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jeudi, 12 septembre 2024

Choses de Turquie et... d'Egypte

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Choses de Turquie et... d'Egypte

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/cose-turche-ed-egiziane/

Le président égyptien, Abdel Fattah al Sisi, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, se sont rencontrés pour la première fois à Doha, lors de la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde de football. La photo diffusée après cette poignée de main historique montre également l'émir du Qatar, Tamim bin Hamad al Thani, à côté des deux chefs d'État. On ne sait pas encore si la poignée de main sera suivie d'une rencontre officielle. Selon le porte-parole de la présidence égyptienne, Bassam Radi, qui s'est adressé à Agenzia Nova, « Erdogan a été le premier à serrer la main ». Les relations entre l'Égypte et la Turquie ont connu une phase de gel diplomatique juste après l'arrivée d'Al Sisi à la présidence, en raison de divergences sur les Frères musulmans, interdits par le Caire. Les tensions se sont également intensifiées en raison d'intérêts divergents dans les secteurs énergétiques et régionaux, principalement en Libye et en Éthiopie. Il convient toutefois de noter que des réunions entre diplomates et entre agents de renseignement de haut niveau ont eu lieu au cours de l'année écoulée.

Alors... la nouvelle, à peine soulignée dans notre presse, mais publiée dans Èlecto, est assez simple. En apparence, du moins.

Al Sisi, le chef de l'État égyptien, ou, si vous préférez, le maître de l'Égypte, est allé rencontrer Erdogan. Le président turc.

Et tous deux ont commencé à tisser de nouvelles relations, tant économiques que politiques, entre leurs pays.

Comme je l'ai dit, une nouvelle « simple ». A tel point qu'elle est passée presque inaperçue dans nos médias. Et pourtant, il n'en est rien. Au contraire, ce qui se passe entre la Turquie et l'Egypte mérite beaucoup plus d'attention. Tant pour l'événement lui-même que parce qu'il représente un nouveau paradigme.

En effet, la Turquie et l'Égypte ont longtemps eu des attitudes divergentes dans les alignements internationaux. Le Caire était hégémonisé par l'influence française et Ankara était étroitement lié à des positions proches des Frères musulmans, qu'Al Sisi a brutalement évincés du pouvoir. Une relation complexe, donc. Intrinsèque et difficile à cerner.

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Et pourtant, malgré le fait que les alignements internationaux tendent à les maintenir divisés et en conflit, les deux pays semblent être en net rapprochement. En effet, ils semblent définitivement être les porte-drapeaux d'une nouvelle conception de la géopolitique du Moyen-Orient.

Et cela, bien sûr, change, voire bouleverse bien des certitudes, paresseuses, sur l'échiquier mondial.

Au-delà de toute évaluation plus spécifique, le dialogue ouvert, sans préavis particulier, entre Ankara et Le Caire, nous dit clairement une chose.

Les schémas avec lesquels nous sommes habitués à interpréter la réalité politique mondiale sont désormais à bout de souffle. En fait, ils sont complètement usés. Et de nouveaux agrégats et systèmes d'alliances sont en train de se créer, dont l'Europe, notre vieille Europe fatiguée, n'a pratiquement pas conscience.

Et c'est, comme je l'ai dit, un paradigme. Ou plutôt un exemple - extrêmement clair, si vous voulez bien le voir - de ce qui se passe sur la scène internationale. Un paradigme extrêmement intéressant et, inévitablement, inquiétant. Pour nous... ou plutôt pour certaines élites européennes, ou soi-disant telles, qui sont de plus en plus autoréférentielles. Et incapables de voir la réalité.

Les schémas sur lesquels le monde a été fondé - pendant très longtemps - sont aujourd'hui obsolètes. Et ce que, peut-être par paresse mentale, nous avons l'habitude d'appeler l'Occident est en train de perdre complètement sa primauté. Sa pertinence.

Et le monde, aujourd'hui, se révèle une fois de plus beaucoup, beaucoup plus complexe que ce que conçoivent paresseusement les soi-disant élites occidentales. Elles continuent, imperturbables, à prétendre dicter leurs lois, de plus en plus déconnectées de la réalité. Tandis que le reste du monde, ou plutôt ses quatre cinquièmes, regarde autour de lui. De plus en plus libre dans ses choix et ses actions.

L'autoréférence, le repli sur le nombril du soi-disant Occident, est en fait une pathologie. Une forme d'aveuglement qui l'empêche de comprendre ce qui s'est passé. Et surtout ce qui se passe autour de lui.

Et c'est, en fait, une très grave perte de centralité, un retour à une dimension à laquelle il n'est plus habitué. Depuis trop longtemps.

Une dimension, certes, dans laquelle il pourrait encore jouer un rôle important. Mais un rôle inhibé, voire rendu impossible par l'incapacité de voir les choses. De regarder la réalité.

Comment, sur le plan international, les autres puissances évoluent. Les grandes, comme la Chine et la Russie. Et les moyennes, comme, dans le cas présent, la Turquie et l'Égypte.

Cela rend difficile, voire impossible, pour l'Occident, en particulier pour l'Europe, de concevoir un nouveau rôle important pour lui-même dans le Grand Jeu.

Cela devient le signal clair et révélateur d'une décadence sans fin. Cet Occident est suffisant et ses manières de penser sont essentiellement obtuses.

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