipitation excessive. C’est leur façon d’être. Après tout, leur histoire a commencé il y a un peu plus de deux siècles.

Pour les Chinois, c’est tout autre chose. Ce qui peut nous apparaître comme de la lenteur découle d’un passé plurimillénaire. Le premier empire, celui de la dynastie Shang, remonterait même au Néolithique.

De plus, l’élite de Pékin est convaincue que le temps joue en sa faveur, une conviction fondée sur des faits précis.

Ils ne sont pas pressés, mais cela ne signifie pas qu’ils ne se préparent pas à un affrontement frontal avec l’Amérique.

Bien au contraire…

jeudi, 16 janvier 2025

L'implication indirecte de l'Asie dans les affaires européennes

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L'implication indirecte de l'Asie dans les affaires européennes

Janne Berejnaïa

Compte rendu d'un commentaire du spécialiste du Japon Jeffrey W. Hornung

On parle beaucoup aujourd'hui de l'implication de la Chine, de la Corée du Nord, de la Corée du Sud et du Japon dans les affaires de la Russie et de l'Occident. Mais quel type d'implication prennent-ils réellement ? Dans un commentaire publié sur le site web du portail de la RAND, Jeffrey W. Hornung, chef de la division des études de sécurité nationale de la RAND au Japon et Senior Fellow de la RAND, a fait part de ses réflexions sur les intérêts des quatre pays dans les affaires de l'Occident et de la Russie, et sur le soutien que chaque partie leur apporte.

Le commentaire met en lumière un détail important mais souvent négligé du conflit actuel en Ukraine : l'implication croissante des pays d'Asie de l'Est. L'auteur nous rappelle que des doutes sur la durabilité du soutien américain à l'Ukraine sont apparus bien avant que Donald Trump ne remporte l'élection, suscitant des inquiétudes sur la capacité de Kiev à poursuivre sa propre défense. Mais un autre aspect clé est souligné : l'expansion du conflit au-delà de l'Europe, avec l'implication de nouveaux acteurs venus d'Asie. Dans le même temps, il convient de mentionner que les États-Unis continuent de fournir une aide importante à l'Ukraine. Après la victoire électorale de Trump, les États-Unis ont alloué une aide militaire de 275 millions de dollars à l'Ukraine. Et le 3 décembre, on a appris l'existence d'une autre enveloppe de 725 millions de dollars. Cela ressemble à une ultime tentative des démocrates de donner un peu de puissance à la partie ukrainienne, car les choses pourraient se terminer rapidement, comme le promet Trump. Pour l'instant, cependant, ce ne sont que ses paroles. Qui sait comment la situation évoluera.

L'article définit une guerre par procuration : il s'agit d'un conflit dans lequel deux pays s'affrontent indirectement en soutenant des camps opposés dans un pays tiers. Ces guerres étaient caractéristiques de l'époque de la guerre froide - l'auteur mentionne les crises du Congo et de l'Angola, où les États-Unis et l'URSS ont financé et armé les parties locales au conflit, en évitant de s'impliquer directement. En analysant la situation actuelle, nous pouvons conclure que le conflit en Ukraine devient non seulement une crise européenne, mais aussi une crise mondiale où les intérêts des principales puissances mondiales se croisent. L'implication des pays asiatiques le confirme et indique également un nouveau niveau de tension internationale.

L'article souligne la nature fluide des conflits par procuration, montrant que ces confrontations ne suivent pas toutes des modèles standard. Parfois, le soutien à l'une des parties conduit à l'intervention directe d'une force extérieure, comme ce fut le cas avec l'engagement progressif des États-Unis dans la guerre du Viêt Nam ou l'intervention soviétique en Afghanistan. Dans ces cas, les superpuissances sont restées impliquées même lorsque les efforts de leurs « mandataires » se sont relâchés pour empêcher l'autre camp de l'emporter.

L'auteur suggère que le conflit entre la Russie et l'Ukraine présente toutes les caractéristiques d'un conflit par procuration. Il est important de noter que Jeffrey W. Hornung affirme que « Moscou a déclaré à plusieurs reprises que l'Ukraine n'était pas une entité indépendante et que la véritable cible de l'invasion russe était l'Occident, en particulier les États-Unis ». Et si l'on a parlé de l'absence d'indépendance de l'Ukraine, on n'a jamais entendu du côté russe qu'il s'agissait du véritable objectif de l'Opération militaire spéciale, à savoir attaquer l'Occident. Les objectifs ont été définis par le président russe Vladimir Poutine en février 2022, lors d'un discours dans lequel il a annoncé cette « opération militaire spéciale » visant à « démilitariser et dénazifier l'Ukraine ».

L'objectif principal est de protéger les territoires qui ont rejoint la Fédération de Russie lors du référendum. En fonction de la situation sur le champ de bataille, certains points des objectifs sont transformés, mais ne changent pas fondamentalement. Il convient de noter que toutes les autres déclarations de l'auteur ont été étayées par des références à des sources, alors que cette déclaration plutôt tapageuse n'a pas fait l'objet d'une telle attention. La Russie a déclaré que l'Occident manipule l'Ukraine et ne fait que prolonger le conflit avec son aide. Cependant, elle n'a jamais dit qu'elle attaquait les États-Unis de cette manière. Les États-Unis eux-mêmes « expriment le désir » de s'impliquer.

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Ils ajoutent que, d'autre part, les pays de l'OTAN et leurs alliés soutiennent l'Ukraine par des livraisons d'armes. Bien que l'objectif officiel de l'Occident soit de défendre l'Ukraine, ses actions sont en réalité dirigées contre la Russie. C'est ce que souligne la déclaration du secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, qui a affirmé que « nous voulons voir la Russie affaiblie ». En analysant cette dynamique, on peut voir comment le conflit contemporain dépasse le cadre traditionnel d'un conflit entre deux pays. L'Ukraine devient une arène où l'Occident et la Russie s'affrontent pour la suprématie stratégique. Le conflit prend donc un caractère de plus en plus global, chaque partie cherchant à affaiblir son adversaire géopolitique.

Bien entendu, la majeure partie du commentaire se concentre sur l'implication des pays asiatiques dans tout cela. Selon l'auteur, le soutien de la Chine à Moscou est caractérisé par la flexibilité et la stratégie. Bien que Pékin refuse de fournir directement des armes à la Russie, elle contribue activement à maintenir l'équilibre économique de la Russie. La Chine s'oppose aux sanctions occidentales et utilise ses liens diplomatiques avec les pays du Sud pour tempérer la condamnation internationale des actions de la Russie. L'implication économique de la Chine est également significative. Selon les données citées dans l'article, la Chine représente environ 90 % des importations russes de microélectronique et 70 % des importations de machines-outils. Il convient toutefois de noter que la part de la Russie dans la production de microélectronique et de machines-outils est actuellement en augmentation.

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En outre, la participation de la Chine à des exercices militaires au Belarus, près de la frontière polonaise, envoie à l'OTAN un signal fort de coordination militaire et politique croissante avec la Russie. L'auteur indique également que la Corée du Nord agit encore plus ouvertement. Pyongyang a fourni de l'artillerie, des missiles balistiques et envoyé quelque 10.000 soldats au combat. Il n'y a cependant aucune confirmation officielle. Par exemple, le site web de l'agence de presse Ura.ru publie un article indiquant que le commandant de l'AFU a déclaré qu'il n'y avait aucun signe de la présence de Nord-Coréens dans la zone de l'Opération militaire spéciale. Zelensky a affirmé que des soldats de la RPDC avaient été tués et blessés, mais personne ne les a vus, il n'y a aucune confirmation. Et ce, à « l'ère de la technologie ».

Le Japon et la Corée du Sud se limitent à une aide à plus petite échelle à l'Ukraine. Le Japon est devenu l'un des principaux partisans des sanctions contre la Russie, qu'il coordonne activement avec ses partenaires occidentaux. Tokyo fournit également une aide financière et technique importante à Kiev, notamment des drones, des gilets pare-balles et d'autres équipements militaires non essentiels. L'aide cumulée du Japon à l'Ukraine a déjà dépassé les 12 milliards de dollars. Le Japon a également revu ses restrictions sur les exportations d'armes, ce qui lui permet de conserver le stock américain de missiles Patriot utilisés pour défendre l'Ukraine. Sur le plan diplomatique, Tokyo joue également un rôle important en faisant avancer le dossier ukrainien grâce à sa présidence du G-7 et à son engagement auprès des pays du Sud.

La Corée du Sud agit plus prudemment, mais fournit également une aide financière et certains équipements militaires, montrant ainsi son soutien à l'Ukraine dans le cadre de son alliance avec les États-Unis. La Corée du Sud traverse également une période difficile dans le pays en ce moment, et qui sait dans quelle mesure elle pourrait utiliser les armes dont elle dispose. Cette situation de loi martiale pourrait déplacer leur intérêt pour les conflits étrangers pendant un certain temps. Même si la loi martiale sera révoquée lors de la réunion du gouvernement, il y a déjà eu certaines actions en faveur d'un conflit à l'intérieur du pays. Il sera important pour Yoon Seok-yeol de conserver le pouvoir et de stabiliser la situation. C'est peut-être précisément ce qui influencera son implication dans les conflits occidentaux.

L'auteur estime que les actions de la Chine et de la Corée du Nord confirment leur volonté d'affaiblir l'influence occidentale et de renforcer leur position en tant qu'acteurs mondiaux. La Chine soutient la Russie, en évitant un conflit direct mais en renforçant la stabilité économique et militaire du Kremlin. La Corée du Nord, quant à elle, se comporte comme l'allié le plus loyal qui soit, en fournissant non seulement des ressources mais aussi des troupes. Le soutien du Japon et de la Corée du Sud à l'Ukraine, bien que moins agressif, montre l'importance des alliés asiatiques pour l'Occident. Ils contribuent à maintenir l'équilibre face à la montée des tensions et font preuve de solidarité avec la communauté internationale.

Les pays d'Asie de l'Est participent activement à cette nouvelle phase de rivalité internationale, chacun avec ses propres intérêts et stratégies. Le commentaire de l'auteur vise à montrer que le conflit en Ukraine a dépassé le cadre régional et est devenu une arène de rivalité mondiale, impliquant même des pays géographiquement éloignés de l'Europe. L'auteur se concentre sur l'implication des pays d'Asie de l'Est et analyse leurs actions dans le contexte d'une guerre par procuration. L'objectif principal du commentaire est de démontrer comment le conflit en Ukraine s'inscrit dans une confrontation géopolitique mondiale dans laquelle l'Asie de l'Est joue un rôle important mais souvent sous-estimé.

mardi, 07 janvier 2025

L'Indonésie rejoint les BRICS : un signal contre l’Occident

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L'Indonésie rejoint les BRICS : un signal contre l’Occident

Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/01/indonesien-tritt-brics-be...

Le groupe des États BRICS a accueilli le plus grand archipel du monde, l’Indonésie, comme dixième membre de son organisation

L’Indonésie est désormais officiellement membre des BRICS, comme l’a annoncé le gouvernement brésilien. Créé à l’origine en 2006 par le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, le groupe BRICS s’est élargi en 2011 avec l’adhésion de l’Afrique du Sud. Depuis, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran et les Émirats arabes unis ont également rejoint l’organisation. L’Arabie saoudite, dont l’entrée était prévue pour 2024, se serait retirée sous la pression des États-Unis.

L’Indonésie, un pays émergent de plus de 280 millions d’habitants, affiche des chiffres impressionnants. C’est le quatrième pays le plus peuplé du monde, avec plus de 165 millions de personnes – soit plus de la moitié de la population – âgées de moins de 30 ans. Ces jeunes générations constituent un levier essentiel pour le développement économique du pays. Par ailleurs, l’Indonésie est la plus grande nation musulmane du monde: 80 % de sa population adhère à l’islam.

Sur le plan économique, l’Indonésie occupe déjà la 16ème place mondiale en termes de produit intérieur brut (PIB). Avec une croissance économique annuelle d’environ 5%, le pays vise à devenir la quatrième économie mondiale d’ici 2050. Cette progression est principalement alimentée par une gestion stratégique de ses ressources naturelles. Contrairement à de nombreux autres pays riches en ressources, l’Indonésie ne mise pas sur l’exportation brute de ses matières premières, mais sur leur transformation locale. Un exemple clé est le nickel, une ressource cruciale pour les véhicules électriques et les semi-conducteurs modernes. Plutôt que de vendre des matières premières non transformées, l’Indonésie développe son industrie afin d’accroître la valeur ajoutée sur son territoire.

L’adhésion de l’Indonésie aux BRICS constitue un signal clair: le Sud et l’Est global gagnent en influence et s’opposent à la domination de l’ordre mondial occidental. Cela renforce non seulement le groupe BRICS, mais montre également qu’il existe des alternatives à une dépendance unilatérale envers les centres de pouvoir occidentaux.

L’Indonésie est un exemple frappant de la manière dont des pays, grâce à des politiques intelligentes, peuvent suivre leur propre voie – en s’émancipant de l’hégémonie occidentale pour évoluer vers un ordre mondial multipolaire. L’Occident devrait y prêter une attention particulière : l’époque où il pouvait imposer seul les règles du jeu touche irrémédiablement à sa fin.

20:51 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, indonésie, brics, asie, affaires asiatiques | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 05 janvier 2025

L'Inde, le Convive de pierre

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L'Inde, le Convive de pierre

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/india-il-convitato-di-pietra/

Depuis quelque temps, l'attention des médias est presque totalement focalisée sur la Russie et le Moyen-Orient. Et l'on parle très peu de la Chine, qui est aussi le géant émergent, ou plutôt émergé, et dont dépendent en grande partie les équilibres et les déséquilibres du Monde. Et qui influe surtout sur les tensions et conflits, plus ou moins latents, dans la région cruciale de l'Indo-Pacifique.

Mais si la Chine fait l'objet de rumeurs sporadiques, l'Inde est entourée d'un véritable silence. Un silence assourdissant.

Peu de nouvelles nous viennent de cette Inde pourtant d'importance capitale pour la marche du monde. Et, surtout, nous n'en recevons, de la médiacratie occidentale, que des analyses partielles et fragmentaires. Qui continuent à faire prévaloir une image du sous-continent indien plus liée aux romans de Salgari qu'à la réalité.

Or, en réalité, l'Inde d'aujourd'hui, l'Union indienne, représente le Convive de pierre de la scène politique et économique mondiale.

Avec une croissance vraiment impressionnante de son système industriel. Et, surtout, avec un système financier qui a fait de sa bourse le deuxième centre mondial de capitaux propres.

Ce qui lui permet de devenir un centre d'attraction pour tous les pays qui craignent de se soumettre à l'hégémonie américaine dans ce secteur. Et ils sont nombreux, de plus en plus nombreux. Compte tenu de la politique essentiellement impérialiste de Washington, qui en effraie plus d'un.

En fait, l'Inde tente sérieusement de devenir un centre financier indépendant à la fois des États-Unis et de l'économie chinoise, très forte et voisine.

C'est un rôle qui n'est pas sans danger, mais vers lequel elle s'oriente très résolument.

Bien sûr, le prix à payer n'est pas mince.

Le sous-continent indien a en effet renoncé à toute politique de protection sociale, adoptant un libéralisme fort. Ce qui, inévitablement, pèse lourdement sur les masses les plus pauvres et creuse un fossé de plus en plus grand entre elles et les nouvelles classes émergentes. Les enfants, si l'on peut dire, de la nouvelle politique financière de l'Inde.

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Une politique qui a, à toutes fins utiles, un nom. Narendra Damodardas Modi, le leader du Parti du peuple indien, au pouvoir sans interruption depuis mai 2014.

Une période très longue pour une démocratie. Et en effet, Modi a été accusé à plusieurs reprises d'utiliser des moyens coercitifs, durs et fondamentalement anti-démocratiques pour atteindre ses objectifs. Et d'avoir plongé une grande partie de la population dans la misère.

Cependant, il est également vrai que le souriant et rusé Modi a fait de l'Inde le nouveau protagoniste de la scène économique mondiale. Et une véritable puissance, même militaire, capable de se maintenir indépendante des États-Unis et de la Chine.

Bien sûr, c'est un nationaliste hindou ardent, avec un passé dans les groupes activistes durs. Mais c'est aussi un très bon politicien, comme il l'a prouvé pendant longtemps en tant que gouverneur du Gujarat. Et comme il le montre depuis dix ans à partir de centres de pouvoir installés à Dehli.

Son objectif semble très clair.

Faire de l'Inde le principal centre d'attraction financière des BRICS, et des autres pays émergents sur la scène internationale. En évitant toutefois un choc frontal avec Washington.

Si bien que les positions de Dehli sur la scène internationale apparaissent, pour être généreuses, ambiguës. Toujours suspendue entre l'Est chinois et l'Ouest américain. Tentant de se ménager un espace d'action autonome de plus en plus large. Tout en évitant les conflits directs.

Il est pour l'instant très difficile de dire si cette action sera productive à l'avenir ou si elle débouchera sur une crise, tant interne qu'externe.

Modi sourit. Et va droit au but.

L'avenir dira s'il a raison d'agir ainsi.

samedi, 21 décembre 2024

Comment un dialogue énergétique entre la Russie, l'Inde et la Chine (RIC) peut déboucher sur un réseau électrique panasiatique

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Comment un dialogue énergétique entre la Russie, l'Inde et la Chine (RIC) peut déboucher sur un réseau électrique panasiatique

Le super-réseau asiatique peut devenir une réalité si la Russie, l'Inde et la Chine parviennent à un consensus.

Atul Aneja

Source: https://atulaneja.substack.com/p/how-a-russia-india-china...

L'idée d'un grand réseau électrique panasiatique a germé en 2011, dans le contexte du tsunami qui a frappé l'Asie cette année-là.

La triple catastrophe du tremblement de terre, du tsunami et de la fusion nucléaire qui a frappé le nord-est du Japon en mars 2011 a servi de signal d'alarme pour Masayoshi Son, fondateur, président et directeur général de SoftBank Group, une multinationale japonaise spécialisée dans les télécommunications et l'internet.

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Ayant perçu les dangers des centrales nucléaires de Fukushima, M. Son (photo) a ressenti le besoin de remplacer l'énergie nucléaire par des énergies renouvelables plus sûres et plus propres pour un avenir meilleur. L'aversion pour la technologie nucléaire est d'autant plus compréhensible qu'elle se nourrit de la mémoire collective des horreurs vécues lors des attaques nucléaires d'Hiroshima et de Nagasaki.

Pour accélérer le déploiement d'énergies renouvelables propres, sûres et abordables, Son a fondé le Renewable Energy Institute (REI). Cela a conduit à la conceptualisation de l'« Asia Super Grid (ASG) » en septembre 2011.

Parallèlement, une avancée technologique majeure avait eu lieu en Chine, qui allait jouer un rôle clé dans la concrétisation des rêves de Son.

Au début des années 2000, la Chine était confrontée à d'importantes pannes d'électricité dues à des pénuries d'énergie. Le nœud du problème était la transmission. Alors que les ressources énergétiques telles que le charbon et le gaz se trouvaient dans le nord, le nord-ouest et le sud-ouest du pays, les centres de la demande majeure d'énergie se trouvaient dans les zones industriels le long des côtes est et sud, dans et autour de villes animées telles que Shanghai et Guangzhou.

1200px-Liu_Zhenya,_(SGCC).jpgLa solution a été imaginée par Liu Zhenya (photo), alors directeur du StateGrid chinois. Liu a proposé de résoudre le problème de transmission en établissant des lignes électriques à ultra-haute tension (UHV). Contrairement aux lignes conventionnelles, les lignes de transport à très haute tension peuvent transférer de grandes quantités d'énergie sur de longues distances. En effet, cette technologie permet de réduire au minimum les pertes d'énergie pendant le transport.

En 2006, le transport d'électricité à très haute tension a été intégré au plan quinquennal de la Chine. La Chine a donc commencé à construire une liaison de 640 km entre le centre charbonnier de Shanxi, au nord, et la province centrale de Hubei, en passant par un point d'arrêt au milieu. En 2009, cette ligne est devenue opérationnelle.

D'autres projets plus ambitieux ont suivi. Par exemple, la ligne Xiangjiaba-Shanghai a été achevée en 2010. Il s'agissait alors du système de transmission le plus long et le plus puissant au monde. En transmettant 6,4 gigawatts, la ligne répondait à près de 40 % de la demande d'électricité de la ville.

En avril 2024, la Chine avait mis en place 38 lignes à très haute tension, capables d'acheminer de l'énergie conventionnelle et renouvelable sur de vastes distances.

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Les avancées chinoises en matière de transport à longue distance ont rendu le projet ASG de Son réalisable.

Une fois la transmission à longue distance en place, SoftBank a recherché des centres de production d'énergie sur de vastes territoires. Le groupe SoftBank a donc créé la SB Energy Corp. pour mettre en place des centrales de production d'électricité renouvelable au Japon.

L'entreprise a également cherché des partenaires en dehors du Japon pour renforcer l'approvisionnement en énergie renouvelable. La Mongolie a été retenue en raison de son énorme potentiel en matière d'énergie éolienne. C'est ainsi que SB Energy Corp. a créé Clean Energy Asia LLC avec Newcom LLC, un conglomérat mongol, comme partenaire. La coentreprise a obtenu un droit de location de terres dans le désert de Gobi pour les 100 prochaines années afin de développer et d'exploiter des parcs éoliens d'une valeur de 7 GW. L'entreprise a également créé une coentreprise appelée SBG Cleantech Ltd en Inde, avec l'entreprise indienne Bharti Enterprises Pvt. et le groupe technologique taïwanais Foxconn, pour développer un parc photovoltaïque solaire de 350 MW dans l'État indien de l'Andhra Pradesh.

Après avoir obtenu une capacité suffisante en matière d'énergie renouvelable, le prochain défi pour Son était d'acheminer l'énergie renouvelable au Japon et dans toute l'Asie. L'entrepreneur japonais a trouvé en Liu Zhenya, pionnier chinois de la transmission UHV, un partenaire de choix. Le duo s'est associé à Hwan-Eik Cho, président-directeur général de Korea Electric Power Corp. (KEPCO), une compagnie d'électricité publique sud-coréenne. En mars 2016, ces trois organisations ont été rejointes par Rosseti, un opérateur russe d'énergie électrique et de réseau.

Le quatuor a signé un protocole d'accord pour mener des études de faisabilité technique et économique en vue de la création d'un réseau de transmission international en Asie du Nord-Est.

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L'accord a débouché sur l'idée de créer un « anneau d'or » desservant la majeure partie de l'Asie. Pour concrétiser cette idée, il est envisagé de transmettre l'énergie éolienne produite en Mongolie au Japon, en passant par la Chine et la Corée du Sud, via des câbles de transmission sous-marins. Par ailleurs, l'énergie hydroélectrique produite en Russie pourrait être acheminée vers le Japon et d'autres pays. Son qualifie ces deux voies de transport d'énergie d'« anneau d'or » en Asie du Nord-Est.

Tirer parti de la diversité des charges et des ressources

Mika Ohbauashi, directeur de REI, a déclaré que cette intégration interrégionale du réseau peut contribuer à maximiser l'utilisation des énergies renouvelables, qui sont dispersées géographiquement. Une fois les réseaux reliés, il sera possible de tirer parti des différents modèles de charge, y compris des périodes de pointe. En tirant parti de la diversité des charges et des ressources, l'ASG peut accroître la flexibilité des réseaux dans chaque pays.

Les énergies renouvelables s'avèrent également rentables. Par exemple, le coût de l'acheminement de l'hydroélectricité de la Russie vers le Japon par des câbles de transmission sous-marins est inférieur à 10,5 cents/kWh, soit le coût de l'électricité produite par une centrale au charbon au Japon. De même, le coût de l'acheminement vers le Japon de l'énergie éolienne produite en Mongolie via la Chine puis la Corée du Sud est également estimé à moins de 10,5 cents/kWh.

« Les énergies renouvelables sont propres et sûres, mais elles étaient auparavant très chères », aurait déclaré Son de SoftBank. Il ajoute : « En partageant l'énergie renouvelable avec d'autres: « En partageant l'énergie renouvelable entre nous, les énergies renouvelables sont désormais propres, sûres, stables et peu coûteuses ».

Alors que le Japon s'est concentré sur les énergies renouvelables, en particulier après Fukushima, Liu Zhenya, anciennement du StateGrid de Chine, semble plus neutre en termes de sources d'énergie. Liu a proposé un réseau mondial qui tirerait l'électricité des éoliennes du pôle Nord et des vastes réseaux solaires dans les déserts d'Afrique, puis la distribuerait aux quatre coins du monde. Selon M. Liu, ce système produira, entre autres avantages, « une communauté de destin commun pour toute l'humanité, avec un ciel bleu et des terres vertes ».

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L'Inde peut devenir un point d'appui majeur dans le super-réseau asiatique. SoftBank a déjà déclaré que la construction d'une centrale solaire de 350 mégawatts dans l'État indien de l'Andhra Pradesh était en cours, et que l'entreprise visait à établir un projet de 20 GW dans le pays, à terme.

Selon une carte du super-réseau asiatique publiée par la REI, l'électricité éolienne produite en Mongolie serait acheminée vers Pékin. De la capitale chinoise, elle sera envoyée à Chengdu, la capitale de la province du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine. Chengdu devient le point de jonction à partir duquel l'électricité est transmise à travers le Tibet jusqu'au Bhoutan, d'où elle se dirige vers Delhi et est vendue à un coût de 0,14 $ par KW/h. Selon les projections d'ASG, Dhaka est un autre point de jonction à partir duquel l'électricité serait transmise à Chennai au coût de 0,1 dollar par KW/h. Le nœud de réseaux en constante expansion envisage également le rôle de l'Inde en tant que méga-consommateur et plateforme de fourniture et de transit d'électricité pour le Sri Lanka. D'autres opportunités peuvent être explorées dans ce sens.

En fait, à l'instar de la communauté européenne du charbon et de l'acier, qui est devenue le précurseur de l'Union européenne (UE), le GSA peut devenir le noyau d'une Union asiatique (UA) dans les années à venir.

Si l'économie d'un GSA semble être en place, la réflexion géopolitique accuse un sérieux retard. Par exemple, la méfiance entre l'Inde et la Chine risque de faire obstacle, car le projet implique le développement d'infrastructures essentielles.

Si l'Inde et la Chine peuvent entamer un dialogue bilatéral sur l'énergie à la suite de la rencontre décisive du Premier ministre Narendra Modi pour trouver une solution, il serait peut-être prudent d'impliquer la Russie dans la conversation, car Moscou est un acteur majeur de la constellation ASG. Par conséquent, le partenariat énergétique pourrait être un sujet majeur de délibération avec le sous-groupe Russie-Inde-Chine (RIC), qui a déjà tenu des réunions institutionnalisées au niveau des ministres des affaires étrangères avant que la pandémie de Covid ne frappe.

Le RIC peut à son tour inviter le Japon en tant que partenaire dans la discussion sur le projet ASG, qui peut décoller sur la base de la bonne volonté, de l'interdépendance et de l'évaluation des avantages géoéconomiques, qui sont suffisamment importants pour l'emporter sur les différences géopolitiques.

La Russie, la Chine et Trump

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La Russie, la Chine et Trump

Stefano Vernole

Source: https://telegra.ph/Russia-Cina-e-Trump-12-17

Trump parviendra-t-il à briser l'alliance sans limite entre la Russie et la Chine?

Il y a quelques semaines, le journal britannique The Guardian, qui fait autorité en la matière, a indiqué quelles seraient les conditions de la nouvelle administration américaine pour mettre fin à la guerre en Ukraine: «Trump négociera les conditions de la Russie avec Kiev si Moscou rompt ses relations militaires avec la Chine».

Il s'agit d'une suggestion compréhensible si l'on se place du point de vue de Washington, mais irréalisable à la lumière de la situation intérieure et mondiale actuelle si l'on se place du point de vue de Moscou et de Pékin. C'est aussi la principale raison pour laquelle je pense que le conflit avec l'OTAN en Ukraine n'est pas près de se terminer: Trump n'a rien à offrir à Poutine, Poutine n'a rien à offrir à Trump.

Les liens russo-chinois remontent à loin, même à la doctrine Primakov des années 1990, lorsque le triangle géopolitique Moscou-Beijing-New Delhi - qui devait être étendu à l'Iran - était identifié par le diplomate russe comme la clé de la stabilité de l'Eurasie face à la pénétration militaire américaine.

Ces relations se sont ensuite renforcées au fil des années, d'abord au sein de l'Organisation de coopération de Shanghai dans le but d'empêcher l'avancée de la thalassocratie américaine en Asie centrale, puis grâce à la plateforme géopolitique des BRICS.

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Bien qu'ayant averti l'Occident de ne pas aller trop loin lors de son discours de Munich, la présidence de Poutine a été contrainte d'abord de s'engager dans un conflit éphémère en Géorgie, puis d'intervenir militairement en Syrie en empêchant l'OTAN de mettre la main sur sa base de Tartous. Il en va de même pour le raid et le référendum qui s'en est suivi en Crimée en 2014, qui a permis de sceller la souveraineté russe sur la base navale de Sébastopol, en mer Noire.

La Chine a suivi de près depuis 2008 (compte tenu de la crise financière résultant de l'éclatement de la « bulle » des subprimes américains) et avec une compréhension croissante tous les mouvements russes, sentant que le renversement d'Assad en 2011 aurait favorisé un « régime hasardeux » en Iran que Pékin lui-même n'aurait pas apprécié, puis aidant économiquement la Russie face à l'assaut spéculatif de la finance américaine contre le rouble et aux sanctions euro-atlantiques en 2014.

L'amitié sans bornes scellée par les deux dirigeants, Poutine et Xi Jinping, ainsi que la déclaration commune en faveur d'un nouveau monde multipolaire, représentent l'épilogue naturel d'une relation géopolitique russo-chinoise intime sur laquelle peu d'analystes avaient parié auparavant.

Pékin a résisté à toutes les pressions occidentales au cours des trois dernières années et a continué à soutenir conjointement l'économie russe attaquée par les sanctions renforcées de l'UE et des États-Unis après le début de l'opération militaire spéciale. Les deux grands projets d'infrastructure eurasiens, la Razvitie russe et la Nouvelle route de la soie terrestre et maritime chinoise, ont été harmonisés au nom d'une vision géopolitique commune: la défense du « Heartland ».

Moscou et Pékin ont ainsi identifié une série de points de convergence: renforcement de la multipolarité, élargissement des BRICS à de nombreux pays (BRICS+), dédollarisation dans les échanges monétaires internationaux et les relations commerciales réciproques, clôture de l'accord énergétique Power of Siberia 2 qui pourrait entrer en fonction prochainement, partenariat dans l'Arctique face aux ingérences de l'OTAN.

Bien entendu, toutes les nominations de l'administration Trump vont dans le sens de provoquer une rupture de l'amitié stratégique globale entre la Russie et la Chine et d'empêcher Pékin d'acheter de l'énergie à l'Iran; le coup d'État armé à Damas de ces dernières semaines va dans ce sens et constitue une menace directe pour l'initiative Belt and Road et pour la géopolitique russe d'accès aux « mers chaudes »; ainsi que la réactivation du projet de gazoduc qatari via la Turquie vers l'Europe se fait au détriment du projet énergétique iranien qui devait exploiter le gisement de South Pars.

Les propos de Poutine après le tir du missile Oreshnik ont mis en garde les États-Unis contre la création de nouvelles crises non seulement dans l'« étranger proche », mais aussi dans le quadrant Asie-Pacifique, où Washington aimerait en fait diriger son attention après avoir « gelé » le conflit en Ukraine.

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Alors que la nouvelle administration Trump est truffée de partisans du Projet 2025, un manifeste néoconservateur décliné géopolitiquement dans un sens anti-chinois et anti-iranien, Moscou continue de tisser sa toile de relations vers l'Asie de manière de plus en plus rigoureuse: de l'Afghanistan au Pakistan (voir par exemple l'adhésion d'Islamabad au Corridor économique Nord-Sud), de la République démocratique de Corée au Myanmar, à la fois pour réaffirmer qu'elle se coordonnera avec la Chine en cas de crise militaire entre Washington et Pékin, et pour donner corps à la vision multivectorielle de vieille mémoire qui laisse entrevoir la formation d'un nouvel axe mondial sunnite par rapport auquel la Russie veut se placer en interlocuteur crédible et égalitaire.

L'initiative « la Ceinture et la Route » (BRI), l'Union économique eurasienne (UEE), l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et le partenariat de la Grande Eurasie font tous partie d'un paradigme sans précédent des relations internationales, propre au fonctionnement d'un ordre mondial qui correspond aux nouvelles conditions inaugurées par un monde multipolaire caractérisé par les processus concomitants de la mondialisation et de la régionalisation. Toutefois, la Russie et la Chine aspirent à une intégration beaucoup plus large de la macro-région eurasienne et ne se limitent pas à une éventuelle zone de libre-échange Chine-EEE ou Chine-ASEAN.

Cela crée les conditions nécessaires pour développer la BRI avec la participation d'autres acteurs, qu'il s'agisse d'États ou d'organisations régionales. Pour concrétiser les visions existantes, il sera nécessaire d'éliminer les risques et les faiblesses des relations sino-russes et de renforcer une identité commune et une pensée orientée vers l'Eurasie.

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Le lancement du corridor économique Chine-Mongolie-Russie (CMREC), qui met l'accent sur le double objectif de Moscou et de Pékin de parvenir à l'indépendance économique vis-à-vis des marchés occidentaux tout en conservant un contrôle stratégique sur les corridors de transit est-ouest essentiels, sera déterminant. Ce projet à multiples facettes repose sur trois mécanismes stratégiques cruciaux : les concessions tarifaires et commerciales, l'expansion des infrastructures et les accords de partage des ressources.

Un corridor économique et logistique s'inscrit dans le cadre plus large de la réorientation de la Russie vers l'Asie (prônée par Sergei Karaganov), renforcée par son partenariat croissant avec la Chine, qui réoriente les ressources et le commerce des routes occidentales traditionnelles vers l'Est.

vendredi, 06 décembre 2024

Le trafic ferroviaire en Chine dépasse les 4 milliards de trajets passagers au cours des 11 premiers mois de l'année

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Le trafic ferroviaire en Chine dépasse les 4 milliards de trajets passagers au cours des 11 premiers mois de l'année

Source: http://german.china.org.cn/txt/2024-12/05/content_1175888...

Le secteur ferroviaire chinois a établi un nouveau record: au cours des 11 premiers mois de l'année 2024, 4,008 milliards de trajets passagers ont été enregistrés. Ce chiffre dépasse largement les 3,86 milliards de trajets effectués pour l'ensemble de l'année 2023, selon les données publiées mercredi par la compagnie ferroviaire nationale.

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Une nouvelle ligne à grande vitesse, avec une vitesse maximale de 350 kilomètres par heure, a commencé ses essais dimanche (Photo de Wang Xi/Xinhua).

C'est la première fois que le nombre de trajets passagers dépasse la barre des 4 milliards. Cette évolution témoigne d'une forte demande en matière de voyages, selon un communiqué du groupe public China State Railway Group.

En 2023, le secteur ferroviaire avait enregistré 3,86 milliards de trajets passagers. Par rapport à l'année précédente, cela représente une augmentation de 130,4%, selon les données publiques, qui illustrent une reprise rapide du trafic ferroviaire après la pandémie.

À la fin du mois de novembre, le réseau ferroviaire chinois comptait environ 160.000 kilomètres de voies en service, dont environ 46.000 kilomètres de lignes à grande vitesse, consolidant ainsi la position de la Chine en tant que leader mondial dans le domaine ferroviaire.

Entre janvier et novembre, le volume de transport des passagers – calculé en multipliant le nombre de passagers par la distance parcourue – a atteint 1,493 trillion de passagers-kilomètres. Ce chiffre représente presque la moitié du volume national de transport de passagers sur cette période, selon l'entreprise.

Le réseau ferroviaire couvre désormais la majorité des zones urbaines en Chine. Environ 99% des villes chinoises de plus de 200.000 habitants sont connectées entre elles. Les trains à grande vitesse desservent 97% des villes comptant plus de 500.000 habitants.

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Le trafic transfrontalier de passagers par le réseau ferroviaire a également connu une croissance significative en 2024. La ligne Chine-Laos a enregistré 249.000 trajets passagers transfrontaliers. La ligne à grande vitesse Guangzhou-Shenzhen-Hong Kong a enregistré 24,36 millions de trajets passagers, soit une augmentation de 37,2% par rapport à l'année précédente.

mardi, 12 novembre 2024

L'Indonésie obtiendra du président Prabowo l'avenir dont rêvait Sukarno

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L'Indonésie obtiendra du président Prabowo l'avenir dont rêvait Sukarno

En ce 21ème siècle multipolaire, le rôle des pays non alignés refait surface. Une leçon (aussi) pour l'Italie

par Asiaticus

Source: https://www.barbadillo.it/116796-lindonesia-avra-dal-pres...

Prabowo Subianto - président de l'Indonésie depuis février dernier - a recueilli près de vingt millions de voix préférentielles de plus que Donald Trump. Combien de lignes les médias ont-ils consacrées aux élections indonésiennes ? Aucune ou presque.

Pourtant, l'Indonésie est (en parité de pouvoir d'achat) la septième économie mondiale, le quatrième pays le plus peuplé de la planète, le pays qui compte le plus grand nombre de musulmans. Certes, elle n'a pas le rôle prépondérant des États-Unis. Mais le désintérêt pour ce qui se passe en dehors de l'Europe, des États-Unis et du Canada explique l'incapacité des élites occidentales à s'adapter au monde multipolaire.

Compte tenu du profil de Prabowo, ancien général et ministre de la défense, les analystes prévoient que de nombreux postes seront confiés à des membres de l'armée. Son gouvernement renforcera les capacités militaires.

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Les investissements dans la défense, selon la vision du président, feront partie d'un effort plus large pour stimuler la croissance économique.

En matière de politique étrangère, l'Indonésie, pays fondateur de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), devrait accroître son influence.

Le premier voyage officiel du nouveau président sera en Chine, afin de renforcer les liens commerciaux et la coopération économique, tout en recherchant d'éventuels investisseurs pour le mégaprojet de la nouvelle capitale indonésienne, Nusantara, qui est en cours de construction à Bornéo. Ce projet ambitieux a été lancé par Widodo et le nouveau président veut le faire avancer, mais jusqu'à présent, l'absence d'investissements étrangers l'a freiné.

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Cet avenir de l'Indonésie se dessine grâce à l'empreinte de Sukarno entre 1941 et 1964.

Une empreinte semblable à celle de Mazzini, Garibaldi, Cavour, Mussolini et De Gasperi réunis en Italie entre 1830 et 1954.

L'un des ambassadeurs italiens à Jakarta, Alessandro Merola, l'a bien compris, lui qui a suivi le passage du sous-développement au développement des pays non alignés, la troisième roue du carrosse aux temps de la guerre froide, mais qu'il vaudrait mieux appeler Paix en Europe. Seulement en Europe.

Pour comprendre la seconde moitié du 21ème siècle, qui sera post-américaine, pour que l'Italie ne passe pas du statut de colonie des États-Unis à celui de colonie franco-anglo-allemande, pour que nous ne nous illusionnions pas sur notre rôle sous-impérial en Méditerranée, pour que nous puissions enfin raisonner par continents et non par régions, il faut savoir que si l'Occident est encore important, il ne sera plus décisif.

jeudi, 31 octobre 2024

"En Thaïlande, nous nous dirigeons vers une catastrophe"

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"En Thaïlande, nous nous dirigeons vers une catastrophe"

Peter W. Logghe

Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94

Comme certains États d'Europe occidentale, la Thaïlande a légalisé le cannabis il y a environ deux ans. En conséquence, la violence liée à la drogue a augmenté dans ce pays de vacances prisé par de nombreux Européens et les drogues provoquent des nuisances, comme le montre un rapport de l'hebdomadaire conservateur allemand Junge Freiheit. Bangkok, en particulier, et la fameuse Khaosan Road, subissent le poids de ces nuisances. Dans les agences de voyage, on trouve toutes sortes de cannabis à vendre. Le cannabis est partout.

Un Thaïlandais l'explique ainsi : « Après la légalisation, il y a eu un véritable boom. Tout le monde voulait cultiver du cannabis, faire du commerce et créer des entreprises ». De nombreux agriculteurs pauvres y ont vu une opportunité de compléter leurs revenus. Le prix de vente est bas: 200 bahts par gramme, soit environ 4 euros. En Europe, on paie rapidement 10 euros, et jusqu'à 40 euros dans les coffee shops d'Amsterdam. Sans surprise, cela a attiré en Thaïlande des masses de touristes de la drogue, qui ne se contentent plus de visiter les temples et les plages. La politique antidrogue sévère menée par la Thaïlande ces dernières années a fait place à une politique pro-cannabis et des milliers de boutiques de cannabis ont poussé comme des champignons.

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La Thaïlande va réduire la portée de la légalisation

Une mère de trois enfants, gérante d'un restaurant sur Khaosan Road : « La légalisation sera une véritable catastrophe pour notre pays. Le nombre de toxicomanes a fortement augmenté, avec pour conséquence immédiate la violence. J'espère que cette mesure sera bientôt retirée ». Le ministère thaïlandais de la santé a récemment déclaré qu'il était presque impossible de traiter les problèmes de santé mentale. Avant la légalisation, le nombre de patients traités pour des problèmes de drogue était encore bien inférieur à 40.000 ; après la légalisation, ce nombre est passé à plus de 60.000.

Le nouveau gouvernement thaïlandais tire la sonnette d'alarme et souhaite revenir sur la légalisation d'ici la fin de l'année, de sorte que la vente de cannabis ne soit plus possible que pour des raisons médicales. Mais un nouveau problème est apparu entre-temps: l'explosion du nombre de magasins de cannabis et la croissance de la culture du cannabis ont provoqué l'émergence de groupes de pression qui veulent absolument empêcher une nouvelle interdiction du cannabis. Des sommes considérables ont été investies et l'industrie part du principe que les drogues resteront légales, de sorte que leurs investissements seront rentables. Le vieux mythe de la boîte de Pandore, pour ainsi dire. Les gouvernements d'Europe occidentale qui proposent des plans de légalisation devraient tenir compte de l'expérience thaïlandaise à cet égard.

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vendredi, 04 octobre 2024

Un fan d'anime fou de guerre. Que dit-on d'autre sur le nouveau premier ministre japonais?

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Un fan d'anime fou de guerre. Que dit-on d'autre sur le nouveau premier ministre japonais?

Leonid Savin

Le 1er octobre, le parlement japonais a approuvé la nomination d'un nouveau premier ministre, Shigeru Ishiba. Le gouvernement a démissionné en bloc, et le nouveau chef du gouvernement a immédiatement commencé à former son cabinet. Les changements étaient attendus, car Ishiba avait pris la tête du Parti libéral démocrate (PLD) la veille, et celui-ci, avec le parti Komeito, détient la majorité dans les deux chambres du Parlement.

Ishiba s'est déjà présenté quatre fois au poste de premier ministre, toujours sans succès. La course n'a pas été facile non plus, avec neuf candidats en lice. Mais seuls deux d'entre eux - Koizumi Shinjiro et Shigeru Ishiba - étaient les grands favoris des grands électeurs du parti et de l'opinion publique.

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Vers la fin des deux semaines de campagne du PLD, une troisième candidate, Takaichi Sanae (photo), est apparue pour les défier tous les deux. Elle a remporté le premier tour de scrutin du parti, qui implique 736 électeurs: une répartition égale entre parlementaires et représentants des organisations du parti dans les régions. Takaichi a reçu respectivement 72 et 109 de leurs voix. Ishiba, éternel favori des membres du parti dans les régions, a reçu moins de soutien de la part des législateurs et s'est retrouvé derrière elle avec un total de 154 voix.

Le résultat du second tour - 215 voix pour Ishiba contre 194 pour Sanae - a révélé les divisions au sein du parti.

Ces chiffres sont la conséquence directe des particularités de l'organisation des partis au Japon. Alors que dans notre conception d'une organisation politique, il doit y avoir de la discipline, au Japon, tous les partis sont constitués de cliques dont les intérêts peuvent parfois être contradictoires.

Ce banquier de 67 ans, fan d'anime et collectionneur de modèles de véhicules militaires, a été qualifié de 'fou de l'armée' en raison de son intérêt pour la politique de défense, qui est apparu, selon lui, dans les années 1990, après la guerre du Golfe. En 38 ans de carrière politique (il a été élu pour la première fois au parlement en 1986), il a occupé le poste de ministre de la défense et s'est principalement concentré sur la sécurité et la revitalisation des communautés rurales du Japon.

Ishiba est favorable à la création d'une organisation militaire asiatique, analogue à l'OTAN, et à la possibilité de déployer des armes nucléaires américaines dans la région Asie-Pacifique, propositions qu'il a mises en avant pendant la campagne électorale. Le nouveau premier ministre promeut activement sa position aux États-Unis également. En particulier, l'Institut Hudson a publié son article sur la coopération bilatérale et le système de sécurité dans la région asiatique le 25 septembre.

On peut dire que l'accent mis sur la politique étrangère et la défense a joué un rôle majeur dans le succès d'Ishiba.

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Peu avant son élection, il s'était rendu à Taïwan, où il avait été reçu par le président Lai Jingde pour discuter des relations entre le Japon et Taïwan et de l'endiguement de la Chine. Auparavant, la Chine et le Japon se sont mutuellement accusés de violer les frontières maritimes. Ishiba estime que les forces d'autodéfense japonaises devraient être autorisées à tirer des coups de semonce si d'autres navires étrangers pénètrent dans leur espace aérien ou dans leurs eaux.

Outre l'idée de créer un analogue asiatique de l'OTAN, M. Ishiba propose de modifier l'accord sur le statut des forces, qui régit la présence militaire américaine au Japon. Le premier ministre a déclaré que cette question serait une priorité pour son cabinet.

Le deuxième axe de la campagne de M. Ishiba en matière de politique étrangère était la réaction du Japon à la mort d'un enfant japonais de dix ans en Chine, alors que sa mère l'accompagnait à l'école à Shenzhen, le 18 septembre. Les autorités chinoises ont prétendu qu'il s'agissait d'un accident, mais cette tragédie coïncidait avec l'anniversaire de l'incident dit de Mukden en 1931, qui a conduit à la deuxième guerre sino-japonaise.

Ishiba s'est immédiatement attelé à l'exercice de ses pouvoirs et à la réalisation de ses promesses électorales.

Dans la nuit du 1er au 2 octobre, après l'entrée en fonction de son cabinet, il a appelé le président américain Joe Biden et a discuté du renforcement de l'alliance entre le Japon et les États-Unis, invitant ces derniers à continuer à travailler en étroite collaboration avec le Japon en tant que partenaire mondial. Le chef du cabinet japonais a également fait part de son intention d'augmenter le budget de la défense du pays et de renforcer ses capacités militaires.

On sait également que MM. Biden et Ishiba ont soutenu la nécessité de développer des blocs multilatéraux de pays partageant les mêmes idées, tels que la coopération avec l'Australie et l'Inde dans le cadre du partenariat quadrilatéral, ainsi que le partenariat trilatéral avec la Corée du Sud et les Philippines. D'autres sujets ont été abordés, tels que la RPDC, l'Ukraine et le lancement par l'Iran d'un missile balistique en direction d'Israël.

Bien que M. Ishiba affirme qu'il poursuivra la politique économique du précédent Premier ministre, Fumio Kishida, pour sortir le Japon d'une spirale déflationniste qui dure depuis des années, son élection a fait fluctuer le yen.

Avant que M. Ishiba ne devienne le nouveau chef du parti, on donnait 146 yens pour un dollar, et le 30 septembre, il n'en donnait déjà plus que 141. Le nouveau premier ministre a déclaré vouloir augmenter les impôts sur les revenus financiers, ce qui a fait chuter l'indice Nikkei, les investisseurs estimant que de telles politiques pourraient avoir un impact négatif sur les actions japonaises.

La volatilité monétaire devrait persister jusqu'au début du mois de novembre, lorsque le Japon et les États-Unis organiseront des élections dont les résultats permettront de déterminer plus facilement l'orientation de la politique monétaire au Japon et aux États-Unis.

La dissolution de la chambre basse du parlement japonais est attendue pour le 9 octobre et des élections anticipées auront lieu le 27 octobre. Le nouveau premier ministre a déjà exprimé sa volonté de participer aux prochaines élections de la Chambre des représentants : « Je veux affronter les élections face à face, de tout mon cœur et de toute mon âme, sans m'enfuir ».

Malgré son enthousiasme, les élections risquent de ne pas être faciles pour lui.

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Le 23 septembre, le Parti constitutionnel démocratique du Japon a élu l'ancien Premier ministre Noda Yoshihiko à sa tête, dans une tentative d'attirer à lui des conservateurs plus centristes déçus par le PLD. Le parti Komeito, partenaire du PLD, connaît également des changements de direction.

On pense qu'Ishiba, bien qu'il ait accédé au bureau du premier ministre, ne pourra pas y rester longtemps.

Sa proposition d'une « OTAN asiatique » est totalement irréaliste et ne résistera pas à une discussion au parlement, étant donné que même les États-Unis se méfient de cette idée. De plus, l'appel à l'augmentation des impôts, mentionné plus haut, sera mal perçu par les électeurs japonais.

Enfin, les particularités du système politique japonais, où les scandales impliquant des membres du cabinet sont souvent à l'origine d'un remaniement du gouvernement, peuvent également jouer un rôle.

Par exemple, un conseiller spécial de l'ancien Premier ministre Shinzo Abe estime que les positions politiques d'Ishiba et ses compétences douteuses en matière de gestion ne sont pas de bon augure.

Pour la Russie, il est évident que si l'idée d'une « OTAN asiatique » commence à se concrétiser, même partiellement, une telle orientation stratégique n'est pas de bon augure pour le Japon. Et elle n'aura pas le meilleur effet sur la sécurité de la région dans son ensemble.

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vendredi, 20 septembre 2024

Mitsuhiro Kimura: le Japon est devenu un peu plus conscient de l'Opération militaire spéciale et le WEF 2024 a donné de l'espoir

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Mitsuhiro Kimura: le Japon est devenu un peu plus conscient de l'Opération militaire spéciale et le WEF 2024 a donné de l'espoir

Anna Tcherkassova, auteur de Ukraina.ru

Source: https://ukraina.ru/20240905/1057270535.html

Un patriote japonais a commenté le contenu de la session plénière du WEF-2024 avec la participation de Vladimir Poutine et a expliqué comment Moscou et Tokyo peuvent améliorer leurs relations.

Le président de l'organisation japonaise « Issui-Kai  », Mitsuhiro Kimura, en a parlé dans une interview exclusive à Ukraina.ru.

« Issui Kai » (du japonais 一水会, “Société d'une seule goutte”) - Parti de droite japonais, l'un des plus grands partis nationalistes au Japon.

Les membres de l'Issui Kai, comme l'explique Kimura, se définissent comme les « nouveaux patriotes » du Japon et leurs principaux efforts visent à lutter pour l'indépendance du Japon vis-à-vis des États-Unis.

L'événement le plus important du WEF-2024, la session plénière avec Vladimir Poutine, Anwar Ibrahim et Han Zheng, s'est tenu le 5 septembre sur l'île de Russky, à l'Université fédérale d'Extrême-Orient (FEFU).

- Kimura-san, quelles sont vos impressions sur cet événement ? Les questions urgentes de la coopération internationale ont-elles été suffisamment abordées ?

- Je pense que les principaux points et questions importants ont effectivement été abordés. Par exemple, le fait que la Russie ait fait des efforts pour parvenir à un accord de paix afin de résoudre la question ukrainienne à Istanbul en mai 2022.

En particulier, il a été noté que l'accord était presque paraphé par la partie ukrainienne, mais le Premier ministre britannique, M. Johnson, est apparu et a déclaré qu'il était nécessaire de continuer à se battre jusqu'au dernier Ukrainien. Il s'agit là d'un sujet assez spécifique qui traite d'une situation internationale importante.

Sur la question palestinienne, qui est d'actualité, et sur les relations d'Israël avec le Hamas, il y a également eu une déclaration sur la position russe. La Russie ne modifie pas sa position initiale de base en fonction d'une situation temporaire. La Russie est fondamentalement favorable à la création de deux États indépendants.

Les négociations nécessitent les efforts de médiateurs, s'il y en a. En outre, un dialogue bilatéral entre les parties est également nécessaire.

Je pense personnellement que pour parvenir à certains accords, il faut s'efforcer de créer des conditions propices. C'est ce qui a été clairement et lucidement exprimé au cours de la discussion.

- Quelles attentes aviez-vous personnellement à l'égard du forum et ont-elles été satisfaites ? Êtes-vous satisfait des résultats de l'événement ?

- Vous savez, je ne dirais pas ce qui m'a surpris, ce à quoi je m'attendais, ce que j'ai aimé ou pas.

Ce que j'ai trouvé intéressant, c'est la participation même des Malaisiens et des Chinois à la discussion avec le président russe. Le Premier ministre malaisien a soulevé la question du rôle de la Russie dans le développement de la région de l'Extrême-Orient, affirmant qu'aujourd'hui, sans la Russie, le développement mondial est impossible. C'était une façon intéressante de poser la question.

J'ai également apprécié la thèse selon laquelle le destin futur de la Russie dépend du développement de l'Extrême-Orient. Ce sont les points qui m'ont impressionné.

Je représente les cercles patriotiques conservateurs au Japon. Dans notre pays, nous avons malheureusement une mauvaise attitude à l'égard de la Russie. Mais le 4 septembre, lors du forum « L'Asie du Sud-Est dans un monde multipolaire », nous avons constaté qu'il était nécessaire de construire un nouvel ordre mondial.

Donc, pour moi, les points susmentionnés que j'ai rencontrés, que j'ai vus lors de cet événement, me donnent une nouvelle force, m'inspirent à penser de nouvelles pensées, à réfléchir davantage et mieux à la situation. Et de l'aborder précisément du point de vue du développement de la région [Asie du Sud-Est].

- Que pensent les Japonais de la Russie et des événements actuels en Ukraine?

- Comme je l'ai dit, la plupart des Japonais ont une opinion extrêmement négative et critique de la Russie. C'est ce qui caractérise le Japon moderne.

Quatre-vingts ans se sont écoulés depuis la défaite du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale. En conséquence, les Américains ont mis en place un système d'occupation qui oppose négativement les Japonais à la Russie.

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Le Japon se souvient avant tout de la perte de la guerre et des prisonniers de guerre japonais qui se trouvaient en Union soviétique. Le Japon se souvient avec ressentiment de la perte au bénéfice de la Russie des territoires dits septentrionaux et du problème des Kouriles du Sud.

Tout cela crée un arrière-plan négatif dans l'esprit et les sentiments des Japonais à l'égard de la Russie.

- La Russie et le Japon ont-ils une chance de se comprendre et de coopérer?

- Je pense que oui. Bien sûr que oui. Mais il faut créer des opportunités.

J'insiste sur le fait qu'un traité de paix doit être signé entre la Russie et le Japon. C'est très important !

Regardez : les Russes aiment le Japon, le respectent, lui sont reconnaissants et lui portent un grand intérêt. Il est donc extrêmement important d'informer constamment le public japonais que, malgré l'attitude négative des Japonais au début de l'opération militaire spéciale (OMS), la situation a commencé à changer. L'essence de l'OMS, ses objectifs et sa nécessité commencent à être un peu mieux compris au Japon.

En d'autres termes, il existe une base permettant d'adoucir l'attitude négative du Japon à l'égard de la Russie.

* * *

Comment le WEF-2024 est devenu une plateforme de rapprochement entre la Russie et la Malaisie - dans l'article d'Anna Tcherkassova "Sans l'Ukraine. La Russie et la Malaisie sont devenues encore plus proches l'une de l'autre au WEF-2024".

mardi, 20 août 2024

Le Bangladesh, une attaque directe contre l'un des principaux corridors de la BRI

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Le Bangladesh, une attaque directe contre l'un des principaux corridors de la BRI

Lorenzo Maria Pacini

Source: https://geoestrategia.es/noticia/43271/geoestrategia/bangladesh-un-ataque-directo-a-uno-de-los-corredores-clave-de-la-bri.html

Dans la stratégie néfaste d'escalade guerrière que poursuivent les États-Unis, conformément à leur politique étrangère de guerres répétées, ce qui se passe au Bangladesh joue un rôle central dans la tentative américaine de déstabiliser les nouvelles alliances du monde multipolaire.

La position de l'initiative "Ceinture et Route"

Comme on le sait, l'un des points clés des nouvelles alliances est l'initiative « la Ceinture et la Route », une route commerciale qui joue un rôle central dans la connexion des différents pays du macro-continent eurasien.

La BRI a été créée en 2013 à l'initiative de la République populaire de Chine en tant qu'infrastructure commerciale impliquant 150 pays et organisations internationales. Elle consiste en six zones de développement urbain terrestres reliées par des routes, des chemins de fer, des oléoducs, des systèmes numériques et des routes maritimes reliées par des ports. Xi Jinping a initialement annoncé cette stratégie sous le nom de « ceinture économique de la route de la soie » lors d'une visite officielle au Kazakhstan en septembre 2013. Le terme « ceinture » fait référence aux itinéraires terrestres proposés pour le transport routier et ferroviaire à travers l'Asie centrale enclavée, le long des célèbres routes commerciales historiques des régions occidentales ; « route » est l'abréviation de « Route de la soie maritime du XXIe siècle », qui fait référence aux routes maritimes indo-pacifiques traversant l'Asie du Sud-Est vers l'Asie du Sud, le Moyen-Orient et l'Afrique.

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Le but de l'initiative est simple : la coopération internationale pour accroître sa puissance économique et son statut sur la scène mondiale. Les objectifs déclarés de la BRI sont de construire un grand marché unifié et de tirer pleinement parti des marchés internationaux et nationaux, par le biais d'échanges culturels et d'intégration, de renforcer la compréhension et la confiance mutuelles des pays membres, de créer un modèle innovant d'afflux de capitaux, de viviers de talents et de bases de données technologiques. Rien n'est exclu du calcul : infrastructures, éducation, transport, construction, matières premières, terres rares, technologie. On peut dire sans risque que l'initiative « la Ceinture et la Route » est devenue le pôle d'attraction économique de la Chine pour le monde entier.

À ce jour, en 2024, il y a 140 pays adhérents, représentant 75 % de la population mondiale.

Sur la route de la soie maritime, qui transporte déjà plus de la moitié des conteneurs du monde, des ports en eau profonde sont agrandis, des plateformes logistiques sont construites et de nouvelles voies de circulation sont créées dans l'arrière-pays. Cette route commerciale s'étend de la côte chinoise vers le sud, reliant Hanoï, Kuala Lumpur, Singapour et Jakarta, puis vers l'ouest, reliant la capitale sri-lankaise Colombo et Malé, la capitale des Maldives, à l'Afrique de l'Est et à la ville kényane de Mombasa. De là, la liaison se dirige vers le nord jusqu'à Djibouti, traverse la mer Rouge et le canal de Suez jusqu'à la Méditerranée, reliant Haïfa, Istanbul et Athènes, avec la Haute Adriatique jusqu'au centre italien de Trieste, avec son port franc international et ses connexions ferroviaires vers l'Europe centrale et la mer du Nord.

Les règles de la BRI sont principalement dictées par certaines alliances de partenariat : le Forum sur la coopération sino-africaine, le Forum sur la coopération sino-arabe, l'Initiative de coopération de Shanghai et, bien sûr, les BRICS+.

Affaiblir l'Inde pour déstabiliser le Rimland

Bien sûr, la critique de la BRI vient de l'hégémon atlantique (aujourd'hui disparu): trop d'influence chinoise, trop de pouvoir économique et donc trop d'autonomie politique. Et pas seulement pour la Chine, mais aussi pour les différents États voisins qui sont liés aux États-Unis d'une manière ou d'une autre.

La BRI a effectivement élargi la puissance maritime de la Chine, étendant ainsi son influence politique. Dans la théorie géopolitique classique d'Halford Mackinder et de ses successeurs américains, cette influence ne signifie qu'une chose : limiter le pouvoir de la thalassocratie américaine, la forcer à trouver d'autres voies pour conquérir le Heartland. Bien que la Chine ne soit pas une civilisation de la mer (thalassocratie), mais une civilisation de la terre (tellurocratie), elle a réussi à exploiter la dissuasion économique en tant que puissance maritime, suffisamment équilibrée pour effrayer les États-Unis et leurs (très rares) partenaires.

En effet, il existe un risque stratégique : le Rimland, la zone côtière qui sert de tampon dans l'affrontement entre les tellurocraties eurasiennes et les thalassocraties atlantistes, ne peut être cédé à bon compte. La BRI fait objectivement partie d'une stratégie plus large de contrôle militaire du détroit de Malacca et « enveloppe » la chaîne d'îles militaires américaines. Cela signifie que les Américains ont progressivement perdu leur liberté d'initiative militaire et qu'ils ne disposent plus de la liberté de marché nécessaire pour agir sans discernement.

Les États-Unis le savent très bien et c'est pourquoi ils ont organisé un coup d'État au Bangladesh, un pays très important pour la stabilité de l'Inde, qui est le plus grand et le plus important pays, après la Chine, de la BRI, et le seul qui soit encore lié à l'Occident par un double fil.

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Ces derniers mois, l'Inde a refusé à plusieurs reprises son soutien stratégique aux États-Unis, notamment pour le contrôle de la mer Indienne et du golfe Persique ; le mois dernier, Narendra Modi s'est rendu à Moscou et a signé des accords avec la Russie ; tout cela n'a pas été du goût de Washington, qui a ordonné le renversement du gouvernement de Sheikh Hasina au Bangladesh.

Hasina étant favorable à l'Inde, New Delhi a pu bénéficier d'une stabilité régionale accrue. Hasina était également synonyme d'équilibre entre les conflits ethniques et religieux, alors qu'entre 2001 et 2006, plusieurs problèmes étaient déjà apparus en raison des liens entre les groupes et partis nationalistes au Bangladesh et au Pakistan ; elle a rejeté les cessions territoriales et la collaboration militaire avec les États-Unis et s'est opposée aux pressions anti-chinoises.

C'est alors qu'est venue la punition: le renversement d'Hasina par un coup d'État micro-révolutionnaire pour mettre en place une junte intérimaire avec un homme trié sur le volet par Washington. Tout cela dans le style habituel de la bannière étoilée. Ce n'est pas un hasard si le département d'État américain a immédiatement exprimé son soutien au changement de régime, sans même attendre quelques heures.

Déstabiliser le Bangladesh, c'est tenter de saper la sécurité de l'Inde, et comme l'Inde est le garant de la stabilité et de l'autonomie du Rimland, les États-Unis tenteront de perturber l'équilibre régional en fomentant des conflits internes et en contrecarrant les accords économiques. Un gouvernement pro-américain obligerait tous les pays voisins à réévaluer leur engagement en matière de sécurité et d'alliance. S'il est vrai que le Bangladesh ne peut, à lui seul, s'opposer à l'Inde et ne peut déterminer sa politique intérieure, il est également vrai qu'un certain nombre de dangers stratégiques à la frontière entre l'Inde et le Bangladesh constitueraient un problème très difficile à gérer à l'heure actuelle.

Ce qui se passera dans les prochains jours sera décisif non seulement pour l'avenir du Bangladesh et de l'Inde, mais aussi pour l'ensemble de l'initiative « la Ceinture et la Route » et des projets connexes.

dimanche, 18 août 2024

Le Japon et la quatrième théorie politique

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Le Japon et la quatrième théorie politique

Kazuhiro Hayashida

Source: https://novaresistencia.org/2024/08/01/o-japao-e-a-quarta-teoria-politica/

La quatrième théorie politique est une boîte à outils théorico-philosophique d'application universelle. Dans cet article, nous présentons quelques réflexions originales sur la construction d'une quatrième voie japonaise.

Nous, Japonais, avons oublié beaucoup de choses depuis notre défaite suite à la dernière guerre. Bien que certaines idées s'estompent avec le temps, il y en a aussi beaucoup qui ne devraient pas être oubliées. Pour les retrouver, nous devons travailler comme des mineurs dans une mine, en faisant des allers-retours entre la surface et le sous-sol, à la recherche de diamants bruts dans les profondeurs des tunnels. C'est le rôle des travailleurs comme moi.

Pour que les Japonais comprennent bien l'importance de la « quatrième théorie politique » du professeur Alexandre Douguine, il faut d'abord comprendre les idées de nos importants prédécesseurs. J'aimerais ici vous présenter un Japonais.

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Les idées et l'influence de Kanji Ishihara

Kanji Ishihara (1889-1949) était un ancien soldat de l'armée impériale et est connu comme l'un des cerveaux de l'incident de Mandchourie. Il avait sa propre pensée stratégique et a proposé la « théorie (japonaise) de la dernière guerre mondiale ». Selon cette théorie, l'Asie de l'Est deviendra le centre du monde et la paix sera instaurée. Les idées et les actions uniques d'Ishihara ont grandement influencé l'armée japonaise dans l'entre-deux-guerres, mais ses actions militaires dures et sa position en faveur de la guerre ont été débattues par la suite. Bien qu'il ait été une figure clé de l'armée japonaise, il n'a jamais été tenu pour responsable de la guerre. Cependant, après la défaite, ses actions militaires et ses idées émises pendant la guerre n'ont pas été réévaluées, et ses théories stratégiques originales ont été enterrées sous l'effet d'un temps. Après la guerre, il n'a eu aucune influence politique ou militaire et il est mort en 1949.

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Parmi ses talents, c'est l'idéologie et la stratégie qu'il convient de souligner, comme en témoignent ses ouvrages « Théorie de la dernière guerre mondiale » et « Esquisse de la théorie de la guerre ». Cela est dû à la perspective asiatique d'Ishihara, qui montre qu'il était un visionnaire remarquable à cette époque.

Les avant-postes de la civilisation occidentale et les limites de l'« Esquisse de la théorie de la guerre »

Bien que l'« Esquisse de la théorie de la guerre » de Kanji Ishihara se limite principalement aux relations locales entre le Japon et l'Asie, il s'agit toujours d'une vision de la collaboration entre pays asiatiques et de l'indépendance de l'Asie dans son ensemble face aux puissances occidentales. Cependant, en raison du caractère avancé de sa théorie, il a été contraint d'utiliser les bases de la pensée occidentale pour s'opposer à l'Occident et n'a pas réussi à résoudre la contradiction de la colonisation des zones prétendument libérées par l'armée japonaise. Il a également mis l'accent sur les valeurs et la moralité asiatiques traditionnelles, mais n'a pas eu une vision claire du rôle spécifique de la religion et de l'inclusion de valeurs diverses, ce qui a contribué à son incapacité à traiter de manière adéquate diverses questions. La théorie d'Ishihara est ancrée dans le contexte du début du 20ème siècle et ne peut être adaptée à la situation multipolaire du monde actuel. Cependant, cette théorie constitue un jalon pour les Japonais dans une direction, et c'est certainement une idée que l'on ne retrouve nulle part ailleurs.

À l'ère moderne, et avec la défaite dans la guerre, l'« Esquisse de la théorie de la guerre » a perdu de son éclat. C'était une excellente idée. Mais on peut dire qu'une seule graine plantée dans le sol de la philosophie peut devenir un bon arbre. Daria Douguina, dans son livre « Le phénomène de la guerre : métaphysique, ontologie et frontières », dit : « πόλεμος, selon Platon, doit être fait d'une manière très dure et courageuse. » Le Japon a commencé la guerre sans une compréhension claire du πόλεμος, sans connaître la nature de la guerre, et a tout perdu à cause de la défaite.

Aujourd'hui, le Japon a été colonisé et ne peut plus avoir la vision qu'il avait à l'époque.

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Un héros combattant

La « Quatrième théorie politique » du Dr Alexandre Douguine souligne l'importance des valeurs traditionnelles, de la religion et de la communauté, mais cherche également à surmonter les maux du matérialisme et de l'individualisme, offrant ainsi la flexibilité et la profondeur nécessaires pour faire face aux divers problèmes auxquels la société contemporaine est confrontée.

En défendant l'eurasisme centré sur la Russie et en visant l'intégration du continent eurasien, la coexistence pacifique dans un monde multipolaire est essentielle, et l'utilisation de la force militaire est un moyen de protéger l'indépendance et la souveraineté nationale.

Tout cela fait que la « Quatrième théorie politique » est supérieure à l'« Esquisse de la théorie de la guerre » de Kanji Ishihara par son originalité, sa modernité, ses valeurs globales et sa perspective géopolitique mondiale. La théorie du Dr Alexander Douguine offre un nouveau cadre pour aborder les questions complexes auxquelles la société contemporaine est confrontée, un cadre qui englobe une grande variété de valeurs et qui peut donc bénéficier d'un soutien plus large.

C'est sur ces solides fondations que la Russie s'appuie aujourd'hui. Et c'est en héros infatigables qu'ils se battent sur la ligne de front contre la civilisation occidentale.

« Aspirants, notre patrie est en danger d'extinction. Le moment est venu de nous rassembler sous la bannière des valeurs traditionnelles ».

Les États-Unis veulent désormais sanctionner les pays qui abandonnent le dollar

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Les États-Unis veulent désormais sanctionner les pays qui abandonnent le dollar

Un sénateur veut stopper la dédollarisation progressive par des sanctions

Bernhard Tomaschitz

Source: https://zurzeit.at/index.php/die-usa-wollen-jetzt-auch-dollar-aussteiger-sanktionieren/

Pour les États-Unis, un instrument important pour imposer leurs intérêts impérialistes est leur monnaie, le dollar. Ainsi, Washington utilise délibérément le dollar comme une arme pour ruiner économiquement les pays qui souhaitent suivre leur propre voie, ils procèdent également au moyen de sanctions. C'est ce qui s'est passé avec la Russie après le début de la guerre en Ukraine. L'Occident collectif, mené par les États-Unis, a imposé des sanctions à Moscou et gelé des centaines de milliards de dollars d'actifs russes.

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Mais le coup s'est retourné contre eux. Sous la direction du groupe des pays BRICS, la dédollarisation a été encouragée, par exemple en utilisant des monnaies locales dans les échanges commerciaux bilatéraux. Et cet exemple fait école. En mai, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) a également annoncé des plans de dédollarisation du commerce transfrontalier et de l'utilisation des monnaies locales.

Aux États-Unis, ces évolutions sont observées avec une inquiétude croissante. En effet, plus la part du dollar dans le commerce mondial est faible, plus l'arme du dollar s'émousse. Comme le rapporte Asia Times, le sénateur républicain Marco Rubio a déposé un projet de loi visant à stopper la dédollarisation. Concrètement, ceux qui contribuent à la dédollarisation devraient être sanctionnés.

Asia Times écrit : « Le projet de loi de Rubio, au nom évocateur de “Sanctions Evasion Prevention and Mitigation Act” (loi sur la prévention et l'atténuation des sanctions), obligerait les présidents américains à sanctionner les institutions financières qui utilisent le système de paiement chinois CIPS, le système de transaction russe SPFS et d'autres alternatives au système SWIFT basé sur le dollar ».

Comme le précise encore le journal, Rubio n'est pas le seul à vouloir mettre un terme à la dédollarisation. Ainsi, les conseillers économiques du candidat à la présidence Donald Trump discutent des moyens de punir les États qui se détournent activement du dollar. L'équipe Trump aurait ainsi déjà annoncé « des sanctions à la fois contre les alliés et les adversaires qui tentent activement de faire du commerce bilatéral dans des devises autres que le dollar ». Les contrevenants se verraient imposer des restrictions à l'exportation, des droits de douane et des « frais de manipulation de devises ».

mercredi, 14 août 2024

Le chaos au Bangladesh menace les liens de la Russie avec son principal partenaire commercial

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Le chaos au Bangladesh menace les liens de la Russie avec son principal partenaire commercial

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/article/haos-v-bangladesh-ugrozhaet-svyazyam-rossii-s-vazhneyshim-torgovym-partnerom

Nouvelles autorités

Au Bangladesh, le pouvoir est passé aux mains des militaires. Le lieutenant général Waker uz Zaman, chef d'état-major de l'armée, a confirmé la démission de Mme Hasina lors d'une conférence de presse et a déclaré qu'après des discussions avec des représentants des principaux partis politiques et des groupes de la société civile, il avait été décidé de former un gouvernement intérimaire composé de représentants de tous les partis.

"Le premier ministre a démissionné. Un gouvernement intérimaire sera formé pour gouverner le pays <...> Je vous donne ma parole que toutes les injustices seront supprimées <...> Le pays a beaucoup souffert, l'économie a souffert, beaucoup de gens sont morts - il est temps d'arrêter la violence", a-t-il déclaré. Il a également déclaré que le couvre-feu imposé précédemment serait annulé.

Fait révélateur, aucun représentant du parti au pouvoir, la Ligue Awami, n'était présent à la première réunion.

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L'administration du président Mohammad Shahabuddin a également publié une déclaration indiquant qu'elle avait décidé de libérer l'ancien premier ministre emprisonné et le chef du parti nationaliste du Bangladesh, Khaleda Zia, principal rival de Mme Hasina (photo).

Le secrétaire général du parti a déclaré que son président, Tariq Rahman, reviendrait bientôt au Bangladesh après un exil à l'étranger. Les manifestants détenus précédemment seront également libérés.

L'opposition a accueilli la nouvelle de la fuite du premier ministre avec jubilation. La veille, malgré le couvre-feu, ils avaient réussi à s'emparer du bureau du chef de l'État, puis à pénétrer dans le bâtiment du parlement. Dans leur joie, ils ont même restitué les armes qu'ils avaient confisquées au personnel de sécurité du parlement.

Un chômage astronomique

Les manifestations ont éclaté au début du mois de juillet. Elles ont été déclenchées par la décision du gouvernement de modifier les principes des quotas de fonctionnaires, un poste très prestigieux dans ce pays pauvre. La règle de longue date selon laquelle 30% des postes vacants sont réservés aux enfants et petits-enfants des combattants de la guerre de libération du Pakistan de 1971, en plus d'un quota de 55% pour les anciens combattants eux-mêmes, a été rétablie. Cela réduit considérablement le nombre de postes vacants disponibles pour les citoyens ordinaires et réduit leurs chances d'obtenir des postes convoités au sein de l'appareil d'État.

Les premiers rassemblements ont été pacifiques et, selon les médias locaux, c'est la répression violente de la police qui a servi de catalyseur à d'autres manifestations. Bien que la Cour suprême ait suspendu les quotas pendant un mois le 11 juillet et en ait ensuite transféré une partie à d'autres catégories de citoyens, cela n'a pas arrêté les manifestants.

En fait, les raisons du conflit sont plus profondes.

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Dans un contexte de graves problèmes économiques et de chômage élevé, les jeunes du Bangladesh sont mécontents des quinze années de règne du parti de la Ligue Awami et directement de l'action de Mme Hasina en tant que chef d'État, en particulier après les dernières élections de janvier. La veille, de nombreux dirigeants de l'opposition ont été arrêtés et n'ont pas pu se présenter aux élections. De ce fait, l'opposition a tout simplement boycotté les élections.

Une étude réalisée par le Bureau des statistiques du Bangladesh en 2023 a montré que plus de 39% des jeunes âgés de 15 à 24 ans sont sans emploi et non scolarisés, soit environ 12,2 millions de personnes. L'affirmation du gouvernement selon laquelle le taux de chômage est de 3,3%, soit 2,35 millions de chômeurs, est contestée par plusieurs économistes de renom.

En outre, le pays a imposé des restrictions à la diffusion de contenus sur l'internet et, lors de manifestations, l'internet a été complètement fermé.

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Par ailleurs, des fonctionnaires ont été accusés de corruption et de transfert de fonds à l'étranger. Et comme Hasina est la fille de Mujibur Rahman (photo), l'un des leaders du mouvement de libération nationale et le fondateur du Bangladesh, le mécontentement s'est déplacé vers sa figure. Dans la capitale Dacca, on a essayé de démolir sa statue lundi. Cette situation témoigne de la compréhension particulière qu'ont les jeunes Bangladais de leur propre histoire.

Le dimanche 4 août a été la journée la plus importante en termes de manifestations et de nombre de morts, avec au moins 98 personnes tuées lors d'affrontements avec la police et les forces de sécurité. Au total, le bilan officiel des troubles avoisinerait les 300 morts et les blessés se compteraient par milliers.

Les proches dans la lutte

Le passage actuel du pouvoir comporte plusieurs aspects importants.

Tout d'abord, le principal médiateur et décideur est le commandant en chef Waker uz Zaman (photo), qui a pris ses fonctions le 23 juin.

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Il est marié à Sarahnaz Kamalika Zaman, fille du général Muhammad Mustafizur Rahman, qui fut commandant en chef de l'armée de 1997 à 2000. Le général Rahman était un cousin de Sheikh Mujibur Rahman puisqu'il avait épousé la cousine de Mujib. Le Ol était le grand-oncle de la première ministre déchue Sheikh Hasina Rahman.

Il s'avère que l'actuel chef de la junte est un parent du premier ministre déchu et est détesté par le chef du gouvernement de l'opposition. Par ailleurs, on sait que tout au long de sa carrière militaire, il a également travaillé en étroite collaboration avec Hasina et a occupé le poste d'officier d'état-major en chef au sein du département des forces armées du bureau du Premier ministre. Beaucoup dépendra donc de la perception qu'aura l'opposition de son rôle ainsi que de ses décisions spécifiques.

Ces dernières années, il y a eu des précédents dans la politique mondiale où, sur fond de vague "démocratique", les militaires ont fait certains assouplissements et n'ont fait qu'accroître la pression autoritaire. On peut citer l'exemple de l'Égypte, où Sisi, après les élections, a durement battu les Frères musulmans (une organisation terroriste interdite en Russie). Les mêmes processus ont eu lieu au Myanmar, pays voisin du Bangladesh.

Deuxièmement, le Bangladesh a déjà connu une période où, en raison de la confrontation entre la Ligue Awami et le Parti nationaliste du Bangladesh, qui s'est transformée en crise politique en 2006, l'armée est intervenue et a déclaré l'état d'urgence. Le parti de la ligue Awami est ensuite sorti victorieux, ce qui a permis à Hasina de rester au pouvoir pendant 15 ans sans interruption.

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Troisièmement, bien que la cause des troubles soit une crise interne, on ne peut nier que le passage du pouvoir sera influencé de l'extérieur. L'Inde, qui a joué un rôle important dans la création d'un Bangladesh indépendant, ne manquera pas de faire de telles tentatives. On peut également prévoir une ingérence plus ou moins importante des pays occidentaux et des investisseurs internationaux, y compris des institutions transnationales.

Sans aucun doute, il sera important pour la Russie (ndlr: ou de tout autre acteur européen) de maintenir des relations amicales et de continuer à mettre en œuvre les projets en cours dans le pays, tels que la construction d'une centrale nucléaire et la production de gaz offshore.

Ces projets étant nécessaires à l'économie du pays et potentiellement créateurs d'emplois, il n'y a pas de raison apparente de s'inquiéter. Toutefois, si le nouveau gouvernement compte un lobby pro-occidental actif, certains acteurs extérieurs tenteront d'évincer la Russie du Bangladesh à tout prix.

Il est donc nécessaire de surveiller de près les changements politiques actuels et d'empêcher l'ingérence de pays hostiles, justifiant la nécessité de préserver les liens amicaux et la nature non alternative de certains domaines de la coopération bilatérale, tels que la fourniture d'engrais.

Le Bangladesh est aujourd'hui le deuxième pays d'Asie du Sud-Est, après l'Inde, en termes de chiffre d'affaires du commerce extérieur avec la Russie. Il est important pour la Russie de maintenir cette position.