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mercredi, 16 décembre 2020

Macron et la France « orange psychiatrique »

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Macron et la France « orange psychiatrique »

 
 
par Nicolas Bonnal 

Macron tient cet hexagone et il ne va pas le lâcher. Pourquoi se fatiguer à organiser des élections présidentielles que de toute manière il gagnerait grâce à BFM, au juge, au bobo, à l’écolo, au bourgeois ? Macron est venu à point pour profiter de ce qui faisait rêver Sarkozy : la France « orange psychiatrique ». Si l’on veut se consoler, on précisera que l’élite chinoise est indélogeable, que l’élite anglaise l’est aussi : que Netanyahou ou Merkel sont au pouvoir depuis treize ou trente ans, et qu’en somme la gouvernance totalitaire est déjà en place dans presque tous les pays.

Si la France est devenue un pays relativement violent, elle est surtout devenue un pays sous contrôle psychiatrique permanent. De ce point de vue la référence à Kubrick reste essentielle car Orange Mécanique est d’abord une réflexion sur le conditionnement moderne – bien plus que sur la violence et le sexe qui servent de prétexte au dit conditionnement. Le conditionnement permet comme le masque et la distanciation de créer cet individu robotique  dont rêve le pouvoir moderne, et finalement tout pouvoir. Dans le film le conservateur Tory vire au fascisme, comme Boris Johnson, Merkel, Bayrou, tant d’autres…

Ce à quoi nous assistons planétairement c’est à un triomphe des États et des administrations, y compris et surtout dans les pays prétendument libéraux ; les penseurs libéraux m’ont toujours paru hypocrites ou ridicules dans leur défense des belles démocraties anglo-saxonnes… Le flicage mondial convient parfaitement au pouvoir, comme les technologies et c’est pourquoi ils affolent, ruinent et terrorisent leur population en attendant d’en liquider une partie. L’État hégélien se réalise partout, qui avait fait de Bonaparte (« cette âme du monde », disait Hegel) son modèle.

Citons Marx et son Dix-huit Brumaire qui évoque le Second Empire, régime qui inspira Maurice Joly et ses dialogues aux enfers :

« Chaque intérêt commun fut immédiatement détaché de la société, opposé à elle à titre d’intérêt supérieur, général, enlevé à l’initiative des membres de la société, transformé en objet de l’activité gouvernementale, depuis le pont, la maison d’école et la propriété communale du plus petit hameau jusqu’aux chemins de fer, aux biens nationaux et aux universités. La république parlementaire, enfin, se vit contrainte, dans sa lutte contre la révolution, de renforcer par ses mesures de répression les moyens d’action et la centralisation du pouvoir gouvernemental. Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d’État comme la principale proie du vainqueur ».

On répète car c’est grandiose : « Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser ».

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Dans le cas de Macron on sait que le parti n’avait pas d’antécédent. C’est un parti d’aventuriers, comme a dit Régis de Castelnau. Et c’est tant pis pour les Français et tant mieux pour l’horreur qui doit se passer en France l’an prochain.

Marx explique encore, et voyez comme cette situation de présent éternel, comme j’aime à dire s’applique pour nous :

« Ce n’est que sous le second Bonaparte que l’État semble être devenu complètement indépendant. La machine d’État s’est si bien renforcée en face de la société bourgeoise qu’il lui suffit d’avoir à sa tête le chef de la société du 10 Décembre, chevalier de fortune venu de l’étranger, élevé sur le pavois par une soldatesque ivre, achetée avec de l’eau-de-vie et du saucisson, et à laquelle il lui faut constamment en jeter à nouveau ».

D’où le désespoir qui aide à maintenir la dictature :

« C’est ce qui explique le morne désespoir, l’effroyable sentiment de découragement et d’humiliation qui oppresse la poitrine de la France et entrave sa respiration. Elle se sent comme déshonorée ».

Déshonneur après la manif pour tous, déshonneur après les gilets jaunes… Un petit livre de développement personnel pour surmonter tout cela alors ? Comme disait Boris Vian, fils des guerres et de la crise de 29, « ils cassent le monde, il en reste assez pour moi ! »

Le contrôle psychiatrique avant de devenir chimique et audiovisuel fut d’abord tatillon et bureaucratique. Pas besoin de citer Tocqueville pour rappeler que c’est ainsi que l’on crée le troupeau commode qui se masque ou se confine. C’est le développement de cette bureaucratie qui comme dans la Chine eunuque décrite par le sociologue hongrois Balasz crée ce citoyen bancal, handicapé, plus très bon à grand-chose. Certains comme nous peuvent avoir une nostalgie athénienne ou rousseauiste du citoyen autonome qui enflammait les romantiques allemands comme Schlegel, mais comme les autres dépendent de leur pitance étatique, de leur bureaucratie policière et médicale… Il est amusant de rappeler que les deux rares défenseurs de la liberté individuelle et du libre choix dans Orange Mécanique sont le gardien de prison et le bon aumônier. Mais ils incarnent un ordre ancien – et donc moqué et caricaturé chez Kubrick – qui va disparaître devant l’appareil des Gestapos médiatiques et médicales. Le reste acclame le ministre Tory qui prépare déjà le virage fasciste de l’Angleterre anticipée par Burgess, dont la femme avait été violée pendant la guerre par des soldats américains.

C’est l’éminent Castelnau, comme je le disais plus haut, qui a le mieux défini le régime de Macron. Les deux tyrans mondialistes comme Sarkozy ou Hollande furent vus comme étant de droite ou de gauche. Il fallait être au centre-droit, et Macron le fut avec tous les Bayrou, cathos et maçons de la place, partant résolument le bourgeois. Il fallait être aussi roué et aventurier, et il le fut dès le début. Marx encore :

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« À côté de « roués » ruinés, aux moyens d’existence douteux, et d’origine également douteuse, d’aventuriers et de déchets corrompus de la bourgeoisie, des forçats sortis du bagne, des galériens en rupture de ban, des filous, des charlatans, des lazzaroni, des pickpockets, des escamoteurs, des joueurs, des souteneurs, des tenanciers de maisons publiques, des porte-faix, des écrivassiers, des joueurs d’orgues, des chiffonniers, des rémouleurs, des rétameurs, des mendiants, bref, toute cette masse confuse, décomposée, flottante, que les Français appellent la « bohème » ».

Castelnau a décrit cette faune LREM sur son blog :

« …chez LREM, recrutés sur CV par Jean-Paul Delevoye y voisinent commerçants faillis, aventuriers, opportunistes sans principe, incompétents notoires et parfaits ahuris dont la seule caractéristique est d’obéir au doigt et à l’œil aux gardes chiourmes nommés par Macron pour les surveiller. Et les punir si jamais ils renâclent. Ce parlement croupion humiliant pour la France, est fort utile à Emmanuel Macron qui l’a complètement enrégimenté. Il n’est que de voir comment sont fixés les ordres du jour, proposés des textes liberticides adoptés sans aucune discussion véritable pour mesurer l’ampleur du désastre… »

La même bohème fut à l’œuvre avec le nazisme qui fut aussi une dictature gay (lisez le Rose et le brun de Philippe Simonnot), écolo, pharmaceutique et petite-bourgeoise. N’oublions pas sa russophobie…

Comme on trouve tout dans les classiques, on trouve même la notion de mascarade chez Marx :

« Vieux roué retors, il considère la vie des peuples, leur activité et celles de l’État, comme une comédie au sens le plus vulgaire du mot, comme une mascarade, où les grands costumes, les grands mots et les grandes poses ne servent qu’à masquer les canailles les plus mesquines. Ce Bonaparte, qui s’institue le chef du sous-prolétariat, qui retrouve là seulement, sous une forme multipliée, les intérêts qu’il poursuit lui-même personnellement, qui, dans ce rebut, ce déchet, cette écume de toutes les classes de la société, reconnaît la seule classe sur laquelle il puisse s’appuyer sans réserve… »

C’est la racaille des banlieues (revoyez les images de Macron à Pantin) et des universités anglo-américaines qui s’impose : c’est la génération Mitterrand. Quel bourgeois ne rêve d’envoyer son rejeton en Angleterre ? On a assisté à un basculement anthropologique et pédagogique ici, et à l’émergence d’une élite techno-fasciste et cosmopolite qui va nous en faire voir de toutes les douleurs… Elle s’appuie sur la racaille de rues qui sert de supplétif à une police alléchée par le sang.

Terminons sur cette France « orange psychiatrique », qui a peur du virus, de musulman, du pollueur, du complotiste, du démasqué, mais pas de l’hydre qui la dévore. Il y a six ans Gérard Chaliand déclarait :

« L’autre jour, je suis passé à la pharmacie et la pharmacienne me disait que les clients défilent, depuis le 13 novembre, pour prendre des calmants. Les gens se demandent ce qui va se passer ; ils ont peur. Les médias nous pourrissent la vie avec leur audimat. Ils rendent service à Daech ; ils font leur propagande : si je relaie six fois un crime de guerre de l’ennemi, je lui rends cinq fois service. C’est la société du spectacle. C’est minable. Mais, non, contrairement à ce que raconte Hollande, nous ne sommes pas en guerre : une guerre, ce serait comme ça tous les jours ; on est dans une situation conflictuelle… En l’espace de trente ans, les gens se sont ramollis. Ils ont peur. Mes compatriotes, dans l’ensemble, ont peur de tout… Comme je l’ai dit, c’est le prix de la paix et de la prospérité. C’est aussi le vieillissement de la population qui engendre le conservatisme. L’espèce humaine cherche la sécurité, hélas, à tout prix. Je l’ai fui car c’est le début de la mort ».

C’est le César de Pagnol, ce chantre de la médiocrité républicaine, qui croyant faire un bon mot, déclare préférer une laide vie à une belle mort. On peut le rassurer : dans la France « orange psychiatrique », il aura une laide vie et une laide mort.

Sources :

Nicolas Bonnal – Kubrick (Dualpha, Amazon) ; Céline (Avatar) ; chroniques sur la fin de l’histoire (Amazon)

Marx – Le dix-huit brumaire


- Source : RI

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