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vendredi, 22 mai 2020

L’oligarchie occidentale face à la Chine: le déclin ou la guerre ?

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L’oligarchie occidentale face à la Chine: le déclin ou la guerre ?

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

L’oligarchie est un corps social parasitoïde. Un parasitoïde est un organisme qui se développe à l’intérieur d’un autre organisme mais qui, au contraire de nombreux parasites, tue inévitablement celui-ci au cours de son développement, ou à la fin de son développement (cf. Wikipédia).

L’oligarchie occidentale parasite les pays occidentaux. Elle a profité de leur développement démographique, économique, technologique, scientifique, financier et militaire pour détourner à son profit une partie de plus en plus importante des produits de ce développement. La victoire des Alliés en 1945 a incontestablement été la victoire de l’oligarchie. A partir de cette date, elle contrôlera, sans opposition notable, tous les gouvernements occidentaux, toutes les opinions occidentales, toute l’économie et la finance occidentales, ainsi que tout le maillage industriel des pays occidentaux. Globalement, vers 1980-1990, l'oligarchie a atteint l’enrichissement maximum qu’elle pouvait espérer.

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Cependant, afin de poursuivre son développement, le parasitoïde avait encore une carte à jouer. Puisqu’en raison de ses résistances, le salariat occidental était difficilement compressible, la solution consistait à s’en passer. L’oligarchie a donc actionné les gouvernements occidentaux pour que ceux-ci mettent fin au contrôle des capitaux et ferment les yeux sur la délocalisation des industries, ainsi rendue possible.  A partir de la fin des années 1980, tous les pays occidentaux, sauf l’Allemagne, ont vu leur tissu industriel s’évaporer, et les pays sous-développés, comme la Chine, ont vu jaillir un tissu industriel clé en main, avec mode d’emploi. C’était magique.

C’était magique, simple… et lucratif. Le plan oligarchique était en effet bien ficelé. Les Chinois fabriqueraient des produits pour le compte des oligarques et, pour pouvoir les acheter, les Occidentaux feraient des dettes auprès des mêmes oligarques. En fait, le jeu consistait à échanger des biens réels contre de la monnaie sans valeur. Dans un premier temps, tout le monde était gagnant. Les Chinois profitaient d’un transfert technologique inespéré. Et les occidentaux pouvaient se payer des téléviseurs pour presque rien. De plus, ils disposaient d’une planche à billet magique qui leur permettait de tout acheter, tout le temps. L’industrie ? Un archaïsme disaient-ils. Seule la recherche-développement avait de l’intérêt, ainsi que le tertiaire, et bien sûr la force militaire (pour calmer ceux qui n’acceptaient pas le nouvel ordre mondial et la monnaie magique). C’est ainsi que l’économie du monde occidental est devenue une économie de service, avec des toiletteurs pour chiens, des avocats, des publicitaires, des journalistes et bien sûr des militaires.    

Ce n’est pas la première fois qu’une telle configuration se présente dans l’histoire. L’Espagne du Siècle d’or a déjà tenté l’expérience. Cela s’est très mal terminé, pour elle. Petit retour en arrière qui prouve que les oligarques sont des abrutis incultes.

Après la prise de Grenade (1492), la paix revient dans la péninsule ibérique. Le territoire se réunifie sous les Rois Catholiques. L’Etat se réorganise et perçoit des ressources régulières. L’économie se redresse. L’artisanat prospère. La démographie augmente tout au long du XVIe siècle. En Castille, la population double presque. Des innovations importantes, comme la boussole, les portulans, l’astrolabe ou le gouvernail d’étambot, vont permettre à l’Espagne de bâtir un empire planétaire à partir de 1492. L’Espagne restaurée du XVIe siècle a le dynamisme de l’Europe du XIXe.

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Une des motivations des découvertes espagnoles est probablement la « soif de l’or ». L’expansion économique du Royaume a besoin de numéraire et d’or pour les échanges internationaux. Les Espagnols commencent par grappiller et troquer l’or auprès des Indiens, puis à pratiquer l’orpaillage et l’exploitation minière. La phase de l’or se termine vers 1550. Vient ensuite la phase de l’argent qui apparaît vers 1521-1530 mais dont la production explosera véritablement vers 1554, avec la mise en exploitation de la mine de Potosi (1545). Les métaux précieux affluent donc en Espagne par bateaux entiers. Les conséquences ne se font pas attendre.

En effet, l’Espagne achète avec son or des produits manufacturés venus de toute l’Europe. La population commence à mépriser le travail manuel, alors que la surveillance de l’Empire demande de plus en plus de soldats, d’administrateurs et de fonctionnaires. Les campagnes se dépeuplent et l’agriculture décline. L’industrie est devenue inutile : la majeure partie des marchandises et des produits finis, payée avec l’argent facile venu des Amériques, arrive par terre et par mer de l’étranger : outillage, quincaillerie, textile, mercerie, produits de luxe….  Rapidement, l’Espagne manque de techniciens, d’artisans, de paysans. Elle accumule les retards techniques. Elle doit donc faire appel à des étrangers : des Allemands pour l’imprimerie, des Français pour la passementerie, des Flamands pour la draperie. Nunez de Castro écrira en 1658 : « les étrangers fabriquent ce que consomme la capitale, et ce seul fait démontre que toutes les nations font travailler leurs ouvriers pour Madrid, dont la seigneurie s’étend sur toutes les autres capitales, puisque toutes la servent, et elle ne sert personne » (Solo Madrid es Corte). Cela ne vous rappelle rien ?

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Faire fabriquer par d’autres ce que nous consommons : ce système a fonctionné hier, tout comme il fonctionne aujourd’hui.  Il a fonctionné hier… jusqu’au jour où la production de métaux précieux en Amérique a commencé  à décliner. A partir de 1620, les arrivages de métaux précieux diminuent, le déclin du commerce avec l’Amérique s’amorce et le Trésor royal connaît des déficits. Les indicateurs démographiques, agricoles et monétaires (inflation) se détériorent. L’Espagne ne parvient plus à payer son train de vie, les « autres capitales » cessent de travailler pour Madrid. Mais l’industrie de Madrid est ruinée et l’Espagne, qui entre alors dans une longue « décadence », a raté son entrée économique dans la modernité. Elle ne s’en relèvera jamais vraiment. Le traité des Pyrénées de 1659 sanctionne sa défaite militaire, elle qui avait la première armée du monde, et sa relégation au niveau d’une puissance européenne de second ordre, elle qui était la plus grande puissance mondiale. 

Il n’est pas bon qu’une richesse soit artificielle. Menés par leur oligarchie, les occidentaux ont fait comme les Espagnols du XVIe siècle. A ceci près qu’ils n’ont pas tiré leur richesse des mines de Potosi mais d’artifices bancaires et de la planche à billet. Comme eux, ils ont bradé leur industrie, déconsidéré le travail manuel et fait fabriquer par d’autres les produits dont ils avaient besoin. Comme eux, ils ont perdu le savoir nécessaire  pour fabriquer les choses les plus simples, comme des masques en papier. Comme eux, ils ont des armées puissantes, mais qui reposent sur du vent, car ils ne fabriquent plus leurs armes. Comme Nunez de Castro, ils étalent leur suffisance, car au fond d’eux, ils pensent que des navires chargés d’or leur viendront toujours.

Tout a une fin, heureusement. Il me semble que l’humeur des Chinois a changé ces derniers mois et notamment depuis ce fichu coronavirus (qui leur sert de prétexte ?). Il se pourrait donc, peut-être, qu’à partir de maintenant (et si ce n’est maintenant, cela ne saurait tarder), il se pourrait donc que les Chinois ne se contentent plus d’une monnaie dupliquée à la photocopieuse, en tous cas non adossée à une économie réelle, et qu’ils considèrent que les transferts de technologies sont désormais suffisants pour leur permettre de mettre fin à un marché humiliant qui leur rappelle les traités inégaux du XIXe siècle. Imaginez quel sera le cataclysme, le jour (peut-être déjà là) où les Chinois ne voudront plus échanger des produits manufacturés contre du papier ? Que pourrons-nous leur donner en échange : nos monuments, nos ports, nos aéroports, notre liberté peut-être ?  

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Et l’oligarchie dans tout ça ? L’oligarchie est forte de la puissance de nos pays. Si les pays occidentaux s’effondrent, c’est la puissance de l’oligarchie occidentale qui s’effondre avec eux. Et c’est l’oligarchie communiste chinoise qui s’impose ! Aussi voit-on les larbins de « notre » oligarchie (les Macron, les Le Maire, les Trump…) envisager dans l’urgence des « relocalisations ». Mais on ne recompose pas un tissu industriel d’un claquement de doigt. Les Chinois (les Chinois !) ont mis plus de quarante ans pour construire le leur, avec notre aide qui plus est ! Il est trop tard.

Revenons à l’Espagne. Nous avons dit qu’elle avait la première armée du monde. Comme les Etats-Unis aujourd’hui. Qu’a fait l’Espagne pour tenter d’enrayer son déclin ? Elle a misé sur son armée et sa flotte, pour défendre son empire, pour contrôler ses routes stratégiques, pour protéger ses routes commerciales.  Mais quelle est l’efficacité à moyen terme d’une armée qui n’est pas adossée à une industrie puissante ? Actuellement, les Etats-Unis misent tout sur leur armée. C’est la dernière chose qu’il leur reste. Mais quelle peut être la solidité d’une armée moderne qui ne peut plus fabriquer un missile ou un char sans faire venir des pièces de l’étranger ? Si vous voulez connaître le destin des Etats-Unis et de l’Europe, étudiez l’histoire d’Espagne.

L’oligarchie occidentale acceptera-t-elle son déclin ou fera-t-elle la guerre comme le fit l’Espagne ? Souvenez-vous, pour assurer son développement, un parasitoïde tue inévitablement l’organisme qu’il parasite. L’histoire nous apprend d’autre part que l’oligarchie a toujours profité des guerres (ici s’arrête donc notre analogie avec l’Espagne. La noblesse espagnole, lorsqu’elle a choisi la guerre, a toujours été la première à s’exposer. Cela s’appelle l’Honneur. L’oligarchie, quant à elle, ne provoque jamais une guerre avant d’avoir rejoint ses bunkers souterrains). Donc, peut-on supposer, l’oligarchie occidentale utilisera tous les outils à sa disposition pour conserver son hégémonie. Elle pense, et c’est malheureux, et c’est faux, que l’armée des Etats-Unis est un merveilleux outil, un outil magique qui, en dernier recours, réglera son problème d’hégémonie sur le monde. Elle ignore que la Chine a déjà ses Grand Condé et ses Turenne. Tant pis pour elle, mais pauvre de nous !

Antonin Campana

Le Covid-19 dans la géopolitique du contrat social

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Le Covid-19 dans la géopolitique du contrat social

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

Nos sociétés occidentales se sont bâties, ou tout au moins prétendent s’être bâties, autour d’un « contrat social ». Ces sociétés contractuelles seraient le produit d’un libre rassemblement d’individus qui auraient décidé de « faire société » autour de valeurs universellement partagées par tout le genre humain, quelles que soient donc l’origine, la race, la religion et la culture des hommes qui composent celui-ci.

contratsocial.jpgOn sait que ces « valeurs », que l’on dit découler de la nature humaine, en fait, plus certainement, des délires philosophistes du XVIIIe siècle, sont celles qui charpentent le « pacte républicain », contrat social de la République dite « française ». Grâce au contrat social, ou pacte républicain, une société peut s’organiser et fonctionner avec des hommes venus du monde entier puisque les valeurs et principes qui président à cette organisation et à ce fonctionnement découlent de l’universelle nature humaine, et non de telle ou telle culture particulière. Ainsi une société fondée sur les droits naturels de l’Homme (le droit à la liberté, à l’égalité, à la propriété) serait acceptable par tous puisque ne contredisant les aspirations essentielles d’aucun. Les joueurs de pipo avaient simplement oublié de définir ce qu’on entendait par « liberté », « égalité » ou « propriété »…

Quoi qu’il en soit, les penseurs du « contrat social » ont néanmoins envisagé que certains associés ne respectent par la part du contrat qui leur revient et, par exemple, attentent à la propriété des autres associés. Un châtiment légitime est promis à celui qui ne respecte pas le « droit social ». Ainsi Rousseau parle des « criminels » et des « malfaiteurs » qui, rompant le « traité social », méritent la « peine de mort » !

On observera que les sociétés se prétendant fondées sur un contrat social sont toujours des sociétés supranationales. Cela est logique puisque ce ne sont pas des nations qui sont unies par le contrat mais des individus de toutes les nations. Peu importe, on l’a dit, l’origine nationale de ces individus puisque le contrat ne repose pas sur des spécificités nationales mais sur la nature humaine et les droits qui sont inhérents à celle-ci. L’individu associé devient un « citoyen » et l’ensemble des individus associés (le « corps d’associés » disait Sieyès) devient, selon le contexte, « corps politique », « république » ou « nation ». En contractant, l’individu gagne ainsi une citoyenneté et une nationalité. Mais ici, la citoyenneté et la nationalité se confondent : tous les citoyens français sont automatiquement de nationalité française.

Au contraire, les sociétés qui ne se veulent pas fondées sur un « contrat social » sont des sociétés qui sont soit « mono-nationales » (Japon, Corée…), soit « multinationales » (Russie, Chine, Serbie…). Ici, ce ne sont pas des individus associés qui font société mais une « nation » historique, au sens ethnique du terme, voire, dans certains cas, plusieurs « nations ». Quand plusieurs nations composent la société globale, l’Etat multinational reconnaît chacune d’entre elles (au contraire de l’Etat supranational qui les nie) et distingue soigneusement la citoyenneté (l’appartenance à un Etat), et la nationalité (l’appartenance ethnique à un peuple). Un citoyen russe peut être ainsi de nationalité russe, tatare ou juive. Un citoyen Chinois peut être de nationalité han, mongol ou tibétaine. Un citoyen serbe peut être de nationalité serbe, hongroise ou rom.

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La géopolitique des Etats supranationaux projette sur le monde les délires du contrat social. Cette géopolitique simpliste appréhende les nations comme si elles étaient des individus. Aussi se propose-t-elle de les unir, atomisées, en une seule société planétaire sur la base de valeurs et d’intérêts qu’elle pose comme universels et acceptables par toutes, par delà les différences religieuses, culturelles et politiques qui spécifient chacune. Ainsi par exemple des droits de l’homme ou de la nécessité de « sauver la planète ». Ce sont logiquement les Etats supranationaux qui ont mis en place les institutions supranationales comme l’ONU, l’OMS ou l’OMC ainsi que les grandes institutions politiques à vocation supranationale comme l’Union européenne. L’acte de foi des Etats supranationaux est qu’il est possible d’installer une société globale qui s’organise et fonctionne selon des valeurs et des principes acceptables par toutes les sociétés particulières, bientôt destinées à se dissoudre dans une société planétaire unifiée sous un Etat supranational mondial.

Par leur construction, leur histoire et leurs héritages culturels, les Etats nationaux et multinationaux ne peuvent adhérer à de tels fantasmes.  Encore une fois, c’est selon l’idéologie de « Contrat social » que les Etats supranationaux jugent ce refus. Les Etats nationaux et multinationaux sont regardés comme des Etats qui ne respectent pas le « traité social » universel ou les « lois internationales ». Ce sont des « Etat voyous » (rogue state) ou des Etats criminels qui justifient, à la manière de Rousseau, les sanctions de la « communauté internationale », voire son « intervention » musclée.

La crise sanitaire que nous vivons apporte un élément nouveau. D’une part, elle confirme les fractionnements et l’explosion prochaine des Etats supranationaux. Ceux-ci, par la simple application de leurs principes fondateurs, ont substitué des sociétés hétérogènes aux sociétés homogènes. Or, en Europe, la crise sanitaire révèle le fossé qui sépare les populations allochtones des populations autochtones, mais aussi les tensions et le séparatisme de fait des « zones de non-droit ». Même aux Etats-Unis, l’idée de sécession semble profiter du coronavirus pour davantage se répandre dans les esprits. Bref, à « l’intérieur », on le savait depuis les attentats musulmans, le contrat social est dans une situation d’échec. D’autre part, les Etats nationaux et multinationaux se révèlent bien plus efficaces pour enrayer l’épidémie que les Etats supranationaux. Rappelons que 90% des décès dans le monde sont enregistrés dans les Etats supranationaux d’Europe de l’Ouest et des Etats-Unis. Pire, peut-être, les Etats supranationaux se retrouvent dans l’obligation de renier les principes qu’ils proclamaient jusque-là : ils rétablissent des frontières et cassent de fait (pour le moment) toute velléité d’association supranationale. Géopolitiquement, « à l’extérieur », le contrat social est donc, là aussi, en situation d’échec.  

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Il est encore trop tôt pour le dire, mais il se pourrait que le coronavirus pulvérise à terme l’idéologie du contrat social. Si tel était le cas, les Etats supranationaux connaîtraient un effondrement qui, en raison de leur hétérogénéité ethnique, serait pire que l’effondrement de l’URSS. Ils laisseraient en ruine les sociétés qu’ils dominent. Cependant, il semble peu probable que les dirigeants des Etats supranationaux admettent leur défaite aussi facilement que ceux de l’URSS. Il subsistait chez les soviets un sens de l’intérêt général que ne possèdent pas les oligarques. Les critiques portées contre la Russie et aujourd’hui contre la Chine, ouvertement accusée d’avoir fabriqué le virus et causé l’effondrement de l’économie mondiale, laissent supposer la mise en place de stratégies conflictuelles. Trump lie le coronavirus à un laboratoire chinois et menace déjà la Chine de lui imposer des taxes douanières punitives. Tout cela au risque d’une guerre qui ne serait pas seulement économique ? Rien n’est impossible, même pas une guerre des Etats supranationaux contre les Etats multinationaux russes et chinois. Il faut s’en tenir aux faits : depuis deux siècles le « Contrat social », contrat avec le diable, se signe avec le sang des peuples. Le « Contrat social » scelle la mort des peuples et l’apparition des multitudes. Pour l’oligarchie régentant les Etats supranationaux, les peuples n’existent plus. Il n’y a que des nombres et des chiffres sur des lignes. Dès lors, quelle importance qu’il y ait quelques lignes de plus ou de moins ?

Antonin Campana

samedi, 08 février 2020

Décadence, effondrement, apocalypse

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Décadence, effondrement, apocalypse

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

L’idée de « décadence nationale » hante le XIXe siècle. Taine souligne la médiocrité de la vie intellectuelle et la futilité des nouvelles générations. Ernest Renan, espère une réforme intellectuelle et morale qui désintoxique le pays des idéaux qui compromettent « l’état moral de la France » (1874). Plus concret, l’écrivain légitimiste Claude-Marie Raudot s’alarme, chiffres à l’appui, de la diminution du nombre des naissances, du déclin de la moralité, des « dépenses énormes » et de la « déperdition de forces » causées par la colonisation de l’Algérie. Il accuse la fièvre du changement : « La France est continuellement en révolution, écrit-il, comme un malade qui s’agite, croit trouver dans le changement un soulagement à ses maux et ne fait que les aggraver, la France est en décadence, donc elle s’appuie sur des institutions funestes et des principes faux  » (De la décadence de la France, 1850). Avec une clairvoyance extraordinaire, il répond d’avance à ceux qui voudraient endiguer le reflux démographique par la fabrication de nouveaux Français : « N’est-ce pas un rêve, écrit-il en 1862, de croire qu’on fera des Français avec les Arabes et les Kabyles ? Nous aurons en eux des sujets obéissants, tant que nous serons les plus forts, des concitoyens jamais » (Mes Oisivetés ).

51EFH-5sunL._SX327_BO1204203200_.jpgTout ce qui a été craint par les esprits les plus affûtés du XIXe siècle est arrivé à la France, mais amplifié au centuple ! Ils se plaignaient du fléchissement intellectuel de leur siècle ? Mais celui-ci avait encore ses Lamartine, ses Auguste Comte, ses Proudhon, ses Verlaine et ses Stendhal !  Aujourd’hui, nous n’avons plus que des Badinter, des Attali, des Luc Ferry ou des BHL ! Ils se plaignaient de la diminution du nombre de naissances en France ? Mais aujourd’hui, les naissances françaises sont directement remplacées par des naissances étrangères ! Ils se plaignaient de l’état moral de la France ? Mais aujourd’hui le sens moral se vautre dans le transsexualisme, l’idéologie LGBTQ, le féminisme, l’idéologie du genre, l’idéologie « no-child » et la stigmatisation de « l’homme blanc hétérosexuel de plus de 50 ans » ! Ils craignaient que l’on fabrique un jour des Français de papier ? Mais aujourd’hui ces Français de papier se comptent par millions et font la loi ! 

Les intellectuels réalistes du XIXe siècle ne se trompaient pas : la décadence avait bien commencé. Mais la décadence qui est alors dénoncée nous paraît insignifiante au regard de l’effondrement multiforme et gigantesque que nous connaissons aujourd’hui. C’est que le  pourrissement commençait à peine. Seul un nez exercé en percevait les premiers effluves. De nos jours, les odeurs sont insupportables et le cadavre est à un stade de pourrissement avancé. Peut-on encore parler de « décadence nationale » quand la nation est déjà morte ?

Pourquoi la décadence ?

Les auteurs dont nous parlons sont unanimes à dénoncer les dérives du sens moral. Pour Renan, l’affaiblissement moral de la France explique largement la défaite. L’idée que la défaite de 1870 procède de causes spirituelles plutôt que politiques ou militaires est d’ailleurs largement partagée à cette époque. On se souvient ainsi que la basilique du Sacré-Cœur de Paris fut construite en réparation des fautes morales commises par le pays. Or, l’idée d’une décadence qui serait le résultat d’un affaissement moral et spirituel n’est pas aussi absurde qu’il peut paraître.

On le sait, la société européenne traditionnelle a toujours été le produit d’un équilibre subtil entre le spirituel et le temporel, entre ce qui appartient à Dieu et ce qui appartient à César. La société française traditionnelle n’échappe pas, jusqu’à la révolution « française » tout au moins, à cette loi d’équilibre. Par son action, la République atteint l’Eglise, c’est-à-dire un pilier essentiel de l’ordre moral et de l’ordre social. Comment s’étonner alors du déclin progressif de la moralité et de la société ? Le refoulement du spirituel, qui irrigue l’ordre moral et l’ordre social traditionnel, ne pouvait que provoquer une rupture des équilibres antérieurs.

Or, une société ne peut rester en déséquilibre très longtemps. En effet, un déséquilibre se traduit toujours par une souffrance, un manque, une tension qui préfigurent la rupture et une nouvelle recomposition. Le déséquilibre « précipite ». Mécaniquement, l’organisation sociale va donc agir sur elle-même pour trouver un nouvel équilibre. Mais cet équilibre sera impossible à atteindre puisqu’une de ses conditions anthropologiques fondamentales, la spiritualité, aura été écartée. La société va donc se lancer dans une quête perpétuelle de remise en question et de changements sans fin. Comme une personne sur le point de tomber enchaîne des pas de plus en plus rapides pour tenter de se rattraper, la société en déséquilibre va enchaîner des transformations de plus en plus rapides… qui vont accentuer son déséquilibre et précipiter sa chute ! On l’a vu, Claude-Marie Raudot exprime parfaitement ce processus lorsqu’il écrit que la France est « continuellement en révolution », qu’elle est « comme un malade qui s’agite » et que le « changement » grâce auquel le pays espère se rétablir ne fait au contraire qu’aggraver ses problèmes.

Prenons l’exemple de la dénatalité, puisqu’il est pointé par Raudot :

Au déséquilibre démographique, le régime répond ainsi par un « changement » : l’ouverture des frontières, l’organisation d’une immigration de masse et des naturalisations intensives (celles, précisément, que semblait redouter Raudot). Mais cette immigration crée à son tour des déséquilibres encore plus importants : des zones de non-droit apparaissent, la France connaît une guerre civile de basse intensité. Le régime cherche alors à résoudre ce nouveau déséquilibre par un nouveau « changement » : il discrimine économiquement la France périphérique, avantage les banlieues et tient un discours qui stigmatise les Français de souche. Mais ce changement engendre un autre déséquilibre : la France périphérique se révolte (Gilets jaunes) sans que pour autant les allochtones se tiennent tranquilles (Bataclan). Le régime répond à cette agitation par un nouveau changement : il accentue les violences policières et se dote de lois qui l’autorisent à placer la population sous surveillance. Mais ce changement exacerbe les tensions et rapproche le pays d’une guerre civile de forte intensité. Le régime y répondra sans doute par une violence encore plus dure, avant de disparaître définitivement sous le poids des changements qu’il a provoqués.  

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Nous pourrions prendre d’autres exemples comme le mariage, la famille ou la langue. Comment est-on passé du mariage comme sacrement devant Dieu au « mariage pour tous » ? Comment est-on passé de la famille patriarcale à la famille homoparentale non genrée ? Comment est-on passé des sermons de Bossuet à l’écriture inclusive ? Ce sont bien des principes absurdes, avec la complicité d’institutions dévoyées, qui par étapes successives ont entraîné la décadence de tous les aspects de la France !

En fait, quand le spirituel « laisse les clés » au temporel, alors l’effondrement est inévitable. Pour Durkheim, la religion fait l’unité du groupe. Cela signifie que s’il n’y a plus de religion, alors il y a fractionnement. Et s’il y a fractionnement, il y a lutte d’intérêts entre les parties. Autrement dit, le déséquilibre de la société, implique une lutte de plus en plus âpre entre des parties qui auront tendance à se scinder en sous-parties, elles-mêmes en lutte les unes contre les autres et elles-mêmes se scindant à leur tour. Le déséquilibre engendre un déséquilibre de plus en plus grand, de plus en plus rapide, de plus en plus diversifié et de plus en plus diversifiant jusqu’à l’effondrement final. La société se cannibalise : les allochtones contre les Autochtones, les femmes contre les hommes, les homosexuels contre les hétérosexuels, les jeunes contre les vieux, le privé contre le public, les lesbiennes contre les gays, les végans contre  les végétariens, les végétariens contre les flexitariens…

Confirmant Durkheim, l’historien David Engels, explique que l’athéisme est l’un des marqueurs de la décadence de la République romaine (voyez ici).

L’Ancien Testament expose quant à lui que l’oubli des commandements de Dieu empêchera les champs de produire, transformera les villes en désert, dispersera le peuple parmi les nations. En d’autres termes, transparaît l’idée que l’athéisme est cause d’effondrement.

 A l’autre bout du monde, les études de Claude Lévi-Strauss montrent qu’il y a un rapport entre la destruction, par les missionnaires salésiens, des structures cérémonielles des indiens Bororos du Brésil (par le démantèlement de l’organisation géométrique de leur habitat) et l’effondrement ultérieur de leur société.

Chez nous, en France, le processus d’effondrement (économique, démographique, culturel, moral…) commence véritablement à partir de la Révolution. Or la Révolution installe, avec une violence inouïe, un régime qui systématise le rejet de la religion traditionnelle…

Il se pourrait que l’effondrement des sociétés humaines commence lorsque le spirituel n’est plus opérationnel dans le social, lorsqu’il n’irrigue plus le tissu social, lorsqu’il n’a plus son mot à dire dans la structuration sociale et la bonne marche de la société. Religion, religare, relier : quand le spirituel ne relie plus, alors la société se désagrège et disparaît.

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Que rajouter de plus de notre point de vue autochtoniste, étant posé que cette société en putréfaction nous est désormais totalement étrangère ? Tout d’abord, que l’enchainement de plus en plus rapide des déséquilibres rend inutile de s’impliquer en faveur de l’une ou de l’autre des « parties » actuellement en lutte, sauf si des nécessités stratégiques ou tactiques l’exigent. Ensuite que le processus de désintégration du corps politique est maintenant irréversible : il ira jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à cet effondrement apocalyptique de la société que nous commençons à voir. Enfin, sans doute, qu’il est nécessaire que l’effondrement atteigne son terme. Il semble maintenant que notre peuple ne renaîtra pas avant que son « reste pur » ne puisse dire, tel Jésus sur sa croix :

« Tout est achevé ! ».

Antonin Campana

mardi, 30 avril 2019

L’autochtonisme, seule stratégie possible face au Grand Remplacement

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L’autochtonisme, seule stratégie possible face au Grand Remplacement

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

Ce blog a voulu présenter, tout au long de ses quatre années d’existence, une conception qui pose en principe que tous les peuples jouissent également d’un droit à l’existence, d’un droit à l’autodétermination et d’un droit naturel à la prééminence politique, religieuse et culturelle sur leurs terres ancestrales. Cet ensemble de droits fondamentaux non discriminant et d’application universelle concerne tous les peuples, c’est-à-dire aussi les peuples autochtones européens. Nous considérons comme admis que les peuples autochtones européens ne sont ni des sous-peuples, ni des non-peuples et que prétendre le contraire procède d’une pensée discriminatoire et raciste.

Les droits fondamentaux dont nous parlons charpentent notamment la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (2007). Ce corpus juridique onusien est donc une référence importante de la dynamique politique que nous avons nommée « autochtonisme ». Car dans notre esprit, l’autochtonisme européen n’est pas seulement une « pensée » ou une idéologie : c’est aussi, et peut-être surtout, une dynamique fondée sur notre droit à l’existence, une stratégie dont l’objectif est d’assurer la résilience en même temps que la libération des peuples autochtones européens. En voici un exposé succinct.

  1. Reconnaître l’ennemi principal

Nous posons comme un fait le processus toujours en cours d’effacement et de remplacement de notre peuple sur ses terres ancestrales. Ce processus conditionne notre « état présent », celui que l’on subit et qu’il s’agit de modifier. A partir de ce constat sur l’état présent, nous devons fixer une stratégie qui nous mènera de l’état présent à l’état désiré. Cependant, avant d’élaborer une planification stratégique, il convient de bien identifier les causes du processus et surtout, au risque de servir les intérêts de l’ennemi, de ne pas les confondre avec ses conséquences : toute erreur de ce type ferait courir le risque de stratégies inefficaces, voire néfastes. Par exemple, certains considèrent que l’islam est l’ennemi principal. En bonne logique, semble-t-il, ils invoquent pour le contrer les « valeurs républicaines », telle la laïcité. Or précisément, la laïcité est conçue par les républicains comme un moyen ou une “méthode“ (Manuel Valls) permettant de faire vivre ensemble musulmans, juifs et chrétiens (entre autres). Autrement dit, la laïcité conditionne la viabilité d’un modèle de société ouvert aux courants migratoires, donc à l’islam. Elle garantit que tout se passera bien et lève les objections quant à l’installation de masses extra-Européennes dans le corps politique. La laïcité, et d’une manière générale les valeurs « universelles » de la République, sont la légitimité d’une ingénierie sociale qui réinitialise la société afin que plus rien dans celle-ci ne s’oppose à l’intégration de populations étrangères. Si l’immigration de peuplement est un fait, le régime construit sur les valeurs dont nous parlons est une cause et l’islamisation une conséquence.

Or, l’ennemi principal se niche dans les causes, jamais dans les conséquences. Qui est responsable du Grand Remplacement ? Le régime qui est à la manœuvre et le nie, ou l’immigré qui bénéficie des politiques d’immigration que ce régime a mis en place ? La République qui est à l’origine de notre situation présente et qui la verrouille, obérant ainsi notre destin, ou l’étranger qui n’est qu’un pion dans un jeu destiné à nous effacer ? Le marionnettiste ou la marionnette ?

On devrait connaître la réponse, tant elle paraît évidente. La République qui a volontairement configurer l’organisation et le fonctionnement de la société de manière à la rendre compatible avec des hommes venus de toute la planète, la République qui a provoqué et laissé faire l’immigration de masse, la République qui a installé, intégré et naturalisé des millions d’immigrés, est la seule responsable. Voici dans les grandes lignes (ce texte est un texte de synthèse, le lecteur peu accoutumé à notre propos se reportera utilement aux autres articles de ce blog), voici donc rapidement pourquoi le Grand Remplacement participe de la nature du régime en place et n’est en aucun cas un phénomène accidentel :

  •  La République est fondée sur le « pacte républicain » et le pacte républicain est fondé sur le principe d’universalité : celuici est ouvert à tous les hommes « sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
  • La République considère que le « peuple français » est un agrégat d’individus individuellement associés par un contrat. Ainsi les Français de souche se seraient contractuellement associés le 14 juillet 1790 durant la fête de la Fédération. Ce jour là, selon la mythologie républicaine, le pacte républicain aurait transféré un à un (individuellement) chaque Français d’une nation ethnique, organisée selon des valeurs identitaires, à une nation civique, organisée selon des valeurs universelles (nous avons appelé ce processus à la fois mythologique et juridique, le « Grand Transfert »). A ce « corps d’associés » dont l’organisation et le fonctionnement reposent sur des valeurs universelles, c’est-à-dire des valeurs acceptables par tous les hommes, se seraient « individuellement » joints les Juifs, puis des immigrés de toute provenance. Ces multiples transferts donneront le corps politique métissé que l’on connaît aujourd’hui.
  • Le républicanisme postule l’universalité de la République : le modèle républicain de société est applicable en tous lieux (d’où l’entreprise coloniale républicaine), et permet de faire « vivre ensemble » tous les hommes, sans distinction. Dès lors, puisque le vivre tous ensemble est possible, rien ne justifie le « repli sur soi » et la fermeture des frontières, si ce n’est un « racisme » et une xénophobie irrationnels, d’autant plus, on le sait, que l’immigration est un enrichissement. Evidemment, on peut s’interroger sur le caractère véritablement universel des valeurs de la République et sur leur capacité à faire « vivre tous ensemble » juifs, chrétiens et musulmans. Mais cela revient à remettre ouvertement en cause le pacte républicain qui prétend cimenter l’agrégat artificiel sur la base de ces valeurs. C’est une règle : en République, toute contestation des politiques d’immigration exposera mécaniquement au soupçon d’être raciste et de n’être pas républicain. Cette règle tient à la nature même du régime, à ses fondamentaux, à sa cohérence interne… et non à ses représentants du moment !
  • La République est une entreprise d’ingénierie sociale chargée d’installer un modèle de société qui soit conforme aux intérêts de la classe dominante. Cette entreprise progresse en imposant de nouvelles lois. Celles-ci disloquent systématiquement l’ordre social ancien (la famille, les corporations, les communautés, les religions, les nations, les peuples, les sexes…) et instaurent un nouvel ordre fondé sur un désordre sociétal facile à contrôler et à exploiter (individus dissociés, mélangés et opposés ; populations hétérogènes ; individus standardisés ; matérialisme ; relativisme identitaire ; destruction des boussoles culturelles, généalogiques, religieuses, sexuelles…). La République a été conçue par une classe sociale apatride. Elle n’est qu’un outil dont la fonction est de « régénérer » la société à l’avantage de cette classe. La République se confond aujourd’hui avec le Système (mondialiste). Elle en est un aspect en même temps que la matrice.

 

  1. Comprendre la force et les moyens de l’ennemi principal

Aucune action ne sera couronnée de succès si l’on n’a pas compris les bases mythologiques qui structurent le régime en place et légitiment le modèle de société qu’il entend imposer (foi dans l’idéologie du contrat, croyances en des « valeurs » et en des fonctionnements sociaux qui seraient acceptables par tous les hommes, croyance en l’unité du genre humain, foi en l’Homme standardisé par la citoyenneté juridique, etc.). Cependant, désigner la République comme l’ennemi principal et surtout comprendre en quoi la République (ou le Système) est l’ennemi principal ne suffit pas pour engager une action efficace, voire qui ne soit pas carrément suicidaire. Car il faut encore et préalablement mesurer les rapports de forces et avoir notamment une juste idée de la puissance, des méthodes d’action et des moyens de rétorsion de l’ennemi.

Tout d’abord, celui qui estime que la République-Système est un régime politique démocratique et loyal commet une grave erreur. La République est un système représentatif qui assure automatiquement le pouvoir à la classe dominante. Nous l’avons déjà expliqué, nous ne reviendrons pas sur ce point. Ensuite, la République est un système totalitaire qui occupe officiellement tout l’espace social : l’Etat est républicain, la police est républicaine, les armées sont de la République, l’Ecole est républicaine, les médias sont républicains, la Justice est républicaine, l’espace social est contrôlé par des lois républicaines, etc. Enfin, trait typique des systèmes totalitaires, il est formellement défendu de contester le régime en place. La Constitution,  le code pénal et diverses autres lois interdisent ainsi que l’on remettent en cause la forme républicaine de gouvernement.

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Concrètement, cela veut dire quoi ? Concrètement, cela veut dire que la classe dominante a mis à son service les forces armées, la police, la magistrature, l’Enseignement, les médias et tout l’arsenal législatif nécessaire pour défendre ses intérêts de classe. Concrètement, cela veut dire que l’Etat a fait sécession du peuple, qu’il s’est tourné contre la nation autochtone et qu’il lui est devenu étranger, bref, qu’il doit être considéré comme un Etat plus « colonial » que « national ».

L’Etat est l’outil de la classe dominante. C’est lui qui met en œuvre les politiques d’immigration et qui construit la société métissée. C’est lui qui réprime la contestation et qui protège la classe dominante. Sans lui, rien ne serait possible. L’Etat républicain n’est pas notre ami, nous sommes ses indigènes colonisés et nous devons agir en tant que tels, en ayant une claire conscience de notre statut subordonné.

  1. Un peuple autochtone emprisonné dans un corps d’associés

La république-Système a engendré un « corps d’associés » (Sieyès) multiethnique. Ce corps d’associés improprement appelé « peuple français » ou « France » enferme comme une gangue le peuple autochtone. Si en 1790 tous les « associés » étaient des Autochtones, aujourd’hui les Autochtones deviennent minoritaires dans le corps d’associés. Cela signifie que, « démocratiquement » et selon la loi du nombre, le destin des Autochtones dépendra de plus en plus largement des choix, des préjugés, des ressentiments et de la puissance des populations allochtones installées au milieu d’eux.

Cela signifie aussi que le peuple autochtone de ce pays ne dispose pas de lui-même. Le peuple autochtone est un peuple dominé et nié : la République ne le reconnaît pas en tant que tel, ne lui accorde aucun droit en tant que tel, ne le distingue pas. Le peuple autochtone, emprisonné dans le corps d’associés multiethnique, perd quant à lui la conscience de ses intérêts, de sa spécificité et de son identité. Il se livre au régime qui a construit la gangue carcérale qui l’étouffe. Pour le moment, manipulé sans avoir connaissance de cette manipulation, il est « sous contrôle ». Le destin qui lui est promis par le régime-Système, et que l’Etat colonial est chargé de mettre en œuvre, est tout tracé : avant peu, il sera totalement dissous dans le corps d’associés et n’existera plus qu’à travers quelques individus faisant figure de bêtes de foire. Alors que faire ?

  1. Que faire ?

Nous venons de décrire la situation présente et de déterminer l’ennemi principal, celui qui est en l’occurrence à l’origine de notre condition et qui s’efforce de la maintenir, dussions-nous disparaître. Cette situation est épouvantable, tant le rapport de force nous est défavorable. Cependant, d’autres peuples en ont connu de similaires. Certains ont disparus (voyez les Hawaïens, les Pieds-noirs ou les Gorani), d’autres au contraire ont su prospérer. En observant ces derniers (les Juifs, les Roms, les Albanais du Kosovo, les Druzes, les Amish…), il nous est possible de reconnaitre un certain nombre de points communs qui les distingue des peuples moins résilients. Ces « règles de résilience » sont :

  1. Une forte endogamie
  2.  La pratique de l’entre-soi et le refus du « prosélytisme »
  3. Le refus de l’assimilation
  4. L’affirmation d’une conscience ethnique
  5. Une double règle de moralité (une règle qui s’applique aux Prochains, une règle qui s’applique aux Lointains)
  6. La capacité à se défendre
  7. Et surtout, la mise en place d’institutions parallèles à celles du groupe dominant

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Considérons que le corps d’associés allochtones, la gangue, soit un « peuple étranger » et que le système politique qui nie l’existence du peuple autochtone et garantit la présence étrangère dans notre pays soit un régime de domination. Il y a encore face au corps d’associés englobant une part significative du peuple autochtone qui ne renonce pas aux pratiques endogames et à l’entre-soi, qui refuse de perdre son identité, qui a une claire conscience de sa lignée, qui pratique au besoin une solidarité discriminante (les « Français d’abord ») et qui est même capable de se défendre. Cette fraction (toujours importante selon nous) du peuple autochtone ressemble donc sur de nombreux points au peuple pied-noir en Algérie. Pourtant, nous savons que ce peuple pied-noir a disparu. Que lui manquait-il pour continuer à exister ? En fait, les Pieds-noirs ont confié leur destin à la République et ont renoncé à s’organiser « en parallèle ». Avoir plusieurs millions d’individus dissociés qui pratiquent isolément les six premières règles de résilience est très bien mais à terme ne sert à rien. La cause est perdue si ces individus ne s’associent pas, ne s’organisent pas, ne créent pas des institutions parallèles susceptibles de leur donner une unité, donc une force, bref, s’ils ne s’émancipent pas du régime de domination.

Donc, à la question « Que faire ? », l’Histoire nous apporte cette réponse : il faut rassembler les Autochtones qui pratiquent spontanément les six premières règles de résilience, puis appliquer la septième règle, c’est-à-dire créer un Etat parallèle autochtone qui résistera au régime de domination et combattra pour les droits autochtones, y compris, in fine, le droit du peuple autochtone à disposer de lui-même.

  1. Comment faire ce Grand Rassemblement et cet Etat parallèle ?

Nous proposons une double stratégie.

D’un part, une stratégie de conservation qui assurera la résilience du peuple autochtone.

D’autre part, une stratégie de libération qui assurera l’autonomie du peuple autochtone par la conquête de droits collectifs toujours plus importants.

La stratégie de conservation et la stratégie de libération composent deux stratégies intermédiaires qui s’inscrivent dans une stratégie globale dont l’objectif final est la libération du peuple autochtone, c’est-à-dire son émancipation du corps d’associés multiethnique dissolvant. La stratégie de conservation est la première stratégie à mettre en œuvre. L’urgence est d’abord de conserver tout ce qui peut l’être (notre peuple bien sûr, mais aussi sa culture, sa spiritualité ou sa manière de vivre). Ensuite seulement, peuvent être envisagées des actions de reconquêtes libératrices. Nous disons « ensuite », car il nous faut d’abord forger l’outil avant de pouvoir l’employer. Mais, nous ajouterons aussi « parallèlement », car la stratégie de conservation, c’est-à-dire la fabrication et l’entretien des outils de résilience, ne doit pas cesser sous prétexte que la conquête des droits collectifs a commencé.

  1. La stratégie de conservation

La stratégie de conservation consiste essentiellement à rassembler les Autochtones conscients (« Grand Rassemblement ») et à les organiser. Plusieurs étapes sont nécessaires pour mettre en place les premières structures de résilience.

Nous proposons tout simplement de nous inspirer des stratégies élaborées par les minorités ayant fait la preuve de leur durabilité (Juifs, Roms, Kosovars…) :

  • Réunir une Assemblée qui proclame notre existence nationale en tant que peuple autochtone.

Cette première Assemblée, sorte d’assises autochtones, pourrait être réunie suite à l’appel de 8 ou 10 personnalités autochtones, toutes sensibilités confondues, rassemblées dans une sorte de CNR transitoire. Elle pourrait être provoquée aussi à l’initiative d’organisations et d’associations autochtones, voire de communautés locales autochtones fédérées.

  • La première Assemblée nomme pour un an un Gouvernement provisoire autochtone

La mission de ce Gouvernement est d’organiser les premières élections autochtones et de mettre en place l’ébauche d’un Etat parallèle autochtone.

  • Le premier Parlement autochtone élu se réunit :
  • Formation d’un Gouvernement autochtone
  • Détermination des missions du Gouvernement
  • Définition d’une stratégie de conservation et de libération
  • Le Gouvernement autochtone commence ses travaux :
  • Mise en place d’un Etat parallèle autochtone
  • Formation de Communautés locales autochtones
  • Mise en synergie des différentes organisations autochtones (partis politiques, mouvements culturels, associations diverses…) dans le respect de leur  autonomie
  • Les Communautés locales autochtones se fédèrent tout en gardant leur autonomie et forment une société parallèle autochtone.

A ce stade, si tant est qu’un nombre suffisant d’Autochtones accepte l’existence d’un Etat autochtone apolitique (l’Etat est purement autochtoniste. C’est un Etat national autochtone qui représente la nation autochtone en son entier et non tel ou tel courant politique, culturel ou religieux), à ce stade donc, nous pouvons considérer que les structures de résilience sont mises en place. Les engagements tactiques d’une stratégie de libération peuvent désormais être considérés. 

  1. La stratégie de libération

Revendiquer des droits pour le peuple autochtone de ce pays, mais aussi dénoncer son avilissement, sa marginalisation ou le racisme structurel qui l’accable (antijaphétisme), a deux objectifs principaux. D’une part conscientiser le plus grand nombre possible d’Autochtones afin que ceux-ci intègrent la nation autochtone en sécession. D’autre part, obliger le régime-Système à reconnaître, soit qu’il a commis un crime de génocide au sens de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948), soit que le peuple français d’avant 1790 existe toujours en tant que «  groupe national, ethnique, racial et religieux » (Cf. Convention de 1948)

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La reconnaissance du droit à l’existence du peuple autochtone entraînera tous les autres droits collectifs, jusqu’au droit de ce peuple à disposer de lui-même. Le droit à l’existence est donc la clé de voûte de la libération autochtone. La lutte pour imposer ce droit (que tout peuple possède par nature), doit emprunter tous les chemins qui se présentent à nous et prendre la forme d’un harcèlement constant du régime. Tout peut-être prétexte à contestation, à revendication, à querelle, à discussion, à blocages. Il faut obliger le régime à négocier avec le Gouvernement autochtone. Cette négociation vaudra implicitement reconnaissance.

Le peuple autochtone emprisonné, aliéné et remplacé a le Droit pour lui. Son droit à l’existence est acquis du fait même qu’il existe. La contestation de ce droit fondamental est non seulement discriminatoire : c’est d’abord un crime contre l’humanité ! Notre peuple a le droit d’écrire sa propre histoire, indépendamment de l’histoire désirée par le régime politique en place ou le corps politique artificiel, multiethnique et de plus en plus antijaphite, qui a été construit par ce régime. D’autre part, le peuple autochtone, peut, en raison de son autochtonie qui plonge dans la nuit des temps et au nom de l’égalité entre tous les peuples, bénéficier de toutes les dispositions contenues dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones : droit à l’existence ; droit à l’autodétermination politique, économique, sociale, culturelle ; droit de contrôler son propre système scolaire ; droit d’être protégé en tant que peuple distinct, ; droit de filtrer les lois pouvant le concerner ; etc. Ajoutons que nous pouvons faire valoir aussi la loi organique sur la Nouvelle-Calédonie (99-209). Tous les droits octroyés par cette loi aux autochtones mélanésiens de Nouvelle-Calédonie, doivent être accordés, au nom du principe d’égalité proclamé par le régime et du droit international, aux autochtones européens de France. Ceux-ci doivent pouvoir bénéficier,  par exemple, d’un statut civil particulier, de registres d’état civil à eux seuls dédiés, de programmes scolaires qui reflètent la dignité de leur histoire, d’un droit civil qu’ils pourront librement déterminer, d’une langue française dont ils seront les seuls décideurs,  d’une citoyenneté spécifique, etc.

La cause du peuple autochtone est juste, morale, égalitaire, conforme au droit international et à l’esprit des lois organiques de la République. L’indépendance du peuple autochtone mettra un point final au processus de décolonisation commencé après la seconde guerre mondiale.

          C. Les méthodes

La stratégie de conservation (Grand Rassemblement, constitution d’un Etat parallèle autochtone, mise en place de communautés locales autochtones maillant le territoire, etc.) doit se faire à faible bruit et sans avoir recours aux dispositifs administratifs mis en place par le régime. Autrement dit, il ne doit pas y avoir de déclarations en Préfecture !

C’est la stratégie de libération qui pose véritablement le problème des méthodes de lutte. Nous excluons a priori toute forme de violence : le rapport de forces nous est trop défavorable. Notre méthode de lutte doit donc être non-violente et reprendre à son compte les recettes éprouvées de Gene Sharp : succession d’engagements tactiques non-violents permettant d’atteindre un objectif limité dans le cadre d’une stratégie plus large. Prenons un exemple :

Le patrimoine culturel autochtone (églises, châteaux, œuvres d’art, musées, bibliothèques, monuments, etc.) est actuellement géré par des fonctionnaires républicains de la culture, au nom du corps d’associés global. Or, au regard de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et même de la loi organique relative à la Nouvelle-Calédonie, ce patrimoine culturel autochtone doit être restitué au peuple autochtone. Nous pouvons donc revendiquer cette restitution, par exemple en perturbant, selon nos ressources disponibles, des journées du patrimoine (obstruction d’entrée, distribution de tracts, nuisance sonore, etc.), en refusant d’évacuer un site après sa fermeture, en faisant entrer les visiteurs gratuitement, etc. L’essentiel est de faire débat, d’inciter les Autochtones à réfléchir sur leur dépossession et sur leur sujétion, et de forcer le régime à réagir. Un engagement tactique de cette nature va dans le sens des objectifs de la stratégie globale de libération car il révèle, avec tout ce que cela suppose, un patrimoine autochtone confisqué et surtout l’existence d’un peuple autochtone jusque là nié. 

En guise de conclusion….

Nous n’avons pas été colonisés par un Etat étranger, mais par une classe sociale apatride qui a pris les commandes de l’Etat national et en a fait un Etat à sa main, c’est-à-dire, de fait, un Etat étranger. Cet Etat étranger est conduit par un régime qui a engendré un « corps d’associés » multiethnique. L’un et l’autre sont responsables du Grand Remplacement et de notre incapacité à disposer de nous-mêmes. Il ne faut donc plus raisonner de l’intérieur de ce régime mortifère. Il faut au contraire raisonner dans une logique de sécession, ou plus exactement de décolonisation.

Cette logique n’est plus « politique » : elle doit être « nationale ». C’est de la nation autochtone en son entier qu’il s’agit. Peu importe les options idéologiques, religieuses ou philosophiques faites par les uns ou les autres. Tout cela doit s’effacer au nom de la défense de l’appartenance commune : l’appartenance à une nation autochtone prisonnière de la gangue multiethnique républicaine.

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La construction que nous proposons n’est donc pas une construction de politique politicienne : c’est une construction nationale apolitique, areligieuse, mais autochtone. Nous ne parlons pas des futures élections mais de la continuité historique de notre peuple.

Si le peuple autochtone de ce pays ne remet pas en question le régime en place, s’imaginant pouvoir l’infléchir ou l’amadouer, alors le destin de ce peuple est tout tracé : il disparaîtra ! Mais si ce peuple se rassemble et s’organise en société parallèle, alors des droits collectifs lui seront forcément reconnus et sa résilience sera assurée : avant peu il pourra à nouveau écrire sa propre histoire ! Les temps ont changé et il n’y a désormais que deux choix possibles : le soulèvement autochtoniste ou le consentement à notre propre génocide. Le reste ne compte pas.

Antonin Campana