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mercredi, 08 avril 2020

COVID-19 : Les chaines brisées de la transmission

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COVID-19 : Les chaines brisées de la transmission

Par Marc CHEVRIER

Ex: https://metainfos.fr

 Parmi les nombreuses manchettes affolées que la pandémie du covid19 a suscitées dans les médias, il en est une qui a capté à sa façon, par sa double signification, l’esprit particulier de notre époque. Elle coiffait un texte paru dans le New York Times qui appelait la jeunesse américaine à arrêter la chaîne de transmission. « You can help break the chain of transmission[1] ». Dans son sens premier, cette phrase exhorte la jeunesse à prendre conscience de ses responsabilités face à l’épidémie, elle lui parle dans un langage qu’elle peut comprendre et qui la flatte : vous avez ce pouvoir entre vos mains. Mais si on l’interprète plus largement, on y reconnaît aussi l’une des grandes passions de notre époque : vouloir à tout prix, pour flatter la présomption, l’outrecuidance, l’égoïsme, la vanité ou le mal-être des vivants, empêcher que leur existence accomplisse la transmission d’un héritage, d’une culture, d’une civilisation et même qu’elle cesse de transmettre la vie. Il s’agit alors de casser les chaînes de la transmission, ces chaînes devenues trop lourdes pour les vivants aux frêles épaules.

Par l’idée de transmission, nous exprimons des réalités de différents niveaux. La transmission vaut pour les virus et les infections de toutes sortes, dont on craint la propagation rapide dans les rapports humains et dont les épidémiologistes cartographient la chaîne. La transmission des données les plus rapides et les plus fiables nourrit l’une des obsessions de l’économie mondialisée. Les jeunes prenant le relais des plus vieux, la vie roule grâce à la transmission de patrimoines entre les générations. Depuis des temps immémoriaux, l’humanité est absorbée dans la naissance et l’éducation des enfants et tâche, depuis qu’elle a des écoles, de leur transmettre un bagage de connaissances adéquat et ce qui forme le socle commun d’une culture dans une société. Mais transmettre ne semble plus aller de soi aujourd’hui, notamment en raison de l’éloignement constaté entre les générations, qui évoluent maintenant dans leurs espaces parallèles et se tancent avec suspicion. Et comme l’a souligné le philosophe Pascal Bruckner au sujet du « jeunisme » dont se drape aujourd’hui la maturité : « Jadis, les gens vivaient la vie de leurs ancêtres, de génération en génération, désormais les ancêtres veulent vivre la vie de leurs descendants[2]. »

La transmission au temps des orgies flottantes

Une image qui restera longtemps attachée au souvenir de cette pandémie : tous ces navires de croisière amarrés de force et remplis de vacanciers mis en quarantaine dans leur cabine, souvent sans fenêtre, qui voient leurs vacances de rêve virer en cauchemars. La belle insouciance promise à bord, où la dolce vita berce les retraités pour tuer l’ennui ou pour cueillir les récompenses méritées d’une longue carrière travailleuse, avait, jusqu’à ces arraisonnements catastrophiques, fait prospérer une industrie qui ne craignait pas de mettre à flot des bateaux gigantesques comme des villes flottantes vouées au divertissement effréné et au remplissage des estomacs. Emblématique de l’économie mondialisée, l’industrie de la croisière de luxe révèle aussi le rapport nouveau à la transmission qui apparaît même chez les plus âgés. Aux anciennes générations qui voyaient dans le travail la valeur première et qui léguaient à leurs enfants un patrimoine après de grands sacrifices, ont succédé des « aînés » avides de profiter à plein de l’été indien de la vie — expression de Bruckner —, c’est-à-dire de ces années de loisir et de vitalité prolongée qui offrent désormais au « troisième âge » l’occasion de coûteuses récréations. Travailler consiste alors à différer une vive jouissance, celle qu’octroiera la retraite et qui, le temps de quelques jours ou quelques semaines, vous transporte dans la vie de grands seigneurs à bord d’un palace qui accoste aux rivages les plus enchanteurs.

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Représentation du navire de Caligula, qui y organisait des orgies

Les aristocrates anglais, semble-t-il, se seraient les premiers adonnés aux croisières, qui devinrent une activité de tourisme à la faveur du voyagiste Thomas Cook, lequel organisa des croisières sur le Nil après l’ouverture du canal de Suez en 1869. On observe que « [l]a liste des passagers est ouverte aux classes bourgeoises, aux employés de banque, aux commerçants ou à la profession libérale et [que] le décalage des standings nourrit les sarcasmes de la presse britannique, dont les caricatures ridiculisent les Cooks et Cookesses à la recherche éperdue des divas de l’aristocratie cosmopolite[3]. » On doit cependant remonter par-delà le Nil pour saisir l’esprit de la croisière. Dans ses Vies des douze Césars, l’historien romain Suétone rapporte que l’empereur Caligula fit construire de somptueuses galères qui longeaient les côtes de la Campanie et où l’on répandait les soins et les plaisirs les plus raffinés. Suétone écrit en effet : « il fit construire des galères liburniennes à dix rangs de rames, aux poupes ornées de pierres précieuses, aux voiles aux couleurs changeantes, où l’on trouvait des thermes, des portiques, des salles à manger d’une grande étendue, voire même diverses sortes de vignes et d’arbres fruitiers ; c’était pour y donner des festins, en plein jour, au milieu des danses et des concerts, en longeant les rivages de la Campanie[4]. »  Des fouilles archéologiques ont aussi découvert au fond d’un petit lac au pied des monts Albains, à trente kilomètres au sud-est de Rome, de grandes épaves ornées à leur poupe de tête, de lion et de léopard et qui devaient vraisemblablement être le théâtre, sous de riants décors, d’une « débauche de richesse, fêtes et orgies[5]. » 

navireorgierome.jpgLes analogies sont nombreuses entre les galères orgiaques de Caligula et les paquebots de croisière que rien n’arrête dans leurs circumnavigations, excepté un coronavirus. Ces galères et ces paquebots érigent aux excès du désir humain des temples flottants, coupés du monde, où une armée de serviteurs se dévoue aux lubies de passagers à peine remis de leur décalage horaire. Mais le paquebot qui mouille près des fjords de l’Alaska ou de Norvège ou qui fait escale à une île des Tropiques dépasse en dépense ce qu’aucune des débauches de Caligula n’eût jamais atteint. La barque joyeuse du lac Nemi paraît bien inoffensive aux côtés d’un paquebot-cité conçu pour divertir des milliers de personnes ; cet ogre énergétique vogue sur mer grâce à la consommation d’un fioul lourd à haute teneur en soufre, beaucoup plus polluant que le diesel utilisé par d’autres navires plus petits[6]. Chaque jour, chacun de ces navires produit une quantité énorme d’eaux usées et de rejets toxiques. De plus, si l’on compte tous les trajets aéroportés et autres déplacements faits par chacun des passagers pour monter à bord puis revenir dans son patelin, chaque croisière qui s’amuse déclenche une explosion orgiaque de dépense énergétique, dispersée à tout vent sur la crête des flots.

Dans l’histoire de l’humanité, aucune civilisation n’a réussi à pousser aussi loin la dissipation énergétique. Ces réserves ensommeillées d’énergie, enfouies dans les entrailles de la Terre, par compaction de la biomasse déposée aux fonds des océans et des deltas il y a de 20 à 350 millions d’années, remontent ainsi violemment à la surface et se consument dans un épisode aussi court qu’une pirouette de tango ou de salsa, exécutée sur une piste où des retraités repus croient renouer avec leurs élans de jeunesse. Cependant, le paquebot révèle l’aspect profondément aristocratique de la civilisation occidentale pétrolière. C’est Nietzsche lui-même qui voyait dans le gaspillage ostentatoire la marque de l’aristocratie : « L’expérience de l’histoire montre que les races fortes se déciment réciproquement : par les guerres, les désirs de puissance, les aventures, les fortes passions, le gaspillage — (on ne capitalise plus de forces et il se forme des troubles intellectuels par une tension exagérée). Leur existence est coûteuse, bref — elles s’usent les unes les autres[7]. » Il ajoute : « Les races fortes sont des races prodigues. » En somme, l’idéal aristocratique boit aux fontaines de l’abondance gaspilleuse et tapageuse.

Le monde capitaliste fonde ses hiérarchies sur un ordre énergétique. Aux richissimes l’accès à la grande consommation par le moyen des avions et des yachts privés, qui occupent le sommet de la dépense énergétique ; viennent ensuite les classes aisées supérieures qui les imitent en s’offrant la première classe dans les voyages aéroportés et nautiques ; puis les classes moyennes, qui essaient de faire de même, mais se contentent de la classe économique ou des cabines des ponts inférieurs ou sans hublots. Chaque paquebot recrée en son sein un microcosme stratifié entre diverses catégories de serviteurs de toutes nationalités, aux conditions de travail souvent précaires et médiocres. Le « tout-inclus » des vacanciers en croisière inclut d’être traités illusoirement en seigneurs par une domesticité besogneuse de majordomes, maîtres d’hôtel, agents de bord, préposés à l’entretien, maîtres queux et sauciers, masseurs, acuponcteurs, coiffeurs, manucures et pédicures, etc., recrutés sous le régime d’un droit du travail allégé, grâce à l’immatriculation de ces châteaux flottants dans des pays connus pour être des paradis fiscaux et légaux comme les Bermudes, le Panama et le Libéria. Ainsi, par la croisière de masse, l’opulence aristocratique se démocratise, sans remettre en cause les hiérarchies dans la consommation énergétique, l’ordre social et la division du travail entre les nations. 

Les interruptions dans la transmission des patrimoines

Beaucoup de vacanciers croisiéristes se sont posé cette question : « Au soir de ma vie, suis-je en droit de me payer de folles escapades au bout du monde ou devrais-je en laisser un peu plus à mes enfants et petits-enfants ? » Ce genre de dilemme est devenu assez commun à l’ère du tourisme de masse, encore qu’il ne soit pas prouvé que beaucoup de retraités, par excès de tels scrupules, ont renoncé à leur croisière annuelle. Selon plusieurs experts en finances, nous assistons depuis plusieurs années à des transferts massifs de patrimoine ; les générations actuelles meurent plus riches que les précédentes, laissant des héritages sources de convoitises au sein des familles et dont certains défunts ont disposé avec une liberté parfois déconcertante. Chez nombre de baby-boomers s’est même développée l’idée que vivre en vue de laisser un héritage appartient à une autre époque et qu’il vaut mieux tout dépenser de son vivant, pour jouir au maximum de sa richesse accumulée. Un livre paru aux États-Unis en 1997, sous le titre Die Broke[8] (Mourir sans un rond), a popularisé l’idée que le meilleur plan de retraite consiste à quitter la scène sans même laisser assez d’argent au croquemort. Un autre livre, paru au Québec, entonne un refrain hédoniste clair : Arrêtez de planifier votre retraite, planifiez votre plaisir[9]. Un notaire de Québec a bien résumé dans une entrevue le nouvel esprit de transmission habitant cette génération : « Il y a 20 ans, les gens tenaient à pouvoir léguer un héritage, même modeste, après leur décès. Il y avait une sorte de fierté à pouvoir laisser quelque chose. Aujourd’hui, les gens accordent moins d’importance au fait de laisser un héritage. Ils veulent profiter de la vie. Et ils cherchent plus à analyser la situation dans son ensemble et visent une démarche qui commencerait avant leur décès et qui pourrait se poursuivre après[10]. » Bref, la transmission d’un héritage aux enfants a cessé d’être un automatisme social.

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Dans les sociétés européennes, les législateurs n’ont guère abandonné la transmission des patrimoines aux caprices des défunts ; ils ont imposé des règles, comme la réserve héréditaire, qui prévoit qu’une portion de l’héritage doit obligatoirement revenir aux membres de la famille immédiate du défunt. C’est le régime que suivent encore plusieurs pays comme la France, la Grèce, l’Espagne, l’Italie, mais aussi l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède. Dans les pays anglo-saxons de common law, le droit successoral consacre en général la liberté de tester du défunt et n’impose pas de répartition obligatoire. Il n’empêche que le droit européen a contribué à affaiblir le système des réserves héréditaires usité dans les pays au droit de tradition romane, tant et si bien que depuis un règlement européen adopté en 2015, le citoyen d’un pays connaissant la réserve héréditaire peut néanmoins déshériter un des enfants en s’établissant dans un pays où une telle réserve n’existe pas[11]. On a vu se multiplier en France des sites de gestion de patrimoine indiquant comment déshériter ses enfants ou « sauter une génération » — donner à ses petits-enfants plutôt qu’à ses enfants. En Amérique, bien que le Conquérant anglais ait rétrocédé au Québec la jouissance de son droit civil français en 1774, il l’a depuis lors assujetti au régime de la liberté de tester à l’anglo-saxonne, principe que les juristes québécois ont naguère critiqué comme une atteinte à la protection économique du défunt survivant et des enfants, mais avec lequel beaucoup se sont ensuite réconciliés, au nom d’une vision individualiste de la propriété et du droit[12]. La liberté de tester pratiquée en pays de common law n’enlève toutefois pas au législateur la capacité de prescrire une répartition obligatoire en cas de succession sans testament, ab intestat. Dans le droit anglo-saxon, les défunts riches peuvent s’acheter une forme d’immortalité par la création de trusts — fiducies — qui affectent, pour une durée illimitée, le produit de leur fortune à des fins philanthropiques ou artistiques. Le trust est aussi utilisé pour contourner la dispersion des grandes fortunes et ainsi maintenir le lien dynastique dans la famille. À l’occasion de la réforme de son code civil, le Québec a introduit le trust dans son droit sous la forme de la fiducie, régie par des règles distinctes de son équivalent anglo-saxon.

La réception de l’héritage illustre un autre volet problématique de la transmission successorale. L’héritier n’est pas tenu de conserver le bien reçu, ni toujours d’en user conformément à sa destination première. On distingue chez certains héritiers la volonté d’en finir avec le bien reçu : il y a les « mangeurs d’héritage », qui le dilapident au plus vite, et les « donneurs d’héritages », qui s’en débarrassent par des dons pour ne compter que sur leurs seules ressources personnelles[13]. À cela s’ajoute la difficulté qu’éprouvent les dirigeants d’entreprises à trouver des successeurs dans leur progéniture et qui doivent envisager de vendre leur bien à un tiers ou même de cesser leurs opérations. Certains legs deviennent même embarrassants. Pensons au scandale qui éclata en Espagne quand la presse révéla à la mi-mars 2020 que le roi du pays, Philippe VI, devrait hériter des fonds aux origines obscures administrés dans une fondation étrangère au bénéfice de son père, le roi émérite Juan Carlos. Le fils régnant a décidé de renoncer solennellement à tout héritage qui pourrait provenir de son père et de lui couper l’allocation annuelle fournie par la maison royale[14]. C’est comme si un fils reniait son père encore vivant et renonçait à hériter quoi que ce soit de lui – à part bien sûr la Couronne, que le père avait déjà transmise à son fils par abdication en 2014.

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Outre les aspects individuel et intrafamilial de la succession, celle-ci comporte une dimension collective. Il est ainsi loisible à l’État de prélever ou non sa part dans la transmission des héritages. Historiquement, les États ont prélevé des impôts sur les successions pour notamment répartir la richesse. Or, en Occident, on constate un retrait ou une diminution généralisés des droits de succession. Alors qu’au Royaume-Uni jusqu’à 18 % des recettes fiscales, et aux États-Unis, jusqu’à 10 % de ces dernières, ont pu provenir de ce type d’impôt durant la première moitié du XXe siècle, les droits de succession représentent aujourd’hui à peine un peu moins de 1 % du PIB. Beaucoup de pays ont supprimé ces droits, à commencer par le Canada dès 1972, où notamment le Québec le fit en 1985. La Belgique et la France les prélèvent encore, bien que le pourcentage de ces droits dans les recettes fiscales atteigne seulement 1,3 % en France. Or, la réglementation et la taxation de l’héritage ont longtemps été considérées comme « un instrument clef de réforme sociale », tel qu’en témoignent les réflexions d’Alexis de Tocqueville et de John Stuart Mill à ce sujet ; on constate toutefois que les sciences sociales ont cessé de s’y intéresser et que la défaveur du public pour les impôts sur les héritages est allée croissant[15]. Selon l’économiste André Masson, le déclin des droits de succession s’expliquerait par l’action efficace d’une coalition de puissants intérêts prônant des philosophies compatibles. Ainsi se sont alliés de riches néo-libéraux et les « familialistes » qui ont réussi dans nombre de pays à décrier l’impôt successoral comme une façon de pénaliser « les fruits de travail et l’accumulation du capital » et de saper « les solidarités familiales »[16]. Dans son étude publiée en 2018, Masson soutient que « seul un choc de grande ampleur[17] » pourra fragiliser cette coalition redoutable ; des arguments théoriques n’y suffiront pas. Peut-être que la pandémie du covid19 sera de nature à secouer les esprits sur cette question fondamentale.

Du refus de transmettre un héritage culturel

Outre les biens matériels, la transmission de la culture est demeurée dans l’Occident gagné par le doute sur la valeur de sa tradition et de ses réalisations une autre question épineuse. Mais doit-on envisager la transmission de la culture comme celle du patrimoine matériel ? Pour le jeune philosophe François-Xavier Bellamy, c’est une erreur de penser que le partage de la culture consiste à séparer des portions d’une entité finie, comme on découpe une tarte ou des avoirs financiers. Il déclare : « Il y a cependant une singularité de la transmission quand elle concerne la culture : elle n’est plus un jeu à somme nulle, mais une multiplication créatrice. C’est ce qui la distingue, me semble-t-il, de la transmission matérielle[18]. » Beaucoup de sociologues, après les analyses célèbres de Pierre Bourdieu sur la transmission et la reproduction culturelles, ont popularisé l’idée que la culture, à l’instar des biens matériels, constitue un capital. Or, selon Bellamy, la culture, contrairement au capital économique, « s’accroît à mesure qu’elle est transmise. Lorsqu’un enseignant, par exemple, transmet un savoir, chacun des élèves peut le recevoir tout entier — et l’enseignant lui-même ne le perd pas ; au contraire, d’ailleurs : j’ai pu vérifier empiriquement moi-même que, comme le veut l’adage, on découvre mieux encore un sujet quand on est conduit à l’enseigner[19]. »

41sZH9U5CzL._SX296_BO1,204,203,200_.jpgLe philosophe croit que Descartes, Rousseau et Bourdieu ont par leurs écrits conforté le refus de transmettre un héritage, notamment dans les institutions éducatives rongées par toutes sortes de scrupules. Avec Descartes, le doute méthodique a délogé l’autorité du maître ou de la tradition. La philosophie éducative exprimée dans l’Émile de Rousseau dépeint la culture transmise par la société comme un étouffoir de la nature et de la spontanéité primordiales de l’individu ; enfin, avec Bourdieu, la culture, suspectée de servir des intérêts, établit des marques de distinction sociale qui profitent aux classes privilégiées et confortent leur domination. C’est d’ailleurs en se fondant sur les travaux de Bourdieu que l’écrivain équatorien Mario Campaña a soutenu dans un essai publié en 2017 que l’humanisme classique né de la culture gréco-romaine et que l’Europe, puis les Amériques ont longtemps enseigné dans leurs meilleures écoles, a promu une vision essentiellement aristocratique de l’homme, contraire aux idéaux démocratiques et qui suppose divers degrés d’humanité plus ou moins achevés[20]. Grâce aux grands idéaux classiques comme le mérite, l’excellence, le culte de la personnalité, la gloire, le culte du grand homme et de l’individualité, les familles patriciennes et bourgeoises se sont alliées en Europe comme dans les Amériques pour exercer une domination morale sur les plus humbles. Les soupçons à l’égard de la haute culture européenne, nés en Europe, ont donc aussi migré vers les Amériques.

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Mario Campana

Selon Bellamy, le désir de transmettre a ainsi disparu, mais « fort heureusement, la soif de recevoir demeure intacte. » Interrompre la transmission culturelle est même devenu un projet conscient, voire pour certains, un acte de libération ou de salubrité mentale. L’interruption dans la transmission peut se faire tout d’un coup, comme l’illustre la décision prise par l’université Yale en janvier 2020 de retirer un cours donné par un historien de l’art réputé prenant sa retraite, Vincent Scully; la raison invoquée : ce cours d’histoire de l’art de la Renaissance à nos jours mettait trop en valeur des hommes blancs, hétérosexuels et européens[21]. Cette volonté de purifier la culture occidentale ne semble pas propre qu’aux États-Unis. Dans une chronique publiée dans le quotidien montréalais Le Devoir, Christian Rioux est revenu sur l’abolition de ce cours à l’université Yale. Il y a vu à l’œuvre la puissance dogmatique de la rectitude politique qui réduit « le savoir, l’art et la littérature à des truismes de race et de sexe, d’identités de “genre” et d’orientations sexuelles », ce qui relève selon lui « d’une véritable entreprise d’autodestruction. » Mal lui en prit ! Quelques jours plus tard, une lettre d’une centaine de signataires issus de l’histoire de l’art et du milieu muséal l’accusa d’« automatisme pavlovien digne d’un animateur de radio-poubelle ». Quel fut le tort du journaliste ? Avoir osé mettre en doute la démarche intellectuelle qui a semblé motiver les professeurs de Yale dans le retrait du cours devenu polémique. Les signataires du texte ont ainsi appelé « élargissement des horizons » et « problématisation des idées reçues » la mise en évidence des éléments coloniaux, sexistes et condescendants pour les humbles dans les canons de l’art[22]. Dans sa réponse aux « pétitionnaires », Rioux demeure convaincu qu’ils cèdent à l’idéologie en voulant juger de l’histoire de l’art « en fonction de la morale du jour ».

Les interruptions dans la transmission culturelle proviennent souvent des révolutions ou des périodes de grandes mutations sociales. Pensons au Québec qui a décidé, à la fin des années 1960, de liquider la culture classique dispensée dans les collèges tenus par les congrégations religieuses en faveur d’un enseignement supérieur confié à des collèges publics où la philosophie et la littérature, dans les collèges francophones du moins, relaieraient les théories critiques, marxistes, féministes, anticolonialistes dont les intellectuels en Occident se sont engoués. Ce changement dans le cursus s’est accompagné d’un renouveau pédagogique radical, puisant aussi bien dans le personnalisme chrétien, comme chez l’éducateur Pierre Angers[23], que dans la théorie constructiviste de l’apprentissage développée chez Jean Piaget ou les théories socioconstructives, qui se concentrent sur les interactions de l’enfant avec les autres. Ce renouveau pédagogique a conduit à minimiser ou à nier l’importance de la transmission des connaissances au profit de l’acquisition de compétences par l’étudiant, considéré comme un « apprenant », un créateur de ses apprentissages sous le pilotage d’enseignants-animateurs aussi peu autoritaires que possible.

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Pierre Angers

Plusieurs pédagogues militants ont ainsi pris en horreur l’idée de transmettre quoi que ce soit, parce qu’elle vouait l’enfant à la passivité, au bourrage de crâne, au gobage de préjugés et de notions indémontrables, et parce qu’elle obligerait le maître lui-même à reconnaître que son jugement personnel doit s’incliner devant ceux que plusieurs générations de savants et de créateurs ont exprimés avant lui dans plusieurs disciplines selon des échelles graduant le vrai, le vraisemblable, l’utile, le juste, le beau et le bien, etc. L’accent mis sur les compétences qui engagent l’activité propre des apprenants en classe avait aussi l’avantage d’inféoder l’éducation aux nécessités de la société technique et capitaliste, incessamment à la recherche de travailleurs capables de s’adapter à ses exigences sans s’embarrasser d’un savoir « humaniste » ou « généraliste » jugé superflu. Cependant, l’éducation axée sur les compétences a fragilisé les transmetteurs eux-mêmes, c’est-à-dire les enseignants, puisque leur prestige en société et leur autorité en classe reposent moins sur la maîtrise des savoirs. S’en trouve aussi compromise la possibilité de dispenser un cursus véritablement commun au sein d’une nation ; en effet, les directives pointues sur les compétences à susciter en classe que les enseignants reçoivent les livrent à eux-mêmes pour le choix des œuvres ou des matières précises à enseigner. Des cohortes entières d’étudiants sont diplômés sans posséder de bagage culturel commun ; elles sont tiraillées entre les apprentissages formels de l’école et la propagande ensorceleuse de la publicité et des réseaux sociaux. Plusieurs professeurs pensent même que les écoles, les collèges (ou lycées en Europe) ainsi que les universités diplôment l’ignorance.

Parmi les inspirations philosophiques qui ont contribué à délégitimer la transmission des connaissances en éducation on peut compter assurément le postmodernisme, qui a fondé plusieurs intellectuels à relativiser l’idée du vrai, comme le rappelle le philosophe de l’éducation Normand Baillargeon :

Le vrai, qui est indépendant de nous, a été décrété par certains de ces maîtres à penser de la postmodernité n’être que la résultante provisoire d’un rapport de force au sein de ce que Foucault appelle un « régime de la vérité ». Ce vrai est donc variable en fonction de la perspective adoptée, du socle épistémique relatif au moment historique. Dans un constructivisme sans limites, le vrai, la science elle-même, tout cela n’est plus conçu que comme jeu de langage particulier, sans privilège épistémique. L’individu lui-même ne serait que le produit de ces rapports de pouvoir s’exerçant sur lui. L’éducation, dont on se demande dès lors comment on pourrait la penser en y faisant place au savoir, à l’autonomie, à la raison, à l’émancipation, se réduit à un exercice de pouvoir destiné à discipliner les corps et les esprits[24]. 

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Normand Baillargeon

Baillargeon aurait pu citer un autre de ces maîtres à penser, fort en vogue dans les « sciences de l’éducation », Gilles Deleuze, qui exerce encore une grande fascination[25]. Dans un livre publié en 1965 sur l’œuvre de Nietzsche, Deleuze résume en une phrase ce qui deviendra le programme de recherche d’une bonne partie des sciences sociales actuelles : « Toute interprétation est détermination du sens d’un phénomène. Le sens consiste précisément dans un rapport de forces, d’après lequel certaines agissent et d’autres réagissent dans un ensemble complexe et hiérarchisé[26]. » Dès lors, même les œuvres littéraires ou philosophiques, au même titre que la loi et la science, tendent des pièges de symboles grâce auxquels les plus forts se séparent des plus faibles et se grandissent dans leur différence par l’abaissement de ces derniers. Le professeur s’érige ainsi en inquisiteur ou en prophète qui démasque les rapports de pouvoir et les hiérarchies aliénatrices que renferment les œuvres ou le discours des détenteurs d’autorité ; il instruit en quelque sorte, contre des morts et des vivants qui n’ont reçu aucune citation à comparaître, des procès par contumace devant des étudiants envoûtés par la parole accusatrice d’un maître qui exécute lui-même ses sentences. Déconstruction et volonté de puissance semblent ainsi boire à la même eau. Plutôt que de chercher à comprendre les créations les plus accomplies du patrimoine humain, l’esprit justicier s’enivre à détricoter, dans un langage souvent jargonnant, les tapisseries finement tissées que l’histoire avait déroulées jusqu’aux abords du présent. Interrompre, découdre, déchirer deviennent plus exaltants que continuer. La récréation de l’esprit se métamorphose en création jubilatoire.

L’intransmission ou l’art de se supprimer soi-même

Dans les fragments posthumes de Nietzsche, on retrouve cette phrase significative : « Je veux enseigner la pensée qui donnera à beaucoup d’hommes le droit de se supprimer, — la grande pensée sélectrice[27]. » Les sociétés contemporaines semblent fascinées en effet par les possibilités techniques qu’offre la science médicale pour sélectionner la suppression de certains types d’êtres humains — par les solutions eugéniques de l’avortement préventif — ou pour permettre à un individu de hâter sa disparition sous la forme de l’euthanasie consentie, rebaptisée gentiment l’aide médicale à mourir. Autre phénomène d’intransmission volontaire, l’annonce faite par certaines personnes, souvent de manière tonitruante et répercutée dans les médias et les réseaux sociaux, de ne pas vouloir d’enfants, au point que le fait de se faire stériliser à moins de trente ans passe pour un acte d’héroïsme et de conscience sociale[28].

Le phénomène des adultes sans enfants n’a en soi rien de nouveau. Les célibataires et les couples sans enfants ont toujours existé, et la proportion des couples sans enfants reste encore moindre que celle qui a été observée au XIXe siècle dans certains pays comme les États-Unis et l’Australie[29]. Mais d’ordinaire les couples se gardaient bien de publiciser leur infécondité comme un exploit retentissant. De plus, les grandes religions comme le christianisme et le bouddhisme ont privilégié souvent le célibat comme voie d’accès à une vie spirituelle plus complète. Dans la tradition catholique, le célibat dégage le prêtre des attaches envers une seule personne pour mieux se consacrer à l’amour de Dieu et pour porter cet amour auprès des hommes ; il renonce à la fécondité biologique au profit d’une fécondité d’un autre niveau, spirituelle[30]. Les prêtres, selon le Code du droit canonique, « sont donc astreints au célibat, don particulier de Dieu par lequel les ministres sacrés peuvent s’unir plus facilement au Christ avec un cœur sans partage et s’adonner plus librement au service de Dieu et des hommes[31]. » L’infécondité maintenant assumée et proclamée par certains individus s’inscrit dans un autre registre : pour plusieurs féministes, le choix de ne pas avoir d’enfants est apparu comme une « ultime libération », après l’avènement de la contraception et de l’accès à l’avortement. Dès 1972 s’organisa en Californie une organisation de défense des parents sans enfants, la National Organization for Non-Parents, dont la fondatrice est restée célèbre pour un ouvrage intitulé The Baby Trap[32] (Le piège de l’enfant.) Ellen Peck y avance toutes sortes d’arguments pour détourner les adultes de la parenté obligatoire. Elle présente d’ailleurs déjà l’Homme comme une espèce qui, sous l’emprise sa culture, n’arrive pas à se fier aux mécanismes de la Nature pour juguler sa surpopulation. Elle écrit (traduction) :

51WzQNp6qFL._SX301_BO1,204,203,200_.jpgEt avec le progrès de la civilisation, qui, des forêts aux villes, s’éloigne de la Nature sur le chemin de l’évolution, la nécessité de la reproduction a certainement diminué. Notre société est urbaine et surpeuplée. Chez les espèces surpeuplées autres qu’humaine, la Nature réagit en déprimant le désir d’accouplement et le taux de reproduction. Mais la Nature ne fonctionne pas ainsi pour nous. Des facteurs simples, mais puissants qui incitent à la reproduction, ne donnent pas à la Nature une telle chance[33].

Outre la cause féministe, les sans-enfants arguent désormais de la volonté de « sauver la planète », en raison aussi de la nature déficiente de l’Homme. Ce sont maintenant les individus qui revendiquent pour eux-mêmes une politique de malthusianisme — de limitation des naissances — pour garder la terre des méfaits d’une espèce humaine devenue néfaste et trop nombreuse. Ce qui jette le doute sur la légitimité même des « sans-enfants » résolus de ne pas continuer l’espèce à travers leur existence. Si l’homo sapiens est si mauvais, en vertu de quoi un individu serait-il fondé à vivre pour lui-même — que ce soit, d’ailleurs, avec ou sans enfants ? Les anciennes aristocraties mettaient d’ordinaire un point d’honneur à se reproduire dans une lignée qui perpétue leur prestige, leur richesse et leurs qualités distinctives. Nous assistons peut-être aujourd’hui à la naissance d’une aristocratie qui agit par soustraction : convaincue de la perfection morale de son propre jugement, elle croit bon d’arrêter l’aventure humaine dans chaque être particulier qui défait la chaîne de la transmission.

1241505.jpgUne autre façon contemporaine d’entraver la transmission biologique consiste à éliminer l’un des transmetteurs, soit l’élément le plus fragile dans l’union d’une femme et d’un homme en vue d’enfanter. Gilles Deleuze et Félix Guattari ont déjà écrit que « l’inconscient est orphelin, et se produit lui-même dans l’identité de la nature et de l’homme » en reprochant à la psychanalyse de prendre « part à l’œuvre de répression bourgeoise la plus générale, celle qui a consisté à maintenir l’humanité européenne sous le joug de papa-maman, et à ne pas en finir avec ce problème-là[34]. » S’il est difficile de faire sauter tout entier le joug de papa-maman, il est devenu maintenant concevable, sur les plans clinique et légal, de se débarrasser du joug de papa, grâce à la procréation médicalement assistée, comme celle que la France s’apprête à autoriser, après d’âpres débats.

En vertu de ce nouveau régime procréatif instauré par une loi sur la bioéthique, il sera possible en France à un couple de lesbiennes et à une femme non mariée d’avoir accès à la procréation médicale assistée (PMA) pour mettre au monde un enfant, auquel l’état civil reconnaîtra soit deux mères, soit une mère seule. Le projet original prévoyait le remboursement des dépenses engagées pour la PMA par l’État, mais en février 2020, le Sénat a restreint par un amendement la portée du remboursement aux cas d’infertilité. Quoi qu’il advienne de cet amendement — l’Assemblée nationale a le dernier mot en France en matière législative —, on encadre donc légalement l’enfantement sans père, sans homme exerçant le rôle de parent, celui-ci étant réduit à un pourvoyeur anonyme de gamètes.

La France n’est pas la seule à choisir cette direction ; plusieurs pays d’Europe du Nord et du Sud autorisent la PMA pour les couples lesbiens et les femmes célibataires ; l’Autriche la permet pour les couples lesbiens seulement. Des pays de l’Europe de l’Est l’ont instituée pour les femmes célibataires seulement. (Au Québec, le législateur a « fait preuve d’audace, ou d’inconscience[35] », en réinventant la filiation, si bien que depuis 2002, les couples lesbiens ou les femmes seules peuvent se prévaloir de la procréation assistée, et que l’adoption est offerte aux couples homosexuels, féminins et masculins.) Les opposants à la PMA en France ont certes déploré l’effacement du père entériné par la PMA, comme la philosophe Chantal Delsol : « beaucoup de Français sont sensibles à la place du père : celui-ci doit-il disparaître de la parentalité ? Cet effacement du père est d’autant plus troublant que la parité entre les sexes est aujourd’hui célébrée[36]. » D’autres, marchant contre la PMA, ont dénoncé la bénédiction légale donnée à l’enfantement d’orphelins de père et la « marchandisation du vivant ».

Malgré ces protestations, la PMA, en France comme ailleurs en Europe, s’introduit dans les mœurs. Devenu une affaire strictement personnelle, qui regarde d’abord sinon exclusivement la femme, le désir d’enfant devient un projet pour soi, et non plus le croisement de deux désirs, l’enfant-pour-moi et l’enfant-de-toi. Cet enfant-là que je mets au monde sans la médiation embêtante, pesante et incontrôlable d’un homme postulant au rôle de père devient mon bébé à moi, mon prolongement, mon œuvre à laquelle peut certes participer une mère adoptive. Toutefois, la reproduction sexuée repose sur une altérité, une médiation, qui fait que l’enfant n’est ni sa mère, ni son père, ni même la simple sommation des deux et qu’il advient souvent — certes pas tout le temps — parce qu’une femme a eu envie d’avoir un enfant de son homme, et vice-versa. Par la « PMA pour toutes », on accentue l’inégalité naturelle entre femmes et hommes dans l’enfantement ; la maternité est consacrée première et indispensable ; la paternité, secondaire et facultative, compressible à la taille de spermatozoïdes congelés. Aux yeux des non-chrétiens et même des chrétiens dubitatifs, que Dieu le Père ait eu recours à la médiation d’une femme de chair pour donner à l’humanité son Fils a fait scandale[37]; aujourd’hui, en des temps moins chrétiens, le scandale s’est déplacé, et c’est le désir devenu sacré d’engendrer de la femme qui bute sur la médiation inopportune d’un homme charnel. Au fond, l’enfantement sans père participerait de ce fantasme qui travaille les individus contemporains, celui de l’Homme autoconstruit qui s’engendre lui-même, et qui, dans le cas de la PMA, se libère à la fois de la sexualité et du père, en faisant peser sur un seul sexe, à l’exclusion de l’autre, la transmission biologique[38].

***

Au bout du compte, les barques joyeuses de Caligula qui voguaient calmement sur le lac de Nemi nous fournissent une image qui restitue l’état d’esprit de l’homme contemporain occupé à briser les chaînes de la transmission. On l’imagine dansant, tournoyant sur un tapis de mosaïques déroulé au fond de la barque, qui elle-même accomplit de petits ronds, à la manière d’un gros nénuphar ondoyant où se complaît une grenouille lascive chauffée au soleil. Pendant que se succèdent les fêtes sous les hourras des convives qui jettent sur le noceur des regards familiers et approbateurs, défile sur les rivages la même succession de paysages, tel un film qu’on rejoue sans cesse au loin. Et puis, après des années de ce jeu fébrile, sans crier gare, la barque coule au fond, sur décision peut-être de son empereur, en engouffrant tout cet équipage sans rien laisser flotter à la surface, où l’éternel retour des saisons imprime ses reflets.

Dans Le gai savoir, Nietzsche évoque un lac aperçu dans le village alpestre de Sils-Maria en Suisse :

C’était ici que j’attendais, que j’attendais, n’attendant rien

Par-delà le bien et le mal, jouissant tantôt de la lumière

Tantôt de l’ombre, abstrait de moi, tout jeu, pur jeu,

Tout lac, tout midi, temps sans but[39].

Ce lac, pourrait-il être aussi celui de Nemi ?

Notes


[1] Siobhan Roberts, « You can help break the chain of transmission », The New York Times, 19 mars 2020.

[2] Pascal, Bruckner, « L’été indien de la vie », Le Débat, vol. 202, no. 5, 2018, p. 165.

[3] Sandrine Gamblin, « Thomas Cook en Égypte et à Louxor : l’invention du tourisme moderne au XXe siècle, Téoros, 2006, 25-6, par. 6. En ligne : https://journals.openedition.org/teoros/1476 ,

[4] Suétone, Vies des douze Césars, Paris, Gallimard, 1975, p. 245.

[5] Bernadette Arnaud, « Un troisième navire de Caligula repose-t-il au fond du lac Nemi? », Science et Avenir, 18 avril 2017, en ligne : https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/... .

[6] Denis Fainsilber, « Pollution, la face cachée des paquebots », Les échos, 6 septembre 2018, en ligne : https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-trans...

[7] F. Nietzsche, Traduction par Henri Albert. Œuvres complètes de Nietzsche, Paris, Mercure de France, 1903, vol. 13, tome II, par. 386.

[8] Stephen Pollan et Marl Levine, Die Broke, New York, HarperBusiness, 1997.

[9] Dany Provost, Arrêter de planifier votre retraite, planifiez votre plaisir, Montréal, Éditions transcontinental, 2005.

[10] Éric Desrosiers, « Père gâté, fils fauché », Le Devoir, 13 octobre 2007, en ligne : https://www.ledevoir.com/economie/160427/pere-gate-fils-f... .

[11] Voir cette note publiée par le cabinet d’avocats Picovschi, « Déshériter : le droit français comparé au droit international », 14 février 2018, https://www.avocats-picovschi.com/desheriter-le-droit-fra... .

[12] Christine Morin, « La liberté de tester : évolution et révolution dans les représentations de la doctrine québécoise », R.D.U.S., 38, 2008, p. 339-384.

[13] André Masson. « L’impôt sur l’héritage. Débats philosophico-économiques et leçons de l’histoire », Revue de l’OFCE, vol. 156, no. 2, 2018, p. 123-174, voir par. 8.

[14] Mariángel Alcázar, « El Rey renuncia a la herencia de Juan Carlos I y le retira la asignación », La Vanguardia, 15 mars 2020.

[15] Masson, déjà cité, par. 40.

[16] Masson, déjà cité, par. 115.

[17] Masson, déjà cité, par. 124.

[18] Laurent Ottavi, entretien, François-Xavier Bellamy, « Le désir de transmettre a disparu, mais la soif de recevoir demeure intacte. », Revue des deux Mondes, 25 avril 2018. En ligne : https://www.revuedesdeuxmondes.fr/francois-xavier-bellamy... .

[19] Ibid.

[20] Mario Campaña, Una sociedad de señores, Mexico, Jus, 2017.

[21] Margaret Hedeman et Matt Kristoffersen, « Art history department to scrap survey course », 24 janvier 2020, Yale Daily News, en ligne : https://yaledailynews.com/blog/2020/01/24/art-history-dep... .

[22] Collectif d’auteurs, « L’art du passé nous parle souvent des enjeux du présent », Le Devoir, 5 mars 2020.

[23] Éric Bédard, « Les origines personnalistes du “renouveau pédagogique”, Pierre Angers s.j. et l’activité éducative », dans Marc Chevrier (dir.), Par-delà l’école-machine, Québec, 2010, p. 135-171.

[24] Normand Baillargeon, « Quelques vérités sur la post-vérité », Argument, vol. 20, no 2, été 2018, p. 20.

[25] Voir par exemple Yoann Barthod Malat, « Note : Deleuze et les sciences de l’éducation », Philosophique [en ligne], 19, 2016 ; Itay Snir, « Making sense in education: Deleuze on thinking against common sense, Educational Philosophy and Theory », 50, no. 3, 2018, p. 299-311; Inna Semetsky et Diana Masny, « The Untimely Deleuze : some implications for educational policy », Policy Futures in Education [en ligne], vol. 9, no. 4, 2011.

[26]Gilles Deleuze, Nietzsche, Éditions de Minuit, PUF, 1965, p. 23.

[27] F. Nietzsche, déjà cité, par. 377.

[28] Émilie Rivard-Boudreau, « Son combat pour une ligature des trompes à 28 ans », Journal de Montréal, 8 mars 2020, en ligne : https://www.journaldemontreal.com/2020/03/08/un-chemin-de... .

[29] Anne Gotman. « Le choix de ne pas avoir d’enfant, ultime libération ? », Travail, genre et sociétés, vol. 37, no. 1, 2017, p. 37-52.

[30] Voir la page « Le célibat des prêtres », Église catholique de France, https://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/vivre-sa-... .

[31] Code de droit canonique, article 277, 1983, en ligne : http://www.vatican.va/archive/FRA0037/_INDEX.HTM .

[32] Ellen Peck, The Baby Trap, New York, Pinnacle Books, 1971.

[33] Ibid., p. 18.

[34] Gilles Deleuze et Félix Guattari, L’Anti-Œdipe, Paris, Éditions de Minuit, 1972/1973, p. 57 et 59.

[35] Marie Pratte, « La filiation réinventée : l’enfant menacé ? », R.G.D, 33, 2003, p. 560 ; voir aussi la Loi instituant l’union civile et établissant de nouvelles règles de filiation, Lois de l’état du Québec. 2002, c. 6.

[36] Vincent Tournier, entrevue avec Chantal Delsol, « Véritable résignation ou résignation ? Ce que révèle l’opinion des Français sur la PMA pour toutes », Atlantico, 24 septembre 2019, en ligne : https://www.atlantico.fr/decryptage/3579682/veritable-acc... .

[37] Voir cet essai oublié de Charles de Koninck, Le scandale de la médiation, Paris, Nouvelles éditions latines, 1962.

[38] Voir notamment Olivier Rey, Une folle solitude, Paris, Seuil, p. 193-202.

[39] Nietzsche, Le gai savoir, Paris, Éditions Gallimard, 1950, p. 376-377.

 

source : http://encyclopedie.homovivens.org/

La grande fête du confinement

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La grande fête du confinement

par Patrice-Hans Perrier
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

Dans leur incapacité presque absolue d’analyser, c’est-à-dire de critiquer, d’ironiser et de juger les événements qu’ils devraient en principe traiter, les journalistes confiturés, les scribes médiatiques et les malléables penseurs du temps comme il va n’ont plus que le mot « fête », en toute circonstance, quel que soit le sujet qu’ils traitent, et ils ne s’aperçoivent même pas de ce ressassement. Philippe Muray, dans Après l’histoire, 1998

Pour Lucien Cerise

De nos jours, en 2020, on pourrait remplacer le terme fête employé par Muray par celui de catastrophe. En effet, la pandémie de coronavirus représente une catastrophe qui tombe à pic pour alimenter le moulin à boniments de nos scribes stipendiés depuis que la fête s’est terminée aux alentours d’un 11 septembre 2001 qui venait clôturer de manière définitive la grande kermesse sociétale inaugurée sous le règne de Mai 68. Ainsi, de fil en aiguille, les campagnes d’ingénieries sociales auront fini par porter leurs fruits : la grande kermesse libérale-libertaire ayant servi à inoculer le virus du consentement. L’esprit critique anesthésié, la voie était pavée pour l’avènement d’une série de catastrophes providentielles.

La crise comme test in situ

Naomi Klein dans son célèbre essai The Shock Doctrine, publié en 2007, analyse le modus operandi de la crise comme moteur de changement entre les mains des « alchimistes » de l’ingénierie social. Commentant les conséquences des inondations causés par l’ouragan Katrina qui a frappé la Louisiane, en 2005, cette dernière cite un passage d’un éditorial écrit par Milton Friedman pour le Wall Street Journal. Faisant semblant de se désoler face au cataclysme, « Oncle Miltie » en profite pour y aller de ses prédictions : « La plupart des écoles de la Nouvelle-Orléans sont en ruines, tout comme les maisons des enfants qui les ont fréquentées. Les enfants sont maintenant dispersés dans tout le pays. C’est une tragédie. C’est aussi l’occasion de réformer radicalement le système éducatif ».

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Ainsi donc, de l’avis de l’économiste proche de la Société du Mont Pèlerin – toujours active dans les coulisses du Sommet de Davos – l’éparpillement des enfants des communautés touchées allait procurer au système éducatif privé une chance en or. Privés de leur communauté d’attache, ces rejetons des classes les moins fortunés devenaient des cobayes entre les mains des « éducateurs » d’un état surtout pas providentiel. En outre, l’état allait se désengager de l’effort de reconstruction des infrastructures éducatives louisianaises pour, a contrario, offrir des subventions aux familles impactées afin qu’elles puissent envoyer leur rejeton dans des institutions d’enseignement privées. Chemin faisant, si l’on suit le doigt Naomi Klein, le système privé tirait les marrons du feu en mettant en pratique le concept de la « socialisation des pertes et privatisation des profits ».

De la même manière, en 2020, certains intérêts pharmaceutiques auraient intérêt à profiter des mirifiques émoluments gouvernementaux dans un contexte où l’introduction d’un vaccin obligatoire pourrait générer un pactole historique pour ce complexe financier et industriel qui est proche de l’état profond. D’où l’intérêt de différer les recherches portant sur des antidotes plus faciles à produire et moins onéreux pour les dépenses publiques.

Toutefois, l’approche analytique de Klein nous laisse sur notre faim. S’il est évident que l’état profond, lié au cartel des grandes banques d’affaires, ambitionne depuis longtemps de privatiser une part croissante des activités de l’état, il n’entend pas pour autant démanteler cet « état providence » qui lui a rendu de si inestimables services depuis Roosevelt. Si les crises militaires ou humanitaires permettent aux grandes banques d’affaires – et aux trusts contrôlant la machine de production – d’être en mesure de générer toujours plus de dettes, il y a plus. L’état de crise – généré par des catastrophes, révolutions ou guerres – permet, aussi, aux alchimistes à la manœuvre de fragmenter le monde pour le réorganiser en fonction d’une doctrine qui est bien connue des initiés.

Ainsi, même si pour les théoriciens du néolibéralisme, dont Friedman est le prophète, l’école ne doit pas être gérée par les bureaucrates du secteur public, l’emprise de l’état ne doit surtout PAS se relâcher. Puisque, ne l’oublions pas, c’est l’état qui à travers sa dette qui représente toujours la plus formidable machine à ponctionner et contrôler le contribuable. Et, en temps de crise, surtout, l’état représente l’inévitable courroie de transmission qu’il convient de bien huiler afin d’éviter les débordements et pour être en mesure de faire tourner une économie qui repose essentiellement sur l’endettement collectif. Bien évidemment, nous ne sommes pas en train de prôner un désengagement de l’état, dans un contexte où nos contempteurs seraient trop heureux de nous qualifier de néolibéraux, d’anarchistes ou de suppôts d’un survivalisme de pacotille. Nous tentons, tout simplement, de profiter de l’état de choc actuel pour dessiller les yeux de nos contemporains.

Changer nos habitudes de vie

La grande bacchanale qui s’est déroulée dans le sillage du « coup d’état » de Mai 68 a été produite par les ingénieurs sociaux de certains instituts liés à l’état profond, tels que le Tavistock Institute of Human Relations en Angleterre. S’adressant à la jeunesse issue du baby-boom des années d’après-guerre, cette ambitieuse campagne d’ingénierie sociale ambitionnait de créer une commotion sur la base d’un Nouvel Âge présenté comme une nouvelle ère historique et cosmique. L’ère chrétienne du Poisson se terminant, l’ère du Verseau allait tous nous ramener aux fondamentaux néo-païens présentés comme une panacée face à une civilisation patriarcale occidentale en perte de vitesse.

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Les bouleversements historiques – peu importe l’effort de distorsion induit par des groupuscules proches du pouvoir – sont inévitables et font partie de la grande marche de l’humanité sur le chemin de sa transformation. Nul besoin d’être un kabbaliste pour reconnaître que les crises existentielles du genre humain agissent comme des agents de transformation qui ouvriront de nouveaux vecteurs, tout en obstruant certaines avenues. Il faut être apte à dépasser la stupéfaction provoquée lors d’un état de crise pour être en mesure de saisir les nouvelles avenues qui s’offrent à nous. Mais, certainement pas dans le sens où l’entendent les opportunistes de la même trempe que Friedman. Puisqu’il faut bien l’admettre, peu importe les ressorts naturels ou artificiels d’une crise, nous sommes placés devant l’obligation de devoir nous adapter aux événements en lice. Mais, pas forcément dans le sens où le souhaiteraient les « autorités compétentes » ou certains agents d’influences.

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Les prescripteurs de la révolution psychédélique prônaient l’évasion comme mode de transformation de la jeunesse. Expérimentant des drogues de synthèse – tels que le LSD fabriqué dans les laboratoires d’un géant pharmaceutique suisse – et s’abreuvant à des sources d’informations dites « alternatives », mais produites par les succursales nord-américaines des géants de l’édition, une partie de la génération des boomers fut prise en charge par les Spin Doctors de l’industrie du divertissement. L’infotainment était né et, avec lui, toutes une ribambelle de vecteurs de propagande instillés au sein d’une jeunesse coupée de sa famille et désertant l’école publique.

Nous avons, de notre vécu, été les spectateurs de ses violentes embardées qui auront contribué à disloquer les familles alors, qu’au même moment, le féminisme et les luttes minoritaires se mettaient de la partie pour que se répande une sorte de STASE, véritable état d’hypnose collective emportant tout sur son passage. La crise de 1981 agira comme un brutal coup de poing qui ralentira l’agitation de cette nef des fous, tout en prolongeant avec d’autres moyens moins ludiques l’effet de morcellement du ciment collectif et ses corollaires inévitables. N’importe quel observateur attentif aura compris la portée de cette approche anthropique : ouverture – fermeture – répétition du cycle de manière à toujours plus fragmenter la cohésion civilisationnelle. Bien évidemment, tous les intellectuels stipendiés par le grand capital vous diront qu’il n’y a plus de civilisation viable à l’heure où la dislocation de nos sociétés représenterait un phénomène inévitable dans la course de l’humanité vers … sa libération finale. Et, puisque nos civilisations sont périmées – et pourquoi pas – rien de mieux qu’une bonne dose de chaos, sorte de thérapie homéopathique collective qui utilise de faux antidotes pour nous faire miroiter une sortie élégante.

La fête est terminée

Tiens, ça fait près de deux décennies que les diverses souches de coronavirus sont étudiées par nos laboratoires pharmaceutiques ou gouvernementaux. Mais, il y a aussi les officines expérimentales affiliées aux services secrets des grandes puissances qui planchent sur l’affaire. Curieusement, après avoir faussement accusé le gouvernement syrien de mener une guerre bactériologique contre son propre peuple, c’est au tour de l’État profond occidental d’être tenté par le génie de la lampe. Quel intérêt y aurait-il à répandre un tel virus aux quatre coins du monde ?

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Le gouvernement Macron fait face à une incroyable pression de la rue, mais tout autant à une levée de boucliers en provenance des ­corps constitués de la nation et des résidus de la classe moyenne mourante. Plusieurs observateurs prévoyaient un 1er mai d’un genre nouveau, les syndicats gauchistes stipendiés et leurs milices antifas ne parvenant plus à monopoliser l’espace public dans un contexte où la majorité des contribuables pourrait être tentée d’y faire un tour. Cette pandémie tombe à pic en permettant à la Macronie de décréter un état d’urgence qui lui permet de suspendre les droits constitutionnels les plus élémentaires de ses sujets. Déclarant l’état de guerre au coronavirus, le président Macron annonce que la récréation a assez duré et on réalise qu’il a dorénavant toutes les cartes en main : suite au confinement des citoyens, c’est tout le processus des élections municipales qui a été chamboulé. Avec un taux de participation de moins de 20 % au premier tour, il est évident que les bobos supplétifs se sont déplacés en masse, habitant à proximité des bureaux de scrutin ou ayant les moyens de se mouvoir à leur guise. La géographie politique et l’analyse psychosociologique ont toujours démontré qu’un faible taux de participation avantageait inévitablement la classe politique aux manettes.

Les États-Unis ne sont pas en reste, alors que le président Trump et ses soutiens avaient le vent en poupe. Plusieurs observateurs sérieux de la scène politique américaine estiment que, si la pandémie risque d’avoir été jugulée d’ici novembre prochain, les contrecoups portés à l’économie pourraient faire en sorte qu’un nombre croissant de citoyens issus des classes populaires s’abstienne de voter. Connaissant la composition de l’électorat de l’actuel président, on peut facilement en déduire, à l’instar de la France, une défection du vote populaire qui pourrait mener à un changement de régime. Les classes populaires assignées à résidence, perdant leurs emplois par millions et n’ayant pas les moyens de se constituer d’importants stocks de denrées risquent fort de perdre le moral en fin de compte. Ainsi, l’état de crise actuel pourrait bien servir les intérêts globalistes, tout cela alors que certains analystes réputés patriotes se frottent les mains face à l’inévitable réhabilitation des frontières et de certaines fonctions régaliennes. Quoi qu’il en soit, il est difficile d’évaluer les chances de l’actuel POTUS de juguler un État profond qui n’hésitera pas à prendre tous les moyens pour arriver à ses fins.

Les infortunes de la vertu du confinement

Chez nous, au Canada et, plus particulièrement au Québec, plus d’un million de demandes ont été produites auprès du ministère qui administre l’assurance-emploi. Les Québécois se plient de bon cœur aux nouvelles mesures de confinement et les artères commerciales de Montréal sont désertes. Les regroupements ayant été interdits dans les lieux publics, les forces de police patrouillant aux quatre coins de la métropole afin de s’assurer que vous n’êtes pas en train d’entreprendre une marche de santé à plusieurs. De longues files d’attente s’étirent devant la devanture des échoppes alimentaires et le ravitaillement en denrées commence à souffrir de sérieuses lacunes. Le commun des mortels ne sait plus où donner de la tête afin de se procurer de l’eau de javel, de l’alcool pour nettoyer les surfaces à la maison ou des items de première nécessité. Les simples quidams expérimentent, pour la première fois de leur vie, une vraie situation de quasi-pénurie et la perspective effarante d’un effondrement économique à court ou moyen termes.

Le gouvernement canadien ayant annoncé qu’il serait prêt à investir des dizaines de milliards dans l’économie impactée, on comprendra que tous les efforts consentis afin d’atténuer l’impact de l’intérêt sur la dette auront été consentis en vain. Comme des veaux, nous sommes dépendants des pouvoirs publics afin d’investir massivement auprès des sans-emploi, mais aussi des entreprises et, bientôt, des institutions financières qui ont investi à perte les économies provenant des fonds de pension de la classe laborieuse. Comme si de rien n’était, avec notre consentement tacite, le garrot de l’endettement et la dépendance aux grandes banques d’affaires pourrait se resserrer de manière drastique.

Et, là, les oligarques qui dominent la partie risquent fort de jeter l’échiquier par-dessus bord en réclamant une réinitialisation de l’ordre économique et financier. Prétextant une situation de crise impossible à juguler, les instances qui dirigent les grandes manœuvres du Forum économique de Davos, qui tirent les ficelles de la Banque des règlements internationaux, toujours en Suisse, et qui dictent à l’ONU ses agendas en matière de politique de gestion des états tombés en désuétude prendront les devants pour décréter un état d’urgence mondial. L’OTAN prendra directement en charge les destinées d’une Union européenne chancelante et la sécurité intérieure du Canada pourrait être inféodée aux décisions américaines en vertu d’accords [ NORTHCOM ] qui dépassent les prérogatives habituelles du NORAD. In fine, l’Agenda ID2020, cette alliance de partenaires privés et publics, pourrait se voir accorder le feu vert pour ce qui est de la mise en place d’un programme d’identification numérique de la population, sous couvert de vaccination de masse.

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Au lieu de consulter leur horoscope et de lire les propos alarmistes des grands journaux, nos concitoyens devraient profiter de cette situation de confinement pour faire le point. Bien avant la crise du coronavirus, nous étions, déjà, confinés derrière nos écrans d’ordinateur ou devant nos téléphones dits intelligents. Marchant comme des somnambules dans la rue, nous étions incapables de voir les autres, ces infortunés concitoyen-somnambules qui nous fonçaient dessus. Aveugles, atones, prostrés dans le conformisme de notre misérable ego surdimensionné, nous avions l’habitude de tisser des relations intéressées avec d’autres esclaves de cette fuite en avant. Incapables de voir plus loin que le bout de notre nez, nous avons négligé nos proches, nos enfants et nous-mêmes au point que le tissu social finisse par se désintégrer. Sourds face aux injonctions des Gilets jaunes, ayant déjà oublié Julian Assange dans le fond de sa cellule d’isolement, nous avons suivi à la trace les petits cailloux mis sur notre chemin par toutes les Greta Thunberg de ce monde.

Tiens, Julien Assange vient tout juste d’avoir la permission de s’entretenir une dizaine de minutes avec un dénommé Yanis Varoufakis qui a transmis le libellé de cette conversation au site Réseau international. Ne s’avouant pas vaincu, celui qui a révélé la face la plus obscure de l’état profond américain, nous a rappelé que des organismes tels que Wikileaks et DiEM25 ont déjà eu le temps d’expérimenter des outils numériques qui permettent de mener des débats et d’organiser des campagnes en ligne qui ont le mérite de permettre à la société civile de se mobiliser avec efficacité. S’il se montre optimiste, Assange craint que le complexe de sécurité nationale des grandes puissances anglo-saxonnes soit « sur les dents » par les temps qui courent. On comprendra, dans de telles conditions, que nos garde-chiourmes ne prendront pas grand temps pour resserrer notre collier. Ce confinement bien involontaire pourrait se prolonger ad vitam aeternam. Dans de telles conditions, il n’y a pas que les biens de première nécessité qui disparaîtront des tablettes : la monnaie en espèce sonnante et trébuchante pourrait être retirée de la circulation et les communications électroniques des citoyens récalcitrants coupées sur commande. Combien d’entre-nous oseront briser l’isolement, une fois la quarantaine mise sur la pause, afin de tisser des communautés de résistance véritablement opérationnelles. Oubliez les survivalistes. Maintenant, tout le monde doit mettre l’épaule à la roue.

Patrice-Hans Perrier

Référence : The Shock Doctrine, The rise of disaster capitalism, Naomi Klein
 

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Alexis Arette: Du sacré et de la nature

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Du sacré et de la Nature

par Alexis Arette

Ex: Http://www.terreetpeuple.com

Citoyennes et citoyens,

        Avant d’entrer dans le sujet que l’on m’a demandé de traiter, peut-être faut-il que je me présente à votre attention suivant ce que je crois être.

       Je suis Béarnais, je me sens Français, je suis catholique et Nationaliste.

       C’est en tant que nationaliste tout a fait impénitent, malgré ce qu’en disent les immondes, que je prends la parole devant vous, car c’est en cette qualité que nous pouvons nous accorder, croyants divers ou incroyants, soucieux que nous sommes de défendre au mieux, les libertés des peuples qui habitent notre hexagone

       Je considère qu’il y a des échelons d’ordre dans la société. Premier échelon, la Famille qui assemble l’humanité de la Femme et de l’Homme. Deuxième échelon la patrie, la terre des Pères, qui réunit les familles qui partagent le même genre de vie et la  même culture.

       Troisième échelon, la Nation qui rassemble nos petites patries, suivant la terre et la loi qui veut que les moins différents s’unissent face aux plus différents.

      Historiquement, c’est ce qui a réuni Eudes d’Aquitaine et Charles Martel, qui jusqu’alors étaient adversaires, pour écraser les envahisseurs musulmans à Poitiers. C‘est peut-être là que la France a commencé !

      Il semble y avoir un autre échelon, mais infiniment moins naturel : Ce sont les empires, qui ne durent guère que le temps de leur promoteur : tel est le cas d’Alexandre, de Cyrus, de Charlemagne, et de Napoléon. Je ne le retiens pas comme une nécessité.

      J’ai servi ma famille en essayant de transmettre à mes fils, ce que j’avais reçu de mes parents. J’ai servi ma patrie en m’investissant sans cesse dans la défense de l’histoire locale, de la langue et des autres intérêts, comme président de la culture au Conseil Régional d’Aquitaine. J’ai servi la Nation comme combattant volontaire, ce qui m’a valu une balle communiste, que St Michel a dévié à quelques centimètres du cœur, Comme président National d’un Syndicat Agricole,  et comme prisonnier d’Algérie Française, dans les cachots de l’Anti France.

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     J’ai tenu 77 tribunes politiques de Lille à Bastia,  et publié une vingtaine d’ouvrages très engagés, de références culturelles ou politiques. Un dernier est actuellement à  l’édition chez Philippe Randa : C’est : «  la Bible en examen », ou je démontre les dangers de ce texte qui, lorsqu’il fut publié en langue populaire, fit s’écrier a Louis XI, qui pensait aux Chrétiens : « Ils vont perdre la foi !

       Que je vous dise en passant que nous n’en sommes plus là, depuis qu’en 1909 le Rabbin Léonard Lévy osait dire :

       « Autrefois, on croyait que chaque mot de la Bible, était la vérité absolue. Il n’en est plus ainsi. Le travail des chercheurs a établi que la Bible est un produit de l ‘intelligence humaine contenant certaines erreurs et certaines vues inexactes dues à la faillibilité de ses auteurs qui étaient des hommes ! »

       Et il a fallu attendre les années 60 et le concile pour que l’Eglise catholique reconnaisse timidement, qu’effectivement, le livre avait propagé quelques erreurs !

      Mais comme le Livre avait été tenu pendant 2000 ans pour sacré, nous en arrivons à notre propos du jour, puisque l’on m’a demandé de  traiter  du sacré et de la Nature ! Allons-y !

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A première vue, les termes paraissent antinomiques, comme si l’on traitait du matériel et du spirituel. Ce que ne touche pas  le sacré c’est le « profane » : Et le Christ en fait la distinction, quand il dit : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu! » L’impiété commence à ce que professe Clémenceau : « Il faut rendre à César ce qui est à César, et tout est à César ! ». Mais le poignard de Brutus, va prouver que tout n’était pas à César !

        Moi aujourd’hui, je vais tenter de vous prouver que la  connaissance de la Nature, doit conduire au sacré,  car la nature est un sacré qui s’ignore !  Mais que la « dénaturation »  de la nature, et la profanation du sacré, sont, au sens véritable du terme, « mortifères » pour la société ! Paul Valéry  à pu se plaindre ainsi : «Nous autres, Civilisations, nous  savons maintenant  que nous sommes Mortelles » ! Mais cela signifie que s’il y a des choses qui font mourir les sociétés, comme elles se continuent malgré tout, c’est qu’il y a des choses qui les font vivre !

        Et ce  qu’il nous importe de savoir, nous, combattants nationalistes, c’est évidemment ce qui fait vivre afin d’en informer la société. Mais puisque j’ai dit tout a l’heure qu’avec le même idéal civique, nous pouvions être croyants où incroyants, je voudrais préciser davantage.

       Les Croyants, comportent, les monothéistes qui adorent un seul Dieu, et les païens qui en adorent plusieurs. Mais actuellement, il y a un monothéisme ennemi de tous les autres : C’est l’Islam, avec ce qui est dit dans la sourate 5 : « La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah, et son messager, c’est qu’ils soient tués ou crucifiés, ou qu’on leur coupe leur main et leur jambe opposée ! » Je n’en dis pas plus, car je sais que de cela vous êtes suffisamment instruits

       Chez les athées, il y a ceux qui ne se posent aucun problème  que celui d’exister aussi confortablement qu’il se peut. Mais Il y a aussi ceux qu’on appelait autrefois les « stoïciens », qui se font une morale de comportement pour éviter l’anarchie sociale : De Maurras à Onfray, ce sont les plus intéressants pour notre cause.

      Il y a aussi les hommes qui se veulent athées, peut-être parce que certains scandales religieux les ont détachés de la religion. Parfois on les voit tentés de meubler le néant : Ce sera le cas de Nietzsche, qui inventera une évolution de l’homme vers le surhomme. Nietzsche mourra fou, mais il aura une influence certaine sur Hitler.

      Et puis il y a ceux qui voudraient croire et qui ne peuvent pas ! Ce sera le cas du grand Biologiste Jean Rostand, qui dira à Gustave Thibon : « Vous avez de la chance vous Chrétiens ! Vous dites « Je crois en Dieu »,  et vous n’y pensez plus ! Et moi je n’y crois pas et j’y pense toujours ».

      Mais avant de croire ou de ne pas croire,  ce que l’homme perçoit en premier, c’est la nature des choses et sa propre nature ! Rien n’est plus émouvant qu’un bébé qui découvre ses mains et qu’il peut bouger les doigts. La nature s’identifie à ce que nous percevons par nos sens. Une confidence, quand après 6 mois de détention politique je suis sorti de la Prison de la santé, j’ai eu un véritable choc en revoyant la verdure, j’en avais oublié l’intensité. La nature en prison, ç’avait été des murs et des grilles ! C’est dire combien la nature est relative à ce que nous en percevons, et que nous croyons être la réalité

          La nature, c’est un « donné ». C’est ce que nos sens nous permettent de  saisir et d’apprécier. Mais le pouvoir de nos sens  est limité. Un aigle voit bien mieux  que nous. Un papillon perçoit l’odeur  d’une compagne à des km ! Un chien perçoit des infrasons que nous n’entendons pas. C’est à dire que nous ne percevons qu’une petite partie de la réalité, et nous ne pouvons élargir notre perception que par la science et les outils. Ainsi, notre ciel aujourd’hui n’est plus  cette sorte de couvercle  que nos anciens appelait la Voute céleste, avec des trous qui laissaient passer la lumière de l’au-delà mais nous sommes tellement conditionnés par le passé que nous continuons d’appeler « voute céleste » ce que nous savons être un abîme d’espace inouï. De même, nous savons bien depuis  Copernic et Galilée, que le soleil ne tourne pas autour de la terre, mais nous continuons à parler du lever et du coucher du soleil ! Voyez comme les apparences nous suivent…

         Nous percevons donc, des apparences de la Réalité, et nous appelons cela la Nature.

 Einstein qui a révolutionné le monde avec la découverte de la relativité, écrit :

         «  Nous devons nous souvenir que nous n’observons pas la nature, telle qu’elle est réellement, mais bien que cette nature se révèle à nous, conditionnée par nos moyens de perception. Ce que nous croyons la réalité est une illusion, même si c’est une illusion persistante ! »

          Bref, nos sens nous mentent !

         Et cela s’applique à nous-même, puisqu’on dit d’un homme qu’il est une « bonne » ou une mauvaise Nature, mais avec le temps, nous élargissons notre vision de la nature. Nous découvrons ! Par exemple de temps à autre nos savants voient de nouvelles étoiles s’allumer dans le Cosmos. En réalité, elles ne s’allument pas mais leur lumière qui était en route à 300 000KM  par seconde, ne nous parvient que maintenant après des milliards d’années de voyage. Elles étaient réelles avant que nous en ayons la preuve ! Nous sommes devant l’incommensurable, et nous ne savons même pas si l’univers est fini ou infini ! S’il est fini, il est contenu dans  quoi ? Dans un autre espace ? Mais cet autre espace, dans quoi serait-il contenu ? Dans  le Rien, dans le vide ? Mais le rien et le vide, c’est ce qui n’existe pas. Et l’univers ne peut s’étendre dans ce qui n’existe pas. De lui, nous ne pouvons dire qu’une chose : Il est ! Et quand les savants nous disent que l’Univers a commencé Il y a 14 milliards d’années lumières, non, ce n’est pas l’univers qui a commencé, c’est notre temps qui a commencé. Mais qu’est-ce ce qui l’a fait commencer ? Qu’y avait-il avant le temps puisqu’il ne peut  y avoir d’effet sans cause ?

       Et le temps obéit aussi à la loi de la relativité. La plus proche des étoiles, c’est « Proxima » du Centaure qui se trouve à  un peu plus de 4 années lumières de nous. C'est-à-dire que si nous allions à la vitesse de la lumière, Nous ne mettrions que 9 ans pour un aller et retour.

      Mais ces 9  ans dans le Cosmos correspondraient  à des centaines d’années sur la terre, de sorte que les cosmonautes ne retrouveraient plus rien de ce qui existait à leur départ, et peut-être même que la terre n’existerait plus !

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En sus, il est possible qu’aujourd’hui, nous voyons Proxima, alors qu’elle n’existe plus depuis 4 ans, car, si elle s’est éteinte depuis la lumière pour se retirer mettra autant de temps  qu’elle mettait  nous parvenir !

         Il nous faut donc admettre qu’il y a un état de la nature qui nous est totalement inconnu, et c’est quelque peu ironique que de citer la proposition de Socrate : « Connais-toi toi-même,  et tu  connaîtras l’univers et les Dieux ! » Qui d’entre-nous, n’est pas un inconnu pour lui-même ? Maurras, dans sa « Prière de la fin »  écrira : « Et je ne comprends rien à l’être de mon être, tant de Dieux ennemis se le sont disputé ! »  Et c’est  pourtant cet inconnu qui constitue une autre partie de la réalité,  et cette réalité inconnue exerce sa puissance sur notre environnement et sur nos personnes. Nous sommes entouré de puissances et constitués  de pouvoirs qui nous font exister, et c’est de ces puissances qui règnent sur nos conditions de vie, que va naître le sentiment de ce qui nous dépasse, une Surnature en quelque sorte, qui va constituer le sacré dont nous n’avons que le sentiment !

Le sacré se tient dans les forces qui nous font vivre et que nous ne connaissons pas !

        Et l’humanité va le personnaliser ce sacré  en baptisant ces puissances : les Dieux ! J’ai bien dit les Dieux et non pas Dieu : Pourquoi ?   

             Ce qu’il faut savoir d’abord,  c’est que, dans l’antiquité, on appelle Dieux tous les hommes puissants et quelque peu hors du commun. C’est ainsi que même dans la Bible Hébraïque, qui professe un seul Dieu créateur,  vous trouvez au livre de l’Exode, que le Dieu d’Israël  donne à Moïse l’ordre d’aller discuter avec  le roi d’Egypte. Et comme Moïse ne se sent pas capable de discuter,  avec un personnage aussi considérable, Dieu le rassure en lui disant : «  Je vais te faire un Dieu aux yeux de Pharaon ! »

     Voici à travers la Bible comment évolue la notion de Dieu. C’est d’abord le dieu que croit entendre Abraham, et Abraham en fait  le Dieu de sa famille, il  va devenir ensuite le dieu de son clan puis d’un peuple, celui d’Israël, mais il n’est encore qu’un Dieu parmi les autres. Mais un jour il se dira « le Dieu des dieux », le plus puissant parmi les autres, avant de devenir le Dieu Unique, le dieu Créateur  dont tous les autres dieux ne sont que des créatures. Ainsi,  dans la théologie Héliopolitaine, bien plus ancienne que la Bible  on trouve cet article de foi :

         71GYmRkkhdL._AC_SY879_.jpg« Il est le Grand Dieu qui a parlé ses membres ! Rà a fait de tous ses noms le cycle des Dieux. C’est Rà qui a créé ses membres  devenus des dieux par la suite » ! J’abrège, mais  non seulement les textes Egyptiens sont unanimes, mais les hindous diront la même chose de Brahma !

         Cette évolution est connue des religions polythéistes, c'est-à-dire celles qui adorent plusieurs dieux. Elles finissent par concevoir dans le peuple des dieux un Dieu supérieur à tous les autres, (c’est ce qu’on appelle, « L’Enothisme ») ce Dieu  sera DZeus, pour les Grecs et ce nom de Dieu vient d’un terme Indo-Européen : Dew, qui signifie a peu près : « Le ciel lumineux ! » Ce  sera Odin  pour les Germano-Scandinaves, et  Jupiter chez les Romains.   Jupiter,  signifie Le Dieu-Père ! Il correspond au nom du Dieu Sythique : « Papaïos » ! C'est-à-dire que 1000 ans peut—être avant que  le Christ annonce le Dieu comme Père, les païens en avaient déjà la notion d’une paternité sacrée!

         Je dois vous révéler ce que j’ai découvert  en étudiant les langues anciennes. C’est que les mots importants ont un endroit et un envers qui en prolongent le sens.  Prenons le nom  du Dieu créateur Toum ;  Et si vous inversez, TOUM,  vous obtenez MOUT, qui est le nom Egyptien  de la grande Déesse ! Ainsi le premier nom de la divinité, montre qu’elle est « Patermaternelle » Géniteur-Génitice. Et nous retrouvons ce qui est annoncé dans la genèse Hébraïque « Dieu créa l’homme à son image » ; Il le créa masculin-Féminin, et si l’on suit le texte de la Bible, en  Hébreu, ce sera Aish et Aisha, comme sont une quasi même chose, le Feu et la Flamme.  Ce dieu séparera ensuite les deux sexes, et cela cache un profond mystère : il y a eu quelque part un accident ! Et notre humanité actuelle n’est pas celle de la création, puisque les sexes sont séparés. Et Platon  attribuera à la méchanceté des hommes, que les sexes aient été séparés. Mais cette séparation ne peut être exécutée par un Dieu parfait  ,car la séparation semble s’être mal faite parfois, puisque certains hommes ont des tendances de femmes, et des femmes des tendances mâles ! Mais cela pose un problème pour une meilleure définition du sacré ! Si l’homme actuel est le résultat d’une faute,  il ne peut être totalement sacré ; le sacré ne peut se trouver que dans le « sans-faute », c'est-à-dire dans le créateur, le pouvoir inaccessible à la faute,  Avant la faute, la Nature de l’homme  correspondait donc au sacré.  Alors il faut admettre que la « faute » ou « l’accident » nous à dénaturés ! Nous ne  sommes pas  l’espèce que nous étions à l’origine ! Et pour tenter d’expliquer cette chute, les religions vont imaginer, un être méchant, un tentateur qui nous aurait voulu du mal.  . L’écrivain Vercors dans les années 60 a quelque peu abordé ce mystère dans : « Les animaux dénaturés ». Il posait des questions  auxquelles  on n’a pas trouvé de réponse…

      Les hommes de l’antiquité  ont estimé que le sacré était assimilé à la puissance et à la connaissance qui donnent l’autorité, et ils ont donc  considéré la puissance comme divine et le savoir comme divin. Car il semble qu’au début, les divinités que l’on imagine, n’ont rien de Moral. Ils font ce qui leur plait. Ainsi le Dieu Hébreu de la Genèse,  est jaloux, orgueilleux, inconstant, imprévoyant et il ne se distingue en rien des autres dieux du paganisme. Mais il est puissant ! On dit qu’il décide du mal comme du bien. Il n’est pas question de justice. Il veut être obéi aveuglement. C’est  le prophète Ezéchiel qui rapporte les paroles de ce Dieu qui ordonne de lui sacrifier les enfants premiers nés pour montrer sa puissance. Il n’a aucune ressemblance avec le Dieu-Père que fera connaitre  le Christ, et que bien des philosophes païens  découvriront par intelligence ! D’une certaine façon, le sacré inspiré par ces dieux est terrifiant ! Et par eux les hommes sont destinés aux enfers sans savoir pourquoi !

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  Il me parait important de vous faire remarquer ce qui montre la relativité des grands dieux du Paganisme. C’est que tous se présentent comme des fils qui ont volé leur trône à leur père ! Exemple : Le Dieu Zeus, s’est rebellé contre son père Cronos,  et l’a jeté dans le Tartare !  Mais Cronos déjà s’était révolté contre son Père Ouranos,  et lui avait coupé les génissoires !  Mais Ouranos avait succédé à son père Chaos dont on ne sait rien d’autre ! Les grecs ne faisaient pas remonter plus loin la généalogie de leurs Dieux…Il en est de même chez les Babyloniens : Leur grand dieu est Mardouk , mais si on en fait un Dieu créateur, il a cependant un Père, que l’on connait sous le nom d’Ea ou d’Enlil, mais lui-même est fils du grand Dieu An , mais An aurait aussi détrôné son Père Alallu dont on ne sait plus rien. C'est-à-dire que l’on ne sait rien  du Dieu Primordial, le véritable, le Dieu créateur ! Le Tout !

       Par contre les Egyptiens conçoivent le grand dieu « qui se crée lui-même », et dont la parole donnera les dieux subalternes, et il est très probable que la Genèse hébraïque leur empruntera ce Dieu créateur sous le nom d’Aelohim : C’est le seul nom connu qui est à la fois singulier  et Pluriel, et masculin et féminin. Je vous l’expliquerai si nous avions le temps.

       Logiquement, les anciens vont ensuite assimiler leurs Dieux aux puissances de la nature. C’est toujours la puissance qui sacre les Dieux. Prenons l’exemple du Paganisme Grec. Zeus est en premier lieu, le Dieu de la foudre. Poséidon, le dieu de l’océan, Eole, le Dieu des vents,  Hadès, le Dieu des enfers, Eros le Dieu de l’amour, Cérès la déesse des moissons,  etc,  et ils vont leur donner une existence semblable à ce qu’on constate de la nature, A savoir que la nature  semble mourir avec l’hiver, et ressusciter avec  le printemps.

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Ainsi tous les dieux «  mineurs » sont des dieux de la végétation qui ressuscite.  Même Zeus dit-on aurait eu sa tombe dans l’ile de Crête ! C’est Alexandre le grand qui va porter un coup fatal à la résurrection des dieux. Au cours de ses conquêtes il va  buter sur le tombeau de Melkart, le grand Dieu de Tyr, et il le fait ouvrir pour vérifier que le Dieu est bien ressuscité. Et l’on y trouve un grand Guerrier, baignant dans une huile d’embaumement, ce qui prouve que Melkart adoré comme un Dieu, n’était qu’un grand homme ! Et c’est ce que soutiendra le mythographe Evhémère ! Il déclara avoir découvert un texte qui révélait que les Dieux  n’étaient que de grands hommes divinisés. En fait, il semble qu’Evhémère ait été révulsé par la conduite immorale des prétendus Dieux Olympiens, qui avaient tous les défauts des hommes ! On l’a considéré comme un père de l’athéisme contemporain, alors qu’il a tiré des conclusions logiques du comportement des dieux Olympiens : Un Dieu Zeus  qui soulève toutes les jupes des nymphes qu’il trouve a son goût, ne peut pas être Dieu !

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Et  à notre Moyen Age, on trouvera une opinion semblable émise par Sturlusson le génie traducteur de la Mythologie  Germano-Scandinave laquelle  semble avoir inspiré la renaissance du paganisme contemporain. Dans ses commentaires sur « l’Edda » Strurlusson aurait soupçonné le Dieu Odin, d’être en réalité un grand chef de guerre Indo- Européen, pour ne pas dire Aryen, chassé du Caucase par une glaciation, et qui  aurait trouvé un territoire ou s’établir en Europe du nord. Il y a une relation certaine des « Edda », avec le « livre des Rois de Féridoun » qui retrace la mythologie persique. Je ne puis que signaler ici, le grand intérêt de cet ouvrage, autant pour les chrétiens que pour les païens qui sont en recherche !

     Rechercher, c’est être déjà religieux. Car on cherche la réalité à travers les apparences.

Et je voudrais revenir sur ce que je vous ai dit tout a l’heure des catégories que sont les croyants et les incroyants. Il y a deux incroyants qui me paraissent exemplaires dans leur catégorie. Le premier c’est Claude Allègre, un scientifique qui a quitté le parti socialiste  après avoir tenté de réformer en vain l’éducation nationale. A la fin d’un ouvrage ou il traitait de la science et de la foi,  il se mettait dans la peau d’un poète oriental qui aurait dit à peu près à la fin de sa vie : « Tout le monde sait que je n’ai jamais cru en dieu, mais tout le monde sait que je n’ai jamais menti. Alors, j’ai confiance ! »

         Cela me paraît remarquable, car dans la Bible Hébraïque, le mot qui recouvre la croyance, plus justement que le mot Foi,  c’est la confiance ! Si l’on ne peut croire par sentiment, peut-être est-il possible de croire « raisonnablement ». Car il est difficile d’admettre que nous ne servons à rien ! Et la confiance c’est  déjà l’espérance de découvrir que nous servons à quelque chose si nous sommes honnêtes avec nous-même !

        220px-Charles_Maurras_-_photographie_Frédéric_Boissonnas.jpg Le second personnage ce sera Charles Maurras, condamné comme « Collaborationniste », par la racaille Bolcho-Gaulliste, alors qu’il fut l’anti germaniste le plus virulent de son époque. ! Maurras était muré dans une surdité quasi-totale, ce qui lui avait donné une force de concentration extra-ordinaire. Philosophe de l’école très rationaliste d’ Auguste Conte ,  il n’avait jamais pu croire. Il était plutôt fervent de la sagesse Grecque, ce qui lui avait valu l’antipathie sectaire du Pape Pie XI. Quand il fut grabataire  en prison, et mourant,  il fut gracié par le président Auriol, et interrogé, il avoua même dans l’épreuve n’avoir pas pu faire un pas vers la religion, même après avoir fait une très belle prière poétique. Cependant sur le point de mourir, il accepta qu’un prêtre vienne l’assister, et il se produisit alors un fait extraordinaire. Alors que le prêtre montait l’escalier pour l’assister, Maurras se souleva sur son lit et il déclara : «  Pour la première fois, j’entends venir quelqu’un ! ».

      Moi, croyant, j’ai toujours pensé qu’il était aussi difficile de croire que de ne pas croire, car Dieu est invraisemblable ! Seulement voila, l’homme sans Dieu est encore plus invraisemblable ! Et nous en sommes là dans une réflexion sur le sacré et nous ne pouvons pas en dire grand-chose, puisque le sacré c’est ce que nous ne connaissons pas ! Et pourtant aujourd’hui l’avancée des sciences est un chemin d’accès. Depuis la découverte de la relativité par Einstein, qui ne pratiquait pas selon la synagogue, mais qui se disait croyant, la conception scientiste, c'est-à-dire la conception matérialiste de l’univers est révolue, elle n’est plus concevable par la raison et c’est sur cette note que je voudrais m’acheminer vers une conclusion ouverte.

      Je vais le simplifier au maximum.

      Les anciens  croyants ont cru, que la matière s’opposait à l’esprit. Et c’est ainsi qu’ils interprétaient abusivement la parole du Christ : « L’esprit est prompt et la chair est faible » ! On concevait que la matière était faite de sortes de briques solides, les cellules, elles-mêmes composées de briques plus petites, les atomes. Mais à partir du Microscope électronique, l’appareillage scientifique est devenu tel que l’on a pu constater, que les atomes étaient de petits univers avec des corpuscules en mouvement que l’on nomme  électrons, neutrons,  protons, Photons etc, on a même pu découvrir que les protons sont également composés que plus petites particules nommées les Quarks. Mais quand on veut fouiller les photons, on se rend compte qu’ils sont des grains de lumière, qu’ils ont une vitesse mais qu’ils n’ont pas de poids. Or la matière est composée d’un mouvement, qu’on appelle la Cinétique,  et d’une masse, le poids. Or les photons n’ont pas de poids, ils ne  sont que des points d’énergie lumineuse en mouvement, ils ne sont donc qu’une demi-matière, mais si deux photons se réunissent pour donner un électron, leur énergie donne un poids, c’est l’apparition de la matière. Et cela prouve que la matière nait de l’immatériel, que le visible nait de l’invisible, que la lumière est une énergie, que l’énergie est une pensée, et qu’à l’origine de la pensée il y a un penseur ! Et c’est ainsi qu’un grand Physicien Sir James Jean a pu dire : « L’univers ressemble de moins en moins à une grande mécanique, et de plus en plus à une grande pensée ! » :

          Il y a, dans le fatras de la Genèse Hébraïque une affirmation qui rejoint exactement, ce que je viens très mal de vous exposer. Que fait dire le livre au Dieu lorsqu’il lance la création : « Et Dieu dit : « Que la lumière soit, et la lumière fut ! » Et c’est cette lumière qui, première forme de l’énergie qui a commencé  de tisser  l’univers,  il y a près de 14 Milliards d’années. C’est ce que disent les savants. Pour la première fois, la science rejoint la révélation !

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Il y a 50 ans que j’ai entendu un physicien Français expliquer cela mieux que je ne le fais. J’écoutais la radio  tout en triant des feuilles de tabac, car j’étais planteur de tabac, et j’avais l’impression d’apprendre quelque chose de nouveau. Et voici qu’après avoir démontré que la matière  n’était qu’une apparence d’une certaine forme d’énergie, c'est-à-dire que la création était spirituelle, le savant concluait ainsi : «  Et oui, au terme de nos recherches, voici qu’il nous vient un mot que nous scientifiques pensions interdit, et ce mot est : Dieu ! »

      Quelles sont les conséquences logiques de cela ?  Plus la science  accroit nos connaissance, ce que nous trouvions mystérieux, soit le surnaturel, voila qu’il  devient naturel. Plus derrière les apparences nous découvrons une réalité,  et nous nous trouvons dans ce que Le Christ disait à ses Apôtres : « J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant ; mais quand l’Esprit de vérité sera venu, il vous mènera vers la Vérité toute entière ! » Et cela, à mon sens correspond,  au texte de Joël, un des petits prophètes d’Israël, qui fait dire à Dieu : «  Après cela, je répandrai mon esprit sur toute chair, vos fils et vos filles prophétiseront,  vos anciens auront des songes et vos jeunes gens des visions ! ». A mon sens, nous sommes entrés dans ce temps d’effusion, qui est lié au cycle du Verseau, qui était représenté par les grecs comme un jeune homme déversant sur terre les ondes de l’esprit, car le Verseau est un signe aérien. Einstein a dit plusieurs fois, « Il va falloir penser autrement ! » et c’est à nous tous qu’il parlait ! Et c’est une prodigieuse intellectuelle, d’origine juive : Raïssa Maritain, convertie avec son mari au Catholicisme, qui semble avoir donné le signal, du règne de l’Esprit qui est celui de l’intelligence en disant : « On a combattu la religion au titre de l’intelligence, c’est aujourd’hui au nom de l’intelligence qu’il faut la défendre ! » Or l’intelligence ne se fabrique pas ; elle peut être cultivée, mais elle  est d’abord donnée de diverses façons,  et nous abordons avec cela un autre mystère ! 

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 Quand Archimède  découvre d’un coup, une des grandes lois de la Physique, il s’écrie, tellement cela est sans palier de réflexion : « Euréka » (J’ai trouvé) ! Quand Paul de Tarse , qui vient de participer au massacre du Chrétien Etienne, est jeté à bas de son cheval par l’esprit si lumineux , on ne peut relever qu’ aveugle  ce n’est nullement sa réflexion qui le convertit, c’est l’intervention inexplicable de l’ailleurs ! Quand Norbert Wiéner Le mathématicien surdoué qui passe pour être l’inventeur de la Cybernétique,  lors d’un cours à ses élèves, s’interrompt brusquement, pour parler du pouvoir des démons dans le monde, qu’il a servi sans le savoir et qu’il veut désormais combattre, quand il s’exprime ainsi, alors qu’il était un juif parfaitement Athée, c’est sous le poids d’une intuition tellement brutale, qu’il faut bien admettre qu’il a été une cible de l’Esprit ! Il écrira ensuite :

        « La science est impossible sans la foi. Par ces mots, je ne veux pas dire que la foi dont dépend la science est religieuse, et implique l’acceptation de n’importe quel dogme de croyances religieuses ordinaires, mais que, si la foi manque en l’idée que la nature obéit à des  lois, il ne peut y avoir de science ! »

        Ainsi  Wiéner ne se relie pas encore à une religion existante, mais il admet, qu’il y a une législation qui tend à « Ordonner » le monde, ce qui suppose un législateur ! Et ce qui, pour une nation, demande des nationalistes.

       Exemple tout à fait différent, quand Françoise Vernay, peut-être la plus grande éditrice de l’époque, dans la logique d’une vie totalement dépravée se fait avorter, à peine aperçoit-elle le petit fœtus flottant dans la cuvette, qu’il lui est révélé qu’elle vient d’accomplir le crime des crimes, c'est-à-dire qu’elle s’est dénaturée : Et du jour au lendemain elle change de vie ; Elle écrira un livre sur le sujet qui vaut la peine d’être lu : « Dieu existe, je l’ai toujours trahi ! »

     André Frossard, lui aussi juif complètement athée, écrira : « Dieu existe, je l’ai rencontré » ! Et il conte comment, s’étant trompé d’adresse, il entre par hasard,  dans une chapelle  ou est exposé l’ostensoir qu’on appelle « le saint sacrement, et il est pénétré d’un coup, par une lumière qui n’est pas d’ordre physique, ce que l’on appelle la lumière « Nouménale » qui est avant la lumière Physique que l’on dit « phénoménale », et il sait d’un coup qu’il est en face du Dieu auquel il n’avait jamais cru !

      Et c’est  un phénomène presque semblable, que va subir un autre juif totalement athée,

A-1308308-1279791915.jpeg.jpgMax Jacob, artiste à la vie de Bohème, accro aux drogues dures et même homosexuel dit-on, à qui apparait l’image du Christ sur le mur de sa chambre ! Et le choc émotionne est tel, qu’immédiatement il se jure d’abandonner ses licences, et il tiendra parole !

      J’ai cité ces cas étranges qui semblent se relier à une façon de savoir qui ne doit rien à la réflexion ! Einstein en a traité  comme d’une donnée, qu’il appelle l’intuition. Et il écrit :

     «  L’intuition  a pour moi les traits d’une opération de  divination (remarquez que dans le mot divination, il y a le « divin ») et il poursuit : « Le plus bel exemple d’intuition, c’est la théorie de la relativité générale ! La seule chose qui vaille au monde, c’est l’intuition ! »

      Il fait savoir que  déjà en son temps le grand peintre, Giovanni Pannini ( 1691-1765) avait écrit : « Quiconque a quelque pratique de l’introspection spirituelle entend en lui des voix

qui ne semblent pas les siennes. Il entend le murmure des suggestions qui lui étaient inconnues plus tôt, des suggestions imprévisibles et incroyables ! Il est faux de dire que nous travaillons avec notre cerveau ! En réalité, nous nous limitons à écouter un inconnu qui nous parle à l’oreille »

       L’immense poète Rainer Maria Rilke ( 1875- 1926) disait dans le même esprit, qu’on lui faisait « don » de ses vers ! Président de la Commission culturelle du Conseil régional à Bordeaux, et ayant créé  et présidé « La renaissance Aquitaine » pendant plus de cinquante ans, je confirme ! Il y a la versification qui est une technique et une fabrication, et la poésie, qui est inspirée, de telle sorte que les anciens en disaient qu’elle était le langage des Dieux : Elle est dans notre nature, comme une descente  du sacré qui peut se présenter a chacun de vous sous une forme différente.  Et cela nous ramène au thème que je devais traiter.   

      Comment oser dire cela, alors que le monde est en crise, parce que toutes les religions sont en crise, et que toutes les formes politiques ont échoué à rendre les peuples heureux ? Et bien c’est parce que l’Apocalypse à laquelle on se réfère comme désignant  un temps d’extrême violence, signifie seulement : « Révélation » ! Et nous y sommes ! Il faut que notre effroyable temps, accouche de la révélation, et il est rare que les accouchements soient indolores. Mais  ils sont dans la nature des choses. L’accouchement est dans la nature des choses ! Ce qui n’est pas dans la nature des choses, c’est de tuer l’enfant que l’on a conçu.

       Lorsque Picasso avouait : «  Ce qui me sauve, c’est que je réussis chaque jour à faire plus laid ! », il avouait dénaturer cette aspiration  vers le beau que l’homme porte en soi ! Quand, la fille de Béria, le pire exécuteur des crimes staliniens, osait dire : « Mon père est un démon ! », et cela malgré qu’elle eut été élevée dans le matérialisme marxiste, elle  démontrait que cette inspiration vers le bien, peut subsister dans la nature humaine, comme déjà une disposition vers la surnature ! Les religieux ont prétendu souvent que l’homme avait  à choisir entre la route du bien, et la route du mal, et c’est faux, car il n’y a qu’une route,  celle qui conduit l’homme au « plus » qu’il n’est ! L’homme qui fait son devoir par  l’aide qu’il apporte aux autres, c’est un homme qui « devient » ! Au contraire l’homme qui se sert des autres, pour ne considérer que son plaisir, il ne s’achemine pas, il se détruit, et il n’a plus à la fin de sa  vie, que l’espérance du néant. Or le néant, c’est ce qui n’existe pas.

       Il y a un mot qui définit la plénitude de l’homme qui devient, c’est le mot « extase ». Il est tiré du Grec et in signifie « Sortir de soi ». C’est un état auquel parviennent de saints personnages, et qui constitue la vision spirituelle de la divinité. Cela peut arriver a certains mourants, qui n’en reviennent qu’un instant pour supplier qu’on les laisse partir pour ce qu’il ont vu de l’au-delà. J’ai connu deux femmes de mon village dans cet état. Le cas le plus célèbre et qui n’est guère connu, c’est celui de Saint Thomas d’Aquin, un des théologiens les plus abondants,  qui se rendant à un concile, tomba en extase pendant le voyage, et il n’en sortit que pour déclarer : « Tout  ce que j’ai écrit, c’est de la paille !» et il mourut sur cela. Et l’Eglise n’a pas commenté, car ç’aurait été avouer, qu’en recevant l’enseignement de St Thomas, elle avait peut-être mangé de la paille !

       Si nous réussissons à détruire l’Islam avant qu’il ne nous détruise, ce qui implique la destruction également de la Vième république complice, nous allons connaître une véritable explosion des sciences, et il semble bien que ce soit la science-fiction qui en a dépeint les possibilités ! Demain, sera en mesure de cloner l’homme, de réaliser l’homme bionique, et grâce à l’intelligence artificielle, d’éradiquer les maladies dès leur apparitions. Demain, le surhomme, pourra modifier le nombre atomique de sa substance, pour traverser les obstacles, comme passa le Christ a travers les portes fermées du cénacle ! Demain comme l’aurait découvert Anton-Parks sur quelques gravures pré sumériennes, il sera possible d’établir des couveuses artificielles, pour libérer la femme de ses grossesses, et pour modifier la génétique, en fonction des nécessités sociales.  Demain, à partir de la découverte du professeur Charon de l’absence de l’espace temps à l’intérieur de l’atome, il sera possible de découvrir dans le cosmos, des tunnels de « Non-Espace-temps » qui nous permettront le voyage intersidéral ! Bref nous deviendrons ce que les légendes antiques nous ont rapporté des dieux de l’antiquité…

         L’ennui, c’est que toutes ces légendes se rapportent à une immense « guerre des dieux » ! Alors allons-nous commettre les mêmes fautes, qui ont ramené ces « civilisations » jusqu’à ne laisser que les éclopés que nous sommes ?

        Je crois qu’il faut se souvenir de la parole du Christ : « Que vaut à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ! »

  Et cependant en tant que  Nationaliste figurez-vous que j’ai confiance, car je sais que mon devoir aujourd’hui c’est seulement de sauver de l’infamie, cette terre qui nous a été donnée, pour y remplir notre vocation

     Mais j’ai confiance aussi parce que mon Seigneur a dit : « Allons, prend ton grabat et marche ! »

     Et ceci dit, je vous remercie de m’avoir écouté !

00:29 Publié dans Philosophie, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sacré, nature, alexis arette, philosophie, tradition | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Coronaviren: Hat Bill Gates alles schon vor Jahren gewusst?

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F. William Engdahl:

Coronaviren: Hat Bill Gates alles schon vor Jahren gewusst?

Ex: https://kopp-report.de

Wenn es darum geht, die weltweite Forschung an Impfstoffen gegen Coronaviren voranzutreiben und finanziell zu fördern, kann es wohl niemand mit Bill Gates und der Bill & Melinda Gates Foundation aufnehmen. Kaum bekannt: Wenige Wochen bevor der Ausbruch in Wuhan publik wurde, waren sie noch Sponsoren eines Planspiels einer globalen Coronavirus-Pandemie, außerdem haben sie zahlreiche Unternehmen dabei unterstützt, einen Impfstoff für das offenbar neuartige Virus zu entwickeln. Die Präsenz der Gates’ ist überall zu spüren. Aber was lässt sich daraus schließen?

Eines müssen wir zugeben: Bill Gates ist ein Prophet. Seit Jahren hat er behauptet, dass eine globale Killer-Pandemie über uns hereinbrechen wird und dass wir darauf nicht vorbereitet seien. Am 18. März 2015 hielt Gates in Vancouver einen TED-Talk zum Thema Epidemien.

Damals schrieb er in seinem Blog: »Habe gerade eine kurze Rede zu einem Thema gehalten, über das ich in letzter Zeit viel gelernt habe – Epidemien. Der Ebola-Ausbruch in Westafrika ist eine Tragödie – zum jetzigen Zeitpunkt sind über 10 000 Menschen gestorben.«

Und weiter hieß es: »So schlimm diese Epidemie auch war, die nächste könnte deutlich schlimmer ausfallen. Die Welt ist schlichtweg nicht darauf eingestellt, mit einer Krankheit umzugehen – beispielsweise einer besonders ansteckenden Grippe –, die sehr rasch große Mengen an Menschen infiziert. Unter all den Dingen, die 10 Millionen Menschen oder mehr töten könnten, ist die mit Abstand wahrscheinlichste eine Pandemie.«

Im selben Jahr schrieb Bill Gates einen Artikel für das New England Journal of Medicine. In dem Artikel mit der Überschrift »Die nächste Epidemie – Lehren aus Ebola« sprach er von einer besonderen Klasse von Medikamenten, bei denen es darum gehe, Patienten spezielle RNAbasierte Konstrukte zu verabreichen, die es ihnen ermöglichten, spezielle Proteine (darunter Antikörper) zu produzieren. »Es handelt sich um einen sehr neuen, aber sehr viel versprechenden Bereich, denn es ist möglich, dass eine sichere Therapieform ziemlich rasch entwickelt und in großem Stil produziert werden könnte. Mehr Grundlagenforschung sowie die Fortschritte von Unternehmen wie Moderna und CureVac könnten dazu führen, dass diese Vorgehensweise ein zentraler Baustein bei der Bekämpfung von Epidemien wird.« Aktuell werden Moderna und CureVac finanziell von der Gates Foundation unterstützt. Die Unternehmen sind führend beim Wettrennen darum, einen auf Boten-RNA (mRNA) basierenden Impfstoff für Covid-19 zu entwickeln.

Die Gründung von CEPI

Seit Jahren bereiten sich Gates und seine finanziell gut aufgestellte Stiftung auf eine globale grippeähnliche Pandemie vor. Beim Weltwirtschaftsforum 2017 in Davos rief Gates CEPI ins Leben, die »Coalition for Epidemic Preparedness Innovations«. Beteiligt sind auch die Regierungen von Norwegen, Indien, Japan und Deutschland sowie der britische Wellcome Trust. Die Aufgabe von CEPI besteht nach eigenen Angaben darin, die Entwicklung von Impfstoffen voranzutreiben, welche die Menschheit für die Eindämmung künftiger Epidemien benötigen wird. Gates erklärte damals:

»Ein vielversprechender Bereich der Impfstoffentwicklung ist es, die Fortschritte in der Genforschung zum Kartographieren der DNA und der RNA von Pathogenen zum Herstellen von Impfstoffen zu nutzen.«

Darauf gehen wir gleich noch einmal ein.

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»Event 201«

Spätestens 2019 gab es für Bill Gates und die Stiftung kein Halten mehr, was ihre Pandemie-Szenarien anbelangte. Gates produzierte für Netflix ein Video, in dem er ein auf unheimliche Weise imaginäres Szenario entwarf. In dem zur Explained-Serie gehörenden Video ist die Ausgangssituation ein Tiermarkt in China, auf dem sich lebende und geschlachtete Tiere stapeln.

Von diesem Markt breitet sich ein hochgradig tödliches Virus rund um den Globus aus. Gates erscheint in dem Video als Experte und warnt: »Wenn wir über Dinge nachdenken, die Millionen Menschenleben fordern könnten, dann stellt eine Pandemie unser größtes Risiko dar.« Wenn wir nichts unternähmen, um uns besser auf Pandemien vorzubereiten, werde der Zeitpunkt kommen, an dem die Welt zurückschauen und sich wünschen werde, mehr in mögliche Impfstoffe investiert zu haben. Das war Wochen bevor die Welt das erste Mal von Fledermäusen auf dem Tiermarkt im chinesischen Wuhan hörte. Im Oktober tat sich die Gates Foundation mit dem Weltwirtschaftsforum und dem Johns Hopkins Center for Health Security für eine – wie sie es nannten – »fiktive Simulation« zusammen.

An dem Planspiel waren einige der weltweit führenden Persönlichkeiten in Sachen öffentliche Gesundheit beteiligt. Der Name der Veranstaltung war »Event 201«.

Auf der begleitenden Website heißt es, bei »Event 201« simuliere man den Ausbruch eines »neuartigen Zoonose-Coronavirus, das von Fledermäusen über Schweine auf den Menschen übergeht und schließlich wirksam von Person auf Person übertragbar ist, was eine schwere Pandemie nach sich zieht. Der Erreger und die durch ihn verursachte Krankheit basieren größtenteils auf SARS, sind aber in der Gemeinschaft stärker durch Menschen mit leichten Symptomen übertragbar.«

Bei dem »Event 201«-Planspiel bricht die Krankheit auf einer Schweinefarm in Brasilien aus, breitet sich von dort in einkommensschwachen Regionen aus und explodiert schließlich zu einer Pandemie. Durch Flugreisen gelangt die Krankheit nach Portugal, in die USA und China und so weiter, bis schließlich kein Land mehr fähig ist, die Lage zu kontrollieren. Im Rahmen des Szenarios steht während des ersten Jahrs kein möglicher Impfstoff zur Verfügung. »Da die gesamte menschliche Bevölkerung anfällig ist, steigt die Zahl der Fälle während der ersten Monate der Pandemie exponentiell an und verdoppelt sich jede Woche.«

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Das Szenario endet nach 18 Monaten. In diesem Zeitraum hat das fiktive Coronavirus 65 Millionen Tote verursacht. »Die Pandemie beginnt, sich langsamer auszubreiten, da die Zahl der anfälligen Personen sinkt. Die Pandemie wird andauern, bis ein wirksamer Impfstoff gefunden wird oder 80 bis 90 Prozent der Weltbevölkerung mit dem Virus in Kontakt gekommen sind.«

Teilnehmer von »Event 201«

Die Weitsichtigkeit, die man beim von Gates und Johns Hopkins organisierten »Event 201« an den Tag legte, ist sehr interessant; aber genauso interessant sind die Personen, die eingeladen worden waren, um sich an der fiktiven weltweiten Reaktion zu beteiligen. Unter den handverlesenen »Spielern«, wie man sie nannte, war auch George Fu Gao. Professor Gao leitet seit 2017 das chinesische Zentrum für die Bekämpfung und Prävention von Krankheiten. Er ist unter anderem spezialisiert auf die Übertragung des Influenzavirus von Spezies zu Spezies und interessiert an Virusökologie, insbesondere an der Beziehung zwischen dem Influenzavirus und Zugvögeln oder Märkten mit Lebendgeflügel, an der Virusökologie von Viren, die von Fledermäusen stammen, und an Molekularbiologie.

Neben Professor Gao nahm unter anderem auch Avril Haines teil, unter Präsident Obama stellvertretende CIA-Chefin, Assistentin des Präsidenten und stellvertretende Beraterin zur nationalen Sicherheit. Ein weiterer Teilnehmer war Konteradmiral Stephen C. Redd, der bei der US-Gesundheitsbehörde CDC die Abteilung leitet, die dafür sorgen soll, dass das öffentliche Gesundheitssystem auf Krisen vorbereitet und reaktionsbereit ist.

Ebenfalls dabei war Adrian Thomas aus dem Management des skandalgebeutelten Pharmariesen Johnson & Johnson. Thomas ist bei dem Konzern verantwortlich für die Reaktion auf Pandemien. Dazu gehört die Entwicklung von Impfstoffen für Ebola, Denguefieber und HIV. All das zeigt, dass Bill Gates sich erstaunlich intensiv mit der Möglichkeit befasst hat, dass es zu einer globalen Pandemie kommt, von der er sagt, sie könne sogar noch schlimmer werden als die mysteriöse Spanische Grippe von 1918. Seit mindestens 5 Jahren, wenn nicht noch länger, warnt er vor diesem Szenario. Die Bill & Melinda Gates Foundation befasst sich aber nicht nur damit, sie finanziert auch die Entwicklung neuer Impfstoffe. Dabei kommt hochmoderne Technologie wie die Genschere CRISPR zum Einsatz.

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Coronavirus-Impfstoffe

Die Gates Foundation unterstützt die Impfstoffentwicklung an allen Ecken. Inovio Pharmaceuticals aus Pennsylvania beispielsweise erhielt von CEPI, der von Gates unterstützten Organisation »Coalition for Epidemic Preparedness Innovations«, 9 Millionen Dollar für die Entwicklung eines Impfstoffs. Dieser Impfstoff, INO-4800, soll ab April am Menschen getestet werden, was verdächtig rasch wäre. Zusätzlich hat die Gates Foundation dem Unternehmen gerade weitere 5 Millionen Dollar dafür gegeben, ein eigenes intelligentes Gerät zu entwickeln, das den neuen Impfstoff intradermal einspritzen kann.

Das Geld, das von der Gates Foundation über CEPI fließt, finanziert zudem die Entwicklung einer radikal neuen Impfstoffmethode, die auf der sogenannten Boten-RNA (mRNA) basiert.

Die Stiftung unterstützt zudem das Biotech-Unternehmen Moderna aus Cambridge, Massachusetts, bei der Forschung an einem Impfstoff gegen das neuartige Coronavirus aus Wuhan, das inzwischen als SARS-CoV-2 bezeichnet wird. Modernas anderer Partner ist das National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), eine Unterabteilung der amerikanischen Gesundheitsbehörde National Institutes of Health (NIH). NIAID-Chef ist Dr. Anthony Fauci, über den auch die Notfallmaßnahmen der Regierung Trump in Bezug auf die Viruskrise laufen. Das Besondere an Modernas Coronavirus-Impfstoff mRNA-1273: Er wurde nicht innerhalb von Jahren, sondern innerhalb von Wochen entwickelt und ging am 24. Februar bereits direkt zu Faucis NIH. Dort wird der Impfstoff nun nicht, wie es normal wäre, an Mäusen getestet, sondern gleich an menschlichen Versuchskaninchen.

Interessant in diesem Zusammenhang ist der rechtliche Hinweis auf Modernas Website:

»Besonderer Hinweis bezüglich zukunftsbezogener Aussagen: … Zu diesen Risiken, Ungewissheiten und anderen Faktoren gehören: … die Tatsache, dass es nie zuvor ein kommerzielles Produkt gegeben hat, bei dem eine für die Nutzung zugelassene mRNA-Technologie zur Anwendung kam.«

Anders gesagt: Es ist völlig unbekannt, wie sicher das Ganze für die menschliche Gesundheit ist. Auch das deutsche Biotech-Unternehmen CureVac arbeitet mit der völlig unerprobten mRNA-Technologie, um einen Impfstoff für Covid-19 zu entwickeln. Seit 2015 erhält CureVac Geld von der Gates Foundation, um seine eigene mRNA-Technologie entwickeln zu können. Die Gates Foundation und angeschlossene Organisationen wie CEPI gehören zu den größten Geldgebern der öffentlich-privaten Weltgesundheitsorganisation WHO. Addieren wir all das, kommen wir zu dem Schluss, dass es rund um die aktuelle Coronavirus-Pandemie praktisch keinen Bereich gibt, in dem Gates nicht allgegenwärtig ist.

Dieser Beitrag ist zuerst in KOPP Exklusiv (Ausgabe 14/20) erschienen.