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lundi, 20 septembre 2021

Habermas et l’hypothèque idéologique allemande

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Habermas et l’hypothèque idéologique allemande

Par Gérard Dussouy, professeur émérite des universités, essayiste

Ex: https://www.polemia.com

Polémia suit attentivement la situation politique et sociale en Allemagne. Nous publions ainsi régulièrement des articles de notre envoyé spécial outre-Rhin, François Stecher. Alors que les élections législatives et fédérales approchent, nous partageons avec nos lecteurs un texte brillant de la plume de Gérard Dussouy. Dans une analyse philosophique passionnante, Gérard Dussouy nous dresse un portrait édifiant d’une nation soumise à un endoctrinement social de grande ampleur.

Un texte à lire avec attention pour comprendre ce qui se passe chez nos voisins.
Polémia

Angela Merkel prend sa retraite et il est probable que le SPD va remporter les législatives ou fédérales du 26 septembre 2021. Que le résultat soit celui-là ou qu’il soit autre, cela ne changera pas grand-chose. En effet, l’Allemagne est depuis plus de cinquante ans recouverte par la même chape idéologique qui l’inhibe sur le plan politique et qui, du même coup conditionne l’action politique de l’Union européenne. Cette idéologie qui explique, quels que soient les partis ou les coalitions au pouvoir, que sa politique extérieure demeure fixe, c’est-à-dire systématiquement alignée sur les États-Unis, et qu’elle se fasse le porte-drapeau de tous les desiderata onusiens. Elle explique aussi pourquoi, bien que l’Allemagne soit la puissance industrielle et financière qu’elle est, elle ne fait guère entendre sa voix sur la scène internationale, et surtout pourquoi elle ne l’élève jamais quand il s’agit de revendiquer une émancipation de l’Europe.

Bien entendu, pour comprendre cette apathie, il faut compter avec le statut international de l’Allemagne depuis 1945 qui est celui d’une « souveraineté limitée », comme on le disait des Démocraties Populaires à l’époque de l’Union soviétique, ou si l’on préfère « surveillée ». Cependant, comme l’a dénoncé le philosophe Peter Sloterdijk il y a quelques années déjà, le consensus idéologique allemand, tel qu’il a été imposé, vient principalement de ce que « dans les années 1970 lorsque Habermas a pris le pouvoir, […] l’anti-nietzschéisme de la Théorie critique, de l’École de Francfort, est devenu la tonalité dominante en Allemagne. La Théorie critique […] montant une espèce de « garde sur le Rhin », elle a tout fait pour minimaliser la pensée française en Allemagne qu’il s’agisse de gens comme Deleuze, comme Foucault ou d’autres »[1]. A tel point que, selon Sloterdijk, la philosophie désormais dominante en Allemagne est devenue productrice d’une « hypermorale » (selon le concept d’Arnold Gelhen) qui s’oppose à toute pensée critique, et qui exerce son interdit sur toute orientation politique non conforme avec le statuquo établit.

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Il faut savoir que la majeure partie de l’œuvre de Jürgen Habermas est consacrée à la récusation du paradigme de la domination présent dans presque tous les courants de la philosophie politique. Dans l’étude qu’il a consacrée à ce philosophe, Arnauld Leclerc en arrive à la conclusion suivante:  « premièrement, contre Arendt, Habermas fait valoir l’impossibilité de penser le pouvoir en excluant la domination; deuxièmement, contre Hobbes, Schmitt et Weber, Habermas fait valoir l’impossibilité de réduire le pouvoir à la domination qui peut, certes, être rationalisée, mais jamais être légitime; troisièmement, contre les théories critiques de la domination, allant de Marx à  Bourdieu, en passant par l’École de Francfort et Foucault, Habermas fait valoir l’impossibilité absolue de faire de la domination un paradigme de la théorie politique »[2]. C’est à ce titre qu’il prône le passage à l’ère postnationale, qui fait des Allemands des citoyens du monde et non plus un peuple en soi, et qu’il veut voir dans la mondialisation un « horizon sans domination » par suite de l’homogénéisation des hommes. Il faut dire que ce nouvel état des choses a plutôt été facilement accepté par les Allemands, sachant que leur économie, remarquablement spécialisée, a profité à plein de la mondialisation.

9782081249868.jpgAfin de dissoudre l’ethnocentrisme inhérent à chaque individu et à chaque peuple, Habermas entendait faire appel à la « raison communicationnelle » qu’il interprète, note le philosophe pragmatiste américain Richard Rorty, « comme l’intériorisation de normes sociales, plutôt que comme une composante du « moi humain ». Habermas entend « fonder » les institutions démocratiques ainsi que Kant espérait le faire ; mais il ambitionne de faire mieux en invoquant, à la place du « respect de la dignité humaine » une notion de « communication exempte de domination », sous l’égide de laquelle la société doit devenir plus cosmopolite et démocratique »[3]. L’objectif de Jurgen Habermas est que l’action communicationnelle, couplée à une sphère publique bien structurée, puisse conduire l’homme à se débarrasser de son identité nationale, romantique, et autoriser l’humanité à s’unir dans une paix perpétuelle en dépassant les souverainetés et en écartant ainsi toute velléité de conflit[4].

Dans les faits, le triomphe d’Habermas et l’adoption de ses idées par les milieux officiels (tel celui de l’éducation) ont abouti à l’hégémonie communicationnelle et idéologique de son camp en Allemagne, avec l’aval de ses « alliés » satisfaits de la passivité politique induite, plutôt qu’à un dialogue digne de ce nom. A la suite du contrôle de l’information, des médias et des différents processus de socialisation, a été possible le formatage de la représentation collective, jusqu’à changer radicalement la culture politique de la nation allemande. Analysant le programme de rééducation politique et historique dont ont été gratifiés les Allemands, mais aussi les Japonais, Thomas U. Berger n’hésite pas à écrire « qu’ils furent bombardés par une propagande antimilitaire qui fut au moins aussi violente que la propagande de la période de la guerre qui l’avait précédée »[5].

51Aua5tdFxL.jpgL’ankylose idéologique dont souffrent les partis politiques allemands explique notamment le peu d’entrain de l’Allemagne à suivre Emmanuel Macron quand il parle de « souveraineté européenne » et qu’il propose des avancées en matière de défense communautaire ou d’armée européenne. Le président français, adepte lui-même des thèses d’Habermas qu’il est allé visiter au début de son quinquennat, aurait pourtant dû s’y attendre.

Or, le dilemme est d’autant plus difficile à résoudre que dans le même temps plusieurs pays partenaires de l’Allemagne, notamment ceux du sud de l’Union européenne dont la France,  demeurent tributaires d’elle dans la mesure où elle leur sert de « parapluie monétaire » ; et qu’en cas de désaccord profond ou de séparation, c’est la banqueroute qui les menace. Il faudra donc attendre que des événements exceptionnels se produisent pour que l’hypothèque idéologique allemande soit levée.

Gérard Dussouy
19/09/2021

Notes:

[1] Sloterdijk Peter, Le Magazine Littéraire, entretien, n°406, février 2002, p.34.
[2] A. Leclerc, « La domination dans l’œuvre de Jürgen Habermas. Essai sur la relativisation d’une catégorie », Politeia, N°1 Politique et domination à l’épreuve du questionnement philosophique, Novembre 1997, p. 53-85.
[3] R. Rorty, Contingence, ironie et solidarité, Paris, Armand Colin, 1993, p. 205.
[4] J. Habermas, La paix perpétuelle. Le bicentenaire d’une paix kantienne, Paris, Le Cerf, 1996.
[5] T. U. Berger, « Norms, Identity and National Security in Germany and Japan », Peter J. Katzenstein, The Culture of National Security, New York, Columbia University Press, 1996, p. 317-356.

Bonnal et la Nécropolitique

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Bonnal et la Nécropolitique

Le Coup de Gueule de Nicolas Bonnal, la rubrique de Café Noir enregistrée le mardi 14 septembre 2021.
 
 
Bibliographie:
 
Achille Mbembe (la Nécropolitique) https://en.wikipedia.org/wiki/Achille...
 
Le Voyageur Éveillé – Nicolas Bonnal https://www.amazon.fr/dp/2251442235
 
La Comédie Musicale Américaine – Nicolas et Tetyana Bonnal https://www.amazon.fr/dp/B08NWWYBT3
 
CHAINE AVATAR EDITIONS SUR ODYSEE https://odysee.com/@avatarmediaeditions
 
LIVRES DE BONNAL CHEZ AVATAR EDITIONS Louis Ferdinand Céline – La Colère et les Mots https://avatareditions.com/livre/loui...
 
 
Internet – La Nouvelle Voie Initiatique https://avatareditions.com/livre/inte...
 
Le Choc Macron – Fin des Libertés et Nouvelles Résistances https://avatareditions.com/livre/le-c...
 
SITE DE NICOLAS BONNAL: https://nicolasbonnal.wordpress.com/

Du 9/11 aux Guerres Infinies

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Du 9/11 aux Guerres Infinies

 
Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
 
Émission du vendredi 17 septembre 2021 (enregistrée le 13 septembre 2021) avec Gilbert Dawed et Jaques Borde.
 
 
Pourquoi l’Amérique ? 11 Septembre 2001 – Jacques Borde https://avatareditions.com/livre/pour...
 

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Voici sept signes du virus "woke"

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Voici sept signes du virus "woke"

par Brett Sinclair

Covid n'est pas le seul virus qui balaie l'Occident, la politique woke sévit de manière obsessionnelle avec des variantes des plus virulentes, émergeant un peu partout, des salles de rédaction aux collèges. Comme l'une de mes connaissances y a lentement succombé, voici ce que j'ai observé. Certains traits semblent être extrêmement courants chez les personnes « wokes »

Woke étant désormais un terme courant pour ceux d'entre nous qui deviennent, à juste titre, exaspérés par les problèmes de justice sociale  (typique des grands consommateurs de médias occidentaux ou des récents diplômés universitaires). Souvent, nous pouvons voir cette obsession se manifester sous la forme d'un activisme de protestation agressif - pas seulement comme un passe-temps, mais à tous les niveaux sociaux, privés et professionnels de leur vie. C'est ça, une personnalité « woke ».

Bien qu'il existe des marqueurs physiques bien connus indiquant une personne woke (cheveux bleus ou violets, obésité, androgynie, barbe effilée chez l'homme, lunettes agaçantes), j'ai été pendant un certain temps un étudiant curieux de leurs habitudes et de leurs manières psychologiques, que j'ai également noté, avec les traits physiques, d'avoir des qualités universelles.

Jusqu'à récemment, j'avais supposé que ces traits de personnalité universels étaient la preuve d'un état existant chez la personne d'abord (c'est-à-dire un excès de confiance suffisant) qui la rendait vulnérable aux «idées wokes». Mais de plus en plus d'expériences anecdotiques m'apprennent que devenir woke, ou contracter le «virus woke», crée son propre type de psyché humaine chez l'hôte sans méfiance, qui est reconnaissable dans de nombreux cas observables. À mon avis, cette psyché est le résultat du virus de l'esprit, et pas nécessairement une qualité préexistante. Ainsi, si cela est vrai, cela signifie que l'éveil lui-même remodèle l'esprit.

Ces qualités sont :

  1. Suffisance. Une attitude absolue, inébranlable et arrogante et condescendante envers toutes les opinions non wokes. Bien qu'étant un trait en soi, il est lié au numéro 2.
  2. Manque d'introspection. Aucune trace de remise en question ou de monologue intérieur apparent. Aucun sens de l'équité ou de la compréhension de l'opinion relative.
  3. Colère à fleur de peau. Volonté non seulement d'exprimer son opinion en toute occasion, avec n'importe qui, même en infériorité numérique, mais de le faire avec colère. Une volonté de couper tout ami ou membre de la famille qui ne se conformera pas à la croyance woke.
  4. Athéisme nihiliste. Ils parlent beaucoup de science, tout en ignorant la science qui ne se conforme pas à leurs croyances. Ils ont tendance à supposer que vous êtes dogmatiquement religieux si vous n'êtes pas d'accord avec eux. Ils s'accrocheront à un nihilisme fortement négatif, croyant que tout est finalement sans espoir et que c'est de l'orgueil sardonique de croire en quoi que ce soit ou de faire quelque chose (ce qui est lié au numéro 6).
  5. Malhonnêteté. Ils sont prêts à être ouvertement malhonnêtes pour faire avancer leurs idées virales. S'ils perdent un point dans une dispute, ils passent à un nouveau point, sans jamais reconnaître qu'un point a été perdu. Lorsque tous les points d'attaque sont utilisés, les attaques personnelles commencent. Le passé est une ardoise vierge ouverte à la révision.
  6. Égocentrisme. Celui-ci m'a pris un certain temps pour le remarquer, mais il semble que vous ayez affaire à une infection-woke si la personne est devenue anormalement égocentrique et, dans la conversation, ne rend pas tant la pareille que de parler d'elle-même en termes toujours positifs ou auto glorifiants, souvent irréalistes. Ils peuvent également insérer l'apitoiement sur soi, cela semble généralement exacerber un besoin de recherche d'attention.
  7. Dépression, faible estime de soi, anxiété. Je n'ai remarqué cela que récemment, c'est probablement le résultat subconscient des numéros 4 et 6 en particulier. Tout véritable questionnement personnel sur le sujet révèle généralement de profondes inquiétudes et angoisses, et souvent des problèmes de santé mentale.

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Une expérience récente avec une connaissance, une femme d'âge moyen qui, grâce à un nouveau cercle d'amis, est passée de normale et apolitique à complètement woke, m'a permis d'étudier les changements (avec une horreur détachée) au fur et à mesure qu'ils se produisaient. Premièrement, elle a commencé à faire preuve d'un égocentrisme extrême, car ce nouveau groupe social de pairs est devenu important pour elle (je crois que c'était un « club de lecture »). Cela a commencé quand elle est devenue apparemment incapable de parler d'autre chose que d'elle-même. J'avais remarqué cette qualité chez d'autres amis wokes, et chez beaucoup d'entre eux, je me souviens qu'ils n'étaient pas comme ça auparavant, mais c'était la première personne adulte à faire cette transition lente sous mes yeux, alors j'ai sorti mon bloc-notes et pris des notes.

Elle est devenue quelque peu maniaque, très anxieuse, plus inquiétante et d'apparence moins saine. Parallèlement à cela, des remarques politiques béatement décontractées sont venues dans une conversation polie. Il va sans dire qu'il y avait les inévitables  messages Facebook sur la politique woke, ou sur elle-même, ou la combinaison idéale : des messages sur elle-même croisées woke. Mais rien de tout cela ne faisait partie de sa personnalité auparavant, bien que la politique woke soit avec nous depuis de nombreuses années maintenant. Cela a commencé pour elle avec un nouveau cercle de pairs qu'elle souhaitait visiblement impressionner et cela culmine actuellement avec ses amis et sa famille, qui envisagent sérieusement une intervention d'aide psychologique, non pas à cause de la constante signalisation-de-la-vertu, mais pour l'autre plus autodestructrice : les changements de personnalité.

Cela me rappelle la science de la psychopathie. J'étais très intéressé d'apprendre dans ma jeunesse, non seulement que les psychopathes ont essentiellement peu ou pas de sentiments émotionnels, et certainement pas d'empathie, mais aussi qu'ils existent parmi nous en grand nombre. Ils ne deviennent pas tous des serial killers, mais il y a des gens que vous connaissez qui sont des psychopathes que vous n'auriez jamais devinés parce qu'ils apprennent à imiter le comportement humain. En effet, un traumatisme grave durant la jeunesse peut créer une psychopathie, il peut donc s'agir d'une condition environnementale.

Je ne dis pas que les gens wokes sont des psychopathes (bien qu'ils partagent tous le narcissisme), je dis que des conditions psychologiques peuvent être créées, et que le monde moderne est impitoyable,  avec son consumérisme matérialiste rampant, son athéisme dogmatique et son système fabriquant une nouvelle psyché humaine, à la fois frêle et lourde et à sa manière perverse.

Observez la propagation du virus, observez et étudiez et espérez que vous êtes immunisé.

par Brett Sinclair,
Auteur, artiste, historien, éditorialiste et blogueur qui a travaillé pour plusieurs magazines nationaux au Canada et dans des médias internationaux.

11:22 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : woke culture, actualité, problèmes contemporains | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook