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lundi, 17 août 2020

Zinoviev et le grand avènement de la démocratie totalitaire

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Zinoviev et le grand avènement de la démocratie totalitaire

par Nicolas Bonnal

Alexandre Zinoviev devint un dissident de la société mondiale après avoir été un dissident soviétique. A l’époque il y avait des dissidents, maintenant, comme dit Paul Virilio, il n’y a plus que des dissuadés.

En 1998 le maître répond à une interview et explique que tout allait bien à l’ouest quand nous étions sous la menace soviétique (le capital avait peur) :

« Pendant la guerre froide, la démocratie était une arme dirigée contre le communisme, mais elle avait l’avantage d’exister. On voit d’ailleurs aujourd’hui que l’époque de la guerre froide a été un point culminant de l’histoire de l’Occident. Un bien être sans pareil, un extraordinaire progrès social, d’énormes découverts scientifiques et techniques, tout y était!»

La fin du communisme fut le crépuscule de nos droits sociaux et politiques (fin de l’Histoire !) :

« Mais la fin du communisme a aussi marqué la fin de la démocratie, notre époque aujourd’hui n’est pas que post communiste, elle est aussi post démocratique. Nous assistons aujourd’hui à l’instauration du totalitarisme démocratique, ou si vous préférez à l’instauration de la démocratie totalitaire. »

30046266853.jpgZinoviev décrit très bien le redoutable mondialisme qui naît du défunt et redouté communisme :

« Aujourd’hui nous vivons dans un monde dominé par une idéologie unique, un fait unique, par un parti unique mondialiste. La constitution de ce dernier a commencé à  l’époque de la guerre froide, quand des structures transnationales se sont mises en œuvre sous les formes les plus diverses : médias, sociétés bancaires, sociétés commerciales…Malgré leurs différents secteurs d’activités, ces forces étaient unies par leur nature supranationale. Avec la chute du communisme, elles se sont retrouvées aux commandes du monde. »

Cette démarche est suicidaire, qui va à terme, avec la crise du Covid, nous priver de nos libertés, de nos économies et aussi (pourquoi pas ?) de nos vies :

 « Les pays occidentaux sont donc dominateurs, mais aussi dominés car perdent progressivement leur souveraineté au profit de ce que j’appelle la «supra société». Elle est constituée d’entreprises commerciales et non commerciales dont la zone d’influence dépasse les nations. Les pays occidentaux sont soumis comme les autres au contrôle de ces structures non nationales… Or la souveraineté des nations est elle aussi une part considérable et constituante du pluralisme, donc de la démocratie, à l’échelle de la planète. »

Zinoviev comprend l’horreur européenne :

« L’intégration Européenne qui se déroule sous nos yeux, provoque elle la disparition du pluralisme au sein de ce conglomérat, au profit d’un pouvoir supranational. »

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Il comprend que nous ne connaîtrons plus de démocratie politique ou économique comme à l’époque de la guerre froide :

« Les pays occidentaux ont connu une vraie démocratie à l’époque de la guerre froide. Les partis politiques avaient de vraies divergences idéologiques et des programmes politiques différents. Les organes de presse avaient des différences marquées, eux aussi. Tout cela influençait la vie des gens, contribuait à leur bien-être. C’est bien fini.

Parce le capitalisme démocratique et prospère, celui des lois sociales et des garanties d’emploi devait beaucoup à l’épouvantail communiste. L’attaque massive contre les droits sociaux à l’ouest a commencé avec la chute du communisme à l’ouest. »

les-hauteurs-beantes-141693-264-432.jpgA la fin des années 90  les socialistes sont de pures canailles (voyez aussi les excellents pamphlets de Guy Hocquenghem et de mon éditeur Thierry Pfister qui datent des années 80) :

« Aujourd’hui les socialistes au pouvoir dans la plupart des pays d’Europe mènent une politique de démantèlement social qui détruit tout ce qu’il y avait de plus socialiste justement dans les pays capitalistes. Il n’existe plus en occident de force politique capable de défendre les humbles. L’existence des partis politiques est purement formelle. Leurs différences s’estompent chaque jour d’avantage. »

C’est le totalitarisme financier jadis expliqué par Paddy Chayefsky dans Network (1976) :

« La démocratie tend aussi à disparaître de l’organisation sociale occidentale.

Cette super structure non démocratique donne des ordres, sanctionne, bombarde, affame. Même Clinton s’y conforme. Le totalitarisme financier a soumis les pouvoirs politiques. Le totalitarisme financier est froid. Il ne connaît ni la pitié, ni les sentiments. Les dictatures politiques sont pitoyables en comparaison de ce totalitarisme-là. Une certaine résistance était possible au sein des dictatures les plus dures, aucune révolte n’est possible contre une banque. »

L’andouille qui interroge Zinoviev l’accuse déjà de Théo rire du complot quand Zinoviev ne pratique que la théorie de la constatation. Zinoviev rappelle que nous sommes très abrutis :

« Nous sommes dans une époque post idéologique mais en réalité la supra idéologie du monde occidental diffusée au cours des 20 dernières années est bien plus forte que l’idéologie communiste ou nationale-socialiste. Le citoyen occidental est bien plus abruti que ne l’était le soviétique moyen par la propagande communiste. Dans le domaine idéologique, l’idée importe moins que les mécanismes de sa diffusion. Or la puissance de diffusion des médias occidentaux est énorme. (…) Il suffit que la décision soit prise de stigmatiser un Karadzic ou un Milosevic et ça y est, une machine de propagande planétaire se met en branle. Et alors qu’il faudrait juger les dirigeants occidentaux pour viol de toutes les règles de droit existants… La majorité des citoyens occidentaux sont persuadés que la guerre contre la Serbie était juste. »

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Puis Zinoviev fait une remarque intéressante sur un sujet que j’avais évoqué dans la presse russe (pravda.ru) :

« L’Occident se méfiait moins de la puissance militaire soviétique que de son potentiel intellectuel, artistique, sportif. Parce qu’il dénotait une extraordinaire vitalité. Or c’est la première chose à détruire chez son ennemi. Et c’est ce qui a été fait. La science Russe dépend aujourd’hui des financements Américains. Et est dans un état pitoyable, car ses derniers n’ont aucun intérêt à faire travailler leurs concurrents. Ils préfèrent faire travailler les avants Russes aux Etats-Unis. Le cinéma soviétique a lui aussi été détruit et remplacé par le cinéma Américain. »

Le destin de l’Amérique est d’abrutir et de « fabriquer de la merde » comme me disait un jour le grand et courageux cinéaste Richard Brooks :

51TneYRmBmL._AC_UL600_SR414,600_.jpg« En littérature, c’est la même chose. La domination mondiale s’exprime, avant tout, par le diktat intellectuel ou culturel si vous préférez. Voilà pourquoi les Américains s’acharnent depuis des décennies à faire baisser le niveau culturel et intellectuel du monde : ils veulent baisser au leur pour pouvoir exercer ce diktat. »

J’ai évoqué ces réalités dans mes textes sur la culture comme arme de destruction massive. Regardez ce qu’ils ont fait de l’Inde ou de l’Asie… Tous abonnés à Marvel comics ! Même Scorsese ou Ridley Scott s’en sont plaint…

Tout cela est irrésistible car c’est malheureusement un vieux processus. C’est l’uniformisation entamée depuis la Renaissance. Ici Zinoviev rejoint Spengler et René Guénon :

« Le processus d’uniformisation du monde ne peut être arrêté dans l’avenir prévisible. Car le totalitarisme démocratique est la dernière phase de l’évolution de la société occidentale. Evolution commencée à la Renaissance. »

Sources :

Extrait du livre d’Alexandre Zinoviev: «La grande rupture» Disponible à l’age d’homme. L’entretien à été réalisé par Victor Loupan à Munich en juin 1999 quelques jours avant le retour définitif de Zinoviev en Russie.

https://alexandrelatsa.ru/2008/01/la-grande-rupture-analy...

https://www.pravdareport.com/opinion/122042-western_cultu...

https://strategika.fr/2020/08/07/la-culture-moderne-comme...

https://www.amazon.fr/CULTURE-COMME-ARME-DESTRUCTION-MASS...

 

 

 

Mircea Eliade: Illo Tempore, "Boicot de la historia", y Tradicionalismo campesino

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Mircea Eliade: Illo Tempore, "Boicot de la historia", y Tradicionalismo campesino

Ex: https://www.geopolitica.ru

Traducción de Juan Gabriel Caro Rivera

Para Mircea Eliade, el problema del tiempo es uno de los más importantes, si no es el más importante. La división del tiempo en sagrado y profano, el concepto de "Eterno Retorno" y "el horror de la historia" son quizás los primeros conceptos que se me ocurren al mencionar el nombre del gran historiador de las religiones. Y todos ellos están de alguna manera relacionados con el problema del tiempo.

El terror de la historia

En su famosa obra "El mito del retorno eterno", Eliade observa cómo, en los rituales que imitan los actos ejemplares de un dios o un héroe mítico, en la historia de un mito, un hombre de una sociedad arcaica es arrancado del tiempo profano y mágicamente vuelve a entrar en el Gran Tiempo, Illo Tempore, "el tiempo que es", el tiempo sagrado, el tiempo original, es lo más cercano posible de la eternidad.

La conexión de una persona con este tiempo primordial causa un "horror de la historia": una persona tradicional trata de evitar la secuencia lineal de los eventos (que Eliade ve como vacía y sin contenido) y trata de regresar al tiempo primordial. 

210688331.jpgEl Eterno Retorno no es solo la vida en los ciclos cósmicos. Este es precisamente el deseo del hombre de volver al "tiempo": el tiempo radial del alma, que pasa a través de los anillos del tiempo y se dirige hacia la imagen de la Eternidad.

Podemos decir que la existencia del hombre en el mundo según Eliade siempre fluctúa entre dos polos: la historia y el tiempo original del mito. 

Además, por "historia", Eliade no se refiere al tiempo dirigido hacia un objetivo determinado, por ejemplo, escatológico, sino a la comprensión del tiempo como "una cadena de eventos inevitables, imprevistos y que tienen su propio valor autónomo".

La escatología presupone la abolición de la historia, y el cristianismo contiene la oportunidad de ingresar al illo tempore en este momento a través de la metanoia, "la historia puede actualizarse, por la influencia de cada creyente y por medio de él, incluso antes de la Segunda Venida del Salvador, cuando ésta y toda la creación serán completamente destruidas".

Una "historia" pura como duración pura aparece solo con la abolición de Dios en la estructura de la cosmovisión del hombre de los Nuevos Tiempos.

Para Eliade, el "tiempo lineal de la historia" es lo que priva a una persona de la libertad. Esta vez como una acumulación constante de experiencias, eventos, estructuras históricas, privados de la posibilidad de restablecer, de corregir los errores, a través de un retorno al tiempo sagrado arquetípico, que aplasta y encadena a una persona.

“Por el contrario, cuanto más se vuelve moderno en otras palabras, sin protección contra el horror de la historia, menos posibilidades tiene de crear la historia. Porque esta historia se hace sola (gracias a esos eventos que surgieron de actos hechos en el pasado, hace varios siglos o incluso hace varios milenios: solo mencionaremos las consecuencias del descubrimiento de los cultivos agrícolas o los métodos de procesamiento de los metales, la revolución industrial del siglo XVIII, etc. .), o lo hecho por un número cada vez más limitado de personas que no solo prohíben que sus contemporáneos interfieran directa o indirectamente en la historia creada por ellos (o por él), pero, además, tienen amplias oportunidades para hacer que cada individuo sufra las consecuencias de esta historia, es decir, vivir con un miedo constante y creciente. La libertad de crear la historia de la que el hombre moderno está tan orgulloso es realmente ilusoria para casi toda la raza humana", dice Eliade en El mito del retorno eterno. "El hombre arcaico, aunque comete errores, pero a través de la posibilidad de referirse al tiempo original", conserva la libertad de destruir tales errores, abolir el recuerdo de su "caída en la historia y hacer un nuevo intento de salir finalmente del tiempo".

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Noaptea de Sanziene

La lucha con el tiempo, la nostalgia por el Paraíso y la oposición del Cosmos y la Historia son importantes no solo para el trabajo científico, sino también para el trabajo artístico de Eliade.

En este sentido, se puede destacar la novela "Noaptea de Sânziene". El nombre se refiere a un festival folklórico en honor de una determinada categoría de hadas, Sinzien (en singular). En sus trabajos científicos, Eliade mismo señaló que el nombre de Sinzien, posiblemente proviene de San(cta) Diana y el culto de Diana en Dacia, que puede haber estado entrelazado con el culto local de la diosa Bendis, Ileana Cosânzeana, la heroína de los cuentos rumanos, una hechicera con ciertos rasgos ctónicos, la novia del personaje principal, secuestrada por una serpiente y liberada por el personaje principal, pertenece al mismo círculo de imágenes.

Otra figura folclórica con un nombre similar, Iana Sânziana, el mes femenino, la hermana del sol, quien, sin embargo, escapa del incesto y se casa con esta luminaria celestial. Aquí vemos otra encarnación astral del mismo aspecto de la feminidad.

Noaptea de Sânziene se celebra la noche del 23 al 24 de junio. Según la creencia popular, esa noche "las puertas del cielo se abren" y el otro mundo entra en contacto con este mundo. En este momento, los animales también pueden hablar y se cree que cualquiera que los escuche puede aprender muchos secretos. En general, en otros aspectos (las hogueras, saltar sobre una hoguera), estas fiestas son similares a las de Ivan Kupalo o a Ligo del Báltico y otras fiestas del solsticio similares.

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El protagonista: Stefan Viziru durante toda la acción está obsesionado con el problema del tiempo, más precisamente, el problema de abandonar el tiempo. La vida del héroe estuvo marcada por dos estados paradisíacos: una habitación a la que tuvo acceso cuando era niño y una reunión de la bella Ilena en el bosque en las afueras de Bucarest en Noapte de Zanziene (23-24 de junio).

La reunión en la noche cuando las puertas del cielo están abiertas devuelve a Stefan al conocimiento del "estado inicial", a la profunda experiencia de su propia existencia. Ileana, que no es una coincidencia llamada la novia arquetípica de los cuentos populares, se convierte en el símbolo del Conocimiento y la Vida. El anhelo de Ileana se convierte en el anhelo del paraíso perdido, en el momento de la salida del tiempo profano y la familiarización con lo sagrado.

Por cierto, aunque esto lleva lejos, Stefan en este momento está casado con una mujer llamada Joana. Un momento que solo se puede entender si se tiene conocimiento del contexto popular rumano. 

En busca de una pista sobre la posibilidad de dejar el tiempo, Stefan se encuentra con un personaje llamado Anisius, un hombre que, después de haber tenido un accidente, repensó el tiempo y su posición en él.

"Este hombre reveló un gran secreto", susurró Stefan, inclinándose sobre la mesa. Aprendió a vivir. La vida, como un ser integral (total)". Esta vida se opone a la vida que viven los demás, donde ellos mismos no viven, sino que los tejidos, las glándulas y los reflejos son los que viven automáticamente.

Al describir a Anisius, el héroe y, al mismo tiempo, Eliade mismo, notan la tremenda majestuosidad y grandeza con que este hombre limpió los árboles del jardín de orugas.

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“Estaba limpiando sus árboles de oruga. Lo observé y sentí su presencia en cada gesto. Frente al árbol, no estaba distraído por nada, no pensaba en otra cosa. Pero supuse que el árbol estaba completamente abierto para él. No era un objeto simple, uno de los miles como parece para la mayoría de las personas. El árbol que estaba limpiando le reveló en ese momento todo el universo, lo vio por completo".

La experiencia del trauma y la inmovilidad hizo que Anisius comprendiera el movimiento del tiempo. Y decide salir de la historia y pasar al tiempo cósmico, que es un paso hacia una salida completa del tiempo.

“Solo tiene en cuenta el tiempo cósmico: día y noche, salida de la luna y puesta del sol, las estaciones. Y este tiempo cósmico, me dijo, algún día será cancelado por él. Pero ahora necesita tiempo para encontrarse a sí mismo. Encontrarse, en el sentido metafísico de la palabra: llegar a conocerse como un ser integral. Y luego ya no se distrae de la experiencia de cada momento significativo de este tiempo cósmico".

Para una persona así, “la luna nueva o la luna en su conjunto, el equinoccio y el solsticio, los amaneceres y el crepúsculo no poseen, para nosotros, solo una función de calendario. Cada uno de ellos le abre un nuevo aspecto de todo el Cosmos ".

El principio central de tal existencia es "no aceptar ningún tiempo excepto el espacio-tiempo, no tomar, en primer lugar, el tiempo histórico, el momento en que, por ejemplo, se celebran elecciones, Hitler se arma, y en España hay una guerra civil". Entonces, la naturaleza, el mundo se convierte no solo en un lugar de descanso del espíritu, sino, por el contrario, "la clave de las primeras revelaciones metafísicas: el secreto de la muerte y la resurrección, la transición del no ser al ser".

Al mismo tiempo, este hombre, que regresó a una simple existencia campesina en la novela, también se nos revela como el Emperador que vive en el espacio de un cuento de hadas, el Emperador Anisius, quien está en comunión directa con Dios (por cierto, recuerda la característica del cristianismo cósmico, donde Cristo y los apóstoles vienen a la tierra y viven precisamente entre los campesinos). Sin embargo, Anisius y Stefan expresan dos puntos de vista sobre la posibilidad de salir del tiempo.

Anisius espera que al final del ciclo actual, la humanidad fundamentalmente equivocada sea reemplazada por una nueva que "no vive, como nosotros, en el tiempo histórico", sino solo en el instante, es decir, en la Eternidad ". Stefan cree que "una salida del tiempo es posible incluso en nuestro mundo histórico. La Eternidad siempre está disponible para nosotros. El Reino de Dios siempre es alcanzable ". 

La salida de la historia

El rechazo de la historia por Eliade, la concentración específica en el momento de salir del tiempo en momentos de experiencia o colisión con lo sagrado, se explican de diferentes maneras. Incluso hay un punto de vista de que esto expresa nostalgia por la Patria, como un paraíso perdido, de un autor que ha vivido una parte importante de su vida en el exilio.

De hecho, existe una conexión específica con el contexto étnico, pero de una manera ligeramente diferente. Lo anti-temporal (es decir, la orientación predominantemente anti-histórica de Eliade) puede correlacionarse con la naturaleza anti-histórica fundamental de la cultura campesina rumana.

De hecho, tenemos un caso especial, el pueblo rumano se forma en una síntesis de dacios y colonos romanos, pueblos que viven en la dimensión del Estado y la gran historia. 

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Sin embargo, cuando, después de 271, las legiones y colonos romanos abandonan Dacia, pasan más de mil años hasta que aparecen los primeros Estados rumanos en la antigua Dacia. Durante más de mil años, los descendientes de los dacios y romanos parecen estar fuera de la historia. 

Lucian Blaga señala que durante este período tiene lugar un evento fundamental para la cultura rumana: una desviación de la historia hacia la "existencia mental-orgánica" temporal. Señala algunas palabras rumanas cuya etimología refleja mejor este giro.

La palabra pământ significa tierra. Proviene del latín "pavimentum", un piso de piedra, una calle adoquinada. La palabra "bătrân", un anciano, proviene del latín veteranus. Sobre ambos casos en el idioma rumano, estas palabras perdieron su "importancia histórica", "urbana" y adquirieron un nuevo significado campesino.

El caso de la palabra "oaste" es especialmente indicativo - en el "ejército" rumano. "Oaste" viene del latín "hostis", que significa "enemigo". Esta palabra en sí refleja precisamente el horizonte de la existencia campesina, cuando el ejército y los militares son principalmente enemigos que vienen del exterior.

El campesino tradicionalista

El "boicot a la historia", que Blaga ve como la base de la existencia histórica del mundo campesino rumano, también es un componente importante de la visión del mundo de Eliade. 

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Lucian Blaga

Eliade, especialmente en su atracción hacia las mitologías arcaicas y "primitivas", no puede entenderse sin darse cuenta de su profunda solidaridad interna con la cosmovisión del campesino rumano. Por cierto, el concepto de cristianismo cósmico aparece en Eliade en el análisis de la "Mioritsa", una obra de especial importancia para Lucian Blaga.

Eliade llama al cristianismo cósmico la fe popular del cristianismo europeo, especialmente del campesinado del sudeste de Europa. Esto, en su opinión, no es una reliquia del paganismo, "no es una nueva forma de paganismo, ni un sincretismo del paganismo con el cristianismo. Es una creación religiosa completamente única, donde la escatología y la soteriología van hacia dimensiones cósmicas".

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Como señala Eliade en su Aspectos del mundo: “El cristianismo cósmico en las zonas rurales está lleno de nostalgia por la naturaleza, santificado por la presencia de Jesús, nostalgia por el paraíso, el deseo de transformación de la naturaleza, prístino y primaveral, protegido de constantes agitaciones, conquistas, guerras, ruinas. Este es el "ideal" de los pueblos agrícolas, constantemente arruinado por las hordas guerreras de nómadas y explotado por varios "amos". “También es una forma de protesta pasiva contra la tragedia y la injusticia de la historia, contra el hecho de que el mal no aparece solo como resultado de la voluntad individual y la decisión individual, sino que resulta ser una estructura supra-personal del mundo histórico".

No hace mucho tiempo, en una conferencia en el seminario sobre la metafísica de la tercera casta y el campesinado, Alexander Guélievich planteó la cuestión del tradicionalismo de la tercera casta, señalando que Guénon puede correlacionarse con la primera casta sacerdotal y Evola con la segunda casta guerrera.

Eliade, por supuesto, no es del todo tradicionalista, en el sentido en que Guénon y Evola son tradicionalistas. Sin embargo, de los pensadores más cercanos a los tradicionalistas, es Eliade quien tiene una actitud más cercana a los representantes de la tercera casta.

Guénon se centra en la contemplación de los principios inmutables. Evola a la lucha heroica y la existencia militar intransigente. Eliade: en el espacio, lo opuesto a la historia, a la actualización ritual y al mantenimiento del equilibrio. Si Evola se enfocó estilísticamente en los ejemplos de las destrezas militares, entonces Eliade lo hizo en los rituales campesinos y arcaicos, de ahí la simpatía especial por el "cristianismo cósmico".

Su filosofía es menos trágica, porque Eliade está en todas partes tratando de leer los signos de lo sagrado oculto, no solo para exponer la crisis del mundo moderno, el cierre del huevo del mundo desde arriba, sino para ver la posibilidad de la revelación en las cosas más comunes. La hierofanía puede manifestarse en las cosas más comunes: este es el significado de la mayor parte de su obra literaria. 

Al mismo tiempo, Eliade es sorprendentemente étnico, lo que tampoco puede entenderse sin referencia a su literatura. Eliade es historiador de las religiones y profesor estadounidense que escribe obras teóricas en inglés y francés. Eliade escribe solo en rumano principalmente sobre su patria, razón por la cual las traducciones a veces aparecen antes que los originales.

978968411183.JPGSe presta especial atención a los problemas de la relación de los sexos en la obra literaria, el equilibrio entre el hombre y la mujer, el peculiar simbolismo matrimonial de Eliade, claramente manifestado en su obra literaria, también se refiere al principio característico de la tercera función según Dumézil: la relación entre los sexos y "estar en la boda".

La figura de Anisius de Noapte de Sanziene, un "emperador" campesino que ve el paso del tiempo histórico al tiempo cósmico como un paso en el camino del tiempo a la Eternidad, es un hombre campesino separado del tradicionalismo. Así es como la figura de una persona separada se realiza en un contexto campesino, donde en el trabajo esa persona rompe con el mundo moderno y logra una visión de todo el cosmos en su conjunto.

Por otro lado, el final Noapte de Sanziene es indicativo: Stefan finalmente conoce a Ileana, la heroína con el nombre de una novia de cuentos de hadas rumanos en un bosque en las afueras de París, su reunión es coronada con la muerte en un accidente automovilístico. La muerte y el estar en la boda coinciden. Pero, como termina la novela de Eliade, este "último momento infinito será suficiente".

14:53 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : mircea eliade, tradition, traditionalisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La puissance de l’ingérence

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La puissance de l’ingérence

L’occidentalisme comme religion de la mondialisation heureuse périclite. L’idée même d’un modèle remportant une compétition planétaire a trouvé ses limites : il y a d’autres visions du monde qui s’implantent chacune dans leur aire géographique, culturelle ou spirituelle. L’idéologie de la fin des idéologie, plus qu’à des rhétoriques efficaces, s’est heurtée à la pluralité indéracinable des identités et des croyances.

Plus d’élection sans interférence ? Il y a quelques jours, le chef de la diplomatie américaine M. Pompeo offrait une prime de 10 millions de dollars pour qui permettrait d’arrêter un agent étranger intervenant dans les élections de novembre. Pour le NCSC (National Counterintelligence and Security Comitee), il faudrait craindre que la Chine, la Russie et l’Iran, cherchent à fausser l’élection présidentielle. Mais avec des stratégies différentes, les Chinois pour faire tomber l’actuel président (trop imprévisible), les Russes, Biden (trop bellicistes). Il y a quelques mois, d’ailleurs, le New York Times révélait que les Russes allaient secrètement jouer de leur influence pour favoriser Trump, mais qu’ils appuieraient aussi Sanders (alors candidat à l’investiture) pour créer un maximum de chaos. Dans tous les cas, quel que soit l’élu, on pourra fantasmer des manipulations numériques de puissances étrangères.

Si l’on remonte à 2016, la dénonciation des ingérences russes pro-Trump forment un leitmotiv de la vie politique américaine. Et même si la commission Mueller a conclu qu’elle ne pouvait établir de collusion avec Moscou dans l’affaire du Russiagate, une part de la classe politique n’arrive pas à s’expliquer l’échec d’Hillary autrement que vous par une opération d’infox et de déstabilisation menées depuis le Kremlin. Idem pour le Brexit. Et ne parlons pas de supposées ingérence russes dans l’élection française de 2017 (Macrongate). La « main de Moscou », qui faisait si peur du temps de la Guerre froide, va-t-elle fausser tout scrutin à venir ?

Qui ne s’ingère pas ?

Si l ‘on va par là, peut-on soupçonner que la France soit intervenue dans les élections de quelque pays africain, ou les USA dans les élections de quelque pays tout court (ce qui se serait produit 89 fois, selon des sources universitaires) ? Tout dépend évidemment de ce que l’on entend par ingérence d’un puissance étrangère.

Qu’un gouvernement manifeste une préférence dans un scrutin étranger, le fasse savoir (Hollande soutenant Clinton en 2016 p.e.) n’a rien de scandaleux. Où commence la manipulation ? Quand un chef d’État (cf. Macron au Liban) appelle un pays à chasser sa classe politique ? Quand on applaudit à une révolte locale (des printemps arabes aux révoltes de Hong Kong en passant par les révolutions de couleur) ? Quand on leur fournit des moyens de communication et d’action ? Quand on aide un guérilla ? Quand il y a un « parti de l’étranger » dans un pays ou un « parti frère » tout dévoué à Moscou ? Quand, comme les États-Unis pendant la guerre froide, on pratique la diplomatie publique (par des médias, des réseaux humains, des organisations internationales..) : défendre le modèle occidental et lutter contre l’influence communiste ? Quand un modèle s’impose par le soft power, l’influence culturelle et les alliances, par l’assistance et la formation au modèle du marché et de la démocratie ?

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Peut-on considérer que Russia Today est un « média affilié à un État » comme le fait Twitter et que BBC, F24 ou Radio Vatican ne le sont point et partant n’exercent aucune influence sur leur public international ? Que des organisations comme Open Society ou la Albert Einstein Foundation, ou autres ONG qui expliquent « comment faire tomber un dictateur… » n’aident pas, au moins techniquement, des mouvements politiques étrangers ?

L’interférence peut donc se faire sous forme de parole d’État (équivalent peu ou prou à des menaces, exhortations ou promesses) ou par les canaux non officiels, en s’adressant directement aux populations (propagande, appels au soulèvement, apprentissage des méthodes du soulèvement, instructions et facilités).

De telles opérations sont plus ou moins ouvertes, dans la mesure, par exemple où personne ne doute que CCTV ne soit favorable aux intérêts chinois, ni les ONG de la galaxie Soros hostiles à Poutine. Ni que leur logique soit binaire : aider un courant idéologique, critiquer un pouvoir… Si l’on remonte plus haut, on trouvera des recettes pour influencer des populations étrangères chez Énée le tacticien (quatre siècles avant notre ère) ou chez Sun Tzu.

Mais désormais le phénomène a pris une dimension de haute technologie. Et se joue sur les réseaux sociaux, par écrans interposés :

  • l’utilisation de faux comptes (qui se présentent comme ceux de citoyens du pays visé),
  • les techniques dites d’astro–turfing (consistant à créer un faux mouvement d’opinion en ligne),
  • la mobilisation de trolls répétant inlassablement le même message,
  • celle de hackers informatiques,
  • la diffusion de fakes contagieux et de théories complotistes,
  • l’infodémie, terme inventé par l’OMS pour désigner la diffusion de fausses nouvelles et accusations mensongères à propos de la pandémie,
  • le vol de mails confidentiels et leur propagation sur la place publique pour compromettre un candidat ou un parti (hack & leak)…

41y26i78eAL.jpgL’anonymat, la possibilité de placer de « faux drapeaux » pour faire accuser d’autres, la technicité du trucage informatique (bientôt les deep fakes), la difficulté d’attribuer une attaque, la facilité de recueillir des données sur les citoyens pour leur délivrer exactement le message qui les fera pencher d’un côté (voir l’affaire Cambridge Analytica), les techniques numériques dites de « guerre de l’attention » pour attirer les réseaux sociaux sur un thème et le rendre viral, l’économie de moyens, … tout cela facilite les actions d’influence politique par écrans interposés.

Du reste, jamais en panne de néologismes, les think tanks ont produit des concepts sensés décrire ce changement:

  • la guerre hybride (hybrid warfare), un mélange d’interventions militaires classiques, de soutien à des mouvements de rébellion armée et de propagande internationale que mènerait la Russie
  • la weaponization de l’information, c’est-à-dire sa transformation en arme de déstabilisation que ce soit sous la forme de cyberattaque ou de désinformation et intoxication
  • le sharp power (pouvoir « aigu » qu’exerceraient la Chine et surtout la Russie) équivalents négatifs ou nihilistes du soft power occidental
  • etc.

Tout un vocabulaire, qu’il serait trop long d’analyser ici, se met en place, en particulier dans les milieux proches de l’Otan pour décrire des périls inédits qui constituent autant d’explications à la marche déplorable du monde. On théorise un mystérieux pouvoir d’agir sur les esprits qu’auraient développé les puissances révisionnistes (comprenez illibérales, qui veulent réviser l’ordre mondial occidental).

On rentre alors dans une logique de causalité diabolique : les Russes et les Chinois détournent la puissance bénéfique d’Internet pour influencer nos braves populations, les faire mal voter et saboter les fondements mêmes de la confiance en la démocratie. Explication quelque peu complotiste, même si elle consiste à qualifier les théories adverses de complotistes.

On expliquera ainsi

  • le Brexit, l’élection de Trump, voire le referendum catalan…
  • l’action déstabilisatrice des réseaux populistes, écosystème des fantasmes et des rumeurs, rançon d’un technologie qui permet à chacun de s’enfermer dans sa « bulle de confirmation » en ligne avec ceux qui pensent comme lui.

Bref, on oscille entre le machiavélisme d’une intervention déloyale 2.0 et une sorte d’abaissement de l’esprit critique de la population, désormais prête à croire n’importe quoi (bullshit), entre l’inexplicable efficacité du message des méchants et la scandaleuse niaiserie du public. Un peut court.

La perte d’attractivité de nos « valeurs » d’ouverture, de libéralisme et de progrès est assimilée à une panne de la vérité (voir le thème de l’ère de la « post-vérité ») ; le faux serait devenu convaincant et le vrai ne saurait plus se faire reconnaître (en dépit du soutien des gouvernements, des experts, des élites, des médias classiques, des fact-chekers etc.). La crise du soft power ou de l’idéologie dominante ne peuvent s’expliquer ni par une manipulation d’un service fort en informatique, ni par les désordres psychiques des classes inférieures.

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Il faut repenser le nouvel équilibre international des croyances. Il y d’abord concurrence de modèles et d’influence. La Chine combine offensives de charme et de prestige avec des discours plus rassurants sur le multilatéralisme. On parle de plus en plus de soft power indien, coréen, qatari, etc., tant ces politiques d’influence se sont banalisées. Mais la conversion à des valeurs ou à des idées (à supposer que la Chine ou la Russie veuillent vraiment nous convertir à une quelconque doctrine) n’est pas seulement affaire de télévisions internationales, de trolls, de journalistes sympathisants ou d’algorithmes. Ni de bonne conduite à l’ONU. Il y a aussi des facteurs objectifs : les États-Unis ne sont plus l’hyperpuissance matérielle et « spirituelle » à la fois. L’occidentalisme comme religion de la mondialisation heureuse périclite. L’idée même d’un modèle remportant une compétition planétaire a trouvé ses limites : il y a d’autres visions du monde qui s’implantent chacune dans leur aire géographique, culturelle ou spirituelle. L’idéologie de la fin des idéologie, plus qu’à des rhétoriques efficaces, s’est heurtée à la pluralité indéracinable des identités et des croyances.