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mardi, 09 septembre 2025

Diplomatie des gazoducs aux dépens de l’Europe

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Diplomatie des gazoducs aux dépens de l’Europe

Gregor Jankovič

Source: https://geoestrategia.eu/noticia/45127/geoestrategia/que-... (Extrait)

En adoptant une idéologie et des slogans creux, l’UE a livré sa bouée de sauvetage énergétique à la Chine, non par nécessité, mais par sa propre erreur stratégique et par une subordination totale aux intérêts des États-Unis.

Lors du récent sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Pékin, la Russie, la Chine et la Mongolie ont signé un mémorandum juridiquement contraignant pour le gazoduc « Power of Siberia 2 ». S’étendant sur 2600 km et coûtant 13,6 milliards de dollars, ce gazoduc livrera 50 milliards de mètres cubes de gaz russe par an depuis l’Arctique directement vers le nord de la Chine via la Mongolie, en évitant complètement l’Europe.

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Les implications économiques sont saisissantes. En Europe, 50 milliards de mètres cubes de gaz naturel valent aujourd’hui 16,5 milliards de dollars. Le GNL américain pour le même volume coûterait environ 25 milliards de dollars (Financial Times), tandis qu’un achat direct à la Russie, selon les récents accords de Gazprom avec la Chine, reviendrait à environ 6 à 6,5 milliards de dollars. Le gazoduc russe bon marché, qui a constitué la colonne vertébrale de l’industrie allemande et de l’Europe occidentale, écoulera désormais son flux vers l’est, assurant à la Chine un approvisionnement énergétique stable et abordable.

Les élites dirigeantes anglo-américaines, qui poussent l’Europe à rompre ses liens énergétiques avec la Russie, ont, sans le vouloir (en tout cas apparemment – peuvent-ils être si naïfs – ou bien?), transféré l’influence stratégique à la Chine. L’Europe paie le GNL américain trop cher, perd sa compétitivité industrielle et glisse vers la récession, un scénario idéal pour alimenter les tensions intra-européennes sur fond de difficultés économiques et de ventes d'armes américaines surévaluées.

Le président Xi Jinping a présenté le gazoduc PoS2 comme une pierre angulaire du partenariat stratégique « sans limites » avec la Russie, garantissant à la Chine un corridor énergétique terrestre fiable. Il ne s’agit pas seulement d’un accord énergétique: c’est un réalignement stratégique. La Russie s’assure un acheteur garanti, la Chine sécurise des approvisionnements à long terme, et l’Europe fait face à l’érosion de sa position industrielle et géopolitique.

La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, illustre parfaitement, dans sa réflexion sur l’histoire, la véritable valeur et la mentalité de la classe dirigeante actuelle de l’UE, fruit d’un projet impérial américain de plusieurs décennies:

« … La Russie s’adressait à la Chine : ‘Russie et Chine, nous avons combattu pendant la Seconde Guerre mondiale, nous avons gagné la Seconde Guerre mondiale, nous avons vaincu les nazis…’ et j’ai pensé : ‘D’accord, c’est nouveau.’ Quand on connaît l’histoire, cela suscite beaucoup de questions. Je peux vous dire qu’aujourd’hui les gens ne lisent ni ne se souviennent beaucoup de l’histoire. On voit qu’ils adoptent ces récits sans réfléchir… »

En se séparant non seulement du bon sens et de la décence, mais aussi du gaz russe abordable sous la pression anglo-américaine, l’Europe a éliminé toute possibilité réaliste de reprise industrielle et d’avenir économique viable. La carte énergétique mondiale est en train d’être réécrite: le déclin de l’Europe s’accélère, les crises internes occidentales s’approfondissent et les élites anglo-américaines risquent de perdre leur influence tandis que les anciennes puissances périphériques et colonies, en particulier la Chine et l’Inde, montent en puissance sur le plan stratégique et économique.

L’Europe est confrontée à l’effondrement final de sa pertinence industrielle et géopolitique, tandis que les élites anglo-américaines perdent leur seul projet historique réellement réussi : le soi-disant « ordre international fondé sur des règles », « indispensable », « inévitable » et « le plus puissant ».

lundi, 08 septembre 2025

Le méga-contrat russo-chinois pour le pétrole et le gaz. Et l’UE reste spectatrice

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Le méga-contrat russo-chinois pour le pétrole et le gaz. Et l’UE reste spectatrice

par Clemente Ultimo

Source: https://www.destra.it/home/geoeconomia-il-mega-contratto-...

En marge du 25ème sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, la Russie et la Chine ont encore renforcé leur partenariat énergétique. Moscou a trouvé dans le marché chinois une alternative au marché européen – fermé suite aux sanctions imposées par l’UE après le déclenchement de la guerre en Ukraine – tandis que Pékin bénéficie du pétrole et du gaz russes comme source d’énergie moins chère pour alimenter son secteur industriel.

Quatre accords ont été signés entre l'entreprise russe Gazprom et la China National Petroleum Corporation, le principal de ces accords concernant la construction du Power of Siberia 2, le gazoduc destiné à approvisionner Pékin en méthane provenant des gisements arctiques russes. La ligne traversera la Mongolie, qui pourra ainsi profiter des droits de transit. L’objectif est de transporter des milliards de mètres cubes de gaz par an, sur la base d’un accord d’une durée de trente ans.

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Gazprom a également donné son feu vert à la demande chinoise d’augmenter les livraisons arrivant en Chine via le Power of Siberia, passant des 38 milliards de mètres cubes actuels à 44 milliards. En tenant compte des autres canaux d’approvisionnement, les livraisons totales de gaz russe devraient passer, dès cette année, de 48 à 56 milliards de mètres cubes.

Les prévisions indiquent qu’avec la mise en service du Power of Siberia 2, les livraisons russes de gaz à la Chine atteindront 106 milliards de mètres cubes. Le seul marché chinois absorbera ainsi presque entièrement les flux de gaz qui, avant le conflit en Ukraine, approvisionnaient les pays de l’Union européenne, soit environ 150 milliards de mètres cubes. À ce propos, il convient de rappeler que la Hongrie et la Slovaquie continuent d’acheter du gaz à la Russie, comme en témoignent les tensions croissantes avec Kiev, qui a frappé à plusieurs reprises, ces dernières semaines, le gazoduc alimentant ces deux nations d’Europe centrale, interrompant ainsi le flux.

À côté des achats chinois, il ne faut pas oublier non plus ceux de l’Inde qui se fournit en pétrole et en gaz russes. Des achats qui se poursuivent malgré les pressions politico-diplomatiques et les droits de douane imposés par les États-Unis. L’Inde a jusqu’à présent rejeté les demandes d’interrompre les importations énergétiques russes, réaffirmant son droit de défendre ses intérêts nationaux en achetant du gaz et du pétrole dans les meilleures conditions du marché.

Enfin, il y a le chapitre des achats effectués par les Européens eux-mêmes, en particulier de pétrole : des achats résultant de triangulations qui permettent de « diluer » l’origine russe des hydrocarbures concernés. Mais cela concerne davantage le registre de l’hypocrisie « made in UE » que le plan économique.

samedi, 06 septembre 2025

Flux énergétiques: l'UE met en péril son approvisionnement et la confiance des citoyens en elle

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Flux énergétiques: l'UE met en péril son approvisionnement et la confiance des citoyens en elle

Les attaques contre l'oléoduc Droujba et contre Nord Stream ne doivent pas être passées sous silence, mais doivent faire l'objet d'une enquête.

Par Georg Mayer

Source: https://www.fpoe.eu/energiestroeme-unter-beschuss-eu-risk...

Les attaques contre l'oléoduc Droujba ont montré à quel point l'approvisionnement énergétique de l'Europe est vulnérable. En mars dernier, les livraisons vers la Hongrie et la Slovaquie ont été interrompues après qu'une station de mesure a été mise hors service par des tirs de drones. En août, une autre attaque contre une station de pompage en Russie a de nouveau interrompu l'approvisionnement en pétrole vers l'Europe centrale pendant plusieurs jours. Pendant cette période, la Hongrie et la Slovaquie ont dû puiser dans leurs réserves stratégiques pour maintenir leur approvisionnement.

Ces incidents s'inscrivent dans la lignée des explosions qui ont détruit les gazoducs Nord Stream, attentats qui n'ont toujours pas été entièrement élucidés à ce jour. Alors que la Suède et le Danemark ont depuis longtemps clos leurs enquêtes, seule l'Allemagne poursuit ses investigations. La semaine dernière encore, un citoyen ukrainien a été arrêté en Italie sur la base d'un mandat d'arrêt allemand. 35 mois après l'explosion des gazoducs Nord Stream, ce résultat est plutôt modeste et illustre bien l'immobilisme et la réticence de l'UE à enquêter sur les véritables responsables et ce, depuis des années.

Mais les soupçons s'intensifient : malgré l'aide militaire et financière de plusieurs milliards d'euros et l'asile inconditionnel accordé aux Ukrainiens, le régime de Zelensky a attaqué l'approvisionnement énergétique de l'Europe, multipliant ainsi les coûts du gaz pour chaque citoyen.

C'est précisément là que se manifeste la double morale de l'UE: elle exige une transparence absolue de la part des citoyens et des entreprises, allant de rapports exhaustifs à des preuves rigoureuses. Mais lorsqu'il s'agit d'attaques contre des infrastructures critiques, Bruxelles se mure dans le silence et se contente d'actions timides. Cette réticence met non seulement en péril la sécurité de l'approvisionnement, mais sape également la confiance des citoyens dans la capacité d'action des responsables politiques.

La sécurité énergétique ne doit pas être reléguée au second plan. Les attaques contre les gazoducs et oléoducs doivent faire l'objet d'enquêtes approfondies et les responsables doivent être clairement identifiés. Tout autre scénario entraînerait une hausse des prix, une insécurité croissante et signifierait que l'Europe abandonne ses citoyens.

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Qui est Georg Mayer?

Membre de la commission des pétitions (PETI) | Membre suppléant de la commission de l'industrie, de la recherche et de l'énergie (ITRE)

jeudi, 28 août 2025

L'armée ukrainienne attaque à nouveau le gazoduc Druzhba - La sécurité énergétique de l'Europe en danger

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L'armée ukrainienne attaque à nouveau le gazoduc Druzhba

La sécurité énergétique de l'Europe en danger

Source: https://unzensuriert.at/307985-ukrainische-armee-attackie...

Les dernières informations concernant une attaque présumée de l'Ukraine contre le gazoduc de Druzhba, l'une des artères vitales de l'approvisionnement énergétique européen, suscitent une inquiétude majeure. La députée européenne Petra Steger (FPÖ) critique vivement ces événements : « Quelques jours seulement après l'arrestation d'un Ukrainien en tant que principal suspect du sabotage du gazoduc Nord Stream 2, l'Ukraine met en danger la sécurité énergétique de notre continent avec une nouvelle attaque », a averti la responsable politique européenne.

L’Ukraine également suspectée derrière l’attentat contre Nord Stream

Selon des rapports qui circulent, un Ukrainien a été arrêté en Italie, qui serait à l'origine de l'attaque contre le gazoduc germano-russe Nord Stream 2 et probablement le chef de l'opération. La pipeline de Druzhba, qui transporte du pétrole vers la Hongrie et la Slovaquie, a été, selon ses propres déclarations, déjà attaquée une deuxième fois en quelques jours par l'armée ukrainienne. Comme l’a indiqué le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, l’approvisionnement en pétrole vers la Hongrie est interrompu.

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La population a déjà assez de problèmes ainsi

Steger souligne que la population européenne souffre déjà des prix record et des coûts explosifs pour l'électricité et le chauffage :

Alors que citoyens et entreprises souffrent d'une inflation record et de coûts d'électricité et de chauffage explosifs, Kiev semble consciemment accepter la déstabilisation du marché énergétique européen. C’est irresponsable et montre que la politique actuelle de l’UE envers l’Ukraine a complètement échoué.

L’UE doit enfin œuvrer pour la paix

La députée européenne met en garde contre une escalade, car l’UE soutient cette situation par sa politique unilatérale au lieu de favoriser la paix et la stabilité. L’UE doit mettre fin à sa politique unilatérale envers l’Ukraine et enfin privilégier les intérêts des citoyens européens.

samedi, 23 août 2025

Cessation des livraisons de pétrole à la Hongrie - Le pipeline Droujba à nouveau touché

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Cessation des livraisons de pétrole à la Hongrie

Le pipeline Droujba à nouveau touché

Elena Fritz

Source: https://www.facebook.com/elena.fritz.10

Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a confirmé :

L'approvisionnement en pétrole de la Hongrie via le pipeline « Droujba » a été interrompu après une nouvelle attaque.

Selon Szijjártó, il s'agit déjà de la troisième attaque en peu de temps à la frontière russo-biélorusse.

Conséquences pour la Hongrie

- La Hongrie importe la majeure partie de son pétrole brut via l'oléoduc Droujba.

- Une nouvelle interruption des livraisons montre la vulnérabilité de l'approvisionnement énergétique en Europe centrale.

- Budapest a jusqu'à présent mené une politique énergétique pragmatique et refusé d'imposer des sanctions sévères contre les sources d'énergie russes; cette interruption accroît désormais la pression sur le gouvernement de Viktor Orbán.

Dimension géopolitique

- Les attaques répétées contre des infrastructures critiques indiquent une stratégie d'escalade dans le secteur énergétique.

- L'Europe est ainsi poussée à dépendre davantage des livraisons de substitution, notamment en provenance des États-Unis.

- Cet incident souligne le fait que l'énergie est devenue le principal champ de bataille dans la guerre en Ukraine.

Conclusion :

Le pipeline Droujba n'est pas seulement un canal d'approvisionnement en pétrole, mais aussi un levier politique. Chaque attaque modifie l'équilibre: au détriment de la Hongrie, mais dans l'intérêt des forces qui souhaitent détacher durablement l'Europe de l'énergie russe.

Mise à jour

La Hongrie et la Slovaquie demandent à la Commission européenne de faire pression sur Kiev en raison des attaques contre le pipeline

La Hongrie et la Slovaquie ont demandé à la Commission européenne d'inciter l'Ukraine à cesser ses attaques contre le pipeline « Droujba ». C'est ce qui ressort d'une lettre adressée par les ministres des Affaires étrangères des deux pays à la Commission à Bruxelles.

#géopolitique@global_affairs_byelena

mercredi, 13 août 2025

La Chine défie l'ultimatum pétrolier de Trump – et l'Europe regarde

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La Chine défie l'ultimatum pétrolier de Trump – et l'Europe regarde

Par Elena Fritz

Source:  https://www.compact-online.de/china-trotzt-trumps-oel-ult...

L'Empire du Milieu ne veut pas renoncer aux matières premières russes et iraniennes. Une nouvelle ère commence : la division géopolitique des flux énergétiques. Pour en savoir plus : COMPACT-Spécial « Les États-Unis contre la Chine » – la lutte finale pour le nouvel ordre mondial. En savoir plus ici: https://www.compact-shop.de/shop/compact-spezial/compact-...

Alors que Washington brandit des menaces et durcit ses droits de douane, Pékin reste imperturbable: la Chine rejette l'ultimatum américain de renoncer au pétrole russe et iranien à l'avenir. Lors des dernières négociations commerciales à Stockholm, il est apparu clairement que le nouvel ordre mondial ne se décide plus depuis longtemps avec des armes, mais avec des contrats, des droits de douane et des matières premières. Et que la Chine est prête à en payer le prix.

L'emprise impériale

Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, n'a laissé planer aucun doute lors de la conférence de presse finale: si la Chine continue d'importer du pétrole russe, Washington imposera des « sanctions secondaires », si nécessaire avec des droits de douane pouvant atteindre 100%. Un projet de loi au Congrès américain prévoit même des droits de douane pouvant atteindre 500%. L'accusation lancée depuis Washington est la suivante: ceux qui achètent du pétrole russe contournent de facto les sanctions occidentales et sapent la « pression internationale » sur Moscou.

Mais Pékin a réagi avec une clarté remarquable: la Chine est un État souverain qui a ses propres besoins énergétiques, et les décisions relatives aux importations de pétrole relèvent exclusivement de la politique intérieure chinoise. M. Bessent a lui-même cité cette phrase, avec un mécontentement perceptible.

La carotte et le bâton – et la réalité

La stratégie des États-Unis est un mélange de menaces et de chantage moral: on invoque le prétendu « danger pour la sécurité de l'Europe » que représenterait le commerce entre la Chine et la Russie, tout en mettant en garde contre une perte d'image auprès de l'opinion publique occidentale. Mais la réalité est plus prosaïque: la Chine s'assure des approvisionnements énergétiques à long terme auprès de partenaires qui ne sont pas sous l'influence des États-Unis. Et elle est prête à accepter des désavantages économiques pour y parvenir.

Les droits de douane punitifs brandis par Trump ne garantissent aucun effet politique. Au contraire: le projet de loi est actuellement gelé, car même les républicains jugent les risques économiques pour les entreprises américaines « inacceptables ». Ce qui est présenté comme une menace n'est pour l'instant que du vent.

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La rupture stratégique

Ce qui se profile ici est plus qu'un différend bilatéral. C'est le début d'une nouvelle ère: la division géopolitique des flux énergétiques. L'Occident veut isoler la Russie et menace de sanctions économiques les États qui ne s'y plient pas. Mais ces menaces perdent de leur efficacité à mesure que des acteurs tels que la Chine, l'Inde ou le Brésil gagnent en assurance.

Le cas de la Chine montre que ceux qui ne se laissent pas intimider gagnent en pouvoir d'influence. Pas à court terme mais à long terme. Car l'énergie n'est pas une arme comme un fusil: c'est une infrastructure, une sécurité de planification, un avenir.

L'Europe : absente et divisée

Et l'Europe ? Elle ne joue jusqu'à présent qu'un rôle mineur dans cette épreuve de force stratégique. Si certains gouvernements insistent sur le respect des sanctions, la réalité est tout autre: l'Italie importe à nouveau du gaz liquéfié russe, la Hongrie maintient ses contrats énergétiques avec Moscou et les entreprises allemandes tentent de conserver leur accès aux matières premières russes via des pays tiers.

Au lieu d'une stratégie commune, nous assistons à une Europe tiraillée entre appel moral et réflexe de survie économique. Le gouvernement fédéral allemand donne l'impression d'être un spectateur dans un match dont les règles sont écrites par d'autres.

Que reste-t-il ?

À Stockholm, la Chine a clairement fait savoir qu'elle poursuivrait sa politique d'indépendance énergétique, même contre la volonté de Washington. Les droits de douane annoncés par les États-Unis semblent pour l'instant davantage des gestes symboliques que des outils de realpolitik. Et l'Europe ? Elle devrait se demander si elle continuera à soutenir une politique énergétique dictée par d'autres ou si elle commencera à définir elle-même ses intérêts stratégiques.

Un nouveau conflit majeur se profile : avec le numéro spécial de COMPACT « USA contre Chine – La lutte finale pour le nouvel ordre mondial », nous vous fournissons toutes les informations de fond importantes pour comprendre ce conflit. Toujours disponible ici en version électronique: voir lien ci-dessus. 

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jeudi, 31 juillet 2025

Le prochain conflit de type "Nord Stream": le gouvernement Orbán veut son propre oléoduc pour le pétrole russe

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Le prochain conflit de type "Nord Stream": le gouvernement Orbán veut son propre oléoduc pour le pétrole russe

Budapest/Bruxelles. Les fissures au sein de l’UE deviennent toujours plus profondes. Alors que la Commission européenne à Bruxelles prévoit une interdiction totale d’importation de gaz et de pétrole russes d’ici 2027, la Hongrie entend suivre sa propre voie. Comme l’a annoncé le ministre des Affaires étrangères Péter Szijjártó sur les réseaux sociaux, la Hongrie, la Serbie et la Russie se sont entendues pour parfaire la construction d’un nouvel oléoduc destiné à poursuivre l’approvisionner de Budapest en matières premières bon marché. « En collaboration avec nos partenaires serbes et russes, nous avançons dans la construction d’un nouvel oléoduc  entre la Hongrie et la Serbie », a écrit Szijjártó. « Pendant que Bruxelles interdit l’énergie russe, rompt des connexions et bloque des routes, nous avons besoin de plus de sources, de plus de routes. La Hongrie ne sera pas victime de ces décisions catastrophiques. » 

L’annonce intervient à un moment critique. L’UE prévoit non seulement de cesser toutes les importations d’énergie russes – y compris le GNL – d’ici 2027, mais souhaite également déclarer obsolètes les contrats d’approvisionnement à long terme. De plus, le négociateur du Parlement européen pour l’interdiction de ces importations demande de raccourcir le délai et d’y intégrer davantage le pétrole via pipelines. Mais la Hongrie, qui couvre encore environ 70% de ses besoins en pétrole provenant de la Russie, dont la moitié de Lukoil, refuse de suivre ces plans. 

Déjà cet été, l’Ukraine avait stoppé le transit de pétrole russe vers la Hongrie et la Slovaquie – une étape que Budapest considérait comme une tentative de chantage politique. Depuis, le gouvernement Orbán cherche des alternatives pour se rendre indépendant des routes de transit ukrainiennes et, en dehors des directives de l’UE, pour continuer à se fournir en énergie. Selon les médias hongrois, le nouvel oléoduc pourrait être achevé dès 2027 – juste au moment où l’interdiction d’importation de l’UE devrait entrer en vigueur. 

Le conflit entre Budapest et Bruxelles va bien au-delà de la politique énergétique. Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán critique vivement les plans budgétaires de l’UE, qu’il qualifie de « sauvetage pour l’Ukraine ». « Jusqu’à 25 % de l’argent va directement à Kiev, 10 % supplémentaires sont utilisés pour rembourser de vieilles dettes. Que reste-t-il ? Moins que jamais. Je ne soutiendrai jamais cela », a déclaré Orbán. 

Avec cette initiative pour l'oléoduc, la Hongrie réaffirme une fois de plus son rejet de la politique de sanctions de l’UE – et mise sur une coopération étroite avec Moscou et Belgrade. Alors que Bruxelles mise sur la sécurité énergétique par diversification, Budapest insiste sur des solutions pragmatiques pour garantir des prix énergétiques bas. « Nous construirons des oléoducs et exploiterons de nouvelles sources d’approvisionnement, afin que la population hongroise continue de payer les coûts énergétiques les plus bas en Europe, » a affirmé Szijjártó. 

La décision risque d’aggraver encore davantage les tensions entre la Hongrie et l'UE – notamment face au fait que Bruxelles a déjà bloqué des milliards d’euros d’aides pour Budapest. Avec ce projet d'oléoduc, la Hongrie montre une fois de plus qu’elle n’est pas prête à se plier au diktat bruxellois sur des questions essentielles (mü)/

Source: Zu erst, juillet 2025. 

vendredi, 07 mars 2025

Warnig, un proche de Poutine, prévoit-il de relancer Nord Stream 2?

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Warnig, un proche de Poutine, prévoit-il de relancer Nord Stream 2?

Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/03/plant-putin-vertrauter-wa...

Selon un rapport du Financial Times, le manager allemand et ancien patron de Nord Stream 2 AG, Matthias Warnig, serait à l'origine d'une relance du projet de gazoduc Nord Stream 2.

Un rapport publié dimanche par le Financial Times suscite le débat : Des plans pour relancer Nord Stream 2 sont à l'étude - avec la participation des Etats-Unis et d'un proche de Vladimir Poutine (voir: https://www.firstpost.com/world/putin-ally-backed-by-us-investors-pushes-plan-to-restart-nord-stream-2-pipeline-13867961.html). Matthias Warnig, ancien officier de la Stasi et directeur de Nord Stream 2 AG sous Gazprom jusqu'en 2023, est dans la ligne de mire (voir: https://www.n-tv.de/politik/Bericht-Putin-Vertrauter-will-Nord-Stream-2-wiederbeleben-article25599222.html). L'objectif serait d'entrer en contact avec l'équipe de Donald Trump via des hommes d'affaires américains afin de mettre fin à la guerre en Ukraine et de relancer les livraisons d'énergie en Europe. On en est encore au stade des discussions, mais les dimensions géopolitiques ne sont pas à négliger.

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Warnig (photo), qui a des racines en RDA et des liens étroits avec le Kremlin, est cité comme principale force motrice de ce projet. Le Financial Times fait état de négociations officieuses avec l'entourage de Trump: la paix en Ukraine contre des livraisons de gaz - avec des avantages pour les Etats-Unis. Warnig nie tout rôle et renvoie à sa situation de personne sous sanction. Son passé d'acteur à l'intersection de l'Est et de l'Ouest fait toutefois de lui un candidat plausible pour de telles discussions, qui pourraient tout autant attiser les tensions que créer des opportunités.

Trump et les États-Unis : l'énergie comme outil stratégique

Dans l'équipe de Trump, Nord Stream 2 est considéré comme un levier potentiel - non seulement pour le gaz, mais aussi pour l'influence sur l'Europe et la Russie. Des investisseurs comme Stephen Lynch se montrent intéressés et un fonctionnaire américain parle d'une opportunité de « restaurer la confiance avec la Russie ». Le Financial Times interprète cela comme le signe d'un rapprochement avec Moscou et stylise presque Trump comme un traître aux valeurs occidentales - un récit qui rappelle la polarisation de l'élection de 2024. Mais il s'agit moins de trahison que de pragmatisme: les sanctions pourraient être assouplies afin de garantir des avantages géopolitiques.

En mars 2025, la CDU et le SPD allemands explorent la possibilité d'une coalition, après l'effondrement du gouvernement dit "feu tricolore". Friedrich Merz, chancelier potentiel, est confronté à des défis peu clairs - il n'est pas certain qu'il soit au courant des discussions relatives à Nord Stream 2. Sa ligne met l'accent sur la force économique et la distance à prendre vis-à-vis de la Russie, mais la SPD pourrait avoir d'autres priorités. En l'absence d'informations claires, Berlin reste réactif plutôt que créateur d'opportunités réelles - une situation qui affaiblit la position allemande, alors que de grandes puissances comme les Etats-Unis et la Russie pourraient tirer les ficelles du jeu.

L'Europe : entre dépendance et autonomie

L'UE suit ces développements avec inquiétude. Après s'être détournée du gaz russe depuis 2022, une nouvelle dynamique menace désormais - non pas par le seul jeu de Washington, mais par l'interaction de grandes puissances. Un diplomate de l'UE met en garde anonymement: « Nous pourrions être broyés entre les intérêts des Etats-Unis et de la Russie ». L'Allemagne, très marquée par le sabotage de Nord Stream 1, est confrontée à un numéro d'équilibriste: la coopération énergétique pourrait apporter de la stabilité, mais le prix à payer serait une érosion de sa propre capacité d'action.

Les discussions sur Nord Stream 2 reflètent un monde en pleine mutation. Trump poursuit des objectifs pragmatiques, Poutine utilise des réseaux éprouvés et l'Europe cherche sa place. Le Financial Times peut présenter Trump comme un déviant, mais le véritable drame réside dans la lutte entre les grandes puissances. Si les plans prennent forme, l'Ukraine pourrait devenir un enjeu de négociation, tandis que l'UE perdrait de son poids. Pour l'Allemagne, ce serait une épreuve de force entre coopération et autonomie - sans que Berlin ne prenne pour l'instant l'initiative.

Perspectives d'avenir : Un terrain de jeu ouvert

Nord Stream 2 n'est pas encore un fait, mais les discussions dessinent les contours d'un nouvel ordre. Il s'agit d'énergie, d'influence et de savoir qui fixe les règles du jeu. Trump et Poutine pourraient forger un axe, tandis que l'Allemagne et l'UE hésitent entre adaptation et résistance.

Cette évolution le montre : la géopolitique est un jeu de pouvoir dans lequel les valeurs ne sont souvent que des décors - et les prochaines étapes pourraient marquer le monde de manière durable.

lundi, 03 février 2025

L'UE envisage un retour au gaz russe comme gage de paix

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L'UE envisage un retour au gaz russe comme gage de paix

Source: https://report24.news/eu-erwaegt-rueckkehr-zu-russischem-...

Un débat controversé se profile au sein de la politique énergétique européenne concernant la possible reprise des importations de gaz russe. Selon des informations provenant de cercles européens, des discussions intenses ont lieu à huis clos à Bruxelles sur la réactivation des infrastructures de gazoducs dans le cadre d’un éventuel accord de paix pour l’Ukraine.

L'Allemagne et la Hongrie, soutenues par plusieurs autres États membres de l’UE, considèrent la reprise des relations gazières avec Moscou comme un moyen potentiel de réduire les coûts énergétiques élevés en Europe. Un haut fonctionnaire de l'UE, souhaitant rester anonyme, a confié au Financial Times: « La pression exercée par certains grands États membres en raison des prix de l’énergie est considérable, et cela pourrait être une solution pour les faire baisser. »

Nord Stream 2 sera-t-il réparé ?

Ce débat s’inscrit dans un contexte de flambée spectaculaire des prix de l’énergie en Europe, qui ont atteint trois à quatre fois le niveau des États-Unis. Avant la guerre, le gaz russe acheminé par gazoducs couvrait environ 40% des besoins de l’UE, l’Allemagne étant le principal importateur. Dans ce cadre, il est intéressant de noter que le Danemark a récemment autorisé Gazprom à effectuer des travaux de réparation sur Nord Stream 2, officiellement pour des raisons environnementales.

Des avis partagés parmi les pays de l'UE

La société slovaque EP Infrastructure, qui subit des pertes annuelles de transit de 500 millions d’euros en raison de l’arrêt des livraisons, y voit une opportunité économique. Son PDG, Gary Mazzotti, déclare : « Lorsque viendra le jour de la paix, des discussions majeures auront inévitablement lieu sur les volumes de gaz appropriés pour l’Europe et leur provenance. »

Cependant, cette initiative rencontre une opposition farouche, notamment de la part des États membres d’Europe de l’Est. « C’est de la folie », s’exclame un diplomate européen haut placé. Les détracteurs estiment que cela compromettrait des années d’efforts pour réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Les exportateurs américains de gaz naturel liquéfié (GNL) partagent également ces inquiétudes, craignant que leurs contrats d’approvisionnement à long terme avec les entreprises européennes deviennent non rentables face à un gaz russe acheminé par pipeline à moindre coût.

La Commission européenne prône l’abandon du gaz russe

Jusqu’à présent, la Commission européenne maintient officiellement son objectif d’éliminer totalement les combustibles fossiles russes d’ici 2027. Le commissaire à l’Énergie, Dan Jørgensen, prévoit de présenter en mars un plan détaillé pour atteindre cet objectif.

Ce débat illustre les tensions croissantes entre les intérêts économiques et les objectifs géopolitiques de la politique énergétique européenne. Tandis que certains perçoivent dans la reprise des relations gazières avec la Russie une voie vers la paix et une baisse des prix de l’énergie, d’autres mettent en garde contre une dépendance dangereuse vis-à-vis de Moscou.

samedi, 25 janvier 2025

Le curieux cas azéri

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Le curieux cas azéri

Par Enrico Tomaselli

Source : Giubbe Rosse & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/lo-strano-caso-az...

L’Azerbaïdjan, un pays bien situé dans la zone stratégiquement croissante de l’Asie centrale, se trouve, d’un point de vue géopolitique, dans l’orbite des pays turcophones et constitue sans aucun doute le meilleur allié d’Ankara. Le gouvernement de Bakou a récemment ravivé ses revendications envers l’Arménie, tant concernant l’enclave du Haut-Karabagh (question réglée par le rapide conflit de septembre 2023) que, surtout, sur la question du corridor de Zanguezour, censé relier la République autonome du Nakhitchevan au reste de l’Azerbaïdjan, en passant par la région arménienne du Syunik.

De son côté, l’Arménie, traditionnellement située dans l’orbite russe, a récemment amorcé un rapprochement progressif avec l’Occident (UE, OTAN), s’éloignant de Moscou. Après la désastreuse défaite de 2023, dont Erevan porte une part importante de responsabilité, ce rapprochement s’est encore accentué, notamment via la France – un pays traditionnellement ami, qui accueille une importante communauté issue de la diaspora arménienne.

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La question du corridor de Zanguezour est en effet au cœur de tensions plus larges, car l’Iran s’y oppose fermement. Sa création couperait les voies de transit iraniennes vers le nord-ouest, via l’Arménie. De plus, l’Azerbaïdjan – grâce aux oléoducs turcs – est un fournisseur clé de pétrole pour Israël, avec lequel Bakou entretient d’excellentes relations, notamment dans le domaine de la défense. Téhéran a donc plusieurs raisons de se retrouver en conflit avec son voisin.

Par ailleurs, Bakou et Ankara manœuvrent pour mettre l’Iran sous pression, notamment dans le domaine énergétique. La société d’État azérie Socar a annoncé des investissements de plus de 17 milliards de dollars en Turquie, principalement dans la production de composants nécessaires au raffinage. Ainsi, le pétrole azéri, acheminé par l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui transporte le brut de la mer Caspienne à la Méditerranée via la Turquie, sera raffiné sur place, renforçant encore davantage le lien entre les deux États.

Cependant, la région du Moyen-Orient élargi est un tel enchevêtrement d’intérêts qu’il peut s’y passer n’importe quoi.

Et voici qu’un accord trilatéral (en cours de définition) entre la Russie, l’Iran et l’Azerbaïdjan est annoncé. Celui-ci prévoit la construction d’un gazoduc qui, traversant l’Azerbaïdjan, fournira initialement à l’Iran 2 milliards de mètres cubes de gaz par an, avec pour objectif d’atteindre 55 milliards de mètres cubes. La capacité maximale prévue de ce gazoduc devrait être équivalente à celle du Nord Stream. Cet accord, d’une durée de 30 ans, permettra de livrer du gaz russe à l’Iran, tant pour la consommation intérieure que pour les pays voisins.

Bien que l’Iran détienne la deuxième plus grande réserve mondiale de gaz naturel (34 trillions de mètres cubes, après la Russie), il fait face à une pénurie de carburant, la demande en gaz dépassant la production. La plupart des réserves restent inexploitées en raison des sanctions imposées par les États-Unis, qui bloquent les investissements et les avancées technologiques. De plus, les principaux gisements de gaz iraniens sont situés dans le sud du pays, alors que les principaux consommateurs se trouvent dans le nord, où le climat est particulièrement rigoureux. Ainsi, en hiver, l’Iran doit faire face à un déficit quotidien d’au moins 260 millions de mètres cubes de gaz, mettant à rude épreuve l’approvisionnement en électricité.

Évidemment, Bakou, en plus de tirer des revenus des droits de passage, pourrait également bénéficier d’une partie du gaz transporté. Si, comme cela semble probable, l’accord est finalisé, une situation d’intérêts partagés plus forte pourrait se créer entre les trois pays. Cela pourrait, à terme et dans une certaine mesure, mener à une résolution négociée des différends entre l’Iran et l’Azerbaïdjan, ainsi qu’à une réduction limitée de l’influence turque dans la région.

En somme, le grand jeu géopolitique continue…

mercredi, 22 janvier 2025

Le rôle des États-Unis dans l'attaque ukrainienne contre TurkStream

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Le rôle des États-Unis dans l'attaque ukrainienne contre TurkStream

Interview de Mehmet Perinçek et Onur Sinan Güzaltan au quotidien russe Izvestia

Le ministère russe de la défense a annoncé que l'armée ukrainienne avait attaqué, à l'aide de drones, une station de compression de la région de Kransnodar qui fournit du gaz naturel au gazoduc TurkStream. La déclaration indique que les neuf drones utilisés dans l'attaque ont été détruits par les systèmes de défense aérienne et que le gazoduc a continué à fonctionner normalement.

Mehmet Perinçek et Onur Sinan Güzaltan, auteurs à l'UWI, ont évalué l'attaque des drones de l'armée ukrainienne contre le gazoduc TurkStream pour le quotidien russe Izvestia.

L'Ukraine et l'accord avec les États-Unis contre le TurkStream

Perinçek a déclaré que l'attaque ukrainienne n'était pas surprenante et a évalué la question comme suit : « Cette attaque n'est pas surprenante, car il ne s'agit pas de la première tentative. Kiev avait déjà essayé de détruire le gazoduc TurkStream, il y a donc eu d'autres tentatives. Et non seulement cela, mais ils ont également annoncé officiellement qu'ils voulaient interférer avec le travail du TurkStream, ils ont signé un mémorandum avec Washington il y a 5 ou 6 ans. Les États-Unis et l'Ukraine ont officiellement annoncé qu'ils voulaient coopérer contre le TurkStream ».

Il ajoute que le projet de fonder un « régime de Kiev » a été créé artificiellement, car les autorités ukrainiennes ne reflètent pas la volonté du peuple. Par conséquent, a souligné l'interlocuteur de la publication, ce projet est dirigé non seulement contre la Russie, mais aussi contre la Turquie, dans le contexte de la politique américaine et dans le cadre de la crise au Moyen-Orient.

« Les plans américains en Ukraine, en Syrie et en Méditerranée orientale sont tous liés. Par conséquent, la réponse à cette attaque [des forces armées ukrainiennes] ne peut se faire qu'en coopération avec la Russie et d'autres pays qui souffrent également de l'agression américaine », a conclu l'expert.

Perinçek a souligné que pour assurer la sécurité dans la mer Noire, la Turquie et la Russie devraient travailler selon un plan commun.

L'attaque de TurkStream en Ukraine et la rencontre Trump-Poutine

Güzaltan, quant à lui, a attiré l'attention sur le fait que l'attaque s'est produite au moment où la rencontre entre Trump et Poutine avait été prévue et il a énoncé l'analyse suivante :

« Je pense que l'« État profond » américain est derrière ces attaques, ainsi que les Britanniques, et je suis sûr qu'il s'agit d'une attaque majeure contre les relations turco-russes. Ils ont déjà attaqué les gazoducs Nord Stream pour endommager et perturber les relations russo-européennes. Et je crois qu'ils essaient maintenant de faire la même chose contre les relations turco-russes, pour que la Turquie condamne la Russie ».

Selon lui, le gouvernement turc comprend que cette provocation a eu lieu

Cette attaque a eu lieu juste avant les négociations prévues entre le président américain nouvellement élu, Donald Trump, et le dirigeant russe Vladimir Poutine. L'expert a admis qu'Ankara condamnerait l'attaque. « Aujourd'hui, le problème de l'énergie est le problème numéro un dans le monde. Et bien sûr, le gaz russe joue un rôle très important pour la Turquie. De plus, ces gazoducs sont également importants pour l'Europe. Je veux dire que maintenant que le passage du gaz de la Russie à l'Ukraine vers l'Europe est bloqué, l'Europe souffre. Par conséquent, ceux qui ont causé le problème du gaz en Ukraine essaient de causer le même problème entre la Turquie et la Russie. Mais la cible principale sera l'Europe », a conclu M. Güzaltan.

Article original par United World International :

https://unitedworldint.com/36228-the-uss-role-in-the-ukra...

lundi, 20 janvier 2025

Zelensky attaque le Turkstream pour mettre l’Europe à genoux tout en lui demandant plus d’argent

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Zelensky attaque le Turkstream pour mettre l’Europe à genoux tout en lui demandant plus d’argent

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/zelensky-attacca-il-turkstream-...

Nous avons là un nouvel acte dans la guerre de Zelensky contre l’Europe. Le criminel de Kiev a lancé une attaque contre le Turkstream, le gazoduc qui approvisionne non seulement la Turquie, mais aussi une partie des pays d’Europe orientale et sud-orientale. De la Grèce à la Bulgarie, de la Macédoine du Nord à la Serbie, de la Roumanie à la Hongrie.

Une attaque visant à reproduire le désastre provoqué en Europe occidentale par la destruction des deux gazoducs Nord Stream qui transportaient le gaz russe vers l’Allemagne. Un attentat qui a lourdement endommagé l’économie européenne – pas seulement l’économie allemande –, mais que les euro-incompétents ont soigneusement évité de sanctionner. Après tout, ce sont les citoyens soumis qui paient pour les manigances d’Ursula et de son complice Zelensky.

La bande de Kiev exige donc plus d’argent de l’Europe, alors même que ses attaques contre les gazoducs appauvrissent davantage ce même continent. Enrichissant par la même occasion les États-Unis, qui peuvent vendre leur gaz liquéfié à des prix plus élevés, empocher des profits et réduire la compétitivité du Vieux Continent.

Seuls les serviteurs au pouvoir dans les pays européens peuvent croire qu’il s’agit de manœuvres improvisées, non coordonnées pour nuire à l’économie européenne. Et malgré une désinformation qui a désormais atteint des sommets aussi vertigineux que ridicules, les peuples européens commencent à s’en rendre compte. Tandis que ces mêmes journaux qui, en 2022, assuraient que Moscou n’avait plus de missiles et que les soldats russes combattaient avec des pelles, prétendent aujourd’hui que la Russie a déjà perdu la guerre parce qu’elle n’a plus d’argent.

lundi, 06 janvier 2025

Trump veut couper la Chine du pétrole bon marché iranien

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Trump veut couper la Chine du pétrole bon marché iranien

Source: https://report24.news/trump-will-china-vom-billigen-irani...

L’Iran continue d’exporter d’énormes quantités de pétrole vers la Chine malgré les sanctions américaines. Donald Trump veut y mettre fin. Mais ce ne sera pas si facile. Le monde est devenu plus multipolaire. D’un autre côté, Pékin mise de plus en plus sur la réduction de sa dépendance aux importations de pétrole.

Depuis des années, la Chine achète joyeusement du pétrole à l’"État voyou" iranien, contournant toutes les sanctions – et maintenant Donald Trump menace de détruire ce modèle économique lucratif. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: sous l’administration Biden, jugée trop passive, la production de pétrole iranien est passée de 2 millions de barils par jour à 3,2 millions. Un cadeau pour la Chine, qui couvre 13% de ses besoins en pétrole grâce à l’Iran – évidemment par des voies détournées, aussi opaques que la soupe d’un restaurant de rue à Pékin.

Particulièrement astucieux: le détour par la Malaisie. Ce pays exporte soudainement 1,456 million de barils par jour vers la Chine alors qu’il ne produit lui-même que 0,35 million. Pas besoin d’être un génie des mathématiques pour comprendre que quelque chose ne tourne pas rond. Une flotte de vieux pétroliers, qui désactivent leurs transpondeurs comme des adolescents éteignent leurs téléphones en classe, rend cela possible.

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Mais Trump, le trouble-fête de Mar-a-Lago, a déjà sonné la trompette de guerre: «Quiconque achète du pétrole à l’Iran ne fera plus d’affaires avec l’Amérique». Une formule simple qu’il a déjà utilisée avec succès dans le passé. À l’époque, la production de pétrole iranien avait rapidement chuté. Cependant, cette fois-ci, la situation est plus complexe: la Chine et l’Iran ont mis en place un système commercial sophistiqué qui contourne le dollar comme le diable fuit l’eau bénite. Ils négocient en yuans, utilisent un réseau d’intermédiaires et rient sous cape.

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Pendant que ce drame se déroule, une évolution encore plus significative se dessine en arrière-plan: l’Inde dépasse la Chine en tant que moteur de la croissance de la demande mondiale de pétrole. Tandis que la Chine, avec sa politique agressive en faveur des véhicules électriques, réduit sa consommation de pétrole, l’Inde continue de s’appuyer sur les combustibles fossiles. Cette transition est compréhensible pour Pékin, d’autant plus que le pays fait partie des principaux producteurs de matières premières essentielles à l’électromobilité, ce qui lui permet de réduire sa dépendance aux importations.

Ironie de l’histoire : la tentative de Trump d’isoler l’Iran pourrait précisément provoquer des turbulences sur le marché mondial du pétrole – et ainsi compromettre sa promesse de garantir aux Américains des prix bas à la pompe. Mais qui a jamais dit que la géopolitique devait être logique ? La lutte pour l’or noir, toujours essentiel à l’économie mondiale, entre dans une nouvelle phase.

vendredi, 03 janvier 2025

L’aggravation de la crise énergétique européenne

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L’aggravation de la crise énergétique européenne

Lucas Leiroz,

membre des Associations des journalistes des BRICS, chercheur au Centre d’Études Géo-Strategiques, spécialiste militaire.

Source: https://jornalpurosangue.net/2024/12/26/o-agravamento-da-...

Les sanctions contre la Russie continuent d’entraîner des conséquences économiques extrêmement négatives pour les pays occidentaux eux-mêmes, en particulier en Europe, où la crise énergétique semble loin d’être résolue. Selon des rapports récents, les États européens sont déjà en train d’épuiser leurs réserves de gaz, ce qui les expose à un risque élevé de pénurie massive dans les mois à venir. Cela montre clairement à quel point l’Union européenne a agi de manière irresponsable et contre-productive en mettant en œuvre des mesures coercitives qui n’ont pas affecté Moscou, mais ont profondément nui à l’Europe elle-même.

D’après le Financial Times (FT), l’Union européenne augmente ses prélèvements dans les installations de stockage de gaz tout en lançant un effort sans précédent pour accumuler de nouvelles réserves, face au risque élevé de pénurie. Le journal précise que la quantité de gaz en stock a diminué de 19%, atteignant son plus bas niveau depuis la crise énergétique de 2021.

Depuis septembre, le niveau de stockage de gaz de l’UE est tombé à 75%, contre 90% à la même période l’année dernière. Ce niveau est considéré comme bas et suscite des préoccupations parmi les responsables, car il est fortement recommandé que les pays maintiennent des réserves importantes de gaz, en particulier pendant l’hiver, lorsque la consommation d’énergie est plus élevée.

« L’UE vide ses installations de stockage de gaz au rythme le plus rapide depuis la crise énergétique d’il y a trois ans, à mesure que le climat plus froid augmente la demande et que le continent fait face à une baisse des importations maritimes (…). La dernière fois que les réserves de gaz du continent ont été épuisées aussi rapidement à la mi-décembre remonte à 2021, lorsque la Russie a commencé à réduire l’approvisionnement en gaz par pipeline avant son invasion à grande échelle de l’Ukraine. Les niveaux de stockage de l’UE sont désormais à 75% (…) alors qu’ils étaient proches de 90% à la mi-décembre l’année dernière », rapporte l’article du FT.

Les experts occidentaux ont identifié le froid hivernal en Europe comme la principale cause de la crise énergétique, un argument qui semble fallacieux. Certes, la consommation d’énergie augmente en hiver, car le froid oblige à intensifier l’utilisation d’appareils électriques et de systèmes de chauffage – tous deux dépendants du gaz. Cependant, cela n’est pas suffisant pour expliquer les causes de la crise.

Le problème du gaz en Europe réside dans l’absence d’une source abondante et bon marché de cette ressource. Autrefois, en maintenant un partenariat énergétique avec la Russie, les pays européens, en particulier les grandes puissances industrielles comme l’Allemagne, disposaient d’une source de gaz sûre, peu coûteuse et pratiquement illimitée, permettant aux citoyens et aux entreprises de consommer de l’énergie à grande échelle sans s’inquiéter des problèmes d’approvisionnement. Cette situation a changé en 2022, lorsque l’UE a décidé de suivre le mouvement irresponsable des sanctions anti-russes promues par les États-Unis.

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En rompant la coopération avec la Russie, les pays de l’UE ont perdu l’accès à la source d’énergie la plus fiable du continent européen, devenant dépendants de sources étrangères – dont beaucoup nécessitent des routes longues et coûteuses, comme le gaz américain. De plus, comme le soulignent les experts du Financial Times, l’intégration de l’Europe au marché mondial du gaz en a fait un simple acheteur dans un environnement concurrentiel où plusieurs pays cherchent simultanément à accéder à cette ressource. En raison de leurs problèmes économiques actuels, les États européens ont des difficultés à rivaliser pour l’achat de gaz, notamment face aux importations des pays asiatiques, ce qui aggrave encore la situation.

Dans la pratique, la crise énergétique et économique de l’Europe constitue un cercle vicieux : sans le gaz russe, les pays européens n’ont pas suffisamment d’énergie pour alimenter leurs industries, ce qui entraîne une dégradation de leur situation économique. Sans industrie, il n’y a pas d’argent pour importer du gaz en quantités suffisantes, rendant impossible de sortir de ce cycle de crise. Toutes les alternatives actuelles d’importation sont coûteuses et ne répondent pas aux besoins européens aussi efficacement que celles de la Russie avant les sanctions. Cette situation risque de s’aggraver encore davantage, puisque le régime de Kiev a promis d’interdire l’approvisionnement en gaz russe vers l’Europe via son territoire, mettant fin une fois pour toutes à ce qu’il restait du partenariat énergétique entre la Russie et l’UE.

En vérité, l’avenir de l’Europe semble incertain et dangereux. L’UE subit les conséquences de ses propres erreurs, bien qu’elle semble incapable de le comprendre ou de prendre des mesures pragmatiques pour inverser ses décisions. Tant que les sanctions ne seront pas levées, il n’y aura ni progrès économique ni amélioration sociale en Europe.

Vous pouvez suivre Lucas Leiroz sur : https://t.me/lucasleiroz  et https://x.com/leiroz_lucas.

mercredi, 18 décembre 2024

Politique énergétique et instabilité en Syrie

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Politique énergétique et instabilité en Syrie

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2024/12/10/energiapolitiikkaa-ja-...

La chute du régime d’Assad et le passage (du moins pour l’instant) de la Syrie aux mains des rebelles islamistes ont surpris beaucoup de monde. Dans une tentative de comprendre ces événements qui furent rapides, toutes sortes de théories et d’hypothèses ont été avancées, mais la majorité des informations reste pure spéculation, faute de faits concrets.

Il y a des années déjà, on estimait que la « guerre civile » syrienne avait éclaté lorsque Assad avait refusé le projet de gazoduc soutenu par l’Occident, le Qatar et la Turquie. Ainsi est née la narration médiatique dominante d’un « régime tyrannique » contre lequel luttait « l’opposition syrienne », avec ses casques blancs. Dans cette théorie, la Russie serait intervenue pour consolider ses propres intérêts en matière de politique énergétique.

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Tout le tumulte dans la région trouve ses origines dans le programme américain Timber Sycamore, qui a financé et armé divers groupes combattant le gouvernement syrien. Les vassaux occidentaux, à savoir l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie et la Jordanie, ont également soutenu les rebelles. Israël, fidèle à sa politique, a soigné dans ses hôpitaux des terroristes qui combattaient Assad.

Après la chute de Damas ce week-end, les forces israéliennes se sont empressées de pénétrer plus profondément en Syrie. L’armée de l’air israélienne a déjà effectué plus d’une centaine de frappes aériennes contre des cibles militaires. L’armée sioniste a détruit des avions de combat, des hélicoptères, des systèmes de défense aérienne et des dépôts d’armes, sous prétexte d’assurer sa propre sécurité.

Il s’agit de l’une des plus grandes opérations offensives de l’histoire de l’armée de l’air israélienne. Contrairement à ce que les États-Unis avaient fait en se retirant d’Afghanistan, aucun équipement militaire fonctionnel n’a été laissé au nouveau gouvernement. Il est donc probable que les rebelles islamistes ne puissent pas établir un émirat en Syrie à l’image de ce que fit le mouvement taliban.

Israël ne souhaite ni une Syrie forte ni unifiée. Son plan serait plus compatible avec une région plongée dans l’instabilité. La Syrie pourrait devenir une nouvelle Libye, où des seigneurs de guerre et divers groupes s’affronteraient, tandis qu’à proximité, un État sécuritaire extrémiste juif étendrait ses colonies. Qu’adviendra-t-il alors des ambitions ottomanes d’Erdoğan dans cette équation?

Selon l’Arabie saoudite, les sionistes cherchent à saboter les possibilités pour les Syriens de retrouver des conditions de vie sûres. L’Irak et le Qatar ont également condamné les actions d’Israël, mais qui pourrait réellement empêcher le régime de Tel Aviv d’agir ? L’administration Biden prétend soutenir le nouveau gouvernement syrien.

Les hauteurs du Golan, illégalement occupées, sont désormais considérées par les sionistes comme une « partie intégrante de l’État d’Israël ». Israël a annexé les hauteurs du Golan syrien en 1981, après quoi la compagnie énergétique américaine Genie Energy, appartenant à des intérêts judéo-américains, a commencé à y forer du pétrole. L’intérêt de diverses parties pour la Syrie semble être lié non seulement à des objectifs géopolitiques, mais aussi à des projets énergétiques, notamment pétroliers et gaziers.

Quel que soit l’avenir de la Syrie, les 54 années de règne de la famille Assad ont pris fin. Né en 1965, Bachar al-Assad a au moins évité le sort de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi, obtenant un refuge en Russie, où lui et sa famille pourront mener une vie luxueuse à l’abri de la politique.

lundi, 16 décembre 2024

Syrie, Qatar, Turquie, gazoducs: la partie durera encore très longtemps...

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Syrie, Qatar, Turquie, gazoducs: la partie durera encore très longtemps...

Par Pierluigi Fagan

Source : Pierluigi Fagan & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/partite-lunghe

À une question précise posée tout récemment, le ministre turc des ressources naturelles a répondu ce qui suit lorsqu’on a évoqué le vieux projet du gazoduc Qatar-Turquie (passant par la Syrie): «Pour une Syrie qui a atteint l’unité et la stabilité, pourquoi pas?». Il a ajouté: «Si cela se produit, la route doit être sécurisée. Nous espérons que ce sera le cas, car c’est notre souhait». De quoi s’agit-il?

Certains analystes avaient jadis identifié ce projet, refusé à l’époque par Assad, comme la véritable cause sous-jacente à ces années sanglantes de conflit qui ont ravagé la Syrie, guerre interne menée par l'intervention de milices djihadistes. L’an dernier, après 12 ans, la Ligue arabe avait réintégré Assad dans son cercle à la majorité, malgré l’opposition marquée du Qatar. De plus, on rapporte plusieurs tentatives récentes d’Erdogan pour conclure un accord avec Assad; elles ont toujours été repoussées.

Un troisième indice (incertain) concerne la possible affiliation de HTS (Hayat Tahrir al-Sham) d’al-Jolani aux Frères musulmans. Après de nombreuses volte-face qui ont fait passer HTS d’un mouvement proche d’al-Qaïda à une entité encore mal définie, certains analystes estiment qu’il pourrait être lié au Frères musulmans, traditionnellement soutenus par le duo Qatar-Turquie. Le conflit syrien, en tant que « guerre civile » (donc dans sa dimension interne), remonte à la forte opposition entre le parti Baath, arrivé au pouvoir par un coup d’État militaire, et les FM (conflit qui a notamment été visibilisé par le massacre de Hama, causant entre 10.000 et 25.000 morts).

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Les premières déclarations d’al-Jolani en Syrie concernant les intentions politiques pour un nouvel État syrien semblaient improbables à beaucoup, amalgamant des salafistes politico-militaires comme les FM avec des groupes uniquement militaires (comme al-Qaïda ou Daech). Cependant, elles paraissent alignées sur l’idéologie des FM, qui vise à instaurer un État islamique par des moyens politiques et constitutionnels, idéalement par des élections régulières, comme celles qui ont porté Morsi au pouvoir en Égypte (avant d’être renversé en 2013 par un coup d’État de Sissi, soutenu par l’Occident).

Deux derniers points :

    - Ce supposé projet de gazoduc, ou du moins son concept, pourrait être une carte utilisée par la Turquie et le Qatar pour s’insérer dans les réarrangements régionaux initiés par l’accord d’Abraham (sous Trump) et poursuivis par la « Route du coton » (sous Biden). Cette idée sous-tend la guerre qu’Israël a menée contre Gaza et le Hamas, le Liban et le Hezbollah, et maintenant la Syrie, avec un œil sur l’Iran. Aucune de ces initiatives ne pouvait se concrétiser sans réduire les interférences iraniennes, comme Netanyahu l’a souvent déclaré à l’ONU, cartes et marqueurs à l’appui. Cependant, ce projet marginaliserait la Turquie et surtout le Qatar, qui a perdu son levier local qu’était le Hamas (lui-même proche des FM). En créer une alternative permettrait de proposer un élargissement du projet et d’y être inclus d’une manière ou d’une autre.

    - L’idée initiale du gazoduc qatari, exploitant le plus grand gisement de gaz naturel connu (South Pars/North Dome, partagé entre le Qatar et l’Iran), prévoyait un passage par l’Arabie saoudite. Mais cela semble improbable, l’Arabie saoudite ayant son propre projet aligné sur une stratégie de pacification régionale avec des débouchés en Israël. Bien que les relations entre l’Arabie saoudite et le Qatar se soient quelque peu normalisées, les tensions persistent entre les deux, notamment quant à l’hégémonie religieuse à exercer au sein de l’islam. Une alternative serait de passer par l’Irak, ce qui nécessiterait un accord avec l’Iran. Les relations entre le Qatar et l’Iran étant historiquement excellentes, une coopération entre la Turquie et l’Iran pourrait émerger dans le nouveau contexte multipolaire.

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Ce tracé pourrait se connecter au projet Nabucco turc, apportant de l’énergie en Europe pour remplacer les flux russes.

Enfin, bien que le maintien au pouvoir d’Assad ne plaise pas à la Russie et à l’Iran, une telle solution déplairait encore plus à l’Égypte. Selon le Wall Street Journal de la semaine dernière, l’Égypte et la Jordanie auraient conseillé à Assad de se retirer volontairement en formant un gouvernement légitime en exil. Assad, cependant, a remporté les dernières élections avec 88,7 % des voix. Pour les stratégies fréristes, la légitimité est essentielle.

On peut le dire, la partie durera encore très longtemps…

20:11 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : syrie, turquie, qatar, gaz, gazoducs, proche-orient, levant, hydrocarbures | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 10 décembre 2024

La guerre des gazoducs en Syrie est désormais remportée par les Américains

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La guerre des gazoducs en Syrie est désormais remportée par les Américains

Source: https://dissident.one/de-syrische-pijpleidingenoorlog-is-...

Comme vous vous en souvenez peut-être, l’une des raisons du déclenchement de la guerre en Syrie était le gaz.

Plus précisément, la question portait sur quel gazoduc serait utilisé pour transporter le gaz du gisement de Pars, le plus grand du monde, partagé entre le Qatar et l’Iran, vers l’Europe.

Les deux gazoducs devaient traverser la Syrie, et celui qui contrôle la Syrie pouvait décider si l’Europe serait alimentée en gaz par l’Iran, allié de la Russie, ou par le Qatar, allié des États-Unis.

Posobiec est un individu controversé, ayant servi à Guantanamo, et tout Américain ayant servi là-bas est coupable de torture sur des innocents, le crime le plus vil. Cependant, il a publié un tweet pertinent, et cela mérite d’être noté, même si cela dérange. Dans ce Tweet, il écrivait: Why does the CIA care about Syria so much you ask? Well right before the CIA and ‘moderate jihadists’ began the dirty war in Syria to oust Assad, he cancelled the US-backed Qatar pipeline project . Once again, maps cut through the rhetoric - Pourquoi la CIA se soucie-t-elle tant de la Syrie, me direz-vous? Eh bien, tout juste avant que la CIA et les "djihadistes modérés" ne commencent leur sale guerre en Syrie pour chasser Assad, ce dernier avait rejeté le projet de gazoduc du Qatar, soutenu par les Etats-Unis. Une fois de plus, les cartes en disent plus long que toute rhétorique (voir la carte en tête du présent article).

Pepe Escobar a écrit un article à ce sujet en 2015 :

La Syrie est une guerre énergétique. Au cœur de la question se trouve une compétition géopolitique féroce entre deux gazoducs proposés. C’est l’ultime « guerre de Pipelinestan », un terme que j’ai inventé il y a longtemps pour désigner les champs de bataille énergétiques impériaux du 21ᵉ siècle.

Tout a commencé en 2009, lorsque le Qatar a proposé à Damas de construire un gazoduc depuis son champ gazier du Nord – adjacent au champ gazier de South Pars appartenant à l’Iran – à travers l’Arabie saoudite, la Jordanie et la Syrie jusqu’à la Turquie, pour approvisionner l’UE.

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En 2010, Damas a choisi de soutenir un projet concurrent : le gazoduc Iran-Irak-Syrie de 10 milliards de dollars, également connu sous le nom de « pipeline islamique ». L’accord a été officiellement annoncé en juillet 2011, alors que la tragédie syrienne était déjà en cours. En 2012, un protocole d’accord a été signé avec l’Iran.

Jusqu’à cette époque, la Syrie était perçue comme géostratégiquement insignifiante par rapport aux riches ressources pétrolières et gazières des pays du CCG. Mais les initiés savaient déjà l’importance de la Syrie comme corridor énergétique régional. Plus tard, cela a été renforcé par la découverte de sérieux potentiels pétroliers et gaziers offshore.

L’Iran, de son côté, est un géant établi du pétrole et du gaz. À Bruxelles, des rumeurs persistantes ont alimenté une excitation à peine contenue à propos du "pipeline islamique", qui aurait pu être la stratégie idéale pour réduire la dépendance à Gazprom. Cependant, l’Iran était sous sanctions américaines et européennes en raison de son programme nucléaire.

Cela est finalement devenu une raison stratégique majeure, du moins pour les Européens, de rechercher une solution diplomatique au dossier nucléaire iranien. Un Iran « réhabilité » (aux yeux de l’Occident) pourrait devenir une source énergétique clé pour l’UE.

Cependant, du point de vue de Washington, un problème géostratégique demeurait : briser l’alliance entre Téhéran et Damas, et à terme, entre Téhéran et Moscou.

L’obsession de Washington selon laquelle « Assad doit partir » est une hydre à plusieurs têtes. Elle comprend la rupture de l’alliance entre la Russie, l’Iran, l’Irak et la Syrie (désormais connue sous le nom d’alliance « 4+1 », incluant le Hezbollah, qui combat activement toutes les formes de jihadisme salafiste en Syrie). Elle vise également à isoler leur coordination énergétique, au profit des clients pétrodollars du Golfe liés aux géants de l’énergie américains.

* * *

Nord Stream

Cette guerre est maintenant terminée et le vainqueur est clair. Ajoutez à cela le sabotage de Nord Stream par les Américains, qui acheminait du gaz russe vers l’Europe, et il est évident que les États-Unis ont désormais une emprise totale sur l’approvisionnement énergétique de leurs vassaux européens.

Pour la partie du projet chinois de la « Route de la soie » en direction de l’Europe qui traverse la Syrie, c’est également une mauvaise nouvelle. Des articles sur les conséquences de la fin très provisoire de cette guerre suivront certainement bientôt.

mardi, 06 août 2024

Bruxelles fait-elle chanter la Hongrie et la Slovaquie en ne condamnant pas le boycott du pétrole par l'Ukraine?

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Bruxelles fait-elle chanter la Hongrie et la Slovaquie en ne condamnant pas le boycott du pétrole par l'Ukraine? 

Source: https://unser-mitteleuropa.com/143168

Les soupçons sont énormes. Le ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, Péter Szijjártó, l'a diplomatiquement formulé ainsi :

"La Commission européenne et la présidente Ursula von der Leyen en personne doivent immédiatement annoncer la couleur : Ont-elles demandé à Kiev, depuis Bruxelles, d'interdire les livraisons de pétrole via l'Ukraine?".

En effet, le 24 juillet, l'Ukraine a placé le pétrole russe "Lukoil", l'un des plus grands groupes pétroliers russes, sur une liste de sanctions. Les livraisons de pétrole brut via l'oléoduc "Amitié" ont ainsi été interrompues, ce qui a mis une pression économique énorme sur les pays favorables à la paix que sont la Hongrie et la Slovaquie.

L'UE boycotte les demandes d'intervention des deux pays de l'UE

Et soutient ainsi les intérêts bellicistes ukrainiens et américains :

"Cela fait plus d'une semaine que nous avons demandé, avec la Slovaquie, des mesures à prendre par la Commission européenne contre l'Ukraine concernant l'interdiction des livraisons de pétrole" - déclare Szijjárto dans son post Facebook.

En clair, cela fait plus d'une semaine que la Commission européenne fait traîner la demande d'aide slovaco-hongroise.

Et comme l'a expliqué Szijjártó, malgré la mise en danger de la sécurité énergétique de deux États membres de l'UE, malgré la violation flagrante de l'accord d'association entre l'UE et l'Ukraine, "Bruxelles reste silencieuse".

Selon Szijjártó, il n'y a que deux possibilités.

- La Commission européenne est aussi faible pour faire valoir les intérêts fondamentaux de deux États membres vis-à-vis d'un pays candidat à l'UE (!) que l'Ukraine.

- Ce n'est pas Kiev qui est derrière le boycott du pétrole, mais Bruxelles : ce n'est donc pas le gouvernement ukrainien, mais la Commission européenne qui veut faire chanter les deux pays favorables à la paix qui refusent de livrer des armes.

"La Commission européenne et la présidente Ursula von der Leyen doivent immédiatement se pencher sur la question : Bruxelles a-t-elle demandé à Kiev d'interdire les livraisons de pétrole ? Et si ce n'est pas le cas, pourquoi la Commission européenne n'a-t-elle pas agi depuis plus d'une semaine ?" - a conclu le ministre hongrois des Affaires étrangères.

Gergely Gulyás, le directeur de la chancellerie d'Orban, a lui aussi ouvertement parlé de chantage en raison de l'attitude pacifiste de la Hongrie et de la Slovaquie.

"Si la situation n'est pas résolue, il peut y avoir une pénurie de carburant. Mais il n'y a pas lieu de paniquer, une solution doit être trouvée d'ici septembre" - a déclaré Gulyás sur "Government Info".

Gulyás a chiffré la perte de "Lukoil" à environ 50 pour cent. Certes, cela pourrait être compensé par d'autres partenaires. Cependant, le prix auquel la société hongroise "MOL" peut acheter joue un rôle.

L'Ukraine dépend elle-même de la raffinerie de Bratislava

Gulyás a également souligné que l'Ukraine achetait de l'électricité et du pétrole raffiné à la Hongrie et que cette dernière aidait également les réfugiés ukrainiens. C'est pourquoi cette mesure est totalement inacceptable.

Dans le même temps, selon les dernières informations, l'Ukraine serait prête à garantir le transit du pétrole brut pour les entreprises non sanctionnées et à résoudre les problèmes de transit avec la Slovaquie conformément à l'accord d'association de l'UE - comme l'a annoncé mardi le vice-ministre ukrainien de l'énergie Roman Andarak. L'Ukraine semble donc vouloir créer la discorde entre Orban et Fico.

Le Premier ministre slovaque Fico aurait également menacé hier, après plusieurs entretiens téléphoniques avec le Premier ministre ukrainien Denis Shmyhal et une rencontre avec l'ambassadeur ukrainien à Bratislava, de cesser de fournir à l'Ukraine du pétrole raffiné à Bratislava, qui représente tout de même 10 % de ses besoins.

Robert Fico a également souligné que "l'action de Kiev nuit à la fois à la Slovaquie, à la Hongrie et à l'Ukraine, alors que l'impact sur la Russie n'est même pas perceptible".

De plus, malgré les fake news des médias occidentaux, les problèmes actuels résultant du boycott du pétrole ne sont pas liés à la Russie. En effet, la décision de restreindre les livraisons de pétrole a été prise uniquement par le président ukrainien Volodymyr Zelensky le 24 juillet.

lundi, 24 juin 2024

Olaf Scholz a tenté de sauver Nordstream 2 ....mais, devenu chancelier, il a bloqué le gazoduc !

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Olaf Scholz a tenté de sauver Nordstream 2 ....mais, devenu chancelier, il a bloqué le gazoduc !

Sjors Remmerswaal

Source: https://remmerswaal.substack.com/p/olaf-scholz-trachtte-nordstream-2?utm_source=post-email-title&publication_id=388903&post_id=145925789&utm_campaign=email-post-title&isFreemail=true&r=jgt70&triedRedirect=true&utm_medium=email

Un certain nombre de politiciens sociaux-démocrates allemands de premier plan ont encore essayé de sauver le gazoduc Nordstream 2, fin 2021, dans le but de le mettre un jour en service pour permettre au gaz de circuler de la Russie vers l'Allemagne. Un gaz bon marché qui permet à l'industrie du pays de fonctionner. La construction et l'ouverture ont été entravées par la pression exercée par les États-Unis, notamment par le biais de sanctions. Cela s'est produit alors que Nordstream 1 était déjà en service depuis des années. Les deux pipelines sont aujourd'hui inutilisables en raison d'attaques terroristes, à la demande des États-Unis d'Amérique.

Le journal allemand Handelsblatt a rapporté cette semaine que l'actuel chancelier Olaf Scholz était impliqué dans les tentatives visant à briser les sanctions et les pressions politiques. Scholz voulait éviter les sanctions en négociant avec le président américain de l'époque, Donald Trump. Il a fait plusieurs tentatives auprès de Trump pour influencer ce processus. Une proposition était prête pour contrer cela, en échange de quoi les Allemands investiraient un milliard d'argent du contribuable dans des terminaux de gaz liquéfié.

Cette proposition n'a pas été acceptée par les Américains. Peu après, le département d'État américain a pris des sanctions contre Nordstream 2. Des entreprises ont alors cessé leurs activités. Les Allemands, par l'intermédiaire d'une fondation nouvellement créée, ont alors réussi à échapper aux sanctions et à poursuivre la construction du gazoduc, rapporte également l'article du Handelsblatt.

En parcourant les rapports internes, les lecteurs apprendront comment un certain nombre de politiciens de haut rang, probablement à l'instigation des grandes entreprises allemandes, ont fait le nécessaire pour que Nordstream 2 soit opérationnel, mais ont été systématiquement contrecarrés par les Américains. Car même lorsque le gazoduc était prêt à l'emploi, il n'a pas été ouvert, et l'invasion de l'Ukraine par la Russie a trouvé une raison de tout arrêter.

 

jeudi, 20 juin 2024

La mort du pétrodollar est un héritage de Joe Biden

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La mort du pétrodollar est un héritage de Joe Biden

Par M. K. Bhadrakumar

Source: https://jornalpurosangue.net/2024/06/15/a-morte-do-petrodolar-e-um-legado-de-biden/

L'État profond aurait dû être en alerte, il y a cinq ans, lorsque le candidat Joe Biden a annoncé que, s'il était élu président, il serait déterminé à faire en sorte que les dirigeants saoudiens "paient le prix et deviennent, en fait, les parias qu'ils sont".

Joe Biden a été direct, au point d'être brutal à l'égard de la famille royale saoudienne, affirmant qu'il y avait "très peu de valeur de rédemption sociale dans le gouvernement actuel de l'Arabie saoudite" sous la direction du roi Salman.

Mais au lieu de cela, l'État profond était ravi que Biden soit l'homme idéal pour succéder à Donald Trump et inverser la pratique de l'ère Trump consistant à tolérer les violations des droits de l'homme en Arabie saoudite afin de préserver les emplois dans l'industrie de guerre américaine.

Biden savait probablement déjà ce que les services de renseignement américains avaient conclu au sujet du rôle de Mohammed bin Salman, prince héritier saoudien et dirigeant de facto du pays, dans le meurtre du journaliste dissident Jamal Khashoggi, qu'il était un "atout stratégique" de la CIA pour mener la prochaine succession saoudienne et le changement de régime qui s'ensuivrait à une fin heureuse. La décapitation de Khashoggi a mis en péril la stratégie de Washington visant à installer un dirigeant souple à Riyad.

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Aujourd'hui, tout cela appartient à l'histoire. Mais contrairement aux Bourbons, la royauté saoudienne n'oublie ni ne pardonne jamais. Ils ont aussi une patience infinie et leur propre conception du temps et de l'espace. Et dimanche dernier, le 9 juin, elle a frappé.

Dans un style royal grandiose, Riyad a tout simplement laissé expirer l'accord de 50 ans sur les pétrodollars conclu entre les États-Unis et l'Arabie saoudite.

Pour rappel, le terme "pétrodollar" fait référence au rôle central du dollar américain en tant que monnaie utilisée pour les transactions de pétrole brut sur le marché mondial, conformément à l'accord entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, qui remonte à 1974, peu après que les États-Unis ont quitté l'étalon-or.

Dans l'histoire de la finance mondiale, peu d'accords ont apporté autant d'avantages à l'économie américaine que le pacte du pétrodollar. En substance, il était stipulé que l'Arabie saoudite fixerait le prix de ses exportations de pétrole exclusivement en dollars américains et investirait ses excédents de recettes pétrolières dans des bons du Trésor américain - et qu'en retour, les États-Unis fourniraient un soutien militaire et une protection au royaume.

Grâce à cet accord "gagnant-gagnant", les États-Unis obtenaient une source stable de pétrole et un marché captif pour leur dette, tandis que l'Arabie saoudite assurait sa sécurité économique et générale. En retour, le fait de libeller le pétrole en dollars a renforcé le statut du dollar en tant que "monnaie de réserve" mondiale.

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Depuis lors, la demande mondiale de dollars pour acheter du pétrole a contribué à maintenir la force de la monnaie, non seulement en rendant les importations relativement bon marché pour les consommateurs américains, mais, en termes systémiques, l'afflux de capitaux étrangers dans les bons du Trésor américain a maintenu des taux d'intérêt bas et un marché obligataire robuste.

Il suffit de dire que l'expiration de l'accord "pétrole contre sécurité" entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, signé en 1974, a des implications considérables. Au niveau le plus évident, elle met en évidence l'évolution de la dynamique du pouvoir sur le marché pétrolier, avec l'émergence de sources d'énergie alternatives (par exemple, les énergies renouvelables et le gaz naturel) et de nouveaux pays producteurs de pétrole (par exemple, le Brésil et le Canada) qui remettent en cause la domination traditionnelle de l'Asie de l'Ouest. En apparence seulement.

En fait, l'expiration du pétrodollar pourrait affaiblir le dollar américain et, par extension, les marchés financiers américains. Si le pétrole était coté dans une devise autre que le dollar, cela pourrait entraîner une baisse de la demande mondiale de dollars, ce qui, par la suite, pourrait entraîner une hausse de l'inflation, des taux d'intérêt et un affaiblissement du marché obligataire aux États-Unis.

Il suffit de dire qu'à l'avenir, nous pouvons nous attendre à un changement significatif dans la dynamique du pouvoir mondial avec l'influence croissante des économies émergentes, l'évolution du paysage énergétique et un changement tectonique dans l'ordre financier mondial qui entre dans une ère "post-américaine". En définitive, la domination du dollar américain n'est plus garantie.

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Il ne fait aucun doute que l'Arabie saoudite a prévu une feuille de route. Quatre jours avant l'expiration de l'accord pétrole contre sécurité, Reuters a rapporté que l'Arabie saoudite avait rejoint un test transnational de monnaie numérique de banque centrale contrôlé par la Chine, "dans ce qui pourrait être une nouvelle étape vers une diminution du commerce mondial du pétrole en dollars américains".

L'annonce a été faite le 4 juin par la Banque des règlements internationaux (BRI), une institution financière internationale basée en Suisse qui relie les différentes banques centrales du monde. Cela signifie que la banque centrale saoudienne est devenue un "participant à part entière" du projet mBridge, une collaboration lancée en 2021 entre les banques centrales de Chine, de Hong Kong, de Thaïlande et des Émirats arabes unis.

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Le communiqué de la BRI note que mBridge a atteint le stade de "produit minimum viable", c'est-à-dire qu'il est prêt à dépasser la phase de prototype. Par ailleurs, 135 pays et unions monétaires, représentant 98% du PIB mondial, étudient actuellement la possibilité de créer des monnaies numériques de banque centrale (CBDC).

L'entrée de l'Arabie saoudite, une économie majeure du G20 et le plus grand exportateur de pétrole au monde, signale une augmentation du règlement des matières premières sur une plateforme autre que le dollar dans un scénario à court terme, avec une nouvelle technologie à l'appui. Il est intéressant de noter que les transactions mBridge peuvent utiliser le code dans lequel l'e-yuan chinois a été créé !

L'objectif est de moderniser les paiements grâce à de nouvelles fonctionnalités et d'offrir une alternative à l'argent liquide, qui semble de toute façon en voie de disparition. La Chine a piloté le projet mBridge et réalise le plus grand projet pilote national de CBDC au monde, qui touche aujourd'hui 260 millions de personnes et couvre 200 scénarios, du commerce électronique aux paiements de relance du gouvernement.

En fait, d'autres grandes économies émergentes, dont l'Inde, le Brésil et la Russie, prévoient également de lancer des monnaies numériques au cours des deux prochaines années, tandis que la Banque centrale européenne a commencé à travailler sur un projet pilote d'euro numérique en prévision d'un lancement possible en 2028.

Ajoutez à cela le plan stratégique de la Russie visant à créer un nouveau système de paiement des BRICS, sans passer par le dollar. La bourse de Moscou a annoncé mercredi qu'elle cesserait d'échanger des dollars et des euros à partir du jeudi 13 juin.

Ainsi, l'expiration de l'accord entre les États-Unis et l'Arabie saoudite le week-end dernier est emblématique d'une remise en question en cascade de la prééminence du dollar en tant que "monnaie de réserve" par différents secteurs. En particulier, la liberté illimitée dont jouissaient les États-Unis pour imprimer des dollars à volonté et vivre bien au-dessus de leurs moyens, imposant l'hégémonie mondiale des États-Unis, touche à sa fin.

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Les élites américaines craignent de plus en plus que la belle vie ne touche à sa fin, car le poids écrasant de la dette fait sombrer l'économie américaine. Dans une interview accordée hier à CNBC, Janet Yellen, secrétaire au Trésor, a averti que les taux d'intérêt élevés alourdissaient également le fardeau de la gestion de la dette massive des États-Unis, qui s'élève à 34.700 milliards de dollars.

Bien sûr, il n'existe pas encore d'alternative claire au dollar américain en tant que principale monnaie de réserve mondiale, mais il est évident que les tensions commerciales mondiales et le recours accru aux tarifs douaniers ou aux sanctions pourraient saper son rôle tôt ou tard, alors que les investisseurs étrangers s'inquiètent de plus en plus de la viabilité de la dette publique américaine.

FitchRatings a noté hier que "les importants déficits primaires et les coûts plus élevés du service des intérêts continueront d'alourdir le fardeau de la dette souveraine américaine après les élections de novembre, quel que soit le vainqueur".

Bref, ce qui semblait jusqu'alors être une rivalité géopolitique autour de l'expansion de l'OTAN et de Taïwan - ou de la définition des normes commerciales/technologiques dans la quatrième révolution industrielle - prend une dimension existentielle pour Washington, puisque c'est l'avenir du dollar qui est en jeu. De nombreux indices témoignent des actions coordonnées de Moscou et de Pékin pour accélérer le processus de "dédollarisation".

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D'une part, la Russie met tout en œuvre pour présenter au monde un système de paiement sans dollar pour régler le commerce international lors du prochain sommet des BRICS en octobre, tandis que, d'autre part, la Chine se débarrasse systématiquement de ses bons du Trésor américain, ce qui lui donnera plus de liberté en cas de turbulences.

mardi, 18 juin 2024

Le lien entre le dollar et le pétrole est-il sur le point de se dissoudre ?

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Le lien entre le dollar et le pétrole est-il sur le point de se dissoudre?

par Giacomo Gabellini

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/28313-giacomo-gabellini-il-legame-tra-dollaro-e-petrolio-e-destinato-a-sciogliersi.html

En 2019, Pékin et Caracas ont jeté les bases de l'exportation du pétrole vénézuélien à prix réduit vers la Chine en échange de yuan-renminbi, car il fait l'objet de sanctions américaines. Quelques mois plus tôt, le gouvernement bolivarien avait inclus le rouble dans le panier des monnaies acceptables dans le pays et engagé des négociations avec la Russie visant à réglementer le commerce bilatéral en roubles et en petro, la monnaie numérique créée par les autorités vénézuéliennes.

En janvier 2021, le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi et son homologue iranien Javad Zarif ont signé un accord engageant Pékin à investir 400 milliards de dollars dans l'économie perse au cours des vingt-cinq prochaines années, en échange d'importantes livraisons de pétrole à un prix subventionné. Une grande partie des livraisons de pétrole brut, ainsi que les exportations non pétrolières, ont été payées en yuan-renminbi, comme l'a déclaré plus tard le ministre iranien de l'économie Ehsan Khandouzi. L'accord prévoit d'orienter les flux de capitaux chinois principalement vers les secteurs cruciaux des transports, du crédit, des télécommunications et des soins de santé, mais aussi d'approfondir nettement la coopération militaire, qui sera étendue aux domaines sensibles de la recherche et du renseignement.

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Les implications stratégiques relatives n'ont pas échappé au New York Times, qui n'a pas manqué de souligner que "l'accord pourrait saper les efforts des États-Unis pour maintenir l'Iran dans un état d'isolement international et renforcer l'influence de la Chine au Moyen-Orient". D'autre part, parce que le partenariat stratégique global sino-iranien n'est pas un épisode isolé, mais une composante essentielle de la "diplomatie des partenariats" développée par Pékin avec la chaîne d'accords bilatéraux conclus avec divers pays du Proche-Orient et du golfe Persique, grâce à laquelle la Chine entend se tailler une place stratégique dans une zone géographique où l'influence des États-Unis est forte.

On l'a vu en décembre 2022, lorsque Xi Jinping a effectué une visite d'État dans plusieurs pays du Moyen-Orient dans le cadre du sommet Chine-Conseil de coopération du Golfe (CCG). Alors que la tournée diplomatique battait son plein, le dirigeant chinois a ouvertement déclaré que : "Au cours des trois à cinq prochaines années, la Chine travaillera de concert avec les pays du CCG pour créer un nouveau paradigme de coopération énergétique multidimensionnelle, dans le cadre duquel la République populaire de Chine continuera d'importer de grandes quantités de pétrole à long terme des membres du CCG et s'engagera à acheter des volumes plus importants de GNL. Le renforcement de notre coopération concernera l'ensemble de la chaîne énergétique, des services d'ingénierie au stockage, du transport au raffinage. La plateforme de la bourse du pétrole et du gaz naturel de Shanghai deviendra la référence pour la régulation du commerce du pétrole et du gaz en yuan-renminbi".

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Les rencontres entre le dirigeant de Pékin et ses homologues du CCG sont passées relativement inaperçues, malgré la portée potentiellement révolutionnaire de leur contenu. D'abord, parce qu'elles ont ouvertement préparé le terrain à l'annulation de l'accord signé le 14 février 1945 (quatre jours seulement après la conclusion de la conférence de Jalta), à bord du croiseur USS Quincy naviguant dans le Grand Lac Amer du canal de Suez, entre Franklin D. Roosevelt et le roi Abdulaziz. Roosevelt et le roi Abdulaziz 'Ibn' al-Saud qui donnait aux compagnies énergétiques américaines gravitant autour de l'orbite de la Standard Oil - qui contrôlait déjà tous les puits du Venezuela - des droits exclusifs d'exploitation des ressources pétrolières saoudiennes en échange d'une protection militaire du royaume et d'un soutien politique à la famille al-Saud de la part des États-Unis.

William Engdahl écrit : "Roosevelt a vécu assez longtemps pour assurer aux Rockefeller un avantage inestimable : des droits exclusifs sur l'ensemble du pétrole saoudien pour leurs partenaires d'Aramco. Cette décision allait fortement conditionner la politique étrangère des États-Unis pour les décennies à venir [...]. La décision d'intégrer officiellement les richesses pétrolières saoudiennes dans le spectre des intérêts nationaux américains semble d'autant plus étonnante que le pays était autosuffisant sur le plan énergétique dans les années 1940. Lorsque le plus grand gisement de pétrole du monde a été découvert sur le site saoudien de Ghawar en 1948, les États-Unis ont pu consolider leur suprématie pétrolière et l'exercer pour contrôler l'économie mondiale. En effet, le pétrole devenait la ressource énergétique essentielle à la croissance économique, et les compagnies énergétiques américaines détenues par Rockefeller allaient ainsi renforcer leur emprise sur le nouvel "ordre d'après-guerre".

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En juin 1974, à la suite du choc pétrolier déclenché par la guerre du Kippour, Richard Nixon a imposé au roi Faysal une modification de l'accord initial, liant les garanties de défense américaines à un engagement saoudien de commercialiser son pétrole exclusivement en dollars américains et de blanchir une partie substantielle des recettes dans des investissements en armes et en bons du Trésor.

Pour les États-Unis, il s'agissait de la véritable quadrature du cercle ; en rattachant le marché mondial du pétrole au dollar, l'accord redonnait à la monnaie américaine sa dimension mondiale, mise en péril par la répudiation par Nixon des accords de Bretton Woods - impliquant le découplage du dollar par rapport à l'or - le 15 août 1971. Il en est résulté une augmentation frénétique de la demande internationale de dollars, stimulée par la réévaluation drastique du pétrole (environ 400 %) pendant la guerre du Kippour, qui a renforcé la monnaie américaine et augmenté le pouvoir d'achat des salaires nationaux par rapport aux importations. L'autre effet, tout aussi important, a été la canalisation des capitaux étrangers vers le marché obligataire américain, ce qui a permis à la Réserve fédérale de maintenir les taux d'intérêt à un niveau relativement bas.

Au fil des décennies, la dépendance des États-Unis à l'égard du pétrole du Moyen-Orient a progressivement diminué, jusqu'à être radicalement réduite lorsque les gisements de schiste sont devenus pleinement opérationnels. Simultanément, la Chine est devenue le plus grand importateur de pétrole au monde, s'imposant comme le principal partenaire commercial de l'Arabie saoudite en 2021, avec des échanges bilatéraux s'élevant à plus de 81 milliards d'USD. L'année suivante, le royaume est devenu le premier fournisseur de pétrole brut de la Chine, avec 1,76 million de barils par jour. Les exportations saoudiennes vers les États-Unis, en revanche, se sont arrêtées à 435.000 barils par jour. D'autre part, l'essor des sources d'énergie alternatives, telles que les énergies renouvelables et le gaz naturel, a réduit la dépendance mondiale à l'égard du pétrole, et l'émergence de nouveaux pays producteurs de pétrole - tels que le Brésil, le Canada et les États-Unis eux-mêmes - a réduit la position hégémonique traditionnellement occupée par le Moyen-Orient.

Le 9 juin dernier, d'ailleurs, l'accord conclu entre Nixon et Faysal cinquante ans plus tôt a officiellement expiré et la famille régnante d'Arabie saoudite a annoncé que son renouvellement ne faisait pas partie des plans. De manière significative, on peut lire sur le site du Nasdaq une analyse sur le sujet qui souligne que "l'expiration de l'accord sur les pétrodollars représente un changement significatif dans la dynamique du pouvoir mondial. Elle met en évidence l'influence croissante des économies émergentes et l'évolution du paysage énergétique. Bien que les implications de ce changement ne se soient pas encore manifestées, les investisseurs devraient au moins être conscients que, dans l'ensemble, l'ordre financier mondial entre dans une nouvelle ère. La domination du dollar américain n'est plus garantie".

mercredi, 22 mai 2024

Poutine chez Xi Jinping. Pour choisir les partenaires du nouveau gazoduc

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Poutine chez Xi Jinping. Pour choisir les partenaires du nouveau gazoduc

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/putin-da-xi-jinping-anche-per-scegliere-i-partner-del-nuovo-gasdotto/

Mongolie ou Kazakhstan ? C'est cette semaine, lors de la rencontre entre Xi Jinping et Poutine, que sera décidé le tracé du nouveau gazoduc qui augmentera considérablement les livraisons de méthane russe à la Chine. Mais Power of Siberia 2 jouera également un rôle géopolitique. D'une part, en effet, il démentira tous les rapports des médias italiens sur le refroidissement des relations entre Pékin et Moscou, avec des spéculations sur le refus chinois de soutenir la construction du nouveau gazoduc. D'autre part, il permettra de renforcer les liens entre les deux pays avec... Oui, avec qui ?

À l'origine, le projet devait passer par la Mongolie. Cependant, la Mongolie a commencé à flirter avec les États-Unis, devenant ainsi une menace potentielle pour la Russie et la Chine. Moscou a donc jugé bon de se tourner vers le Kazakhstan, avec un projet qui calmerait la passion croissante du Kazakhstan pour Washington.

Entre-temps, cependant, l'amour entre la Mongolie et les États-Unis s'est quelque peu estompé, et Xi Jinping et Poutine devront désormais gérer cette situation délicate dans une région qu'ils considèrent comme la leur.

Cette situation n'est pas facile, car elle exige des choix rapides et des réactions de plus en plus décisives face à l'ingérence des États-Unis. Il est évident que Washington veille à ses propres intérêts dans tous les domaines. Cela se voit également au Moyen-Orient, où es States continuent non seulement à soutenir la boucherie perpétrée par Israël, malgré les protestations de leurs campus universitaires, mais tentent également d'éloigner l'Arabie saoudite de son étreinte avec les pays du Brics. Les Etats-Unis tentent donc d'éloigner l'Arabie saoudite des pays du Brics, en particulier de l'Iran sur le plan géopolitique et de la Chine sur le plan financier. L'utilisation de la monnaie chinoise au lieu du dollar pour les ventes de pétrole crée de nombreux problèmes pour la monnaie américaine. Dans l'immédiat et surtout à plus long terme.

Il faut donc faire pression sur Riyad pour que les Saoudiens changent de cap.

dimanche, 07 avril 2024

Pétrole, hausse des prix et nouvelles stratégies en Afrique

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Pétrole, hausse des prix et nouvelles stratégies en Afrique

Ala de Granha

Source: https://electomagazine.it/petrolio-prezzi-in-risalita-e-nuove-strategie-in-africa/

Les vacances d'été ne sont pas encore là mais le prix du pétrole augmente déjà et les automobilistes italiens risquent d'en payer les conséquences. Certes, les craintes liées à la sacro-sainte réaction de Téhéran au bombardement israélien de l'ambassade d'Iran en Syrie pèsent lourd. Mais elles pèsent surtout sur les nombreux changements qui interviennent sur le marché pétrolier. Des changements qui n'affectent pas les désinformateurs italiens, mais qui affectent les marchés.

La Russie, tout d'abord, n'a aucun problème à encaisser les paiements indiens pour les livraisons de pétrole. Contrairement à ce qu'affirment les médias italiens. Et les livraisons à la Chine se maintiennent à des niveaux record. À cela s'ajoutent les livraisons à la Corée du Nord. Or Moscou a décidé, en accord avec l'Opep+, de réduire sa production pour faire remonter les prix.

Mais la nouvelle concerne aussi l'Afrique. Le Sénégal, après l'élection du président Faye et la nomination du premier ministre Ousmane Sonko, a décidé de revoir ses contrats pétroliers existants. Et ce n'est certainement pas au profit des pays européens.

Puis ce fut le tour du Nigeria. Premier producteur de pétrole en Afrique, ce pays doit importer de l'essence et du diesel d'Europe en raison d'un manque de raffineries. Cette semaine, cependant, la raffinerie Dangote a commencé à fournir du carburant au marché intérieur. Une fois pleinement opérationnelle, cette raffinerie sera la plus grande de toute l'Afrique et, en perspective, pourrait non seulement couvrir les besoins du Nigeria, mais aussi exporter du carburant vers l'Europe. Les marges des raffineries du Vieux Continent s'en trouveraient ainsi réduites.

Entre-temps, l'Europe sanctionneuse a augmenté les importations de gaz liquéfié russe de près de 100%, pour atteindre 15% du total après être tombées à 8,7 %. D'un autre côté, les effets négatifs sur l'environnement ont également augmenté, à la fois en raison du transport par bateau au lieu du gazoduc et des coûts énergétiques de la liquéfaction et de la regazéification. Mais c'est là le génie de l'Europe verte et démocratique.

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samedi, 09 mars 2024

Le transit du gaz : L'Ukraine veut prendre l'Autriche en otage sur le plan énergétique

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Le transit du gaz : L'Ukraine veut prendre l'Autriche en otage sur le plan énergétique

Le chef du FPÖ, M. Kickl, demande au chancelier Nehammer d'arrêter immédiatement de payer l'Ukraine

Bernhard Tomaschitz

Source : https://zurzeit.at/index.php/gastransit-ukraine-will-oesterreich-in-energiepolitische-geiselhaft-nehmen/

L'Ukraine prouve que la gratitude n'est pas une catégorie politique. Le ministre ukrainien de l'Énergie, German Galouchtchenko, a annoncé aux médias qu'il ne renouvellerait pas le contrat de fourniture de transit avec le groupe énergétique russe Gazprom. "Il n'y a pas de solutions possibles sur la table", a déclaré Galouchtchenko.

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Apparemment, le régime de Kiev prévoit de se positionner comme fournisseur de gaz pour les Européens. M. Galouchtchenko a déclaré que son pays pouvait proposer 15 milliards de mètres cubes de stockage de gaz. Il n'est pas certain que l'Ukraine soit en mesure de fournir effectivement ce gaz. Et l'UE, et donc l'Autriche, se mettrait dans une dangereuse dépendance énergétique vis-à-vis de l'Ukraine et deviendrait en fin de compte vulnérable au chantage.

Herbert Kickl, président du FPÖ, profite des déclarations de M. Galushchenko pour exiger du chancelier Karl Nehammer (ÖVP) un arrêt immédiat des paiements à l'Ukraine et du ministre des Affaires étrangères ÖVP Schallenberg la convocation de l'ambassadeur ukrainien: "Jusqu'à présent, le gouvernement a dépensé 3,51 milliards d'euros en argent des contribuables pour l'Ukraine, environ 70.000 Ukrainiens ont à nouveau été accueillis aux frais de la population et, en 'remerciement', le régime de Zelensky veut couper l'approvisionnement en gaz des Autrichiens", a déclaré Kickl.

En outre, le chef du FPÖ parle d'un "attentat inacceptable contre l'approvisionnement en énergie de notre pays" et met en garde contre un "supergouffre énergétique et économique". Il pourrait notamment y avoir un triplement du prix du gaz naturel, ce qui affecterait à la fois l'industrie et les ménages, et constituerait une menace pour la prospérité.

jeudi, 07 mars 2024

Notes pour l'histoire du pétrole au Mexique

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Notes pour l'histoire du pétrole au Mexique

Par Gastón Pardo

Source: https://www.facebook.com/gaston.pardo.733

1900

En mai, le pétrolier nord-américain Edward L. Doheny (photo) se rend au Mexique pour explorer les émanations de pétrole dans la région de Huasteca Potosina. Après avoir acquis les droits sur plusieurs terrains de la région, il crée en novembre, dans la ville de Los Angeles, la Mexican Petroleum Company of California et commence à l'exploiter.

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1901

La première loi sur le pétrole est publiée en décembre. Elle permet à l'exécutif fédéral d'accorder des permis à des particuliers et à des sociétés organisées pour l'exploration et l'exploitation de terres appartenant à l'État fédéral.

Weetman D. Pearson, un entrepreneur anglais qui a réalisé d'importants travaux publics pour le gouvernement mexicain par l'intermédiaire de sa société d'ingénierie S. Pearson & Son, entame des activités de prospection et d'exploitation pétrolières dans la région de l'isthme de Tehuantepec, dans le sud de l'État de Veracruz. Le gouvernement mexicain et les ressortissants mexicains ne sont en rien concerner au début de la production de pétrole.

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1904

Le géologue mexicain Ezequiel Ordóñez localise le puits prolifique de La Pez pour le compte de la Mexican Petroleum Company, situé dans le champ pétrolifère d'El Ébano, dont la production est estimée à 1500 barils par jour, la première production importante au Mexique. En novembre, S. Pearson & Son obtient sa première production commerciale dans les champs de San Cristobal, dans la région de l'isthme de Tehuantepec.

1908

Le puits Dos Bocas à San Diego de la Mar, Veracruz, appartenant à S. Pearson & Son, jaillit pour la première fois du sol avec un débit sans précédent de 100.000 barils par jour. Bien qu'un incendie ait failli anéantir toute sa production, le puits a définitivement prouvé la richesse pétrolière du pays. En mars, la première raffinerie de Pearson commence à fonctionner à Minatitlán. En août, Pearson crée la Compañía Mexicana de Petróleo El Águila.

1910

Le puits Casiano n° 7 de la Huasteca Petroleum Company, entreprise créée par Doheny en 1907 comme filiale de la Mexican Petroleum Company, fait jaillir 60.000 barils par jour. En décembre, le puits Potrero del Llano No. 4, propriété de la Mexican Petroleum Company El Aguila, produit à un rythme de 100.000 barils par jour. À la fin de la décennie, El Aguila et La Huasteca sont les compagnies qui dominent l'industrie pétrolière.

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1911

Le boom de la production entraîne l'expansion des compagnies Doheny et Pearson. Début des exportations de pétrole mexicain vers les États-Unis, l'Europe et l'Amérique latine. La production globale de l'industrie passe de 3,6 millions de barils par an en 1910 à 12,5 millions en 1911.

1912

Le gouvernement de Francisco I. Madero décrète, sous la forme d'un impôt spécial sur les timbres, le premier impôt sur la production de pétrole brut.

1915

L'extraordinaire productivité des gisements mexicains attire un nombre croissant de compagnies pétrolières, dont la Compañía Petrolera La Corona, la Compañía Transcontinental de Petróleo, la Penn Mex Fuel Company et la Mexican Gulf Oil Company. Au cours de cette année, Venustiano Carranza met en œuvre la régularisation et le contrôle de l'industrie pétrolière par l'intermédiaire du Secrétariat au développement. La Commission technique du pétrole est également créée, première étape du projet de restructuration des relations entre les compagnies pétrolières et le gouvernement.

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1916

Le puits Cerro Azul numéro 4, appartenant à la Huasteca Petroleum Company, jaillit à Tepetzintla avec une production de 260.000 barils par jour, devenant ainsi l'un des gisements souterrains les plus importants de l'histoire de l'exploitation pétrolière. Confiant dans la croissance de sa production, le magnat Doheny étend ses activités au-delà de l'Atlantique en organisant la British Mexican Petroleum Company pour distribuer ses produits sur le marché britannique.

1917

Venustiano Carranza promulgue la Constitution politique des États-Unis du Mexique, réformant celle de 1857. L'article 27 restitue à la nation la propriété des richesses du sous-sol. Plusieurs des principales compagnies pétrolières se regroupent pour former l'Association des producteurs de pétrole du Mexique, en réaction à la promulgation de la nouvelle constitution mexicaine.

1918

Carranza impose de nouvelles taxes à l'industrie pétrolière: un droit de location annuel et une redevance de 5 % sur tous les terrains pétroliers exploités par les propriétaires de surface ou leurs bailleurs. Weetman D. Pearson transfère le contrôle de la compagnie pétrolière mexicaine El Aguila à Royal Dutch/Shell.

1921

Fin du premier boom pétrolier. La production totale atteint cette année le chiffre record de 193,4 millions de barils, une quantité qui ne sera atteinte que des années après l'expropriation de l'industrie. Le Mexique est alors le deuxième producteur mondial de pétrole. À cette époque, plus de 200 compagnies pétrolières privées opèrent dans le pays.

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1938

Le gouvernement du général Lázaro Cárdenas exproprie le pétrole et, au lieu d'établir la Common Law, qui donne aux citoyens propriétaires de terrains pétrolifères le droit d'exploiter l'hydrocarbure dans des conditions industrielles, comme c'est le cas dans les pays anglo-saxons, il rétablit la loi espagnole, qui donne à la monarchie le droit exclusif d'extraire les biens du sous-sol, en désignant la "nation" comme l'autorité à l'origine du processus de production.

2024

Pour la première fois dans l'histoire, Petróleos Mexicanos conjugue nationalisme énergétique et augmentation de la production d'hydrocarbures.  Le directeur général de l'entreprise, l'ingénieur Octavio Romero Oropeza, est chargé du boom pétrolier dans le sud et le sud-est du Mexique.