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samedi, 08 février 2020

La trilogie (involontaire) de Poutine

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La trilogie (involontaire) de Poutine

Ex: http://www.dedefensa.org

29 décembre 2019 – Les Russes viennent de marquer deux avancées fondamentales dans les domaines de la stratégie nucléaire intercontinentale et dans celui de la stratégie régionale. En même temps, ou plutôt précédant immédiatement ces deux annonces, il y a l’affirmation que la Russie mène désormais la course aux armements, ce qui en termes dialectiques est extrêmement différent de la simple affirmation de la possession d’armes nucléaires supérieures à celles de l’adversaire : dans ce dernier cas, l’affirmation est un constat statique de supériorité ; dans celui de “la course aux armements”, l’affirmation est celle de la dynamique de la puissance opérationnelle comparée.

• Sur ce dernier point, on a lu un texte du  25 décembre 2019, où Poutine affirme que la Russie possède désormais une supériorité stratégique nucléaire, bref qu’elle mène la “course aux armements” comme l’ion disait durant la Guerre froide, donc qu’elle peut prétendre de facto à une attitude de supériorité dans le domaine stratégique. Nous notions ceci qui a une grande dimension psychologique, pas seulement voulue et élaborée, mais qui existe de factodu fait de l’affirmation de la situation compétitive à laquelle pousse le comportement de la partie américaniste : « Pour la première fois d’une façon publique et spectaculaire, Poutine a parlé des armements russes explicitement en termes de supériorité comparée, sur n’importe quel autre pays et y compris le plus puissant d’entre eux, et non plus en termes de capacités opérationnelles et d’avancement technologique brut. Ainsi, ses paroles ont-elles une résonnance politique claire et nette, et non plus une résonnance seulement militaire et stratégique ; et une résonnance politique impliquant non pas nécessairement un défi mais dans tous les cas l'affirmation d'une supériorité stratégique comme outil de la politique de sécurité nationale russe, pour protéger les intérêts russes, éventuellement hors de Russie. »
 • L’annonce d’un marché avec l’Algérie d’avions de combat russes les plus avancés et les plus puissants, marché qualitativement d’une extrême importance qui bouleverse les positions stratégiques en Méditerranée et sur le flanc Sud de l’Europe : 14 Su-34, 14 Su-35 (tous deux de “quatrième génération et demi”), et 14 Su-57 de cinquième génération. On a vu hier quelques observations  qu’à notre sens  il convient de faire à cet égard.
• D’autre part, la mise en service du système de planeur hypersonique type AvantGard, un système stratégique continental/global contre lequel aujourd’hui aucune défense ni contre-mesure ne sont possibles et qui place les USA dans une très délicate position d’infériorité stratégique. AvantGard évolue à 27 Mach (plus ou moins 30 000 km/h : on peut écouter, ou réécouter pour beaucoup, Jean-Pierre Petit  sur ce sujet des armes hypersoniques russes, très éclairant malgré l’arrogance sans vergogne de l’intervieweur, – on est Français et “expert” ou on ne l’est pas, certes...).

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Bien entendu, nous nous étendons un peu plus sur ce dernier point qui, d’un point de vue stratégique au plus haut niveau concevable, d’un point de vue opérationnel et d’un point de vue de supériorité, marque un point sans surprise depuis qu’on connaît l’existence de ces armes, mais d’un formidable poids symbolique acquis entre la chose annoncée et la chose accomplie. Les AvantGardont commencée à être livré en mai dernier et leur déploiement opérationnel a été annoncé  le 27 décembre  comme effectif (« Une vidéo publiée vendredi par le ministère russe de la Défense montre les têtes de planeurs hypersoniques en train d'être chargées sur des missiles en silos. Pour l'instant, les AvantGard seront montés sur les missiles balistiques UR-100N (ou SS-19 Stiletto, comme les appelle l’OTAN), jusqu’à ce que le Sarmat RS-28 soit prêt à entrer en service. »)

Les Russes n’ont certainement pas dissimulé leurs nouveaux armements, bien au contraire ils en font grande publicité depuis les déclarations de Poutine de mars 2018, ce qui a paradoxalement permis aux zombieSystème occidentaux d’affirmer pendant quelques mois sinon un an qu’il s’agissait un bluff de plus du satanique Poutine. Cette ligne de dénégation des affirmations russes s’est poursuivie malgré la confirmation quasi immédiate de leur véracité par les chefs  militaires US, comme par exemple l’affirmation du chef du Strategic Command d’alors, le général Hyten, en août 2018, selon lequel, les USA n’avaient aucune défense possible contre ces armes dont il ne mettait pas une seconde en doute l’existence.

Voici un long commentaire  de Robert Bridge sur l’entrée en service de l’AvantGard et sur tout ce que l’entrée en service de ce système introduit comme facteurs nouveaux dans la situation russe et, surtout, dans la situation des relations russo-américanistes. (Décidément relations, du côté US, plus “américanistes ”que jamais, bien plus qu’américaines”.) 

« “Nous n'avons aucune défense qui pourrait nous empêcher d'utiliser une telle arme contre nous”, c’est ainsi que le général John Hyten, alors à la tête du Strategic Command, l’a présenté à la Commission des services armés du Sénat en mars 2018, peu après que Poutine ait confirmé l’existence d’AvanGard et de plusieurs autres systèmes hypersoniques.
» Dans une grande démonstration de confiance, Moscou a même montré AvanGard aux inspecteurs américains le mois dernier, dans le cadre d'un effort pour améliorer la transparence dans l'observation du dernier traité limitant les armes nucléaires. La Russie a proposé de prolonger le plus récent traité START [sur les armes stratégiques nucléaires, signé en 2011, lors du mandat Obama]au-delà de février 2021, mais Washington n’a toujours pas répondu, dans un sens ou l’autre.
» La Russie est la seule nation qui déploie actuellement des missiles hypersoniques [de tous types...] [...]Selon Poutine, les scientifiques militaires russes travaillent également à la mise au point de défenses contre de telles armes, – s’il peut en exister.
» Plus tôt cette semaine, M. Poutine a tenu à dire que la Russie est maintenant en avance sur les autres pays en ce qui concerne une technologie d'armement majeure, contrastant avec le fait que l'URSS toujours été en retard pendant la guerre froide.
» Au lieu de cela, ce sont maintenant les États-Unis qui s’efforcent de rattraper leur retard. Un contrat pour le développement d'un système planant pouvant atteindre Mach 5 vient d'être attribué au début de cette année, avec une date de lancement prévue pour 2023.
» L’existence d'AvanGard rend également plus urgent le développement d'intercepteurs basés dans l’espace qui pourraient théoriquement cibler les missiles pendant la phase de propulsion, avant que les têtes hypersoniques puissent être lancées. C’est peut-être la mission du nouveau commandement US Spatial Force.
» C'était aussi l’objet des fantasmes du Pentagone dans les années 1980, lorsque le président Ronald Reagan a lancé l’initiative ‘Star Wars’. Bien qu’elle n’ait pas représenté grand-chose en réalité, il est généralement admis aux USA qu’elle a entraîné l'URSS dans une course aux armements coûteuse qui a finalement conduit à la faillite et à l’effondrement du communisme.
» Alors que les universitaires russes contestent cette thèse, Moscou semble l’avoir mise à l'épreuve. Des armes hypersoniques pourraient maintenant obliger Washington à agir comme il dit que les Soviétiques l’ont fait, et à doter le Pentagone de nouvelles et vastes ressources qui sont nécessaires ailleurs, alors que la dette nationale s'élève à $23 000 milliards. Une raison de plus de vouloir sérieusement faire la paix avec le monde, plutôt que de chercher à le dominer. » 

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On observera ses remarques très intéressantes sur la fin du texte où Bridge faut une comparaison inversée par rapport à l’intrigue USA-URSS-SDI (“guerre des étoiles” de 1983-1989) ; et même comparaison doublement inversée puisqu’outre l’échange des vainqueurs et des vaincus, il y a la  la différence essentielle  que “la guerre des étoiles” (ou SDI pour faire sérieux)  Made-In-Reagan  n’a jamais eu lieu puisque le système envisagé en 1982, directement extrait des comics de SF et des studios d’Hollywood, n’a jamais existé en tant que tel tandis que les systèmes hypersoniques russes sont là et bien là ...

L’analogie doublement invertie que l’on relève dans ce cas a sans aucun doute un très grand intérêt, notamment par rapport à la psychologie du côté US, c’est-à-dire par rapport à ce qu’elle nous dit, rétrospectivement mais durablement jusqu’aux temps actuels où elle perdure plus forte que jamais, de sa propre pathologie. Pour le reste, et autant à cause de cette psychologie que des situations d’impuissance bureaucratique et de corruption du gaspillage qui rend l’amoncellement d’argent contre-productif où se trouvent les USA aujourd’hui, nous  avons déjà dit pourquoi nous doutons radicalement que les USA puissent refaire leur retard sur la Russie, voire le combler en partie, voire même l’empêcher de grandir.

Comment Kissinger a vieilli

Certes, le mot “trilogie” s’emploie en général pour les œuvres littéraires ou de création, en général artistique, ou même technologique puisque nous sommes dans des temps où l’art prend de bien étranges chemin. Cela nous permet aussi bien d’employer ce mot pour le domaine du rapport des forces, de la grande stratégie et de la communication qui anime tout cela. Ainsi parlerons-nous pour ces trois nouvelles russes d’une “trilogie de Poutine” … Nos lecteurs, qui ont l’esprit vif, comprendront qu’il y a, à côté du “dur” que sont les systèmes comme AvantGard et le Su-57, une bonne part de symbolisme qui, en ces temps ce communication exacerbée et de réalité pulvérisée, permet souvent d’approcher une  vérité-de-situation.

De cette “trilogie de Poutine”, nous dirons :
1). Qu’elle permet d’énoncer une nouvelle vérité stratégique dans toute sa puissance dynamique ;
2). Que notre conviction, qui n’est pas de “source sûre” comme en réclament nos censeurs-Système, est que Poutine, malgré toute sa finesse ou peut-être à cause d’elle, ne l’a pas voulu ainsi et qu’il y est venu sans véritablement mesurer toutes les dimensions de l’acte qu’il posait ; 
3). Qu’il y a donc la mise en place de l’expression d’une “nouvelle vérité stratégique”, selon une volonté dont nous avons peine à identifier d’où elle vient, sinon notre conviction à nouveau qu’elle n’est pas d’origine humaine mais plutôt l’arrangement des événements eux-mêmes.

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Cette “trilogie de la nouvelle vérité stratégique” plaçant la Russie au-dessus des autres comprend :
1). d’abord l’arme suprême, ou “arme absolue” de l’époque stratégique qui s’ouvre, que constitue l’hypersonique inarrêtable, sous la forme d’AvantGard, vitesse de 27 Mach, capacités d’évolutions très marquées, ceci et cela le rendant absolument impossible à intercepter à moins d’entrer dans la science-fiction ; capacités nucléaires intercontinentales et globales. Cette “arme absolue” de son temps remplace l’ancienne “arme absolue” qu’étaient les ICBM et les SLBM classiques et seuls les Russes en disposent avec une avance qui se compte en nombre d’années et l’intention affirmer d’en poursuivre le développement ;
2). Ensuite l’arme politico-stratégique permettant de couvrir des zones stratégiques jusqu’alors quasiment hors de portée avec les systèmes les plus sophistiqués (le Su-57 qui “annule” le F-35 et met en question la domination aérienne dans des zones jusqu’alors incontestablement OTAN/BAO, tout cela sans prêter une seconde d’attention à l’opérationnalité de ces armes souvent factices ou simulacres, mais en ne considérant que l’aspect communicationnel puisqu’il y en a encore pour croire à la magie de la technologie stealth) ;
3). Enfin l’autorité que confèrent ces systèmes, qui permet à une voix autorisée d’affirmer une hiérarchie où elle se place en tête (au sommet) sans crainte d’être contredite.

On comprendra qu’il s’agit en soi d’un événement important. Ce n’est pas trois événements qui s’affirment dans la même séquence sans influer les uns sur les autres, mais trois événements qui s’enchaînent, s’influencent, et finalement fusionnent en un, c’est-à-dire un événement nouveau qui est de nature différente que la simple addition des trois. (Même différence  qu’entre les concepts de “mondialisation” et “globalisation”.) La puissance stratégique russe, qui est désormais définie par des systèmes et des doctrines dynamiques qui dominent tous les autres, affirme par la voix de Poutine qui l’a définie en la plaçant dans une hiérarchie comme absolument dominante. Quoi que veuillent réellement Poutine et les Russes, cette posture stratégique n’est plus défensive et purement nationale (pour la défense du territoire national) comme elle était strictement définie jusqu’ici, mais conduite à s’inscrire dans l’équation du rapport des forces en affirmant sa supériorité stratégique.

Le paradoxe est qu’à force de crier “au loup” à propos d’une puissance russe qui ne voulait pourtant pas s’inscrire dans la grande équation du rapport des forces (“course aux armements”), les narrativeUS et du bloc-BAO ont fini par “forcer” les Russes par y entrer. D’une certaine façon Poutine continue sa démonstration du 1ermars 2018 qu’il avait ponctuée d’un “Cette fois, vous allez nous écouter !”, signifiant par là que l’exposition de ces nouveaux systèmes conduiraient les divers tourmenteurs de la Russie, USA en premier, à enfin écouter la Russie et ses propositions de bon voisinage stratégique. Il n’en fut rien...

Le paradoxe se poursuit et devient alors que si l’on observe le chemin parcouru et les outils ainsi déployés selon ce que nous nommons “la trilogue de Poutine”, il semble bien qu’il faille que la Russie proclame sa supériorité stratégique pour espérer qu’on l’écoute ; qu’elle devienne en vérité la “menace” qu’on prétend qu’elle est depuis 2014 (Ukraine, Russiagate, etc.), pour exiger qu’on l’entende...

En 1973, au moment des négociations SALT et alors que des généraux US s’inquiétaient d’éventuelles concessions faites à l’URSS qui pourraient donner à cette puissance la “supériorité stratégique”, Kissinger s’écriait : « Au nom de Dieu, qu’est-ce que cela signifie, “supériorité stratégique”, à ce niveau de capacité de destruction ! » C’était l’époque où les stratèges raisonnaient encore et admettaient que la dissuasion réglait tout et qu’il fallait tout faire, y compris la coopération entre adversaires, pour éviter un conflit nucléaire où tous seraient anéantis. 

Mais Kissinger est vieux et les stratèges ne raisonnent plus et préfèrent s’en remettre à l’affectivisme, et l’idée de la “supériorité stratégique” dans l’ère nucléaire est redevenue tout à fait acceptable, et le conflit nucléaire qui va avec également ; l’affectivisme des narrative, l’“exceptionnalisme” américaniste, le suprémacisme anglo-saxon et occidental, le progressisme-sociétal ont infecté toute la pensée stratégique et ont annihilé la conscience de la puissance de destruction des armements nucléaires en lui substituant une morale et une vertu humanitariste s’exprimant sans la moindre vergogne par des méthodes néo-impérialistes. C’est pourquoi dans les premières années qui ont suivi depuis 9/11, on a entendu à plus d’une reprise les thèses de la possibilité d’attaque nucléaire US contre la Russie, une first strike nucléaire stratégique éliminant la Russie en tant que telle de la contre-civilisation postmoderne.

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Par conséquent, et même s’il ne s’agit que de communication, l’affirmation d’une “supériorité stratégique” qui ne peut plus être contestée, l’affirmation de la “trilogie de Poutine” prend tout son poids. Même Kissinger, qui a vu disparaître l’ère de la mesure prudente et de la raison cynique, ne dit plus aujourd’hui ce qu’il disait en 1974. Ainsi Poutine et la Russie sont-ils obligés, parce que c’est la seule position d’où on les écoute, de s’affirmer comme la première puissance stratégique en termes de capacités de destruction, un peu selon les termes de l’“idéal de puissance” qu’ils repoussent par ailleurs de toutes leurs forces. Mais nous sommes dans l’ère du simulacre, de l’inversion, où rien ne peut se faire qui ne passe par le fameux coup du “faire aïkido”, de sans cesse utiliser la force de l’adversaire pour la retourner contre lui ; dans ce cas, la situation revenant quoi qu’en aient voulu les uns et les autres, les différents acteurs, à retourner contre le Système l’idéologie favorite de la  politiqueSystème qu’est cette “idéal de puissance”.

... Savoir ce que tout cela donnera, c’est prétendre beaucoup. La seule observation qui compte est bien de constater encore une fois l’extraordinaire vulnérabilité de cette extraordinaire puissance que représente le Système, – logique surpuissance-autodestruction.

Décadence, effondrement, apocalypse

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Décadence, effondrement, apocalypse

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

L’idée de « décadence nationale » hante le XIXe siècle. Taine souligne la médiocrité de la vie intellectuelle et la futilité des nouvelles générations. Ernest Renan, espère une réforme intellectuelle et morale qui désintoxique le pays des idéaux qui compromettent « l’état moral de la France » (1874). Plus concret, l’écrivain légitimiste Claude-Marie Raudot s’alarme, chiffres à l’appui, de la diminution du nombre des naissances, du déclin de la moralité, des « dépenses énormes » et de la « déperdition de forces » causées par la colonisation de l’Algérie. Il accuse la fièvre du changement : « La France est continuellement en révolution, écrit-il, comme un malade qui s’agite, croit trouver dans le changement un soulagement à ses maux et ne fait que les aggraver, la France est en décadence, donc elle s’appuie sur des institutions funestes et des principes faux  » (De la décadence de la France, 1850). Avec une clairvoyance extraordinaire, il répond d’avance à ceux qui voudraient endiguer le reflux démographique par la fabrication de nouveaux Français : « N’est-ce pas un rêve, écrit-il en 1862, de croire qu’on fera des Français avec les Arabes et les Kabyles ? Nous aurons en eux des sujets obéissants, tant que nous serons les plus forts, des concitoyens jamais » (Mes Oisivetés ).

51EFH-5sunL._SX327_BO1204203200_.jpgTout ce qui a été craint par les esprits les plus affûtés du XIXe siècle est arrivé à la France, mais amplifié au centuple ! Ils se plaignaient du fléchissement intellectuel de leur siècle ? Mais celui-ci avait encore ses Lamartine, ses Auguste Comte, ses Proudhon, ses Verlaine et ses Stendhal !  Aujourd’hui, nous n’avons plus que des Badinter, des Attali, des Luc Ferry ou des BHL ! Ils se plaignaient de la diminution du nombre de naissances en France ? Mais aujourd’hui, les naissances françaises sont directement remplacées par des naissances étrangères ! Ils se plaignaient de l’état moral de la France ? Mais aujourd’hui le sens moral se vautre dans le transsexualisme, l’idéologie LGBTQ, le féminisme, l’idéologie du genre, l’idéologie « no-child » et la stigmatisation de « l’homme blanc hétérosexuel de plus de 50 ans » ! Ils craignaient que l’on fabrique un jour des Français de papier ? Mais aujourd’hui ces Français de papier se comptent par millions et font la loi ! 

Les intellectuels réalistes du XIXe siècle ne se trompaient pas : la décadence avait bien commencé. Mais la décadence qui est alors dénoncée nous paraît insignifiante au regard de l’effondrement multiforme et gigantesque que nous connaissons aujourd’hui. C’est que le  pourrissement commençait à peine. Seul un nez exercé en percevait les premiers effluves. De nos jours, les odeurs sont insupportables et le cadavre est à un stade de pourrissement avancé. Peut-on encore parler de « décadence nationale » quand la nation est déjà morte ?

Pourquoi la décadence ?

Les auteurs dont nous parlons sont unanimes à dénoncer les dérives du sens moral. Pour Renan, l’affaiblissement moral de la France explique largement la défaite. L’idée que la défaite de 1870 procède de causes spirituelles plutôt que politiques ou militaires est d’ailleurs largement partagée à cette époque. On se souvient ainsi que la basilique du Sacré-Cœur de Paris fut construite en réparation des fautes morales commises par le pays. Or, l’idée d’une décadence qui serait le résultat d’un affaissement moral et spirituel n’est pas aussi absurde qu’il peut paraître.

On le sait, la société européenne traditionnelle a toujours été le produit d’un équilibre subtil entre le spirituel et le temporel, entre ce qui appartient à Dieu et ce qui appartient à César. La société française traditionnelle n’échappe pas, jusqu’à la révolution « française » tout au moins, à cette loi d’équilibre. Par son action, la République atteint l’Eglise, c’est-à-dire un pilier essentiel de l’ordre moral et de l’ordre social. Comment s’étonner alors du déclin progressif de la moralité et de la société ? Le refoulement du spirituel, qui irrigue l’ordre moral et l’ordre social traditionnel, ne pouvait que provoquer une rupture des équilibres antérieurs.

Or, une société ne peut rester en déséquilibre très longtemps. En effet, un déséquilibre se traduit toujours par une souffrance, un manque, une tension qui préfigurent la rupture et une nouvelle recomposition. Le déséquilibre « précipite ». Mécaniquement, l’organisation sociale va donc agir sur elle-même pour trouver un nouvel équilibre. Mais cet équilibre sera impossible à atteindre puisqu’une de ses conditions anthropologiques fondamentales, la spiritualité, aura été écartée. La société va donc se lancer dans une quête perpétuelle de remise en question et de changements sans fin. Comme une personne sur le point de tomber enchaîne des pas de plus en plus rapides pour tenter de se rattraper, la société en déséquilibre va enchaîner des transformations de plus en plus rapides… qui vont accentuer son déséquilibre et précipiter sa chute ! On l’a vu, Claude-Marie Raudot exprime parfaitement ce processus lorsqu’il écrit que la France est « continuellement en révolution », qu’elle est « comme un malade qui s’agite » et que le « changement » grâce auquel le pays espère se rétablir ne fait au contraire qu’aggraver ses problèmes.

Prenons l’exemple de la dénatalité, puisqu’il est pointé par Raudot :

Au déséquilibre démographique, le régime répond ainsi par un « changement » : l’ouverture des frontières, l’organisation d’une immigration de masse et des naturalisations intensives (celles, précisément, que semblait redouter Raudot). Mais cette immigration crée à son tour des déséquilibres encore plus importants : des zones de non-droit apparaissent, la France connaît une guerre civile de basse intensité. Le régime cherche alors à résoudre ce nouveau déséquilibre par un nouveau « changement » : il discrimine économiquement la France périphérique, avantage les banlieues et tient un discours qui stigmatise les Français de souche. Mais ce changement engendre un autre déséquilibre : la France périphérique se révolte (Gilets jaunes) sans que pour autant les allochtones se tiennent tranquilles (Bataclan). Le régime répond à cette agitation par un nouveau changement : il accentue les violences policières et se dote de lois qui l’autorisent à placer la population sous surveillance. Mais ce changement exacerbe les tensions et rapproche le pays d’une guerre civile de forte intensité. Le régime y répondra sans doute par une violence encore plus dure, avant de disparaître définitivement sous le poids des changements qu’il a provoqués.  

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Nous pourrions prendre d’autres exemples comme le mariage, la famille ou la langue. Comment est-on passé du mariage comme sacrement devant Dieu au « mariage pour tous » ? Comment est-on passé de la famille patriarcale à la famille homoparentale non genrée ? Comment est-on passé des sermons de Bossuet à l’écriture inclusive ? Ce sont bien des principes absurdes, avec la complicité d’institutions dévoyées, qui par étapes successives ont entraîné la décadence de tous les aspects de la France !

En fait, quand le spirituel « laisse les clés » au temporel, alors l’effondrement est inévitable. Pour Durkheim, la religion fait l’unité du groupe. Cela signifie que s’il n’y a plus de religion, alors il y a fractionnement. Et s’il y a fractionnement, il y a lutte d’intérêts entre les parties. Autrement dit, le déséquilibre de la société, implique une lutte de plus en plus âpre entre des parties qui auront tendance à se scinder en sous-parties, elles-mêmes en lutte les unes contre les autres et elles-mêmes se scindant à leur tour. Le déséquilibre engendre un déséquilibre de plus en plus grand, de plus en plus rapide, de plus en plus diversifié et de plus en plus diversifiant jusqu’à l’effondrement final. La société se cannibalise : les allochtones contre les Autochtones, les femmes contre les hommes, les homosexuels contre les hétérosexuels, les jeunes contre les vieux, le privé contre le public, les lesbiennes contre les gays, les végans contre  les végétariens, les végétariens contre les flexitariens…

Confirmant Durkheim, l’historien David Engels, explique que l’athéisme est l’un des marqueurs de la décadence de la République romaine (voyez ici).

L’Ancien Testament expose quant à lui que l’oubli des commandements de Dieu empêchera les champs de produire, transformera les villes en désert, dispersera le peuple parmi les nations. En d’autres termes, transparaît l’idée que l’athéisme est cause d’effondrement.

 A l’autre bout du monde, les études de Claude Lévi-Strauss montrent qu’il y a un rapport entre la destruction, par les missionnaires salésiens, des structures cérémonielles des indiens Bororos du Brésil (par le démantèlement de l’organisation géométrique de leur habitat) et l’effondrement ultérieur de leur société.

Chez nous, en France, le processus d’effondrement (économique, démographique, culturel, moral…) commence véritablement à partir de la Révolution. Or la Révolution installe, avec une violence inouïe, un régime qui systématise le rejet de la religion traditionnelle…

Il se pourrait que l’effondrement des sociétés humaines commence lorsque le spirituel n’est plus opérationnel dans le social, lorsqu’il n’irrigue plus le tissu social, lorsqu’il n’a plus son mot à dire dans la structuration sociale et la bonne marche de la société. Religion, religare, relier : quand le spirituel ne relie plus, alors la société se désagrège et disparaît.

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Que rajouter de plus de notre point de vue autochtoniste, étant posé que cette société en putréfaction nous est désormais totalement étrangère ? Tout d’abord, que l’enchainement de plus en plus rapide des déséquilibres rend inutile de s’impliquer en faveur de l’une ou de l’autre des « parties » actuellement en lutte, sauf si des nécessités stratégiques ou tactiques l’exigent. Ensuite que le processus de désintégration du corps politique est maintenant irréversible : il ira jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à cet effondrement apocalyptique de la société que nous commençons à voir. Enfin, sans doute, qu’il est nécessaire que l’effondrement atteigne son terme. Il semble maintenant que notre peuple ne renaîtra pas avant que son « reste pur » ne puisse dire, tel Jésus sur sa croix :

« Tout est achevé ! ».

Antonin Campana

La Russie rejette le récit turc sur la Syrie

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La Russie rejette le récit turc sur la Syrie

 
 
par M.K. Bhadrakumar
Ex: http://www.zejournal.mobi

La réaction russe aux derniers mouvements militaires de la Turquie dans la province d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie, a pris la forme d’une longue interview du Ministre des Affaires Étrangères Sergueï Lavrov au quotidien gouvernemental Rossiyskaïa Gazeta le 4 février, suivie depuis par une déclaration officielle du Ministère des Affaires Étrangères jeudi.

Moscou a souligné que l’opération syrienne actuelle à Idlib vise à vaincre les affiliés d’Al-Qaïda soutenus par la Turquie et les pays occidentaux.

Lavrov s’est attardé sur le cadre du « format Astana », qui résulte de l’effondrement du projet de changement de régime de « nos partenaires occidentaux et autres partenaires étrangers » en Syrie suite à l’intervention russe en 2015.

Il a expliqué comment le processus d’Astana a conduit à la « zone de désescalade » à Idlib où « les groupes terroristes se sont rassemblés ». La Russie et la Turquie ont conclu des accords écrits spécifiques précisant leurs engagements à superviser Idlib. Cependant, pour citer Lavrov :

« Malheureusement, jusqu’à présent, la Turquie n’a pas respecté certains de ses engagements clés qui étaient destinés à résoudre le cœur du problème à Idlib. Il était nécessaire de séparer l’opposition armée qui coopère avec la Turquie et qui est prête à dialoguer avec le gouvernement dans le cadre du processus politique, des terroristes de Jabhat al-Nusra, devenu Hayat Tahrir al-Sham. Tous deux sont inscrits sur la liste noire des groupes terroristes par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, de sorte que ni Jabhat al-Nusra ni la dernière version, Hayat Tahrir al-Sham, n’ont rien à faire à Idlib ».

Même après des rappels répétés de la Russie, la Turquie n’a pas agi. De même, Lavrov a répété que les récents déploiements militaires turcs à Idlib ont été entrepris sans que la Russie en soit informée à l’avance. Il a déclaré : « Nous les exhortons (la Turquie) à se conformer strictement aux accords de Sotchi de 2018 et 2019 sur Idlib ».

La déclaration du Ministère russe des Affaires Étrangères du 6 février, telle que rapportée par l’agence de presse Tass, a révélé qu’il y a eu des victimes russes en raison de « l’augmentation des activités terroristes ». Elle justifiait les opérations des forces gouvernementales syriennes comme une réaction à « l’augmentation inacceptable des activités terroristes ».

Au cours du mois de décembre, « plus de 1 400 attaques de militants impliquant des chars, des mitrailleuses, des véhicules de combat d’infanterie, des mortiers et de l’artillerie ont eu lieu ». Rien qu’au cours de la dernière quinzaine, « plus de 1 000 attaques ont été enregistrées » et des centaines de soldats et de civils syriens ont été tués et blessés, et la base russe de Hmeymim a été attaquée à plusieurs reprises.

La déclaration du Ministère des Affaires Étrangères indique que « tout cela indique une augmentation inacceptable de la force terroriste à Idlib, où les militants jouissent d’une totale impunité et ont les mains libres », ce qui ne laisse au gouvernement syrien aucune autre alternative que de « réagir à ces développements ».

Dans un rejet de la demande du Président turc Recep Erdogan, qui souhaitait que le gouvernement syrien mette fin aux opérations militaires à Idlib et se retire, la déclaration russe a souligné : « Une chose à noter est que l’Armée Syrienne combat sur son propre sol contre ceux qui sont désignés comme terroristes par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Il ne peut y avoir aucune interprétation. C’est le droit et la responsabilité du gouvernement syrien de combattre les terroristes dans le pays ».

Curieusement, tant l’interview de Lavrov que la déclaration du Ministère des Affaires Étrangères ont attiré l’attention sur le transfert de groupes terroristes d’Idlib vers le nord-est de la Syrie et de là vers la Libye au cours des dernières semaines. L’implication est claire – Ankara continue de déployer des groupes terroristes comme outils de stratégies régionales en Syrie (et en Libye).

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La Russie a des contacts avec toutes les parties en Libye, y compris Khalifa Haftar. L’avertissement implicite ici est qu’Erdogan aura un prix élevé à payer en Libye où il ne peut pas compter sur l’empathie russe. La Turquie fait déjà l’objet de critiques sévères de la part de l’UE, de la France, de l’Italie, de la Grèce, de Chypre, d’Israël, des Émirats Arabes Unis et de l’Arabie Saoudite pour son intervention militaire en Libye, notamment en déployant ses groupes de substitution depuis la Syrie. L’isolement régional de la Turquie en Libye est désormais complet.

La déclaration du Ministère russe des Affaires Étrangères a conclu en disant :

« Nous réaffirmons notre engagement envers les accords conclus lors des pourparlers d’Astana, qui prévoient de lutter contre les groupes terroristes en Syrie à condition de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays. Nous maintiendrons une coordination étroite avec nos partenaires turcs et iraniens afin de parvenir à une stabilité et une sécurité durables sur le terrain ».

Il est très significatif que la déclaration du Ministère des Affaires Étrangères ait choisi de faire référence aux « partenaires iraniens ». Le 5 février, alors qu’il recevait le nouvel Ambassadeur iranien à Moscou, le Président Poutine a également déclaré que la Russie et l’Iran étaient des « acteurs clés puissants » dans la lutte contre le terrorisme mondial et qu’ils poursuivraient leur coopération. Poutine a ajouté : « La coopération de la Russie avec l’Iran dans le cadre d’Astana a joué un rôle efficace dans le règlement du conflit syrien ».

Ce qui ressort, c’est que Moscou sent que derrière le comportement mercenaire du Président turc Erdogan, il y a le vieux schéma de la Turquie qui utilise des groupes terroristes comme mandataires, avec le soutien caché des puissances occidentales. Moscou ne peut qu’être conscient que les États-Unis font des ouvertures à Erdogan en vue de modifier l’équilibre militaire contre la Russie et l’Iran sur l’échiquier syro-irakien en aval de l’assassinat du Général Qassem Soleimani.

Curieusement, lundi, une cour d’appel américaine a accepté de « mettre en pause » une affaire alléguant que la banque d’État turque HalkBank avait contourné les sanctions américaines contre l’Iran. Le membre démocrate de la commission des finances du Sénat américain, Ron Wyden, a depuis adressé une lettre au Procureur Général américain William Barr, lui demandant si le Président Trump avait tenté d’intervenir en faveur de Halkbank !

Selon un rapport de Reuters, le Sénateur Wyden a demandé à Barr de détailler ses interactions avec Trump, le Président Tayyip Erdogan et le Ministre turc des Finances Berat Albayrak (qui est également le gendre d’Erdogan).

Le scandale de la HalkBank implique Erdogan et des membres de sa famille et un verdict défavorable du tribunal peut être très dommageable politiquement pour le Président et son gendre qui est préparé comme successeur potentiel. (Un commentaire sur le scandale présenté dans la Fondation pour la Défense des Démocraties, rédigé par un ancien membre du Parlement turc, se trouve ici). L’affaire HalkBank pend comme l’épée de Damoclès au-dessus de la tête d’Erdogan. Washington est habile à utiliser ce genre de moyens de pression contre des interlocuteurs récalcitrants à l’étranger.

D’un autre côté, si Trump a rendu service à Erdogan (ou à qui que ce soit d’ailleurs), il s’attend à une contrepartie. Et il faut s’attendre à ce que l’administration Trump visualise que la coopération d’Erdogan peut changer la donne dans la géopolitique de la Syrie et de l’Irak. Cependant, Moscou a gardé la ligne ouverte vers Ankara.

Bien sûr, c’est délibérément que Moscou a mis en évidence l’importance de l’alliance russo-iranienne en Syrie, où Washington a récemment intensifié les tensions dans le cadre de son approche de « pression maximale », menaçant Téhéran d’une guerre à l’échelle régionale.

Traduit par Réseau International

Photo d'illustration : Convoi militaire turc entrant dans la ville de Sarmada, dans la province d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie

Gas Wars in the Mediterranean

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Gas Wars in the Mediterranean
 

The unexpected alliance between Turkey and Libya is a geopolitical earthquake that changes the balance of power in the eastern Mediterranean and across the Middle East. Turkey’s audacious move has enraged its rivals in the region and cleared the way for a dramatic escalation in the 9 year-long Libyan civil war. It has also forced leaders in Europe and Washington to decide how they will counter Turkey’s plan to defend the U.N-recognized Government of National Accord (GNA), and to extend its maritime borders from Europe to Africa basically creating “a water corridor through the eastern Mediterranean linking the coasts of Turkey and Libya.” Leaders in Ankara believe that the agreement “is a major coup in energy geopolitics” that helps defend Turkey’s “sovereign rights against the gatekeepers of the regional status quo.” But Turkey’s rivals strongly disagree. They see the deal as a naked power grab that undermines their ability to transport natural gas from the East Mediterranean to Europe without crossing Turkish waters. In any event, the Turkey-Libya agreement has set the stage for a broader conflict that will unavoidably involve Egypt, Israel, UAE, Saudi Arabia, Europe, Russia and the United States. All parties appear to have abandoned diplomatic channels altogether and are, instead, preparing for war.

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On November 27, Turkey and Libya signed a Memorandum of Understanding (MoU) that commits Turkey to providing military assistance to Libya’s Government of National Accord (GNA). The MoU also redraws Turkey’s maritime boundaries in a way that dramatically impacts the transport of gas from the East Mediterranean to Europe. Israel is particularly worried that this new deal will undermine its plans for a 1,900-kilometer EastMed pipeline connecting the Leviathan gas field, off the coast of Israel, to the EU. YNET News summarized Israel’s concerns in an ominously titled article: “Turkey’s maneuver could block Israel’s access to the sea”. Here’s an excerpt:

“Two of Israel’s wars (1956 Sinai campaign and 1967 Six-Day War) broke out over navigation rights. Israel must take note of a new reality taking hold in the Mediterranean. It must regard Turkey’s actions as a substantial strategic threat and consider what it may do to respond to it…

This EEZ (Exclusive Economic Zones) designation essentially carved up much of the energy-rich Eastern Mediterranean between Turkey and Libya, prompting a wave of international condemnations first and foremost from Greece, Egypt, and Cyprus, who may be directly or indirectly affected…..Turkey’s disregard for the economic waters of Greece, Cyprus, and Egypt.

Ankara is in effect annexing those areas pending an appeal to international tribunals, which can take many years to resolve. In practical terms, Turkey created a sea border the width of the entire Mediterranean.” (“Turkey’s maneuver could block Israel’s access to the sea”, ynet news)

The analysis from America’s premier Foreign Policy magazine was no less foreboding. Check it out:

“Turkey is meshing together two Mediterranean crises in a desperate bid to reshape the region in its own favor, with potentially nasty implications both for the ongoing civil war in Libya and future energy development in the eastern Mediterranean.

This month, Turkey’s unusual outreach to the internationally recognized government of Libya has resulted in a formal agreement for Ankara to provide military support, including arms and possibly troops, in its bid to hold off an offensive from Russian-backed rebels in the eastern part of the country. The military agreement came just weeks after Turkey and that same Government of National Accord reached an unusual agreement to essentially carve up much of the energy-rich eastern Mediterranean between them—threatening to cut out Greece and Cyprus from the coming bonanza….” (“Newly Aggressive Turkey Forges Alliance With Libya”, Foreign Policy)

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While these new developments are likely to intensify the fighting on the ground in Libya, they also portend a deepening of divisions within the region itself where new coalitions are forming and battle-lines are being drawn. On the one side is the Turkey-Libya Axis, while on the other is Greece, UAE, Saudi Arabia, Egypt, Israel, France, Germany, UK and probably the United States although the Trump administration has not yet clarified its position. In any event, the war between Libya’s internationally-recognized government and Haftar’s Libyan National Army (LNA) is just a small part of a much larger struggle over vital hydrocarbons in a strategically-located area of the Mediterranean. Here’s a clip from an article at War On The Rocks that helps to underscore the stakes involved:

“The discovery of significant deposits of natural gas in the Eastern Mediterranean beginning in 2009 was a game-changer that upended regional geopolitics. It prompted new and unexpected alliances between Israel, Greece, Cyprus, and Egypt to maximize their chances of energy self-sufficiency. The bulk of the gas lies in Egypt’s Zohr field, the Leviathan and Tamar fields in Israeli waters, and the Aphrodite near the island of Cyprus. With recoverable natural gas reserves in the region estimated at upward of 120 trillion cubic feet, the strategic implications could not be bigger. This is about the same amount as the proven gas in the whole of Iraq, the 12th largest reserve globally….(Israel’s gas field) Leviathan is estimated to hold 22 trillion cubic feet of recoverable natural gas, and a potential half a million barrels of oil.” (“Hydrocarbon Diplomacy: Turkey’s Gambit Might Yet Pay a Peace Dividend”, warontherocks.com)

Turkey’s ambitious gambit makes it more likely that its rivals will increase their support for the Libyan warlord, Haftar, who is, by-most-accounts, a CIA asset that was sent to Libya in 2014 to topple the government in Tripoli and unify the country under a US puppet. Haftar’s forces currently control more than 70% of the Libyan territory while almost 60% of the population is under the control of the GNA led by Prime Minister Fayez al-Sarraj. According to Turkish news: “More than half of Haftar’s troops are mercenaries from Russia and Sudan, who are mainly paid by the Gulf states.”

In April, 2019, Haftar launched an offensive on the government in Tripoli but was easily repelled. In recent days, however, Haftar has resumed his attacks on the city of Misrata and on the Tripoli airport in clear violation of the Berlin ceasefire agreement. He has also received shipments of weapons from the UAE despite an arms embargo that was unanimously approved two weeks ago at the same Berlin Conference. We expect that support for Haftar will continue to grow in the months ahead as Berlin, Paris and particularly Washington settle on a plan for reinforcing proxies to prosecute the ground war and for blunting Turkey’s power projection in the Mediterranean.

The Turkey-Libya agreement is a clumsy attempt to impose Turkey’s preferred maritime boundaries on the other countries bordering the Mediterranean. Naturally, Washington will not allow this unilateral assertion of power to go unchallenged.

And while Washington’s strategy has not yet been announced, that merely indicates that the foreign policy establishment was caught off-guard by Turkey’s November 27 announcement. It does not mean that Washington will accept the status quo. To the contrary, US war-planners are undoubtedly putting the finishing touches on a new strategy aimed at achieving their objectives in Libya while at the same time dealing a stinging blow to a NATO ally that has grown closer to Russia, caused endless headaches in Syria, and is now disrupting Washington’s plans for controlling vital resources in the East Mediterranean.

Washington sees Turkey’s assertive foreign policy as a sign of “defiance” which requires a iron-fisted response. But any attack on Turkey or Turkish interests will only intensify the bad blood between Ankara and Washington, it will only put more pressure on the threadbare NATO alliance, and it will only push Turkish president Erdogan further into Moscow’s corner. Indeed, the Trump team should realize that an overreaction on their part could trigger a fateful realignment that could reshape the region while hastening the emergence of a new order.