Le Frepap, bras politique d’une secte religieuse qui prône le retour aux valeurs de la Bible, devient, avec seize députés, le deuxième parti du pays.
Les personnes de la communauté LGBTI ont «le mal enkysté dans le cœur et dans le sang, mais ils vont avoir une chance de découvrir le décalogue universel des commandements, et par cet intermédiaire entrer dans la moralisation, pour plus tard devenir des gens de bien». Ces propos délirants ne sont ni nouveaux ni surprenants de la part d’un pasteur évangélique en Amérique latine. Ils sont plus inquiétants quand ils sortent de la bouche d’un responsable dont le parti a fait une entrée fracassante dimanche à l’Assemblée nationale du Pérou, devenant avec près de 9% des voix et seize élus la deuxième force politique du pays.
La diatribe a été tenue devant les caméras par Wilmer Cayllahua, qui, avec sa longue tunique et sa barbe de prophète, a multiplié les apparitions médiatiques pendant la campagne électorale. Son parti, le Front populaire agricole du Pérou (Frepap, ou «Agro» pour ses partisans), s’intéresse moins au monde rural qu’au règne des cieux : c’est le bras séculier d’une secte née dans les Andes, l’Association évangélique de la mission israélite du nouveau pacte universel (Aeminpu).
Pour les «israélites», comme on les appelle couramment, le Pérou est la terre promise et ses habitants, le nouveau peuple élu. Ils s’habillent de longues tuniques, les femmes ont la tête couverte et les hommes ne se rasent pas. Le fondateur et messie, Ezequiel Ataucusi, cordonnier et père de sept enfants, eut une révélation en 1968 : emmené «au troisième ciel», selon ses dires, il se proclame la réincarnation du prophète Ezéchiel. Sa doctrine mélange allègrement une lecture littérale de l’Ancien Testament avec les mythes incaïques, la langue de la grande majorité des fidèles étant le quechua. Le moment fort du calendrier de la secte est la célébration de «l’holocauste», le sacrifice d’un bœuf qui brûle sept jours durant.
Programme ultraconservateur axé sur la moralisation
En 1989, Ezequiel Ataucusi fonde le Frepap et se présente, l’année suivante, à l’élection présidentielle, expérience qu’il renouvelle en 1995 et 2000, sans jamais dépasser 1% des voix. Le parti «agro» parvient à faire élire quelques députés au fil des années 90, qui rejoignent rapidement (et probablement contre rémunération) des formations moins farfelues.
A sa mort en 2000, à 82 ans, son fils qui porte les mêmes nom et prénom lui succède et garde le cap fixé par son père : une activité spirituelle combinée à une ambition électorale. Dans un contexte de défiance vis-à-vis du monde politique, après des scandales de corruption et des poursuites judiciaires contre presque tous les anciens présidents du pays, le Frepap parvient à imposer son symbole, un petit poisson bleu, et à faire entendre son programme ultraconservateur axé sur la moralisation.
Pour tenter d’éteindre la polémique suscitée par les saillies homophobes de Wilmer Cayllahua, le président du parti, Ezequiel Ataucusi fils, a rappelé que son mouvement respecterait la Constitution et la vie privée des citoyens, en ajoutant : «Notre église compte trois homosexuels. Repentants, bien entendu !»
A noter que ce que Libération n’indique pas dans l’article que nous reproduisons ici (https://www.liberation.fr/planete/2020/02/01/les-homophob... ), c’est que grand apôtre de la vertu, la secte « évangélique » a depuis son implantation en Amazonie fait main basse sur le trafic de cocaïne péruvien. ( https://www.ulyces.co/lali-houghton/cette-secte-peruvienn...).
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