mercredi, 11 décembre 2024
L'Iran, le Convive de pierre
L'Iran, le Convive de pierre
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/il-convitato-di-pietra/
Netanyahou jubile. La défaite d'Assad en Syrie signifie l'élimination d'un des principaux ennemis d'Israël. Et surtout la rupture d'un équilibre militaire qui durait depuis cinquante ans. Et qui représentait encore et toujours une épine dans le pied de l'État juif.
Une grande réussite, à n'en pas douter. Un beau cadeau à l'approche de la fête de Hanoukka.
Le dirigeant israélien a ainsi regagné en popularité auprès de ses concitoyens, et fait taire, pour l'instant, les nombreuses voix, même autorisées, qui voulaient le destituer. Et qui lui trouvent maintenant des excuses pour un certain nombre de méfaits.
Bien sûr, des critiques subsistent. Mais, apparemment, la plupart des Israéliens sont avec lui. Et c'est ce qui compte, au final.
Le rôle d'Israël dans la défenestration de l'encombrant voisin qu'était Assad reste, délibérément, entouré de brouillard. Mais, incontestablement, Tel Aviv a joué un rôle non négligeable dans l'affaire.
Et elle représente une pièce maîtresse dans la guerre que mène Netanyahou.
La guerre contre le "Front chiite" (appelons-le ainsi). Et ses alliés dans le monde arabe.
Un front avec les milices du Hezbollah libanais, les Alaouites syriens d'Assad et, comme allié, le Hamas dans la bande de Gaza. Le tout sous le parapluie protecteur de Téhéran, la véritable menace pour Israël. En quelque sorte, le convive de pierre dans la situation actuelle.
En quelques semaines, Bibi a mis le Hezbollah sur la défensive au Liban. Et en grande difficulté. Abandonnant, de fait, Assad à son sort, face aux nombreux ennemis, notamment les djihadistes sunnites, qui ont désormais pris le pouvoir à Damas.
Quant au Hamas, son sort semble scellé depuis longtemps. Le dessein du gouvernement de Tel Aviv est, de manière flagrante, de prendre le contrôle total de la bande de Gaza. Il s'agit d'éliminer la menace palestinienne et de laisser la place aux colons juifs, qui comptent parmi les principaux soutiens de Netanyahou.
En outre, il est clair que même en Cisjordanie, ce qui reste de l'Autorité palestinienne, bien qu'elle ne se soit pas rangée du côté de Téhéran, sera réduit au minimum. Une sorte de réserve indienne, contrôlée par les Israéliens.
Bibi et ses collaborateurs ont été clairs. Il ne doit plus être question d'un véritable État palestinien.
Bien sûr, Netanyahou ne cache pas les difficultés qui subsistent sur le terrain. Et, en offrant le rameau d'olivier aux sunnites, aux druzes et aux chrétiens de Syrie, il profère une menace voilée. Et pas si voilée que cela.
Israël est prêt à repousser toute attitude menaçante. Sans hésiter.
Quant aux Alaouites d'Assad, ou ce qu'il en reste, il n'en parle pas. Les djihadistes régleront leur compte. Et ce sera probablement un massacre.
Incontestable, cependant, qu'avec l'éviction d'Assad, le gouvernement de Tel Aviv a obtenu, plus ou moins indirectement, un grand résultat.
Mais il est clair que ce résultat a été déterminé par des accords internationaux, notamment entre Moscou et Washington. Des accords qui ont convaincu Poutine d'abandonner le président syrien à son sort. En échange de quoi? Nous le verrons dans les mois à venir.
L'énigme de Téhéran demeure. Certes, il est incontestable que les Iraniens ont subi, bien qu'indirectement, une défaite considérable au Liban et, surtout, en Syrie.
Et leur attitude, prudente et tendant à éviter toute implication directe, le prouve.
Il reste cependant à savoir si cela est dû uniquement à la reconnaissance d'un moment de difficulté internationale, ou à une confrontation interne au sein des élites de Téhéran. Entre les anciens ayatollahs, affaiblis par l'âge et le déclin d'Ali Khamenei, et un nouveau groupe dirigeant, plus intéressé par les affaires et le commerce, qui est arrivé au sommet de la République avec le président Masoud Pazeshkian.
Netanyahou espère et parie probablement sur la seconde hypothèse.
18:40 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, syrie, iran, israël, benjamin netanyahou | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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