mardi, 09 janvier 2024
Un petit tour d'horizon géopolitique de l'année 2023
Un petit tour d'horizon géopolitique de l'année 2023
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27144-reda...
Petite mise au point : tous ceux qui pensent que les guerres au Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Soudan), en Ukraine, dans le Caucase (Azerbaïdjan, Arménie et Géorgie) et au Moyen-Orient (Yémen, détroit de Bab al-Mandab, Syrie et Gaza) et que les fortes tensions en Moldavie, à la frontière biélorusse et polonaise, dans la Baltique et dans la péninsule scandinave sont des événements distincts, et que pour en parler il faut être un expert de chaque théâtre, connaître les coutumes, l'histoire, l'anthropologie des lieux, etc. D'autre part, ceux qui pensent que tous ces pays sont "victimes" d'une guerre par procuration titanesque menée par les grandes puissances (à savoir la Russie et la Chine d'un côté et les États-Unis de l'autre), où les peuples et les territoires sont sacrifiés à l'affaiblissement du front adverse, peuvent également poursuivre leur lecture. En d'autres termes, il s'agit d'un article écrit pour ceux qui croient que nous sommes confrontés à une "guerre mondiale en morceaux" (cit. J. M. Bergoglio), une concaténation de conflits qui cache comme dans un théâtre d'ombres (Tournement of Shadow) ce qui est le Grand Jeu des Puissances Mondiales... eh bien, ceux qui n'y croient pas devraient éviter de lire ce qui suit, merci.
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La guerre en Ukraine est sur le point de doubler sa deuxième année, et quoi qu'en disent certains, il n'y a pas de fin au conflit en vue.
Ne vous laissez pas abuser par la controverse au parlement américain sur les nouveaux financements: la guerre continuera parce que la défaite de l'Occident signifie la fin de l'empire et de l'hégémonie américains, d'une part, et le changement complet des élites en Europe puisque celles que nous avons sont complètement compromises, d'autre part. Elles se battront jusqu'au bout et tenteront par tous les moyens d'élargir le conflit en engageant la Russie sur d'autres fronts jusqu'à ce qu'elles l'affaiblissent et la déstabilisent (dans leurs intentions). Des événements comme ceux survenus hier à Belgorod (bombardement de civils avec des bombes à fragmentation) doivent être interprétés comme une provocation visant à pousser la Russie à s'engager plus avant dans le conflit. De même, le projet de réquisition des avoirs russes actuellement gelés en Occident doit être lu comme une provocation définitive par laquelle, de fait, l'Occident se déclare hostile à Moscou.
Au Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger, Soudan), nous assistons à des conflits de basse intensité (non moins sanglants et féroces pour autant) dans lesquels les Etats-Unis et leurs alliés se battent contre des factions pro-russes dirigées, de surcroît, par la société paramilitaire russe Wagner. Il est à noter que la Françafrique est désormais morte et que les Etats-Unis jouent directement et seuls contre les Russes et les Chinois. Le conflit en cours au Soudan est particulièrement violent: des loyalistes pro-russes (le gouvernement légitime avait promis un port militaire aux Russes dans la mer Rouge) se heurtent à des putschistes pro-occidentaux.
À Gaza, une invasion israélienne féroce du territoire palestinien est mise en scène. En quelques mois, on dénombre plus de 25.000 morts civils palestiniens. Une guerre qui n'a aucune logique et aucun sens pour Israël puisqu'elle gèle pour des décennies l'hypothèse d'une réconciliation avec les pays arabes qui s'était ouverte grâce aux "Accords d'Abraham". Qui a donc intérêt à mettre le feu au Moyen-Orient ? Certainement les Etats-Unis, qui voient d'un très mauvais oeil l'entrée imminente de l'Iran et de son vieil allié saoudien dans les BRICS et donc dans l'orbite sino-russe. Les Israéliens agissent sur ordre américain, non seulement en commettant un carnage à Gaza, mais aussi avec perpétrant les bombardements continus qui frappent la Syrie et le Liban: l'objectif est de provoquer la réaction du Hezbollah et de l'Iran en mettant le feu au Moyen-Orient tout entier. C'est ma vision et je ne me trompe pas.
La guerre qui a éclaté dans le détroit de Bab el-Mandab, qui relie l'océan Indien à la mer Rouge, est liée à la guerre de Gaza. Les rebelles chiites houthis du Yémen, alliés des Iraniens, bloquent le détroit en frappant les navires de commerce occidentaux. Les États-Unis préparent une coalition pour mener la guerre contre ce peuple vaillant.
Cette année malheureuse a également été marquée par des combats dans le Caucase, avec un nouvel épisode de la guerre entre Azéris et Arméniens au sujet du Haut-Karabakh, qui dure depuis l'effondrement de l'Union soviétique. Une guerre qui est un véritable théâtre d'ombres avec mille puissances occultes impliquées: l'Iran, qui soutient les chrétiens arméniens contre les chiites azerbaïdjanais (oui c'est comme ça, les raisons de la politique n'ont pas de religion à suivre), les Russes, qui ont toujours soutenu l'Arménie mais se sont récemment rapprochés de l'Azerbaïdjan, les Turcs et les Israéliens qui prennent directement le parti de l'Azerbaïdjan, et enfin la France (qui compte une très forte communauté d'origine arménienne) et les Etats-Unis qui prennent le parti de l'Arménie (mais uniquement dans le but de détacher le pays de la CEI russe et du pacte de défense mutuelle). L'Inde, qui vend des armes à l'Arménie, fait désormais partie des acteurs en piste. Bref, une mosaïque très complexe où il est clair que les Etats-Unis ont intérêt à faire exploser tout le Caucase dans le but d'affaiblir/d'engager la Russie au Nord et l'Iran au Sud.
Comme vous le voyez, l'arc de crise part de l'Ukraine, traverse la mer Noire, touche le Caucase, descend dans l'EastMed et le Moyen-Orient, et atteint enfin le détroit de Bab el-Mandab, impliquant en outre l'ensemble du Sahel. C'est un énorme arc de crise, une véritable guerre mondiale, et le fait que cet arc soit "en morceaux" n'est qu'une illusion d'optique: les marionnettistes sont toujours les mêmes.
D'autres foyers de crise sont à noter dans cette guerre mondiale en morceaux :
L'Occident arme puissamment la Moldavie dans le but non dissimulé de provoquer une nouvelle guerre contre la Russie en Transnistrie (où se trouve un contingent militaire russe mandaté par l'ONU).
Dans l'extrême nord de l'Europe, la Scandinavie assiste à l'entrée de la Finlande dans l'OTAN, et bientôt à celle de la Suède. Mais ce qui est peut-être encore plus important, ce sont les pactes militaires bilatéraux récemment signés entre les États-Unis, la Suède et la Finlande, en vertu desquels les États-Unis ont le droit, s'ils le souhaitent, d'utiliser des dizaines de bases militaires dans les deux pays, au point de pouvoir y installer des armes atomiques. Dans le cas de la Finlande, il s'agit de bases situées dans un rayon de 150 km autour de Saint-Pétersbourg, de Mourmansk et même du sanctuaire nucléaire russe de la mer Blanche (très proche de la base finlandaise de Rovaniemi, qui fait partie de celles mises à la disposition des États-Unis).
Enfin, le front nord de la Baltique avec la Pologne qui réarme et renforce de plus en plus son front à la frontière avec la Biélorussie et avec l'enclave russe de Prusse orientale (l'oblast de Kaliningrad). La situation n'est pas meilleure au Belarus, où les Russes ont installé des bases et apporté des ogives nucléaires, des missiles balistiques Iskander et des bombardiers Tu-22M.
Petite note économique: en 2024, le corridor du gazoduc acheminant le gaz russe vers l'Europe via l'Ukraine sera fermé. L'une des sources d'énergie les plus importantes pour une Europe, de plus en plus pauvre et isolée, sera donc épuisée.
Nous vous souhaitons malgré tout une bonne année, une année de prise de conscience.
19:55 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, politique internationale, actualité, europe, affaires européennes, ukraine, gaza, bab-el-mandeb, mer rouge, scandinavie, finlande, suède, otan | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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